LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
Page 6 sur 7
Page 6 sur 7 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXIII. IMPOSITION DES MAINS AUX PETITS ENFANTS. — CONSEIL DONNÉ AU JEUNE HOMME
RICHE. — OUVRIERS DE LA VIGNE.
123. Saint Matthieu continue : "Alors on lui présenta de petits enfants pour qu'il leur imposât les mains et priât. Or les disciples les repoussaient," etc, jusqu'à ces paroles : "Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus" (1). Saint Marc a gardé le même ordre (2) que saint Matthieu; mais ce dernier seul fait mention des ouvriers loués pour la vigne. Saint Luc, après avoir rapporté la réponse faite par Jésus à ses disciples lorsqu'ils cherchaient à savoir quel était le plus grand d'entre eux, parle de celui qu'on avait vu chassant les démons sans être à la suite de Jésus. Désormais il s'écarte des deux autres Évangélistes à l'endroit où il dit que le Sauveur avait fixé son visage pour aller à Jérusalem (3). Longtemps après, il s'en rapproche pour parler de ce riche à qui il fut dit: "Vends tout ce que tu possèdes (4)."
Les deux autres en parlent également et dans le même ordre, qu'ils observent désormais; car saint Luc fait paraître comme eux les petits enfants avant de parler du riche. Quand ce dernier demande quel bien il doit accomplir pour posséder la vie éternelle, on pourrait constater une différence entre ce qui est dit en saint Matthieu : "Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon" ? et ce que les autres ont écrit : "Pourquoi m'appelles-tu bon ?" Car ces mots : "Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon ?" paraissent mieux répondre à cette question qui est faite à Jésus : "Que ferai-je de bon ? " puisque dans cette question se trouve le terme de bon. Mais ces mots : "Bon maître," n'annoncent par eux-mêmes aucune interrogation. Le plus simple est donc de croire que le Sauveur a dit tout à la fois : "Pourquoi m'appelles-tu bon ?" et : "Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon?
1 Matt. XIX, 13 ; XX, 16.
2 Marc, X, 13-31.
3 Luc, IX, 46-51
4 Luc, XVIII, 18-30.
Gras ajoutés.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Jeu 21 Juil 2011, 5:01 pm, édité 1 fois (Raison : mise en forme)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXIV. PRÉDICTION DE LA PASSION. — LA MÈRE DES FILS DE ZÉBÉDÉE.
124. Saint Matthieu continue ainsi : "Or Jésus montant à Jérusalem prit à part les douze disciples et leur dit : Voilà que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux princes des prêtres et aux Scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux Gentils, pour être moqué, et flagellé, et crucifié; et le troisième jour il ressuscitera. Alors la mère des fils de Zébédée s'approcha de lui avec ses fils, l'adorant et lui demandant quelque chose," et le reste, jusqu'à ces mots : "Comme le fils de l'homme n'est point venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la rédemption d'un grand nombre (1)." C'est en suivant cet ordre que saint Marc fait dire aux fils de Zébédée ce qu'en saint Matthieu ils expriment non point par eux-mêmes mais par leur mère, lorsque celle-ci expose leur désir au Seigneur.
Aussi saint Marc, pour abréger, les fait-il parler plutôt que leur mère, et dans saint Matthieu comme dans saint Marc, c'est à eux plutôt qu'à la mère que le Seigneur répond. Quant à saint Luc, il rapporte dans le même ordre les prédictions faites aux douze disciples sur la Passion et la Résurrection; mais il omet ce qui vient à la suite dans les autres, qui après ces détails se retrouvent avec lui devant Jéricho (2). Ce que saint Matthieu et saint Marc disent des chefs des nations qui dominent leurs sujets, tandis qu'il n'en sera pas ainsi parmi eux où le plus grand devra être le serviteur des autres, saint Luc le rapporte dans les mêmes termes, mais non pas au même endroit (3), et la marche même indique suffisamment que le Seigneur a exprimé cette pensée à deux reprises différentes.
1 Matt. XX, 17-28.
2 Luc, XVIII, 31-35.
3 Luc,. XXII, 24-27.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXV. AVEUGLES DE JÉRICHO.
125. Saint Matthieu continue : "Lorsqu'ils sortaient de Jéricho une grande foule le suivit: et voilà quo deux aveugles, assis sur le bord du chemin, entendirent que Jésus passait. Et ils élevèrent la voix, disant: Seigneur, fils de David, ayez pitié de nous,". etc, jusqu'à, ces paroles : "Et aussitôt ils recouvrèrent la vue, et le suivirent (4)." Saint Marc rapporte le même fait, mais ne mentionne qu'un seul aveugle (5). A cette difficulté nous répondrons, comme déjà nous avons répondu, au sujet des deux possédés que tourmentait une légion de démons au pays des Géraséniens (6). De. ces deux aveugles qui paraissent ici, l'un était en effet très-connu dans la ville, son nom était dans toutes les bouches ; c'est ce que saint Marc donne à entendre en le nommant ainsi que son père ; ce qui s'est fait rarement, car malgré le grand nombre de malades précédemment guéris parle Seigneur, l'Évangile n'appelle par son nom que Jaïre, dont Jésus ressuscita la fille (7) : et ceci confirme notre sentiment, puisque ce chef de synagogue était un grand du pays. Donc sans aucun doute, ce Bartimée fils de Timée avait été autrefois dans la prospérité, et la misère dans laquelle il était tombé avait eu un grand retentissement, non seulement parce qu'il était devenu aveugle, mais parce qu'il était assis demandant l'aumône. Tel est le motif pour lequel saint Marc n'a désigné que lui par son nom. Le miracle qui lui rendait la vue dût avoir d'autant plus d'éclat, que son malheur était partout connu.
4 Matt. XX, 29-34.
5 Marc, X, 46-52.
6. Ci-dessus ch. XXIV, 56
7 Marc, V, 22-43.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXV. AVEUGLES DE JÉRICHO.
126. Quoique saint Luc raconte un fait entièrement semblable, il faut cependant croire qu'il s'agit d'un autre miracle, accompli dans les mêmes circonstances, mais sur un autre personnage. En effet, saint Luc dit que le prodige eut lieu lorsqu'on approchait de Jéricho (1) ; et les autres, quand on en sortait. D'après le nom de la ville et la parfaite ressemblance du fait on pourrait croire à un seul miracle, mais ce serait établir une contradiction entre les Évangélistes, puisque l'un dit: "Lorsqu'il approchait de Jéricho," elles autres : "Lorsqu'il sortait de Jéricho." Il n'y aurait pour le croire que ceux qui préfèrent trouver l'Évangile en défaut, plutôt que de convenir que Jésus a fait dans les mêmes circonstances deux miracles parfaitement semblables. Mais tout enfant fidèle de l'Évangile saura facilement ce qu'il doit croire, ce qui est plus conforme à la vérité ; et celui qui aime à contester devra se taire devant ces explications ou au moins réfléchir s'il ne sait garder le silence.
