Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
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Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineI
On lit dans saint Luc, chapitre VII, versets 36 et suivants: « Un des pharisiens pria Jésus de venir manger chez lui; et Jésus étant entré dans la maison du pharisien il se mit à table. Et voilà qu'une femme pécheresse de la ville, ayant appris qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre rempli de parfum. Et se tenant derrière lui à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et les essuyant avec ses cheveux, elle les baisait et les oignait de parfum.....Le pharisien en fut scandalisé ; mais Jésus lui dit : Beaucoup de péchés lui sont remis parce qu'elle a beaucoup aimé. Puis il dit à la femme : Vos péchés vous sont remis, votre foi vous a sauvée : allez en paix. »II
C'est ici une histoire comme on n'en trouve que dans l'Évangile. Tout y est admirablement divin, et divinement admirable. La sainte familiarité de la pécheresse, l'ardeur de son amour pénitent, l'ineffable bonté du Rédempteur, qui contraste si éloquemment avec le zèle scandalisé du pharisien, forment un tableau au-dessus de toute comparaison. Dans quel lieu s'accomplit ce fait digne d'une éternelle mémoire, et quelle femme en fut la sublime actrice ? Le nom même de la pécheresse va répondre aux deux questions.III
Cette pécheresse n'est autre que Marie Madeleine. Sœur cadette de Marthe et de Lazare, dont les parents possédaient de grands biens à Jérusalem, à Béthanie et à Magdalum ou Magdala, Marie était née dans cette dernière ville. Au moyen âge la tradition indiquait encore la maison qui fut son berceau. Du lieu de sa naissance elle était appelée Marie Madeleine ou Marie de Magdala. On croit aussi que ce surnom, qu'on donnait rarement aux femmes, était un titre de noblesse. En tout cas il donne lieu de croire que Marie occupait un rang distingué dans le pays.IV
Or, Magdalum était une ville située dans une riante position sur les bords de la mer de Galilée, à une demi-lieue environ du lac de Génésareth, et non loin de Bethsaïde et de Capharnaüm, où le Sauveur avait coutume de prêcher. Bordé au nord et au couchant par une fertile plaine, Magdalum était entouré de fortes tours et de hautes murailles, qui le rendaient presque imprenable. C'est au point que les troupes du roi Agrippa n'osèrent pas même en faire le siège. Il y avait encore du temps des croisades un fort très important. Aujourd'hui, lorsqu'on monte de Tibériade vers les ruines de l'ancienne Capharnaüm, on traverse, près de la capitale de la Galilée, un village composé de quelques huttes, et que les Arabes appellent El-Medschel : c'est l'ancienne Magdalum ; une multitude de sources chaudes coulent dans la contrée et se réunissent dans la rivière nommée Hittin. C'est là aussi qu'était la fameuse source nommée Mirjam, où, d'après les rabbins, la sœur de Moïse fut guérie de la lèpre en s'y lavant, et qui avait conservé depuis une puissance merveilleuse.
Quoique privée de bonne heure de ses parents, Marie…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEV
Quoique privée de bonne heure de ses parents, Marie reçut, comme son frère et sa sœur, une éducation distinguée en rapport avec sa condition. Elle était douée d'un esprit vif et du plus heureux caractère, et avait une science parfaite des lettres hébraïques. Aux dons de l'esprit, elle joignait tous les charmes extérieurs. Sa taille était élevée, comme le prouve encore aujourd'hui un de ses pieds, précieusement conservé dans l'église de Saint-Celse, à Rome.VI
« A quinze ans, dit un de ses anciens historiens, Marie brillait de la plus grande beauté. Mais comme l'éclat de la beauté s'associe rarement avec la chasteté, et que l'abondance des biens a coutume d'être l'ennemie de la continence, cette jeune fille, vivant dans les délices, commença, ainsi qu'il est ordinaire à cet âge, de se complaire en elle-même et de se laisser entraîner à l'ardeur de ses passions naissantes. »VII
En garnison à Magdalum était un officier qui s'appelait Pandira ou Pandéra. Son nom se trouve une douzaine de fois dans le Talmud. Les plus anciens pères font mention de cet homme, et il est devenu tellement historique, qu'il est impossible de douter de son existence. Pandéra devint pour Marie la pierre de scandale. « Le cœur de cette jeune fille, continue son vieil historien, s'égara dans une terre étrangère, et prit sa demeure dans l'amour passager du siècle. Loin de Dieu, elle eut bientôt dissipé les dons de la nature et ceux de l'éducation. »
Tel fut le retentissement de sa chute et la durée de ses désordres, qu'elle fut désignée dans la ville sous le nom de la pécheresse : in civitate peccatrix.
Cependant les principes de religion que Marie avait reçus devinrent, après quelque temps de coupables folies, une source de remords…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEVIII
Cependant les principes de religion que Marie avait reçus devinrent, après quelque temps de coupables folies, une source de remords. La grâce qui travaillait son cœur fit naître une occasion de retour. Expliquons, pour la bénir, la conduite du Bon Pasteur à l'égard de la brebis égarée. Quelques lignes avant de raconter la conversion de Marie, l'Évangéliste rapporte la résurrection du fils de la veuve de Naïm. Naïm était une petite ville de Galilée, peu éloignée de Magdalum. Marie s'y trouvait, lorsque Notre-Seigneur ressuscita le jeune homme qu'on portait en terre. Avec une foule d'autres, elle fut témoin du miracle. Le malheureux jeune homme était mort dans le péché. Il avait vu les supplices de l'enfer. Rendu à la vie, il devint un prédicateur qui jeta l'épouvante dans l'âme de tous ceux qui l'entendirent, et sa mort fut pour plusieurs le principe de la vie éternelle.IX
De ce nombre fut la jeune princesse de Magdalum, que la crainte et la confiance conduisirent aux pieds du Sauveur (1). Dans sa miséricordieuse sagesse, le Bon Pasteur voulut se trouver sur le chemin de la brebis égarée. Immédiatement après la résurrection du jeune homme, il se dirigea vers Magdalum et accepta l'invitation d'un pharisien nommé Simon. Ménagée par la Providence, cette invitation l'y retint une partie de la journée.
Le bruit de son arrivée se répandit d'autant plus vite que Magdalum et Tibériade, sa voisine, étaient remplies d'étudiants ; car elles étaient célèbres par leurs écoles et par les rabbins qui les dirigeaient ou qui les avaient fréquentées. Tout le monde disait: « Le grand prophète qui a ressuscité le jeune homme de Naïm est ici, il dîne chez Simon. C'est un homme saint et bon, doux et miséricordieux, accessible aux petits et même aux pécheurs. » Quelques-uns ajoutaient : On dit que c'est le Fils de Dieu, le Christ attendu.X
La jeune pécheresse n'est pas la dernière à apprendre la nouvelle qui remplit la ville; un trouble salutaire s'empare de son âme. Messager de la grâce, ce trouble devient tout à coup lumière, résolution, courage. Lumière : Marie voit la profondeur de l'abîme dans lequel elle est tombée. Résolution : avec la vivacité naturelle de son caractère, Marie se décide sur-le-champ à briser ses chaînes. Courage : Marie a mesuré les obstacles, les fausses hontes, les humiliations qui se dressent devant elle : rien ne l'arrête. Elle se lève, prend un de ses vases à parfum, et le remplit des aromates les plus précieux.
Ces vases étaient ordinairement d'albâtre indien, sorte de marbre blanc, diaphane et veiné de diverses couleurs. On les préférait à tous les autres parce que les parfums s'y conservaient mieux. La plupart venaient de Tyr, où il s'en faisait un grand commerce. Dès son enfance, Marie usait de ces senteurs délicieuses, afin de multiplier ses jouissances et embellir ses attraits. Elle portait donc ce vase dans ses mains ; et dans sa poitrine, un autre d'un plus grand prix: c'était son cœur plein de repentir, d'amour et d'espoir.
