Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET)

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Message  Louis Lun 19 Déc 2011, 1:08 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IV. LE TEMPS ET L’ESPACE (suite)

Ainsi donc le lieu, au sens pur et simple, celui qui a par excellence la raison de mesure pour les êtres à dimensions que sont les corps, c'est le corps dont la zone dernière est à l'extrémité du monde des corps. Tous les autres lieux se disent par rapport à lui.

Hâtons-nous d'ajouter, du reste, que pour parler des lieux immédiats ou plus ou moins prochains de chacun des corps dont nous pouvons avoir à nous occuper, il n'est nullement nécessaire que nous puissions le comparer actuellement à ce lieu dernier qui est celui de tout dans le monde des corps. Nullement. Il nous suffît de savoir que ce lieu existe, qu'il doit exister, qu'il ne peut pas ne pas exister. Et nous le supposerons toujours quand nous parlerons de tel ou tel lieu particulier. D'autre part, cette nécessité de son existence est impliquée dans le fait même des espaces ou lieux particuliers qui mesurent les corps en rapport avec nous. Car s'il nous était donné de les parcourir tous, il faudrait nécessairement atteindre la limite. Et c'est cette limite qui est l'espace ou le lieu général où se trouvent compris tous les autres espaces et tous les autres lieux.

Tout se ramène donc ici à une question de dimensions, de dimensions juxtaposées dont les unes sont incluses dans les autres. Avec ceci pourtant que nous ne parlerons de lieu, à proprement parler, que lorsqu'il s'agira de dimensions actuellement distinctes ou coupées les unes d'avec les autres. C'est, en effet, la coupure de ces dimensions, si l'on peut ainsi s'exprimer, qui constitue la distinction ou la pluralité des divers êtres dans le monde des corps. Si l'unité est constituée par l'indivisibilité ou l'indivision de ces dimensions, leur division, au contraire, constitue, par le fait même, la multiplicité des êtres corporels. Il suit de là que nous ne pouvons parler d'un corps localisé dans un autre, qu'en raison de la diversité de leurs dimensions.

Aussi bien…

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Message  Louis Mar 20 Déc 2011, 6:00 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IV. LE TEMPS ET L’ESPACE (suite)

Aussi bien, si nous supposons un corps ou un être à dimensions, dont l'être, dans ses dimensions, est tel, que ses dimensions demeurent rigides et ne cèdent pas devant les dimensions d'un autre corps, la place ou le lieu qu'occupera ce corps ne pourra jamais être la place ou le lieu d'un autre corps. Le fait de deux êtres corporels ou de deux êtres à dimensions occupant les mêmes dimensions ou ayant le même lieu, et restant deux êtres corporels ou deux êtres à dimensions distincts, indivis en eux-mêmes, chacun, et divisés l'un de l'autre, est en dehors de toutes les lois de la nature. Seule l'intervention de l'Auteur de ces lois, agissant en dehors et au-dessus d'elles, pourrait l'expliquer.

Nous retrouvons, ici, on le voit, dans cette question du lieu ou de l'espace, la question du continu et du contigu dans le monde matériel. Le continu et le contigu se rattachent essentiellement aux dimensions du monde des corps. Ou plutôt, il n'y a de dimensions, à vrai dire, que dans le continu. Le contigu est constitué par une addition d'êtres a dimensions. Mais l'être à dimensions, comme tel, n'est pas autre que le continu. Seul, le continu est un ; et, par conséquent, comme nous l'avions déjà fait remarquer, seul il est, à parler d'une façon pure et simple. Le contigu suppose plusieurs êtres à dimensions ; et il est constitué par le rapprochement de ces divers êtres. Lui-même, ou plutôt l'ensemble des êtres ainsi rapprochés ne forme qu'un tout accidentel. D'êtres substantiels, dans le monde des corps, il ne saurait y en avoir aucun en dehors du continu.

Mais le continu lui-même…

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Message  Louis Mar 20 Déc 2011, 12:30 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IV. LE TEMPS ET L’ESPACE (suite)

Mais le continu lui-même peut se concevoir et exister selon des conditions très diverses, qui dépendront de la nature même des divers corps. Il est des corps dont la nature sera telle que leurs parties quantitatives seront très adhérentes au point de ne pouvoir être divisées que très difficilement. D'autres corps auront une nature qui comportera la plus grande facilité de division dans leurs parties quantitatives. Ainsi en est-il des liquides ou des gaz. L'eau, par exemple, et, plus encore, l'air, ont une nature telle que leurs parties cèdent au moindre effort d'un corps plus résistant. Aussi bien voyons-nous les poissons se mouvoir dans l'eau, et les oiseaux dans l'air avec une aisance parfaite. Bien plus, tout porte à croire qu'il existe, dans toute l'étendue du monde matériel, un corps dont la nature est beaucoup plus subtile que celle de notre atmosphère, et que c'est dans ce milieu, en quelque sorte impondérable, que baignent tous les corps existant dans le monde. De ce corps, nous dirons qu'il est le lieu universel. Et c'est en raison du rapport que les êtres corporels auront entre eux dans ce milieu, que nous parlerons de lieu et d'espace à leur sujet.

Toujours est-il que, considéré sous sa raison immédiate, le lieu, pour un être corporel quelconque, ne doit et ne peut se dire qu'en raison des dimensions du corps environnant auxquelles s'adaptent adéquatement ses propres dimensions.


S'il n'existait, dans le monde, …

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Message  Louis Mer 21 Déc 2011, 6:18 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IV. LE TEMPS ET L’ESPACE (suite)

S'il n'existait, dans le monde, qu'un seul corps aux parties continues et surtout homogènes, il n'y aurait pas à parler de lieu ou de localisation. Ce corps aurait ses dimensions à lui ; mais sans rapport aucun avec d'autres dimensions. Les par-lies de ce corps seraient en lui-même; mais n'étant pas divisées les unes des autres, elles n'auraient point d'être à part, el il n'y aurait pas à parler de Heu proprement dit à leur sujet. Au contraire, dès là que dans le monde des corps se trouvent des êtres distincts, constitués tels par des dimensions à eux, leur appartenant en propre, ces dimensions mises en rapport avec les dimensions des autres corps, amènent de toute nécessité, pour tous les corps ainsi en rapport entre eux, la raison de lieu et de localisation.

