LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XL. LA MÈRE ET LES FRÈRES DE JÉSUS.
87. Saint Matthieu continue : "Comme il parlait encore au peuple, sa mère et ses frères étaient dehors cherchant à lui parler;" et le reste, jusqu'à cet endroit : "Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère (1)." Sans aucun doute nous devons voir ici la suite de ce qui précède. Car le texte commence ainsi: "Tandis que Jésus parlait encore au peuple." Que signifie ce mot : "encore," sinon la fin du discours qui vient d'être rapporté ?
Il n'est pas dit en effet: Tandis qu'il parlait au peuple, sa mère et ses frères, mais : "Tandis qu'il parlait encore au peuple ;" c'est-à-dire, évidemment, tandis qu'il lui disait ce qui vient d'être rappelé. Car après avoir rapporté les paroles de Jésus-Christ touchant le blasphème contre l'Esprit-Saint, saint Marc ajoute aussitôt: "Cependant arrivent sa mère et ses frères;" il omet ainsi plusieurs passages que rapporte saint Matthieu dans le discours du Seigneur, et ceux que saint Luc ajoute encore au texte de saint Matthieu (2).
Sans égard à l'ordre des événements et saisissant le fait quand son souvenir le lui présente, saint Luc de son côté anticipe le récit de ce qui est relatif à la mère et aux frères de Jésus, il le place de telle façon qu'on ne le voit lié ni à ce qui précède ni à ce qui suit : En effet, c'est après l'exposition de quelques paraboles du Sauveur, que ce fait lui revenant à la mémoire il écrit : "Or, sa mère et ses frères vinrent le trouver, et ils ne pouvaient pénétrer jusqu'à lui, à cause de la foule du peuple; " ce n'est pas marquer le temps où ils vinrent. Puis le même saint Luc passant à un autre objet, s'exprime ainsi : "Un certain jour, il monta dans une barque, avec ses disciples." Là encore, quand il dit : "Un certain jour," il montre suffisamment que rien n'oblige à penser que ce fut le jour où arriva ce qu'on vient de lire, ni le jour suivant. Donc en racontant ce qui a rapport à la mère et aux frères de Jésus, saint Matthieu ne contredit les deux autres évangélistes ni pour les paroles du Seigneur ni pour l'ordre des événements.
1 Matt. XII, 46-60.
2 Marc, III, 31-36.
À suivre…
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Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLI. LES HUIT PARABOLES.
88. Saint Matthieu continue ainsi: "En ce jour là Jésus étant sorti de la maison s'assit sur le bord de la mer. Et il s'assembla près de lui une si grande multitude qu'il monta dans une barque, il s'y assit et le peuple resta sur le rivage. Et il leur dit beaucoup de choses en paraboles, leur parlant de cette sorte : " et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Tout docteur bien instruit de ce qui regarde le royaume des cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes (1)." Le texte de saint Matthieu insinue que ceci arriva aussitôt après ce qui vient d'être rapporté de lanière et des frères de Jésus, et que l'ordre du récit ne diffère pas de celui des faits: "En ce jour-là, dit en effet l'Évangéliste pour passer d'un objet à l'autre, Jésus étant sorti de la maison, vint s'asseoir près de la mer, et une foule nombreuse se réunit autour de lui." Qu'est-ce -à dire : "En ce jour là ?" A moins que jour ne signifie ici temps, comme dans plusieurs passages des livres saints, l'expression indique assez clairement ou qu'il s'agit d'un fait qui suivit d'une manière immédiate, ou qu'il ne se fit pas grand-chose dans l'intervalle. Du reste saint Marc suit le même ordre (2).
Si saint Luc, après avoir raconté ce qui regarde la mère et tes frères de Jésus, rapporte autre chose, la transition qu'il emploie n'a rien d'opposé à l'enchaînement indiqué par saint Matthieu (3). Ainsi donc, il n'y a pas l'ombre de contradiction ni dans les paroles que les trois évangélistes prêtent à Jésus-Christ ni, bien moins encore, dans ce que saint Matthieu seul lui attribue. Je ne vois pas non plus que, pour l'ordre même, un évangéliste soit en opposition avec un autre, quoiqu'il présente les choses un peu différemment, suivant en partie la suite des faits, en partie aussi la suite de ses souvenirs.
1 Matt. XIII, 1-52.
2Marc. IV, 1-34.
3 Luc, VIII, 22.
À suivre…
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Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLII. JÉSUS DANS SA PATRIE.
89. On lit ensuite dans saint Matthieu : "Après que Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là, et, venant en son pays, il les instruisait dans leurs synagogues," et le reste, jusqu'à cet endroit : "Or il ne fit que peu de miracles parmi eux à cause de leur incrédulité (4)." Le texte n'oblige pas de regarder ce fait comme ayant eu lieu immédiatement après les paraboles qui précèdent.
D'ailleurs saint Marc en relate un autre et le même que saint Luc, à la suite de ces paraboles, et sa transition même porte à croire qu'aux paraboles a succédé d'une manière immédiate non pas ce qui vient dans le récit de saint Matthieu, mais ce que disent saint Marc et saint Luc, de la barque sur laquelle dormait Jésus et du miracle de l'expulsion des démons au pays des Géraséniens (1); deux faits que saint Matthieu a exposés plus haut quand le souvenir lui en est revenu (2). Voyons donc si pour ce que dit le Seigneur, et pour ce qui fut dit dans sa patrie, saint Matthieu est d'accord avec saint Marc et saint Luc. Car pour saint Jean, c'est dans des circonstances bien différentes (3) qu'il place des traits analogues à ceux que rappellent ici les trois autres évangélistes.
4 Matt. XIII, 53-58.
1 Marc, IV, 35 ; V, 17 ; Luc, VIII 22-37.
2 Matt. VIII, 23-34.
3 Jean, VI, 42
À suivre…
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CHAPITRE XLII. JÉSUS DANS SA PATRIE.
90. Or, le récit de saint Marc est ici presque absolument le même que celui de saint Matthieu. Toute la différence, c'est que Jésus y est appelé charpentier et fils de Marie par ses compatriotes (4); tandis que selon saint Matthieu on l'appelait le fils du charpentier. Mais cela ne doit pas nous surprendre. Il put à la fois être appelé charpentier et le fils du charpentier; puisque s'ils le croyaient charpentier, c'est qu'ils le regardaient comme le fils d'un charpentier. Mais saint Luc expose le même fait avec beaucoup plus de détails; et nous le trouvons dans son récit un peu après ce qui regarde le baptême et la tentation du Seigneur; et sans aucun doute il relate d'avance ce qui arriva plus tard, à la suite de beaucoup d'autres choses.
