Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. Compagnie de Montréal ; elle acquiert de ce nom
et s’engage à y établir trois communautés.
Pour en venir à l'exécution , M. Olier composa une compagnie de personnes de haute piété, connue depuis sous le nom de compagnie de Notre-Dame-de-Montréal, la plupart très-opulentes, toutes appelées de DIEU à contribuer par leurs prières ou par leurs largesses au succès de ce dessein; et enfin il leur présenta M. de La Dauversière, qui leur fit avec simplicité le récit des communications et des ordres qu'il avait reçus de DIEU touchant ce nouvel établissement.
Quelque hasardée que put paraître une pareille entreprise aux membres de cette compagnie, dont plusieurs n'étaient pas disposés naturellement à croire légèrement des choses si extraordinaires, le récit de M. de La Dauversière, quoique simple et sans apprêt, les convainquit tous si parfaitement de la vérité de sa mission, que non-seulement ils ouvrirent leurs bourses avec empressement, mais que tous se tinrent bienheureux et indignes d'avoir été choisis de DIEU pour contribuer ainsi de leur part à l'exécution d'un dessein si avantageux à sa gloire et au bien de son Eglise (1).
La première démarche qu'ils firent fut d'acquérir la propriété de l'île de Montréal. M. de Lauson, qui l'avait reçue de la grande compagnie du Canada, la leur céda, quoique contre ses intérêts et ses premières intentions; et cette cession fut confirmée bientôt par l'autorité du monarque (2).
En recevant la propriété et le domaine de l'ile…
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(1) Les véritables motifs, p. 37-38. Vie de M. Olier, ibid.
(2) Les véritables motifs, p. 27.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : XVIII. Embarquement pour Montréal de M. de Maisonneuve.XVII. Compagnie de Montréal ; elle acquiert de ce nom
et s’engage à y établir trois communautés. (suite)
… En recevant la propriété et le domaine de l'ile, les associés s'engagèrent à y fonder une colonie, et à y établir trois communautés : un séminaire d'ecclésiastiques au nombre de dix ou douze, pour rendre les services spirituels aux colons français et sauvages, et instruire les garçons ; une communauté d'institutrices pour l'éducation des filles, et enfin un hôpital pour le soulagement des malades (1).
« Au moyen de ces mesures, disaient-ils dans 1'acte de leur engagement, les associés espèrent, de la bonté de DIEU, voir en peu de temps une nouvelle Église qui imitera la pureté et la charité de la primitive; et ils espèrent encore que dans la suite, eux et leurs successeurs pourront s'étendre dans les terres, et y faire de nouvelles habitations, tant pour procurer la commodité du pays, que pour faciliter la conversion des sauvages (2). »
Les trois communautés dont il est parlé ici étaient destinées à honorer JESUS, Marie et Joseph, et à participer chacune à l'esprit de leurs augustes patrons, pour le répandre ensuite dans cette nouvelle Église. Dès ce temps, l'intention des associés était de confier la conduite du futur hôpital aux hospitalières que M. de La Dauversière établirait pour faire honorer saint Joseph; celle du séminaire à M. Olier, qui commença peu après rétablissement de la compagnie connue sous le nom de Saint-Sulpice, dont la fin, comme celle du sacerdoce lui-même , est en effet de répandre l'esprit de NOTRE-SEIGNEUR; et enfin on espérait charger de la communauté d'institutrices, la personne que la Providence aurait, choisie pour compléter ce dessein. Celle-ci était la sœur Bourgeoys, spécialement destinée à faire honorer la très-sainte Vierge dans cette colonie.
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(1) Archives du séminaire de Paris; articles pour Montréal.
(2) Archives du séminaire de Paris; articles pour Montréal.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Embarquement pour Montréal de M. de Maisonneuve.
Mais comme l'année 1641, où devait avoir lieu le premier embarquement, la compagnie de Saint-Sulpice n'existait point encore, et que d'ailleurs il fallait donner quelque commencement à la colonie avant d'y envoyer une communauté de prêtres, on pria les RR. PP. Jésuites de l'habitation de Québec d'assister spirituellement les colons, en attendant qu'on put y établir cette communauté. Celle des maîtresses d'école n'était pas nécessaire non plus en commençant, puisqu'il ne devait y avoir d'abord aucune enfant à instruire à Villemarie, le premier embarquement n'étant composé que d'hommes seulement. Il n'en était pas de même des hospitalières. Les services de ces filles allaient être indispensables. à cause de la guerre qu'on devait avoir à soutenir contre les Iroquois.
DIEU, qui avait inspiré à plusieurs fervents chrétiens le mouvement de se consacrer à cette sainte entreprise, et avait mis à leur tête un homme choisi de sa main. M. Paul de Chomedey de Maisonneuve, appela de Langres à Paris Mlle Jeanne Mance, également préparée pour ce dessein. Se sentant pressée d'un désir ardent d'aller procurer la gloire de DIEU en Canada, elle se rendit de Paris à la Rochelle, où M. de La Dauversière se trouvait alors pour donner ordre à l'embarquement, et le rencontra comme par hasard à la porte d'une église. Là, quoiqu'ils ne se fussent jamais vus, et n'eussent point ouï parler l'un de l'autre, ils se saluèrent tous deux par leurs noms, comme avaient déjà fait M. de La Dauversière et M. Olier, et furent éclairés l'un l'autre sur leurs pensées secrètes et sur leurs desseins, avec tant de netteté et de certitude, qu'ils ne purent faire autre chose que de remercier DIEU de ses faveurs (1).
Enfin, comme Mlle Mance n'aurait pu seule soigner les malades, DIEU inspira à une autre vertueuse fille, au moment même où l'on démarrait du port, de se jeter dans le navire, nonobstant les efforts qu'on faisait pour l'en empêcher (2). On mit à la voile et la petite colonie arriva en Canada avant l'hiver.
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(1) Les véritables motifs, p. 30-31.
(2) Ibid.
A suivre : XIX. Avant qu’on prenne possession de Montréal, M. de Olier la consacre à la Sainte Famille.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIX. Avant qu’on prenne possession de Montréal,
M. de Olier la consacre à la Sainte Famille.
Pendant que cette troupe d'âmes d'élite attendait de Québec le retour du printemps, pour pouvoir remonter le fleuve Saint-Laurent, et aller s'établir dans le lieu de sa destination, M. Olier, qui jetait les fondements de sa compagnie, réunit les associés de Montréal, au mois de février 1642, dans l'église de Notre-Dame de Paris, au nombre d'environ trente-cinq, pour consacrer cette île à la sainte Famille, avant qu'on allât l'occuper. Il dit la sainte messe à l'autel de la très-sainte Vierge. Ceux des associés qui étaient aussi honorés du caractère de la prêtrise, célébrèrent à d'autres autels. M. Olier communia tous les autres de sa main ; et tous ensemble consacrèrent l'ile de Montréal à JESUS, Marie, Joseph, sous la protection spéciale de la très-sainte Vierge, à qui ils en donnèrent irrévocablement la propriété et le domaine (1), voulant que la ville qu'on allait y bâtir s'appelât pour cela Villemarie.
