LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
Page 2 sur 7
Page 2 sur 7 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE X. VOYAGES À JÉRUSALEM.
23. On dira peut-être encore : Comment donc, au rapport de saint Luc, les parents de Jésus allaient-ils, toutes les années de son enfance, à Jérusalem, puisque la crainte d'Archélaüs leur interdisait l'accès de la ville ? Il me serait facile de répondre, lors même qu'un évangéliste nous aurait fait connaître le temps que dura le règne d'Archélaüs en Judée. Il était possible, en effet, que le jour d'une fête solennelle qui attirait une immense multitude, Joseph et Marie, favorisés par la foule, se rendissent à Jérusalem secrètement avec l'enfant Jésus, pour le court espace de quelques heures, tout en craignant d'y demeurer les autres jours. Sans manquer à la religion, sans négliger la solennité, ils pouvaient ainsi rester inconnus et conjurer le péril qu'un séjour continuel ne leur eût pas permis d'éviter.
Mais tous les évangélistes ayant gardé le silence sur le temps qu’a duré le règne d'Archélaüs, il y a un autre moyen d'expliquer le récit de saint Luc. Il suffirait de supposer que Joseph et Marie n'allèrent chaque année à Jérusalem avec l'enfant Jésus (1), qu'à dater du moment où le fils d'Hérode n'était plus à craindre. Si, à défaut de l'Évangile, quelque histoire digne de foi nous oblige à reconnaître que le règne d'Archélaüs fut assez long pour ôter à cette hypothèse tout fondement; la raison que j'ai donnée plus haut doit suffire. En redoutant le séjour de Jérusalem, les parents de Jésus ne voulaient point cependant négliger une fête solennelle du Seigneur, quand il leur était facile de s'y rendre sans être remarqués. Est-il inouï d'ailleurs que, saisissant l'opportunité des jours ou des heures, on vienne parfois dans des lieux où on redoute de demeurer ?
1 Luc, II, 41.
.
gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XI. COMMENT LA PRÉSENTATION AU TEMPLE SE PEUT-ELLE CONCILIER AVEC LA COLÈRE D'HÉRODE ?
24. Ceci peut également servir de réponse à ceux qui se demanderaient : puisque les mages avaient donné l'éveil au roi Hérode en lui apprenant la naissance d'un nouveau roi des Juifs, comment Joseph et Marie purent-ils, après les jours de la purification de la mère de Jésus, se rendre en sûreté avec l'enfant dans le temple de Jérusalem, pour y accomplir à son égard les prescriptions de la Loi du Seigneur, dont saint Luc rappelle le détail ? Qui ne voit, en effet, que de nombreuses occupations pouvaient bien alors absorber l'attention d'Hérode et l'arracher à tout autre soin durant l'espace d'un jour ? S'il ne parait pas vraisemblable que malgré sa vive attente du retour des mages, qui devaient l'instruire de ce qui concernait l'enfant, Hérode ait laissé passer tant de jours avant de reconnaître qu'il était leur dupe ; si l'on répugne à penser qu'il s'avisa seulement de prendre contre cet enfant la plus cruelle résolution et d'en faire mourir tant d'autres, quand fut écoulé le temps de la purification de Marie, quand furent terminées les cérémonies solennelles prescrites à l'égard des premiers-nés, et lorsque la sainte famille fut partie pour l'Égypte ; il faut convenir cependant que beaucoup de graves affaires, dont j'omets le détail, purent distraire le souci du roi, et lui faire oublier son projet durant plusieurs semaines, ou en empêcher l'exécution.
Il est impossible d'énumérer les causes qui purent donner ce tour aux événements, mais nul n'est assez étranger au monde, pour nier ou révoquer en doute qu'il pût s'en trouver beaucoup et de très-sérieuses. Qui ne peut se figurer combien d'autres nouvelles plus terribles, vraies ou fausses, purent arriver aux oreilles du roi, pour enlever son âme, par la vive appréhension de périls plus prochains, à la crainte que cet enfant, ce nouveau roi des Juifs, ne prit les armes, dans quelques années, contre lui ou contre ses fils, et l'occuper entièrement du soin de parer à des éventualités dont l'imminence appelait de promptes mesures ? Mais, laissant de côté toutes ces raisons, voici ce que je dirai.
Les Mages n'étant pas revenus vers Hérode pour l'instruire, celui-ci put croire qu'ils s'étaient laissé abuser en s'imaginant voir une étoile qui n'existait point, et que, n'ayant pas découvert l'Enfant qu'ils cherchaient, ils avaient eu honte de retourner à sa cour. Ainsi le roi aurait cessé de craindre et aurait abandonné son homicide dessein. Suivant cette hypothèse bien vraisemblable, Joseph aurait été averti dans son sommeil de fuir en Égypte avec l'enfant et sa mère quand, après les jours de la purification de Marie, après la démarche de la sainte famille au temple de Jérusalem, après la consommation de toutes les choses que nous fait connaître saint Luc (1), les paroles prophétiques de Siméon et d'Anne à l'égard de Jésus, en se propageant par les récits des témoins, allaient ranimer les craintes du roi, et le rappeler à sa première intention. Hérode comprenant ensuite, par la divulgation des faits accomplis et des discours prononcés dans le temple, que les mages s'étaient joués de lui, et voulant assurer la mort de Jésus-Christ, commanda alors ce massacre général dont parle saint Matthieu (2).
1 Luc, II, 22-39.
2 Matt. II, 3-16.
.
gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. PRÉDICATON DE JEAN-BAPTISTE.
25. Le même Évangéliste aborde ensuite ce qui regarde le précurseur: "En ces jours, dit-il, Jean-Baptiste vint prêcher au désert de Judée, et il disait: Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche: voici en effet Celui dont a parlé le prophète Isaïe, quand il a dit : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur; rendez droits ses sentiers (1)." Saint Marc et saint Luc, de leur côté, s'accordent à reconnaître que ce témoignage d'Isaïe concerne Jean-Baptiste. Car saint Luc lui applique encore plusieurs paroles qui suivent dans le texte du même prophète (2). L'Évangéliste saint Jean dit de plus que Jean-Baptiste s'est appliqué lui-même cet oracle, d'Isaïe (3). Comme du reste saint Matthieu rapporte ici certaines paroles du précurseur que les autres ne reproduisent pas. "Il vint prêcher au désert de Judée, et il disait: Faites pénitence ; car le royaume des cieux est proche : " ces paroles de Jean-Baptiste ne sont pas rappelées dans les trois autres récits. Quant à ce que nous présente ensuite la narration de saint Matthieu qui ajoute : "Car c'est lui dont a parlé ainsi le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ;" on ne voit pas si l'évangéliste reprend son discours et s'il rappelle en son nom les paroles d'Isaïe, ou s'il continue à exposer la prédication de Jean-Baptiste, et à lui attribuer tout ce que contient ce passage : "Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche : voici, en effet celui dont le prophète Isaïe a parlé," , etc.