Sans s'occuper de ceux qu'elle rencontre ou qui la regardent…
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(1) « Post resurrectionem adolescentes, convivium factum est in domo Simonis Leprosi, ubi Magdalena permota novitate miraculi cogitavit se subdere Christo, indigna beneficio ejus. » B. Simon de Cassia, in Luc. VII ; apud Orilia, Vita del buono Ladr., 9, et Cor. a Lap. in Luc. VII.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXI
Sans s'occuper de ceux qu'elle rencontre ou qui la regardent, elle traverse les rues de la ville et se dirige vers la demeure de Simon. Sans être invitée, sans être attendue, elle entre précipitamment dans la salle du festin. Là, se trouvaient, vêtus de leurs robes blanches et accoudés sur leurs lits de table, les personnages les plus graves de la ville, des connaissances, peut-être quelques-uns de ses parents. Qu'on se figure l'étonnement des convives à l'apparition soudaine de la jeune pécheresse. Tous en furent surpris ou indignés, excepté celui qui avait le secret de cette démarche et dont la miséricorde l'avait provoquée. Personne n'en fut plus scandalisé que Simon. Toutefois, avant de manifester son mécontentement; il attend ce qui va se passer.XII
Déjà Marie est auprès de son libérateur, la brebis auprès du berger. Prosternée à ses pieds, elle les arrose de ses larmes, les couvre de ses baisers et les essuie avec ses cheveux. Pourquoi tout cela ? Dans ce que fait Marie reparaît l'antiquité tout entière. La chaussure des anciens n'était pas la même que la nôtre, elle se composait de simples semelles rattachées sur le pied par des courroies. Généralement, pour les hommes, du moins dans les pays chauds, les jambes étaient nues, il est facile de comprendre le besoin qu'ils avaient de se laver les pieds lorsqu'ils arrivaient de voyage.
Aussi, le premier acte d'hospitalité était de laver les pieds des hôtes : c'était l'office des serviteurs. Notre-Seigneur lui-même daigne le remplir à l'égard des apôtres lorsqu'ils furent arrivés à Jérusalem pour célébrer la Cène. L'Eglise Romaine, qui ne laisse rien perdre ni des leçons ni des exemples du Sauveur, lave encore aujourd'hui les pieds des pèlerins venus à la ville sainte pour assister aux fêtes de Pâques.XIII
Marie essuie avec ses cheveux les pieds du Sauveur : autre souvenir de l'antiquité; c'était chez les anciens un signe de servitude et l'occupation des femmes esclaves, de laver les pieds de leurs maîtres et de les essuyer avec leurs cheveux, que pour cela elles portaient très longs. Dans quelques parties de l'Inde, le même usage subsiste encore. En s'y conformant, Marie témoignait à Jésus qu'elle lui était entièrement soumise et qu'elle se consacrait à son service.
Pour comprendre l'héroïsme de cette action, il faut savoir que c'était un grand opprobre pour les femmes juives de se découvrir la tête et de laisser tomber leurs cheveux, excepté dans un grand deuil. Cela venait en partie de l'usage où était le prêtre de délier le bandeau qui attachait les cheveux de la femme soupçonnée d'avoir violé la chasteté, et, en conséquence, condamnée à boire de l'eau amère.
Mais Marie abîmée dans la douleur ne savait plus trop ce qu'elle faisait. Accablée par le repentir de ses fautes, elle s'est jetée, comme une pécheresse publique, aux pieds du Sauveur ; et détachant elle-même les tresses de sa chevelure, elle s'en sert pour essuyer les larmes dont elle a inondé les pieds de Jésus, après s'en être servie pour séduire et captiver les cœurs. Oubliant la vanité et s'oubliant elle-même, elle veut en quelque sorte goûter la honte et l'opprobre, dans les objets mêmes où elle a goûté les faux charmes du péché.
Marie s'est déclarée publiquement la servante et l'esclave de son libérateur…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXIV
Marie s'est déclarée publiquement la servante et l'esclave de son libérateur. Cette première déclaration en appelait une autre. L'esclave n'était propriétaire de rien. Lui-même, avec tout ce qui avait pu lui appartenir, était la propriété de son maître. Prenant alors son vase de parfum, symbole de tout ce qu'elle a de plus précieux et de plus aimé, Marie le répand sur les pieds du Sauveur. Elle n'ose encore, comme elle aura le bonheur de le faire plus tard, le répandre sur sa tête sacrée. Ici encore elle se conformait à une coutume dont la signification n'échappait à personne.
Dans les festins de noces on répandait des parfums sur la tête du rabbin qui y présidait. C'était une marque d'honneur et comme un témoignage public de l'alliance qui venait de se former. Marie prenait pour époux son Sauveur, et célébrait son union spirituelle avec lui. Son action rappelle un autre fait de l'antiquité.XV
Ce n'était pas seulement dans les festins de noces, mais encore dans les repas un peu solennels que les anciens faisaient usage de parfums. Nous voyons les Perses, les Juifs, les Grecs, les Romains invariablement fidèles à cette coutume. Corriger l'odeur des mets par l'arôme des parfums, combattre les fumées du vin et les empêcher de troubler le cerveau ; provoquer la gaieté des convives, et flatter tous les sens à la fois dans une action qui, par la manducation, met l'homme en rapport direct avec Dieu, principe de toute félicité. Tel était leur but, car chez eux les repas étaient tenus pour une chose mystérieusement sainte. Ce but sans doute était souvent faussé. Il n'en est pas moins vrai que l'usage en soi n'avait rien que de légitime.
En s'y conformant, Marie non seulement rend honneur à son divin Maître, mais encore elle lui procure une sainte joie ainsi qu'aux témoins de son bonheur. Par l'acte qu'elle accomplit elle proteste au Sauveur que désormais son cœur sera un vase pur, diaphane, précieux comme l'albâtre, d'où l'amour fera incessamment couler les parfums exquis des plus héroïques vertus.XVI
En se prosternant aux pieds du Sauveur, en les lavant avec ses larmes et les essuyant avec ses cheveux, Marie ne faisait donc rien d'étrange. Ce qui l'était au dernier point, c'était de répandre son parfum sur les pieds du divin convive. Il était tout à fait inusité d'oindre les pieds avec des parfums, surtout avec du nard franc, qui était d'un très grand prix. On ne trouve le fait que chez quelques sybarites Athéniens. Complètement inconnu chez les Juifs, cet usage ne l'était pas moins à Rome même, où tous les genres de voluptueuse mollesse étaient si répandus au temps de Notre-Seigneur. Les Césars, maîtres du monde, l'ignoraient comme les simples citoyens (1).
Ce qui dut mettre le comble à l'étonnement des convives, fut de…
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(1) « Nec de imperatoribus ipsis, pedes eorum unguento ungi, solitos legimus. » Baron., an. 32, n. 26.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXVII
Ce qui dut mettre le comble à l'étonnement des convives, fut de voir la jeune pécheresse apportant le parfum le plus rare, dans un vase du plus grand prix, et le versant avec abondance sur les pieds du Sauveur. Au témoignage d'Hérodote un vase d'albâtre rempli de parfum était un cadeau royal. Le vieil historien raconte que Cambyse, roi de Perse, un des plus puissants monarques du monde, envoya, entre autres présents, au roi d'Ethiopie un vase d'albâtre, rempli de parfum. D'où l'on peut conclure que Marie était très riche, puisque plusieurs fois elle honora le Sauveur de cette sainte et royale prodigalité (1).XVIII
Si les convives étaient étonnés de ce qu'ils voyaient, Simon en était indigné. Chez lui, au milieu de son festin, en présence des personnages les plus respectables, une pécheresse publique osant se présenter et se voyant accueillie avec bonté par le grand prophète, en l'honneur de qui le festin était donné : ce spectacle était un scandale qui le faisait murmurer en lui-même. Par respect pour l'assemblée, n'osant manifester ses sentiments, il se disait tout bas : Je me suis trompé. Si le personnage que j'ai invité était prophète, il saurait quelle est cette femme qui le touche, car c'est une pécheresse.XIX
Pénétrant la pensée de Simon et tout en tenant ses regards attendris sur l'humble pénitente, Notre-Seigneur prit la parole et, s'adressant à Simon, il lui dit : « Simon, j'ai quelque chose à vous dire. » Celui-ci, abaissant son orgueil de pharisien et comme s'il n'eut pas murmuré, s'empressa de répondre : « Maître, parlez. — Un créancier, reprend Jésus, avait deux débiteurs. L'un lui devait cinq cents deniers, et l'autre cinquante seulement (1) ; et comme ils ne pouvaient le payer ni l'un ni l'autre, il leur remit à tous deux leur dette. Dites-moi lequel des deux l'aimera davantage? »
Comme l'insensé qui tresse un filet pour s'y faire prendre, Simon…
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(1) « Ex quibus omnibus facile intelligere quisque potest, hanc mulierem opulentissimam fuisse, quæ sæpe tanti pretii ad unctionem Domini unguentum sic liberaliterque fuderit. » Id., 29.