Ceci nous donne lieu de faire une remarque très importante pour cette grande question de l'accord des Évangélistes, que nous avons entrepris de résoudre avec l'aide de Dieu: C'est que ce n'est pas pour avoir ignoré ni les faits ni leur enchaînement naturel qu'ils en ont omis quelques uns ou qu'ils ont suivi de préférence l'ordre de leur souvenirs . Cette remarque est justifiée avec éclat par le texte de saint Luc; car sans avoir fait nulle mention des miracles de Jésus à Capharnaüm, il rapporte, ce que nous examinons maintenant, comment les compatriotes du Sauveur admiraient sa vertu merveilleuse et méprisaient la bassesse de sa naissance. D'après lui en effet Jésus leur parlait ainsi : "Vous me direz, sans doute : Médecin, guéris-toi toi-même ; ces grandes choses faites à Capharnaüm et dont le bruit est arrivé jusqu'à nous, fais-les ici encore, dans ta patrie," et cependant le même saint Luc n'a jusque là rien raconté des prodiges opérés à Capharnaüm.
Comme le passage n'est pas long, mais très facile à comprendre, et d'ailleurs très nécessaire, nous le mettons tout entier sous les yeux du lecteur avec la transition qui l'amène.
Après avoir parlé du baptême et de la tentation du Sauveur, l'évangéliste poursuit ainsi : "Or toute tentation achevée, le diable s'éloigna de lui pour un temps. Alors Jésus par la vertu de l'Esprit revint en Galilée, et sa renommée se répandit dans tout le pays. Il enseignait dans leurs synagogues, et tout le monde lui donnait de grandes louanges. Étant venu ensuite à Nazareth, où il avait été élevé, il entra selon sa coutume dans la synagogue le jour du sabbat et il se leva pour lire. Ou lui présenta le livre des prophéties d'Isaïe, et l'ayant ouvert il trouva l'endroit où il était écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi ; c'est pourquoi il m'a consacré par son onction et m'a envoyé évangéliser les pauvres, annoncer aux captifs leur délivrance, aux aveugles qu'ils vont recouvrer la vue, mettre en liberté ceux qui sont accablés sous les fers, publier l'année des miséricordes du Seigneur et le jour de la rétribution. Ayant replié le livre, il le rendit au ministre et s'assit. Et tous dans la synagogue avaient les yeux arrêtés sur lui. Or il commença à leur dire: "Ce que vous entendez aujourd'hui de vos oreilles est l'accomplissement de ces paroles de l'Ecriture. Et tous lui rendaient témoignage, et dans l'étonnement où ils étaient des paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, ils disaient : N'est-ce pas là le fils de Joseph ? Alors il leur dit : Vous m'appliquerez sans doute ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même; et vous me direz: Les grandes choses faites à Capharnaüm et dont le bruit est arrivé jusqu'à nous, fais-les ici encore, dans ta patrie (1)." Nous laissons ce qui termine cette partie du récit de l'évangéliste.
N'est-il pas évident qu'il a sciemment anticipé ce fait dans son récit ? Car il connaissait certainement les merveilles opérées à Capharnaüm, puisqu'il en parle; puisque d'ailleurs il sait qu'il ne les a pas rapportées. Il est encore si près du baptême de Jésus qu'un pareil oubli n'est pas vraisemblable ; car depuis ce baptême il n'a presque rien dit encore.
4 Marc, VI, 1-6.
1 Luc, IV, 13-23.
Gras et souligné ajoutés
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CHAPITRE XLIII. HÉRODE APPRENANT LES MIRACLES DE JÉSUS.
91. On lit ensuite dans saint Matthieu: "En ce temps-là Hérode le tétrarque apprit ce que l'on publiait de Jésus ; et il dit à ses serviteurs C'est Jean-Baptiste, c'est lui-même qui est ressuscité d'entre les morts ; et c'est pour cela qu'il se fait par lui tant de miracles (1)." Saint Marc raconte la même chose et de la même manière, mais non dans le même ordre (2). Car après avoir rappelé que Jésus envoya ses disciples, en leur recommandant de ne rien porter avec eux que le bâton, et après avoir terminé ce qu'il apporte de son discours, il relate le fait qui nous occupe; mais sans obliger de croire que ce fait ait suivi d'une manière immédiate ce qui précède, non plus que saint Matthieu chez qui nous lisons: "En ce temps-là" et non: En ce jour là, ni : A cette heure.
Néanmoins, d'après saint Marc, ce ne fut pas Hérode mais d'autres qui disaient: "Jean-Baptiste est ressuscité d'entre les morts," tandis que d'après saint Matthieu ce fut Hérode qui le dit à ses serviteurs. Tout en gardant ici le même ordre que saint Marc, et sans obliger, non plus que lui, à croire que telle fut la suite des événements, saint Luc rapporte en ces termes le même fait: "Cependant Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que faisait Jésus, et il ne savait que penser, parce que les uns disaient Jean est ressuscité d'entre les morts; d'autres : Elie est apparu; et d'autres enfin: Un des anciens prophètes est ressuscité. Mais Hérode disait : J'ai décollé Jean ; quel est donc celui-ci, de qui j'entends de si grandes choses ? Et il souhaitait de le voir (3)." Ici l'évangéliste, de même que saint Marc, rapporte que ces paroles: "Jean est ressuscité d'entre les morts, furent prononcées par d'autres et non par Hérode. Mais quand saint Luc parle de l'hésitation d'Hérode et cite ensuite ces mots du tétrarque : "J'ai décollé Jean; quel est donc celui-ci, dont j'entends de si grandes choses?" il faut comprendre qu’Hérode témoigna d'abord cette hésitation, puisque persuadé de ce qu'on disait autour de lui, il dit à son tour ce, que nous lisons dans saint Matthieu: "C'est Jean-Baptiste, c'est lui-même qui est ressuscité d'entre les morts; et c'est pourquoi il se fait par lui tant de miracles."
Ou bien peut-être faut-il prononcer ces paroles sur le ton du doute. S'il y avait : Celui-ci n'est-il point, ou : Ne serait-il point Jean-Baptiste ? cette réflexion serait inutile, car on verrait de prime abord le doute et l'hésitation d'Hérode. Mais comme la forme interrogative manque dans les paroles du tétrarque, on peut ou la suppléer ou la négliger dans la prononciation ; et l'on est libre de comprendre ou bien que convaincu de ce qui se disait il parla comme n'ayant plus de doute, ou bien encore qu'il était dans l'hésitation marquée par le texte de saint Luc.