1 Luc, XVIII, 35-13
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXVI. L'ANESSE ET SON ANON.
127. Saint Matthieu continue : "Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem et qu'ils furent venus à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples, leur disant : Allez au village qui est devant vous, et soudain vous trouverez une ânesse attachée, et son ânon avec elle;" etc, jusqu'à ces paroles : "Béni celui qui vient au nom du Seigneur (2)." Saint Marc suit la même marche dans son récit (3). Saint Luc s'arrête à Jéricho et raconte ce que les autres ont ici passé sous silence, savoir l'histoire de Zachée, chef des publicains, et quelques paraboles : puis avec eux il parle de l'ânon sur lequel s'assit Jésus (4). Ne soyons point embarrassés de ce qu'il y a dans saint Matthieu une ânesse et son ânon, tandis que les autres ne font aucune mention de l'ânesse. Mais rappelons-nous la règle que nous avons indiquée plus haut, au sujet des personnes que l'on fit asseoir par groupes de cent et de cinquante, lorsque la foule fut nourrie avec cinq pains (1). Le lecteur guidé par cette règle ne devra éprouver aucune difficulté, quand même saint Matthieu aurait passé l'ânon sous silence comme les autres y ont passé l'ânesse. Si l'un avait seulement désigné celle-ci, et l'autre celui-là, on ne devrait y voir aucune contradiction. La difficulté ne sera-t-elle pas moindre encore, si l'un nomme l'ânesse dont les autres ne font point mention et désigne en même temps l'ânon mentionné par ceux-ci ? Dès lors que deux choses ont pu avoir lieu en même temps, il n'y a plus d'objection à faire si l'un raconte la première et l'autre la seconde; à plus forte raison si l'un raconte l'une des deux et l'autre toutes les deux à la fois.
2 Matt. XXI, 1-9.
3 Marc. XI, 1-10.
4 Luc, XIX, 1-38.
1 Ci-dessus XLVI, 98
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXVI. L'ANESSE ET SON ANON.
128. Saint Jean ne dit point comment le Seigneur envoya chercher ces deux animaux; cependant il indique en peu de mots qu'il y avait un ânon, et cite le passage du prophète également rapporté par saint Matthieu (2). Si donc le texte du prophète présente une légère différence avec celui des Évangélistes, on peut dire que la pensée n'est point différente. Mais la difficulté est plus sérieuse, parce que saint Matthieu fait paraître l'ânesse dans le passage qu'il cite du prophète, tandis qu'il n'en est pas question dans la même citation qu'en fait saint Jean, ni dans les manuscrits dont se servent les Églises. On peut, je crois, expliquer cette différence, par la raison que saint Matthieu, comme on le sait, écrivit en hébreu son Évangile. Or il est certain que la version des Septante ne s'accorde pas toujours avec le texte hébraïque, comme ont pu le constater ceux qui connaissent cette langue et qui ont entrepris de traduire chacun en particulier ces mêmes livres écrits en hébreu. Veut-on savoir encore la raison de cette différence, et chercher pourquoi cette version des Septante, qui jouit d'une si grande autorité, s'écarte en tant d'endroits du sens rigoureux exprimé dans les manuscrits hébraïques ? Voici la raison qui me parait la plus probable. Les Septante ont été inspirés dans ce travail par le même Esprit qui a révélé les vérités contenues dans le texte à traduire : la preuve en est dans leur accord si admirable, attesté par l'histoire.
Aussi, malgré quelques variétés d'expressions, comme ils ne se sont point écartés de la pensée divine, écrite en ces livres et à laquelle doit se plier le langage, ils nous offrent un nouvel exemple de ce que nous admirons aujourd'hui dans le récit à la fois si varié et si uniforme des quatre évangélistes car on ne peut accuser de fausseté un auteur dont les expressions diffèrent de celles d'un autre, s'il ne s'écarte point de sa pensée lorsqu'il doit exprimer les mêmes faits, les mêmes idées. Ce principe, très utile dans le cours de la vie pour éviter ou condamner l'imposture, ne l'est pas moins en matière de foi. Ne croyons pas, en effet, que la vérité soit attachée à des sons qui seraient comme consacrés et que Dieu nous recommande les mots comme la pensée qu'ils doivent exprimer : bien loin de là, les vérités sont tellement supérieures aux formes de langage qui doivent les reproduire, que nous ne devrions point nous mettre en peine de chercher ces formes, si nous pouvions, sans elles, connaître la vérité comme Dieu la connaît et comme les anges la connaissent en lui.
2 Jean, XII,14-15.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXVII. VENDEURS ET ACHETEURS CHASSÉS DU TEMPLE.
129. Saint Matthieu continue, ainsi : "Lorsqu'il fut entré dans Jérusalem, toute la ville s'émut, demandant: Qui est celui-ci? Et la multitude répondait : C'est Jésus, le Prophète, de Nazareth en Galilée. Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple," etc, jusqu'à cet endroit : "MAIS VOUS, VOUS EN AVEZ FAIT UNE CAVERNE DE VOLEURS." Tous les évangélistes parlent de cette troupe de vendeurs chassés du temple, mais saint Jean suit un ordre bien différent (1). Après avoir rapporté le témoignage que saint Jean-Baptiste rendit à Jésus, il fait aller le Seigneur en Galilée, où il change l'eau en vin; puis, après s'être arrêté quelques jours à Capharnaüm, le Seigneur vient à Jérusalem, au temps de la Pâque des J-uifs, et là, ayant fait un fouet avec des cordes; il chasse les vendeurs du temple. D'où il faut conclure que le fait n'eut pas lieu une seule fois, et que le Seigneur le renouvela ensuite. Saint Jean raconte le premier de ces événements, et les autres le dernier.
1 Matt. XXI, 10-13; Marc, XI, 15-17; Luc, XIX, 45-46; Jean, 11, 13-17.
J-uifs=poldèves.