Enfin ils se consacrèrent eux-mêmes et se vouèrent à un si noble et si pieux dessein, résolus de le poursuivre avec toute la pureté d'intention et toute la générosité dont ils seraient capables (2).
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(1) Supplique des associés de Montréal au Pape Urbain VIII ; archives départementales de Versailles ; récollets.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier. — Premier établissement de la Foi , par le P. Le Clercq, t. II, p. 49. — Relation de la Nouvelle-France, par le P. Vimont, p. 126-127. — Vie de M. Olier, t. II , p. 437.
A suivre : XX. Arrivée des colons à Montréal. Paroles remarquables du père Vimont.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XX. Arrivée des colons à Montréal.
Paroles remarquables du père Vimont.
DIEU eut pour agréables des vœux si purs, qui ne respiraient que sa gloire. La petite colonie étant partie de Québec pour Montréal, découvrit enfin cette île le 17 mai 1642, et fit alors éclater ses transports par des cantiques d'actions de grâces. Elle longeait le rivage de l'île, en remontant le fleuve, et pendant plus d'une demi-lieue, avant d'arriver au lieu où l'on avait résolu de s'établir, ce n'étaient que prairies émaillées des fleurs les plus variées par leurs couleurs et par leurs formes, qui offraient un ravissant spectacle. En mettant pied à terre, M. de Maisonneuve et toute sa troupe se jetèrent à genoux pour offrir à DIEU les hommages de leur religion, et firent retentir ces lieux du chant de psaumes et d'hymnes de louanges; après quoi on dressa des tentes et des pavillons pour y passer la nuit.
Le lendemain matin, 18 mai, on éleva un autel que Mlle Mance et Mme de Lapeltrie, venue de Québec (où elle était allée s'établir depuis peu avec quelques Ursulines), ornèrent de tout ce qu'on avait de plus précieux; et ensuite le père Vimont, après avoir entonné le Veni Creator, célébra la sainte messe au milieu des chants de sainte jubilation de toute cette fervente troupe (1). Dans un petit discours qu'il leur adressa pendant le saint sacrifice, il dit ces paroles remarquables:
« Ce que vous voyez ici, Messieurs, n'est qu'un grain de sénevé; mais il est jeté par des mains si pieuses et si animées de l'esprit de la foi et de la religion, que, sans doute, il faut que le Ciel ait de grands desseins, puisqu'il se sert de tels instruments pour son œuvre; et je ne fais aucun doute que ce petit grain ne produise un grand arbre, ne fasse un jour des merveilles, ne soit multiplié et ne s'étende de toutes parts (2). »
On exposa le très-saint Sacrement, qui n'a pas cessé depuis d'être toujours conservé à Villemarie. Toute cette première journée, il demeura ainsi exposé sur son autel, comme pour prendre possession de cette terre , et pour faire connaître à la postérité que le dessein de Montréal, ordonné de DIEU pour sa gloire, n'avait été, en effet, entrepris par ses serviteurs que pour cet unique motif (1).
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu de Villemarie, par la sœur Morin — Premier établissement, par le P. Le Clercq, p. 50. — Relation par le P. Vimont, p. 130.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, année 1642.
(1) Histoire du Montréal ibid. 1642.
A suivre : XXI. La colonie de Villemarie offre dans la sainteté de ses mœurs une image de l’Église primitive.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXI. La colonie de Villemarie offre dans la
sainteté de ses mœurs une image de l’Église primitive.
Après avoir ainsi rendu à DIEU , comme au souverain Maître du monde , les devoirs de la religion, on construisit une palissade de pieux, pour se mettre à couvert des insultes des sauvages ; et comme M. Olier l'avait espéré de la bonté divine, on vit cette colonie naissante offrir une image de la primitive Eglise, par la piété, la charité et le zèle désintéressé qui régnaient parmi tous les colons.
« Il semble que la résolution de se donner entièrement à DIEU, écrivait l'année suivante le père Vimont, naît avec la pensée de s'établir dans la Nouvelle-France. C'est ce qui «parait plus que jamais en la personne de MM. de la compagnie de Montréal, et de tous ceux qui demeurent par deçà en leur habitation. La France en voit une partie, nous voyons ici l'autre (2). Ces fervents colons, au nombre d'environ cinquante-cinq, quoique de condition, d'âge et de naturel différents entre eux, et presque tous de divers pays, ne sont qu'un en volonté, visant tous au même but: la gloire de DIEU et le salut des sauvages; et je puis dire que leur vertu a servi à la conversion de plusieurs, qui ont déjà été gagnés à DIEU.
« Croiriez-vous bien que plusieurs des ouvriers qui travaillent à Montréal, ne se sont proposé d'autre motif, dès leur départ de France, que celui de la gloire de DIEU , et de faire leur salut dans un lieu éloigné des occasions du péché? La seule pensée qu'ils contribuent, autant qu'ils peuvent, au salut des âmes, les fait travailler de si bon courage, qu'il ne leur arrive jamais de se plaindre des incommodités qu'on souffre en un pays désert. Aussi ont-ils été conduits par un gentilhomme de mérite, que DIEU semble avoir très-particulièrement inspiré et appelé pour le servir en ce lieu, tant il a d'affection pour l'établissement de la colonie et pour le salut des sauvages.
« Il me suffit de dire que c'est M. de Chomedey de Maisonneuve; sa modestie ne me permet pas d'en dire davantage (l). Une des choses les plus remarquables, c’est l'union et la bonne intelligence de tous ceux qui demeurent en cette habitation. Chacun s'y est si bien acquitté de son devoir envers DIEU et envers les hommes, qu'on n'a trouvé aucun sujet de se plaindre. Le commandement a été doux et efficace, l'obéissance aisée, la dévotion aimée de tous universellement. On y a fréquenté les sacrements avec profit, écouté la parole de DIEU avec assiduité, et continué les prières ordinaires avec édification.
« Ainsi, il semble que le zèle, la dévotion et la charité de tous ces Messieurs qui se sont associés en France à ce pieux et noble dessein, se sont répandus et communiqués à tous ceux qui ont demeuré par deçà en leur habitation. Ceux-ci ont été touchés très-particulièrement de DIEU, et ont reçu beaucoup de faveurs et de grâces du Ciel, puisque la vie qu'ils ont menée a été une image de la primitive Église. Tous y ont vécu avec joie, souffrant les incommodités d'une nouvelle demeure, où pas un n'a été malade, ce qui ne s'est encore jamais remarqué en aucune nouvelle habitation dans ce pays (1). »
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(1) Relation de la Nouvelle-France, de 1642 et 1643, chap. V , p. 5.