(1) Ces deux sommes équivalent la première à 250 fr. et la seconde à 25 francs environ.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXX
Comme l'insensé qui tresse un filet pour s'y faire prendre, Simon, sans penser que c'est à lui que s'applique la parabole : « J'estime, dit-il, que c'est celui à qui le créancier a remis la plus grosse somme. — Vous avez parfaitement jugé, » reprend le Sauveur. Aussitôt rappelant par ordre les devoirs de l'hospitalité : l'ablution, l'essuiement, l'onction et le baisement de ses pieds divins, autant de devoirs accomplis par Marie, il reproche doucement à Simon, en suivant la même énumération, l'oubli des mêmes devoirs, puis il conclut en ajoutant : « Je vous le dis, Simon, il lui a été remis beaucoup de péchés parce qu'elle a beaucoup aimé ; et il dit à la femme : Vos péchés vous sont remis ; allez en paix. »XXI
Rassurée par ces douces paroles, Marie se relève transformée. Aux larmes d'un repentir héroïque, se joignent, pour inonder son visage, les larmes d'un amour plus fort que la mort. Elle rentre dans sa maison, mais c'est pour la quitter. Sa maison, sa patrie sont désormais les lieux où sera son libérateur. Le suivre partout, entendre sa voix, conserver dans le plus intime de son cœur chacune de ses divines paroles, lui prodiguer, ainsi qu'à ses apôtres, les soins les plus dévoués: tels seront désormais son bonheur et sa vie.XXII
Quel âge avait Marie de Magdalum, lorsqu'elle se convertit et devint par son inaltérable et héroïque dévouement une des plus belles figures de l'Évangile? A défaut de dates précises, il faut s'en rapporter à la tradition, qui nous apprend que Lazare était moins âgé que Notre-Seigneur, et que Marie était sa sœur cadette. Or Marie se convertit dès le commencement de la prédication du Sauveur : elle pouvait donc avoir de vingt-sept à vingt-huit ans lorsqu'elle revint à Dieu.
Avec la vie nouvelle de Marie de Magdalum commence à se développer la mission chrétienne de la femme…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXIII
Avec la vie nouvelle de Marie de Magdalum commence à se développer la mission chrétienne de la femme. Désormais, rien de grand ne se fera dans l'Église, sans que la femme y soit mêlée. Cause active de la chute, il faut qu'elle le soit du rachat. Vierges ou pécheresses, toutes les filles d'Eve doivent devenir des instruments de salut : leur réhabilitation, même temporelle, est à ce prix. Le divin Maître, deux fois Rédempteur de la femme, lui fait comprendre cette salutaire obligation en appelant Madeleine à sa suite.
En Judée, comme en Galilée, dans les villes comme dans les bourgades que Jésus honore de sa présence, apparaît l'héroïne de l'amour pénitent; elle s'y trouve en compagnie de la Sainte Vierge, inséparable de son fils ; de Jeanne, femme de Chusa, intendant d'Hérode Antipas, tétrarque de Galilée; de Suzanne, noble et pieuse matrone guérie par Jésus, et de plusieurs autres saintes femmes que l'admiration et la reconnaissance enchaînaient aux pas du divin Rédempteur. Triomphe vivant de la miséricorde, Madeleine, par sa présence, rassure les pécheurs et les attire au bon Maître.XXIV
Spectacle ravissant ! Le Créateur du monde, celui qui est la splendeur du Père, descendu sur la terre, voyage parmi les hommes, au milieu de deux grands luminaires, dont la brillante lumière continue d'éclairer les pèlerins de la vie. « Dieu, dit saint Grégoire le Grand, a placé au firmament de l'Église deux grands luminaires, deux Maries : Marie, mère du Sauveur ; et Marie, sœur de Lazare. La première, luminaire majeur, afin de présider au jour, c'est-à-dire afin d'être le modèle et la protectrice des âmes innocentes ; la seconde, luminaire mineur, afin d'éclairer pendant la nuit et d'être le modèle et la protectrice des âmes pénitentes (1). »XXV
De concert avec ses illustres compagnes, Madeleine pourvoit aux besoins du Sauveur et des Apôtres. Glorieuse mission de la femme que nous voyons se perpétuer dans les différents siècles de l'Église. Ainsi, à Rome, sainte Plautille, sainte Flavie Domitille, sainte Lucine, sainte Priscille, sainte Pudentienne, sainte Praxède et tant d'autres grandes chrétiennes, pourvoient avec un pieux dévouement aux besoins de saint Pierre, de saint Paul, de saint Clément, de saint Pie, de saint Caïus, de saint Marcel et des autres pontifes, sans oublier les membres de leur clergé.
Quant à Madeleine, d'une famille opulente…
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(1) S. Greg., apud B. Albert. Magn., in Luc c. VIII.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXVI
Quant à Madeleine, d'une famille opulente, son bonheur était d'offrir l'hospitalité au Fils de Dieu. Plusieurs fois il lui fut donné de le recevoir, avec son frère et sa sœur, soit à Magdalum, soit à Béthanie. Toujours le Sauveur lui paie son hospitalité par une de ces paroles, mille fois plus précieuses que l'or, et qui révèlent tout ensemble l'éminente vertu de Marie et la divine tendresse dont elle était l'objet.
Ainsi, lorsqu'après la Transfiguration Notre-Seigneur se mit en marche pour Jérusalem, elle le reçut à Magdalum (1). Dans cette circonstance Marie mérita d'entendre de la bouche du divin Maître cet éloge qui retentira dans tous les siècles : Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée. Cette meilleure part était son union intime avec son Dieu, fondée sur l'oubli absolu des créatures et d'elle-même.XXVII
Quelques jours avant la Passion, elle eut encore le bonheur de le recevoir à Béthanie. Un grand festin lui fut donné, soit dans la maison de Lazare et de ses sœurs, comme dit saint Chrysostome, soit chez Simon le Lépreux, l'ami de la famille. Écoutons le récit des évangélistes. Le sixième jour avant la Pâque, qui correspond à notre samedi avant le dimanche des Rameaux, Jésus vint à Béthanie où était Lazare qu'il avait ressuscité. Le Sauveur comptait beaucoup d'amis à Béthanie, et c'est au milieu d'eux qu'il voulut passer les derniers jours de sa vie mortelle.XXVIII
A peine fut-il arrivé qu'on lui prépara un souper. Au nombre des convives était Lazare, buvant et mangeant comme tout le monde, prouvant ainsi la vérité de sa résurrection et la divinité de Jésus. Fidèle à sa vocation de charité, Marthe servait à table, Madeleine partageait la même faveur.
Le ministère de ces deux illustres sœurs, transformées en servantes pour servir à table le Verbe incarné, rappelle les nobles dames de Briançon qui, pour avoir le bonheur d'approcher le vicaire de Jésus-Christ, Pie VI, prisonnier du Directoire, se costumèrent en cuisinières et en femmes de chambre, afin de pouvoir déposer aux pieds de l'auguste vieillard l'hommage de leur dévouement et recevoir sa bénédiction.