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXVIII. FIGUIER MAUDIT.
130. Saint Matthieu continue ainsi: "Et des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le temple, et il les guérit. Mais les princes des prêtres et les Scribes, voyant les merveilles qu'il faisait, et les enfants qui criaient dans le temple et disaient : Hosanna au fils de David, s'indignèrent et lui dirent : Entendez-vous ce que disent ceux-ci ? Jésus leur répondit : Oui. N'avez-vous jamais lu : C'est de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, que vous avez tiré la louange la plus parfaite ? Et les ayant quittés, il s'en alla hors de la ville, à Béthanie, et s'y arrêta. Le lendemain matin, comme il revenait à la ville, il eut faim. Or apercevant un figuier près du chemin, il s'en approcha, et n'y trouvant rien que des feuilles, il lui dit : QUE JAMAIS FRUIT NE NAISSE DE TOI À L'AVENIR. Et à l'instant le figuier sécha. Ce qu'ayant vu, les disciples s'étonnèrent, disant Comment a-t-il séché sur le champ ? Alors Jésus, prenant la parole, leur dit : En vérité, je vous le déclare, si vous avez de la foi, et que vous n'hésitiez point, non-seulement vous ferez comme à ce figuier, mais même si vous dites à cette montagne : Lève-toi, et jette-toi à la mer, cela se fera : et tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l'obtiendrez (1)."
1 Matt. XXI,14-22
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXVIII. FIGUIER MAUDIT.
131. Nous retrouvons le môme fait dans saint Marc, mais il n'y est point raconté dans le même ordre. D'abord saint Matthieu fait entrer Jésus dans le temple, d'où il chasse les vendeurs et les acheteurs : saint Marc, sans parler de cette circonstance, dit qu'ayant regardé toutes choses, comme le soir était venu, il se retira à Béthanie avec les douze. Le lendemain, comme il sortait de Béthanie, il eut faim, et maudit le figuier c'est ce que dit saint Matthieu ; mais saint Marc ajoute qu'étant venu à Jérusalem et étant entré dans le temple, il en chassa les vendeurs et les acheteurs, comme si le fait avait eu lieu ce jour-là et non la veille (2). Saint Matthieu précise mieux la suite des événements : "Et les ayant quittés, dit-il, il s'en alla hors de la ville à Béthanie, et s'y arrêta;" et c'est en revenant le lendemain à la ville, qu'il maudit le figuier. C'est donc saint Matthieu qui parait avoir mieux fixé le moment véritable où les acheteurs furent chassés du temple. En effet, lorsqu'il dit : "Et les ayant quittés, il s'en alla dehors," ces mots : "les ayant quittés," ne peuvent s'entendre que de ceux à qui il venait de parler, et qui s'indignaient d'entendre les enfants crier : "Hosanna au fils de David." Saint Marc a donc passé sous silence ce qui avait eu lieu le premier jour, lorsque Jésus entra dans le temple; mais se l'étant ensuite rappelé, il le raconte après avoir dit que Jésus n'avait trouvé sur le figuier que des feuilles; ce qui arriva le second jour, comme tous deux l'affirment.
L'étonnement des disciples à la vue de l'arbre desséché, et la réponse du Seigneur sur la foi qui transporte les montagnes, ne se rapportent point au second jour, où il est dit à l'arbre : "Que jamais personne ne mange plus de fruit venant de toi;" mais bien au troisième jour. En effet, le même saint Marc fait au second jour l'histoire des vendeurs chassés du temple, laquelle appartient évidemment au premier. Et en ce même jour il dit expressément que, le soir étant venu, Jésus sortit de la ville, et comme le lendemain matin ses disciples passaient, ils virent le figuier desséché jusqu'à la racine; c'est alors que Pierre se souvenant de ce qui s'était passé, dit au Seigneur : "Maître, comme a séché le figuier que vous avez maudit !" Alors Jésus lui parla de la puissance de la foi. D'après saint Matthieu on pourrait croire que tout ceci s'est passé le second jour, quand il fut dit à l'arbre : "Jamais fruit ne naîtra de toi à l'avenir;" qu'à l'instant cet arbre sécha, et que, comme les disciples le voyaient et s'en étonnaient, ils entendirent immédiatement la réponse sur la puissance de la foi.
Il faut conclure de tout ceci que saint Marc a rapporté au second jour ce qu'il avait omis dans le récit du premier, l'histoire des vendeurs et des acheteurs chassés du temple. Saint Matthieu, de son côté, ayant dit que le figuier avait été maudit le second jour, quand le matin Jésus retournait de Béthanie à la ville, passe sous silence ce qu'ajoute saint Marc, savoir que le Seigneur vint encore à la ville, qu'il en sortit de nouveau le soir, et que le lendemain matin, en passant, les disciples s'étonnèrent de voir cet arbre desséché. Mais ayant rapporté ce qui avait eu lieu le second jour, la malédiction prononcée contre le figuier, il ajoute immédiatement ce qui n'eut lieu que le troisième, l'étonnement des disciples en le voyant desséché, et la réponse du Seigneur sur la puissance de la foi. Ces faits sont tellement rapprochés, que sans le récit de saint Marc qui fixe notre attention, on ne pourrait découvrir ni les faits omis par saint Matthieu, ni l'époque où ils se sont accomplis.
Voici d'ailleurs comment ce dernier s'exprime, "Et les ayant quittés, il s'en alla hors de la ville à Béthanie, et s'y arrêta. Le lendemain matin, comme il revenait à la ville, il eut faim. Or, apercevant un figuier près du chemin, il s'en approcha; et n'y trouvant rien que des feuilles il lui dit : Que jamais fruit ne naisse de toi à l'avenir. Et à l'instant le figuier sécha." Puis, omettant les autres événements du jour, il ajoute : "Ce qu'ayant vu, les disciples s'étonnèrent, disant : Comment a-t-il séché sur le champ ?" quoique ceux-ci n'aient remarqué et admiré cela qu'un autre jour. On le comprend; l'arbre ne s'est point desséché quand ils l'ont vu, mais aussitôt après qu'il fut maudit, car ils ne le virent point se dessécher, mais complètement desséché, et ils comprirent qu'il avait commencé à sécher à la parole du Seigneur.