(1) Relation chap. XI , p. 196-197.
(1)Ibid. p. 198.
A suivre : XXII. Zèle du frère Claude …
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXII. Zèle du frère Claude pour la sanctification de la colonie de Villemarie.
Parmi ceux qui contribuèrent le plus en France à attirer cette abondance de grâces sur les colons de Villemarie, il faut mettre au premier rang frère Claude Leglai, regardé avec raison comme l'un des hommes les plus extraordinaires de ce siècle (2). DIEU lui avait révélé le dessein de Montréal (3) aussi bien qu'à M. de La Dauversière et à M. Olier; et ce dernier nous apprend que le frère Claude se préparait même à passer en Canada.
« C'est un homme, dit-il, dont l'intérieur est celui d'Élie, comme ses actions, ses sentiments et ses dispositions le font voir. Semblable à ces flammes qui, par des mouvements incertains et rapides, se poussent, s'agitent et s'élèvent toujours vers le ciel, il est dans des impatiences continuelles de sortir de ce monde, pour aller à DIEU, comme serait l'état des âmes bienheureuses, si elles venaient habiter des corps mortels. C'est un feu brûlant et ardent, qui ne peut se contenir en terre; et étant tout hors de lui-même, il disait dernièrement, ravi en extase, et partent de cette nouvelle Église, qu'il faut aller ériger: Allons, allons à notre maître, allons où DIEU nous veut (1). »
« Le mercredi 16 juillet 1642, il vint, par une conduite particulière de DIEU , dans une église où j'étais allé dire la sainte messe, celle des Carmélites, où le très-saint Sacrement était exposé, à cause de leur fête du Mont-Carmel. Or, pendant ma messe, notre bon DIEU imprima dans le cœur de ce grand saint une si vive affection pour moi, qu'il n'en pouvait plus, et qu'il ne fit autre chose que de demander cela même que NOTRE -SEIGNEUR a témoigné autrefois vouloir me donner, à savoir : Que je fusse tout consommé en lui, et que mon vieil homme fût tout anéanti. De plus, il demandait à DIEU que je fusse le général de ses capitaines, lesquels après pourraient former grand nombre de soldats. Ces prières qu'il fit étaient purement par mouvement du SAINT-ESPRIT, à cause qu'il ne savait rien de ma vocation, et je ne sache point que personne lui en ait jamais parlé (1). »
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(2) Vie de M. Olier , t. I, p. 378-379-380; t. II, 449.
(3) Mémoires autographes de M. Olier, t. II, p. 275.
(1) ibid. t. II, p. 212.
(1) ibid. t. II, p. 327.
A suivre : XXIII. Marie Rousseau, M. Le Gauffre, et autres, destinés à prier pour la colonie de Villemarie.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXIII. Marie Rousseau, M. Le Gauffre, et autres,
destinés à prier pour la colonie de Villemarie.
M. Olier ajoute que, dans cette circonstance, d'autres très saintes âmes, qui éprouvaient le même désir d'aller prendre part à la fondation de Villemarie, se trouvèrent réunies aussi dans ce lieu, entre autres M. Le Gauffre, le frère Jean de la Croix, M. Catorze, qui vivait en solitaire inconnu, Mme Remy, femme d'une grande piété, Marie Rousseau de Gournay , qui eut tant de part à l'établissement de la compagnie de Saint-Sulpice. Cette dernière était alors le conseil et la lumière des plus grands serviteurs de DIEU qui fussent à Paris.
« Je ne connais point d'âme sainte, dit M. Olier, qui ne s'estime heureuse de la voir, et d'apprendre de sa bouche la voie qu'elle doit suivre pour approcher de DIEU. Je ne vois personne qui ne désire de la consulter, et de recevoir son approbation, dans la conduite des entreprises les plus considérables et les plus importantes à la gloire de DIEU, telle que celle du Canada, où l'on va bâtir une ville chrétienne, qui est une œuvre d'une merveilleuse importance (1). Mlle Mance, dont DIEU s'est servi pour aller fonder cette Église, n'y a point été sans recevoir approbation et direction de cette sainte âme (2). Ainsi elle donne avis à M. de La Dauversière, qui conduit les affaires de Montréal, et qui s'estime bien heureux, quoique grand serviteur de DIEU, et très-éclairé en son emploi, de conférer avec elle, et d'en tirer les avis importants pour les affaires les plus considérables de ce pays (3). »
Mais DIEU ne destinait pas Marie Rousseau à passer elle-même dans la Nouvelle-France. Son ministère personnel se bornait à l’ancienne, aussi bien que celui du frère Claude et des autres saints personnages que nous avons nommés, quoique tous dussent attirer par la ferveur de leurs prières d'abondantes grâces sur les âmes que DIEU avait choisies pour l'exécution de ses volontés en Canada.
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(1) ibid. t. II, p. 48.
(2) ibid. t. II, p. 51.
(3) ibid. t. VI, p. 102-103.
A suivre: XXIV. Désirs de M. Olier d’aller travailler en personne à Villemarie.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXIV. Désirs de M. Olier d’aller travailler en personne à Villemarie.
M. Olier ne devait pas non plus y aller exercer son zèle en personne, mais seulement par les disciples qu'il formerait. Sur une vue que DIEU lui donna de sa vocation, le jour de la Purification de l'année 1636, et qu'il ne comprenait pas encore assez distinctement (1), il serait parti pour le Canada, si le père de Condren , son directeur, ne l'en eût empêché (2).
En 1642, avant que les colons se fussent établis à Montréal, et lorsqu'il voyait se réunir auprès de lui, à Vaugirard, les premiers membres de sa compagnie naissante, il écrivait:
« Étant instruit des biens qui se font en Canada, pays habité par des peuples gentils, et me trouvant lié de société comme miraculeuse à celui à qui NOTRE-SEIGNEUR a inspiré le mouvement et commis le dessein de l'entreprise de Villemarie, ville qui va se bâtir dans l'île de Montréal, je me suis senti toujours porté d'aller finir mes jours en ces quartiers, avec un zèle continuel d'y mourir pour mon Maître. Qu'il m'en fasse la grâce, s'il lui plait ! Je continuerai tous les jours de ma vie à l'en solliciter (3). »
C'était la même ardeur parmi les membres de la compagnie d'ecclésiastiques que formait M. Olier.
« Je vois déjà, écrivait-il, ce zèle répandu dans le cœur de ceux qui vivent parmi nous: ils ne parlent que de faire des folies pour DIEU , que de se faire pendre pour son service, et d'aller souffrir le martyre en Canada (4). »
Il paraît que M. Olier serait parti lui-même pour ce pays vers l'été de 1642 (5), si DIEU ne lui eût fait connaître alors plus clairement ses desseins sur lui.