Vers le milieu du festin de Béthanie, paraît Madeleine portant…
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(1) Quelques-uns disent à Béthanie.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXIX
Vers le milieu du festin de Béthanie, paraît Madeleine portant dans ses mains un précieux vase d'albâtre plein d'un parfum exquis. Ce parfum était du nard de premier choix, par conséquent d'un prix très élevé. Double preuve de la richesse de Madeleine et de sa famille, ainsi que de son respectueux attachement pour le Sauveur. On sait que le nard est un petit arbuste propre à la Syrie et à l'Inde, de couleur jaune, très feuillé, très odorant et doué de propriétés médicinales. Les baies et les feuilles de cet arbuste macérées ensemble donnent un parfum délicieux.XXX
Le vase de Madeleine en contenait une livre : il était à l'état liquide, afin de servir à l'usage auquel il était destiné. Madeleine s'approche respectueusement du Sauveur, comme elle avait fait à Magdalum, trois ans auparavant. Elle brise son vase et le répand non plus sur les pieds, mais sur la tête adorable de Jésus. Par crainte de l'évaporation, les vases à parfum étaient si bien fermés qu'on ne pouvait plus les ouvrir : on devait les briser. Cette opération nécessaire était très facile. Quoique d'albâtre, les vases à parfum étaient si minces que le plus petit coup d'un corps solide suffisait pour les briser, comme nous brisons une feuille de verre.
Toute la salle du festin et même toute la maison furent embaumées de l'odeur du parfum. Saint Augustin fait remarquer qu'à Magdalum Marie se contente de répandre le parfum sur les pieds du Sauveur : c'est la timidité respectueuse de la pénitence. A Béthanie, elle le répand sur la tête du Sauveur; c'est la sainte familiarité de la charité parfaite.XXXI
Au lieu de se réjouir des honneurs rendus à son bon Maître, Judas s'en indigne. Sans respect pour le Fils de Dieu, sans égard pour les convives, il se permet de dire tout haut : « Pourquoi cette perte ? ce parfum aurait pu être vendu plus de trois cents pièces d'argent et donné aux pauvres. » Les pauvres l'inquiétaient peu. Avare et voleur, il aurait voulu avoir l'argent dans la bourse commune, afin d'en faire son profit personnel.
Sans sortir de sa mansuétude ordinaire, le Sauveur en prend occasion de faire hautement l'éloge de Madeleine. Il blâme son indigne apôtre, et lui donne une leçon qui peut servir à tous ses imitateurs. « Pourquoi, dit-il, affligez-vous cette femme ? ce qu'elle vient de faire pour moi est une bonne œuvre, car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours. En répandant ce parfum sur mon corps, cette femme l'a fait en vue de ma sépulture. Je vous le dis en vérité, partout où cet évangile sera prêché dans tout l'univers, on racontera à la louange de cette femme ce qu'elle vient de faire.»
Toutes les générations proclameront encore…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXXII
Toutes les générations proclameront encore d'autres actions de Madeleine, non moins glorieuses. Celui qu'elle a suivi pas à pas depuis plusieurs années, celui à qui elle vient de donner une marque si éclatante de sa respectueuse affection, celui qu'elle aime mille fois plus qu'elle-même, son bon Maître est entre les mains de ses bourreaux. Après les angoisses de la Sainte Vierge, pendant la passion, les plus grandes, on peut l'affirmer sans crainte, furent celles de Madeleine Mais ces angoisses n'ôtent rien à son courageux dévouement. Elles le font au contraire briller avec plus d'éclat.
Jésus chargé de sa pesante croix traverse les rues de Jérusalem : Madeleine le suit. Jésus est au Calvaire, élevé sur la croix : Madeleine est là debout, immobile, ne craignant rien, ne voyant rien, n'entendant rien, crucifiée avec son bon Maître; et pour lui donner une dernière marque de tendresse, tenant compagnie à la sainte Vierge, placée avec elle à dix-huit pas de la croix.XXXIII
Tout est consommé ; mais pour l'amour de Madeleine tout n'est pas fini : celui qu'elle a aimé vivant, elle l'aimera mort. Rentrée dans sa demeure, elle passe la nuit avec ses nobles compagnes, à préparer des aromates, pour embaumer le corps de son divin Maître. Au gré de son amour, le jour ne paraît pas assez vite. Elle devance l'aurore, et à la tête des saintes femmes elle se hâte d'arriver au sépulcre.
Au lieu de Jésus, elle trouve deux anges qui lui disent : Celui que vous cherchez n'est plus ici : il est ressuscité. Mais où est-il? et elle se met à pleurer. Sans se faire connaître, le Sauveur lui apparaît et lui dit : Femme, pourquoi pleurez-vous? qui cherchez-vous? Elle, croyant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis et je l'emporterai. Elle ne nomme pas celui qu'elle cherche, son amour lui persuade que tout le monde doit le savoir. Cet amour double ses forces, et, faible femme, elle veut emporter son bon Maître.XXXIV
Avec un accent d'ineffable tendresse, le Sauveur lui dit : Marie. Inondée de bonheur, Marie lui dit : Rabboni, mon Maître, c'est vous ! Elle tombe à ses pieds, et comme à Magdalum et à Béthanie, elle veut les embrasser et les arroser de ses larmes brûlantes. Elle ne veut plus le quitter. Mais le Sauveur lui fait comprendre qu'il est entré dans sa vie glorieuse ; qu'elle est encore sur la terre, et que dans l'éternité seulement elle lui sera inséparablement unie. Il lui dit donc : Ne me touchez pas : Noli me tangere. Mais pour lui laisser un signe éternel de son amour et un gage de son bonheur futur, en lui disant : Ne me touchez pas, le bon Maître touche le front de Madeleine de son doigt divin.
Or, en 1497, lorsqu'on ouvrit le tombeau de la sainte…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXXV
Or, en 1497, lorsqu'on ouvrit le tombeau de la sainte, on trouva la tête entièrement dépouillée de ses chairs, excepté la partie du front touchée par le Sauveur. On vit clairement la peau devenue brunâtre, et sur la peau deux enfoncements, formés par l'attouchement de deux doigts. L'un est plus profond et plus visible que l'autre, et sous la peau, la chair conserve une partie de sa blancheur.
Où se trouve le tombeau de l'illustre sœur de Lazare, l'espoir éternel de toutes les pécheresses et le modèle admirable de toutes les pénitentes? Pour le dire, il faut raconter la vie de Madeleine depuis la résurrection du Sauveur.XXXVI
La première des saintes femmes venues au sépulcre, et favorisée de l'apparition de son bon Maître, Madeleine devint l'ardent apôtre de sa résurrection. C'est elle qui l'annonça à saint Pierre, à saint Jean et par eux à tous les disciples. Quoi qu'il en soit des autres mystères qui s'accomplirent pendant les quarante jours qui séparent la résurrection du Sauveur de son ascension, il est certain que Madeleine se trouva avec Jésus le jour où il remonta au ciel.
Avant de les quitter le bon Maître voulut revoir une dernière fois ceux qu'il avait tant aimés. Ses fidèles amis, au nombre de cent vingt, étaient réunis à Jérusalem dans la maison de Jean-Marc, cousin de saint Barnabé. Comme ils faisaient tous ensemble une fraternelle agape, Jésus apparut dans la salle du festin, se mit à table avec eux et il mangea, afin de prouver une dernière fois par cette action la réalité de son corps.XXXVII
Ce fut un jour d'ineffable allégresse, celui où eut lieu ce repas digne d'être conservé dans la mémoire des siècles. Avec Jésus étaient à table sa glorieuse Mère, la Reine des anges et des hommes, les douze apôtres, Marie Madeleine, Marthe, Lazare, Marie Cléophas, Salomé, Jeanne et Suzanne. Le repas terminé, Jésus se leva, et suivi de ces heureux convives il se dirigea du côté de Béthanie, petite ville à une demi-lieue environ de Jérusalem, au pied de la montagne des Oliviers. D'une dernière visite il voulut honorer ce lieu, où tant de fois il avait reçu l'hospitalité, et ceux de qui il l'avait reçue.