2 Marc, XI, 11-17.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXIX. QUESTION CAPTIEUSE.
132. Saint Matthieu continue ainsi : "Or quand il fut dans le temple, les princes des prêtres et les anciens du peuple s'approchèrent de lui tandis qu'il enseignait, et dirent : Par quelle autorité faites-vous ces choses ? Et qui vous a donné ce pouvoir? [b]Jésus répondant leur dit : Je vous ferai, moi aussi, une demande; si vous y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.[b] Le baptême de Jean, d'où était-il ?" etc ; jusqu'à ces mots : "Ni moi non plus je ne vous dirai par quelle autorité je fais ces choses (1)." Tout ceci est rapporté presque dans les mêmes termes en saint Marc et en saint Luc (2); il n'y a dans leur récit que quelques légères différences. Comme je viens de le faire remarquer, saint Matthieu, en passant sous silence quelques faits du second jour, a tellement enchaîné son récit qu'on pourrait, si l'on n'y prenait garde, le croire encore à ce second jour, tandis que saint Marc est arrivé au troisième.
Saint Luc semble ne pas distinguer les jours : il trace l'histoire des vendeurs et des acheteurs chassés du temple, mais il passe sous silence les différentes courses de la ville à Béthanie, et de Béthanie à la ville, le figuier maudit, l'étonnement des disciples et la réponse sur la puissance de la foi ; il dit seulement ceci : "Il enseignait tous les jours dans le temple. Cependant, les princes des prêtres les Scribes et les principaux du peuple cherchaient à le perdre; mais ils ne trouvaient pas que lui faire, parce que tout le peuple était ravi en l'écoutant. Or il arriva qu'un de ces jours-là, comme il enseignait le peuple dans le temple, et qu'il annonçait l'Évangile, les princes des prêtres et les Scribes y vinrent avec les anciens. Et ils lui adressèrent la parole en disant : Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses ?" etc. C'est ce que nous retrouvons dans les autres évangélistes. Évidemment il n'y a ici rien à reprendre dans l'ordre suivi, puisque si l'un affirme que le fait s'est passé un de ces jours- là, on peut le rapporter, au jour fixé par les deux autres qui rapportent le même événement.
1 Matt. XXI, 23-27.
2 Marc, XI, 27-33; Luc, XIX, 47; XX, 8.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Ven 30 Déc 2011, 4:52 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXX. DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. — VIGNE LOUÉE À D'AUTRES VIGNERONS.
133. Saint Matthieu continue ainsi : "Mais que vous en semble ? Un homme avait deux fils; s'approchant du premier, il lui dit : Mon fils, va aujourd'hui travailler à ma vigne. Celui-ci, répondant, dit : Je ne veux pas. Mais après, touché de repentir, il y alla. S'approchant ensuite de l'autre, il dit de même. Et celui-ci répondant, dit : J'y vais, Seigneur, et il n'y alla point," etc, jusqu'à ces paroles: "CELUI QUI TOMBERA SUR CETTE PIERRE SE BRISERA ; ET CELUI SUR QUI ELLE TOMBERA, ELLE L'ÉCRASERA (1)." Ni saint Marc, ni saint Luc ne parlent de ces deux fils qui reçurent l'ordre d'aller à la vigne, pour y travailler. Saint Matthieu fait ensuite l'histoire de la vigne louée à des vignerons, raconte les mauvais traitements qu'ils font subir aux serviteurs envoyés vers eux, et le meurtre du fils bien-aimé qu'ils jettent hors de la vigne. Les deux autres évangélistes mentionnent ces faits exactement dans le même ordre (2); c'est-à-dire, après que les J-uifs, interrogés sur le baptême de Jean, furent réduits au silence et que Jésus leur eut dit : "Ni moi non plus je ne vous dirai point par quelle autorité je fais ces choses."
1 Matt. XXI, 28-44.
2 Marc, XII, 1-11; Luc, XX, 9-18.
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Sam 31 Déc 2011, 7:33 pm, édité 1 fois
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXX. DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. — VIGNE LOUÉE À D'AUTRES VIGNERONS. (suite)
134. Il n'y a donc ici aucune apparence de contradiction. Il est vrai qu'en saint Matthieu, après que le Seigneur eut fait cette question aux J-uifs: "Lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? ceux-ci lui répondirent aussitôt : "Il fera mourir misérablement ces misérables, et il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront le fruit en son temps." Saint Marc, au contraire, ne met point cette réponse dans la bouche des J-uifs; c'est le Seigneur qui parle ainsi, comme se répondant à lui-même: « Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra, exterminera les vignerons, et donnera la vigne à d'autres." Mais il faut admettre, ou bien que c'est leur réponse même qui a été insérée sans être précédée de ces mots: Ils dirent, ou : Ils répondirent; ou bien encore que cette réponse est attribuée au Seigneur parce que les J-uifs, disant la vérité, n'étaient que les interprètes de la Vérité même.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Sam 31 Déc 2011, 7:34 pm, édité 1 fois
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXX. DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. — VIGNE LOUÉE À D'AUTRES VIGNERONS. (suite)
135. Mais il y a une difficulté plus sérieuse. Non seulement saint Luc ne fait point ainsi répondre les J-uifs, et, comme saint Marc, il attribue au Seigneur les paroles qui nous occupent, mais il leur prête une réponse tout-à-fait contraire et leur fait dire: "A Dieu ne plaise (1)" Voici d'ailleurs son texte : « Que leur fera donc le maître de la vigne? Il viendra et perdra ces vignerons, et donnera la vigne à d'autres. Ce qu'ayant entendu, ils lui dirent: A Dieu ne plaise ! Mais Jésus les regardant, dit : Qu'est-ce donc que ce qui est écrit : La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d'angle ? " Comment ceux à qui s'adressent ces paroles peuvent-ils dire en saint Matthieu : "Il fera mourir misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront le fruit en son temps;" tandis qu'en saint Luc ils contredisent ces mêmes paroles et disent : "A Dieu ne plaise ?" D'ailleurs ce qui suit, ce que dit le Seigneur de la pierre mise de côté par ceux qui bâtissent et devenue un sommet d'angle, est destinée à réfuter les ennemis de cette parabole ; aussi saint Matthieu suppose-t-il que le Seigneur avait affaire à des contradicteurs, lorsqu'il lui fait dire : "N'avez-vous jamais là dans les Écritures: La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d'angle ?" Car que signifient ces mots: "N'avez-vous jamais lu," si ce n'est que ces hommes avaient répondu le contraire de ce qu'il avait dit ? Saint Marc l'indique également en citant ainsi les mêmes paroles : "N'avez-vous pas lu dans l'Ecriture : La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d'angle ?" Cette réflexion dans saint Luc vient plus naturellement au moment où ils ont réclamé en s'écriant : "A Dieu ne plaise ! " Elle équivaut en effet à ces expressions qu'on lit dans son texte : « "Qu'est-ce donc que ce qui est écrit : La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d'angle ?" Qu'on dise : "N'avez-vous jamais lu," ou bien: "N'avez-vous pas lu," ou encore: "Qu'est-ce donc que ce qui est écrit ?" c'est toujours la même pensée.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXX. DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. — VIGNE LOUÉE À D'AUTRES VIGNERONS. (suite)
136. Nous devons donc reconnaître que dans la foule des auditeurs, quelques-uns répondirent, comme le rapporte saint Matthieu : "Il fera mourir misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d'autres vignerons;" d'autres, le mot qu'on trouve en saint Luc : "A Dieu ne plaise !" Quand donc les premiers eurent répondu au Seigneur, ces autres leur répliquèrent: "A Dieu ne plaise !"