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(1) ibid. t. II, p. 48.
(2) Vie de M. Olier, par le père Giry, partie Ire, chap. VI, année dominicaine partie ire de septembre, p. 416.— Remarques historiques sur la paroisse de Saint-Sulpice, t. III, p. 462.
(3) Mémoires autographes, t. I, p. 97.
(4) Ibid. t. II, p.165.
(5) Ibid. t. II, p.133.
A suivre : XXV. Dans l’œuvre de Villemarie M. Olier doit…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXV. Dans l’œuvre de Villemarie M. Olier
doit agir efficacement, mais d’une manière cachée.
L'année suivante, au mois de mars, il comprit qu'il était appelé à attirer la grâce de DIEU sur cette colonie, par ses prières et par des voies qui n'auraient rien d'extérieur ni d'apparent. La compagnie de Montréal s'étant réunie dans l'église de Notre-Dame de Paris, pour renouveler à DIEU l'offrande de cette île, qu'elle lui avait faite l'année précédente, ainsi qu'on l'a dit déjà, M. Olier rapporte que, comme il se disposait à célébrer de nouveau à l'autel de la sainte Vierge, NOTRE-SEIGNEUR et sa très-sainte mère lui firent connaître que sa vocation était de ne pas paraître extérieurement dans l'œuvre de Villemarie, et qu'il devait déférer à M. Le Gauffre l'honneur de célébrer, dans cette circonstance, à cet autel.
« NOTRE-SEIGNEUR me dit, ajoute-t-il, qu'étant pour le représenter dans cette œuvre, il fallait que je fusse comme le cœur de la compagnie. Le cœur dans le corps humain agit par ses membres, qui paraissent beaucoup; cependant sa vie demeure cachée, quoique par lui tous ses membres vivent, et n'aient rien que par dépendance de lui. Sa bonté me disait donc: Il faut que tu sois comme le cœur de mes œuvres, que tu donnes la vie et le mouvement à tout, sans qu'on s'en aperçoive, et que tu fasses mon œuvre à couvert.
NOTRE-SEIGNEUR , qui veut avoir sa demeure en mon âme, c'est lui qui est le cœur de tout ce corps et de ces membres qui se remuent si fort pour la gloire de DIEU , et s'associent maintenant avec tant de zèle. Je dois donc être caché, rien de ce que je fais ne doit paraître. Au contraire, je dois être mal voulu, mésestimé, méprisé, bafoué (1). »
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(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. III, p. 553-569.
A suivre : XXVI. M. Olier voit…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVI. M. Olier voit les dispositions intérieures
des personnes de la colonie de Villemarie.
Telle fut la part que NOTRE-SEIGNEUR voulut donner à M. Olier dans l'œuvre de Montréal, et, conformément a une vocation si extraordinaire, il daignait l'éclairer sur les dispositions des âmes qui devaient contribuer avec lui à ce dessein.
« Je me souviens, écrit-il, d'avoir vu parfois jusqu'en Canada les opérations de DIEU dans les âmes des personnes du Montréal, entre autres de Mlle Mance, que je voyais pleine de la lumière de DIEU, dont elle était environnée comme un soleil. DIEU peut nous montrer l'intérieur, non-seulement de quelques âmes, mais de toutes, s'il veut; ne lui étant pas plus difficile de faire voir ses opérations sur cent, que sur deux ou trois.
Ainsi il fit voir à l'âme du bienheureux Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, son opération dans l'âme de tous les saints qui avaient vécu, et par là il vit et sut, en un moment, toute leur vie. C'est ainsi que DIEU en use quelquefois à l'égard des supérieurs des ordres et des directeurs : il leur découvre ses opérations dans les âmes qu'ils ont à conduire, lorsque cette grâce est nécessaire à leur état et à leur vocation (1). »
Ces réflexions de M. Olier autorisent à penser qu'il a connu devant DIEU l'intérieur de la sœur Bourgeois, destinée à être dans la nouvelle chrétienté de Montréal une image vivante de la très-sainte Vierge, comme il avait connu par révélation les dispositions intérieures de M. de La Dauversière, destiné à y répandre l'esprit de saint Joseph. Nous ne doutons pas qu'il n'ait prié pour cette sainte fille, comme pour lui-même, devant avoir avec elle des rapports si étroits et si intimes de vocation. « Je voyais, dit-il, que je devais demander part à l'esprit de JESUS , Marie et Joseph, pour les trois personnes que DIEU le Père a choisies pour les représenter. »
L'identité frappante des lumières de la sœur Bourgeois avec celles de M. Olier, quoiqu'ils n'aient eu ensemble aucune liaison extérieure, montre que cette sainte fille a participé à l'esprit de ce grand serviteur de DIEU. On retrouve, en effet, dans les écrits de la sœur Bourgeois, les mêmes vues, les mêmes maximes, les mêmes lumières, en un mot le même esprit; et avec une conformité si parfaite, qu'on serait tenté de croire qu'elle a puisé dans les écrits de M. Olier, s'ils n'étaient demeurés secrets jusqu'à ce jour.
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(1) Mémoires autographes, t. IV, p. 222-223.
A suivre : XXVII. Les trois communautés ont accompli les desseins de DIEU sans le connaître.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVII. Les trois communautés ont accompli les desseins de DIEU sans le connaître.
En terminant cette introduction, nous ferons remarquer que le dessein si extraordinaire que nous venons d'indiquer, s'est accompli malgré les plus vives oppositions qui semblaient devoir en empêcher l'exécution, et le ruiner de fond en comble. La communauté de M. Olier, celle à laquelle la sœur Bourgeoys donna naissance, et celle de M. de La Dauversière, établies pour faire honorer chacune séparément JESUS, Marie et Joseph, ont même concouru à l'exécution du dessein de DIEU, sans qu'il y ait eu entre elles aucun accord préalable. Du moins, nous ne voyons pas que, ni la sœur Bourgeoys, ni les hospitalières de Saint-Joseph, ni même les premiers prêtres de Saint-Sulpice, qui allèrent s'établir à Villemarie, en aient eu aucune connaissance distincte.
Nous raconterons même qu'au commencement quelques-uns de ces ecclésiastiques contrarièrent, sans le savoir, les vues de DIEU, en voulant établir, à la place des hospitalières de M. de La Dauversière, une autre communauté étrangère à ce dessein. M. Olier l'a toujours tenu secret; et c'est aujourd'hui seulement que, pour la première fois , on donne au public cette partie de ses écrits, où il l'a dévoilé par obéissance à son directeur.