De là, il gravit avec eux le mont des Olives…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXXVIII
De là, il gravit avec eux le mont des Olives. Arrivé au sommet, il leur fit entendre cette voix divine que l'oreille humaine ne doit plus entendre qu'au jour du jugement général. Ses derniers adieux et ses dernières instructions donnés, il les bénit et s'éleva majestueusement dans les airs. Ils étaient, comme il a été dit, au nombre de cent vingt personnes. Fidèles à l'ordre du divin Maître, ils rentrèrent à Jérusalem et s'enfermèrent de nouveau dans la maison de Jean-Marc, dont le Cénacle, placé à la partie supérieure, leur servit de salle d'exercices pendant leur retraite.
Inséparable de la Sainte Vierge, Madeleine y était, avec elle Marthe sa sœur et les autres héroïnes du Calvaire. Sur elles toutes descendit le Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Appelés à jouir du bienfait de la Rédemption, l'un et l'autre sexe devaient recevoir l'esprit de l'apostolat. Par eux, à son tour, le monde entier devait en ressentir la salutaire influence.XXXIX
Pendant plusieurs années, Marie-Madeleine s'attacha à la très sainte Vierge, et la servit, dit Raban-Maur, avec un dévouement admirable ; elle vaquait avec elle à la contemplation, et avait part aux faveurs qu'elle recevait du ciel. La très sainte Vierge l'aimait à cause de l'affection qu'elle portait à son divin Fils, et des marques de bonté qu'elle en avait reçues. Les apôtres aussi honoraient Madeleine, parce que Notre-Seigneur l'avait honorée de sa présence peu après sa résurrection ; ils la proposaient au peuple comme un modèle de pénitence et une preuve du pardon que Dieu accorde aux pécheurs qui reviennent à lui (1).XL
Mais dans les persécutions qui suivirent la mort de saint Étienne, Lazare, Marthe, Madeleine avec plusieurs autres furent arrêtés par les Juifs. Pour les faire périr loin des regards du peuple, on les conduisit à l'un des ports de la Palestine et on les jeta dans une barque, qu'on lança en pleine mer, sans rames et sans pilote. Avec Lazare, Marthe et Marie furent embarqués Marcelle, leur femme de chambre, Marie Jacobé, Marie Salomé, Maximin, un des disciples, Joseph d’Arimathie, le noble décurion et d'autres encore, parmi les plus chers amis du Sauveur.
Condamnés à une mort humainement certaine, ils ne périrent pas. Du haut du ciel le divin Maître se fit leur rameur et leur pilote. Comme ces graines d'automne que les vents dispersent aux quatre coins du ciel, et qui donnent naissance à de nouvelles plantes, les illustres exilés, conduits par la Providence, abordèrent aux côtes de Provence, à l'endroit où le Rhône se jette dans la Méditerranée.
Cet endroit, que la tradition n'a jamais oublié…
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(1) Raban, Vie de sainte Madeleine, ch. XXXIV et. XXXV.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXLI
Cet endroit, que la tradition n'a jamais oublié, est la pointe méridionale de la Camargue, appelée le Gras d'Orgon, près duquel est bâtie l'église de Notre-Dame de la Mer et la ville du même nom. Marie Jacobé et Marie Salomé se fixèrent au lieu du débarquement. Les autres membres de la colonie apostolique se rendirent à Marseille. En se séparant sans se diviser, leur but était de hâter la publication de l'Évangile, en attaquant l'idolâtrie sur plusieurs points à la fois.
Faute d'abri, Lazare et ses sœurs se logèrent sous le péristyle d'un petit temple abandonné, situé sur le rivage de la mer, devant le portique du grand temple de Diane. La piété des Marseillais a consacré ce lieu à jamais mémorable, en y bâtissant en l'honneur de sainte Madeleine une petite chapelle isolée, en face de l'église de la Major, au carrefour des Treize Coins. C'est à cet endroit que sainte Madeleine fit la première prédication de l'Évangile au peuple de Marseille, qui se rendait en foule au grand temple de Diane.XLII
Bientôt, cette foule attirée soit par la nouveauté du spectacle, soit par le désir de sacrifier aux idoles, arriva en flots pressés autour du temple. Madeleine saisit avec empressement cette occasion de leur prêcher la foi et de leur parler de son divin Maître. La rare beauté de cette étrangère, la grâce de ses paroles, son éloquence saintement passionnée attirèrent l'attention; et, dès le premier jour, plusieurs demandèrent le baptême.
Le gouverneur de la ville vint lui-même au temple avec sa femme, afin de sacrifier aux dieux. Leur vue enflamme d'une nouvelle ardeur le zèle de sainte Madeleine, qui annonce hardiment la bonne nouvelle. Moins dociles à la grâce que les petits et les pauvres, ils écoutent et ne se convertissent pas. Mais la nuit suivante sainte Madeleine leur apparaît en songe, se plaint de leur incrédulité et leur reproche de laisser exposés à la faim et au froid les serviteurs du Christ, tandis qu'eux et leurs domestiques vivent dans l'abondance. Elle ajoute la menace de châtiments terribles, s'ils ne prennent soin des serviteurs du vrai Dieu.XLIII
Le lendemain le gouverneur et sa femme, s'éliant communiqué leur songe, s'empressèrent de pourvoir aux besoins de la sainte colonie. Eux-mêmes vinrent trouver sainte Madeleine qui eut la gloire de les convertir. Le peuple en foule suivit leur exemple. Les temples des idoles furent abandonnés ou détruits, et Lazare, devenu évêque de Marseille, prit soin de cette église naissante.
Le règne de son cher Maître établi à Marseille, Madeleine partit pour…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXLIV
Le règne de son cher Maître établi à Marseille, Madeleine partit pour de nouvelles conquêtes. Comme Notre-Seigneur avait confié la sainte Vierge à saint Jean, saint Pierre avait spécialement confié sainte Madeleine à saint Maximin, un des soixante-douze disciples, embarqué sur la barque homicide. Maximin se rendit à Aix, alors plongée dans les plus épaisses ténèbres de l'idolâtrie; avec lui partirent sainte Madeleine, quelques-unes des saintes femmes et plusieurs autres disciples, entre autres Célidonius, l'aveugle-né de l'Évangile.XLV
Pendant que Maximin montrait ses lettres de créance en semant les miracles, Madeleine touchait les cœurs par ses douces paroles et par l'éminente sainteté de sa vie. A ces pauvres idolâtres, ensevelis dans tous les vices, elle se proposait comme un miracle vivant de l'infinie miséricorde. Par tous les genres d'éloquence elle leur prêchait son bon Maître. Ses sens, autrefois instruments d'iniquités, lui devenaient autant de moyens d'instruire et d'édifier.XLVI
Au lieu des soins excessifs que, pendant sa première jeunesse, Marie donnait à sa personne, depuis sa conversion elle s'occupait si peu de son corps et des besoins de la vie, qu'elle oubliait même de seconder sa sœur, occupée à préparer le repas pour Jésus et ses disciples. Ce détachement surnaturel de tout ce qui est terrestre n'avait fait qu'augmenter avec son amour pour son bon Maître et son impatient désir de le rejoindre dans le ciel. Malgré les fatigues apostoliques, la nourriture de Madeleine était pauvre et presque nulle. Il en était de même de son vêtement, toujours décent et religieux. Ses saintes compagnes, qui l'aimaient d'une affection merveilleuse, pourvoyaient à ses nécessités.