D'ailleurs, après avoir rapporté que d'autres qu'Hérode disaient de Jean-Baptiste : Il est ressuscité d'entre les morts, saint Marc finit par faire dire à Hérode lui-même: "Jean-Baptiste, à qui j'ai fait trancher la tête, est ressuscité d'entre les morts;" et ces dernières paroles peuvent aussi être prononcées ou de manière à marquer la conviction, ou de manière à faire entendre le doute.
Après avoir rapporté ce fait, saint Luc passe à un autre objet, mais saint Matthieu et saint Marc racontent à cette occasion comment Jean-Baptiste fut mis à mort par Hérode.
1 Matt. XIV, 1, 2.
2 Marc, VI, 14-16.
3 Luc, IX, 7-9.
Gras ajoutés.
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CHAPITRE XLIV. EMPRISONNEMENT ET MORT DE JEAIN-BAPTISTE.
92. Saint Matthieu en effet continue ainsi: "Car, Hérode, ayant fait arrêter Jean-Baptiste, l'avait chargé de fers, et fait jeter en prison, à cause d'Hérodiade femme de son frère," et le reste, jusqu'à l'endroit où il dit : "Ses disciples vinrent ensuite prendre son corps, l'ensevelirent et allèrent porter cette nouvelle à Jésus (1)." C'est ce, que raconte aussi saint Marc et dans le même ordre (2). Mais saint Luc rappelle cet emprisonnement du précurseur, dans une autre occasion, au moment même du baptême de Jésus. Ce qui prouve qu'il raconte ce fait par avance. Car après avoir rapporté que Jean-Baptiste disait du Seigneur qu'il avait le van à la main, qu'il nettoierait son aire, mettrait le bon grain dans son grenier et brûlerait la paille dans un feu éternel, il ajoute aussitôt le fait de l'emprisonnement que saint Jean l'évangéliste démontre clairement n'avoir eu lieu que plus tard ; car il dit qu'après son baptême, Jésus alla en Galilée, y changea l'eau en vin, demeura quelques jours à Capharnaüm, puis revint dans la terre de Judée, où il baptisa beaucoup de monde sur les bords du Jourdain, avant que Jean-Baptiste eût été mis en prison (1).
Qui ne croirait, s'il est peu versé dans la connaissance des saintes lettres, que ce fut en parlant du van et de l'aire nettoyée que saint Jean offensa Hérode, et que celui-ci le fit aussitôt jeter en prison ? La vérité, comme nous l'avons déjà démontré ailleurs, c'est que les choses ne sont pas relatées dans l'ordre où elles se sont accomplies; la preuve en est ici même, dans le texte de saint Luc (2). S'il était vrai que Jean eût été jeté en prison aussitôt après son discours, comment expliquerait-on ce que dit le même évangéliste, que Jésus fut ensuite baptisé par saint Jean? Il est donc manifeste que saint Luc s'est rappelé ce fait accidentellement et en a parlé par anticipation, et avant beaucoup d'autres choses qui ont précédé la détention de Jean-Baptiste.
Ni saint Matthieu ni saint Marc, ne rapportent eux-mêmes ce fait dans l'ordre où il a eu lieu suivant le témoignage même de leurs écrits. Car eux aussi nous disent que Jean-Baptiste ayant été arrêté, le Sauveur alla en Galilée (3) ; c'est après avoir relaté de nombreux miracles opérés par Jésus dans ce pays, qu'ils en viennent à parler de la conviction ou de l'hésitation d'Hérode sur la prétendue résurrection de Jean qu'il avait fait décapiter (4), et des circonstances de l'emprisonnement et de la mort de Jean-Baptiste.
1 Matt. XIV, 3-12.
2 Marc, VI, 17-29.
1 Jean, II, 1-12; III, 22-24.
2 Luc, III, 15-21.
3 Matt. IV, 12 ; Marc, I,14.
4 Matt. XIV,1-2 ; Marc, VI, I4-16.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XLV. MIRACLE DES CINQ PAINS.
93. Après avoir rappelé que la nouvelle de la mort de Jean fut portée à Jésus-Christ, saint Matthieu poursuit ainsi : "Jésus, ayant appris cela, partit de là dans une barque pour se retirer à l'écart dans un lieu désert. Et le peuple l'ayant su, le suivit à pied, de diverses villes. Lors donc qu'il sortit de la barque, il vit une grande foule, il en eut pitié et guérit leurs malades (5)." Selon le texte de l'évangéliste, ceci eut lieu immédiatement après la mort du précurseur. Par conséquent ce qui est raconté plus haut des miracles de Jésus, dont la nouvelle troubla Hérode et lui fit dire : "J'ai fait trancher la tête à Jean," n'arriva que plus tard.
On doit en effet regarder comme postérieures des actions qui, portées à la connaissance d'Hérode par la renommée, le jetaient dans le trouble, et lui donnaient lieu de se demander quel pouvait être celui dont il apprenait de si grandes merveilles, après avoir fait couper la tête à Jean-Baptiste. Mais après avoir parlé du martyre de Jean, saint Marc rapporte que les disciples envoyés par Jésus revinrent près de lui, et lui rendirent compte de ce qu'ils avaient fait et enseigné; qu'ensuite, et lui seul parle de ceci, Jésus leur dit de se reposer un peu à l'écart; qu'il monta sur une barque et se rendit avec eux dans un autre lieu ; qu'une foule nombreuse informée de leur départ s'y trouvait déjà quand ils arrivèrent ; que le Sauveur ayant pitié de cette foule, l'enseigna longuement et que, l'heure étant déjà bien avancée, il nourrit tous ceux qui étaient là avec cinq pains et deux poissons (1).
Les quatre évangélistes ont tous rapporté ce miracle. Saint Luc même, après avoir plus haut, et à l'occasion dont nous avons parlé, raconté ce qui regarde l'emprisonnement de Jean-Baptiste (2); joint ici d'une manière immédiate à ce qu'il vient de dire de l'hésitation d'Hérode touchant la personne du Seigneur, les faits relatés par saint Marc; savoir, que les Apôtres revinrent près de Jésus, lui rendirent compte de ce qu'ils avaient fait, et que, les prenant avec lui, le Sauveur se retira à l'écart dans un lieu désert ; qu'il y vit arriver une foule considérable, à qui il parla du royaume de Dieu et dont il guérit les malades. C'est après cela qu'il raconte aussi le miracle des cinq pains opéré vers le déclin du jour (3).