Si nous voulions, d'un mot, préciser ces deux grandes notions de temps et de lieu ou d'espace que nous nous sommes appliqué à dégager dans leur vérité la plus pure, nous dirions qu'être dans le temps, pour tout être corporel, c'est être dans la dépendance d'un mouvement que par son nombre, ou son renouvellement pouvant être compté, mesure la durée ou le mouvement et l’être de ce qui en dépend. Quant à l'espace, au sens réel ou local, il n'est pas autre que le rapport des dimensions de tout être corporel avec la surface du milieu ambiant où il se trouve plongé, en rapport lui-même avec la surface dernière ou la ligne extrême des dimensions qui marque le terme de l’ensemble du monde des corps.
A suivre : V. LES ÉLÉMENTS

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Message  Louis Mer 21 Déc 2011, 12:42 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS

S'il était possible à un être humain d'avoir dans sa perfection absolue la science expérimentale et philosophique de tout le monde de la nature ou des corps, nous devrions maintenant, après ce que nous avons dit des corps en général, et de leurs mouvements, et des causes de ces mouvements, et du temps et de l'espace qui les mesurent, nous appliquer à connaître jusque dans le plus menu détail tout ce qui se rattache à ce monde des corps et à ses mouvements, dans toute l'étendue de l'espace que ce monde occupe, et en remontant le cours des siècles jusqu'à l'origine des temps, à supposer, ce que la raison toute seule ne saurait démontrer, qu'en fait le monde des corps aurait commencé dans le temps.

Mais ce n'est pas seulement à un être humain pris individuellement qu'une telle science est impossible. Elle l'est aussi à tous les êtres humains pris dans leur ensemble et uniraient-ils, à l'effet d'y parvenir, tous leurs travaux, tous leurs efforts.

Dans le champ de l'espace, l'être humain n'a pas pu encore faire le tour complet du globe terrestre qu'il habile. Certains sommets des plus hautes montagnes, et les deux pôles du globe demeurent inexplorés. Quant à notre atmosphère, si les derniers progrès de la science ont permis à l'homme de s'élever à une certaine hauteur jusqu'alors non atteinte, il n'est aucun homme de science qui nourrisse l'espoir de franchir jamais notre atmosphère dont l'étendue est d'ailleurs si limitée comparée aux champs indéfinis de l'espace où se meuvent les corps célestes. Et il est vrai que ces corps célestes, malgré les distances qui les séparent de nous, sont à la portée de notre œil que frappe l'éclat de leur lumière. Nous avons même, pour accroître la portée de notre regard, ces merveilleux instruments d'optique, découverts et utilisés par le génie de l'homme. Il n'est pas jusqu'aux ressources de l'art se servant de la lumière elle-même gravée sur des plaques plus sensibles que notre œil, que la science de l'homme n'ait à son service pour mieux connaître ce qui se trouve dans l'immensité des espaces où se meuvent les astres.

Toutefois…


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Message  Louis Jeu 22 Déc 2011, 5:58 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)

Toutefois, malgré toutes ces ressources et ces merveilleuses industries, nous sommes contraints de nous avouer que les réalités de ce monde céleste ou astral nous dépassent sans proportion aucune. Nous ignorons, et, livrés à nous-mêmes selon les conditions de notre vie présente, nous ignorerions toujours l'étendue de l'espace où se meuvent ces corps célestes, et la nature de cet espace ou du corps qui le constitue, et le nombre des astres qui s'y trouvent, et leur vraie nature ou aussi la raison d'être de chacun d'eux ou même des groupes qu'ils semblent former entre eux, et les véritables lois qui président à l'ensemble de leurs mouvements. La science de l'astronomie, malgré tant de progrès et de découvertes, demeure une science dont l'objet, dans son dernier fond, est absolument impénétrable pour nous, laissés à nos seules forces, à nos seules ressources humaines.

Le fond de la réalité du monde des corps n'est pas moins impénétrable, s'il s'agit de remonter le cours des siècles et de faire l'histoire de ce qui a été depuis le commencement dans ce monde des corps, ou même, nous l'avons déjà dit, de déterminer et de savoir si ce monde des corps a eu un commencement. Dans le temps, comme dans l'espace, le monde des corps échappe aux prises de nos sens; et notre raison expérimentale n'a d'autre ressource que la pure hypothèse. Il est vrai que notre raison philosophique peut fixer deux points de la plus haute importance et qui donneront à notre intelligence le bienfait d'une certitude essentielle.

Nous savons que…

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Message  Louis Jeu 22 Déc 2011, 12:31 pm

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Nous savons que, dans l'espace, le monde des corps est fini : et que, dans son mouvement comme dans son être, quelle qu'aurait pu être sa durée, il a nécessairement un principe, un principe extérieur à lui, qui, seul, peut expliquer, aux yeux de la raison, l'être et le mouvement qui sont les siens.

Que le monde des corps, dans son mouvement et dans son être, ait un principe extérieur à lui, nous l'avons vu quand il s'est agi des causes. Les mouvements d'altération ou de transformation substantielle, s'ils sont dus à l'action des corps, présupposent toujours un mouvement local; et le mouvement local ne peut s'expliquer que par l'action d'un moteur étranger au sujet mû en tant que tel : ce qui exige nécessairement, au point initial de tout mouvement, dans la ligne ou la série des moteurs qui concourent actuellement à le produire, un moteur extérieur et étranger à cette série, qui, actuellement, actionne la série tout entière. Il suffira donc que nous constations autour de nous un mouvement quelconque, pour que notre raison philosophique soit amenée à conclure inéluctablement que ce mouvement, au moment même où il se produit et où nous le constatons, remonte de branle en branle jusqu'à un principe qui, hors de la série, met en branle toute la série des moteurs corporels qui actuellement, par leur action, produisent ou causent ce mouvement.