Si saint Marc et saint Luc mettent dans la bouche du Seigneur la réponse de ceux à qui on répliqua : "A Dieu ne plaise ! " c'est que, comme je l'ai déjà dit, la Vérité même parlait par eux; soit à leur insu, s'ils étaient mauvais, comme Caïphe qui prophétisa sans le savoir, lorsqu'il était grand-prêtre (1); soit à bon escient, s'ils comprenaient et avaient la foi. Car parmi eux se trouvait aussi la multitude qui avait accompli cette prédiction du prophète, en venant avec grande pompe à la rencontre du Fils de Dieu, et en criant: "Hosanna au fils de David."
1 Jean, IX, 49-51.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXX. DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. — VIGNE LOUÉE À D'AUTRES VIGNERONS. (suite)
137. Voici une autre circonstance qui ne doit soulever aucune difficulté. D'après saint Matthieu, les princes des prêtres et les anciens du peuple s'approchèrent du Seigneur et lui demandèrent au nom de qui il agissait, et qui lui avait donné ce pouvoir; il leur demanda à son tour d'où était le baptême de Jean, du ciel ou des hommes ; et comme ils lui dirent qu'ils rie le savaient pas, il répondit: "Ni moi non plus je ne vous dirai par quelle autorité je fais ces choses." Immédiatement il ajoute: "Que vous en semble ? Un homme avait deux fils," etc. Le récit de saint Matthieu continue ainsi sans changer ni les interlocuteurs, ni le lieu de la scène, jusqu'au moment où il est question de la vigne louée aux vignerons.
Or, on pourrait en conclure que tout ceci a été dit aux princes des prêtres et aux anciens du peuple qui l'avaient questionné sur sa puissance. Cependant s'ils venaient vers lui comme des ennemis pour le tenter, comment les compter parmi ceux qui avaient cru et rendu au Seigneur le témoignage prédit par le prophète ; parmi ceux aussi qui avaient pu répondre, non par ignorance, mais avec la lumière de la foi : "Il perdra misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d'autres vignerons ?" Tout ceci, dis-je, ne doit nullement nous embarrasser, ni nous faire supposer que dans cette foule qui écoutait les paraboles du Seigneur, il n'y ait eu personne pour croire en lui. En effet, saint Matthieu, pour abréger, a omis ce que nous trouvons dans saint Luc, savoir, que cette parabole s'adressait non seulement à ceux qui l'avaient questionné sur sa puissance, mais encore à tout le peuple.
Voici comment s'exprime ce dernier : "Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne," etc. Il faut donc croire que parmi ce peuple il y en avait pour l'écouter, comme il y en avait eu pour dire auparavant : "Béni celui qui vient au nom du Seigneur;" et que ce furent eux ou quelques-uns d'entre eux qui répondirent : " Il perdra misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d'autres vignerons."
Si saint Marc et saint Luc attribuent cette réponse au Seigneur, ce n'est pas seulement parce qu'étant la Vérité même, il parle quelquefois par la bouche des méchants qui l'ignorent, lorsqu'il dispose secrètement leur esprit sans que leur vertu l'ait mérité, et par un effet de sa Toute-Puissance : mais encore, parce qu'il pouvait y avoir là des hommes en état d'être considérés déjà comme les membres de son corps. A ce titre leurs paroles étaient les siennes. D'ailleurs, il avait déjà baptisé un plus grand nombre d'hommes que Jean (1) ; des disciples le suivaient en foule, comme l'attestent souvent les évangélistes ; parmi eux se trouvaient les cinq cents frères à qui il apparut après sa résurrection, d'après le témoignage de l'Apôtre saint Paul (2). Ajoutons à l'appui de ceci qu'en saint Matthieu ces paroles : Aiunt illi, ne doivent pas s'entendre comme si illi était au pluriel, pour indiquer que c'était la réponse de ceux qui l'avaient questionné sur sa puissance. Mais dans: Aiunt illi, illi est au singulier; ce qui signifie: "On lui répond;" on répond au Seigneur; les manuscrits grecs ne laissent là-dessus aucun doute.
1 Jean, IV, 1.
2 I Cor. XV, 6.
Gras et soulignés ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXX. DEUX FILS ENVOYÉS PAR LEUR PÈRE À LA VIGNE. — VIGNE LOUÉE À D'AUTRES VIGNERONS. (suite)
138. Il y a dans l'évangéliste saint Jean un discours du Seigneur qui aidera à saisir ma pensée ; le voici : "Jésus disait donc à ceux des J-uifs qui croyaient en lui : Pour vous, si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. Ils lui répondirent : Nous sommes la race d'Abraham, et nous n'avons jamais été esclaves de personne : comment dis-tu, toi : Vous serez libres ? Jésus leur répartit : En vérité, en vérité je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché. Or, l'esclave ne demeure point toujours dans la maison, mais le fils y demeure toujours. Si donc le Fils vous met en liberté, vous serez vraiment libres. Je sais que vous êtes fils d'Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne prend point en vous (1)." Assurément il n'adressait point ces mots : "Vous cherchez à me faire mourir," à ceux qui déjà croyaient en lui, et à qui il venait de dire: "Pour vous, si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples."