5 Matt. XIV, 13-14.
1 Marc,VI, 30-44.
2 Luc, III, 20.
3 Luc, IX, 10-17.
À suivre…
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CHAPITRE XLV. MIRACLE DES CINQ PAINS.
94. Quant à saint Jean, qui diffère beaucoup des trois autres, en ce qu'il s'arrête plus aux discours qu'aux actions merveilleuses de Notre-Seigneur, il dit d'abord que Jésus quittant la terre de Juda prit de nouveau le chemin de la Galilée, ce qui doit s'entendre du voyage qu'y fit Jésus, au rapport des trois autres évangélistes, lorsque Jean eut été mis en prison ; après avoir rappelé cela, il rapporte ce que dit le Seigneur en traversant le pays de Samarie et en rencontrant la Samaritaine près du puits de Jacob; il ajoute qu'au bout de deux jours le Sauveur se remit en marche pour venir en Galilée ; qu'il se rendit à Cana où précédemment il avait changé l'eau en vin, et qu'il guérit alors le fils d'un officier (4). Il ne parle pas des autres actions ni des autres discours que les autres évangélistes attribuent à Jésus pendant son séjour en Galilée : mais, ce que n'a relevé aucun d'eux, il dit que le jour de la grande fête des Juifs il se rendit à Jérusalem, et y guérit miraculeusement cet homme qui, depuis trente-huit ans malade, n'avait personne pour le descendre dans la piscine où trouvaient leur guérison ceux qui souffraient de quelque infirmité.
Il rappelle ensuite un long discours de Jésus-Christ à cette occasion; puis il nous le montre passant à l'autre bord de la mer de Galilée, c'est-à-dire du lac de Tibériade, et suivi d'une grande multitude; allant ensuite sur une montagne et s'y reposant avec ses disciples; c'était aux approches de la fête de Pâque pour les Juifs, et c'est alors qu'ayant levé les yeux et voyant une foule très considérable, il la nourrit avec cinq pains et deux poissons (1), ce que rapportent également les autres évangélistes.
Il a donc omis sûrement les faits qui conduisent ceux-ci au récit du miracle dont nous parlons. Mais ces derniers ayant de même gardé le silence sur des choses relatées par lui, on voit que tous sont arrivés au récit de ce miracle comme par des chemins différents ; eux en marchant à-peu-près du même pas, et lui en volant en quelque sorte à la poursuite de ce qu'il y avait de plus relevé dans les discours du Seigneur, et en redisant ce qu'ils omettent, il s'est rencontré avec eux pour retracer la multiplication des cinq pains et pour reprendre bientôt son essor vers des régions supérieures.
4 Jean, IV, 3, 5, 43-54.
1 Jean, V-VI, 13.
À suivre…
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CHAPITRE XLVI. ENCORE DU MIRACLE DES CINQ PAINS.
95. Saint Matthieu, poursuivant son récit, arrive ainsi au fait même de ce miracle. "Or le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent : Ce lieu-ci est désert et il est déjà bien tard; renvoyez-le peuple, afin que tous aillent dans les villages acheter de quoi manger. Mais Jésus leur dit : Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Le nombre de ceux qui mangèrent fut de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants (2)." Arrêtons-nous donc à bien examiner ce fait que nous trouvons dans les quatre récits (3), et où on prétend voir entre eux quelque opposition; et faisons remarquer, afin qu'on s'en souvienne pour tout autre passage semblable, que d'après les règles du langage la différence des expressions n'empêche pas d'énoncer la même pensée et de conserver aux choses la même couleur.
Nous pourrions commencer par saint Matthieu, le premier des évangélistes ; mais il vaut mieux commencer par saint Jean, qui va jusqu'à nommer les disciples avec lesquels Jésus parla de son dessein. Voici comme il raconte le fait : "Jésus donc ayant levé les yeux et voyant qu'une fort grande multitude de peuple était venue à lui, dit à Philippe : Où pourrons-nous acheter assez de pains pour donner à manger à tout ce monde ? Philippe lui répondit: Quand on aurait pour deux cents deniers de pain, cela ne suffirait pas pour leur en donner à chacun un petit morceau. Un autre de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ? Jésus leur dit: Faites-les asseoir. Or il y avait en ce lieu beaucoup d'herbe; et environ cinq mille hommes s'y assirent. Jésus prit donc les pains; et après avoir rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis et on leur donna de même.des deux poissons autant qu'ils en voulurent. Après qu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde. Et les ayant amassés ils emplirent douze corbeilles des morceaux qui étaient restés des cinq pains d'orge, après que tous en eurent mangé (1)."
2 Matt. XIV, 15-21.
3 Marc, VI, 34-44 ; Luc IX, 12-17.
1 Jean, VI, 6-13.
Gras ajoutés.
À suivre…
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Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLVI. ENCORE DU MIRACLE DES CINQ PAINS.
96. On n'a pas à rechercher ici ce qu'étaient ces pains, puisque l'Évangéliste déclare que c'étaient des pains d'orge ; quoique là dessus les trois autres gardent le silence. Il ne s'agit pas non plus d'examiner ce qu'il ne dit pas des femmes et des petits enfants, puisque selon saint Matthieu, ils étaient en dehors des cinq mille hommes. Si l'un rapporte une chose dont l'autre a négligé de parler, y a-t-il là une difficulté ? Non, et c'est ce qui doit être maintenant hors de doute, ce qu'il faut tenir comme un principe toutes les fois que le cas se présente. Mais comment sont vrais de tout point les quatre récits dans ce qu'ils contiennent ? et n'est-il aucun détail qui les mette en contradiction les uns avec les autres ? voilà une question que nous avons à traiter.
Si en effet, comme le rapporte saint Jean, Notre-Seigneur, après avoir vu la multitude, demanda à Philippe, pour le tenter, où il serait possible d'avoir des vivres pour tout ce monde ; on peut se demander comment les trois autres peuvent avoir, raison de raconter que d'abord les disciples de Jésus-Christ lui dirent de renvoyer la foule, afin que chacun pût acheter des aliments dans les lieux voisins, et que le Seigneur répondit, d'après saint Matthieu : "Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent; donnez-leur à manger vous-mêmes." Ces mots: "Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent," n'ont pas été reproduits par saint Marc ni par saint Luc. Et c'est ici toute la différence entre eux et saint Matthieu.