En effet, on ne doit pas se préoccuper de ce que Jean-Baptiste, au lieu de dire: Je suis moi-même celui dont le prophète Isaïe a parlé ; a dit : "Voici Celui dont le prophète Isaïe a parlé;" car cette forme de langage est familière aux Évangélistes saint Matthieu et saint Jean . En effet saint Matthieu dit en parlant de lui-même : "Jésus vit un homme qui était assis au bureau des impôts (4); " et il ne dit pas : Jésus me vit. Et saint Jean : "(5) C'est là, dit-il, le disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites; et nous savons que son témoignage est vrai." Il ne dit pas: C'est moi, ni: Mon témoignage est vrai.
Notre-Seigneur, dit très-souvent: Le fils de l'homme (1) et, le Fils de Dieu; au lieu de dire: Moi. Il dit ailleurs (2) : "Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât d'entre les morts ;" et non pas : Il fallait que je souffrisse. Après avoir dit : "Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche ;" Jean-Baptiste a donc pu lui-même ajouter et s'appliquer les paroles suivantes: "Car voici Celui dont le prophète Isaïe a parlé," etc. Par conséquent, après avoir rapporté les paroles sorties de la bouche du précurseur, saint Matthieu reprendrait seulement son discours, à l'endroit où nous lisons: "Or, Jean avait un vêtement de poil de chameau " etc. S'il en est ainsi, l'on ne doit pas s'étonner que, pressé de rendre témoignage de lui-même, le précurseur ait dit, suivant le rapport de l'évangéliste saint Jean : "Je suis la voix de celui qui crie dans le désert (3)," comme il l'avait déjà dit quand il recommandait de faire pénitence. Au sujet du vêtement et du régime de vie de Jean-Baptiste, saint Matthieu dit donc en continuant son récit : "Or, Jean avait un vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir, autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage." C'est ce que saint Marc dit aussi et presque dans les mêmes termes mais les deux autres n'en parlent pas.
1 Matt. III, 1-3.
2 Marc, I, 3 ; Luc, III, 4.
3 Jean, I, 23.
4 Matt. IX, 9.
5 Jean, XXI, 24.
1 Matt. IX, 6 ; XVI, 27.
2 Luc, XXIV, 46.
3 Jean, 1, 23.
.
gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. PRÉDICATON DE JEAN-BAPTISTE.
26. Saint Matthieu dit ensuite : "Alors les habitants de Jérusalem, ceux de la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain venaient à lui ; et, en confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain. Mais voyant venir à son baptême plusieurs des Pharisiens et des Sadducéens il leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui va tomber sur vous ? Faites donc de dignes fruits de pénitence ; et ne songez pas à dire en vous-mêmes: Nous avons pour père Abraham. Car je vous déclare que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants d'Abraham. Déjà la cognée est à la racine des arbres; donc tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l'eau pour vous amener à la pénitence; mais Celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter sa chaussure. C'est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu. Il a le van à la main, et il nettoiera complètement son aire ; il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteindra jamais."
Nous trouvons toutes ces pensées dans le récit de saint Luc, qui cite presque textuellement ces mêmes paroles attribuées à Jean-Baptiste. Quand les deux Évangélistes diffèrent pour les termes, ils ne diffèrent nullement pour le sens . Ainsi, selon le premier, le précurseur parle de cette manière: "Ne songez pas à dire en vous-mêmes Nous avons pour père Abraham ;" et, selon le second : "Ne vous mettez pas à dire: Nous avons pour père Abraham." Ainsi, quand, plus loin, le texte de saint Matthieu nous présente ces paroles: "Moi, je vous baptise dans l'eau pour vous amener à la pénitence ;" celui de saint Luc montre d'abord les différentes classes de la foule demandant ce qu’elles doivent faire, et rappelle que Jean les engagea à multiplier les bonnes œuvres comme des fruits de pénitence ; particularités que saint Matthieu ne rapporte pas: puis, à l'encontre de cette fausse idée que Jean pourrait bien être le Messie, viennent les mêmes paroles : "Moi, je vous baptise dans l'eau;" sans être accompagnées des mots: "Pour vous amener à la pénitence." Selon saint Matthieu, le précurseur dit ensuite: "Celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi ;" et selon saint Luc : "Il en vient un autre qui est plus puissant que moi." Nous lisons dans saint Matthieu : "Je ne suis pas digne de porter sa chaussure ;" et dans saint Luc: "Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure," paroles que reproduit aussi saint Marc, tout en omettant beaucoup d'autres détails.
Car, après avoir parlé du vêtement et de la nourriture du précurseur, il ajoute: "Et Jean prêchait en disant: Il en vient un autre derrière moi, qui est plus puissant que moi; et je ne suis pas digne, en me prosternant devant lui, de délier les cordons de sa chaussure. Moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; lui, vous baptisera dans le Saint-Esprit." Pour ce qui regarde la chaussure, il diffère donc de saint Luc, par cette addition : "En me prosternant devant lui." Au sujet du baptême il diffère de saint Luc et de saint Matthieu en ce qu'il ne dit pas: "Et dans le feu," mais seulement : "dans le Saint-Esprit." Saint Luc nous fait lire aussi bien que saint Matthieu et suivant le même ordre: "Il vous baptisera dans, l'Esprit et dans le feu." Toute la différence c'est que le mot "Saint" n'est pas dans le récit de saint Luc comme dans celui de saint Matthieu, où nous trouvons: "Il vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu (1)."
L'Évangéliste saint Jean confirme les trois récits, dans ce passage: "Jean-Baptiste lui rend témoignage en s'écriant: Voilà celui dont je vous disais: Celui qui vient après moi, m'a été préféré parce qu'il était avant moi (2)." Par là, en effet, l'Évangéliste déclare que Jean-Baptiste a prononcé ces paroles dans le temps où les trois autres les lui font dire, et qu'ensuite il les a rappelées et répétées quand, il s'est écrié : "Voilà celui dont je vous disais : Celui qui vient après moi, etc. "
1 Matt. III, 3-12; Marc, 1, 6-8; Luc, III, 7-17.
2 Jean, I, 15.
.
gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
gras ajoutés.
À suivre…
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. PRÉDICATON DE JEAN-BAPTISTE.