« Ce qui est admirable, écrivait-il lui-même, c'est qu'âme qui vive n'en a connaissance, personne n'en sait rien autour de moi (1). »
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(1) Mémoires autographes de M. Olier.
A suivre : XXVIII. Le dessein de DIEU est justifié par la vie de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVIII. Le dessein de DIEU est justifié par la vie de la sœur Bourgeoys.
Enfin , quelque extraordinaire que puisse paraître sur la nouvelle chrétienté de Villemarie , nous ajouterons que la vie admirable de la sœur Bourgeoys en fournira elle seule une preuve démonstrative. Car, après l'avoir lue, chacun devra reconnaître qu'une vocation aussi miraculeuse dans son origine, dans ses moyens et dans ses résultats, que l'a été celle de cette sainte fille, est une justification tellement manifeste de ce dessein, dont elle est d'ailleurs le complément, qu'elle ne peut être expliquée que par ce dessein même.
Un autre effet que doit produire la lecture de cette vie, est de montrer, dans la part que la sœur Bourgeoys a eue à la formation de l'Église naissante de Villemarie, une image et comme un léger crayon du zèle puissant et efficace que la très-sainte Vierge a exercé dans l'établissement de l'Église universelle.
« DIEU, par sa bonté, me fait connaître, dit M. Olier, qu'il veut que ce mystère se passe de la sorte maintenant, pour apprendre, par ce qu'il a d'extérieur et de sensible, la conduite qu'il a tenue sur son Église; ce qui a été entièrement négligé par les hommes; et un jour on admirera le dessein dont je parle (1). »
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(1) Ibid.
A SUIVRE : NOTICE DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITES DE LA VIE DE SŒUR BOURGEOYS .
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : les Archives.NOTICE
DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITES DANS LA VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS.
Il existe deux Vies de la sœur Bourgeoys : l'une composée par M. Ransonet, prêtre, imprimée à Avignon en 1728 (1); l'autre écrite en 1780 (2) par M. Mongolfier, supérieur du séminaire de Villemarie, et publiée dans cette ville en 1818 (3). La première, qui ne forme qu'un petit volume in-18, n'est guère qu'une ébauche de la vie de la sœur Bourgeoys; la seconde contient plus de faits; mais ayant été composée sur des mémoires incomplets et inexacts, elle est remplie de beaucoup de lacunes, d'erreurs et d'anachronismes, quoiqu'on lise dans le titre, qu'elle a été tirée de Mémoires certains et la plupart originaux. L'auteur, qui n'écrivait que pour l'édification particulière des sœurs de la Congrégation, crut pouvoir se permettre, en citant les écrits autographes de leur fondatrice, de suppléer aux nombreuses lacunes qu'ils présentent; et, en les commentant ainsi, il ne remarqua pas que souvent il les défigurait considérablement. Il est arrivé de là que, dans l'impression de son manuscrit, publié en 1818 tel qu'il l'avait écrit, on a donné comme étant de la sœur Bourgeoys, ces sortes d'amplifications, quoique plus d'une fois elles soient contraires à la chronologie, et même à la vérité de l'histoire contemporaine.
L'imperfection de cet ouvrage, et d'ailleurs la confusion qui règne dans la disposition de sa matière, portèrent les sœurs de la Congrégation, en 1830, à désirer que nous composassions une nouvelle Vie de leur fondatrice. Nous entreprîmes alors ce travail ; mais bientôt nous fûmes contraint de l'interrompre, par défaut des matériaux nécessaires, que nous ne pouvions nous procurer en France ; et cette interruption dura près de vingt ans. Enfin, dans un séjour que nous avons fait à Villemarie en 1849 et 1850, les sœurs de la Congrégation nous ayant réitéré leur désir, nous avons recueilli sur les lieux les matériaux qui nous manquaient ; et pour les rendre plus complets, nous avons fait, après notre retour en France, de nouvelles recherches dans divers dépôts d'archives, soit à Paris, soit ailleurs.
Comme l'histoire de l'Église du Canada, à laquelle cette Vie doit servir, n'a point encore été écrite, et qu'il est nécessaire d'en établir et d'en constater historiquement les faits, nous avons eu soin, en composant cet ouvrage, d'indiquer toujours nos sources, afin que le lecteur puisse y recourir au besoin. Nous donnerons même ici une courte notice des principaux manuscrits que nous y avons cités.
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(1) La Vie de la sœur Marguerite Bourgeoys, etc. , imprimée à Avignon, se vend à Liège, chez Barnabé, 1729.
(2) Archives de la Congrégation, manuscrit autographe de M. de Montgolfier, titre.
(3) La Vie de la vénérable Marguerite Bourgeoys, dite du Saint-Sacrement, etc. à Villemarie, chez Wm Gray, 1818.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME DE VILLEMARIE.
Quoique aujourd'hui ces archives soient peu considérables, par suite de l'incendie qui, en 1768, réduisit en cendres la maison de la Congrégation , elles renferment encore plusieurs pièces importantes qui nous ont été d'un grand secours.
1° Les écrits autographes de la sœur Bourgeoys. Nous désignons sous ce titre un certain nombre de feuilles, la plupart détachées, que cette sainte fondatrice écrivit toutes de sa main, vers la fin de sa vie, comme nous le raconterons au second volume de cet ouvrage (1).
Éprouvant alors des peines très-vives, fondées sur la crainte où elle était d'avoir laissé pénétrer, par sa prétendue négligence, le relâchement dans la Congrégation, elle composa ces écrits afin d'exposer à ses directeurs toute la perfection qu'elle jugeait nécessaire à cet institut; et, dans ce dessein, elle rapporta les grâces dont DIEU l'avait prévenue, et les lumières qu'il lui avait données pour l'établir. Cette circonstance explique pourquoi elle y parle si souvent d'elle-même, et comment elle est devenue l'historien de sa propre vie; ce qui doit donner aux écrits dont nous parlons le plus haut degré d'intérêt et de certitude.
Comme elle les a composés sans suite et sans liaison, et qu'elle revient plusieurs fois sur les mêmes récits, nous devions avoir plutôt égard, dans l'usage que nous avons fait de ces écrits, à la nature des événements, qu'à l'ordre qu'elle a gardé en les racontant. Aussi nous sommes-nous permis toutes les transpositions que la chronologie et l'identité des récits rendaient nécessaires. Si nous y avons ajouté de temps en temps quelques mots, par manière d'éclaircissement, nous avons eu soin de les distinguer de ses propres expressions par des parenthèses.
2° Les archives de la Congrégation nous ont fourni, outre les écrits autographes de la sœur Bourgeoys, plusieurs mandements originaux des évêques de Québec, relatifs à cet institut.
3° Diverses lettres écrites à la sœur Bourgeoys elle-même, ou à d'autres supérieures de la Congrégation.