Ce serait donc après cela que le Sauveur aurait jeté les yeux sur la multitude et dit à Philippe ce que nous lisons dans le seul texte de saint Jean. Quant à la réponse que celui-ci prête à Philippe, saint Marc la présente comme ayant été faite par les disciples; pour faire entendre que cet Apôtre exprimait alors la pensée commune; à moins que, comme il arrive très-fréquemment, les trois évangélistes n'aient employé le nombre pluriel pour le singulier. Ainsi donc, ces paroles de Philippe, dans saint Jean: "Eût-on pour deux cents deniers de pain, cela ne suffirait pas pour leur en donner à chacun un petit morceau," reviennent à celles-ci de saint Marc : "Allons acheter pour deux cents deniers de pain, et nous leur donnerons à manger." La question de Jésus : "Combien avez-vous de pains ?" que l'on trouve encore dans saint Marc, n'a pas été rappelée par les autres ; et l'observation que fit André, selon l'évangéliste saint Jean, qu'il y avait là cinq pains et deux poissons, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc l'attribuent aux disciples par l'emploi du nombre pluriel au lieu du nombre singulier.
De plus saint Luc réunit dans une même phrase la réponse de Philippe et celle d'André. Car ces mots : "Nous n'avons que cinq pains et deux poissons," sont la réponse du dernier ; et ces autres : "A moins peut-être que nous n'allions acheter des vivres à tout ce peuple," paraissent être la réponse de Philippe , sauf les deux cents deniers, qui peuvent venir d'André. Car après avoir dit : "Il se trouve parmi nous un petit enfant qui a cinq pains et deux poissons", il ajouta : "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ? " ce qui, revient aux paroles : "A moins peut-être que nous n'allions acheter des vivres pour toute cette multitude."
Gras ajoutés.
À suivre…
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De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLVI. ENCORE DU MIRACLE DES CINQ PAINS.
97. D'un pareil accord pour le fond et les pensées, avec une telle différence dans les termes, résulte assez clairement pour nous l'utile leçon de ne chercher dans les mots que l'intention de ceux qui parlent. C'est à faire bien ressortir cette intention que doivent s'appliquer tous les narrateurs véridiques, quand ils racontent quelque chose soit d'un homme, soit de Dieu, soit d'un ange. Leurs discours, en effet, peuvent la révéler sans présenter entre eux aucune divergence pour le fond.
Gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XLVI. ENCORE DU MIRACLE DES CINQ PAINS.
98. Mais voici une observation qu'il ne faut pas négliger, afin de prévenir l'embarras que pourrait éprouver le lecteur, dans la rencontre de tout autre passage semblable. D'après saint Luc on fit asseoir la foule par groupes de cinquante, et d'après saint Marc par groupes de cinquante et par groupes de cent. La difficulté ne peut venir ici de ce que l'un rapporte tout ce qui s'est fait et l'autre une partie seulement. Celui en effet qui fait mention des groupes de cent personnes en même temps que des groupes de cinquante, dit ce que l'autre a passé sous silence; il n'y a donc point de contradiction. Mais il y en aurait eu quelque apparence, si l'un, par exemple, avait seulement parlé des groupes de cinquante et l'autre seulement des groupes de cent, et il ne serait pas facile de voir dans leurs récits deux choses également véritables relatées séparément. Qui n'avouera néanmoins qu'il faudrait en venir à cette conclusion après un examen plus attentif ? J’ai fait cette remarque, parce que l'on rencontre souvent dans les Évangélistes des passages semblables que le défaut de réflexion et la précipitation font regarder comme opposés, quand ils ne le sont aucunement.
Gras et souligné ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XLVII. JÉSUS MARCHANT SUR LES EAUX.
99. Saint Matthieu continue ainsi : "Après avoir congédié la foule, Jésus monta sur une montagne pour y prier seul. La nuit venue, il y était donc seul. Cependant la barque était fort battue des flots au milieu de la mer, parce que le vent était contraire. Mais à la quatrième veille de la nuit, Jésus vint à eux marchant sur la mer. Lorsqu'ils le virent ainsi marcher sur l'eau, ils furent troublés et s'écrièrent : C'est un fantôme," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Ils s'approchèrent de lui et l'adorèrent en disant : Vous êtes vraiment le Fils de Dieu (1)."
Saint Marc rapporte aussi le même fait après ce qu'il a raconté du miracle des cinq pains. "Le soir étant venu, dit-il, la barque se trouvait au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre. Et voyant qu'ils avaient beaucoup de mal à ramer, parce que le vent leur était contraire (2). etc" C'est un récit pareil à celui de saint Matthieu, sauf qu'il ne dit rien de Pierre marchant sur les eaux, et qu'il nous apprend qu'en y marchant Jésus voulait dépasser ses disciples. Cette circonstance ne doit embarrasser personne. En effet comment put venir aux disciples l'idée d'une pareille intention, si ce n'est parce que Jésus allait d'un autre côté, affectant de passer devant eux comme devant des étrangers, dont il était alors si peu connu qu'ils le prenaient pour un fantôme ? Mais quel homme aurait l'esprit assez lourd pour prendre ceci à la lettre ? Du reste, quand les disciples troublés poussèrent un cri, Jésus vint à eux en leur disant : "Ayez confiance ; c'est moi ; ne craignez point." Comment donc voulait-il passer outre, lui qui les rassura de telle sorte ? Ne voit-on pas qu'en s'éloignant, il avait dessein de leur faire jeter ce cri, qui l'obligeait à les secourir ?
1 Matt. XIV, 28-33.1.
2 Marc, VI, 47-51.
Gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XLVII. JÉSUS MARCHANT SUR LES EAUX.
100. Jusque là nous retrouvons encore l'Évangéliste saint Jean avec saint Matthieu et saint Marc. Lui aussi, après avoir raconté le miracle des cinq pains, parle de la barque luttant contre les flots, et du Seigneur marchant sur les eaux. Car voici comment il continué sa narration: "Jésus donc, sachant qu'ils devaient venir pour l'enlever et le faire roi, s'enfuit de nouveau sur la montagne, sans être accompagné de personne. Le soir venu, ses disciples descendirent près de la mer et montant dans une barque ils passèrent de l'autre côté à Capharnaüm : il était déjà nuit, et Jésus n'était pas encore revenu à eux. Cependant le vent soufflait avec violence, et la mer s'enflait (3) etc."