27. Demanderait-on maintenant quelles sont les paroles qu'a prononcées Jean-Baptiste; celles de saint Matthieu, ou celles de saint Luc, ou celles de saint Marc dans le peu de citations qu'il-y-ait ? Pour ne pas se préoccuper de cette question, il suffit de comprendre que la connaissance de la vérité résulte des pensées elles-mêmes et non des termes dans lesquels elles sont formulées. En effet, tel évangéliste n'est pas contraire à tel autre, parce qu'on trouve dans sa relation un ordre différent. De même il n'y a pas d'opposition, quand l'un rapporte ce que l'autre passe sous silence. Il est évident, en effet, que chaque évangéliste a écrit suivant ses souvenirs, et a donné son récit en plus ou moins de mots, selon qu'il était porté à l'étendre ou à l'abréger, tout en présentant néanmoins la même pensée.
.
gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. PRÉDICATON DE JEAN-BAPTISTE.
28. De là ressort assez clairement une observation très importante . Puisque la vérité de l'Évangile est parvenue au plus haut point d'autorité, par là même qu'elle repose sur la parole de Dieu, sur cette parole qui, subsistant éternelle et immuable au-dessus de toute créature, a été par l'intermédiaire de la créature communiquée au moyen de signes temporels et du langage humain ,nous ne devons accuser personne de mensonge, quand plusieurs, venant à faire le récit d'une même chose qu'ils se souviennent d'avoir vue ou entendue, ne le font pas de la même manière ni dans les mêmes termes ; soit que la différence regarde la narration ; soitque des mots se trouvent remplacés par d'autres mots équivalents; soit que tel narrateur omette une particularité qui ne se présente pas à sa mémoire ou qui pourra se comprendre d'après les autres parties du récit; soit qu'en faveur de certains points qu'il se propose surtout de raconter, chacun veuille, afin de pouvoir y donner le temps convenable, ne toucher que légèrement d'autres détails et non les développer entièrement; soit que, pour éclaircir la pensée et la mettre dans tout son jour, l'un d'eux, sans rien ajouter aux choses elles-mêmes, ajoute cependant au simple récit, des paroles qui les font mieux connaître ; soit que, gardant bien la mémoire des faits dont il a été témoin, il ne puisse malgré ses efforts se rappeler aussi, pour les reproduire littéralement, tous les discours qui ont frappé ses oreilles.
Si l'on prétend que les évangélistes devaient, sous l'action de l'Esprit-Saint, jouir du privilège de ne pas différer l'un de l'autre, même dans la nature, l'ordre et le nombre des expressions, c'est qu'on ne comprend point que plus est grande l'autorité des évangélistes, plus il importe aux autres hommes dans l'exposition de la vérité d'être rassurés par leur exemple ; pour n'avoir aucunement à redouter l'accusation de mensonge, quand ils différeront entre eux dans le narré d'un même fait comme les écrivains sacrés, dont l'exemple pourra les justifier.
Comme il n'est permis ni de dire ni de penser qu'un évangéliste a menti , on devra reconnaître, qu'un homme n'aura pas menti non plus, quand il lui sera arrivé pour ses souvenirs ce qu'on sait être arrivé aux évangélistes. Et plus la morale exige qu'on s'abstienne du mensonge, plus il est à propos qu'un exemple de si haute autorité nous ait été mis sous les yeux; pour régler notre jugement et nous empêcher de crier au mensonge lorsque plusieurs récits d'un événement nous offrent des différences semblables à celles des quatre Évangiles ; pour nous faire aussi comprendre, ce qui intéresse au plus haut point l'enseignement de la foi, que NOUS DEVONS MOINS CHERCHER ET CONSIDÉRER L'EXACTE CONFORMITÉ DES TERMES QUE LA VÉRITÉ DES CHOSES ; quand nous pouvons dire que sans user du même langage, plusieurs ont énoncé cependant la même vérité pour s'être accordé sur le fond et les pensées.
.
gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. PRÉDICATON DE JEAN-BAPTISTE.
29. Qu'y a-t-il donc qui doive paraître contraire dans ces passages des évangélistes que je viens de mettre en regard ? Faut-il voir une opposition entre celui qui fait parler ainsi Jean-Baptiste.: "Je ne suis pas digne de porter sa chaussure;" et ceux qui lui font dire : "Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure?" Il semble, en effet, qu'il y a, non pour les termes, ni l'ordre des mots, ni certaine forme particulière de langage, mais dans la chose elle-même une différence entre porter la chaussure, et "délier les cordons de la chaussure." On peut donc avec raison demander ce que Jean-Baptiste a dit qu'il n'était pas digne de faire ; si c'est de porter la chaussure ou d'en délier les cordons. Car s'il n'a dit que l'une des deux choses, celui-là seul qui a pu la rapporter parait être le narrateur véridique: et celui qui a écrit l'autre, sera regardé, sinon comme ayant voulu tromper, du moins comme ayant été trompé par une mémoire infidèle. Mais il faut écarter des évangélistes toute erreur, non-seulement celle qui résulte du mensonge, mais celle même qui vient de l'oubli; c'est pourquoi, s'il importe d'entendre sous les expressions "porter la chaussure" et "délier les cordons de la chaussure", deux idées vraiment différentes, que penserons-nous devoir conclure pour l'exacte intelligence des récits évangéliques, sinon que Jean-Baptiste a dit l'une et l'autre chose, soit dans plusieurs discours, soit dans les mêmes ?
Car il a pu parler ainsi : Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure ni de la porter. Alors les évangélistes en rappelant, l'un la première proposition, l'autre la seconde, ont tous également fait un récit véridique. Cependant, en parlant de la chaussure du Seigneur, Jean-Baptiste a eu seulement en vue de montrer la grandeur suprême du Seigneur et sa propre bassesse; qu'un évangéliste ait écrit : "Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure", ou : "Je ne suis pas digne de porter sa chaussure", il a toujours rendu la même idée, exprimé le même sens, quand, mettant dans la bouche du précurseur un langage quelconque au sujet des souliers du divin Maître, il a également fait ressortir son intention de montrer combien Jésus lui était supérieur. UNE RÈGLE DONT LE SOUVENIR SERA D'UN TRÈS GRAND AVANTAGE DANS TOUT LE COURS DE CE TRAITÉ SUR L'ACCORD DES ÉVANGÉLISTES, c'est donc de ne pas regarder comme erroné le langage de celui qui en faisant certains changements aux discours d'un personnage, expose néanmoins son idée et son intention, aussi exactement que celui qui rapporte rigoureusement toutes ses paroles; par là nous apprenons avantageusement qu'IL NE FAUT CHERCHER QU'À SE RENDRE COMPTE DE LA PENSÉE ET DE LA VOLONTÉ DE CELUI QUI PARLE.