4° Des actes de fondations.
5° Enfin différents Mémoires concernant la même communauté.
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, t. II. P. 51 et suiv.
A suivre…
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ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE SAINT-SULPICE DE PARIS.
Les principaux manuscrits de ces archives que nous citons, sont :
l° La correspondance de M. Tronson, supérieur du séminaire de Paris, avec les ecclésiastiques de Villemarie, formant deux volumes in-folio, qui renferment un grand nombre de lettres adressées, soit à la sœur Bourgeoys, soit à d'autres sœurs de la Congrégation, ou aux ecclésiastiques successivement chargés de la conduite spirituelle de cette communauté.
2° Les lettres de M. Leschassier, successeur de M. Tronson, qui font suite aux précédentes.
3° Quelques lettres originales de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
4° Un manuscrit in-4°, composé par M. de Belmont, supérieur du séminaire de Villemarie, intitulé : Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté à Montréal en Canada. Il contient la vie de Mlle Jeanne Le Ber, les maximes spirituelles de la sœur Bourgeoys, et une notice sur une vertueuse Iroquoise, sœur de la Congrégation, morte à la montagne de Montréal. Ce manuscrit fut adressé, vers l'année 1722, par M. de Belmont, à M. Le Peletier, abbé de Saint-Aubin, dans la suite supérieur du séminaire de Saint-Sulpice. L'auteur le revit auparavant, et y fit de sa main quelques additions et quelques corrections de style.
5° La Vie de la sœur Marie Barbier, composée sur des mémoires de M. Glandelet, par M. Montgolfier, supérieur du séminaire de Villemarie, et écrite de la main de ce dernier.
6° Enfin la Vie de Mlle Le Ber, par M. Montgolfier. Cette Vie, écrite après l'incendie de 1768, pour remplacer celle que M. de Belmont avait composée , et qui fut sans doute consumée par les flammes, est défectueuse en plusieurs points, principalement dans les dates. On peut les y rétablir d'après l'ancienne Vie de MlleLe Ber, conservée au séminaire de Saint-Sulpice à Paris.
A suivre…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE VILLEMARIE.
Nous citons diverses pièces autographes que l'on trouve dans ces archives, comme lettres, actes de concessions et autres, contrats de fondations, mémoires; sans parler encore des registres publics et de ceux des délibérations de la paroisse de Villemarie.ARCHIVES DE L'HÔTEL-DIEU SAINT-JOSEPH.
Elles nous ont fourni, entre autres pièces importantes, les Annales de cette maison, composées par la sœur Marie Morin. Elle les commença en 1697, deux ans après l'incendie de l'Hôtel-Dieu, et les continua, à diverses reprises, jusqu'en 1725. Ces annales, dont nous avons sous les yeux le manuscrit original, contiennent des détails intéressants. Elles laissent cependant à désirer pour les dates, les noms propres, quelquefois même pour l'exactitude des faits, principalement en ce qui concerne les commencements de Villemarie, que la sœur Morin n'avait appris que par ouï-dire.
Nous avons eu recours aussi aux archives des religieuses hospitalières de la Flèche, où l'on conserve une copie des annales de la sœur Morin, et d'autres manuscrits relatifs à Villemarie.ARCHIVES DE LA MARINE A PARIS.
On trouve dans ces archives un très grand nombre de documents sur l'institut de la sœur Bourgeoys. Ils sont consignés, soit dans les registres des dépêches de la cour, et dans les lettres des gouverneurs généraux et des intendants de Canada au roi ou au ministre; soit dans des mémoires, des lettres ou d'autres pièces que nous indiquons. Nous avons aussi puisé dans la partie de ces archives qui concerne l'île Royale, et qui renferme plusieurs pièces relatives à l'établissement que la Congrégation avait formé dans cette colonie.ARCHIVES DIVERSES.
Nous avons puisé aussi divers matériaux aux archives du ministère des affaires étrangères à Paris, à celles du Royaume, à celles de l'archevêché de Rouen, et enfin aux archives de l'archevêché de Québec. Nous n'avons pu visiter cependant nous-même ces dernières; et nous devons à l'obligeance de M. Langevin, secrétaire de l'archevêché de Québec, et à celle de M. Casault, supérieur du séminaire de la même ville, les pièces que nous citons comme extraites de ces archives.BIBLI0THÈQUES DE PARIS.
Entre autres manuscrits appartenant aux bibliothèques publiques de cette ville, nous citons l'Histoire du Canada, par M. de Belmont, qui est aujourd'hui à la Bibliothèque royale (supplément français 1265); et surtout l'Histoire du Montréal, conservée parmi les manuscrits de la Bibliothèque Mazarine. (H. 2706, in-folio. ) Cette dernière histoire, qui comprend les trente premières années de la colonie de Villemarie, a été composée, vers l'année 1673, par M. Dollier de Casson (1), qui fut ensuite supérieur du séminaire de cette ville. Elle est adressée aux infirmes du séminaire de Saint-Sulpice de Paris, que l'auteur invite à aller prendre part à la mission du Canada. Ce manuscrit a été corrigé et écrit en partie de la main de M. Dollier.
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(1) Histoire du Montréal, de 1669 à 1670.
A suivre : Déclaration de l’Auteur.
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ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE VILLEMARIE.
DÉCLARATION DE L’AUTEUR.
Si nous donnons à la sœur Bourgeoys, ou à d'autres personnages dont il est parlé dans cette Vie, le titre de saint, nous déclarons que c'est uniquement pour nous conformer à l'usage reçu parmi les fidèles, qui donnent quelquefois cette qualification aux personnes d'une piété universellement reconnue ; et qu'en cela nous n'avons pas eu dessein de prévenir le jugement du souverain Pontife, à qui nous soumettrons toujours (comme nous l'espérons de la miséricorde de DIEU) nos sentiments , nos écrits et notre personne.
A suivre : PREMIÈRE PARTIE
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
PREMIÈRE PARTIE
LA PROVIDENCE PRÉPARE LA SOEUR BOURGEOYS
A ÉTABLIR L'INSTITUT DE LA CONGRÉGATION
DE NOTRE- DAME, A VILLEMARIE.
CHAPITRE PREMIER
LA SŒUR BOURGEOYS EST APPELÉE À IMITER
LE ZÈLE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE POUR LA SANCTIFICATION DES ÂMES.
I. Naissance de Marguerite Bourgeoys.
Heureuses dispositions qu’elle montre dès le premier âge.
Marguerite Bourgeoys naquit à Trêves en Champagne le 17 avril 1620 (1), et le même jour, qui était celui du Vendredi saint (2), elle reçut le sacrement de baptême dans l'église Saint-Jean de cette ville. Quoique sa famille n'eût rien de remarquable, selon le monde, elle était pourtant considérée des gens de bien pour sa probité et sa vertu.