On ne peut trouver ici l'apparence d'aucune contradiction. Il est vrai, dans le texte de saint Matthieu nous ne voyons le Sauveur gagner le haut de la montagne pour y prier seul, que quand il eut congédié la foule, au lieu que d'après saint Jean, il y était déjà lorsqu'il vit cette multitude et qu'il la nourrit avec cinq pains. Mais comme saint Jean nous dit lui-même qu'après ce miracle, il s'enfuit sur la montagne pour ne pas être enlevé par la foule qui voulait le faire roi ; n'est-il pas évident que du haut de la montagne où il se trouvait d'abord il était descendu sur un terrain plus uni quand les disciples distribuèrent les pains à tout le peuple ?
On comprend ainsi comment Jésus put regagner le sommet de la montagne, comme le disent saint Marc et saint Jean. Pourtant nous lisons dans saint Matthieu : "Jésus monta" et dans saint Jean: "il s'enfuit;" mais ces deux termes ne seraient opposés l'un à l'autre que si en fuyant il n'eût pas monté. Il n'y a pas plus de contradiction quand saint Matthieu écrit: "Il monta sur la montagne pour y prier seul," et que saint Jean nous fait lire : "Ayant su qu'on allait venir pour le faire roi il s'enfuit de nouveau sur la montagne." Car le motif énoncé par l'un n'exclut pas le motif indiqué par l'autre. Aussi bien le Seigneur, qui a transformé en lui notre corps vil et abject pour le rendre conforme à son corps glorieux (1), nous apprenait en joignant ainsi la prière à la fuite, qu'il y a pour nous grande raison de prier quand il y a raison de fuir.
Si saint Matthieu représente d'abord le Sauveur donnant l'ordre aux disciples d'entrer dans une barque afin de passer de l'autre côté du lac, pendant que lui même renverrait la foule, et nous le montre ensuite allant sur la montagne pour y prier seul ; et si saint Jean le montre fuyant d'abord sur la montagne, et dit seulement ensuite : "Le soir étant venu, ses disciples descendirent près de la mer, et entrant dans une barque ils passèrent de l'autre côté," etc; il n'y a non plus aucune contradiction. Car ne voit- on pas que pour abréger, et comme on fait souvent, l'Évangéliste rappelle le voyage commandé aux disciples par Jésus avant sa fuite sur la montagne ? Mais comme il ne dit pas qu'il reprend ici un détail antérieur, et surtout parce qu'il l'énonce en deux mots, ceux qui lisent ce passage croient facilement que les choses ont été faites suivant l'ordre où elles sont exposées. C'est encore ainsi qu'après avoir dit que les disciples étant montés sur une barque passèrent au delà de la mer et se rendirent à Capharnaüm, cet Évangéliste raconte que le Sauveur vint à eux marchant sur les eaux lorsqu'ils ramaient péniblement: tandis que, sans aucun doute ce fut dans le cours même de leur navigation vers Capharnaüm.
3 Jean, VI, 15-21.
1 Philip. III, 21.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XLVII. JÉSUS MARCHANT SUR LES EAUX.
101. Mais après avoir rapporté le miracle des cinq pains, saint Luc passe à un sujet différent et ne suit plus le même ordre. Il ne parle pas de la barque ni de Jésus marchant sur les eaux; et après avoir dit: "Ils en mangèrent et furent rassasiés; et l'on emporta douze paniers des morceaux qui restaient," il ajoute : "Un jour qu'il était seul en prière, ayant ses disciples avec lui, il leur demanda : Qui le peuple dit-il que je suis (1)?" Ainsi donc tandis que les trois autres Évangélistes nous montrent Jésus marchant sur les eaux pour rejoindre ses disciples qui étaient dans la barque, saint Luc rapporte d'autres faits. Si en disant: "Jésus étant seul en prière," il paraît reprendre comme saint Matthieu qui écrit: "Jésus monta sur une montagne pour prier seul," ne croyons pas pour cela qu'il s'agisse ici de la même montagne où le Seigneur demanda: "Qui dit-on que je suis." Il est hors de doute que ce le fut ailleurs, puisqu'en priant seul Jésus avait pourtant ses disciples avec lui. Car saint Luc en disant qu'alors il était seul, n'exclut pas les disciples, comme saint Matthieu et saint Jean qui nous les montrent quittant le Sauveur pour le précéder à l'autre bord de la mer. Aussi cet Évangéliste ajoute formellement: "Et les disciples étaient avec lui." Si donc il le dit seul, c'est pour faire entendre que la foule ne l'accompagnait pas.
1 Luc, IX, 17-18
gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XLVIII. TERRE DE GÉNÉSAR ET CAPHARNAÜM.
102. On lit ensuite dans saint Matthieu : "Ayant passé l'eau ils vinrent dans la terre de Génésar. Or, les habitants ayant connu que c'était Jésus, envoyèrent dans tout le pays et on lui présenta tous les malades en le priant de permettre qu'ils touchassent seulement la frange de sa robe. Et tous ceux qui la touchèrent furent guéris. Alors des Scribes et des Pharisiens venus de Jérusalem s'approchèrent de lui en disant: Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne se lavent pas les mains quand ils prennent leur repas," et le reste, jusqu'aux mots : "Un homme n'est pas souillé pour manger sans s'être lavé les mains (2)." Saint Marc raconte les mêmes choses sans la moindre contradiction (3). Partout où l'un diffère de l'autre pour les termes, il ne laisse pas d'exprimer la même pensée. Mais tout occupé selon sa coutume des discours du Seigneur, saint Jean quitte la barque où le Sauveur était monté en marchant sur les eaux, et après avoir parlé de son arrivé à l'autre bord, il rapporte un entretien long et véritablement divin, dont le récent miracle des pains fournit l'occasion, puis il porte son vol de différents côtés (1).
Cependant, si différente qu'elle soit, sa marche ne contredit point l'ordre indiqué par saint Marc et saint Matthieu. Quelle difficulté de comprendre que le Sauveur guérit les malades dont parlent ces deux Évangélistes et qu'il adresse au peuple venu à sa suite sur l'autre bord les discours reproduits par saint Jean, puisque la ville de Capharnaüm, vers laquelle naviguaient les disciples, selon le texte du même saint Jean, est tout proche du lac de Génésareth, sur les bords duquel ils débarquèrent, d'après saint Matthieu ?
2 Matt, XIV, 34 ; XV, 20.
3 Marc, VII, 1-23.
1 Jean, VI, 22-72
À suivre…
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CHAPITRE XLIX. LA CHANANÉENNE.
