LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XXX. MISSION CONFIÉE AUX DISCIPLES.
73. Il faut donc penser que le Seigneur Jésus recommanda également aux Apôtres et de ne point porter de bâton et de ne porter autre chose que le bâton. Aussi bien, après leur avoir dit, suivant saint Matthieu : "Ne possédez ni or, ni argent, ni monnaie quelconque dans votre bourse; n'ayez pour le voyage ni sac, ni deux habits, ni souliers, ni bâton; il ajouta aussitôt : "Celui, en effet, qui travaille mérite qu'on le nourrisse." D'où l'on voit suffisamment la raison pour laquelle il disait aux Apôtres de ne rien posséder et de ne rien porter avec eux. Il ne prétendait pas que l'usage des choses du monde ne fût point nécessaire à la vie, mais il les envoyait de manière à leur faire connaître que de la part des croyants évangélisés par eux toutes ces choses leurs seraient dues; qu'ils y auraient droit comme le guerrier à sa solde, comme le vigneron au fruit de la vigne qu'il a plantée, comme le berger au lait du troupeau. C'est pourquoi a dit saint Paul. "Qui fait la guerre à ses dépens ? Qui plante une vigne et ne mange pas de son fruit ? Qui paît un troupeau sans en recueillir le lait (1) ?"
L'Apôtre parle ici des choses nécessaires aux prédicateurs de l'Évangile; aussi dit-il un peu plus loin : "Si nous avons semé en vous des biens spirituels, est-ce une grande chose que nous moissonnions de vos biens temporels ? Si d'autres usent de ce pouvoir à votre égard, pourquoi pas plutôt nous-mêmes ? Mais nous n'en avons point usé." Ces dernières paroles montrent que Jésus-Christ n'a pas voulu faire aux prédicateurs de l'Évangile, une obligation de vivre uniquement sur les offrandes des fidèles instruits par eux de la sainte doctrine ; autrement l'Apôtre, vivant du travail de ses mains pour n'être à charge à personne, aurait agi contre ce précepte (2); mais qu'il a entendu leur donner un droit qui implique un devoir pour autrui.
Or, QUAND LE SEIGNEUR COMMANDE UNE CHOSE, IL Y A PÉCHÉ DE DÉSOBÉISSANCE À NE PAS LA FAIRE; MAIS QUAND IL ACCORDE UN DROIT, ON EST LIBRE DE L'EXERCER OU D'Y RENONCER. Jésus-Christ donc en adressant aux disciples les paroles qui nous occupent, faisait ce que nous explique mieux le même Apôtre quand il dit un peu plus loin : "Ne savez-vous pas que les ministres du temple mangent de ce qui est dans le temple, et que ceux qui servent à l'autel ont part aux oblations de l'autel ? Ainsi le Seigneur a établi que les prédicateurs de l'Évangile vivraient de l'Évangile. Pour moi cependant je n'ai usé d'aucun de ces droits (1)." En disant que le Seigneur l'a ainsi établi, mais que lui-même n'en a point profité, il montre qu'il s'agit d'un simple droit pour les ministres de l'Évangile, et non pas d'une obligation.
1 Cor. IX, 7.
2 I Thess. II, 9
1 I Cor. IX, 7-15
Gras et majuscules ajoutés
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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CHAPITRE XXX. MISSION CONFIÉE AUX DISCIPLES.
74. En établissant donc, comme le dit l’Apôtre, que les prédicateurs de l'Évangile devraient vivre de l'Évangile, Jésus-Christ voulait faire comprendre aux douze disciples qu'il leur fallait BANNIR TOUTE INQUIÉTUDE, et ne posséder ni ne porter absolument rien des choses de la vie. C'est pour cela qu'il dit : "pas même un bâton," mettant ainsi en relief ce principe que les fidèles doivent tout procurer à leurs ministres, qui du reste ne demandent rien de superflu. Et en ajoutant : "L'ouvrier en effet mérite qu'on le nourrisse," il déclarait parfaitement pourquoi et dans quel but il tenait ce langage.
D'un autre côté c'est ce droit qu'il désigne sous le nom de verge lorsqu'il dit de "ne rien porter en chemin que le bâton seulement;" on pourrait exprimer ainsi brièvement sa pensée : Ne portez rien avec vous des choses nécessaires, pas même de bâton, ou : le bâton seulement. Pas même de bâton, c'est-à-dire : pas même les moindres choses, ou: seulement le bâton, c'est-à-dire le pouvoir que je vous donne et en vertu duquel ce que vous ne porterez pas ne vous fera point défaut. Le Sauveur a donc recommandé également les deux choses. Mais parce que le même Évangéliste ne les a pas mentionnées dans son récit, on est porté à voir de l'opposition entre la défense de porter le bâton pris dans un sens, et l'ordre de ne porter que le bâton, pris dans un autre sens; or notre explication doit éloigner cette idée.
Gras et majuscules ajoutés
À suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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75. Ainsi encore, en disant aux Apôtres, comme nous le lisons dans saint Matthieu, de ne point porter de chaussure avec eux, Jésus leur défendait le soin de s'en procurer et la crainte d'en manquer. C'est ainsi encore qu'il faut comprendre ce qui regarde les deux tuniques. Le Sauveur ne voulait pas qu'ils se missent en peine d'en porter une seconde pour remplacer au besoin celle dont ils étaient couverts, puisqu'ils avaient le pouvoir de s'en procurer autrement. Dès lors, si d'après le texte de saint Marc les Apôtres devaient avoir aux pieds des sandales ou des semelles, c'était pour faire ressortir une signification mystique de cette chaussure.
Comme la semelle ne couvre pas le pied, mais l'empêche de toucher la terre; ainsi l'Évangile ne devait ni se cacher, ni s'appuyer sur des moyens terrestres . De même encore, s'il leur est défendu, non de porter ou d'avoir deux tuniques mais d'en être revêtus, n'était-ce pas pour les avertir de n'agir point avec dissimulation, mais toujours avec simplicité ?