De même, pour l'être de tout être corporel…

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Message  Louis Ven 23 Déc 2011, 6:51 am

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)

De même, pour l'être de tout être corporel. Nous avons vu qu'il est essentiellement constitué par deux principes : l'un, qui a raison de puissance, la matière première; l'autre, qui a raison d'acte, la forme substantielle. Ces deux principes ne peuvent se trouver unis et constituer l'être corporel qu'ils constituent, que parce qu'un principe extérieur à eux les a unis, soit immédiatement par son action seule, soit médiate ment par l'action d'agents intermédiaires subordonnés à son action. Et c'est lui encore, par son action et par l'action des agents intermédiaires dont il lui aura plu de se servir, qui maintiendra unis ces deux principes tout autant qu'ils resteront unis et que par leur union ils constitueront l'être corporel.

Si la présence d'un corps quelconque et d'un mouvement quelconque dans le monde des corps établit de toute nécessité, aux yeux de la raison philosophique, l'existence d'un principe extérieur au monde des corps et à ses mouvements, qui, seul, par son action première et souveraine, explique tout corps et tout mouvement, la fixation d'un point quelconque de l'espace dans ce même monde des corps nous permet de conclure qu'à partir de ce point, dans quelque sens ou direction que l'imagination et la raison se portent, au-delà de tout ce que nos sens perçoivent comme espace existant ou pouvant exister autour de ce point, une limite dernière s'impose. L'infini pur et simple, dans l'ordre d'un corps existant, répugne, s'agirait-il même d'un corps mathématique ou des seules dimensions, sans prendre garde à la nature physique du corps selon qu'il est un composé substantiel de matière et de forme. A ce dernier titre, il faut évidemment qu'à telle forme telle matière soit proportionnée avec des dimensions qui correspondent à cette nature déterminée. Et, même à ne considérer que les dimensions, elles ne sauraient exister sans qu'elles puissent tomber sous les sens ou sous l'imagination. Et, par suite, elles auraient une configuration : ce qui ne peut être que par une limitation de ces dimensions.

Ainsi donc…

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Message  Louis Ven 23 Déc 2011, 11:39 am

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)

Ainsi donc, quelque impuissante que soit notre raison expérimentale à avoir une connaissance parfaite ou complète du monde des corps considéré dans son ensemble ou dans sa totalité, soit dans l'ordre de l'étendue ou de l'espace, soit dans l'ordre du temps ou de la durée, il est deux points essentiels fixés en pleine lumière par la raison philosophique qui nous permettent d'enclore cet indéfini pour nos sens dans le concept rationnel de notre intelligence. C'est, d'une part, que ce monde est fini ; et, d'autre part, qu'il a, extérieur à lui et l'expliquant tout entier, un principe de sa durée et de son être.

S'il s'agit de l'universalité du monde des corps, nous ne pouvons, sur cette terre ou dans les conditions de notre vie présente, à ne considérer que nos facultés naturelles de connaître, aspirer à d'autre certitude que celle que nous venons de préciser.

Mais, dans cet immense univers qui nous déborde à l'infini pour ainsi dire, soit dans la durée, soit dans l'espace, il est un point du temps et un point de l'espace qui nous touche de plus près et qui, par suite, ne laissera pas que de tomber un peu plus sous nos prises, qu'il s'agisse des prises de nos sens et de notre raison expérimentale, ou qu'il s'agisse de notre raison philosophique, amenée à asseoir, sur ces constatations, de nouvelles conclusions du plus haut prix dans l'ordre de la hiérarchie des êtres, qui est son domaine propre.

Ce point du monde des corps, c'est notre terre selon qu'elle existe présentement avec tout ce qui est en elle et que nous pouvons saisir par nos sens.

Là, nous travaillerons sur un terrain très sûr. Non pas, sans doute, que nous puissions nous flatter de tout connaître à la perfection, même dans ce domaine restreint. Nous avons déjà fait remarquer qu'il est des points de notre globe terrestre qu'aucun explorateur n'a pu encore aborder. Et s'il s'agit des parties du globe explorées ou même habitées, c'est là encore, et dans tous les domaines, une sorte d'infini qui s'ouvre devant nous, dans nos travaux d'enquête. Même pour ce qui est apparent et à la surface du globe dans les parties explorées ou habitées par l'homme, qui donc pourrait se flatter de connaître à la perfection tout ce qui a trait au monde minéral, au monde végétal, au monde animal, au monde humain ? Chacun de ces mondes ou de ces règnes, pour garder le terme scientifique, est une sorte d'infini, non pas seulement dans le détail du particulier et de l'individu, qui, au fond, importerait peu, sauf dans le monde humain, mais jusque dans les traits constitutifs des diverses catégories ou espèces valant d'être connues.

Toutefois…

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Message  Louis Sam 24 Déc 2011, 6:05 am

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)

Toutefois, si nous ne pouvons pas, même là, songer à tout connaître; si, dans l'ordre des diverses catégories ou des diverses espèces d'êtres, il y a matière à découvertes toujours nouvelles pour les équipes de travailleurs dans l'ordre de la recherche expérimentale, ces équipes seraient-elles chaque jour plus nombreuses, mieux outillées et plus riches en hommes de talent ou même de génie : il demeure que dans leurs lignes essentielles les principales catégories d'êtres qui sont à notre portée, sur la surface de notre terre, peuvent être saisies par notre raison philosophique. Et, sans doute, nous l'avons maintes fois souligné, il serait à souhaiter que le même individu humain pût connaître aussi excellemment que possible et ce qui a trait au détail de ces divers êtres ou de ces diverses catégories selon que s'appliquent à les connaître les multiples équipes des travailleurs de science expérimentale, et ce qui a trait aux lignes essentielles par où se marquent, pour la raison philosophique, les principales catégories de ces divers êtres, celles qui en constituent les règnes : règne minéral, règne végétal, règne animal, règne humain.