103. Après avoir rapporté le discours où Notre-Seigneur répond aux Pharisiens sur le reproche de ne se pas laver les mains avant le repas, saint Matthieu continuant à suivre dans son récit l'ordre des faits, comme la transition l’indique, reprend de cette manière : "Jésus, étant parti de ce lieu-là , se retira du côté de Tyr et de Sidon. Or, une femme Chananéenne, qui était sortie de ce pays, s'écria : Seigneur, Fils de David, ayez pitié de moi; ma fille est misérablement tourmentée par le démon. Mais il ne lui répondit pas un seul mot; " et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "O femme, ta foi est grande ; qu'il te soit fait comme tu le désires. Et sa fille fut guérie à l'heure même (2)." Saint Marc rapporte ce trait sans une ombre de contradiction, et en suivant le même ordre. Toute la différence, c'est que d'après son récit, le Sauveur était entré dans une maison lorsque cette femme vint le prier pour sa fille (3).
On pourrait s'expliquer facilement que saint Matthieu n'ait rien dit de cette circonstance, tout en rapportant le même fait. Mais comme il nous apprend que les disciples disaient au Seigneur : "Renvoyez-la, car elle crie derrière nous; " ne faut-il pas conclure que cette femme suivait Jésus sur le chemin en faisant entendre ses cris suppliants? Comment alors était-ce dans une maison ? Il est vrai, saint Marc nous dit de la Chananéenne qu'elle entra où était Jésus, après avoir dit que lui-même était entré dans une maison. Mais le texte de saint Matthieu porte que Jésus "tout d'abord ne répondit pas un seul mot."
Ce qui donne à connaître une chose qui n'est rappelée ni par l'un ni par l'autre ; c'est que sans rompre son silence, Notre-Seigneur sortit de cette maison. Dès lors tout le reste se lie facilement dans les deux récits et n'offre plus la moindre opposition . Car saint Marc, en faisant répondre au Seigneur qu'il ne fallait pas jeter aux chiens le pain des enfants, laisse place aux particularités relevées par saint Matthieu, savoir, que les disciples intercèdent pour cette femme, que Jésus répondit n'avoir été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël , qu'elle-même vint près de lui, le suivit, l'adora et lui dit : "Seigneur, aidez-moi ." A partir de là, ce sont les mêmes circonstances dans les deux Évangélistes.
2 Matt. XV, 21-28.
3 Marc, VII, 24-30.
Gras ajoutés.
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CHAPITRE L. MULTIPLICATION DES SEPT PAINS.
104. Saint Matthieu reprend ainsi : "Jésus étant sorti de là, vint près de la mer de Galilée ; puis ayant gagné le haut d'une montagne il s'y assit. Or de grandes troupes de peuple vinrent le trouver, amenant des muets, des aveugles, des boiteux, des estropiés et beaucoup d'autres malades, qui furent mis aux pieds de Jésus; et il les guérit. De sorte que tout le monde était dans l'admiration en voyant que les muets parlaient, que les boiteux marchaient, que les aveugles avaient recouvré la vue; et tous rendaient gloire au Dieu d'Israël. Mais Jésus ayant appelé ses disciples leur dit: J'ai compassion de ce peuple, parce que déjà depuis trois jours il demeure avec moi et n'a rien à manger;" et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons: "Or le nombre de ceux qui mangèrent était de quatre mille hommes, sans compter ni les petits enfants ni les femmes (1)." Ce nouveau miracle d'une foule nombreuse nourrie avec sept pains et quelques poissons, saint Marc le rappelle aussi, et à-peu-près dans le même ordre; seulement il en fait précéder le récit d'une action dont nul autre que lui ne dit rien; c'est la guérison du sourd à qui Notre Seigneur ouvrit les oreilles en crachant et en disant : "Effeta, ouvrez-vous (1)."
1 Matt. XV, 29-38.
1 Marc, VII, 31 ; VIII, 9.
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CHAPITRE L. MULTIPLICATION DES SEPT PAINS.
105. A propos de ce miracle des sept pains, raconté par deux évangélistes, saint Matthieu et saint Marc, il ne sera pas inutile de faire observer, que si l'un d'eux en avait parlé sans avoir rien dit de celui des cinq pains, on le croirait en opposition avec les autres. Aussi bien qui n'aurait pas alors l'idée qu'il s'agit d'un seul et même fait, rapporté d'une manière inexacte soit par un des évangélistes, soit par les trois autres, soit par tous en même temps ?
Qui ne croirait que celui-ci a dit sept pains au lieu de cinq, ou ceux-là cinq au lieu de sept, ou enfin que tous ensemble ont voulu tromper ou ont été trompés par une mémoire infidèle ? Pour le nombre des corbeilles, les uns en comptant douze et l'autre sept, on estimerait aussi qu'il y a contradiction; on ferait de même pour le nombre des hommes qui, suivant les uns, serait de cinq mille et suivant l'autre de quatre mille. Mais, comme les évangélistes qui ont rapporté ce miracle des sept pains n'ont pas omis celui des cinq pains, il ne peut y avoir de difficulté, et tout le monde comprend qu'il s'agit d'un double miracle. Nous faisons cette remarque, afin que si l'on trouve ailleurs, entre deux évangélistes, et pour certains faits de la vie du Sauveur, la même apparence de contradiction et qu'il soit également impossible de la faire disparaître, on comprenne qu'il s'agit alors de deux choses distinctes, dont chacune est rapportée séparément par un des écrivains sacrés. C'est ce que nous avons déjà dit plus haut, quand il a été question des groupes de cinquante et de cent personnes, parce que là aussi nous pourrions croire opposés l'un à l'autre les évangélistes, si l'un en faisant mention des groupes de cent, ne parlait encore des groupes de cinquante (2).
1 Marc, VII, 31 ; VIII, 9.
2 Ci-dessus, ch. 46. ( https://messe.forumactif.org/t2795p90-livre-second-de-l-incarnation-a-la-cene-nul-desaccord-entre-les-evangelistes-saint-augustin#65050 )
Gras ajoutés.
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CHAPITRE LI. LE PROPHÈTE JONAS.
106. Saint Matthieu dit ensuite: "Après cela Jésus ayant renvoyé le peuple monta sur une barque et vint au pays de Magédan," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons: "Cette nation corrompue et adultère demande un prodige, et il ne lui en sera point donné d'autre que celui du prophète Jonas (3)1.