.
gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIII. DU BAPTÊME DE JÉSUS.
30. Saint Matthieu continue ainsi: "Alors Jésus vint de Galilée près du Jourdain trouver Jean pour être baptisé par lui. Mais Jean s'en défendait en disant: C'est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ? Jésus lui répondit : Laisse-moi faire maintenant, car c'est ainsi que nous devons accomplir toute justice. Alors Jean cessa de lui résister." Les trois autres évangélistes disent pareillement que Jésus vint trouver Jean, et tous trois rapportent qu'il fut baptisé par lui; mais ils gardent le silence sur ce que nous voyons dans le récit de saint Matthieu, savoir les paroles de Jean au Seigneur et les réponses du Seigneur à Jean (1).
1 Matt. III, 13-15; Marc, I, 9; Luc, III, 21 ; Jean, I , 32-34.
.
gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIV. VOIX DU CIEL APRÈS LE BAPTÊME DE JÉSUS.
31. Saint Matthieu dit ensuite : "Jésus ayant été baptisé sortit aussitôt de l'eau; et en même temps les cieux lui furent ouverts, et il vit l'Esprit de Dieu descendre en forme de colombe et se reposer sur lui . Et au même instant on entendit une voix du ciel qui dit Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je me complais." C'est ce que racontent pareillement deux autres évangélistes, saint Marc et saint Luc. Ils exposent cependant d'une manière différente les paroles de la voix qui se fit entendre du ciel: mais c'est toujours la même pensée. Car, d'après ce que nous avons dit précédemment, on doit voir le même sens et l'expression de la même idée dans la leçon de saint Matthieu: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé," et dans celle de saint Marc et de saint Luc: "Vous êtes mon Fils bien-aimé." Sans doute il n'y eut, dans ce discours venu d'en haut , qu'une seule des deux locutions, mais saint Matthieu, en écrivant: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé," aura voulu marquer le but de la voix du ciel, qui était de faire connaître aux auditeurs la filiation divine de Jésus-Christ; il a voulu montrer que les paroles : "Vous êtes mon Fils," furent prononcées de la même manière que si la voix eût dit à la foule: "Celui-ci est mon Fils." Car elle n'apprenait pas à Jésus-Christ ce qu'il savait bien; mais elle l'apprenait à ceux qui étaient là et pour qui elle se faisait entendre.
Maintenant la voix du ciel a-t-elle dit: "En qui je me complais, in quo mihi complacui," ou : "Je mets en vous ma complaisance, in te complacui," ou enfin : "Il me complaît en vous, in te complacuit mihi (1) ?"On est libre d'admettre l'une ou l'autre de ce Trois leçons, pourvu que l'on comprenne qu'en rapportant différemment les paroles, les Évangélistes ont rendu la même pensée.
La différence des expressions a même l'avantage de nous faire mieux saisir l'idée, que si tous l'avaient rapportée dans les mêmes termes , et d'écarter le danger d'une fausse interprétation . Car celui qui voudrait, sous les mots: "En qui je me complais, in quo mihi complacui , "voir le Père se plaisant à lui-même dans le Fils, est averti de son erreur par le texte de saint Marc : "En vous je complais, in te complacui." De même, voulons-nous par cette seule leçon : "in te complacui," entendre que , dans le Fils le Père plaît aux hommes ? nous sommes détrompés par le texte de saint Luc: in te complacuit mihi. Donc, quelque soit l'Évangéliste dont le récit nous présente le texte exact des paroles de la voix céleste, on voit clairement que les autres n'ont varié les termes que pour rendre le même sens plus saisissable. Ainsi, d'après les trois réunis, la voix du ciel a voulu dire : Je mets en vous mon bon plaisir ; et cela signifie J'ai résolu de faire par vous ce qui me plaît. Dans certaines copies de l'Évangile selon saint Luc, au lieu de la leçon que nous venons de mettre sous les yeux, on lit cet oracle du Psalmiste : "Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui (2)." Il est vrai qu'on ne montre ces mots dans aucune des copies grecques les plus anciennes. Mais si quelques exemplaires dignes de foi peuvent confirmer cette variante, que faut-il conclure, sinon que la voix céleste, dans un ordre quelconque, a dit l'une et l'autre chose ?
2 Ps, II, 7.
.
gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XV. JÉSUS-CHRIST CONNU OU INCONNU DE JEAN-BAPTISTE .
32. Ce que nous lisons dans l'Évangile selon saint Jean, du Saint-Esprit descendu en forme de colombe, n'est pas un discours placé au temps où le fait s'est accompli ; c'est une citation des paroles du précurseur rappelant lui-même ce qu'il a vu. Or, ce passage fait naître la question suivante : Comment Jean-Baptiste a-t-il pu dire : "Pour moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise dans le Saint-Esprit" (1) ? En effet, s'il l'a connu seulement quand il a vu la colombe descendre sur lui, comment, d'après saint Matthieu, lui disait-il, avant d'être témoin de ce prodige, et dès qu'il le vit venir au Jourdain pour se faire baptiser : "C'est moi plutôt qui dois être baptisé par vous (2) ?"
Il faut conclure qu'à la vérité Jean-Baptiste le connaissait avant la descente de la colombe, puisqu'il tressaillit même dans le sein maternel quand Marie fut venue visiter Élisabeth(3); mais que à son égard, il apprit par cet événement une chose dont il n'avait pas encore connaissance, c'est que Jésus seul baptiserait dans le Saint-Esprit en vertu d'une puissance personnelle et divine ; tandis qu'aucun homme après avoir reçu de Dieu le pouvoir de baptiser ne pourrait dire en baptisant qui que ce soit : c'est mon propre bien que je te communique, ni : Je donne moi-même le Saint-Esprit .
1 Jean, I, 33.
2 Matt. III, 14.
3 Luc, I, 41.
.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVI. JÉSUS TENTÉ PAR LE DÉMON.