L'expérience de chaque jour nous montre que c'est là un rêve d'autant plus impossible, que le champ des recherches est plus vaste, plus complexe, plus riche en objets d'observation de toute sorte, même dans un seul embranchement de tel ou tel règne, et que les équipes de travailleurs ou même les travailleurs individuels font tous les jours de nouvelles découvertes, de nouveaux progrès, chacun dans son domaine propre. Et ceci est tellement vrai, nous l'avons déjà fait remarquer, que bon nombre de ces travailleurs spécialistes s'absorbent dans l'objet particulier de leurs recherches, au point de se désintéresser presque entièrement de ce qui n'est pas cet objet lui-même.

Nous avons dit aussi…

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Message  Louis Sam 24 Déc 2011, 1:10 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)

Nous avons dit aussi que c'est là le danger des progrès de la science moderne. À mesure que les savants se spécialisent comme savants, ils semblent, à tout le moins plusieurs d'entre eux, en demeurer moins hommes. Et cela veut dire que les questions d'ordre général, en dehors de leur sphère propre, leur demeurent absolument étrangères. Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer des savants, très compétents dans le domaine de leur science, qui ignorent complètement les questions d'ordre philosophique. Non seulement ils ne se livrent pas eux-mêmes aux spéculations de la raison philosophique, ce qui s'expliquerait encore, soit parce qu'ils n'ont pas le loisir de le faire, absorbés qu'il sont par leurs travaux, soit parce que le pli de leur raison contracté dans les recherches proprement expérimentales diffère du pli de la raison qui se contracte quand on vaque à l'étude portant sur l'essence des choses qui est l'objet propre du philosophe ; mais ils ne s'y intéressent pas.

Et c'est pour cela, nous l'avons dit encore, que le rôle du philosophe s'impose d'autant plus aujourd'hui que sont plus développés et que se développent de plus en plus les progrès de la science expérimentale. Le bien du genre humain y est intéressé au plus haut point. Il faut qu'à côté et au-dessus des merveilleuses découvertes de la science et de ses applications industrielles ou artistiques, brille, du plus pur éclat, la lumière de la raison philosophique donnant au monde le sens profond et dernier des grandes catégories d'êtres qui nous entourent, dont nous faisons partie nous-mêmes, et remonte de degré en degré, jusqu'à son plus haut sommet, l'échelle radieuse de l'harmonie des êtres.

Ce travail de recherche profonde et de synthèse suprême ne peut être fait que par la raison philosophique. Mais, à des degrés divers, tout homme qui a l'usage de sa raison, est à même de vaquer, d'une certaine manière, à ce travail. Il n'est point nécessaire que le philosophe, comme tel, soit doublé d'un savant comme tel. S'il faut une base d'observation au philosophe, c'est la base d'observation commune, celle qui est à la portée de tout homme usant de ses facultés de perception sensible et les appliquant à la considération, même vulgaire, de ce qui tombe communément sous les sens.

Et, par exemple, pour faire office de philosophe dans l'ordre de la première catégorie d'êtres qui se présentent à nous…

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Message  Louis Lun 26 Déc 2011, 7:51 am

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)

Et, par exemple, pour faire office de philosophe dans l'ordre de la première catégorie d'êtres qui se présentent à nous, n'est-il pas évident que, tout de suite, sautera aux yeux, pour tout être humain conscient, une différence qui distingue et sépare, ici, parmi nous, sur notre terre, les êtres corporels vivants des non-vivants ; et, parmi les vivants, les plantes, les animaux, l'homme?

Or, ce sera sur cette différence aveuglante au premier abord, ou sur les règnes que cette différence signale, qu'aura à s'exercer, proprement, la raison philosophique. Il s'agira de savoir ce que sont, en eux-mêmes, au plus profond de leur nature, les êtres corporels non-vivants; et ce qu'il faudra trouver, dans les principes de leur nature, pour justifier, selon les exigences de la raison philosophique, qui est la raison tout court, ce dont témoignent nos sens dans les changements ou les manifestations qui se succèdent parmi ces êtres. La même méthode s'appliquera ensuite, et en vue du même objet, aux autres catégories d'êtres selon que nos sens nous les signalent : plantes; animaux; êtres humains.

C'est donc à la première catégorie d'êtres constatée ici, sur notre terre, autour de nous, que devra d'abord s'appliquer la raison philosophique pour trouver, dans les principes de leur nature, ce qui justifiera, aux yeux de cette raison, cela même dont témoignent nos sens.

Cette première catégorie d'êtres est celle qui constitue le règne minéral, si tant est qu'on puisse appliquer aux minéraux ce terme règne, qui semble plutôt convenir à la perfection supérieure des catégories que nous aurons à étudier ensuite, les végétaux, et surtout les animaux, ou, plus excellemment encore, l'homme.