C'était aux premiers croyants qu'il disait ceci; mais parmi la foule qui était là, il y avait aussi beaucoup d'ennemis, et quoique l'évangéliste ne désigne point les différents interlocuteurs, on voit assez par le caractère de ce qu'ils disent, et par la réplique de Jésus, à quel genre de personnes il faut attribuer chacune de ces réponses. Or, de même que dans cette foule dont parle saint Jean, il y en avait qui croyaient en Jésus, d'autres qui cherchaient à le faire mourir; ainsi dans celle dont il est ici question, les uns demandaient malicieusement au Seigneur au nom de qui il agissait ainsi ; il y en avait aussi qui s'étaient écriés, non pas avec hypocrisie, mais avec toute la sincérité de leur foi : "Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur," et qui conséquemment animés du même esprit pouvaient dire encore : "Il les perdra, et donnera sa vigne à d'autres." On peut ajouter que cette réponse est du Seigneur, soit parce qu'il est lui-même la vérité quelle exprime, soit à cause de l’union des membres avec leur chef. Il y en avait enfin qui disaient à ces derniers : "A Dieu ne plaise !" parce qu'ils sentaient que cette parabole était à leur adresse.
1 Jean, VIII, 31-37.
Gras ajoutés.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Mer 04 Jan 2012, 11:43 am, édité 1 fois (Raison : balisage)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXI. NOCES ROYALES.
139. Saint Matthieu continue : "Or, lorsque .les princes des prêtres et les Pharisiens eurent entendu ses paraboles, ils comprirent que c'était d'eux qu'il parlait, et cherchant à se saisir de lui, ils craignaient le peuple, parce qu'il le regardait comme un prophète. Jésus, reprenant, leur parla de nouveau en paraboles; il disait : Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils. Or, il envoya ses serviteurs appeler les conviés aux noces, mais ils ne voulurent point venir," etc, jusqu'à ces mots: "Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus (1)."
Saint Matthieu est le seul qui mentionne cette parabole des invités aux noces. Quelque chose de semblable est raconté dans saint Luc, mais ce n'est point la même parabole, comme la suite du récit l'indique, quoiqu'il y ait entre les deux quelques points de ressemblance (2). Après la parabole de la vigne, et le meurtre du fils, du père de famille, saint Matthieu ajoute que les J-uifs sentirent l'application de tout ceci à leur conduite et qu'ils commencèrent à tramer leurs complots. Saint Marc et saint Luc racontent également cela dans le même ordre l'un que l'autre (3). Ils passent ensuite à. un autre sujet, que saint Matthieu traite comme eux, mais seulement après avoir rapporté seul la parabole des noces : à part cela, la marche est pour tous la même.
1 Matt. XXI, 45 ; XXII, 14.
2 Luc, XIV, 16-24.
3 Marc, XII, 12 : Luc, XX,19
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXII. TRIBUT PAYÉ A CÉSAR. — FEMME AUX SEPT MARIS.
140. Saint Matthieu continue ainsi : "Alors les Pharisiens s'en allant se concertèrent pour le surprendre dans ses paroles. Ils envoyèrent donc leurs disciples avec les Hérodiens, disant : Maître, nous savons que vous êtes vrai, que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, et que vous n'avez égard à qui que ce soit; car vous ne considérez point la face des hommes. Dites-nous donc ce qui vous en semble : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?" etc, jusqu'à ces mots : "Et le peuple l'entendant admirait sa doctrine (4)."
Nous avons ici deux réponses du Seigneur, l'une sur la pièce de monnaie que l'on doit payer à César, l'autre sur la résurrection, à propos de cette femme qui eut pour maris sept frères successivement. Ces deux réponses sont mentionnées en saint Marc et en saint Luc, et on n'y découvre aucune différence (1). En effet, après que les trois Évangélistes ont rapporté la parabole de la vigne louée, et les complots des J-uifs à qui cette parabole s'adresse, saint Marc et saint Luc passent sous silence celle des invités aux noces, citée seulement par saint Matthieu, et se retrouvent avec lui pour ces deux histoires, celle du tribut dû à César, et celle de la femme aux sept maris; c'est chez tous le même ordre, et le passage ne présente aucune difficulté.
4 Matt. XXII, 15-33.
1 Marc, XII, 43-27; Luc, XX, 20-40.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXIII. LE DOUBLE PRÉCEPTE.
141. Saint Matthieu dit ensuite : "Mais les Pharisiens, apprenant qu'il avait réduit les Sadducéens au silence, s’assemblèrent, et l'un d'eux, docteur de la Loi, l'interrogea pour le tenter: Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? Jésus lui dit: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C'est le premier et le plus grand commandement. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements: se rattachent toute la Loi et les Prophètes (2)." Saint Marc dit ceci dans le même ordre (3).
Ne soyons pas embarrassés de ce qu'en saint Matthieu celui qui interrogea le Seigneur voulut le tenter, tandis que saint Marc omet cette circonstance et rapporte même que Jésus-Christ finit par dire à cet homme, qui avait sagement répondu : "TU N'ES PAS LOIN DU ROYAUME DE DIEU." Il est bien possible que venant avec l'intention de tenter le Seigneur, il ait été converti par sa réponse. Ou bien ce n'était pas avec une intention coupable qu'il cherchait à le tenter, comme s'il eût voulu surprendre son ennemi; la prudence même pouvait le porter à connaître de plus en plus celui qu'il ne connaissait point encore. Car ce n'est pas sans raison qu'il est écrit : "CELUI QUI CROIT TROP FACILEMENT EST LÉGER DE CŒUR ET IL Y PERDRA (4)."
2 Matt. XXII, 34-40.
3 Marc XII, 28-34.
4 Eccli. XIX, 4.
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXIII. LE DOUBLE PRÉCEPTE. (suite)
142. En saint Luc il est question d'un fait semblable, mais ailleurs et bien loin de là (5). Est-ce le même fait, en est-ce un autre où le Seigneur rappelle également les deux préceptes de la Loi ?