Gras ajoutés
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76. Ainsi donc il ne faut nullement douter que le Sauveur a parlé tantôt dans le sens propre et tantôt en termes figurés et que chacun des évangélistes a rappelé telles ou telles de ses paroles; que quelques-unes ont été relatées par deux, par trois, ou même par les quatre, sans que néanmoins tout ce qu'a dit ou fait le Sauveur ait été écrit par eux. Si l'on pense que le Seigneur n'a pu dans un même discours employer le langage propre et le langage figuré, qu'on veuille bien considérer le reste de ses paroles; on verra combien ce sentiment est téméraire et accuse d'ignorance. Pour ne citer qu'un exemple qui me revient à l'esprit, il faudrait donc ne prendre qu'au figuré le précepte de l'aumône et les autres qui le suivent, parce que la main gauche doit ignorer ce que fait la main droite (1).
1 Matt. VI, 3.
Gras ajoutés
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77. Je fais, du reste, observer encore une fois, ce que le lecteur doit se rappeler constamment, pour n'avoir pas souvent besoin qu'on le lui rappelle, que dans ses discours, Jésus-Christ a répété plusieurs choses qu'il avait déjà dites ailleurs. Par conséquent, si la suite du récit n'est pas la même entre deux évangélistes, on ne doit pas croire à une contradiction ; on doit comprendre au contraire qu'il s'agit d'instructions données et répétées dans plusieurs circonstances . Cette observation regarde non-seulement les discours, mais encore les actions du Sauveur; car rien n'empêche d'admettre qu'un même fait se soit produit deux fois ; et il y aurait une vanité sacrilège à calomnier l’Évangile en refusant d'admettre la réitération d'un acte, quand personne ne prouve qu'il n'a pu se reproduire.
Gras ajoutés
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CHAPITRE XXXI. DISCIPLES DE JEAN-BAPTISTE ENVOYÉS A JÉSUS.
78. Saint Matthieu continue ainsi son récit : "Après que Jésus eut achevé les instructions qu'il donnait à ses douze disciples," dit-il, "il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs villes."
"Or Jean ayant appris, dans le prison, les œuvres de Jésus-Christ, envoya deux de ses disciples lui dire : Êtes-vous celui qui doit venir, ou est-ce un autre que nous attendons ?" et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Mais la sagesse a été justifiée par ses enfants (1)." Nous trouvons dans saint Luc tout ce passage relatif à Jean-Baptiste, aux deux disciples qu'il envoya à Jésus, à la réponse que reçurent ces envoyés et ce que dit le Sauveur après leur retour au sujet de Jean (2). Ce n'est pas pourtant dans le même ordre, et l'on ne voit pas lequel des deux garde ici l'ordre des événements, lequel s'attache à l'ordre de ses souvenirs.
1 Matt. XI, 1-19.
2 Luc, VII, 18-35.
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CHAPITRE XXXI. DISCIPLES DE JEAN-BAPTISTE ENVOYÉS A JÉSUS.
78. Saint Matthieu continue ainsi son récit : "Après que Jésus eut achevé les instructions qu'il donnait à ses douze disciples," dit-il, "il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs villes."
"Or Jean ayant appris, dans le prison, les œuvres de Jésus-Christ, envoya deux de ses disciples lui dire : Êtes-vous celui qui doit venir, ou est-ce un autre que nous attendons ?" et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Mais la sagesse a été justifiée par ses enfants (1)." Nous trouvons dans saint Luc tout ce passage relatif à Jean-Baptiste, aux deux disciples qu'il envoya à Jésus, à la réponse que reçurent ces envoyés et ce que dit le Sauveur après leur retour au sujet de Jean (2). Ce n'est pas pourtant dans le même ordre, et l'on ne voit pas lequel des deux garde ici l'ordre des événements, lequel s'attache à l'ordre de ses souvenirs.
1 Matt. XI, 1-19.
2 Luc, VII, 18-35.
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CHAPITRE XXXII. MENACES ADRESSÉES A PLUSIEURS CITÉS.
79. Saint Matthieu dit ensuite : "Alors il commenta à reprocher aux villes où il avait opéré plusieurs de ses miracles, de n'avoir point fait pénitence," et le reste, jusqu'aux mots : "Le pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi au jour du jugement (3)." Saint Luc rappelle ces reproches dans la suite d'un discours prononcé par le Sauveur (4) ; ce qui fait croire qu'il retrace plus probablement les paroles de Jésus-Christ suivant l'ordre où elles ont été dites, et que saint Matthieu écrit, ici, suivant l'ordre de ses souvenirs.
Estime-t-on que, dans ce texte de saint Matthieu : " Alors Jésus commença à faire des reproches aux villes," le terme "alors," doit s'entendre d'un moment précis et non du temps plus long durant lequel s'étaient faites ou dites plusieurs autres choses ? On est obligé de croire que les mêmes reproches ont été adressés deux fois . Aussi bien, puisque nous voyons dans un même évangéliste certaines choses dites deux fois par le Seigneur : comme dans saint Luc, la prescription relative au sac et à tous les objets que les Apôtres ne devaient point porter en chemin (5); faut-il s'étonner qu'une autre pensée pareillement exprimée deux fois, se trouve à sa place dans les récits des deux évangélistes ? car si l'ordre parait différent, c'est que chacun des écrivains sacrés la rapporte au moment différent où elle a été énoncée.
3 Matt. XI, 20-24.
4 Luc, X, 2-15.
5 Luc, IX, 3 ; X, 4.
Gras ajoutés.
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CHAPITRE XXXIII. LE JOUG ET LE FARDEAU DU CHRIST. MAIN DESSÉCHÉE.
80. Saint Matthieu dit ensuite: "En ce temps-là, Jésus prononça ces paroles : Je vous bénis, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents ;" et le reste, jusqu'aux mots : "Car mon joug est doux et mon fardeau léger (1)." Saint Luc, lui aussi, a cité ce discours ; mais en partie seulement. Car il ne dit pas : " Venez à moi, vous tous qui êtes dans la peine," ni les paroles suivantes.
Or, il est à croire que ceci n'a été dit qu'une fois, mais que saint Luc n'a pas tout rapporté. Aussi bien quand après les reproches du Sauveur aux villes impénitentes saint Matthieu nous fait lire : "En ce temps-là Jésus prononça ces paroles etc ;" saint Luc fait suivre ces mêmes reproches de quelques paroles encore, peu nombreuses, puis il dit : "A cette même heure Jésus tressaillit de joie dans le Saint-Esprit, et s'écria (2)." Ainsi, quand saint Matthieu au lieu de dire : "En ce temps-là," aurait dit. "A cette même heure," l'expression n'eût pas laissé d'être exacte, tant est peu long ce qu'intercale saint Luc.