Les êtres corporels appelés du nom général de minéraux

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Message  Louis Lun 26 Déc 2011, 1:21 pm

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)

Les êtres corporels appelés du nom général de minéraux, pour autant qu'ils se distinguent des végétaux et autres êtres supérieurs, sont caractérisés, pour nos sens, par les propriétés extérieures, forme ou figure, couleur, densité, qui les différencient, ou par les actions et réactions qu'ils peuvent avoir les uns sur les autres. C'est en étudiant plus attentivement ces divers caractères, que la science expérimentale, physique ou chimie, arrive à discerner ces corps et à les distinguer d'une manière plus précise que ne pourrait le faire une application sommaire ou superficielle de nos sens tombant sur eux. Toutefois, l'observation plus précise de la science expérimentale et l'observation vulgaire des sens dans leur application commune, conviennent en ceci que parmi ces corps il y a des différences notables, qu'ils s'appellent même de noms divers, et que sous l'action des uns sur les autres il se produit des changements tels que les uns cessent d'être ce qu'ils étaient pour devenir ce que les autres étaient, que de nouveaux êtres succèdent à ce qu'étaient les premiers, quand ceux-ci se combinent entre eux, perdant jusqu'à leur premier nom, que remplace un nom nouveau désignant le nouvel être. C'est ainsi qu'un morceau de bois jeté au feu devient incandescent et finalement cesse d'être du bois pour ne plus être qu'un aliment du feu, perdant toutes ses propriétés et jusqu'à son nom, n'étant plus qu'un résidu quelconque de poussière ou de cendre, quand le feu est éteint. Ainsi en est-il de toute autre matière ou de tout autre corps jeté au feu, si cette matière ou ce corps sont aptes à subir l'action du feu au point d'être transformés par lui. Si, au contraire, on jette de l'eau sur le feu, le feu s'éteint; et c'est lui qui se trouve vaincu.

Car c'est bien de victoire et de défaite qu'il s'agit parmi ces divers corps. Les uns attaquent les autres et en triomphent, ou, inversement, sont attaqués par eux et se plient à leurs conditions, au point, nous l'avons dit, de perdre leur propre nature, pour passer à la nature du vainqueur.

Ce sont ces faits que la raison philosophique…

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Message  Louis Mar 27 Déc 2011, 7:10 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Ce sont ces faits que la raison philosophique, pour son compte à elle et distinctement du but qui est celui de la raison ou de la science expérimentale, aura le devoir, la mission d'expliquer. La science expérimentale, elle aussi, étudiera les faits, mais avec sa méthode propre et en vue de sa fin à elle, qui est plutôt l'utilisation de ces propriétés des corps ou des effets que produisent leurs actions et réactions.

La raison philosophique les étudiera pour connaître la nature intime de ces divers corps et fixer les conditions selon lesquelles, étant donné leur nature, ils pourront ainsi agir ou réagir les uns sur les autres.

La science expérimentale, comme telle, n'a pas à connaître la nature intime des corps. Pour elle, ce qu'il y a de plus intime, c'est la composition quantitative du corps. La composition essentielle lui échappe, pour ce motif que les parties de cette composition ne sont pas et ne peuvent pas être objet d'expérience. Il suit de là que même la chimie, dont le propre est d'étudier la composition des corps et les conditions de leurs combinaisons, n'ira pas au-delà de ce qu'elle appellera les corps simples. Et, dans ces corps simples, elle tiendra compte surtout du jeu de leurs parties quantitatives, de leurs molécules, de leurs atomes. Elle ne négligera pas, sans doute, le côté énergie qui se manifeste dans le jeu de ces atomes ou de ces molécules; mais elle ne concevra jamais cette énergie qu'en fonction de l'être quantitatif que constitue la molécule ou l'atome.

Tout se ramènera, par elle, en dernière analyse, à une question de poids, de densité. C'est par cette différence du poids ou de la densité dans les atomes ou les molécules des divers corps simples qu'elle expliquera tout et qu'elle réglera tout dans l'usage qu'elle fera des divers corps pour amener ou des dissociations par l'analyse, ou des combinaisons par la synthèse. Dégager, par l'analyse, les corps simples qui se trouvent constituer un corps composé ou mixte ; constituer, par la synthèse, des corps composés en utilisant les corps simples, c'est là, réduit à sa plus simple expression, le rôle du chimiste. Sa science consistera à bien connaître les conditions de cette analyse et de cette synthèse, et à décrire ou à noter les caractères distinctifs des divers corps résultant ou pouvant résulter de l'une et de l'autre.

Quant à savoir ce qu'est, en lui-même, le corps simple…

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Message  Louis Mar 27 Déc 2011, 1:23 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Quant à savoir ce qu'est, en lui-même, le corps simple, ce qu'il faut, en soi et aux yeux de la raison, pour que se produise, dans le monde des corps, cette manifestation continuelle et si variée de corps nouveaux succédant à d'autres, ou, à leur tour, cédant la place à de nouveaux corps, l'expérience n'a pas à en connaître. C'est la raison philosophique seule qui doit ici intervenir.

Nous avons déjà vu qu'elle seule peut atteindre la constitution essentielle de tout corps. Aussi bien, puisque le corps simple est un corps, il appartiendra également à la raison philosophique d'atteindre sa constitution essentielle. Seule, la raison philosophique saura que le corps simple, comme tout corps, est un composé essentiel de matière première et de forme substantielle. Seule, par conséquent, elle pourra savoir que dans les changements que le chimiste constate ou même produit par son analyse et par sa synthèse, il faudra tenir compte, pour en avoir la raison dernière, du jeu ou du rôle qu'auront, dans ces changements, la matière première et la forme substantielle.

D'autre part, la raison philosophique saura que l'étendue ou les parties quantitatives ne constituent pas l'essence ou la nature et la substance du corps, soit simple soit composé; mais que cette étendue ou ces parties quantitatives découlent immédiatement de la matière première à titre de propriétés. Elle saura aussi que d'autres propriétés, non moins importantes, plus importantes même, dans l'ordre de l'action ou de la perfection, découlent de la forme substantielle. Ces propriétés se distinguent de la quantité ou de l'étendue et des parties quantitatives, comme la forme se distingue de la matière. Leur raison propre est d'appartenir au genre qualité. Elles n'appartiennent pas, elles non plus, à la nature ou à l'essence ou à la substance du corps qu'elles affectent. Elles en dérivent et ont raison de formes accidentelles.

Dès lors…

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Message  Louis Mer 28 Déc 2011, 7:08 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Dès lors, en possession de ces premières notions, évidentes pour elle, bien qu'inaccessibles, comme telles, à la raison scientifique ou expérimentale, la raison philosophique pourra mener, au sujet des conditions profondes des changements ou mutations se produisant dans le monde minéral, une enquête que la raison scientifique ou expérimentale ne saurait conduire ou contrôler.

Elle saura, d'abord, que si l'on ne veut pas se contenter de l'explication purement quantitative et matérielle ou superficielle de Démocrite et de tous ceux qui acceptent sa théorie atomistique des changements que nous constatons dans le monde de la nature, autour de nous, il faut, de toute nécessité, reconnaître, dans le monde où ont lieu ces changements, une pluralité ou diversité de substance. Si tous les corps étaient de même nature, s'il n'y avait, pour tous, qu'une seule substance, tous les changements que nous constatons devraient se ramener à une simple question de mouvement local, comme nous avons déjà eu l'occasion de le faire remarquer. Et, dès lors, il n'y a plus qu'à s'en tenir à l'explication de Démocrite, rajeunie avec les théories des savants modernes nous parlant d'éons, d'ions et d'électrons, groupés en des sortes de systèmes planétaires infinitésimaux dont la disposition variée constituerait toutes les diversités du monde des corps.

Si, au contraire, comme le veut impérieusement le plus inaliénable bon sens, et comme le confirment, autant qu'elles le peuvent dans cet ordre transcendant qui dépasse l'expérience, toutes les opérations de la science qu'est la chimie, on admet qu'il y a, dans notre monde terrestre, au milieu duquel nous vivons, d'incessantes transformations substantielles, une conclusion inéluctable s'impose : l'impossibilité absolue de l'unité de substance dans notre monde corporel.

Et, en effet, la substance des corps…


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Message  ROBERT. Mer 28 Déc 2011, 11:27 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)

(...) Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer des savants, très compétents dans le domaine de leur science, qui ignorent complètement les questions d'ordre philosophique. Non seulement ils ne se livrent pas eux-mêmes aux spéculations de la raison philosophique, ce qui s'expliquerait encore, soit parce qu'ils n'ont pas le loisir de le faire, absorbés qu'il sont par leurs travaux, soit parce que le pli de leur raison contracté dans les recherches proprement expérimentales diffère du pli de la raison qui se contracte quand on vaque à l'étude portant sur l'essence des choses qui est l'objet propre du philosophe ; mais ils ne s'y intéressent pas.(...)


https://messe.forumactif.org/t3786p120-apercus-de-philosophie-thomiste#75838


Les savants devraient être un peu moins "savants", si on peut dire, et s’intéresser davantage à la philosophie, ce qui les mènerait sûrement vers Dieu.

Les savants du temps du Père Pègues ne s’intéressaient déjà plus à la philosophie… Que dire de des savants contemporains ?
De parfaits sans-Dieu !!! Des panthéistes.

Trop de connaissances scientifiques mènent à l’indifférence religieuse qui mène finalement à la liberté religieuse, fer de lance de la religion de Jean-Baptiste, de Karol et de Ratzinger…

.


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Message  ROBERT. Mer 28 Déc 2011, 11:54 am

ROBERT. a écrit:
PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)

(...) Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer des savants, très compétents dans le domaine de leur science, qui ignorent complètement les questions d'ordre philosophique. Non seulement ils ne se livrent pas eux-mêmes aux spéculations de la raison philosophique, ce qui s'expliquerait encore, soit parce qu'ils n'ont pas le loisir de le faire, absorbés qu'il sont par leurs travaux, soit parce que le pli de leur raison contracté dans les recherches proprement expérimentales diffère du pli de la raison qui se contracte quand on vaque à l'étude portant sur l'essence des choses qui est l'objet propre du philosophe ; mais ils ne s'y intéressent pas.(...)


https://messe.forumactif.org/t3786p120-apercus-de-philosophie-thomiste#75838


Les savants devraient être un peu moins "savants", si on peut dire, et s’intéresser davantage à la philosophie, ce qui les mènerait sûrement vers Dieu.

Les savants du temps du Père Pègues ne s’intéressaient déjà plus à la philosophie… Que dire de des savants contemporains ?
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Trop de connaissances scientifiques mènent à l’indifférence religieuse qui mène finalement à la liberté religieuse, fer de lance de la religion de Jean-Baptiste, de Karol et de Ratzinger…

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Message  Louis Mer 28 Déc 2011, 1:11 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Et, en effet, la substance des corps est constituée, nous le savons philosophiquement, par l'union de ces deux principes essentiels que sont la matière première et la forme substantielle. Cette union ne peut exister que s'il y a proportion, harmonie, entre la matière première, pure puissance réceptive, et la forme substantielle dont le propre est de fixer, dans tel acte d'être, cette puissance indéterminée. D'autre part, à telle matière, ou à la matière disposée de telle sorte en vue de telle forme à recevoir en elle, devra correspondre telle quantité ou telles parties quantitatives, qui sont la propriété découlant immédiatement de la matière. Et, à telle forme substantielle, reçue en telle matière avec telle quantité, correspondront telles qualités ou formes accidentelles, qui découleront proprement de cette forme substantielle reçue dans telle matière, en vue de telle action à exercer dans le monde des corps. Mais qui ne voit que si la substance est unique dans ce monde des corps, et surtout à parties homogènes, — et d'où pourrait venir une hétérogénéité quelconque dans cette substance unique n'ayant aucune action à exercer autour d'elle, puisqu'elle seule existerait dans la nature? — à supposer qu'une action quelconque fût encore possible, avec une telle conception dans le monde des corps, cette action serait identique et aurait toujours un même effet, émanant d'un seul et même principe.