33. Saint Matthieu ajoute : "Alors Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert, pour y être tenté par le démon. Ayant donc jeûné quarante jours et quarante nuits il eut faim ; le tentateur s'approchant alors lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, commandez que ces pierres deviennent des pains. Et Jésus lui répondit : Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu;" et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Alors le diable le laissa, et aussitôt les anges s'approchèrent de lui et le servaient." Saint Luc raconte également tout cela , mais dans un ordre différent ; de sorte qu'on ne voit pas ce qui s'est fait en premier lieu , si d'abord ont été montrés au Sauveur les royaumes de la terre et qu'ensuite il ait été transporté sur le pinacle du temple, ou si ce dernier fait a précédé, et que l'autre ait suivi. Mais peu importe dans quel ordre les choses soient racontées, pourvu qu'on fasse connaître qu'elles se sont toutes accomplies. Du reste, que saint Luc rende les mêmes pensées en d'autres termes, est-il besoin de rappeler toujours que cela ne nuit en rien à la vérité ? Quant à saint Marc, il atteste , lui aussi, que Jésus demeura au désert quarante jours et quarante nuits et y fut tenté par le démon ; mais il ne dit rien des paroles du démon, ni des réponses de Jésus . Cependant il n'a pas gardé le silence sur un point négligé par saint Luc, savoir que les anges vinrent servir le divin Maître (1). Quant, à saint Jean, il a passé sous silence tout ce qui regarde cette tentation.
1 Matt. IV, 1-11; Marc, I,12, 13; Luc, IV, 1-13
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
34. Le récit de saint Matthieu continue en ces termes : "Or Jésus ayant appris que Jean-Baptiste avait été jeté en prison, se retira en Galilée." C'est ce que disent aussi saint Marc et saint Luc (2) excepté que saint Luc ne fait ici nulle mention de l'emprisonnement de Jean-Baptiste. D'après l'évangéliste saint Jean, avant la retraite de Jésus en Galilée, Pierre et André demeurèrent un jour avec lui et alors fut donné ce nom de Pierre au premier, qui s'appelait auparavant Simon. Le même dit encore que le jour suivant, comme Jésus voulait sortir et se rendre en Galilée, il trouva Philippe et lui commanda de le suivre ; il arrive de là à raconter aussi ce qui regarde Nathanaël ; puis il dit que le troisième jour, étant en Galilée, Jésus fit à Cana le miracle du changement de l'eau en vin (3).
Les autres évangélistes ont omis tous ces détails, quand après avoir rappelé la tentation du Sauveur ils ont parlé de son retour en Galilée. On doit donc comprendre qu'il y eut un intervalle de quelques jours durant lequel eut lieu ce que rapporte saint Jean au sujet des disciples. Mais ce qu'il dit de Pierre n'est pas en opposition avec le passage où plus loin saint Matthieu raconte que le Seigneur dit à l'Apôtre : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai man Eglise (4)." Car il faut croire que ce nom lui fut donné, non pas quand Jésus lui adressa les paroles que nous venons de citer, mais bien quand, d'après saint Jean, il lui parla ainsi : "Tu t'appelleras Céphas, c'est-à-dire Pierre;" de sorte qu'en lui disant plus tard : "Tu es Pierre," il l'appelait par le nom que l'Apôtre portait déjà. En effet, s'il ne lui dit pas alors: Tu t'appelleras Pierre ; mais : "Tu es Pierre," c'est qu'il lui avait dit précédemment : "Tu t'appelleras."
2 Matt. IV, 12 ; Marc, I, 1, 4 ; Luc, IV, 14.
3 Jean, I, 39 ; II, 11
4 Matt. XVI, 18.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
35. Après cela nous lisons dans le récit de saint Matthieu : "Et Jésus, ayant quitté Nazareth, vint habiter Capharnaüm, ville maritime sur les frontières de Zabulon et de Nephtali," et le reste, jusqu'à la fin du sermon sur la montagne. Saint Marc lui fait écho dans l'ordre et la suite du récit pour la vocation de Pierre et d'André, puis, un peu après, de Jacques et de Jean. Mais tandis que saint Matthieu, aussitôt après avoir parlé de la multitude des malades guéris par Jésus et des foules nombreuses qui le suivaient, s'applique à reproduire le long discours du Sauveur sur la montagne, saint Marc interpose d'autres détails; à savoir, que Jésus enseignait dans la synagogue de Capharnaüm et qu'on était éperdument étonné de sa doctrine ; puis il remarque, comme saint Matthieu le fait après le grand discours sur la montagne, que "Jésus enseignait comme ayant puissance et non comme les scribes et les docteurs de la loi." Saint Marc raconte aussi l'histoire de cet homme qui fut délivré d'un esprit immonde, ensuite la guérison de la belle-mère de Pierre. Pour ces détails le récit de saint Luc s'accorde avec le sien (1). Saint Matthieu n'a rien dit du possédé : il n'a parlé que plus loin de la belle-mère de Pierre (2).
1 Matt. IV, 13 ; VII, 29 ; Marc, 2, 16-31 ; Luc, IV, 31-39.
2 Matt. VIII, 11, 15.
.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
36. Mais dans la partie de son récit que nous considérons maintenant, le même saint Matthieu, après avoir décrit la vocation des disciples auxquels Jésus ordonna d'abandonner leurs barques de pêcheurs et de le suivre, rapporte que le Sauveur parcourut la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant l'Évangile, guérissant toute sorte d'infirmités, et que se voyant entouré d'une grande multitude il gagna le haut d'une montagne où il fit son grand discours. Il donne ainsi lieu de comprendre que les choses rappelées par saint Marc après l'élection des disciples dont il s'agit, furent accomplies quand Jésus parcourait la Galilée et qu'il instruisait dans les synagogues; qu'alors aussi fut guérie la belle-mère de Pierre ; mais qu'il n'a rapporté que plus loin ces événements, encore qu'il n'ait pas fait rentrer dans sa narration tout ce qu'il y avait omis précédemment.
.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
37. Voici cependant une difficulté . D'après saint Jean, ce fut sur les bords du Jourdain, non en Galilée, qu'André s'attacha au Seigneur avec un autre dont le nom n'est pas cité ; que Jésus-Christ donna à Simon le nom de Pierre, et troisièmement qu'il appela Philippe à le suivre : tandis que d'après les trois autres Évangélistes, dont le récit se trouve ici complètement d'accord, d'après surtout saint Matthieu et saint Marc, André, Simon et les fils de Zébédée étaient occupés à pêcher sur la mer de Galilée lorsqu'ils furent appelés. Si en effet saint Matthieu et saint Marc rapportent qu'André était dans la même barque que Simon, saint Luc ne le nomme point, tout en donnant à entendre qu'il y était; si de plus eux-mêmes n'exposent qu'en peu de mots l'événement, lorsque saint Luc le présente avec plus de détails, car il rapporte l'histoire de la pêche miraculeuse et il nous montre le Seigneur adressant de la barque de Simon ses premières paroles à la multitude, il n'y a là aucune opposition .