1 Mat. XI, 25-30.
2 Luc, X, 21
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CHAPITRE XXXIV. ÉPIS ROMPUS.
81. Saint Matthieu continue ainsi : "En ce temps-là Jésus passait le long des blés, un jour de sabbat; et ses disciples ayant faim, se mirent à rompre des épis et à en manger," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons: "Car le Fils de l'homme est le maître du sabbat même (3)." C'est ce que rapportent aussi saint Marc et saint Luc, sans aucune apparence de contradiction (4). Mais ils ne disent point : "En ce temps-là;" ce qui peut faire croire que saint Matthieu a plutôt gardé ici l'ordre des événements, et les autres celui de leurs souvenirs ; à moins que les mots: "En ce temps là," ne doivent se prendre dans un sens plus étendu et ne désignent tout le temps où s'accomplissaient tant de merveilles de tout genre.
3 Matt. XII, 1-8.
4 Marc. II, 23-28 ; Luc, VI, 1-5.
À suivre…
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CHAPITRE XXXIV. ÉPIS ROMPUS.
82. Saint Matthieu poursuit : "Jésus s'étant éloigné de là, vint dans leur synagogue. Alors se présenta un homme qui avait une main desséchée," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Il étendit sa main et elle devint saine comme l'autre (1)." Saint Marc et saint Luc parlent aussi de la guérison de cet homme qui avait une main desséchée (2). Or on pourrait croire que le fait arriva le même jour que ce qui est relatif aux épis. Car il s'agit encore d'un jour de sabbat: mais saint Luc déclare que cette guérison eut lieu un autre jour de sabbat. Ainsi donc ces termes de saint Matthieu : "Jésus s'étant éloigné delà, vint dans leur synagogue," nous font connaître, à la vérité, qu'il y vint seulement après s'être éloigné, mais ne nous disent pas combien de jours après, ni s'il y alla directement et immédiatement après avoir quitté le champ de blé ; ce qui donne place à la guérison de la main desséchée, rapportée par saint Luc à un autre jour de sabbat.
Mais voici peut-être l'objet d'une difficulté. Selon saint Matthieu les Pharisiens interrogèrent le Seigneur et lui demandèrent "s'il était permis de guérir quelqu'un le jour du sabbat," voulant trouver une occasion de l'accuser; puis il leur proposa lui-même la comparaison suivante : "Quel est celui d'entre vous qui, ayant une brebis qui vienne à tomber dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisisse et ne l'en retire pas? Or, combien un homme vaut mieux qu'une brebis! Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat." Saint Marc et saint Luc disent au contraire que ce fut le Seigneur, qui leur adressa cette question : "Est-il permis, les jours de sabbat, de faire du bien ou du mal ? de sauver la vie ou de l'ôter ?" Il faut donc entendre que d'abord ils interrogèrent le Sauveur, et lui demandèrent: "s'il était permis de guérir au jour du sabbat ;" qu'ensuite, connaissant les pensées de ces hommes qui cherchaient un moyen de l'accuser, il plaça au milieu d'eux celui dont il avait guéri la main ; qu'alors il leur adressa les questions rapportées par saint Marc et saint Luc ; puis, que les voyant garder le silence, il proposa la comparaison de la brebis tombée dans une fosse, et conclut au droit de faire du bien le jour du sabbat; qu'enfin les ayant regardés avec colère, suivant le texte de saint Marc et touché d'un profond sentiment de tristesse à cause de l'aveuglement de leur cœur, il dit à l'homme guéri: "Étends la main."
1 Matt. XII, 9-13.
2 Marc, III, 1-5; Luc, VI, 6-10.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XXXVI. CHRONOLOGIE INCERTAINE.
83. Saint Matthieu continue ainsi sa narration : "Les Pharisiens étant sortis tinrent conseil ensemble, contre lui, sur les moyens de le perdre. Mais Jésus, qui le savait, s'éloigna de là, et une multitude de gens l'ayant suivi, il les guérit tous; et il leur commanda de ne point le découvrir. Or il agissait de la sorte, afin que fût accomplie cette parole du prophète Isaïe ;" et le reste, jusqu'à cet endroit: "Et toutes les nations espéreront en son nom (1)." Saint Matthieu seul rappelle ce fait. Saint Marc et saint Luc passent à autre chose. Saint Marc paraît sans doute garder quelque temps l'ordre des faits, quand il dit que Jésus, connaissant la mauvaise disposition des Juifs contre lui, se retira du côté de la mer avec ses disciples, et qu'une grande multitude étant venue le trouver il guérit beaucoup de malades (2).
Mais en quel endroit l'Évangéliste commence-t-il à s'écarter de l’ordre chronologique ? Il n'est pas facile de le voir. Est-ce quand il dit qu'une grande multitude vint trouver le Sauveur ? Mais cela peut se rapporter à un autre temps. Ou bien est-ce quand il dit que Jésus gagna le haut d'une montagne ; ce que parait rappeler aussi l'évangéliste saint Luc en disant : "En ces jours-là, Jésus alla sur une montagne pour y prier;" car les mots "en ces jours-là," montrent suffisamment que la chose n'eut pas lieu tout aussitôt (3) ?
1 Matt. XII, 14-22.
2 Marc III, 7-12.
3 Luc, VI, 12.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XXXVII. MUET ET AVEUGLE POSSÉDÉ DU DÉMON.
84. On lit ensuite dans saint Matthieu: "Alors lui fut présenté un homme possédé d'un démon qui le rendait aveugle et muet ; et il le guérit, en sorte que cet homme parlait et voyait (4)." Saint Luc ne raconte pas ce fait dans le même ordre, mais après beaucoup d'autres choses. Il dit seulement que cet homme était muet, sans ajouter qu'il était aveugle (5). De ce qu'il omet quelque chose, il ne faut pas conclure cependant qu'il parle d'une autre guérison; car les circonstances qui suivent sont les mêmes que dans saint Matthieu.
4 Matt. XII, 22.
5 Luc, XI,14.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XXXVIII. JÉSUS ACCUSÉ D'ÊTRE LE SUPPOT DE BÉELZÉBOUL.
85. Saint Matthieu dit ensuite: "Or tout le peuple était dans l'étonnement et disait: Ne serait-ce point ici le fils de David ? Mais les Pharisiens entendant ces paroles répliquèrent Il ne chasse les démons que par Béelzéboul prince des démons. Jésus connaissant leurs pensées leur dit alors : Tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Tu seras justifié par tes paroles et par tes paroles tu seras condamné (1)." L'accusation élevée contre Jésus de chasser les démons au nom de Béelzéboul, ne vient pas dans le récit de saint Marc à la suite de la guérison du muet, dont il ne parle pas; mais [vient]à la suite de plusieurs autres choses que lui seul rappelle; soit que cette accusation lui revenant à l'esprit, il l'insère au milieu de détails étrangers, soit que, sans redire ce qui a précédé, il reprenne ici l'ordre des événements (2). Mais saint Luc rapporte à peu près mot pour mot ce que raconte ici saint Matthieu (3). S'il appelle doigt de Dieu l'Esprit de Dieu, le sens est le même ; de plus cette expression nous apprend ce que nous devons entendre par Doigt de Dieu partout où ces mots se rencontrent dans les Écritures. Quant aux omissions faites ici par saint Marc et saint Luc, elles.ne peuvent devenir le sujet d'aucune controverse : il en est ainsi des termes différents qu'ils emploient et qui ne changent rien à la pensée.
1 Matt. XII, 23-37.
2 Marc, III, 22-30.
3 Luc XI, 14-26.
Gras et italique ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XXXIX. JONAS ET LA REINE DE SABA.
86. Saint Matthieu continue ainsi: "Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens lui dirent: Maître, nous voudrions que vous nous fissiez voir quelque prodige," et le reste, jusqu'aux mots: "C'est ce qui arrivera à cette race criminelle (4)." Saint Luc aussi rapporte cela au même endroit, mais dans un ordre un peu différent (5). Car il a rappelé plus haut et après la guérison du muet, la demande que firent les Juifs à Jésus-Christ d'un signe dans le ciel, mais sans relater alors la réponse du Seigneur; il ne la rapporte que plus tard, quand le peuple est réuni autour de Jésus; et il donne à comprendre que là se trouvaient ceux qui précédemment, demandaient à Jésus un signe dans le ciel; il rattache même cette réponse à ce qu'il dit de cette femme qui s'est écriée devant le Seigneur: "Heureux le sein qui vous a porté." Cette femme à son tour intervient à la suite du discours où le Sauveur a parlé de l'esprit immonde, qui après être sorti d'un homme y revient et trouve la maison nettoyée et parée. Or quand, après avoir parlé de cette femme, l'Évangéliste a rapporté la réponse que Jésus fit à la foule en faisant intervenir la comparaison du prophète Jonas, sur le signe qu'elle désirait voir dans le ciel, il continue le discours du Seigneur et rapporte ce qu'il dit de la reine du Midi et des Ninivites.
Ainsi au lieu d'omettre rien de ce que relate saint Matthieu, il dit plus que lui. Qui ne voit du reste qu'il serait inutile de demander dans quel ordre le Sauveur a dit tout cela, quand nous devons apprendre, par l'autorité suréminente des Évangélistes, qu'il n'y a pas de mensonge à rapporter les pensées d'un discours quelconque dans un ordre différent de celui où elles ont été exposées, l'ordre, quel qu'il soit, ne changeant rien au fond ? De plus, saint Luc permet de croire que ce discours fut plus long dans la bouche du Seigneur, et il y a inséré des pensées semblables à celles que nous a présentées saint Matthieu en reproduisant le discours prononcé sur la montagne (1); ce qui nous fait comprendre que ces pensées ont été exprimées dans l'une et l'autre circonstance. Saint Luc, après ce discours, passe à un autre sujet; mais on ne voit pas s'il suit l'enchaînement des faits, car voici ce qu'il dit ensuite: "Pendant que Jésus parlait, un Pharisien le pria de dîner chez lui." L'Évangéliste ne dit pas: Comme il parlait ainsi; mais : "Pendant qu'il parlait." S'il avait dit: Pendant qu'il parlait ainsi, on devrait croire que ces actes du Sauveur se sont succédé dans l'ordre où son récit les présente.
4 Matt. XII, 38-45.
5 Luc XI, 16-37.
1 Matt. V-VII
Gras ajouté.
À suivre…
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CHAPITRE XL. LA MÈRE ET LES FRÈRES DE JÉSUS.
87. Saint Matthieu continue : "Comme il parlait encore au peuple, sa mère et ses frères étaient dehors cherchant à lui parler;" et le reste, jusqu'à cet endroit : "Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère (1)." Sans aucun doute nous devons voir ici la suite de ce qui précède. Car le texte commence ainsi: "Tandis que Jésus parlait encore au peuple." Que signifie ce mot : "encore," sinon la fin du discours qui vient d'être rapporté ?
Il n'est pas dit en effet: Tandis qu'il parlait au peuple, sa mère et ses frères, mais : "Tandis qu'il parlait encore au peuple ;" c'est-à-dire, évidemment, tandis qu'il lui disait ce qui vient d'être rappelé. Car après avoir rapporté les paroles de Jésus-Christ touchant le blasphème contre l'Esprit-Saint, saint Marc ajoute aussitôt: "Cependant arrivent sa mère et ses frères;" il omet ainsi plusieurs passages que rapporte saint Matthieu dans le discours du Seigneur, et ceux que saint Luc ajoute encore au texte de saint Matthieu (2).
Sans égard à l'ordre des événements et saisissant le fait quand son souvenir le lui présente, saint Luc de son côté anticipe le récit de ce qui est relatif à la mère et aux frères de Jésus, il le place de telle façon qu'on ne le voit lié ni à ce qui précède ni à ce qui suit : En effet, c'est après l'exposition de quelques paraboles du Sauveur, que ce fait lui revenant à la mémoire il écrit : "Or, sa mère et ses frères vinrent le trouver, et ils ne pouvaient pénétrer jusqu'à lui, à cause de la foule du peuple; " ce n'est pas marquer le temps où ils vinrent. Puis le même saint Luc passant à un autre objet, s'exprime ainsi : "Un certain jour, il monta dans une barque, avec ses disciples." Là encore, quand il dit : "Un certain jour," il montre suffisamment que rien n'oblige à penser que ce fut le jour où arriva ce qu'on vient de lire, ni le jour suivant. Donc en racontant ce qui a rapport à la mère et aux frères de Jésus, saint Matthieu ne contredit les deux autres évangélistes ni pour les paroles du Seigneur ni pour l'ordre des événements.
1 Matt. XII, 46-60.
2 Marc, III, 31-36.
À suivre…
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLI. LES HUIT PARABOLES.
88. Saint Matthieu continue ainsi: "En ce jour là Jésus étant sorti de la maison s'assit sur le bord de la mer. Et il s'assembla près de lui une si grande multitude qu'il monta dans une barque, il s'y assit et le peuple resta sur le rivage. Et il leur dit beaucoup de choses en paraboles, leur parlant de cette sorte : " et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Tout docteur bien instruit de ce qui regarde le royaume des cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes (1)." Le texte de saint Matthieu insinue que ceci arriva aussitôt après ce qui vient d'être rapporté de lanière et des frères de Jésus, et que l'ordre du récit ne diffère pas de celui des faits: "En ce jour-là, dit en effet l'Évangéliste pour passer d'un objet à l'autre, Jésus étant sorti de la maison, vint s'asseoir près de la mer, et une foule nombreuse se réunit autour de lui." Qu'est-ce -à dire : "En ce jour là ?" A moins que jour ne signifie ici temps, comme dans plusieurs passages des livres saints, l'expression indique assez clairement ou qu'il s'agit d'un fait qui suivit d'une manière immédiate, ou qu'il ne se fit pas grand-chose dans l'intervalle. Du reste saint Marc suit le même ordre (2).
Si saint Luc, après avoir raconté ce qui regarde la mère et tes frères de Jésus, rapporte autre chose, la transition qu'il emploie n'a rien d'opposé à l'enchaînement indiqué par saint Matthieu (3). Ainsi donc, il n'y a pas l'ombre de contradiction ni dans les paroles que les trois évangélistes prêtent à Jésus-Christ ni, bien moins encore, dans ce que saint Matthieu seul lui attribue. Je ne vois pas non plus que, pour l'ordre même, un évangéliste soit en opposition avec un autre, quoiqu'il présente les choses un peu différemment, suivant en partie la suite des faits, en partie aussi la suite de ses souvenirs.
1 Matt. XIII, 1-52.
2Marc. IV, 1-34.
3 Luc, VIII, 22.
À suivre…
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Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLII. JÉSUS DANS SA PATRIE.
89. On lit ensuite dans saint Matthieu : "Après que Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là, et, venant en son pays, il les instruisait dans leurs synagogues," et le reste, jusqu'à cet endroit : "Or il ne fit que peu de miracles parmi eux à cause de leur incrédulité (4)." Le texte n'oblige pas de regarder ce fait comme ayant eu lieu immédiatement après les paraboles qui précèdent.
D'ailleurs saint Marc en relate un autre et le même que saint Luc, à la suite de ces paraboles, et sa transition même porte à croire qu'aux paraboles a succédé d'une manière immédiate non pas ce qui vient dans le récit de saint Matthieu, mais ce que disent saint Marc et saint Luc, de la barque sur laquelle dormait Jésus et du miracle de l'expulsion des démons au pays des Géraséniens (1); deux faits que saint Matthieu a exposés plus haut quand le souvenir lui en est revenu (2). Voyons donc si pour ce que dit le Seigneur, et pour ce qui fut dit dans sa patrie, saint Matthieu est d'accord avec saint Marc et saint Luc. Car pour saint Jean, c'est dans des circonstances bien différentes (3) qu'il place des traits analogues à ceux que rappellent ici les trois autres évangélistes.
4 Matt. XIII, 53-58.
1 Marc, IV, 35 ; V, 17 ; Luc, VIII 22-37.
2 Matt. VIII, 23-34.
3 Jean, VI, 42
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLII. JÉSUS DANS SA PATRIE.
90. Or, le récit de saint Marc est ici presque absolument le même que celui de saint Matthieu. Toute la différence, c'est que Jésus y est appelé charpentier et fils de Marie par ses compatriotes (4); tandis que selon saint Matthieu on l'appelait le fils du charpentier. Mais cela ne doit pas nous surprendre. Il put à la fois être appelé charpentier et le fils du charpentier; puisque s'ils le croyaient charpentier, c'est qu'ils le regardaient comme le fils d'un charpentier. Mais saint Luc expose le même fait avec beaucoup plus de détails; et nous le trouvons dans son récit un peu après ce qui regarde le baptême et la tentation du Seigneur; et sans aucun doute il relate d'avance ce qui arriva plus tard, à la suite de beaucoup d'autres choses.
Ceci nous donne lieu de faire une remarque très importante pour cette grande question de l'accord des Évangélistes, que nous avons entrepris de résoudre avec l'aide de Dieu: C'est que ce n'est pas pour avoir ignoré ni les faits ni leur enchaînement naturel qu'ils en ont omis quelques uns ou qu'ils ont suivi de préférence l'ordre de leur souvenirs . Cette remarque est justifiée avec éclat par le texte de saint Luc; car sans avoir fait nulle mention des miracles de Jésus à Capharnaüm, il rapporte, ce que nous examinons maintenant, comment les compatriotes du Sauveur admiraient sa vertu merveilleuse et méprisaient la bassesse de sa naissance. D'après lui en effet Jésus leur parlait ainsi : "Vous me direz, sans doute : Médecin, guéris-toi toi-même ; ces grandes choses faites à Capharnaüm et dont le bruit est arrivé jusqu'à nous, fais-les ici encore, dans ta patrie," et cependant le même saint Luc n'a jusque là rien raconté des prodiges opérés à Capharnaüm.
Comme le passage n'est pas long, mais très facile à comprendre, et d'ailleurs très nécessaire, nous le mettons tout entier sous les yeux du lecteur avec la transition qui l'amène.