Son père, nommé. Abraham Bourgeoys, honnête marchand, et sa mère, Guillemette Garnier (3), l'un et l'autre médiocrement pourvus des biens de la fortune, s’efforçaient surtout de laisser pour héritage, aux cinq enfants que DIEU leur donna, la piété sincère dont ils faisaient eux-mêmes profession (1) ; et ils ne tardèrent pas à voir paraître dans la jeune Marguerite les premiers fruits d’une sollicitude si chrétienne.
Dès son enfance, elle se distingua de ses petites compagnes par sa facilité à lire et à écrire, par son amour pour le travail, son adresse pour les ouvrages qu’on lui donnait à faire, mais spécialement par les dispositions singulières qu’elle annonçait pour la piété et la vertu. Aussi, la sagesse qui paraissait déjà, lui concilièrent de bonne heure l’estime de ses compagnes, et lui donnèrent même, comme naturellement, un certain ascendant sur elles que cependant elle ne rechercha jamais.
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(1) Registres de l'état civil de la ville de Troyes, paroisse Saint-Jean, 17 avril 1620.
(2) Ecrits autographes de la soeur Bourgeoys.—L'Art de vérifier les dates, 1620.
(3) Registres de Troyes, ibid.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 35. — Vie de la même, par M. Ransonet, p. 14.
A suivre : II. Indices qu’elle donne de sa vocation dès l’âge de dix ans.
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II. Indices qu’elle donne de sa vocation dès l’âge de dix ans.
Les personnes appelées de DIEU à quelque dessein particulier donnent ordinairement, dès l’âge le plus tendre, des indices de leur vocation, qui sont comme des fruits précoces de l’esprit qui déjà les anime et les dirige (2). Ce fut ce qu’on eut lieu de remarquer dans la jeune Marguerite Bourgeoys. Elle était à peine âgée de dix ans, qu’on la voyait réunir autour d’elle ses petites compagnes, les animer à la vertu et leur proposer les projets que déjà elle formait pour l'avenir. C'était d'assembler de(s) jeunes filles pour vivre en commun, dans un lieu écarté, éloignées du commerce du monde, et saintement appliquées au travail et aux exercices de la piété. La proposition d'un tel dessein dans une fille de dix ans, pouvait bien passer pour quelqu'un de ces jeux innocents, si ordinaires à cet âge; mais la suite montra que ce projet et ces discours étaient comme les premières étincelles du zèle ardent qu'elle devait faille éclater plus tard pour la sanctification des jeunes personnes. Du moins, c'est le jugement que dans la suite elle porta, elle-même de ces instincts de sa vocation, dont le souvenir lui demeura toujours très-présent.
« Dès ma petite jeunesse, écrivait-elle à l'âge de 78 ans, DIEU m'avait donné une inclination particulière pour assembler des petites filles de mon âge, dans le dessein de demeurer ensemble et de travailler en quelque lieu écarté pour gagner notre vie. Car je n'avais point connu encore de communauté de filles [qui eût pu faire naître en moi cette idée], mais seulement quelques filles qui vivaient ensemble. Nous accommodions cela comme pouvaient le faire des « enfants (1). »
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(2) Traité des saints Ordres par M. Olier, Ire partie, chap. 10.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : III. Après la mort de sa mère…
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III. Après la mort de sa mère,
elle s’applique à l'éducation d'un frère et d'une sœur,
et aux soins du ménage.
La jeune Marguerite, qui semblait préluder ainsi à l'exercice du zèle par ses entretiens avec cette petite troupe d'âmes innocentes, se vit bientôt, par la mort de sa mère, qui arriva peu après, obligée de l'exercer réellement dans sa propre maison. Son père, voyant dans Marguerite une gravité et une prudence de beaucoup supérieures à son âge, accompagnées d'une grande piété, lui confia l'éducation de ses deux plus jeunes enfants et la chargea encore des détails et de la conduite du ménage (1).
Nous ne savons rien des vertus qu'elle pratiqua dans l'emploi laborieux qu'elle eut alors à remplir. Mais si sa modestie lui a fait taire tout ce qui aurait pu tourner à sa louange, son humilité sincère l'a souvent portée à s'accuser, avec douleur, des fautes de vanité et de légèreté qu'elle croyait avoir commises à cette époque de sa vie. Fidèle aux pratiques ordinaires de la piété, elle ne souffrait pas qu'il y eût rien d'affecté ou d'immodeste dans sa parure; toutefois en y gardant les règles de la décence, elle ne se faisait pas scrupule de mettre quelque rechercher dans ses ajustements, pour ne pas paraître inférieure aux filles de sa condition et de son âge (2).
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(1) Vie de la même, par M. Ransonet, p. 15. — Vie de la même, 1818, p. 36
(2)Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 37. — Vie de la même par M. Ransonet, 1818, p. 36
A suivre : IV. Établissement de la congrégation externe à Troyes.
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IV. Établissement de la congrégation externe à Troyes.
Les religieuses de la congrégation de Notre-Dame, de l'institution du Père Fourrier, particulièrement vouées à la sanctification des jeunes filles, et établies à Troyes en 1628, sous l'épiscopat de M. René de Breslay (1), avaient donné commencement à leur congrégation externe. C'était une pieuse association de jeunes personnes qui, sans contracter aucun engagement de conscience, s'assemblaient les jours de fêtes et de dimanches pour vaquer à certaines pratiques de religion, et s'employaient quelquefois à exercer diverses fonctions de charité et de zèle. La congrégation externe ne fut pas plutôt établie à Troyes, que plusieurs jeunes personnes, en petit nombre d'abord, y entrèrent comme à l'envie, et soutenues les unes les autres par leurs exemples édifiants et leur ferveur mutuelle (2), elles s'efforcèrent de se conformer dans leur extérieur aux règles de la plus austère simplicité. Une vie si exemplaire semblait être la censure de toutes les jeunes filles qui n'avaient pas le courage de l'imiter; aussi ne manqua-t-on pas de taxer les congréganistes de singularité, et bientôt on leur donna dans la ville de Troyes la qualification odieuse de bigotes (3).
Ces vertueuses filles estimaient et aimaient la jeune Marguerite, et désiraient vivement de l'attirer à elles, persuadées que son exemple déterminerait un grand nombre de jeunes personnes à entrer à leur tour dans la congrégation. Elles l'invitèrent donc, elles la pressèrent avec instance, et firent tout ce quelles purent pour la gagner. Mais Marguerite n'osait se résoudre à faire cette démarche. Elle n'aurait pas voulu conserver dans la congrégation les parures auxquelles on renonçait en y entrant. Toutefois la crainte de passer aussi pour bigote la retint pendant plusieurs années (1), et elle persévéra dans ces sentiments jusqu'à l'âge de vingt ans et demi, où enfin la très-sainte Vierge, à qui cette âme de choix avait été spécialement confiée, daigna faire un merveilleux changement en elle à l'occasion que nous allons dire.