Une autre différence serait que d'après saint Luc, le Seigneur dit, seulement à Simon Pierre: "Dès ce jour tu seras pêcheur d'hommes," et que suivant les récits de saint Matthieu et de saint Marc, il tient ce langage aux deux frères en même temps. Mais sans nul doute, il est possible que Jésus ait ainsi parlé d'abord à Pierre, surpris de la quantité de poissons qu'on venait de prendre ; puis à tous deux. Alors les récits se concilient facilement.
Revenons donc et appliquons-nous à la difficulté offerte par le texte de saint Jean comparé à ceux de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc . On peut la regarder en effet comme très-sérieuse ; puisqu'il y a une différence notable pour le temps, le lieu et le fait même de la vocation. Si c'est près du Jourdain, et avant le départ de Jésus pour la Galilée que sur le témoignage de Jean-Baptiste les deux disciples, dont l'un était André, suivirent le Sauveur ; si c'est alors que, conduit à Jésus par son frère André, Simon reçut le nom de Pierre : comment, d'après la leçon des autres Évangélistes, est-ce en Galilée que Jésus, les trouvant sur leurs barques de pêcheurs, les appela à devenir ses disciples (1) ? Mais il suffit de supposer que quand ils virent le Seigneur près du Jourdain, ils ne s'attachèrent pas à lui inséparablement, mais seulement commencèrent à le connaître, et retournèrent ensuite à leurs foyers, pleins d'admiration polir sa personne.
1 Matt, IV, 13-23 ; Marc, I, 16-20; Luc, V, 1-11 ; Jean, I, 35-14.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
38. Aussi bien le même saint Jean dit-il que les disciples de Jésus crurent en lui à Cana en Galilée, quand il changea l'eau en vin. Ce qu'il raconte en ces termes : "Or le troisième jour il y eut des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples (1)." Si ce fut alors qu'ils crurent en lui, comme l'Évangéliste le dit un peu après, ils n'étaient pas encore ses disciples quand ils furent conviés aux noces. Mais l'écrivain sacré emploie ici une manière de parler que nous employons lorsque nous disons, par exemple, que l'Apôtre Paul reçut le jour à Tarse en Cilicie (2), quoique Paul n'ait pas été Apôtre en naissant. Quand donc il dit que les disciples de Jésus furent conviés aux noces, nous devons par ce nom de disciples entendre, non pas ce que ces hommes étaient alors, mais ce qu'ils devaient être ensuite. Sans aucun doute ils étaient disciples de Jésus lorsque saint Jean raconta et écrivit cet événement ; et c'est pour cette raison qu'en sa qualité d'historien du passé il leur donne ce titre.
1 Jean, II-1, 2.
2 Act. XXII, 3
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
39. "Après cela", continue saint Jean, "il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples : mais ils n'y demeurèrent pas longtemps (3)." On ne sait pas si alors Pierre, André et les fils de Zébédée lui étaient déjà attachés, car saint Matthieu rapporte d'abord que Jésus vint habiter à Capharnaüm et ensuite que les ayant trouvés sur leurs barques occupés à pêcher, il leur commanda de le suivre ; tandis que, selon saint Jean, les disciples vinrent avec lui à Capharnaüm. Serait-ce que saint Matthieu rappelle ici un fait que d'abord il avait omis ? Aussi bien, ne dit-il pas: après cela, comme Jésus marchait sur le rivage de la mer de Galilée, il vit deux frères. Mais sans exprimer aucun rapport de temps : "Comme Jésus," dit-il, "marchait sur le bord de la mer de Galilée, il vit deux frères, etc."
Il est donc possible que saint Matthieu, relate en cet endroit non un fait postérieur à ceux dont le narré précède ; mais un fait qu'il a omis auparavant de rapporter. Ainsi rien n'empêche de comprendre que les disciples soient venus à Capharnaüm avec le Sauveur, puisque, selon saint Jean, il s'y rendit accompagné de sa mère et de ses disciples. Que plutôt ne s'agit-il pas d'autres disciples ? Car Philippe déjà le suivait, puisqu'il l'avait précédemment appelé en lui disant : "Suis-moi." En effet les récits évangéliques ne nous montrent pas quel a été, pour tous les douze Apôtres, l'ordre de leur vocation ; attendu qu'ils ne mentionnent même pas la vocation de tous, mais parlent seulement de celle de Philippe, de Pierre et d'André, des fils de Zébédée et de Matthieu le publicain, lequel se nommait aussi Lévi (1): Pierre cependant est le premier et le seul qui ait reçu en particulier de la bouche de Jésus-Christ un nom nouveau. Car ce ne fut pas chacun en particulier mais tous deux ensemble, que les fils de Zébédée reçurent le nom de Fils du tonnerre (2).
3 Jean, 11-12.
1 Matt. IV, 18-22; IX, 9 ; Marc, I, 16-20; II, 14; Luc, V, 1-11 ; Jean, I, 35-44.
2 Marc, III, 17.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
40. Du reste observons que l'Évangile et les livres Apostoliques nomment disciples de Jésus-Christ, non seulement les douze Apôtres, mais tous ceux qui, croyant au divin maître, étaient par ses leçons formés au royaume des cieux. C'est parmi eux qu'il en choisit douze auxquels il donna le nom d'Apôtres. Saint Luc, de qui nous apprenons ce fait, dit un peu plus bas : "Il descendit ensuite avec eux et s'arrêta dans la plaine, où il se vit entouré de la foule de ses disciples et d'une grande multitude de peuple (3)." Assurément l'Évangéliste n'appellerait pas la réunion de douze hommes, une foule de disciples. Plusieurs autres passages des Écritures nous montrent avec non moins d'évidence que le nom de disciples de Jésus appartenait à tous ceux qui apprenaient de lui, discerent, (peut apprendre à: Google traduction) ce qui regarde la vie éternelle.
3 Luc, VI, 13-17.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Mar 22 Fév 2011, 1:46 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVII. VOCATION DES APOTRES.
41. Mais on peut demander comment, d'après les récits de saint Matthieu et de saint Marc, Jésus appela de leurs barques de pêcheurs, d'abord Pierre et André, puis s'étant avancé un peu plus loin, les deux fils de Zébédée; quand, suivant saint Luc, chacune des barques se trouvant remplie des poissons de la pêche miraculeuse, Pierre fit signe aux fils de Zébédée, Jacques et Jean, ses compagnons, de venir l'aider à retirer les filets: et que tous ensemble ils témoignèrent leur étonnement d'une si grande quantité de poissons, et que tous en même temps quittant leurs barques ramenées à bord, suivirent le Seigneur, bien qu'à Pierre seul il eût dit : "A dater de ce jour tu seras un pêcheur d'hommes." Il faut donc admettre que le fait rapporté par saint Luc fut antérieur à la vocation formelle des quatre disciples ; que le Seigneur ne les appela point dans cette circonstance à le suivre, mais prédit seulement à Pierre que dorénavant il prendrait des hommes. Ce qui ne voulait pas dire qu'il ne prendrait jamais plus de poissons ; car nous lisons que même après la résurrection du Sauveur, les Apôtres se livraient encore à la pêche (1).