Pour qu'une action quelconque soit possible dans le monde des corps, il faut concevoir au moins deux êtres totalement, ou en parties, distincts, dont l'un aura raison de principe actif ; l'autre, de principe passif. Mais cette raison de principe actif dans l'un et de principe passif dans l'autre ne pourra se trouver que si l'un a une propriété, au moins accidentelle, que l'autre n'a pas. D'autre part, les propriétés, nous l'avons vu, découlent naturellement de la substance constituée par l'union de telle matière et de telle forme. Si donc la substance est la même, les propriétés ne sauraient être diverses. Et, par suite, nulle possibilité d'action ou de passion : ce qui est la négation même de tout ce qui tombe sous nos sens.

Toutefois, il ne suffira pas d'une distinction quelconque de substances dans le monde des corps, pour expliquer les transformations dont nos sens témoignent.

Si nous supposons…

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Message  Louis Jeu 29 Déc 2011, 7:06 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Si nous supposons une simple distinction de deux substances, nous pourrons bien avoir la possibilité d'une certaine action et d'une certaine passion, les propriétés de l'une des deux substances étant plutôt d'ordre passif par rapport aux propriétés de l'autre substance supposées plus actives. Mais la conséquence fatale sera que la substance aux propriétés plus actives, agissant sur la substance aux propriétés moins actives, triomphera d'elle, et, selon le concept même de transformation substantielle, amènera la dissociation de la matière et de la forme qui constituaient la première substance, substituant sa propre forme substantielle à l'autre forme substantielle dans la matière qu'elle aura dépouillée de cette autre forme substantielle. D'où il suit qu'il ne restera plus qu'une seule substance dans le monde des corps; et, après cette première manifestation, toute autre redeviendra impossible, comme dans la précédente hypothèse d'une seule substance.

Une simple distinction de deux substances dans le monde des corps ne saurait donc suffire. Il en faut, de toute nécessité, plus de deux.

Mais quel sera leur nombre? Combien faudra-t-il de ces substances premières, pour que nous puissions, rationnellement , expliquer ou justifier, quant à leur possibilité, les changements, tous les changements , que nous constatons dans le monde des corps?

C'est, ici, on le voit, et à sa place précise, la question même des éléments , au sens philosophique de ce mot.

La question des éléments, au sens philosophique de ce mot, ne doit pas se confondre avec la question des corps simples , au sens où l'on parle de corps simples dans la science expérimentale qu'est la chimie. Sans doute, par certains côtés, les deux questions se rejoignent. Mais elles ne se confondent pas.

Elles se rejoignent en ceci que les corps simples…


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Message  Louis Jeu 29 Déc 2011, 12:26 pm

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Elles se rejoignent en ceci que les corps simples comme les éléments sont conçus comme les premiers corps en lesquels se résolvent les mixtes ou les composés. Mais elles se distinguent en ce que les corps simples de la chimie sont les corps en lesquels, de fait, se résolvent, par les procédés de cette science expérimentale, les corps sur lesquels s'applique son action, ou qu'elle peut ensuite, toujours, par son action, unir à nouveau pour constituer de nouveaux composés ou mixtes.

Les éléments, au contraire, selon qu'il faut les entendre dans leur sens proprement philosophique, sont les tout premiers corps, exigés par la raison, pour que soient justifiés, aux yeux de cette raison, quant à leur possibilité, tous les changements que nous constatons dans le monde de la nature. Il importera peu, ici, que ces éléments soient expérimentés, c'est-à-dire retrouvés, tels quels, soit à l'usage naturel et simple de nos sens, soit en nous aidant de toutes les ressources de l'expérimentation scientifique. Il se pourra fort bien qu'ils soient, selon les exigences que découvrira et fixera la raison, sans qu'il soit possible à l'expérience de les contrôler, si, d'aventure, ils n'existent pas séparés mais seulement à l'état de combinaison, et que la science n'ait pas le moyen de les retrouver à l'état pur.

Cette distinction posée, tout le monde sait que les corps simples de la chimie sont en nombre assez imposant. On en compte, pour le moment, environ 80. Il serait assurément difficile de donner une explication rationnelle de ce nombre des corps simples et de leurs natures respectives selon que la chimie les formule. Serait-il possible d'essayer, à la lumière de la seule raison philosophique, de se faire une idée, une notion quelque peu précise et fondée, de cette question des premiers corps dans le monde de la nature, à parler de ces premiers corps selon qu'on les appellera, de leur nom philosophique, des éléments?

Et, tout d'abord, il sera bon de ne pas confondre cette question des éléments, au sens philosophique, avec ce qu'on appelait autrefois et qu'on appelle encore assez souvent, dans le langage ordinaire, du même mot. Les éléments que nous cherchons ne devront pas se confondre avec les quatre éléments désignés sous les noms usuels d'eau, d'air, de terre et de feu.

Non pas, certes, que ces quatre éléments…


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Message  Louis Ven 30 Déc 2011, 6:50 am

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Non pas, certes, que ces quatre éléments, au sens usuel, n'existent dans la nature et n'aient une part d'action prépondérante dans les effets ou transformations qu'il s'agit d'expliquer. On peut même dire que c'est vraiment par eux que tout s'explique. C'est bien l'action et la réaction incessante de l'eau, de l'air, de la terre et du feu, tels qu'ils tombent sous nos sens, qui amènent les transformations dont il s'agit. Mais ces corps, tels qu'ils tombent sous nos sens, ne sont pas les tout premiers corps, puisque eux-mêmes se résolvent en d'autres corps, plus simples, ces corps simples dont nous parlions tantôt au sujet de la chimie, et que la chimie a tirés, en effet, de l'air, de l'eau et des autres corps terrestres, en les décomposant. Du reste, même alors qu'ils n'avaient pas à leur service le contrôle des expériences faites par la chimie, Aristote et saint Thomas avaient déjà remarqué qu'en usant de ces mots : air, eau, terre et feu, et en les appliquant aux éléments, que la philosophie recherchait, il ne fallait pas les confondre avec ce que nous désignons, parmi nous, de ces mêmes noms : attendu, disaient-ils, que les éléments premiers ne se retrouvaient pas à l'état pur, selon qu'ils servent à notre usage :

« Le feu, déclarait expressément saint Thomas, ne vient pas à notre usage selon qu'il se trouve dans sa matière propre, car, de ce chef, il est éloigné de nous; mais seulement en tant qu'il existe dans une matière étrangère », et donc mêlé aux autres éléments ou aux corps terrestres dans lesquels il se manifeste (Cf. Supplément, q. 74, art. 2, ad 1).

Cette remarque est d'une grande importance, pour dégager la question philosophique des éléments, telle que l'avait scrutée le génie d'Aristote, d'une certaine imagination enfantine sous laquelle voudraient la concevoir des esprits peu avertis.

Or, envisageant la question en elle-même…

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Message  Louis Ven 30 Déc 2011, 12:09 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Or, envisageant la question en elle-même, du point de vue strictement philosophique et à la lumière de sa puissante raison, voici comment Aristote était parvenu à la résoudre.

Il partait de ce principe que les tout premiers corps destinés à expliquer, par leurs actions et réactions, toutes les transformations du monde de la nature, devaient se reconnaître aux propriétés exigées par ces actions et réactions.

D'autre part, les corps n'agissent les uns sur les autres que par voie de contact. Il faut, de toute nécessité, un certain contact, médiat ou immédiat, du corps qui agit sur le corps qu'il modifie par son action.

Puisqu'il s'agit de contact, si nous voulons juger sûrement des propriétés qui devront se trouver dans les premiers corps, à l'effet de tout expliquer dans les transformations du monde de la nature dues à l'action de ces propriétés ou des corps auxquels ces propriétés appartiennent, un moyen par excellence s'offre à nous : c'est celui de notre sens du toucher.

Voyons donc quelles sont les premières qualités tangibles…


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Message  Louis Sam 31 Déc 2011, 6:50 am

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V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Voyons donc quelles sont les premières qualités tangibles qui peuvent ou doivent affecter ou qui affectent en effet notre sens du toucher. En étudiant ces premières qualités, Aristote, d'accord avec ce dont témoigne le langage commun parmi les hommes, avait pu les ramener à quatre : le froid et le chaud; le sec et l'humide.

Ces qualités tangibles ne sont pas des substances. Le froid et le chaud, le sec et l'humide ne doivent pas être conçus comme des réalités existant par elles-mêmes dans le monde des corps. Ce sont des formes accidentelles, des modes d'être, un certain état, par lequel se manifestent à notre sens du toucher, en agissant sur lui par mode de contact réel, les réalités substantielles du monde des corps. Et c'est parce que ces qualités ou ces formes accidentelles se révèlent à nous par le sens du toucher que nous pourrons en déduire leur nécessité dans les actions ou réactions du monde des corps qui doivent s'expliquer par un certain contact des corps les uns sur les autres.

Ces qualités tangibles étant les plus universelles, au témoignage de notre sens du toucher, celles qui sont à la base de toutes les autres et que toutes les autres supposent, il s'ensuit que selon leur combinaison possible devront pouvoir s'expliquer toutes les combinaisons nécessaires à l'action ou à la réaction des corps les uns sur les autres, dans l'ordre des mouvements d'altération et de transformations substantielles existant dans le monde des corps.

II est aisé de voir que le chaud et le froid ne sauraient se combiner et exister ensemble, comme propriétés naturelles d une même substance corporelle. Le chaud et le froid, en effet, s'excluent l'un l'autre. Et s'ils se trouvent ensemble quelque part, c'est en raison d'une diversité de sujets ou de parties dans un même sujet. De même pour le sec et l'humide. Il s'ensuit qu'à supposer une combinaison possible entre ces propriétés, dans un même sujet, nous ne pourrons avoir d'autres combinaisons que le froid et le sec, ou le sec elle chaud, ou l'humide et le froid, ou l'humide et le chaud. Mais ces quatre combinaisons demeurent parfaitement possibles. II y a même ceci que, combinées de la sorte, ces propriétés nous apparaissent dans un certain rapport d'activité et de passivité qui pourront permettre que les corps dont elles seront les propriétés aient tour à tour et les uns par rapport aux autres, la raison de principe actif et de principe passif; ce qui expliquera excellemment que dans certaines conditions facilitant ou contrariant leur action ils pourront alternativement triompher les uns des autres et amener par là ces premières transformations substantielles qui ouvriront la voie à toutes les autres.

Nous avons dit que ces propriétés…

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Message  Louis Sam 31 Déc 2011, 12:05 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

V. LES ÉLÉMENTS (suite)
Nous avons dit que ces propriétés n'étaient que des formes accidentelles. Et c'est pour cela qu'il n'y aura aucun inconvénient à les supposer combinées deux par deux, selon qu'il vient d'être dit, dans une même substance, n'ayant qu'une forme substantielle, comme le requiert de toute nécessité l'unité substantielle de l'être corporel.

La substance à laquelle appartiendra distinctement chacune des quatre combinaisons possibles ne sera connue de nous que par la possibilité même de la combinaison. Il y en aura quatre selon le nombre de ces combinaisons elles-mêmes. Quant au nom que nous pourrons leur donner, ce sera celui des corps où dominent, parmi nous, les combinaisons qui leur appartiennent en propre. Ainsi, l'on appellera feu, la substance qui aura pour propriétés le chaud et le sec; air, la substance qui aura pour propriétés le chaud et l'humide ; eau, la substance qui aura pour propriétés l'humide et le froid ; terre, la substance qui aura pour propriétés le froid et le sec.

Telle est cette doctrine ou théorie philosophique des éléments, des quatre éléments premiers devant se trouver à la base de toutes les transformations du monde des corps, mise en si haut relief par le génie d'Aristote et que Thomas d'Aquin a exposée avec tant de maîtrise.

Ne pourrait-on pas trouver comme un indice expérimental de cette théorie philosophique…

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