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(1) Gallia Christiana, t. XII, col. 521.
(2) La conduit de la Providence dans l’établissement de la Congrégation. Toul , in-4º, p. 186.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653 ; manuscrit de la bibliothèque Mazarine.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : V. Faveur extraordinaire qu’elle reçoit…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans Mlle Bourgeoys.V. Faveur extraordinaire qu’elle reçoit
à la vue d’une statue de la très-sainte Vierge.
Le premier dimanche d'octobre 1640, où les Dominicains célébraient la fête de Notre-Dame du Rosaire, elle eut la dévotion d'assister à la procession solennelle qui se faisait ce jour-là, soit que déjà elle eut été reçue dans cette confrérie, soit qu'elle fût portée à se mettre dans les rangs par un mouvement secret de la grâce qui voulait dans cette occasion parler à son cœur. C'était le 7 octobre (2), deux mois, jour pour jour, depuis que les associés de Montréal s'étaient engagés à établir une communauté de filles destinées à élever les enfants dans la colonie (3).
Après donc que la jeune Marguerite se fut mise dans les rangs, la procession vint à passer, selon l'usage, devant le portail de l'abbaye des religieuses de Notre-Dame-aux-Nonnains, dont le monastère était contigu au couvent des religieux de Saint-Dominique. Sur ce portail, connu dans les anciennes chroniques sous le nom de Beau-Portail (1), se trouvait une statue de pierre qui représentait la-Mère de DIEU (2). Marguerite l'avait déjà considérée sans doute: mais ce jour-là, arrivée devant le portail, et levant les yeux pour regarder la statue: dans ce moment elle lui paraît être d'une beauté ravissante et toute céleste. En même temps son esprit est éclairé tout à coup d'une lumière intérieure qui lui découvre le néant de toutes les choses du monde, et son cœur est pénétré pour DIEU de l'amour le plus pur. «Enfin je me trouvai alors si touchée et si changée, écrit-elle elle-même, que je ne me reconnaissais pas (3). »
Jamais peut-être, ces paroles du Cantique, que l'âme fidèle, dans l'ivresse du saint amour, adresse à Marie : Vous avez blessé mon cœur, ô ma sœur, vous avez blessé mon cœur par un seul regard de vos yeux (4), ne furent plus littéralement ni plus parfaitement accomplies que dans cette circonstance. Car ce rayon de grâce que la très-sainte Vierge laissa tomber sur la jeune Marguerite fut comme un trait pénétrant qui porta dans son cœur l'amour le plus ardent envers Marie, et le remplit pour elle des sentiments les plus vifs de tendresse, de confiance et d'abandon.
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(2) L'Art de vérifier les dates, année 1640.
(3) Actes de Gourdon, notaire à Vienne, 7 août 1640.
(1) Sceau de l’Abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, par M. l’abbé Coffinet ; Paris, 1852, in-8º , p. 24 et 25.
(2) Album pittoresque et monumental du département de l’Aube — Vue de l’église abbatiale de Notre-Dame et paroissial de Saint-Jacques, 1852, par M. Ch. Fichot.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(4) Cantique des Cantiques, chap. IV, V. 9.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans Mlle Bourgeoys.
Cette grâce si abondante lui ayant été donnée principalement en vue d'attirer à DIEU un grand nombre d'âmes, rejaillit aussitôt d'une manière sensible dans toute sa personne. Elle parut surtout dans l'expression de son visage, qui sembla dès ce moment être une image touchante de la modestie de Marie, de son humilité et de sa douceur. Toutes les personnes qui connaissaient Marguerite ne purent s'empêcher d'être frappées d'un changement si subit et si extraordinaire.
« Après la touche que j'avais eue à la vue de cette sainte image, écrit-elle, retournant à la maison si touchée et si changée, cela paraissait à tous: chacun sachant bien que jusque alors j'avais été fort légère et la bienvenue avec les autres filles. Mais dès ce moment je quittai tous mes petits amusements, et me retirai d'avec le monde pour me donner au service de DIEU (1). »
Ne connaissant rien de plus condamnable dans elle, qu'une trop grande recherche dans les habits et le désir de paraître pour s'attirer l'estime, elle ne voulut plus porter, et ne porta plus en effet clans la suite, que des vêtements très-simples de couleur brune ou noire, sans soie ni autres ornements superflus (1), et se voua dès lors avec une ferveur toujours plus grande aux humiliations dont nous verrons qu'elle fut insatiable tout le reste de sa vie.
Enfin, immédiatement après la faveur dont nous venons de parler, sa première démarche fut d'aller se jeter aux pieds de M. Dégorais, grand pénitencier de la cathédrale de Troyes, et de lui faire une confession (2) extraordinaire, en détestant dans l'amertume de son cœur et en s'efforçant d'expier, par ses larmes et sa componction vive et véhémente, les fautes de légèreté et de vanité, dont elle ne cessa de gémir et de s'accuser depuis.
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 38. — Vie de la même, par M. Ransonet, p. 16-17.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VII. Mlle Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. Mlle Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe.
Pour donner un nouvel aliment à sa ferveur, elle eut alors le désir de se joindre aux pieuses congréganistes externes. Cependant avant de demander entrée dans leur société, cette fille sage et prudente examina d'abord la conduite et l'esprit qui les animaient; et ayant bientôt remarqué en elles une vertu aussi solide qu'elle était exemplaire, elle demanda d'être reçue elle-même dans leur congrégation (3). Elles l'accueillirent avec une satisfaction proportionnée aux vœux qu'elles avaient faits pour la posséder parmi elles, et à la joie que leur avait fait éprouver son généreux changement. Mais elles ne tardèrent pas à s'apercevoir que dans la réception d'une telle compagne, tout l'avantage était de leur coté.
Dès son début, la sœur Marguerite, car c'est ainsi qu'on la désigna depuis dans la congrégation (1), fut un modèle de perfection digne d'être proposé à toutes les autres congréganistes, et qui excita parmi elles une sainte émulation de ferveur. Elle était partout où il y avait quelque action de dévouement à pratiquer, toujours prête à entreprendre toutes sortes de bonnes œuvres; et elle s'y appliquait avec une ardeur d'autant plus entraînante pour ses compagnes, que ce saint zèle prenait sa source dans son union intérieure avec la Mère de DIEU , qui semblait résider dans elle, pour les attirer toutes à l'odeur de ses vertus dans les voies de la perfection.
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(3) [Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson ,de 1652 à 1653.
(1) Ibid.
A suivre : VIII. Son union aux dispositions intérieures de la très-sainte Vierge…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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