Si donc Jésus-Christ annonça à Pierre que désormais il prendrait des hommes, ce ne fut pas pour lui dire qu'il ne prendrait plus de poissons. Ainsi l'on peut comprendre que les disciples revinrent pêcher selon leur coutume sur la merde Galilée, et qu'ensuite eut lieu ce que rapportent saint Matthieu et saint Marc ; c'est-à-dire que le Seigneur les appela deux à deux, d'abord Pierre et André, puis les fils de Zébédée. Aussi bien cette fois ils n'amenèrent pas leurs barques à terre comme ayant l'intention de revenir un autre jour à la pêche, mais ils suivirent Jésus-Christ comme un maître qui les appelait et leur intimait l'ordre de s'attacher à lui.
1 Jean, XXI, 3.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVIII. DU TEMPS OU JÉSUS-CHRIST SE RENDIT EN GALILÉE.
42. Une autre question se présente. L'Évangéliste saint Jean fait venir Jésus en Galilée avant l'emprisonnement de Jean-Baptiste. Car après avoir rapporté que le Sauveur changea l'eau en vin à Cana de Galilée, puis descendit pour quelques jours à Capharnaüm avec sa mère et ses disciples, il nous le montre allant à Jérusalem pour la fête de Pâque, venant ensuite avec ses disciples habiter et baptiser dans la terre de Judée. C'est alors qu'il dit en continuant- son récit : "Or Jean baptisait lui-même à Ennon près de Salim, parce qu'il y avait là beaucoup d'eau : plusieurs y venaient, et y étaient baptisés ; car Jean n'avait pas encore été mis en prison (2)." Cependant nous lisons dans saint Matthieu : "Ayant appris que Jean avait été arrêté, Jésus se retira en Galilée (3)." C'est ce que nous lisons pareillement dans saint Marc.
"Après que Jean eut été mis en prison", dit-il, "Jésus vint en Galilée (4)." Saint Luc de son côté, sans faire aucune mention de l'emprisonnement de Jean-Baptiste, nous dit comme eux, après avoir raconté le baptême et la tentation de Jésus-Christ, que le Sauveur se retira en Galilée. Car voici la suite de sa narration : "Le diable ayant fini de le tenter, s'éloigna de lui pour un temps ; et Jésus, par la vertu de l'Esprit, retourna en Galilée; et sa réputation se répandit dans tout le pays (5)." On doit conclure de là non pas que les trois évangélistes contredisent le récit de saint Jean , mais d'abord qu'ils ont omis de rappeler une première apparition du Seigneur en Galilée après son baptême, alors que le précurseur n'avait pas encore été mis en prison; et secondement que sans rien dire de cette première démarche signalée parle miracle de Cana, ils en ont tout de suite rapporté une autre qui suivit l'emprisonnement de Jean-Baptiste. Saint Jean parle lui-même de cette seconde retraite de Jésus en Galilée après son baptême. Jésus donc, dit-il, ayant su que les Pharisiens avaient appris qu'il faisait plus de disciples et baptisait plus de personnes que Jean, "bien que Jésus ne baptisât pas, mais ses disciples, quitta la Judée et s'en alla de nouveau en Galilée (1)." Il nous laisse entendre ici que dès lors Jean-Baptiste était en prison, mais que les Juifs avaient appris que Jésus faisait plus de disciples que n'en avait faits Jean, et baptisait plus de personnes que celui-ci n'en avait baptisées.
2 Jean, II, 13 ; III, 22-24.
3 Matt. IV, 12.
4 Marc, I, 14.
5 Luc, IV, 13,14.
1 Jean, IV, 1-3
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIX. SERMON SUR LA MONTAGNE.
43. Voyons maintenant si l'Évangéliste saint Matthieu ne semble en rien contredit par les autres, au sujet du long discours que, d'après lui, le Seigneur prononça sur la montagne . Saint Marc n’en dit rien; il n'a même rien rapporté de semblable, si ce n'est quelques maximes éparses dans son récit, et que le Seigneur aura répétées en d'autres lieux. Il nous permet cependant de voir dans le texte de sa narration la place de ce discours et nous laisse conclure que Jésus-Christ l'a prononcé, mais que lui-même a omis de le reproduire. "Jésus, dit-il, prêchait dans leurs synagogues et par toute la Galilée, et il chassait les démons." Dans cette prédication de Jésus par toute la Galilée, se trouve compris aussi le discours qu'il fit sur la montagne, et que rapporte saint Matthieu. Car le même saint Marc continue ainsi : "Or, un lépreux vint à lui ; le suppliant et se jetant à genoux il lui dit : Si vous voulez, vous pouvez me guérit (2) ; et il expose de telle sorte ce qu'il dit ensuite de la guérison de ce lépreux qu'on doit le reconnaître pour le même que saint Matthieu dit avoir été guéri, quand, après le discours dont nous parlons, le Seigneur fut descendu de la montagne.
Voici en effet le texte de saint Matthieu : "Jésus étant descendu de la montagne une grande multitude de peuple le suivit. Et voilà qu'un lépreux, venant à lui, l'adorait en disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir," et le reste (1).
2 Marc, I, 39, 40
1 Matt. VIII 1, 2.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIX. SERMON SUR LA MONTAGNE.
44. Saint Luc a parlé aussi de ce lépreux (2), non pas au même endroit, mais suivant l'usage des évangélistes d'exposer certains faits après les avoir d'abord omis, ou d'anticiper le récit de faits postérieurs, selon le mouvement de l'inspiration divine qui les portait à n'écrire qu'ensuite en se le rappelant à la mémoire, ce qui pourtant leur était bien connu : néanmoins le même saint Luc rapporte aussi du divin maître un long discours qui débute comme celui que nous donne saint Matthieu. Car dans ce dernier nous lisons : "Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux:" et dans l'autre :" Vous êtes bienheureux, pauvres, parce que le royaume des cieux est à vous." Le texte de saint Luc présente ensuite beaucoup d'autres ressemblances, et à la fin du discours la conclusion est toute pareille ; c'est de part et d'autre la comparaison prise de l'homme sage qui bâtit sur la pierre ferme, et de l'insensé qui bâtit sur le sable. Toute la différence est que dans saint Luc, il n'est parlé que du fleuve qui vient se précipiter contre la maison, tandis que le récit de saint Matthieu y joint les vents et la pluie. On pourrait donc très facilement admettre qu'il s'agit d'un seul et même discours dans les deux évangélistes ; que saint Luc a laissé de côté certaines pensées rendues par saint Matthieu ; qu'il en a reproduit d'autres, omises par lui, et qu'il en a aussi présenté plusieurs dont il exprime semblablement tout le sens et toute la vérité, quelle que soit la différence des termes.