C'est une réponse que déjà nous avons trouvée dans le texte du même saint Matthieu (1). Il faut donc rappeler de plus en plus que Notre-Seigneur a souvent redit les mêmes choses, et que si certaine circonstance est tellement opposée à une autre, c'est qu'il s'agit d'une pensée exprimée plusieurs fois. Saint Marc suit le même ordre; et, après avoir parlé du miracle des sept pains, lui aussi rapporte ce que dit ici saint Matthieu. Il est vrai que dans ce dernier nous lisons Magédan et non Dalmanutha , comme dans quelques exemplaires de saint Marc (2).
Mais il ne faut pas douter que les deux noms désignent le même lieu; puisque la plupart des exemplaires de saint Matthieu ne portent que Magédan. Si dans la réponse du Sauveur à ceux qui lui demandaient un prodige dans le ciel, saint Marc ne parle pas de Jonas, comme saint Matthieu; s'il dit simplement: "Il ne lui sera point donné de prodige;" à il n'y a pas là non plus matière à difficulté; car il s'agit d'un prodige tel qu'on le demandait, c'est-à-dire un prodige dans le ciel; et ce qui regarde Jonas, n'est qu'une omission.
3 Matt. XV, 391; XVI, 4.
1 Matt. XII, 39.
2 Marc, VIII, 10.12.
1 Magédan ou Magdala, comme le porte le texte grec, aujourd’hui el-Medjdel, sur la rive occidentale du lac de Tibériade, à l’extrémité méridionale de la plaine de Génésareth, à une heure et un quart environ au nord de Tibériade. On croit que c’est là où était née Marie-Madeleine et que c’est de Magdala qu’elle tirait son surnom.
Notes de Glaire ajoutées.
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CHAPITRE LII. LEVAIN DES PHARISIENS.
107. Saint Matthieu continue ainsi: "Et les laissant là il s'en alla. Or ses disciples, étant passés à l'autre bord du lac, avaient oublié de prendre des pains. Jésus leur dit: Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens," et le reste, jusqu'à ces mots: "Alors ils comprirent que Jésus ne leur avait pas dit de se garder du levain qui entre dans le pain, mais de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens (3)." Le texte de saint Marc nous offre le même récit dans le même ordre (4).
3 Matt. XVI, 5-12.
4 Marc, VIII, 13-21.
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CHAPITRE LIII. CONFESSION DE SAINT PIERRE.
108. Saint Matthieu poursuit ainsi: "Or Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe; et il demanda à ses disciples: Que disent les hommes du Fils de l'homme? Et les disciples lui répondirent: Les uns disent que c'est Jean-Baptiste; les autres, Elie; les autres, Jérémie ou quelqu'un des prophètes;" et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons: "Ce que vous délierez sur la terre sera aussi délié dans le ciel (1)." Saint Marc rapporte le même événement à-peu-près dans le même ordre; mais il expose auparavant un fait dont lui seul a parlé, savoir, la guérison de cet aveugle qui répondit au Seigneur: "Je vois les hommes qui marchent semblables à des arbres (2)."
C'est après avoir parlé du miracle des cinq pains que saint Luc rappelle à sa mémoire et rapporte la question du Sauveur et la réponse des disciples (3). Mais en suivant l'ordre de ses souvenirs, il ne contredit nullement l'ordre des autres évangélistes. On pourrait, il est vrai, se demander comment, d'après saint Luc, le Seigneur priait et se trouvait seul avec ses disciples quand il leur demanda ce que les hommes disaient de lui; tandis que selon saint Marc; ce fut dans le chemin. Mais ceci n'est une difficulté que pour celui qui ne prie jamais en marchant.
1 Matt. XVI, 13-19.
2 Marc, VIII, 22-29.
3 Luc, IX, 18-20.
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CHAPITRE LIII. CONFESSION DE SAINT PIERRE.
109. J'ai, du reste, il m'en souvient, averti plus haut le lecteur de ne pas croire que Simon reçut le nom de Pierre quand Jésus lui dit : "Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise (4)." Car il est certain que ce nom lui fut donné lorsque, d'après saint Jean, le Sauveur lui dit: "Tu t'appelleras Céphas ; c'est-à-dire Pierre (5)." Il ne faut donc pas croire non plus que ce fut au moment où en rappelant les noms des douze Apôtres, saint Marc dit que Jacques et Jean furent appelés fils du tonnerre (6). C'est bien là que l'évangéliste parle du nom de Pierre donné à Simon ; mais il le dit parce qu'il se le rappelle et non parce que le fait vient d'avoir lieu.
4 Matt. XVI, 18.
5 Jean, I, 42.
6 Marc, III, 16-19.
Gras ajoutés.
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LIV. LA PASSION PRÉDITE.
110. On lit ensuite dans saint Matthieu : "En même temps Jésus défendit à ses disciples de dire à personne qu'il fût le Christ. Puis il commença à leur découvrir qu'il lui fallait aller à Jérusalem et y souffrir beaucoup de la part des anciens et des docteurs de la loi; " et le reste, jusqu'à ces mots : "Tu ne goûtes point les choses de Dieu, mais celles des hommes (7)." Saint Marc et saint Luc rapportent les mêmes faits dans le même ordre (8) : seulement saint Luc omet de dire que Pierre s'opposa à la passion du Christ.
7 Matt. XVI, 20-23.
8 Marc, VIII, 30-33 ; Luc, IX, 21, 22.
Gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE LV. SUIVRE LE CHRIST.
111. Saint Matthieu continue ainsi : "Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, se charge de sa croix et me suive;" et le reste, jusqu'à ces mots: "Et il rendra à chacun selon ses œuvres (1)." Ceci est exposé par saint Marc dans le même ordre: mais cet évangéliste ne relève pas ce qui est dit du Fils de l'homme, qu'il doit venir avec ses anges pour rendre à chacun selon ses œuvres. Pourtant il nous fait lire dans le discours de Notre-Seigneur : "Quiconque aura rougi de moi et de ma parole au milieu de cette nation adultère et corrompue, le Fils de l'homme de son côté rougira de lui quand il viendra dans sa gloire accompagné des saints anges (2)." Ce qu'on peut rapporter à cette pensée du texte de saint Matthieu : "Alors le Fils de l'homme rendra à chacun selon ses œuvres." Saint Luc aussi rapporte tout cela dans le même ordre. Il diffère peu de saint Marc dans la forme du récit et quant au fond il n'en diffère nullement (3).
1 Matt. XVI, 24-27.
2 Marc, VIII, 34-38
3 Luc, IX, 23-26.
Gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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