Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXXI
Boniface VIII et ses successeurs n'eurent pas moins de dévotion envers sainte Madeleine, dont ils enrichirent les sanctuaires de beaucoup de grâces et de privilèges. Les papes Jean XXII, Benoît XII et Clément VI firent même le pèlerinage de Saint-Maximin et de la Sainte-Baume. On nomme encore parmi les illustres pèlerins de ce temps sainte Brigitte, de la famille royale de Suède, qui vint à la Sainte-Baume avec le prince Ulfon son mari.
A la fin du XVe siècle, un des plus savants hommes de cette époque, Sylvestre Priérat, vit très attentivement toutes les reliques de Saint-Maximin, dont il a laissé la description. La voici telle qu'on la trouve dans une très ancienne vie de sainte Madeleine.LXXII
« Sylvestre Priérat, de l'ordre de saint Dominique, et maître du palais sacré, escrit en un sermon, que l'an 1497, il visita par dévotion la grotte où la Magdeleine fit pénitence, et ses sainctes reliques, et dit qu'il veit sa tête, qui est fort grosse, laquelle n'avait qu'un peu de chair hallée et deseichée en la partie du front, où le Sauveur la toucha, quand il leur apparut après la résurrection, en laquelle chair les marques de deux doigts dont notre Seigneur la repoussa demeurèrent imprimées. Il dit plus, qu'on luy montra en une fiole de verre, une partie des cheveux dont elle essuya les pieds de notre Seigneur, et en une autre de la terre détrempée dans le sang de couleur entre rouge et noire, laquelle terre fut ramassée par Magdeleine le Vendredy Sainct et au pied de la Croix : et que tous luy affirmèrent que tous les ans au mesme jour du Vendredy Sainct, après qu'on a achevé de lire la passion, ce qui est dans cette fiole boult comme si c'estoit du sang.LXXIII
« On monstre aussi son bras et son corps, qui est en une châsse d'argent, dans un monastère de l'ordre de saint Dominique. Dieu a faict plusieurs grands et admirables miracles par l'intercession de cette glorieuse sainte, et bienheureuse pécheresse, lesquels on pourra voir en son histoire. Je n'en diray qu'un qui est rapporté par le susdit père Sylvestre, comme chose qui est toute certaine et notoire. » Ici l'auteur fait le récit de la miraculeuse délivrance de Charles II, tel que nous l'avons rapporté plus haut.
Puis, il continue en ces termes : « En reconnaissance d'un si grand bien-faict qu'il avoit reçu d'elle, le comte fit bâtir un beau monastère et bien renté, au lieu où estoient ses reliques sacrées, qu'il donna aux pères de l'ordre de saint Dominique : il fit aussi ailleurs des couvents du mesme ordre, auquel il estoit fort affectionné, et auprès de Narbonne, il fit planter une croix au mesme endroict où la Magdeleine le quitta, qui s'appelle la Croix de la Lieue. C'est ce qu'en dit Sylvestre Priérat, homme de très grande authorité, doctrine et religion (1). »
Le récit du frère Elie offre une troisième particularité…
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(1) Extrait de la vie de sainte Madeleine, dans une Vie des saints, fort ancienne, t. II, page 49, 2e colonne. On la croit de Ribadénéira.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXXIV
Le récit du frère Elie offre une troisième particularité, qu'il faut maintenant examiner : je veux dire l'élévation journalière de sainte Madeleine dans les airs et sa participation aux concerts des anges. D'abord, personne n'ignore que le planement ou vol aérien se rencontre très souvent dans la vie des saints. On le trouve même dans l'histoire des anciens prophètes, comme Habacuc. Personne également ne peut ignorer que le démon, le grand singe de Dieu, a cent fois contrefait ce miracle par des prestiges analogues ! Témoin le fait de Simon le Magicien.LXXV
Quant à l'élévation de sainte Madeleine, il n'y a pas de tradition plus constante et mieux autorisée que celle de ce fait merveilleux. Accréditée dès le cinquième siècle, elle se soutint à travers les âges et passa dans la liturgie de plusieurs Églises, vénérables par leur importance et par leur antiquité. Il suffit de citer Arles, Meaux, Spire, Mayence, tout l’ordre de saint Dominique, et plus que cela le Bréviaire de Rome, la Mère et la Maîtresse de toutes les églises.LXXVI
Les leçons de l'office de sainte Marthe s'expriment ainsi : « Quant à Madeleine, accoutumée à vaquer à l'oraison aux pieds du Seigneur, elle fut transportée dans une vaste caverne, sur une très haute montagne, pour jouir de la meilleure part qu'elle avait choisie, la contemplation de la béatitude céleste. Elle y vécut trente ans, séparée de tout rapport avec les humains ; et pendant ce temps, chaque jour elle était élevée dans les airs par les anges, pour entendre les célestes concerts. »
Dans une bulle célèbre, le pape Eugène IV fait lui-même le récit de ces faveurs surnaturelles (1).
Enfin, saint François de Sales, résumant toute la tradition, s'exprime en ces termes : « Sainte Madeleine ayant l'espace de trente ans demeuré en la grotte qu'on voit en Provence, ravie tous les jours sept fois par les anges comme pour aller chanter les heures canoniques en leur chœur, enfin elle vint à l'église, en laquelle son cher évêque saint Maximin, la trouvant en contemplation, les yeux pleins de larmes et les bras élevés, il la communia; et tôt après elle rendit son bienheureux esprit, qui, derechef, alla pour jamais aux pieds de son Sauveur, jouir de la meilleure part, qu'elle avait déjà choisie en ce monde. »LXXVII
L'élévation de sainte Madeleine dans les airs par la main des anges est un fait tellement accrédité dans l'Église, qu'il est devenu comme l'emblème caractéristique de cette illustre sainte. La plupart de ses images la représentent, non pas couchée dans sa grotte, mais soutenue en l'air par les anges. La plus curieuse est placée sur le chemin de la Sainte-Baume, à un demi-quart de lieue de Saint-Maximin. C'est un bas-relief fixé sur une colonne et du nom de la colonne appelé le saint Pilon, ou pilier. Le saint Pilon a été élevé en ce lieu, parce qu'on tient par tradition que sainte Madeleine, le jour de sa mort, fut transportée de sa grotte et déposée en ce lieu par les anges; que de là elle se rendit au lieu appelé depuis Saint-Maximin, où, après avoir reçu la sainte Eucharistie, elle rendit son esprit à Dieu.
Reste la dernière particularité du récit du frère Élie, la sonnerie spontanée des cloches…
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(1) « Balmæ loco... in quo sancta, post resurrectionem Christi, mira Dei dispensatione, triginta duobus annis in arcta solitudine cœlibem, cum angelicis consolationibus et visitationibus ducendo vitam, pœnitentiam peregit, diebus singulis septies in aere, angelicis refectionibus cœlitus potiretur. »
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Re: Sainte Marie Madeleine : Qui est-elle ?
Sainte Marie MadeleineSUITELXXVIII
Reste la dernière particularité du récit du frère Élie, la sonnerie spontanée des cloches. Dans l'opuscule intitulé l'Angelus au XIXe siècle, on trouve bon nombre de faits, d'une authenticité incontestable, qui donnent pleine croyance au récit du vénérable religieux. En Espagne, en Allemagne, à Rome, plusieurs fois les cloches se sont mises d'elles-mêmes en branle pour annoncer quelque grand événement dans l'ordre religieux, et même dans l'ordre social. Est-ce que Celui qui met en mouvement les astres du firmament a besoin de la main d'un sonneur pour ébranler une cloche ?LXXIX
Cependant le bienheureux évêque saint Maximin déposa dans un beau sépulcre d'albâtre le très saint corps de Madeleine, après l'avoir embaumé avec différents aromates. Ensuite il construisit sur ces bienheureux membres une basilique d'une belle architecture. Ce tombeau se voit encore dans la crypte de sainte Madeleine, sous l'église de Saint-Maximin.
Il est intéressant de savoir ce que, après tant de siècles, sont devenues les précieuses reliques de la sainte la plus aimante et la plus aimée de Notre-Seigneur après la sainte Vierge, dont elle fut l'inséparable compagne; la sainte en qui la générosité, l'ardeur, le courage furent à la hauteur de sa pénitence et des grâces miraculeuses dont elle fut favorisée. Pour satisfaire à ce légitime désir, je me suis adressé au vénérable curé de Saint-Maximin, gardien du tombeau de sainte Madeleine.LXXX
Il a bien voulu me répondre : « Nous ne possédons en ce moment de l'illustre pénitente que le chef en entier, qui se trouve dans un parfait état de conservation. A ce chef tenait encore, il y a environ soixante ans, un morceau de chair de la largeur d'une pièce de deux francs, et que l'on désigne sous le nom de noli me tangere, parce que, d'après la tradition, ce serait le point du front de sainte Madeleine que notre divin Maître aurait touché, quand il lui adressa les paroles ci-dessus.
« Ce morceau de chair, qui adhérait à la partie gauche de l'os frontal, est tombé depuis, et il a été placé dans un tube en verre duement authentiqué. Nous possédons encore en entier l'os de l'avant-bras de la sainte (1).»LXXXI
Que sont devenues les autres reliques ? Il est difficile de répondre, sinon qu'elles sont un peu partout. On conçoit que les différentes églises du monde se soient montrées avides de posséder quelque chose d'une sainte si admirable dans sa vie et, après sa mort, si puissante sur le cœur de son bon Maître. Nous-mêmes, nous Français, à qui Notre-Seigneur a daigné, de préférence à tous les peuples du monde, l'envoyer comme l'apôtre de notre patrie, adressons-nous à elle avec une confiance particulière; prions-la surtout pour les pauvres pécheresses, afin que si elles ont eu le malheur de l'imiter dans ses égarements, elles aient le courage de l'imiter dans sa pénitence.
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(1) Lettre du 19 décembre 1865.
Pour les éléments de cette biographie, voir : M. Faillon, Monuments de l'apostolat de saint Lazare, etc., passim; Barthélemy, Vies des saints de France, t. I ; Cornelius a Lapide, in Joan. XI, 37 ; in Luc. VIII, 37 ; id., VIII, 2 ; Sepp, Vie de N.-S. J.-C, t. I, c. XXIII; Adrichome, Descript. Terræ sanctæ, p. 141, n. 66 ; Plutarque, In convivialibus, 3 ; Pline, lib. XXI, c. III ; lib. XIII, c. I; Sapientia, II, 7 ; Petrus de Natalib., lib. VII, c. CXXIV; saint Luc, c. ultim. ; Baron., an. 32, n. 29 ; an. 35, n. 5 ; Manuscrit. Vatican. ; Recueil des antiquités et des monuments de Marseille, p. 205 ; Lucius Dexter, Chronique, an. 41 ; Surius, Vit. B. M. Magd. ; Pétrarque, Poesia in Magd. ; Raban Maur, Vit. B. M. Magd., etc., etc.
FIN.
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