2 Luc, V, 12, 13.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIX. SERMON SUR LA MONTAGNE.
45. On pourrait, dis-je, admettre cela très-facilement, si ce n'était que, d'après saint Matthieu, le Seigneur parle assis sur une montagne, et que d'après saint Luc c'est debout et dans une plaine. Cette diversité porte donc à penser que le discours rapporté par l'un, n'est pas le discours rapporté par l'autre . Et pourquoi aussi bien Jésus-Christ n'aurait-il pas répété ailleurs ce qu'il avait déjà dit, ou fait de nouveau certaines choses qu'il avait déjà faites auparavant ? Du reste, entre ces deux discours dont l'un est reproduit par saint Matthieu et l'autre par saint Luc, il n'a pas dû s'écouler beaucoup de temps; car avant et après les deux évangélistes rapportent des choses semblables ou parfaitement identiques ; et l'on peut avec raison penser que leurs récits regardent les mêmes jours et les mêmes lieux.
Voici, en effet, ce que nous lisons dans saint Matthieu: "Et une grande multitude de peuple le suivit de la Galilée, de la Décapote, de Jérusalem, de la Judée, et d'au-delà du Jourdain. Or, voyant cette foule, Jésus gagna le haut d'une montagne; et lorsqu'il s'y fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui ; et ouvrant la bouche, il les instruisait en disant. "Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux," et le reste (1). On peut croire ici que Jésus voulut échapper à la presse de la multitude ; et qu'alors il gagna le haut de la montagne, pour s'éloigner de la foule afin de parler à ses seuls disciples.
C'est ce que semble aussi confirmer la narration de saint Luc. "En ce temps là, dit-il, Jésus alla sur une montagne, pour y prier, et il y passa toute la nuit en prière. Quand le jour fut venu, il appela ses disciples et choisit douze d'entre eux qu'il nomma Apôtres, savoir: Simon auquel il donna le nom de Pierre, André, son frère, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemy, Matthieu et Thomas, Jacques fils d'Alphée et Simon appelé le zélé, Jude frère de Jacques et Judas Iscarioth, qui fut le traître. Il descendit ensuite avec eux et s'arrêta dans une plaine où il se vit environné de la troupe de ses disciples et d'une grande multitude de peuple, accouru de toute la Judée, de Jérusalem, du pays maritime de Tyr et de Sidon, pour l'entendre et pour être guéris de leurs maladies. Ceux d'entre eux qui étaient possédés d'esprits impurs étaient aussi guéris. Or tout le peuple tâchait de le toucher, parce qu'il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous. Alors levant les yeux sur ses disciples, Jésus dit : Vous êtes bienheureux, pauvres, parce que le royaume des cieux est à vous (2)." On peut donc croire que quand Jésus, sur la montagne, eut choisi parmi tous ses disciples, les douze Apôtres, détail omis par saint Matthieu, il y prononça le discours que cet évangéliste a reproduit et dont saint Luc ne parle pas; qu'ensuite, étant descendu dans la plaine, il fit un autre discours semblable, dont saint Matthieu ne dit rien, mais dont parle saint Luc : et qu'il les termina tous deux de la même manière.
1 Matt. IV, 26; VII, 29.
2 Luc, VI, 12-49.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIX. SERMON SUR LA MONTAGNE.
46. Nous lisons dans le texte de saint Matthieu immédiatement après le discours du Seigneur : "Jésus ayant achevé de parler, la foule était dans l'admiration de sa doctrine ;" ceci peut-être rapporté à la foule des disciples parmi lesquels avaient été choisis les douze Apôtres. Le même Évangéliste dit un peu plus loin : "Lorsqu'il fut descendu de la montagne, une grande multitude de peuple le suivit ; et voilà qu'un lépreux venant à lui l'adorait."
Nous pouvons entendre cela comme ayant eu lieu non-seulement après le discours que lui-même rapporte, mais après l'autre que reproduit le texte de saint Luc. Car on ne voit rien qui fasse connaître quel espace de temps s'écoula entre la descente de la montagne et le fait relatif au lépreux ; et sans rien insinuer à cet égard, saint Matthieu a voulu marquer seulement, qu'après être descendu de la montagne le Seigneur était accompagné d'une grande foule de peuple lorsqu'il guérit le lépreux. Ceci est d'autant mieux fondé que, suivant saint Luc, Jésus était déjà dans la ville quand il opéra cette guérison ; circonstance que saint Matthieu ne relève pas.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIX. SERMON SUR LA MONTAGNE.
47. Cependant on pourrait admettre encore que d'abord le Seigneur était seul avec ses disciples sur la partie la plus élevée de la montagne, quand parmi eux il choisit les douze Apôtres; qu'ensuite il descendit, non jusqu'au bas, mais dans un lieu qui est spacieux, c'est-à-dire une espèce de plaine qui se trouvait au flanc de cette montagne et qui pouvait contenir une foule nombreuse; qu'il s'arrêta là, y resta debout attendant que la multitude fût rassemblée autour de lui ; qu'enfin s'étant assis et les disciples s'étant approchés, il leur fit à eux et à toute la foule un seul et même discours: discours que saint Matthieu et saint Luc auront rapporté, non de la même manière, mais sans varier pour le fond des choses et des pensées reproduites par tous deux. Car déjà nous avons averti et, en dehors même de tout avertissement, chacun doit voir, qu'il n'y a pas d'opposition entre deux évangélistes dont l'un omet de dire ce que dit l'autre ; qu'il n'y en a pas davantage si les expressions sont différentes, du moment que les mêmes choses et les mêmes pensées s'y retrouvent. De sorte donc que quand saint Matthieu dit : "Jésus étant descendu de la montagne ;" il est permis d'entendre qu'il s'agit en même temps de la plaine, qui a pu s'étendre sur le flanc de cette montagne. Vient encore l'histoire du lépreux guéri, que rapportent également saint Matthieu, saint Marc et saint Luc.
.
Gras ajoutés.
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Page 2 sur 7 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Page 2 sur 7
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum