L'Histoire de l'Église (Tome II)

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Message  Louis Mar 24 Fév 2009, 12:25 am

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DIVISIONS GÉNÉRALES DU DEUXIÈME VOLUME

    La Crise gallicane.
    La fin du Moyen Age (1438-1517).
    Aspect général de la Chrétienté avant la Réforme.
    L'éclosion de la Réforme.
    La Contre-Réforme catholique.
    Le XVIIe siècle.
    La Science catholique et l'Activité missionnaire aux XVIe et
    XVIIe siècle.
    Le XVIIIe siècle.
    L'Eglise pendant la Révolution et l'Empire.
    L'Eglise entre 1815 et 1850.
    L'Eglise pendant la seconde moitié du XIXe siècle .
    Les Etats secondaires.
    L'Eglise hors de l'Europe.
    La Vitalité chrétienne.
    L'Activité intellectuelle.
    L'Eglise contemporaine.


ABRÉVIATIONS

Can : Canoniste contemporain.
Cor : Correspondant.
C V : Corpus Scriptorum ecclesiasticorum, Vienne.
Mansi : Sanctorum conciliorum amplissima collectio.
P C : Patrologie grecque, de J.-P. MIGNE.
P L : Patrologie latine, de J.-P. MIGNE.

Nota. — Quand le livre est édité à Paris, nous omettons le nom du lieu.

A suivre : La Crise Gallicane.

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Message  Louis Mer 25 Fév 2009, 2:06 am

HISTOIRE DE L'ÉGLISE

TEMPS MODERNES :

La Crise Gallicane


De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII

A la mort de Nicolas IV, l'interrègne dura deux ans ; le conclave réuni à Perouse menaçait de s'éterniser quand le roi de Naples, Charles II le Boiteux réussit à faire accepter la candidature de Pierre de Morone, un ermite qu'on alla quérir dans sa cellule ; il prit le nom de Célestin V . Peu apte aux habiletés de la politique italienne, il se laissa circonvenir par Charles le Boiteux qui l'emmena à Naples. Charles préparait l'avenir en faisant élire toute une série de cardinaux dévoués à sa cause ; il obtenait même pour l'un de ses fils, âgé seulement de vingt et un ans, l'archevêché de Lyon. Heureusement, Célestin se rendait compte de son incapacité ; il pensa à se retirer ; les cardinaux l'encouragèrent dans ce projet. On établit que canoniquement il était permis à un pape de se désister. Célestin V abdiqua librement devant le Sacré-Collège, le 13 décembre 1294. Réuni à Naples, le conclave élut dans les dix jours le cardinal Benoit Gaëtani qui prit le nom de Boniface VIII. On a prétendu à tort qu'il avait contraint Célestin V à se retirer ; s'il le fit ensuite garder à vue au château de Fumone près d'Anagni, c'est qu'on devait craindre les manœuvres des mécontents — célestins et fraticelles — qui en le faisant revenir sur son abdication eussent pu causer un schisme.

A suivre : I. Immunité pécuniaire

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Message  Louis Jeu 26 Fév 2009, 12:18 am

HISTOIRE DE L'ÉGLISE

La Crise Gallicane
De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII
I. Immunité pécuniaire. Boniface VIII avait une conviction profonde de la grandeur de la papauté, qui doit régir la chrétienté et faire entendre à tous, même et surtout aux rois, des avis salutaires. Or l'esprit de nationalité grandissant tendait à l'autonomie incontrôlée de l'Etat ; la conception nouvelle, celle du roi et des légistes devait se heurter à l'ancienne, celle du pape et des canonistes. Le pouvoir royal commit alors des empiètements graves.

Philippe le Bel (1285-1314) avait besoin d'argent : le domaine royal devenu considérable réclame toute une administration de baillis, sénéchaux, prévôts, etc. ; le luxe de la cour augmente ; d'ailleurs, Philippe bataille partout : guerre d'Aragon, guerre contre l'Angleterre, guerre de Flandre.

Pour obvier à une situation financière si difficile, le roi de France emploiera tous les moyens : on le verra dépouiller les banquiers, Juifs, Lombards ou Templiers, faire du faux monnayage, frapper d'impôts exorbitants les serfs, les bourgeois, les nobles et surtout les clercs moins capables de se défendre.

L'Eglise ne refusait pas systématiquement de consentir des subsides financiers : en 1294, les synodes provinciaux accordèrent un double décime pendant deux ans. Cependant il y eut dès lors plusieurs protestations locales, ou bien des assentiments conditionnels sous réserve des droits pontificaux ; en effet, selon la doctrine traditionnelle, proclamée au concile de Latran en 1215, un impôt ne pouvait être perçu sur le clergé sans l'assentiment du pape ; sage mesure qui devait protéger l'Eglise contre les prétentions exagérées de la fiscalité.

Il pouvait se faire en effet que le motif de la levée ne fût pas recevable, que les sommes demandées fussent exagérées, et que le mode de perception fut odieux. Or sous ce triple considérant, les nouvelles requêtes financières de Philippe le Bel étaient inacceptables. A partir de 1294, le motif change : ce n'est plus la croisade d'Aragon entreprise contre l'usurpateur qui, en Sicile, a ravi une terre vassale du Saint-Siège, c'est la guerre avec l'Angleterre que Boniface VIII désapprouve ; d'autre part les sommes exigées menacent de ruiner le clergé français ; enfin sous prétexte d'aller plus vite, on a remplacé les collecteurs du clergé par des collecteurs laïques, avides et brutaux.

À suivre.

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Message  Louis Ven 27 Fév 2009, 12:25 am

HISTOIRE DE L'ÉGLISE

La Crise Gallicane

De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII
I. Immunité pécuniaire.Lorsqu'en 1296, Philippe réunit les évêques à Paris pour leur demander de nouveaux décimes, il y eut des doléances hardies : les moines de Citeaux en appelèrent à Rome dans une protestation ou Philippe était comparé à Pharaon. Boniface VIII intervint par la bulle Clericis laïcos : il menaçait d'excommunication les princes qui exigeraient et les clercs qui consentiraient des subsides sans l'autorisation du Siège, apostolique. Philippe se sentit visé directement ; il se vengea en interdisant à tous ses sujets d'exporter de la monnaie : à l'égard du pape et des bénéficiers français employés hors du royaume, il y avait vol flagrant puisqu'on les privait ainsi de leurs revenus personnels. Dans la bulle Ineffabilis amor, Boniface VIII s'expliqua avec loyauté : « Nous n'avons nullement défendu au clergé de subvenir à vos besoins et à ceux du royaume, mais seulement de le faire sans la permission du pape, parce que nous avions à l'esprit les exactions de vos agents sur les biens ecclésiastiques. Le cas échéant le Saint-Siège vous secourrait ». De fait, lorsque réunis à Paris le 1er février 1297, les prélats du royaume prièrent le pape d'accorder la levée d'une subvention ecclésiastique, Boniface y consentit ; par la bulle Etsi de statu (31 juillet 1297), sans céder sur le principe fondamental, il alla jusqu'à permettre au roi de décider lui-même du cas de nécessité fiscale.

Il est vrai que les difficultés italiennes obligeaient le pape à des ménagements. Boniface VIII avait tenu à l'écart les Colonna trop puissants ; ils intriguèrent, ralliant à eux tous les mécontents : c'étaient les partisans de la maison d'Aragon en Sicile, c'étaient aussi les fraticelles, héritiers des franciscains spirituels que Célestin V avait autorisés à se séparer des conventuels pour former une congrégation d'ermites, mais que Boniface VIII contraignait maintenant à rejoindre leurs frères ; l'un de ces exaltés, Jacopone de Todi attaqua Boniface avec tant de violence dans ses pamphlets qu'il le fit enfermer. Les cardinaux Jacques et Pierre Colonna prirent la tête du mouvement : on prétendait que Boniface VIII avait contraint Célestin V à abdiquer et que son élection était nulle. Le pape entreprit contre les Colonna une « croisade » ; ils durent se soumettre ; leurs forteresses furent rasées, notamment Palestrina (12 juin 1299). D'autre part, le jubilé de l'an 13oo amenait aux pieds du pape deux cent mille pèlerins : il put croire que rien n'était changé.
A suivre : II. Immunité judiciaire.

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Message  Louis Sam 28 Fév 2009, 12:13 am

HISTOIRE DE L'ÉGLISE

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII
II. Immunité judiciaire. C'est à ce moment même que le gouvernement de Philippe le Bel fit surgir un nouveau conflit. Bernard Saisset avait été élevé par Boniface VIII au siège nouveau de Pamiers sans l'intervention du roi. Bernard s'affirmait régionaliste combattif ; sans doute manqua-t-il de prudence ; on l'accusa d'ourdir une conspiration locale. Soudain arrêté dans la nuit du 12 juillet 1301, il dut comparaître devant une assemblée présidée par le roi ; le légiste Pierre Flotte prononça un réquisitoire accablant qui concluait à l'internement préventif sous la férule de Gilles Aiscelin, archevêque de Narbonne, métropolitain de l'inculpé ; on envoya à la cour de Rome un mémoire accusateur.

Mais Boniface VIII ne vit qu'une chose : l'immunité ecclésiastique judiciaire venait d'être violée ; dans la bulle Salvator mundi du 4 décembre, il ordonna de relâcher le prélat inculpé afin qu'il pût venir se justifier à Rome ; en même temps la bulle Ausculta fili rappelait le principe de la suprématie du pape pur les rois : « Dieu nous a établi au-dessus des rois pour édifier, planter, arracher, détruire » ; Boniface récapitulait tous ses griefs contre les procédés du gouvernement royal : « vous ne reconnaissez d'autres juges que vos officiers, d'autre tribunal que le vôtre auquel vous traînez laïques et clercs, ne tenant aucun compte de celui du pape », Aussi, Boniface convoquait-il prélats et chapitres à un synode qui se tiendrait à Rome le 1er novembre 1302 pour procéder « à la correction du roi et au bon gouvernement de la France ».
A suivre : III. La bulle Unam Sanctam et Anagni.

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Message  Louis Dim 01 Mar 2009, 12:15 am

La Crise Gallicane

De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII
III. La bulle Unam Sanctam et Anagni. Résolus à la lutte, Philippe le Bel et ses légistes s'employèrent à tromper l'opinion. A la bulle pontificale ils en substituèrent une autre qui commençait par ces mots autoritaires : Scire te volumus ; on composa aussi une réplique du roi : « Philippe par la grâce de Dieu, roi de France, à Boniface qui se dit pape, peu ou point salut. Que la très grande fatuité sache que nous ne sommes soumis à personne pour le temporel... »

On résolut encore d'opposer une assemblée nationale au synode romain ; Pierre Flotte y pria les membres des trois ordres de se serrer autour du roi « pour défendre les libertés du royaume et celles de l'Eglise ». Partagé entre ses devoirs envers le pape et son loyalisme français, le clergé demanda à Boniface VIII de céder ; il répondit que les évêques absents au synode romain seraient déposés.

La lutte inévitable eut lieu sur un autre terrain : le 11 juillet 1302, les Français furent battus à Courtrai par les Flamands ; le roi affaibli parla de négocier ; il laissa les évêques se rendre auprès de Boniface VIII qui, au synode romain de la Toussaint 13o2, publia la fameuse bulle Unam sanctam, affirmation intégrale des doctrines ultramontaines.

« Il faut, y lisait-on, que le glaive soit subordonné au glaive, l'autorité temporelle à la puissance spirituelle; car l'Apôtre dit : Il n'y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu, mais ce qui est, est ordonné par Dieu ; or, cet ordre n'existerait pas si l'un des deux glaives n'était subordonné à l'autre ».

Rien de révolutionnaire en cet exposé : employée dès la fin du XIe siècle par Geoffroy de Vendôme, la comparaison des deux glaives était devenue classique. La conséquence était fermement tirée par Boniface VIII : « Il appartient à la puissance spirituelle d'instituer la temporelle et de la juger si elle n'est pas bonne... Nous disons, déclarons et définissons que d'être soumis au pontife romain est pour toute créature de nécessité de salut ».
A suivre.

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Message  Louis Lun 02 Mar 2009, 12:05 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII
III. La bulle Unam Sanctam et Anagni. Les responsiones royales furent doucereuses et insinuantes ; mais dans ses instructions au cardinal Lemoine, envoyé en France comme légat, Boniface VIII signifia sans ambages que le roi devait céder, ou bien il serait excommunié.

Chez Philippe le Bel, l'impérieuse raison d'Etat l'emporta sur les scrupules d'une conscience sans doute chrétienne : il déclara la guerre.

Un homme à tout faire allait l'aider dans sa nouvelle politique, Guillaume de Nogaret. Le 12 mars 1303, dans une assemblée de notables, il lut un réquisitoire haineux contre le pape et proposa qu'un concile général se réunît pour juger son cas ; le 13 et le 14 juin, nouvelle réunion, où Guillaume de Plaisians, satellite de Nogaret, débita contre Boniface un pamphlet bourré de calomnies grossières :

« Boniface ne croit pas à l'immortalité de l'âme, ni à la vie éternelle ; il a dit qu'il aimerait mieux être chien que Français ; il s'est fait élever des statues dans les églises pour se faire adorer, etc.. »

A de telles incriminations personnelles s'ajoutaient des griefs politiques : on tenait Boniface responsable de l'hostilité anglaise contre la France, de la perte de la Terre Sainte, de la mort de Célestin V contraint par lui à l'abdication, etc... Les prélats présents demandèrent que le pape fût déféré à un concile général.

En même temps une campagne était menée dans la France entière pour égarer l'opinion : le procès verbal de l'assemblée fut porté partout par des commissaires royaux qui requirent les adhésions ; il n'y eut refus formel que de la part de certains religieux, notamment les Cisterciens.

Boniface VIII s'apprêtait à répondre par la bulle Super Petri solio, en excommuniant Philippe le Bel et en déliant ses sujets du serment de fidélité, quand, le 7 septembre 13o3, Nogaret pénétra dans Anagni avec les Colonna ; froidement, il expliqua à Boniface les crimes dont on l'accusait et la décision prise de le traduire devant un concile général ; Sciarra Colonna abreuva d'injures le pontife.

Gardé à vue dans son palais, il fut sauvé par les siens : les gens d'Anagni se soulevèrent aux cris de : « Vive le pape ! mort aux étrangers ! » Bientôt, quatre cents cavaliers romains survenant à souhait emmenèrent Boniface à Rome ; il y mourait un mois plus tard des suites des formidables émotions.
A suivre.

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Message  Louis Mar 03 Mar 2009, 12:22 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE PREMIER

LE CONFLIT DE PHILIPPE LE BEL ET DE BONIFACE VIII
III. La bulle Unam Sanctam et Anagni. Avec dignité sans doute, mais Benoit XI (13o3-13o4) adopta une politique d'apaisement. Il flétrit les auteurs directs de l'agression d'Anagni et cite Guillaume de Nogaret à son tribunal ; mais, se souvenant qu'il est « le délégué de celui qui pardonne », il annule les sentences portées contre les Colonna et restitue leurs biens ; il accorde aussi à Philippe le Bel l'absolution de l'excommunication et à ses sujets celle des censures prononcées. Il meurt mystérieusement après un an de pontificat.
___________________________________________

Boniface VIII. Benoit XI.Source : DIGARD, FAUCON et THOMAS, Les registres de Boniface VIII, 2 vol., 1884.91. — G. PICOT, Documents relatifs aux Etats généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, 1902. — GRANDJEAN, Le registre de Benoit XI, 1883. — FINKE, Aus den Tagen Bonifaz VIII, Münster, 1902. — Travaux: DOM TOSTI, Boniface VIII (trad. française Marie Duclos), 2 vol., 1854.— BOUTARIC, La France sous Philippe le Bel, 1861.— RENAN. Etudes sur la politique religieuse du règne de Philippe le Bel, 1889. — Hist. litt de la France, t. XXV-XXVII, XXX. — R. SCHOLZ Die Publizistik z. zeit. Philipps d. Schoenen u. Bonifaz VIII, Stuttgart. 1903. — LANGLOIS, dans Hist. de France de Lavisse, t. III. — FINKE, Bénédict. XI, Münster, 1891. H. HEMMER, art. Boniface VIII et Benoit XI, dans Dict. théol. — DUFOURQ, L'Avenir du christianisme. Histoire moderne de l'Eglise, VII. Le christianisme et la désorganisation individualiste (1294-1527) i 4e Édit., 1925.[/size]
A suivre : La Bulle Unam Sanctam.

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Message  Louis Mer 04 Mar 2009, 12:10 am

La Crise Gallicane

TEXTES ET DOCUMENTS

La Bulle Unam Sanctam.


La bulle débute par un développement enrichi de comparaisons bibliques pour affirmer l'unité de l'Eglise qui n'a qu'un chef en la personne de Jésus-Christ, à qui Pierre et les Papes ont succédé, comme chefs visibles. La métaphore des deux glaives amène ensuite le passage important.

L'Evangile nous apprend qu'il y a dans l'Eglise et dans la puissance de l'Eglise deux glaives, le spirituel et le temporel. Quand les apôtres ont dit: Il y a deux glaives ici— ici, c'est-à-dire dans l'Eglise, — le Seigneur n'a pas répondu : C'est trop, mais: C'est assez. Certes celui qui nie que le glaive temporel soit en la puissance de Pierre méconnaît la parole du Seigneur disant : Remets ton épée au fourreau. Donc l'un et l'autre glaives sont dans la puissance de l'Eglise, le spirituel et le temporel, mais celui-ci doit être tiré pour l'Eglise, celui-là par l'Eglise, l'un par la main du prêtre, l'autre par la main des rois et des soldats, mais du consentement et au gré du prêtre. Cependant, il faut que le glaive soit subordonné au glaive, l'autorité temporelle à la puissance spirituelle, car l'Apôtre dit : Il n'y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu, mais ce qui est ordonné par Dieu; or cet ordre n'existerait pas, si l'un des deux glaives n'était subordonné à l'autre, et en tant que son inférieur rattaché par lui à la catégorie suprême, car selon saint Denys : La loi de la divinité est que les choses inférieures soient rattachées aux supérieures par les intermédiaires. Il n'est donc pas conforme à l'harmonie de l'univers que toutes choses soient ramenées à l'ordre de façon parallèle et immédiate, mais seulement les plus infimes par les termes moyens, les inférieures par les termes supérieurs. Que la puissance spirituelle l'emporte en dignité et en noblesse sur toute puissance temporelle, nous devons le reconnaître d'autant plus évidemment que les choses spirituelles l'emportent davantage sur les choses temporelles. Le paiement, la bénédiction et la sanctification des dimes, la collation du pouvoir et la pratique même du gouvernement le font voir clairement à nos yeux. Car au témoignage de la vérité, il appartient à la puissance spirituelle d'instituer la temporelle et de la juger si elle n'est pas bonne. Ainsi se vérifie, touchant l'Eglise et la puissance ecclésiastique l'oracle de Jérémie : Je vous ai établi aujourd'hui sur les nations et sur les royaumes, etc…

Si donc la puissance temporelle s'égare, elle sera jugée par la puissance spirituelle; si la puissance spirituelle s'égare, l'inférieure sera jugée par la supérieure, et si c'est la puissance suprême, par Dieu seul. Elle ne pourra pas être jugée par l'homme, ainsi que l'atteste l'Apôtre; L'homme spirituel juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne. Or, cette autorité, bien que donnée à un homme et exercée par un homme, n'est pas une autorité humaine, mais plutôt un pouvoir divin conféré à Pierre de la bouche même de Dieu, la pierre affermie pour lui et pour ses confesseurs dans le Christ qu'il avait confessé, lorsque le Seigneur dit à Pierre lui-même: Tout ce que tu lieras, etc. Ainsi, quiconque résiste à la puissance ordonnée de la sorte par Dieu, résiste à l'ordre de Dieu, à moins qu'il ne pense, à l'exemple de Manès, qu'il y a deux principes, ce que nous jugeons faux et hérétique. Car, au témoignage de Moïse, ce n'est pas dans les principes, mais dans le principe que Dieu a créé le ciel et la terre. En conséquence, nous disons, déclarons et définissons que d'être soumis au pontife romain est pour toute créature: humaine de nécessité de salut.


(Traduction H. HEMMER).
A suivre : Chapitre II La Papauté d’Avignon.

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Message  Louis Jeu 05 Mar 2009, 12:05 am

La Crise Gallicane

De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
Le conclave réuni à Pérouse mettait en présence les deux partis rivaux. Après onze mois de chicane, on proposa Bertrand de Got ; comme il avait montre jadis de l'attachement à Boniface VIII, il était acceptable par les Italiens ; Français d'origine et archevêque de Bordeaux, il s'était réconcilié depuis avec Philippe le Bel ; sa candidature parut être de conciliation ; élu le 5 juin 13o5, il prit le nom de Clément V. « Le nouveau pape avait de la bonté et de la générosité, mais ces qualités tournaient vite à la faiblesse. » D'une part, il redoutait que son indépendance ne fût compromise au milieu des luttes italiennes ; à Rome, Orsini et. Colonna, dans tous les Etats, blancs et noirs, guelfes et gibelins se disputaient l'hégémonie ; d'autre part, Philippe le Bel faisait pression pour qu'il restât en France. Après avoir séjourné à Bordeaux (1306) et à Poitiers (13o7-13o8), il se fixa à Avignon, près du Comtat Venaissin, qui était terre pontificale depuis 1229 ; Avignon, toutefois, n'appartenait pas au pape ; c'est seulement en 1318 que Clément VI l'achètera 80.000 florins d'or à la reine Jeanne de Naples. Dans la pensée de Clément V ce séjour était provisoire ; il ne se fit pas construire de palais et se contenta d'un modeste logement chez les frères prêcheurs.
A suivre : 1. La Papauté et la France : le procès des Templiers.

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Message  Louis Ven 06 Mar 2009, 12:33 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
1. La Papauté et la France : le procès des Templiers. Philippe le Bel abusa de la situation ; il obtint d'abord de son hôte la rétractation des actes de Boniface VIII : la bulle Clericis laicos était frappée de nullité, la bulle Unam sanctam n'entraînerait aucune sujétion nouvelle du roi à l'égard de l'Eglise romaine. Bientôt, poussé par Nogaret dont l'absolution était en jeu, il demanda une condamnation flétrissante pour la mémoire de Boniface VIII. En 1309, le pape consentit à une enquête : Nogaret y accumula contre la victime d'Anagni les pires accusations : débauches, sacrilèges, etc.. Si Clément V se raidit devant de tels procédés, le roi reçut pourtant toutes satisfactions en dehors de la condamnation formelle de Boniface : les intentions du roi dans le procès ont été droites, il est innocent des violences exercées contre le pontife. Quant à Nogaret, absous de l'excommunication à cautèle, il en fut quitte pour un pèlerinage en Terre Sainte. Les résultats généraux de cette victoire de Philippe le Bel furent considérables : le pouvoir politique pontifical se trouve désormais éclipsé par l'absolutisme royal. Conséquence plus particulière, en suspendant au-dessus de Clément V la menace d'un procès diffamatoire contre Boniface VIII, Philippe obtiendra de lui, dans l'affaire des Templiers, plus qu'il n'aurait voulu donner.

Fondés pour la garde de la Terre Sainte, les Templiers perdirent leur raison originelle d'exister après que les chrétiens eurent évacué la Palestine en 1291. Ils devinrent les plus grands banquiers de l'époque : dans leurs « temples », forteresses puissantes, le trésor royal et l'argent des riches étaient gardés avec sécurité ; ils servaient, d'ailleurs, de fermiers généraux aux papes et même aux rois pour le recouvrement de l'impôt. Leur richesse engendra la jalousie et le secret de leurs réunions les calomnies. Profitant de cette situation équivoque, Philippe le Bel résolut de frapper les Templiers pour s'emparer de leurs trésors. Dès 13o6, il pressentit Clément V, qui promit simplement d'enquérir. Mais Philippe passa outre : le conseil royal fit arrêter le grand maître Jacques de Molai et tous les Templiers sous l'inculpation d'hérésie et de crimes monstrueux (12 octobre 1307). Une proclamation rédigée par Guillaume de Nogaret les accusait de s'engager par leur profession à renier le Christ, de pratiquer la sodomie, d'adorer une idole, d'omettre à la messe, les paroles de la consécration. Mis à la plus atroce torture, la plupart d'entre eux « dirent tout ce que voulurent les bourreaux, dixerunt omnem voluntatem torquentium ».

L'affaire semblait expédiée. Mais...
A suivre.

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Message  Louis Sam 07 Mar 2009, 12:29 am

La Crise Gallicane
De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
1. La Papauté et la France : le procès des Templiers. … L'affaire semblait expédiée. Mais Clément V se plaignit au roi que le procès eût été mené avec sa permission supposée.

Un moment ébranlé par les aveux des Templiers au point d'ordonner aux princes chrétiens d'arrêter ceux de leurs Etats, le pape revint à son attitude protestataire, lorsque plusieurs Templiers, Jacques de Molai surtout, se furent rétractés solennellement ; il suspendit la procédure en cours, évoqua l'affaire à son tribunal et demanda à Philippe de lui remettre la personne et les biens des accusés.

Nogaret entreprend alors d'apeurer Clément V par la calomnie : accusations de simonie, de népotisme sont lancées contre lui. Ainsi exploitée, l'opinion élut aux Etats généraux de Tours des députés qui se prononcèrent pour Philippe le Bel.

Après une belle résistance, le pape céda partiellement : aux évêques et aux inquisiteurs ordinaires, il rendit le jugement individuel des Templiers, comme cela était au début ; mais le soin de décider du sort de l'Ordre en général fut confié à un concile œcuménique dont une commission pontificale préparerait la besogne.

Dès lors, le procès se déroula sur un double plan. Inspirée par le Saint-Siège, la Commission pontificale ne voulut pas employer la torture, mais laissa aux chevaliers la liberté de leurs dépositions ; il s'en suivit des rétractations en masse. « Je veux défendre l'ordre, je n'y sais rien de mal », déclaraient les inculpés. A cette vue, les partisans du roi résolurent de précipiter les jugements individuels confiés au tribunal des inquisiteurs; soudain, à Paris, Philippe de Marigny condamna comme relaps, sans même les entendre, cinquante-quatre chevaliers qui venaient de rétracter leurs aveux devant la commission pontificale : on les brûla publiquement. Saisis d'effroi, les survivants recommencèrent à avouer. Réuni en octobre 1311, le concile de Vienne n'était pas décidé à ratifier les sanctions des inquisiteurs de France ; on ne pouvait donc espérer une condamnation, on obtint une suppression qui satisfit le roi : ce fut l'œuvre de la bulle Vox in excelso. Les Templiers persistant dans leurs aveux recouvrèrent la liberté ; les autres furent condamnés, et, parmi eux, le grand maître Jacques de Molai.

Que faut-il penser des Templiers ?...
A suivre.

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Message  Louis Dim 08 Mar 2009, 12:04 am

La Crise Gallicane

De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
1. La Papauté et la France : le procès des Templiers.…Que faut-il penser des Templiers ? Sans doute les richesses avaient amené chez eux certains abus qui appelaient une réforme ; mais basées sur des aveux oraux obtenus par la torture, les condamnations ne se justifient pas. La seule rapacité du gouvernement de Philippe le Bel explique ce procès inique. Il n'en retira point cependant tout le profit espéré : s'il se fit octroyer 200.000 livres tournois pour l'apuration des comptes de la trésorerie, et 60.000 pour les frais du procès ; pourtant, une. bulle pontificale adjugea les biens du Temple aux frères Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui en firent le meilleur usage en luttant contre les Turcs.
______________________________________

Clément V. Le Procès des Templiers.Sources : BOUTARIC, Notices et Extraits de documents inédits relatifs à l'histoire de France sous Philippe le Bel. dans les Notices et Extraits des manuscrits de la Bibl. nationale, t. XX². (1862), pp. 83-237. — K. SCHOTTMÜLLER. Der Untergang des Templerordens, 2 vol., 1887 — LIZERAND, Le dossier de l'Affaire des Templiers (coll. Les classiques de l'Hist. de France au Moyen. Age). 1923. — Travaux : H. PRUTZ, Entwickelung und Untergang des Tempelherrenorders, 1888. H. FINKE. Pappstum und Untergang des Templerordens, 2 vol., 1907.— CH. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, 1910.— LANGLOIS. Le Procès des Templiers, dans Rev. des Deux Mondes, 1891, et Hist. de France, t. III².— P. VIOLLET. Les interrogatoires de Jacques Molay, 1909. — C. LIZERAND. Les dépositions de J. Molay, 1913.— V. CARRIERE, Hypothèses et faits nouveaux en faveur des Templiers, dns Rev. hist. Eglise de France, 1912 (III). — HEMMER, art. Clément V, Dict. de Théol.

A suivre : 2. La papauté et l'Allemagne : la lutte avec Louis de Bavière.

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Message  Louis Lun 09 Mar 2009, 5:41 pm

La Crise Gallicane

De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
2. La papauté et l'Allemagne : la lutte avec Louis de Bavière. Clément V et Philippe le Bel moururent la même année (I3I4). Après une vacance de deux ans et trois mois occasionnée par les rivalités des Italiens et des Français, ceux-ci firent élire Jacques Duèse de Cahors, cardinal évêque de Porto, qui prit le nom de Jean XXII (I316-1334).

Le nouveau pape dut entrer en lutte avec l'Allemagne. Il y avait deux prétendants à la succession de Henri VII : Louis de Bavière et Frédéric d'Autriche ; Jean XXII soutint le droit de la papauté à trancher les élections impériales douteuses et déclara qu'aucun des deux compétiteurs ne s'appellerait rex romanorum avant que lui-même eût dirimé le conflit.

Comme Louis de Bavière désignait un vicaire général d'Empire pour l'Italie, le pape n'en tint aucun compte et laissa l'administration de la péninsule à des légats et à Robert de Sicile. Mais, en Allemagne, l'idée de nationalité avait fait son chemin ; on ne voulait plus des interventions pontificales dans le domaine politique ; on demanda aux armes, non au pape, d'en décider : la bataille de Muhldorf, livrée le 28 septembre 1322, fut favorable à Louis de Bavière. Il s'était déclaré empereur. Le 8 octobre 1323, Jean XXII rappela qu'à lui seul revient l'examen de la personne (examen personæ), et, par conséquent aussi, l'approbation de l'élu (approbatio electi). Louis, impénitent, fut excommunié le 23 mars 1324. La lutte se rouvrait entre le Sacerdoce et l'Empire.

_____________________________

Les papes d'Avignon en général.Sources : A. COULON et MOLLAT, Les registres de. Jean XXII, 1900 et suiv. — J. M. VIDAL. et G. DAUMET, Les registres de Benoit XII. 1899.— E. DEPREZ, Les registres de Clément VI et d'Innocent VI, 1899. — P. LECACHEUX, Les registres d'Urbain V, 1902. Vitæ paparum Avenionensium[i], ed. Baluze, 2 vol., 1693 (rééd. G. Mollat, 1917). — H. FINKE, [i]Acta Aragonensia, 2 vol., 1908. — Œuvres de saint Vincent Ferrier, éd. Fages. 1909. — Travaux : G. MOLLAT, Les papes d'Avignon. 3e édit. 1920. — L. BREHIER, L'Eglise et l'Orient au moyen âge. Les croisades. — J. GUIRAUD. L'Eglise romaine et les origines de la Renaissance, 1911. — DOM C. POULET, Guelfes et Gibelins. t. II. La diplomatie pontificale à l'époque de la domination française (1266-1378), 1922.

Jean XXII. — Sources . A. COULON et G. MOLLAT, Les registres de Jean XXII, 1900. — Travaux: E. ALBE. Autour de Jean XXII. Les familles du Quercy, Rome, 1903-1906 (Ex. des Annales de Saint Louis des Français). — J. ASAL. Die Wahl Johanns XXII, 1910.— G. MOLLAT, Jean XXII fut-il un avare, dans Rev. hist. eccl. , t. V (1904) p. 522-534; t. VI (1905). p. 33-46: L'élection du pape Jean XXII, dans Rev. hist. Eglise de France, t. I (1910), p. 34-49, 147-166). — N. VALOIS, Jacques Duèse, pape, sous le nom de Jean XXII, dans Hist. litt. de la France. t. XXXIV (1915). pp. 301-630. — Art. Jean XXII. dans Dict. Théol. cath. — MORTIER, Histoire des Maîtres généraux de l'ordre des Frères prêcheurs, t. II et III. 1905-1907. Sur les Spirituels : F. Tocco, L'Eresia nel medio Evo, Firenze, 1884. — HOLZAPFEL, Handbuch der Gesehichte des Franziskaneordens, Freiburg-im-Breisgau. 1905.— F. CALLAEY, L'idéalisme franciscain spirituel au XIVe siècle. Étude sur Ubertin de Casale, Louvain. 1911. — VERNET. art. Fratricelles, dans Dict. de Théol. — E. JORDAN, art. Joachim de Flore, dans Dict. de Théol.
A suivre.

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Message  Louis Lun 09 Mar 2009, 11:13 pm

La Crise Gallicane
De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
2. La papauté et l'Allemagne : la lutte avec Louis de Bavière. Louis de Bavière trouva des alliés au sein de l'Eglise. Les franciscains causaient alors de graves ennuis à Jean XXII : en 1317 et 1318, il avait dû condamner la partie exaltée de l'Ordre, ces mêmes spirituels qui avaient combattu Boniface VIII, sortes de montanistes appuyant leurs prophéties et leurs critiques sur l'autorité de Joachim de Flore et de ses disciples Pierre Jean d'Olive et Ubertino da Casale : pour eux, livrée à la richesse et aux plaisirs, l'Eglise est « Babylone », et le pape l'Antéchrist ; au sacerdoce officiel va succéder un monachisme pur qui régénérera la chrétienté.

Quand par la bulle quorumdam exigit (7 octobre. 1317), Jean XXII leur eut donné tort dans leur conflit avec les conventuels, les spirituels s'opiniâtrèrent à porter le froc rapiécé et à nier la légitimité des provisions alimentaires.

Aussi, par les bulles Sancta romana (3o décembre 1317) et Gloriosam (1318), Jean XXII dut-il excommunier expressément fraticelles, béguins, frères de la pauvre vie ; poursuivis par l'Inquisition, les opiniâtres furent emprisonnés ou brûlés vifs.

Bientôt, un conflit plus grave brouille Jean XXII non plus seulement avec un groupe d'exaltés, mais avec, l'ordre franciscain presque entier : en 1322, une polémique théologique s'engageait sur la question de savoir si le Christ et les apôtres avaient pratiqué la pauvreté jusqu'à ne rien posséder.

Jean XXII évoqua à lui l'affaire ; il y cherchait une solution et prenait conseil quand, sans attendre, le général des frères mineurs, Michel de Césène, dans un chapitre général de l'ordre à Pérouse, se prononça pour l'absolue pauvreté (3o mai 1322). Le 12 novembre 1323, par la constitution cum inter nonnullos, Jean XXII condamna comme hérétique la déclaration de Michel de Césène qui, mandé à Avignon, y fut gardé à vue.

Mais, nombre de franciscains suscitèrent une violente campagne de, presse contre le pape ; Louis de Bavière se posa en défenseur des révoltés ; à Francfort, il fulmina contre le pontife d'Avignon une sorte d'excommunication laïque.

En vain, Jean XXII jeta-t-il l'interdit sur l'Allemagne entière ; les frères mineurs si populaires vont faire campagne partout en faveur de l'empereur et empêcher l'exécution des sentences pontificales.


___________________________

Louis de Bavière et la papauté. — Travaux : C. MÜLLER, Die Kampf Ludwigs des Baiern mit der römischen Curie. Ein Beitrag zur Kirchlichen geschichte des 14 Jahrunderts, Tubingue, 1879-1880.— P. FOURNIER, Le royaume d'Arles et de Vienne. 1891.— A. LEROUX, Recherches critiques sur les relations de la France avec l'Allemagne de 1292 à 1378. 1882. — A. BAUDRLLART, Des idées qu'on se faisait au XIVe siècle sur le droit d'intervention du Souverain Pontife en matière politique, dans Rev. hist, et litt. relig., t. III (1898). p. 193-223. 299-337. — NOEL VALOIS, Jean de Jandun et Marsile de Padoue, dans Hist. litt. de la France, t. XXXIII.

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Message  Louis Mer 11 Mar 2009, 12:18 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
2. La papauté et l'Allemagne : la lutte avec Louis de Bavière. Une aide fut encore fournie à Louis de Bavière par Marsiglio de Padoueet Jean de Jandun, qui, dans leur Defensor pacis, posaient les principes d'un remaniement démocratique de la société chrétienne. Le pape n'est qu'un évêque comme les autres ; tout au plus a-t-il une vague prééminence morale ; les affaires de l'Eglise doivent être gérées par un concile, délégation de l'universalité des fidèles ; la présidence en revient à l'empereur, « fidèle législateur humain qui n'a personne au-dessus de lui », fidelem legislatorem superiore carentem. Aussi les évêques de Rome sont-ils en politique des usurpateurs : s'ils réclament de l'élu impérial qu'il leur fasse cession des provinces italiennes, c'est pure intrusion. En 1326, les auteurs du libellé révolutionnaire se réfugieront à la cour de Louis de Bavière, qui va essayer de réaliser leur programme.

A travers l'Italie septentrionale possédée par des seigneurs gibelins, il fit un voyage triomphal : à Milan, on le couronna roi d'Italie avec sa femme Margaretta de Hollande (31 mai 1327) ; il entra dans Rome sans obstacles, le 10 janvier 1328. Après que les évêques excommuniés d'Aleria et de Castello lui eurent donné l'onction sacrée, il reçut la couronne des mains de Sciarra Colonna et des syndics de la ville, représentants le peuple romain. Le 14 avril, on entreprit le procès de Jean XXII : composée, selon les vues de Marsiglio, de quelques clercs et de nombreux laïques, une assemblée émit des doutes sur son orthodoxie ; le verdict impérial le déposa pour crime de lèse-majesté. Une commission représentative du peuple romain élut ensuite un nouveau pape : le mineur Pierre de Corvara, qui prit le nom de Nicolas V. Ainsi, dépassant les Hohenstaufen, Louis de Bavière lançait-il la querelle du Sacerdoce et de l'Empire dans une voie démocratique. Mais bientôt le peuple romain se soulevait (4 avril 1328) ; Louis dut quitter la ville impériale ; il séjourna quelque temps à Pise ; Milan lui ferma ses portes; il lui fallut regagner l'Allemagne; voyant tout perdu, l'antipape Jean de Corvara vint se jeter aux pieds de Jean XXII.

II est vrai que…

A suivre.

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Message  Louis Jeu 12 Mar 2009, 12:19 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).
CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
2. La papauté et l'Allemagne : la lutte avec Louis de Bavière. … II est vrai que celui-ci se compromettait à son tour. Dans un sermon du 15 décembre 1331, il prétendit « qu'avant la résurrection des corps, les âmes séparées ne possèdent ni la vie éternelle, ni la béatitude proprement dite, ni la vision béatifique» ; de même, damnés et démons n'habiteront l'enfer qu'après la fin du monde.

Les partisans de Louis de Bavière, Michel de Césène, Guillaume Ockam, etc., crièrent à l'hérétique : mais Jean XXII dégagea la papauté en déclarant n'avoir agi qu'en qualité de théologien privé ; d'autre part, loin d'imposer son avis, il consultait évêques et docteurs sur la question. Tombé gravement malade, Jean XXII se rétracta en présence de ses cardinaux : « Nous confessons, dit-il, que les âmes séparées des corps et pleinement purifiées sont au ciel, et qu'elles voient Dieu face à lace autant que le comportent l'état et la condition de l'âme séparée. » Aussitôt élu, son successeur, Benoit XII (1334-1342), termina la querelle en définissant par la bulle Benedictus Dei que les âmes justes n'ayant aucune faute à expier « voient l'essence divine d'une manière intuitive et faciale » immédiatement (29 janvier 1336).

Mais le schisme politique subsistait toujours. Benoit XII fit preuve de tendances conciliantes : au printemps de 1335, puis à l'automne de 1336, des négociations s'ouvrirent sans résultat. Alors, les princes allemands réunis à Rense (16 juillet 1338) formèrent l'union électorale (Kurverein) ; elle stipula que « celui qui a été légalement élu par la majorité des électeurs est considéré comme vrai roi d'Allemagne sans nul besoin de la confirmation pontificale ». Louis de Bavière approfondit encore le différend en faisant contracter à son fils, Louis de Brandebourg, une union irrégulière avec Marguerite Maultasch, héritière du Tyrol, déjà mariée à Jean-Henri de Bohème. Le nouveau pape, Clément VI (1342-1352), excommunia Louis de Bavière le 13 avril 1346 ; les princes, d'autre part, l'abandonnèrent et élurent à sa place Charles de Bohème, protégé du pape ; la mort de Louis de Bavière, survenue le 11 octobre 1347, ferma, d'ailleurs, le conflit. Mais l'Empire acheva de se laïciser: en 1354, la Bulle d'or décréta que l'élection serait faite par sept princes, trois ecclésiastiques. Mayence, Trêves et Cologne ; quatres laïques : Bohème, Palatinat, Saxe et Luxembourg. La conception médiévale disparaissait : en place d'une chrétienté, des nationalités jalousement autonomes.

A suivre : 3. La papauté et l'Italie : Albornoz, Urbain V et Grégoire XI.

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Message  Louis Ven 13 Mar 2009, 12:10 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
3. La papauté et l'Italie : Albornoz, Urbain V et Grégoire XI. Le transfert du Saint-Siège à Avignon laissait l'Italie sans protecteur. Dans le Patrimoine l'anarchie se multipliait : Orsini, Colonna, Savelli ne cessaient de guerroyer ; ils avaient à leur service des sicaires qui commettaient toutes sortes de crimes. C'est alors que le peuple se jeta dans les bras d'un tribun : Cola di Rienzo. Les effets premiers de ce changement furent excellents : l'ordre régna. D'abord inquiet Clément VI reçut l'hommage de Rienzo et le reconnut. Malheureusement, cet homme de petite extraction eut la tête tournée par une telle fortune. Farci de souvenirs classiques, il voulait la restauration de la Rome antique ; le poète Pétrarque l'encourageait qui saluait en lui « l'honneur des deux Brutus ». Il eût voulu réunir l'Italie en un seul Etat dont Rome eût été la capitale ; devant les représentants des cités, il brandit son épée dans la direction des quatre points cardinaux en disant : « Tout cela est à moi ». Clément VI l'avait excommunié ; le 15 décembre 1347, la révolution éclate à Rome ; le légat pontifical Bertrand de Deux y rétablit l'ancien ordre seigneurial. Il y eut encore deux tribuns éphémères : Cecconi (1352), puis Baroncelli.

Cependant, les papes ne cessaient de penser au retour. Le successeur de Clément VI, Innocent VI (1356-1362) travailla à la reconquête des Etats Pontificaux avec l'aide du grand capitaine Alvarez Carillo Albornoz. Castillan, archevêque de Tolède, celui-ci avait été nommé légat du Saint-Siège au temps de la croisade d'Andalousie : il se signala à la bataille de Tarifa en 1340. Après que Pierre le Cruel l'eut disgracié, Innocent VI le nomma légat en Italie dès 1353. Besogne singulièrement ardue. Dans les Etats pontificaux comme dans l'Italie du Nord, c'étaient partout de petits tyrans on de grands seigneurs, libertaires, astucieux, ennemis de toute intervention ecclésiastique : ainsi dans le Patrimoine le préfet Giovanni di Vico : dans les Marches, les Ordelaffi à Forli, les Manfredi à Faënza, les Malatesta à Rimini. Contre eux, Albornoz était investi d'un pouvoir entier, mais presque exclusivement moral : car Innocent VI n'était pas en mesure d'entretenir un véritable corps expéditionnaire. Albornoz contracta d'abord une alliance avec l'archevêque Giovanni Visconti, l'homme le plus puissant de l'Italie, maître à Milan et à Bologne ; ainsi assuré de ne point laisser d'ennemi derrière lui, avec une petite troupe, il fonça droit sur le Patrimoine, réduisît par la force le préfet de Vico dont la soumission en amena beaucoup d'autres, notamment celles des villes de Narni, Terni, Rieti. Le 3o septembre 1354, Albornoz pouvait convoquer à Montefiascone une grande assemblée des barons et des communes qui tous prêtèrent serment de fidélité à l'Eglise. Restait à s'emparer des Marches, cette longue bande côtière qui assure aux Etats Pontificaux un débouché maritime du côté de l'Orient et un débouché terrestre vers l'Italie du Nord. Albornoz vainquit les tyranneaux de ces régions : Malalesta de Rimini, Ordelaffi de Forli. Malheureusement, les intrigues du Visconti inquiet de tels succès et la jalousie de l'entourage pontifical amenèrent deux disgrâces consécutives du grand Albornoz. Restée inachevée, son œuvre n'en était pas moins considérable : les Etats pontificaux se rangeaient maintenant sous l'autorité du pape.

N'était-ce pas le moment d'y rentrer ?...

____________________________

Cola di Rienzo.Travaux: RODOCANACHI, Les institutions communales de Rome. 1901 : Cota di Rienzo, Histoire de Rome de 1342 à 1354, 1888.

Albornoz.Travaux : Y. FILIPPINI, La riconquista dello Stato della Chiesa per opera di Egidio Albornoz (1353-1357), Rigoli, 1900 (Ext. des Studi storici, t. VL.VIII). — Art. Albornoz, dans Dict. d'hist, et de géogr. eccl.

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Message  Louis Sam 14 Mar 2009, 12:10 am

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CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
3. La papauté et l'Italie : Albornoz, Urbain V et Grégoire XI. … N'était-ce pas le moment d'y rentrer ? D'autant que la France devenait moins habitable. A la faveur de la guerre de Cent Ans, des groupes de pillards formés en « grandes compagnies » terrorisaient le pays. En 1357, on avait vu la Provence envahie, par les bandes d'Arnaud de Cervole ; tout le Comtat fut en émoi, on fortifia Avignon ; en 1358 et 1360 nouvelles alarmes ; les populations réfugiées à Avignon y subissent la famine et la peste ; l'épidémie qui sévit du 29 mars au 26 juillet 136o n'enleva pas moins de 1.700 personnes dont 9 cardinaux. A la fin de son pontifical, Innocent VI songeait au retour.

Son successeur Urbain V (1362- 1370) le réalisa, malgré le roi Charles V et les cardinaux français. Il était temps : dans l'Italie centrale de longues années passées sous l'administration de fonctionnaires le plus souvent français avaient exaspéré les populations.

Quand Urbain V rentra à Rome, Pétrarque salua son retour comme la fin d'une captivité de Babylone. Cependant, de sourdes hostilités, la révolte de Pérouse attristèrent le pape ; en vain, les Romains et Pétrarque le suppliaient de rester ; en vain, sainte Brigitte lui prédisait, s'il partait, sa mort prochaine ; en vain, Pierre d'Aragon lui faisait remarquer que, si le pape s'éloignait encore de Rome, il exposerait l'Eglise au schisme : en effet, le séjour des pontifes à Avignon ne créerait-il pas, en se prolongeant, un tel antagonisme entre Français et Italiens qu'on élirait de chaque côté un chef de la chrétienté ? Urbain V rentra pourtant à Avignon, où il mourut bientôt, le 19 décembre 1370.

A suivre.

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Message  Louis Dim 15 Mar 2009, 12:24 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
3. La papauté et l'Italie : Albornoz, Urbain V et Grégoire XI. Dès le début de son pontificat, Grégoire XI (1370-1378) songea au retour. Mais il rencontra de nouveaux obstacles. Jaloux des succès de l'Eglise, convoitant la possession de la Toscane, les Florentins regardaient maintenant le pape comme un rival ; ils patronnaient insidieusement un mouvement d'émancipation, une mise des Français hors de l'Italie. Dans l'hiver 1375, une insurrection générale éclata en Toscane, dans les Etats Pontificaux et en Romagne. Grégoire XI résolut de sévir avec vigueur : il frappa Florence d''interdit, mesure qui frappait cette cité dans son commerce international : suspension des paiements échus, saisie des marchandises, arrestation des traficants, telles étaient les conséquences de cette mise au ban de la chrétienté. Sainte Catherine de Sienne s'interposa ; elle disait qu'elle eût voulu, « s'il eût été possible, y sacrifier mille fois sa vie ». Elle fit même le voyage d'Avignon. À ses yeux, il n'y avait qu'un seul remède : le retour du pape, qui ferait tomber toutes les défiances ; elle faisait, d'ailleurs, entendre à Grégoire XI que Rome était par tradition la ville des papes : elle l'appelait « un jardin arrosé du sang des martyrs qui bouillonne encore et appelle des imitateurs ». Malgré les instances de la cour de France et des cardinaux, Grégoire XI rentra à Rome le 17 janvier 1377. Bientôt, la ligue florentine se désagrégea ; ruinée, la cité rebelle consentit à traiter. Au moment où Grégoire XI mourut, en mars 1378, un véritable congrès européen se tenait à Sarzana en vue de la pacification de l'Italie.
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Le retour à Rome sous Urbain V et Grégoire XI.Travaux : J. H. ALBANES, Abrégé de la vie et des miracles du bienheureux Urbain V. 1872. — M. CHAILLAN, Le bienheureux Urbain V (coll. les Saints). 1911. — MIROT, La politique pontificale et le retour du Saint Siège à Rome en 1376, 1899. — E. GEBHART, Moines et papes. 1896. — M. PROU, Etude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France, Jean II et Charles V, 1887. — Comtesse DE FLAVIGNY, Sainte Catherine de Sienne, 1895.— JOERGENSEN, Catherine de Sienne (trad, française), 1919. — J. LECLERCQ, Sainte Catherine de Sienne, catholique romaine, la mystique de l'apostolat, Bruxelles, 1921. — Comtesse DE FLAVIGNY, Sainte Brigitte 1892. — A. CLERVAL, art. Grégoire XI, dans Dict. de Théol.
A suivre : 4. Centralisation et fiscalité avignonnaises.

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Message  Louis Lun 16 Mar 2009, 12:08 am

La Crise Gallicane

De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
4. Centralisation et fiscalité avignonnaises. Quel jugement porter sur les papes d'Avignon?

Sans doute, les instances des Valois et celles des cardinaux ont contribué plus que de raison à prolonger leur exil. Mais l'état d'anarchie où la péninsule se débattait la rendit longtemps inhabitable. D'ailleurs, par leur séjour à Avignon, les papes espéraient mettre fin à la guerre de Cent Ans, ce qui eût permis la croisade. Il faut signaler surtout les efforts de Clément VI ; il parvint à former une ligue navale entre Vénitiens et Latins d'Orient (Chypre et Hospitaliers) contre les Turcs qui, déjà établis sur les côtes d'Asie-Mineure, infestaient l'Archipel : la prise de Srnyrne (38 octobre 1344) et la victoire d'Imbros (1347) débarrassèrent la Méditerranée des corsaires turcs. Mais la rivalité de Gênes et de Venise et l'incapacité du dauphin Humbert de Vienne, généralissime de la croisade, empêchèrent de faire davantage.

Sous les papes d'Avignon, la centralisation du gouvernement de l'Eglise s'accentua. Les appels au pape devinrent très fréquents; le Saint-Siège s'occupa beaucoup plus des affaires des ordres religieux, leur imposant des réformes ou des dignitaires. Surtout, la papauté intervint davantage dans la collation des bénéfices en multipliant les cas de réserve, c'est-à-dire ceux où le souverain pontife s'attribue le privilège de la nomination.

Etendant une mesure prise par Clément IV, déjà Boniface VIII s'était réservé de nommer aux bénéfices dont les titulaires viendraient à mourir près du séjour de la cour pontificale. Sous Jean XXII, la réserve atteignait tous les bénéfices qui perdent leur titulaire par rejet d'élection, par déposition ou renonciation ; de même, tous les bénéfices des cardinaux et des officiers pontificaux à leur décès. Les réserves ne cessèrent d'augmenter tant qu'enfin Grégoire XI s'adjugea la nomination à toutes les églises patriarcales, archiépiscopales, épiscopales et à tous les monastères d'hommes.
A suivre.

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Message  Louis Mar 17 Mar 2009, 12:27 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
4. Centralisation et fiscalité avignonnaises. Outre, qu'en principe, le Saint-Siège possède la plenaria dispositio, on alléguait surtout les illégalités commises par les collateurs ordinaires dans le choix des candidats, et les démêlés occasionnés par les élections épiscopales ou abbatiales. En effet, la discorde règne au sein des chapitres, et avec elle la simonie et les schismes qui prolongent les vacances : d'autant plus qu'on pouvait toujours épiloguer sur les résultats d'une élection puisque la majorité numérique ne suffisait point par elle-même, mais qu'elle devait être reconnue la plus saine, sanior. Ajoutons qu'à cette époque de lutte — en Allemagne et en Italie surtout — il importait que les prélats nommés fussent tous dévoués au Saint-Siège.

Pratiquement, la papauté consent à entrer en composition avec les chapitres dont elle agrée souvent le candidat ; parfois, quand elle n'a pu faire passer son protégé, elle se résigne à le nommer à un autre bénéfice ; il lui arrive aussi de tenir compte des désirs du roi ou des grands. L'autocratisme n'est donc point si criant que plusieurs l'ont prétendu. L'abus véritable vint du cumul des bénéfices : le Saint Siège trouva pratique d'entretenir les cardinaux et les officiers de la cour pontificale en leur accordant des bénéfices parfois très nombreux ; par une sorte d'hypothèque, on allait même jusqu'à désigner le futur titulaire d'un bénéfice encore occupé (expectative). Les clercs anglais furent particulièrement mécontents de ce qu'un grand nombre de bénéfices fussent accordés à des personnages de curie, étrangers au pays.

A suivre.

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Message  Louis Mer 18 Mar 2009, 12:12 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).
CHAPITRE II

LA PAPAUTÉ D’AVIGNON
4. Centralisation et fiscalité avignonnaises. Le système des réserves avait, d'ailleurs, une utilité financière directe :

a) Les prélats nommés par le Saint Siège devaient lui reconnaître certains droits :

les communs services acquittés par les nouveaux évêques et abbés à la Chambre apostolique, et qui, jadis dons gratuits, étaient devenus au XIIIe siècle taxe obligatoire ;

les menus services ou gratifications consenties au personnel de la cour romaine ;

la sacra payée à l'occasion de la consécration ou de la bénédiction à la cour pontificale, et les visitationes ad limina, redevances dues lors des visites obligatoires à la curie ;

enfin, les droits de chancellerie. A ces impôts, payés au siège de la curie, il faut encore ajouter les annates, autrement dit les revenus produits pendant la première année qui suit la collation à un nouveau titulaire.

b) D'autre part, à la mort du bénéficier, la papauté usait du droit de dépouilles qui s'exerçait en particulier sur le mobilier, le trésor et la bibliothèque du défunt ; elle percevait aussi les vacants, autrement dit les fruits du bénéfice jusqu'à la nomination d'un nouveau titulaire.

c) Ajoutons que le Saint Siège levait parfois sur les bénéfices ecclésiastiques des décimes , secours extraordinaires exigés soit pour organiser la croisade, soit pour la guerre d'Italie ; elle demandait aussi au clergé des subsides caritatifs (subsidia caritativa). Mais il faut se rappeler que les revenus jadis tirés de l'Italie n'arrivaient plus à Avignon, que les puissances tributaires acquittaient toujours plus mal leurs redevances, que les papes devaient entretenir des mercenaires à leur solde. La centralisation réalisée par les papes d'Avignon provoquera en partie les réactions anarchiques qui aboutiront au concile de Bâle.


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La papauté d'Avignon, la France et l'Orient.Travaux. E.DEPREZ, Les préliminaires de la guerre de Cent Ans. La papauté, la France, et l'Angleterre (1328-1342). 1902. — H. DENIFLE, La désolation des églises, monastères, hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans. 2 vol. 1899. — DELACHENAL, Histoire de Charles V, 3 vol., 1909-1916. — G. MOLLAT, Innocent VI et les tentatives de paix entre la France et l'Angleterre (1353-1355). dans Rev. hist. eccl., t. X (1909). pp. 729-743. — J. GAY, Le pape Clément VI et les affaires d'Orient (1342-1352), 1904. — DELAVILLE LE ROULX, La France en Orient au XIVe siècle,. Expéditions du maréchal Boucicaut.

La fiscalité pontificale. — Travaux : G. MOLLAT et Ch. SAMARAN,La fiscalité pontificale au XIVe siècle. 1905. — A. CLERGAUX. La curie et les bénéficiers consistoriaux, 1911. — J. DOIZE, Les finances du Saint Siège au temps d'Avignon, dans les Etudes, f. CXI (1907), p. 467-484, 639-654. — C. DAUX, Le denier de Saint Pierre 1907. — J. P. KIRSCH, L'administration des finances pontificales au XIVe siècle, dans Rev. Hist, eccl., t. I (1900), pp, 274-296. — G. MOLLAT, La collation des bénéfices ecclésiastiques sous les papes d'Avignon, 1921.
A suivre : chapitre III : Le GRAND SCHISME

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Message  Louis Jeu 19 Mar 2009, 12:03 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE III

LE GRAND SCHISME
1. L'origine du schisme : les deux obédiences. Au lendemain de la mort de Grégoire XI, le peuple de la ville pontificale réclamait à grands cris un pape romain ou tout au moins italienn. D'autre part, le Sacré-Collège était divisé : sept cardinaux limousins, cinq français et quatre italiens. Une antipathie commune pour les Limousins rapprochait Français et Italiens : ils songèrent à Barthélémy Prignano, archevêque de Bari, qui, Napolitain, pouvait être agréable aux deux partis. Il est impossible, d'ailleurs, que les cardinaux n'aient pensé à un moment si important qu'à des questions de personnalités : élire un pape français, c'était le vouer à l'exil d'Avignon.

Cependant, ces vues du Sacré-Collège sur un candidat italien furent singulièrement encouragées au moment du vote, le jeudi 8 avril, par les clameurs du peuple : « Seigneurs, dépêchez-vous, vint dire l'êvêque de Marseille. Vous risquez d'être mis en pièces, si vous ne vous hâtez d'élire un pape italien ou romain. » En ce moment critique, la candidature de l'archevêque de Bari se précise ; quinze cardinaux votent pour lui. Le calme s'étant plus ou moins rétabli dans la foule et les cardinaux ayant dîné, l'un d'eux fil cette sage réflexion : « Maintenant que les troubles sont apaisés, profitons-en pour réélire l'archevêque de Bari. Sommes-nous toujours du même sentiment ? » « Oui, oui », répondirent la plupart.

La scène qui suit marque à quel point les passions étaient surexcitées ; non encore avertie du choix, la foule force l'entrée du conclave ; pour la satisfaire, on lui présente comme élu un cardinal romain, le vieux Tibaldeschi, auquel on impose la mitre de force. Enfin, la vérité se divulgue. Le lendemain 9 avril a lieu l'intronisation : les cardinaux viennent prêter hommage au nouveau pape, Urbain VI.

En retour, ils attendaient de lui des faveurs…

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Message  Louis Ven 20 Mar 2009, 1:36 am

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De l’avènement de Boniface VIII à l’ouverture du concile de Florence (1294-1438).

CHAPITRE III

LE GRAND SCHISME
1. L'origine du schisme : les deux obédiences. …En retour, ils attendaient de lui des faveurs. Leur déception fut grande : réformateur cassant et malhabile, Urbain VI les somma de diminuer leur train de maison ; ses reproches étaient des injures : il lui arriva de traiter Orsini de fou. Sur ces entrefaites, Jean de la Grange, cardinal d'Amiens, arriva à Rome ; ce bénédictin diplomate essuya, lui aussi, les rebuffades d'Urbain VI, qui lui reprocha ses bons rapports avec le préfet de Vico révolté ; une altercation très vive s'en suivit. D'Amiens groupa autour de lui les mécontents : mal édifiés sur la valeur des votes qu'ils avaient émis, ils se mirent à douter de la légitimité d'Urbain VI. « Le dépit le plus excusable, l'égoïsme le plus inconscient a pu suffire à détacher ces cardinaux du pape Urbain, puis à les jeter dans une opposition d'autant plus tenace qu'elle n'a pas tardé à s'appuyer sur une conviction raisonnée et probablement sincère. » (Noël Valois.)

Le complot fut vite préparé : les cardinaux, secrètement opposants se rendirent à Fondi ; au nombre de treize, ils élurent pape le Français Robert de Genève, qui prit le nom de [b]Clément VII.[/i] Après enquête sérieuse et loyale, l'Assemblée du clergé de France, tenue au Bois de Vincennes, se prononça pour Clément VII, et avec elle le roi Charles V. Dès lors, la question prit les proportions « d'un vaste conflit politique », dont la papauté et l'Italie furent à la fois l'enjeu. Les puissances francophiles — Castille, Portugal, Ecosse — devinrent clémentines; l'Angleterre se déclara urbaniste, entraînant avec elle la Flandre et l'Empire. D'ailleurs, pour les contemporains le problème semblait inextricable : jusqu'alors les fauteurs de schisme n'avaient été que des princes laïques, les Hohenstaufen, puis Louis de Bavière ; maintenant, c'étaient des princes ecclésiastiques. De plus, les circonstances de l'élection pouvaient donner lieu à des discussions indéfinies, parce que les versions différaient sans contrôle sûr. Qu'on se souvienne que sainte Catherine de Sienne et sainte Brigitte se déclarèrent urbanistes, tandis que saint Vincent Ferrier et le bienheureux Pierre de Luxembourg se rangeaient à l'obédience française. Ce fut la division partout dans la chrétienté : souvent on vit deux prélats, deux abbés se disputer, les armes à la main, un bénéfice au nom du pape de leur choix.


A suivre : 2. L’échec des solutions diverses.

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