On ne saurait le décider. Néanmoins il parait plus probable que c'en est un autre, non seulement parce que ce trait est placé à une grande distance, mais encore parce qu'en saint Luc le scribe répond lui-même à la question du Seigneur et expose dans sa réponse les deux commandements. De plus, quand le Seigneur lui a dit : "Fais cela et tu vivras," pour l'exciter à accomplir ce qu'il avait lui-même reconnu comme le plus important de la Loi, l'évangéliste continue et dit : "Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : Qui est donc mon prochain ?" Et le Seigneur lui fit alors l'histoire de cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho et qui tomba entre les mains des voleurs. Il est donc dit que ce dernier chercha à le tenter, qu'il exposa lui-même les deux commandements, et quand le Seigneur voulut l'encourager par ces mots : "Fais cela et tu vivras;" l'évangéliste ne loue point sa vertu, car il ajoute : "Mais lui, voulant se justifier." L'autre au contraire, dont il est question au même endroit dans saint Matthieu et dans saint Marc, se montre tellement digne d'éloges que le Seigneur lui dit : "TU N'ES PAS LOIN DU ROYAUME DE DIEU." Il est donc très probable que ce n'est point ici le même personnage .
5 Luc, X, 26-37.
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXIV. LE CHRIST FILS ET SEIGNEUR DE DAVID.
143. Saint Matthieu continue: "Or, les Pharisiens étant assemblés, Jésus leur demanda Que vous semble du Christ ? De qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David. Il leur répliqua: Comment donc David l'appelle-t-il en esprit son Seigneur, disant : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds ? Si donc David l'appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et personne ne pouvait lui répondre, et depuis ce jour nul n'osa plus l'interroger (1)."
Ce trait se présente à la suite de ce qui précède dans saint Marc, comme dans saint Matthieu (2). Saint Luc omet seulement l'histoire de celui qui demanda au Seigneur quel était le plus grand commandement de la Loi: à part cette omission, il suit le même ordre, et dit comme eux que le Seigneur demanda aux J-uifs comment le Christ est Fils de David (3).
Toutefois signalons une différence qui ne change rien à la pensée. D'après saint Matthieu Jésus leur demande d'abord ce qui leur semble du Christ, de qui est-il fils. Ceux-ci répondent "De David;" alors il ajoute: « "Comment David peut-il l'appeler son Seigneur?" D'après saint Marc et saint Luc, au contraire, aucune question ne leur est adressée, ils ne font aucune réponse. Mais nous devons entendre que c'est seulement après leur réponse que le Seigneur dit ce que lui prêtent ces deux évangélises; et s'il parle devant le peuple qu'il voulait gagner à ses enseignements et détourner des fausses doctrines des scribes; c'est que ceux-ci ne voyaient dans le Christ qu'un fils de David selon la chair, et ne reconnaissaient point en lui la nature divine, qui le rend le Seigneur de David lui-même. Voilà pourquoi, d'après ces deux évangélistes, en parlant de ceux qui égaraient le peuple, il s'adressait au peuple même qu'il voulait préserver de l'erreur; et si, dans saint Matthieu, il s'adresse aux premiers; ces paroles : "Comment dites-vous ?" étaient plutôt destinées aux âmes qu'il cherchait à instruire.
1 Matt. XXII, 41-46.
2 Marc, XII, 36-37.
3 Luc, XX, 41-44.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXV. ORGUEIL DES PHARISIENS CONDAMNÉ.
144. Saint Matthieu poursuit son récit de cette manière : "Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples en disant : C'est sur la chaire de Moïse que sont assis les Scribes et les Pharisiens. Ainsi, tout ce qu'ils disent, observez-le et faites-le; mais n'agissez pas selon leurs œuvres; car ils disent et ne font point," jusqu'à ces paroles : "Vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (1) !"
Saint Luc rapporte un semblable discours du Sauveur contre les Pharisiens, les Scribes et les docteurs de la Loi; mais c'est dans la maison d'un Pharisien qui l'avait invité à dîner : et pour relater ce discours, il quitte saint Matthieu. D'abord ils exposent l'un comme l'autre les enseignements du Seigneur sur le signe de Jonas, durant trois jours et trois nuits, sur la reine du Midi, les Ninivites, enfin sur l'esprit impur qui revient et trouve la maison purifiée. Ces discours terminés, saint Matthieu ajoute : "Lorsqu'il parlait au peuple, voilà que sa mère et ses frères étaient dehors, cherchant à lui parler (2)." Saint Luc après avoir ajouté au discours quelques réflexions du Seigneur omises par saint Matthieu, s'écarte de la marche suivie par ce dernier et continue ainsi : Pendant qu'il parlait, un Pharisien le pria de dîner chez lui. Étant donc entré, il se mit à table. Or le Pharisien, pensant en lui-même, commença à demander pourquoi il ne s'était point lavé avant le repas. Et le Seigneur lui dit : Vous autres Pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat." Puis viennent contre les Pharisiens, les Scribes et les anciens du peuple, les mêmes reproches que ceux du passage de saint Matthieu qui nous occupe (1).
Quoique saint Matthieu rapporte ce discours sans désigner la demeure du Pharisien, comme il ne dit pas non plus que ce fut ailleurs, rien n'empêcherait de croire que ce fut dans cette maison même. Cependant le Seigneur était déjà arrivé de la Galilée à Jérusalem; et si l'on examine l'ordre des événements qui précèdent ce discours, on est porté à croire qu'ils se sont passés dans cette dernière ville. Saint Luc au contraire suppose dans son récit que le Seigneur était toujours sur le chemin de Jérusalem. Aussi suis-je porté à croire que ce sont deux discours différents, cités, le premier par un Évangéliste, et le second par un autre.