Après avoir parlé du baptême et de la tentation du Sauveur, l'évangéliste poursuit ainsi : "Or toute tentation achevée, le diable s'éloigna de lui pour un temps. Alors Jésus par la vertu de l'Esprit revint en Galilée, et sa renommée se répandit dans tout le pays. Il enseignait dans leurs synagogues, et tout le monde lui donnait de grandes louanges. Étant venu ensuite à Nazareth, où il avait été élevé, il entra selon sa coutume dans la synagogue le jour du sabbat et il se leva pour lire. Ou lui présenta le livre des prophéties d'Isaïe, et l'ayant ouvert il trouva l'endroit où il était écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi ; c'est pourquoi il m'a consacré par son onction et m'a envoyé évangéliser les pauvres, annoncer aux captifs leur délivrance, aux aveugles qu'ils vont recouvrer la vue, mettre en liberté ceux qui sont accablés sous les fers, publier l'année des miséricordes du Seigneur et le jour de la rétribution. Ayant replié le livre, il le rendit au ministre et s'assit. Et tous dans la synagogue avaient les yeux arrêtés sur lui. Or il commença à leur dire: "Ce que vous entendez aujourd'hui de vos oreilles est l'accomplissement de ces paroles de l'Ecriture. Et tous lui rendaient témoignage, et dans l'étonnement où ils étaient des paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, ils disaient : N'est-ce pas là le fils de Joseph ? Alors il leur dit : Vous m'appliquerez sans doute ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même; et vous me direz: Les grandes choses faites à Capharnaüm et dont le bruit est arrivé jusqu'à nous, fais-les ici encore, dans ta patrie (1)." Nous laissons ce qui termine cette partie du récit de l'évangéliste.
N'est-il pas évident qu'il a sciemment anticipé ce fait dans son récit ? Car il connaissait certainement les merveilles opérées à Capharnaüm, puisqu'il en parle; puisque d'ailleurs il sait qu'il ne les a pas rapportées. Il est encore si près du baptême de Jésus qu'un pareil oubli n'est pas vraisemblable ; car depuis ce baptême il n'a presque rien dit encore.
4 Marc, VI, 1-6.
1 Luc, IV, 13-23.
Gras et souligné ajoutés
À suivre…
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CHAPITRE XLIII. HÉRODE APPRENANT LES MIRACLES DE JÉSUS.
91. On lit ensuite dans saint Matthieu: "En ce temps-là Hérode le tétrarque apprit ce que l'on publiait de Jésus ; et il dit à ses serviteurs C'est Jean-Baptiste, c'est lui-même qui est ressuscité d'entre les morts ; et c'est pour cela qu'il se fait par lui tant de miracles (1)." Saint Marc raconte la même chose et de la même manière, mais non dans le même ordre (2). Car après avoir rappelé que Jésus envoya ses disciples, en leur recommandant de ne rien porter avec eux que le bâton, et après avoir terminé ce qu'il apporte de son discours, il relate le fait qui nous occupe; mais sans obliger de croire que ce fait ait suivi d'une manière immédiate ce qui précède, non plus que saint Matthieu chez qui nous lisons: "En ce temps-là" et non: En ce jour là, ni : A cette heure.
Néanmoins, d'après saint Marc, ce ne fut pas Hérode mais d'autres qui disaient: "Jean-Baptiste est ressuscité d'entre les morts," tandis que d'après saint Matthieu ce fut Hérode qui le dit à ses serviteurs. Tout en gardant ici le même ordre que saint Marc, et sans obliger, non plus que lui, à croire que telle fut la suite des événements, saint Luc rapporte en ces termes le même fait: "Cependant Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que faisait Jésus, et il ne savait que penser, parce que les uns disaient Jean est ressuscité d'entre les morts; d'autres : Elie est apparu; et d'autres enfin: Un des anciens prophètes est ressuscité. Mais Hérode disait : J'ai décollé Jean ; quel est donc celui-ci, de qui j'entends de si grandes choses ? Et il souhaitait de le voir (3)." Ici l'évangéliste, de même que saint Marc, rapporte que ces paroles: "Jean est ressuscité d'entre les morts, furent prononcées par d'autres et non par Hérode. Mais quand saint Luc parle de l'hésitation d'Hérode et cite ensuite ces mots du tétrarque : "J'ai décollé Jean; quel est donc celui-ci, dont j'entends de si grandes choses?" il faut comprendre qu’Hérode témoigna d'abord cette hésitation, puisque persuadé de ce qu'on disait autour de lui, il dit à son tour ce, que nous lisons dans saint Matthieu: "C'est Jean-Baptiste, c'est lui-même qui est ressuscité d'entre les morts; et c'est pourquoi il se fait par lui tant de miracles."
Ou bien peut-être faut-il prononcer ces paroles sur le ton du doute. S'il y avait : Celui-ci n'est-il point, ou : Ne serait-il point Jean-Baptiste ? cette réflexion serait inutile, car on verrait de prime abord le doute et l'hésitation d'Hérode. Mais comme la forme interrogative manque dans les paroles du tétrarque, on peut ou la suppléer ou la négliger dans la prononciation ; et l'on est libre de comprendre ou bien que convaincu de ce qui se disait il parla comme n'ayant plus de doute, ou bien encore qu'il était dans l'hésitation marquée par le texte de saint Luc.
D'ailleurs, après avoir rapporté que d'autres qu'Hérode disaient de Jean-Baptiste : Il est ressuscité d'entre les morts, saint Marc finit par faire dire à Hérode lui-même: "Jean-Baptiste, à qui j'ai fait trancher la tête, est ressuscité d'entre les morts;" et ces dernières paroles peuvent aussi être prononcées ou de manière à marquer la conviction, ou de manière à faire entendre le doute.
Après avoir rapporté ce fait, saint Luc passe à un autre objet, mais saint Matthieu et saint Marc racontent à cette occasion comment Jean-Baptiste fut mis à mort par Hérode.
1 Matt. XIV, 1, 2.
2 Marc, VI, 14-16.
3 Luc, IX, 7-9.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XLIV. EMPRISONNEMENT ET MORT DE JEAIN-BAPTISTE.
92. Saint Matthieu en effet continue ainsi: "Car, Hérode, ayant fait arrêter Jean-Baptiste, l'avait chargé de fers, et fait jeter en prison, à cause d'Hérodiade femme de son frère," et le reste, jusqu'à l'endroit où il dit : "Ses disciples vinrent ensuite prendre son corps, l'ensevelirent et allèrent porter cette nouvelle à Jésus (1)." C'est ce, que raconte aussi saint Marc et dans le même ordre (2). Mais saint Luc rappelle cet emprisonnement du précurseur, dans une autre occasion, au moment même du baptême de Jésus. Ce qui prouve qu'il raconte ce fait par avance. Car après avoir rapporté que Jean-Baptiste disait du Seigneur qu'il avait le van à la main, qu'il nettoierait son aire, mettrait le bon grain dans son grenier et brûlerait la paille dans un feu éternel, il ajoute aussitôt le fait de l'emprisonnement que saint Jean l'évangéliste démontre clairement n'avoir eu lieu que plus tard ; car il dit qu'après son baptême, Jésus alla en Galilée, y changea l'eau en vin, demeura quelques jours à Capharnaüm, puis revint dans la terre de Judée, où il baptisa beaucoup de monde sur les bords du Jourdain, avant que Jean-Baptiste eût été mis en prison (1).
Qui ne croirait, s'il est peu versé dans la connaissance des saintes lettres, que ce fut en parlant du van et de l'aire nettoyée que saint Jean offensa Hérode, et que celui-ci le fit aussitôt jeter en prison ? La vérité, comme nous l'avons déjà démontré ailleurs, c'est que les choses ne sont pas relatées dans l'ordre où elles se sont accomplies; la preuve en est ici même, dans le texte de saint Luc (2). S'il était vrai que Jean eût été jeté en prison aussitôt après son discours, comment expliquerait-on ce que dit le même évangéliste, que Jésus fut ensuite baptisé par saint Jean? Il est donc manifeste que saint Luc s'est rappelé ce fait accidentellement et en a parlé par anticipation, et avant beaucoup d'autres choses qui ont précédé la détention de Jean-Baptiste.
Ni saint Matthieu ni saint Marc, ne rapportent eux-mêmes ce fait dans l'ordre où il a eu lieu suivant le témoignage même de leurs écrits. Car eux aussi nous disent que Jean-Baptiste ayant été arrêté, le Sauveur alla en Galilée (3) ; c'est après avoir relaté de nombreux miracles opérés par Jésus dans ce pays, qu'ils en viennent à parler de la conviction ou de l'hésitation d'Hérode sur la prétendue résurrection de Jean qu'il avait fait décapiter (4), et des circonstances de l'emprisonnement et de la mort de Jean-Baptiste.
1 Matt. XIV, 3-12.
2 Marc, VI, 17-29.
1 Jean, II, 1-12; III, 22-24.
2 Luc, III, 15-21.
3 Matt. IV, 12 ; Marc, I,14.
4 Matt. XIV,1-2 ; Marc, VI, I4-16.
Gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE XLV. MIRACLE DES CINQ PAINS.
93. Après avoir rappelé que la nouvelle de la mort de Jean fut portée à Jésus-Christ, saint Matthieu poursuit ainsi : "Jésus, ayant appris cela, partit de là dans une barque pour se retirer à l'écart dans un lieu désert. Et le peuple l'ayant su, le suivit à pied, de diverses villes. Lors donc qu'il sortit de la barque, il vit une grande foule, il en eut pitié et guérit leurs malades (5)." Selon le texte de l'évangéliste, ceci eut lieu immédiatement après la mort du précurseur. Par conséquent ce qui est raconté plus haut des miracles de Jésus, dont la nouvelle troubla Hérode et lui fit dire : "J'ai fait trancher la tête à Jean," n'arriva que plus tard.
On doit en effet regarder comme postérieures des actions qui, portées à la connaissance d'Hérode par la renommée, le jetaient dans le trouble, et lui donnaient lieu de se demander quel pouvait être celui dont il apprenait de si grandes merveilles, après avoir fait couper la tête à Jean-Baptiste. Mais après avoir parlé du martyre de Jean, saint Marc rapporte que les disciples envoyés par Jésus revinrent près de lui, et lui rendirent compte de ce qu'ils avaient fait et enseigné; qu'ensuite, et lui seul parle de ceci, Jésus leur dit de se reposer un peu à l'écart; qu'il monta sur une barque et se rendit avec eux dans un autre lieu ; qu'une foule nombreuse informée de leur départ s'y trouvait déjà quand ils arrivèrent ; que le Sauveur ayant pitié de cette foule, l'enseigna longuement et que, l'heure étant déjà bien avancée, il nourrit tous ceux qui étaient là avec cinq pains et deux poissons (1).
Les quatre évangélistes ont tous rapporté ce miracle. Saint Luc même, après avoir plus haut, et à l'occasion dont nous avons parlé, raconté ce qui regarde l'emprisonnement de Jean-Baptiste (2); joint ici d'une manière immédiate à ce qu'il vient de dire de l'hésitation d'Hérode touchant la personne du Seigneur, les faits relatés par saint Marc; savoir, que les Apôtres revinrent près de Jésus, lui rendirent compte de ce qu'ils avaient fait, et que, les prenant avec lui, le Sauveur se retira à l'écart dans un lieu désert ; qu'il y vit arriver une foule considérable, à qui il parla du royaume de Dieu et dont il guérit les malades. C'est après cela qu'il raconte aussi le miracle des cinq pains opéré vers le déclin du jour (3).
5 Matt. XIV, 13-14.
1 Marc,VI, 30-44.
2 Luc, III, 20.
3 Luc, IX, 10-17.
À suivre…
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CHAPITRE XLV. MIRACLE DES CINQ PAINS.
94. Quant à saint Jean, qui diffère beaucoup des trois autres, en ce qu'il s'arrête plus aux discours qu'aux actions merveilleuses de Notre-Seigneur, il dit d'abord que Jésus quittant la terre de Juda prit de nouveau le chemin de la Galilée, ce qui doit s'entendre du voyage qu'y fit Jésus, au rapport des trois autres évangélistes, lorsque Jean eut été mis en prison ; après avoir rappelé cela, il rapporte ce que dit le Seigneur en traversant le pays de Samarie et en rencontrant la Samaritaine près du puits de Jacob; il ajoute qu'au bout de deux jours le Sauveur se remit en marche pour venir en Galilée ; qu'il se rendit à Cana où précédemment il avait changé l'eau en vin, et qu'il guérit alors le fils d'un officier (4). Il ne parle pas des autres actions ni des autres discours que les autres évangélistes attribuent à Jésus pendant son séjour en Galilée : mais, ce que n'a relevé aucun d'eux, il dit que le jour de la grande fête des Juifs il se rendit à Jérusalem, et y guérit miraculeusement cet homme qui, depuis trente-huit ans malade, n'avait personne pour le descendre dans la piscine où trouvaient leur guérison ceux qui souffraient de quelque infirmité.
Il rappelle ensuite un long discours de Jésus-Christ à cette occasion; puis il nous le montre passant à l'autre bord de la mer de Galilée, c'est-à-dire du lac de Tibériade, et suivi d'une grande multitude; allant ensuite sur une montagne et s'y reposant avec ses disciples; c'était aux approches de la fête de Pâque pour les Juifs, et c'est alors qu'ayant levé les yeux et voyant une foule très considérable, il la nourrit avec cinq pains et deux poissons (1), ce que rapportent également les autres évangélistes.
Il a donc omis sûrement les faits qui conduisent ceux-ci au récit du miracle dont nous parlons. Mais ces derniers ayant de même gardé le silence sur des choses relatées par lui, on voit que tous sont arrivés au récit de ce miracle comme par des chemins différents ; eux en marchant à-peu-près du même pas, et lui en volant en quelque sorte à la poursuite de ce qu'il y avait de plus relevé dans les discours du Seigneur, et en redisant ce qu'ils omettent, il s'est rencontré avec eux pour retracer la multiplication des cinq pains et pour reprendre bientôt son essor vers des régions supérieures.
4 Jean, IV, 3, 5, 43-54.
1 Jean, V-VI, 13.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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Par Saint Augustin.
CHAPITRE XLVI. ENCORE DU MIRACLE DES CINQ PAINS.
95. Saint Matthieu, poursuivant son récit, arrive ainsi au fait même de ce miracle. "Or le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent : Ce lieu-ci est désert et il est déjà bien tard; renvoyez-le peuple, afin que tous aillent dans les villages acheter de quoi manger. Mais Jésus leur dit : Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger," et le reste, jusqu'à l'endroit où nous lisons : "Le nombre de ceux qui mangèrent fut de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants (2)." Arrêtons-nous donc à bien examiner ce fait que nous trouvons dans les quatre récits (3), et où on prétend voir entre eux quelque opposition; et faisons remarquer, afin qu'on s'en souvienne pour tout autre passage semblable, que d'après les règles du langage la différence des expressions n'empêche pas d'énoncer la même pensée et de conserver aux choses la même couleur.
Nous pourrions commencer par saint Matthieu, le premier des évangélistes ; mais il vaut mieux commencer par saint Jean, qui va jusqu'à nommer les disciples avec lesquels Jésus parla de son dessein. Voici comme il raconte le fait : "Jésus donc ayant levé les yeux et voyant qu'une fort grande multitude de peuple était venue à lui, dit à Philippe : Où pourrons-nous acheter assez de pains pour donner à manger à tout ce monde ? Philippe lui répondit: Quand on aurait pour deux cents deniers de pain, cela ne suffirait pas pour leur en donner à chacun un petit morceau. Un autre de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ? Jésus leur dit: Faites-les asseoir. Or il y avait en ce lieu beaucoup d'herbe; et environ cinq mille hommes s'y assirent. Jésus prit donc les pains; et après avoir rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis et on leur donna de même.des deux poissons autant qu'ils en voulurent. Après qu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde. Et les ayant amassés ils emplirent douze corbeilles des morceaux qui étaient restés des cinq pains d'orge, après que tous en eurent mangé (1)."
2 Matt. XIV, 15-21.
3 Marc, VI, 34-44 ; Luc IX, 12-17.
1 Jean, VI, 6-13.
Gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE XLVI. ENCORE DU MIRACLE DES CINQ PAINS.
96. On n'a pas à rechercher ici ce qu'étaient ces pains, puisque l'Évangéliste déclare que c'étaient des pains d'orge ; quoique là dessus les trois autres gardent le silence. Il ne s'agit pas non plus d'examiner ce qu'il ne dit pas des femmes et des petits enfants, puisque selon saint Matthieu, ils étaient en dehors des cinq mille hommes. Si l'un rapporte une chose dont l'autre a négligé de parler, y a-t-il là une difficulté ? Non, et c'est ce qui doit être maintenant hors de doute, ce qu'il faut tenir comme un principe toutes les fois que le cas se présente. Mais comment sont vrais de tout point les quatre récits dans ce qu'ils contiennent ? et n'est-il aucun détail qui les mette en contradiction les uns avec les autres ? voilà une question que nous avons à traiter.
Si en effet, comme le rapporte saint Jean, Notre-Seigneur, après avoir vu la multitude, demanda à Philippe, pour le tenter, où il serait possible d'avoir des vivres pour tout ce monde ; on peut se demander comment les trois autres peuvent avoir, raison de raconter que d'abord les disciples de Jésus-Christ lui dirent de renvoyer la foule, afin que chacun pût acheter des aliments dans les lieux voisins, et que le Seigneur répondit, d'après saint Matthieu : "Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent; donnez-leur à manger vous-mêmes." Ces mots: "Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent," n'ont pas été reproduits par saint Marc ni par saint Luc. Et c'est ici toute la différence entre eux et saint Matthieu.
Ce serait donc après cela que le Sauveur aurait jeté les yeux sur la multitude et dit à Philippe ce que nous lisons dans le seul texte de saint Jean. Quant à la réponse que celui-ci prête à Philippe, saint Marc la présente comme ayant été faite par les disciples; pour faire entendre que cet Apôtre exprimait alors la pensée commune; à moins que, comme il arrive très-fréquemment, les trois évangélistes n'aient employé le nombre pluriel pour le singulier. Ainsi donc, ces paroles de Philippe, dans saint Jean: "Eût-on pour deux cents deniers de pain, cela ne suffirait pas pour leur en donner à chacun un petit morceau," reviennent à celles-ci de saint Marc : "Allons acheter pour deux cents deniers de pain, et nous leur donnerons à manger." La question de Jésus : "Combien avez-vous de pains ?" que l'on trouve encore dans saint Marc, n'a pas été rappelée par les autres ; et l'observation que fit André, selon l'évangéliste saint Jean, qu'il y avait là cinq pains et deux poissons, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc l'attribuent aux disciples par l'emploi du nombre pluriel au lieu du nombre singulier.
De plus saint Luc réunit dans une même phrase la réponse de Philippe et celle d'André. Car ces mots : "Nous n'avons que cinq pains et deux poissons," sont la réponse du dernier ; et ces autres : "A moins peut-être que nous n'allions acheter des vivres à tout ce peuple," paraissent être la réponse de Philippe , sauf les deux cents deniers, qui peuvent venir d'André. Car après avoir dit : "Il se trouve parmi nous un petit enfant qui a cinq pains et deux poissons", il ajouta : "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ? " ce qui, revient aux paroles : "A moins peut-être que nous n'allions acheter des vivres pour toute cette multitude."
Gras ajoutés.
À suivre…
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