Cependant le Sauveur voulut que son illustre amie pratiquât…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXLVII
Cependant le Sauveur voulut que son illustre amie pratiquât, dans une perfection jusqu'alors inconnue, la vie contemplative, qui lui assurait la meilleure part. A quelques lieues d'Arles, entre Nice, Marseille, Avignon et la Méditerranée, est une montagne haute d'environ trois mille pieds au-dessus du niveau de la mer. De cette masse imposante, s'élance une crête de rocher à pic d'environ mille pieds d'élévation, sur dix mille de large. Dans le cœur de ce rocher, et à plus de 2, 800 pieds de hauteur, s'ouvre une large et profonde grotte, en forme de four et dont l'ouverture regarde l'Occident.XLVIII
On y arrive péniblement par des sentiers de création relativement récente. Devant l'ouverture de la caverne, un avancement de rocher forme un petit espace plein. A gauche en entrant et vers le milieu de la grotte, s'élève de quelques pieds un rocher oblong qui va s'abaissant vers l'intérieur de la grotte jusqu'au niveau du sol. Entre ce rocher et la grotte se trouve une belle source, très fraîche au toucher, très agréable au goût, qui ne tarit et qui ne déborde jamais.XLIX
Lorsque le voyageur est parvenu à la grotte il se voit comme suspendu au milieu des airs à une élévation qui fait frissonner les personnes peu habituées à un pareil spectacle. De la grotte, on monte par un chemin pierreux, fort incommode, et bordé d'arbres, à une petite chapelle bâtie en haut du rocher et sur le bord même. Ce rocher étant comme taillé à pic, le précipice qu'on a au-dessous, des deux côtés de la grotte, présente un aspect affreux.
La vue est à peine arrêtée par quelques arbustes qui se soutiennent péniblement dans les fentes du rocher, uniquement fréquenté par les hirondelles et par de nombreux oiseaux de proie. Plongé jusqu'au bas, le regard se trouve heurté par des masses énormes de pierres détachées de la montagne et entassées pêle-mêle les unes sur les autres. Dans la plaine on découvre une magnifique forêt dont les arbres séculaires présentent l'aspect d'une riante prairie ; et on ne peut se figurer que cet immense tapis de verdure soit formé par les cimes de chênes, d'ifs, d'érables d'une prodigieuse hauteur.
C'est dans cette montagne, au cœur de cet immense rocher, qu'est la grotte de sainte Madeleine…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEL
C'est dans cette montagne, au cœur de cet immense rocher, qu'est la grotte de sainte Madeleine. Cette grotte est appelée la Sainte Baume. Dans l'ancien langage, baume veut dire grotte ou caverne. La célébrité de la grotte a fait donner aussi le nom de Baume à la montagne même où elle est située. Comment Madeleine, étrangère au pays, découvrit-elle ce lieu sauvage et silencieux? Comment, jeune encore, seule et délicate, put-elle parvenir à cette grotte d'un accès si difficile? Il est bien évident qu'elle eut pour guide et pour appui le bon Maître dont la Providence voulait faire de Marie de Magdalum l'incomparable trophée de sa miséricorde et l'éternelle admiration des siècles.LI
Une tradition aussi ancienne que le christianisme, et tellement sûre qu'elle a passé dans la liturgie catholique, affirmait le séjour de sainte Madeleine à la Sainte-Baume, mais la manière dont le fait avait eu lieu demeurait inconnue. Ce fut vers le milieu du quatorzième siècle, que la sainte elle-même daigna la révéler : voici à quelle occasion. De temps immémorial la grotte était devenue un sanctuaire à miracles, vénéré du monde entier et visité par de nombreux pèlerins. Des religieux dominicains y demeuraient à tour de rôle, pour recevoir les visiteurs et leur donner les secours religieux.LII
Un entre autres, plus vénérable encore par ses vertus que par son âge, le frère Elie s'y trouvait en 1330. Il était âgé de quatre-vingt-sept ans, et avait passé la plus grande partie de sa vie au service de la sainte grotte. Un jour, comme des pèlerins étaient venus la visiter, le frère Elie, sentant l'heure de sa mort approcher, dit aux frères : Portez-moi chez moi; il désignait ainsi la bienheureuse grotte : les pèlerins l'y suivirent. Lorsqu'il y fut, il s'appuya sur la pierre où sainte Madeleine avait coutume de prendre son repos et de vaquer à la contemplation, puis le bon vieillard raconta ce qui suit :…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELII
…puis le bon vieillard raconta ce qui suit :
« Frères, le jour tant désiré de ma mort est arrivé. Ecoutez ce que je vais vous dire à la gloire de sainte Madeleine et pour votre salut. Désigné par l'obéissance au service de la Sainte-Baume, je vins dans ce désert, mais au bout d'un mois, l'horreur de ces lieux, la solitude profonde qui les entoure me causèrent un tel ennui que je résolus de les quitter.LIII
« J'étais dans cette pensée, lorsque pendant la nuit le rocher me sembla se fendre en quatre; au-dessous de moi je vis l'abîme; au-dessus, le ciel. Une sueur froide m'inonda et je crus que j'allais mourir de frayeur. Il ne me resta de forces que pour appeler sainte Madeleine à mon secours. Elle m'apparut aussitôt, le visage rayonnant de lumière, au point que je ne pouvais la fixer. Elle était couverte de ses cheveux, les bras nus et les pieds ornés de fleurs. — Inconstant, me dit-elle, c'est pour toi que la montagne vient de s'entrouvrir, pour toi que me voici ; et par moi, si tu veux, tu entreras dans l'éternelle vie. Tu as songé à me quitter; écoute ce que je vais te dire et tu feras ce que tu désires.LIV
« Tu sais que nous sommes arrivés à Marseille sur une barque conduite par la Providence. Lorsque Marseille et les environs eurent reçu la foi, il se fit autour de nous un tel concours que je songeai à m'éloigner du commerce des hommes; enlevée par une force divine, je fus déposée à l'entrée de cette grotte ; lorsque j'eus regardé dans cette caverne, où il faisait moitié jour et moitié nuit, j'aperçus un dragon que Marthe ma sœur tua plus tard, et dont la vue me saisit d'une horreur inexprimable. Il était d'une taille énorme. Je vis aussi des vipères de toute espèce.LV
« A mon aspect, le dragon et toute la multitude des vipères s'agitent et manifestent leur fureur par leurs regards et par leurs sifflements. Les vipères, s'appuyant sur leur queue, se dressent et remplissent de leurs têtes élevées toute l'étendue de la caverne. Mais ce qui me fit presque mourir de crainte, moi qui ne crains pas la mort, c'est le dragon, plus épouvantable à lui seul que tout son entourage. Mon bon Maître, m'écriai-je, si vous ne venez à mon secours, je vais être dévorée ou mourir de peur.
« Le dragon retira sa tête, comme s'il ne faisait plus attention à moi; mais tout à coup il s'allonge, ouvre sa vaste gueule, bat des ailes et se précipite pour me dévorer. Déjà, il m'avait saisie, et ne pouvant plus parler, je dis du fond de mon cœur : Mon doux Jésus, mon amour, est-ce donc qu'après m'avoir comblée de tant de bienfaits, vous m'avez conduite seule et délaissée dans ce désert, pour me donner en pâture à ce dragon? A l'instant, un ange me retire de la gueule du dragon, en me disant : Votre foi vous a sauvée; puis, donnant un coup de pied au dragon, il lui dit: Sors d'ici et toutes les vipères avec toi.
« A ces mots, le dragon et toute sa troupe se précipitent du haut du rocher…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITEXXXVILVI
« A ces mots, le dragon et toute sa troupe se précipitent du haut du rocher, et en volant et en sautant le dragon se dirigea vers le désert, où ma sœur Marthe en fît justice.
« L'ange qui me délivra était saint Michel. Il répandît dans la grotte une odeur délicieuse et une flamme qui la purifia de toutes les ordures des serpents, en sorte qu'elle fut désormais nette et embaumée. Ensuite, se tournant vers moi, il me dit : Madeleine, Celui que vous aimez et qui est toujours avec vous veut que vous arrosiez ce lieu de vos larmes, afin que vous soyez pour les siècles futurs un monument éternel de pénitence.
« Lorsque l'archange eut disparu, je regardai le lieu où je me trouvais, et voyant qu'il était inaccessible aux hommes, je me prosternai, les yeux baignés de douces larmes, et dis : Grâces vous soient rendues, Jésus mon amour, de ce que vous avez comblé mes vœux. Faites seulement jaillir une fontaine. Ma prière fut aussitôt exaucée, et autour de moi je vis une multitude d'esprits bienheureux qui chantaient dans ma langue maternelle des hymnes de reconnaissance et d'amour à mon bon Maître.LVII
« Depuis ce moment les anges m'ont tenu compagnie. Sept fois le jour ils m'élèvent si haut dans les airs que j'entends leurs célestes mélodies. Souvent mon bon Maître daigne me visiter dans l'éclat dont il brillait au Thabor. C'est pourquoi, frère Elie, je te conseille et te conjure de rester ici et d'y chanter les louanges de Dieu: c'est pour toi la voie de l'éternelle vie.
« Ayant ainsi parlé, continua le saint vieillard, la bienheureuse Madeleine disparut, et jusqu'à ce jour, qui est pour moi le dernier, j'ai tenu ces mystères cachés dans le secret de mon cœur. »
Environ une petite heure après ce discours, le saint vieillard expira. Aussitôt, comme pour rendre un témoignage et à la sainteté de sa vie et à la vérité de ses paroles, toutes les cloches suspendues aux parois du rocher se mirent à sonner d'elles-mêmes (1).
Quatre circonstances de ce récit semblent demander quelques explications…
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(1) Nous devons à la vérité de dire que cette révélation du frère Élie est rejetée par quelques-uns, mais, à notre avis, sans motifs suffisants : d'abord, en fait de traditions du moyen âge, de révélations et de miracles, que n'a-t-on pas rejeté ? or, de sérieuses recherches ont prouvé l'authenticité de la plupart de ces choses ; de plus, cette tradition rentre par son caractère dans l'ordre des faits certains de l'histoire de sainte Madeleine. Enfin, elle est acceptée par d'anciens et savants auteurs de la vie de notre sainte, qui la reproduisent en tout ou en partie. Nous citerons seulement le savant Priérat, dans la Rosa aurea, Surius, Reboul, Colombi, Cortez, etc.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELVIII
Quatre circonstances de ce récit semblent demander quelques explications : l'existence du dragon ; le service de la Sainte-Baume confié aux religieux de saint Dominique ; l'élévation quotidienne de sainte Madeleine dans les airs et sa participation aux concerts angéliques; la sonnerie spontanée des cloches de la chapelle.
La première, c'est-à-dire l'existence du dragon, sera élucidée dans la vie de sainte Marthe [chap XXVIII et suivants].
Voici les détails qui se rapportent à la seconde : ils sont trop glorieux à sainte Madeleine pour être passés sous silence. L'an 1279, Charles II, qui fut roi de Sicile, et comte de Provence, étant en guerre avec le roi d'Aragon, livra un combat naval dans lequel il fut vaincu et fait prisonnier. Conduit à Barcelone pour être mis à mort, il attendait dans une prison l'exécution de sa sentence. Dans cette extrémité, son confesseur, le frère Guillaume de Tonnais, de l'ordre de saint Dominique, lui conseilla de se vouer à sainte Madeleine.LIX
« Elle a été, lui dit-il, l'apôtre d'un pays sur lequel vous régnerez, elle l'a illustré par sa pénitence et par sa mort. Elle vous viendra en aide. » Le prince conçoit aussitôt la plus ferme confiance à l'intercession de sainte Madeleine. Aux rigueurs de la prison il ajoute l'austérité du jeûne, se confesse, prie avec larmes et se recommande à la Bienheureuse. Voilà que la veille même de la fête de sainte Madeleine, pendant la nuit, il voit à ses côtés une dame d'une éblouissante beauté et qui l'appelle par son nom.
« Charles, lui dit-elle, vos prières sont exaucées ; levez-vous vite et suivez-moi. — Ayez pitié, dit le prince, de ma famille captive comme moi. — Suivez-moi, reprend la sainte : tous les autres viendront. » Ce qui eut lieu. Ayant fait quelques pas, la sainte s'arrête et lui dit : « Je suis Madeleine que vous avez invoquée. Savez-vous où vous êtes maintenant ? — Sauf erreur, nous sommes encore dans les murs de Barcelone. — Vous vous trompez, vous êtes sur vos terres à une lieue de Narbonne. »
Or, de Barcelone à Narbonne il y a plus de trente lieues. Charles, inondé de larmes, lui dit…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELX
Or, de Barcelone à Narbonne il y a plus de trente lieues. Charles, inondé de larmes, lui dit : « Madame, que puis-je faire pour reconnaître un si grand bienfait? — Je vais vous le dire : Au temps d'une guerre (1) on retira mon corps de son tombeau ; on en mit un autre à sa place. Les ennemis emportèrent le corps placé dans ma tombe et le mien est encore dans l'endroit où il fut déposé. Rendez-vous sur les lieux et vous le trouverez aux signes que voici. Là, est un arbuste que vous suivrez jusqu'à sa dernière racine et vous verrez qu'elle sort de ma bouche. Là, est ma tête toute dépouillée de chair, excepté à l'endroit où le Sauveur du monde la toucha dans le jardin, lorsque je voulus embrasser ses pieds.LXI
« Tous mes cheveux ont été consumés, excepté ceux qui touchèrent les pieds de mon divin Maître. Près de ma tête est une ampoule pleine de terre détrempée du sang de Jésus-Christ, que j'ai recueilli sur le Calvaire et que, en mémoire de mon Sauveur, j'ai gardé toute ma vie. Lorsque vous aurez trouvé ces choses, vous les traiterez avec honneur et vous confierez le lieu de ma mort et de ma pénitence à mes frères les Prêcheurs; car moi aussi je fus prêcheuse et apôtre. Ego enim prœdicatrix et apostola fui. » A ces mots elle disparut.LXII
Sur ces entrefaites, le jour commençant à paraître, Charles aperçut la ville de Narbonne, et planta une croix à la place même où sainte Madeleine l'avait quitté. Cette croix fut appelée la Croix de la Lieue, nom qu'elle porte encore aujourd'hui. Afin de m'assurer de l'exactitude de ces intéressants détails, je me suis adressé à un savant prêtre de Narbonne, M. Rogues, qui a bien voulu me répondre ce qui suit :
« La Croix de la Lieue, comme j'ai pu m'en assurer, est en fer, sur un petit piédestal en pierre, petite, sans inscription, sans ornementation. Probablement la croix actuelle a remplacé, au même lieu, la croix ancienne. Cette croix porte toujours le nom de Croix de la Lieue : on la trouve sur la route impériale de Narbonne à Perpignan, à quatre kilomètres environ de Narbonne, à l'embranchement du chemin qui, de la route impériale, conduit au hameau Dès-Pesquis, commune de Bages, arrondissement et canton de Narbonne (1). » — Ces détails nous ont été confirmés par M. Gardel, archiprêtre de Narbonne, qui ajoute : « En mémoire de sa délivrance, le comte Charles fit planter une croix qui existe encore, connue sous le nom de Croix de la Lieue. Elle est à quatre kilomètres de Narbonne sur la route impériale de Perpignan. » — Lettre du 20 décembre 1865.
Plus heureux qu'on ne saurait dire, Charles se rendit à Saint-Maximin, vers la fin de l'an 1279…
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(1) Par cette guerre il faut entendre les ravages que les Sarrasins exercèrent en Provence, vers l'an 710. Leur fureur sacrilège détermina les religieux Cassianistes de Saint-Maximin, chargés alors de la garde des reliques de sainte Madeleine, à les retirer du tombeau d'albâtre où elles reposaient, et à les placer dans un autre tombeau, celui de saint Sidoine, évêque d'Aix après saint Maximin. Ils y mirent aussi une inscription écrite sur parchemin, dont nous parlerons bientôt.
(1) Narbonne, 20 septembre 1865. La croix de la Lieue doit son nom à la distance où elle se trouve de Narbonne.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXIII
Plus heureux qu'on ne saurait dire, Charles se rendit à Saint-Maximin, vers la fin de l'an 1279. Il fit faire des recherches dans l'église et dans la crypte où l'on savait que le corps de la sainte pénitente avait été autrefois inhumé par saint Maximin. Cette crypte avait été remplie de terre et de sable ; l'entrée même en avait été murée, afin que les Sarrasins n'en soupçonnassent point l'existence.
On commença les fouilles dans les premiers jours de décembre. Le 9, Charles, voyant que les ouvriers ne trouvaient rien, ôta son manteau, prit une pioche et se mit à creuser une large fosse avec tant d'ardeur que la sueur inondait son visage.LXIV
Son exemple ranima le courage des ouvriers, qui reprirent leur travail. Enfin on trouva dans le sable, au côté droit de la crypte, un tombeau de marbre ; et aussitôt une odeur merveilleuse qui en sortit leur fit espérer qu'il contenait le corps de sainte Madeleine, Charles l'entr'ouvrit et vit la sainte pénitente; de sa bouche sortait un arbuste, comme elle le lui avait dit. Il ne put retenir ses larmes. Les assistants aussi pleuraient de joie.
Après que tous eurent vénéré ces saintes reliques, le prince fit refermer le sépulcre, qu'il scella de son sceau, voulant inviter les évêques de la Provence à en reconnaître l'authenticité, avant d'en faire la translation.
Les évêques se réunirent à Saint-Maximin le 18 décembre, sous la présidence de…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXV
Les évêques se réunirent à Saint-Maximin le 18 décembre, sous la présidence de Bernard de Languisel, archevêque d'Arles, et de Grimeric de Vicedominis, archevêque d'Aix. Après qu'ils eurent reconnu que les sceaux étaient intacts, ils firent ouvrir le tombeau, et y trouvèrent le corps, auquel il ne manquait que la mâchoire inférieure.
En examinant attentivement les reliques, Charles découvrit un morceau de liège qui était creux et qui se brisa de vétusté dans sa main. Il en tira un petit rouleau de parchemin sur lequel était écrit : « L'an de la nativité de Notre-Seigneur 710, le sixième jour du mois de décembre, sous le règne d'Eudes, très bon roi des Francs, au temps des ravages de la perfide nation des Sarrasins, le corps de la très chère et vénérable sainte Marie-Madeleine a été transféré de son sépulcre d'albâtre dans celui-ci qui est de marbre, après qu'on en eut retiré le corps de Sidoine, parce que ce tombeau était mieux caché. »LXVI
Le 5 mai suivant, Charles fit faire la translation solennelle du corps de sainte Madeleine, à laquelle il invita un grand nombre d'évêques, d'abbés, de religieux, beaucoup de princes et de seigneurs et les personnages marquants de son royaume.
Les sceaux ayant été levés, les prélats revêtus de leurs ornements s'approchèrent du tombeau pour en retirer les reliques. Ils découvrirent alors une boule de cire, à laquelle on n'avait pas encore fait attention, sans doute parce qu'elle était couverte de poussière. On la rompit, et on y trouva une petite tablette de bois, enduite de cire, avec cette inscription : « Ici repose le corps de la bienheureuse Madeleine. »
Cette nouvelle preuve de l'authenticité des reliques remplit de joie les évêques, les princes et tout le peuple. On en dressa aussitôt un acte qui fut signé des archevêques de Narbonne, d'Arles, d'Embrun et d'Aix, et des évêques de Maguelone, d'Agde et de Glandèves. Cette charte fut également signée par le prince Charles.
Outre l'odeur merveilleuse qui sortait du tombeau de sainte Madeleine, et dont parlent tous ses historiens, on remarque un autre prodige qui n'est pas moins attesté…
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXVII
Outre l'odeur merveilleuse qui sortait du tombeau de sainte Madeleine, et dont parlent tous ses historiens, on remarque un autre prodige qui n'est pas moins attesté.
« On trouva, dit Bernard de la Guionie, que la langue de sainte Madeleine était encore inhérente à la tête et au gosier. Il en sortait une certaine racine, avec un rameau de fenouil assez long qui s'étendait en dehors : ce que ceux qui étaient présents admirèrent et virent clairement de leurs propres yeux; et moi qui écris ces choses, j'en ai entendu souvent faire le récit, avec fidélité et dévotion, par plusieurs de ceux qui en furent témoins. Cette racine ainsi que le rameau furent ensuite divisés en plusieurs morceaux, que l'on honore en divers lieux comme des reliques. »
Le cardinal Cabassole ajoute que ce rameau était tout verdoyant; ce qu'on lit aussi dans l'office de l'Invention de sainte Madeleine.
Enfin il y eut un troisième prodige ...
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXVIII
Enfin il y eut un troisième prodige dont furent témoins non seulement tous ceux qui assistèrent à la translation, mais tous ceux qui allèrent en pèlerinage à Saint-Maximin pendant cinq siècles : c'est qu'à l'os du front de sainte Madeleine adhérait encore, comme elle l'avait dit au prince de Salerne, une petite portion de chair revêtue de sa peau, de l'épaisseur d'un demi-doigt, molle et de couleur rousse comme serait une chair morte. L'office de la translation de sainte Madeleine, qui fut composé peu après pour l'Église de Marseille, dit même que cette portion de chair semblait conserver encore quelque signe de vie (1)
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Pour ne pas priver les pèlerins de la vue d'un prodige si étonnant, le prince Charles de Salerne, qui avait fait enfermer le chef de sainte Madeleine dans une châsse d'or, voulut que le masque en fût mobile, et qu'en l'ouvrant on pût voir, au travers d'un cristal, toute la partie antérieure de la tête.LXIX
Le pape Boniface VIII eut la consolation de vénérer cette sainte relique, que le prince de Salerne devenu le roi Charles II lui porta à Rome avec les deux inscriptions trouvées dans le tombeau de sainte Madeleine, afin que le Pape pût juger de leur antiquité. Boniface remarqua que la mâchoire inférieure manquait à la tête de la sainte pénitente. Or on conservait dans la sacristie de la basilique de Saint-Jean de Latran une relique que l’on disait être la mâchoire inférieure de sainte Madeleine. Le Pape voulut savoir si c'était en effet celle qui manquait au chef apporté par Charles II. Ses ordres furent exécutés sur-le-champ. A l'arrivée des saintes reliques, le Pape et le roi se levèrent pour les vénérer, et les ayant rapprochées l’une de l'autre, ils virent que la mâchoire inférieure s'adaptait parfaitement à la supérieure. Le Pape, admirant cette conformité parfaite, donna la relique de Saint-Jean de Latran au roi Charles, afin que le chef de sainte Madeleine fût désormais entier.LXX
Le cardinal Cabassole qui rapporte ce fait ajoute qu'il le tenait de Robert, roi de Sicile, le fils et le successeur du roi Charles II : « C'est à moi-même, qui étais chancelier de son royaume, que ce prince, l'honneur de notre siècle, le raconta il n'y a pas longtemps dans une conversation grave et sérieuse (1). »
Robert, qui fut surnommé le Bon et le Sage, était le frère de saint Louis, archevêque de Toulouse, fils aîné de Charles II, qui était lui-même neveu de saint Louis, roi de France.
Toute cette pieuse et royale famille avait une grande dévotion à sainte Madeleine. Charles d'Anjou, frère de saint Louis, avait envoyé d'Italie sa couronne pour qu'on la mît sur la tête de la sainte pénitente, qu'il prenait ainsi pour protectrice de son royaume. Charles II lui fit faire une admirable église achevée par son fils Robert, pour y placer les magnifiques reliquaires qu'il lui donna. Saint Louis de Toulouse lui laissa une partie de ses ornements dont il reste encore une chape, sur laquelle sont brodés en or, en argent et en soie, les principaux mystères de la vie de Notre-Seigneur.
Boniface VIII et ses successeurs n'eurent pas moins de dévotion envers sainte Madeleine…
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(1) Dubreuil rapporte qu'en 1491 Louis de Beaumont, évêque de Paris, fit présent à l'église de Sainte-Madeleine dans la Cité, d'un fragment de la peau du front de sainte Madeleine, qu'il appelle le Noli me tangere, nom qu'on donne à cette relique à Saint-Maximin, où il l'avait obtenue.
(1) « Mihi cancellario regni sui retulit ille Robertus, etc. » Monuments inédits, t. II, p. 794.
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