1 Matt. XXIII.
2 Matt.. XII, 39-46.
1 Luc, II, 29-52.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXV. ORGUEIL DES PHARISIENS CONDAMNÉ.
145. Il y a cependant ici une parole qui demande quelques explications : "Vous ne me verrez plus, déclare le Seigneur, jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur." Or, d'après le même saint Matthieu, on a déjà dit cela (2). Aussi, d'après saint Luc, le Seigneur répond ainsi quand on le prie de s'éloigner, parce qu'Hérode cherche à le faire mourir. Au même endroit encore saint Luc lui fait prononcer contre Jérusalem les mêmes menaces que saint Matthieu ; voici comment il s'exprime : "Le même jour quelques-uns des Pharisiens s'approchèrent, disant: Sortez, retirez-vous d'ici, car Hérode veut vous faire mourir; et il leur dit : Allez, et dites à ce renard : Voilà que je chasse les démons, et guéris les malades aujourd'hui et demain, et c'est le troisième jour que je dois être consommé. Cependant il faut que je marche aujourd'hui et demain et le jour suivant, parce qu'il ne peut se faire qu'un prophète périsse hors de Jérusalem. JÉRUSALEM, JÉRUSALEM, QUI TUES LES PROPHÈTES, ET QUI LAPIDES CEUX QUI TE SONT ENVOYÉS, COMBIEN DE FOIS AI-JE VOULU RASSEMBLER TES ENFANTS, COMME UN OISEAU RASSEMBLE SA COUVÉE SOUS SES AILES, ET TU NE L'AS POINT VOULU ? Voici que votre maison vous sera laissée déserte. Je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu'à ce qu'il arrive que vous disiez : Béni Celui qui vient au nom du Seigneur (1) ! "
Il n'y a, il est vrai, aucune contradiction entre le récit de saint Luc, et ce que la foule fit entendre quand le Seigneur arriva à Jérusalem; car la suite des événements nous montre qu'il n'y était pas encore arrivé, et que ces paroles n'avaient pas encore été répétées. La difficulté vient plutôt de ce que Jésus n'est point parti de manière à n'arriver qu'à l'époque où on l'exalterait ainsi. En effet, il continue sa route jusqu'à ce qu'il arrive à Jérusalem, et ce qu'il dit : "Voilà que je chasse les démons, et guéris les malades aujourd'hui et demain, et après demain je dois être consommé," doit s'entendre dans un sens mystique et figuré; car il n'a point souffert le surlendemain, puisqu'aussitôt il ajoute : "Il faut que je marche aujourd'hui et demain et le jour suivant."
Nous devons donc aussi entendre dans un sens mystique ce passage : "Vous ne me verrez plus, jusqu'à ce qu'il arrive que vous disiez : Béni Celui qui vient au nom du Seigneur," et l'appliquer à l'avènement où il doit manifester sa gloire. D'après cela, ce qu'il ajoute : "Je chasse les démons, et guéris les malades aujourd'hui et demain, et le jour suivant je dois être consommé," se rapporte à son corps, c'est-à-dire à l'Église. Les démons sont chassés, quand les Gentils abandonnent les pratiques superstitieuses de leurs pères pour croire en lui. Les malades sont guéris, lorsque les hommes vivent dans l'accomplissement de ses préceptes, et qu'après avoir renoncé au démon et à ce monde ils arrivent au terme de la résurrection. C'est comme le troisième jour; celui où L'ÉGLISE SERA CONSOMMÉE, C'EST-À-DIRE ÉLEVÉE PAR L'IMMORTALITÉ JUSQU'À LA PERFECTION DES ANGES.
La marche suivie par saint Matthieu n'offre donc rien d'irrégulier. Il faut plutôt admettre ou bien que saint Luc intervertit l'ordre des événements, si en écrivant d'après ses souvenirs, il raconte ce qui s'est passé à Jérusalem avant que la suite de son récit n'y fasse arriver le Seigneur; ou bien qu'en approchant de la ville, et quand on le prévenait de se tenir en garde contre Hérode, le Sauveur fit une réponse semblable à celle que d'après saint Matthieu il adressa à la foule quand il arriva, et quand étaient accomplis les faits racontés auparavant.
2 Matt. XXI, 9.
1 Luc, XIII, 31-36.
Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXVI. PRÉDICTION DE LA RUINE DU TEMPLE.
146. Saint Matthieu continue en ces termes : "Et Jésus étant sorti du temple s'en alla. Alors ses disciples s'approchèrent de lui pour lui en faire remarquer les constructions. Mais lui-même prenant la parole, leur dit: Vous voyez toutes ces choses ? En vérité je vous le dis : Il ne restera pas là pierre sur pierre, qui ne soit détruite (1). " Saint Marc observe pour ceci à-peu-près le même ordre, ne s'écartant de saint Matthieu que pour raconter l'histoire de la veuve qui déposa deux deniers dans le tronc (2) ; fait qui ne se retrouve que dans saint Luc. D'après saint Marc, lorsqu'il a demandé aux J-uifs comment ils entendent que le Christ est le fils David, le Seigneur enseigne qu'il faut se garder des Pharisiens et de leur hypocrisie. Saint Matthieu s'étend davantage et cite un très long discours sur le même sujet. Après ce passage ainsi abrégé par saint Marc, très développé en saint Matthieu, le premier ne raconte plus, ai-je dit, que l'histoire de cette veuve à la fois si pauvre et si généreuse, puis il reprend l'ordre suivi par saint Matthieu, et parle avec lui de la future destruction du temple. Saint Luc aussi; après avoir rapporté cette discussion au sujet du Christ, fils de David, dit quelques mots de l'hypocrisie des Pharisiens, arrive à parler, avec saint Marc, de cette veuve qui verse deux deniers dans le tronc, et enfin décrit comme saint Matthieu et saint Marc, la future destruction du temple (3).
1 Matt. XXIV, 1, 3.
2 Marc, XII, 41 ; XIII, 2.
3 Luc, XX, 46.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LXXVII. DISCOURS SUR LE MONT DES OLIVIERS.
147. Saint Matthieu continue ainsi : "Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s'approchèrent de lui en particulier, disant : Dites-nous quand ces choses arriveront ? Et quel sera le signe de votre avènement et de la consommation du siècle ? Et Jésus répondant leur dit : Prenez garde que quelqu'un ne vous séduise. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ, et ils en séduiront un grand nombre, " etc ; jusqu'à ce passage : "Et ceux-ci s'en iront à l'éternel supplice, et les justes dans la vie éternelle."
Nous avons donc à examiner ici ce long discours du Seigneur, que les trois évangélistes saint Matthieu, saint Marc et saint Luc retracent exactement dans le même ordre (1). Chacun d'eux y mentionne des traits qui lui sont propres, sans qu'il en résulte la moindre apparence de contradiction ; examinons s'ils ne se contredisent point dans les passages qu'ils reproduisent également, car s'il y avait la quelque désaccord, on ne pourrait l'expliquer en disant que c'est la même pensée répétée par le Seigneur en d'autres circonstances, puisque tous les trois assignent à ce fait le même lieu et la même époque. Si toutefois les mêmes pensées exprimées par le Seigneur ne sont point rapportées partout dans le même ordre, cela ne change rien au sens des vérités à comprendre ou à connaître, puisque les paroles qui les expriment ne se contredisent en aucune manière.
1 Matt. XXIV, 3; XXV, 46; Marc, XIII, 41-37; Luc, XXI, 7-36.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Page 6 sur 7 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Page 6 sur 7
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum