Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
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Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d'Arimathie
« Lorsque le soir fut venu, un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui était aussi disciple de Jésus, vint et s'approcha de Pilate, et demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna que le corps lui fût rendu. Et Joseph, ayant pris le corps, l'enveloppa dans un linceul blanc, et le plaça dans un sépulcre neuf, qu'il avait fait tailler dans le roc ; et il roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre : et il s'en alla (1). »II
Au récit de saint Mathieu, les autres évangélistes ajoutent quelques détails qu'il est bon de reproduire. Saint Marc dit : « Joseph d'Arimathie, noble décurion, qui attendait aussi le royaume de Dieu, entra hardiment chez Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Or, Pilate, étonné qu'il fût déjà mort, fit venir le centurion, et lui demanda s'il était déjà mort. Le centenier le lui ayant assuré, il donna le corps à Joseph. Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa dans le linceul, le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, et roula une pierre à l'entrée du sépulcre (1). »III
Saint Luc : « Et voilà qu'un décurion appelé Joseph, comme vertueux et juste, qui n'avait point consenti au dessein des autres, ni à leurs actes, et qui était d'Arimathie, ville de Judée, attendant lui aussi le royaume de Dieu, alla trouver Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et, après l'avoir détaché de la croix, il l'enveloppa d'un linceul et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis (2). »IV
Saint Jean : « Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs, demanda à Pilate qu'il lui permît d'enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc et enleva le corps de Jésus. Et Nicodème, celui qui était venu trouver Jésus la première fois durant la nuit, vint aussi, apportant une composition de myrrhe et d'aloès, du poids d'environ cent livres.
« Ils prirent donc le corps de Jésus et l'enveloppèrent de linges avec des aromates, selon la coutume d'ensevelir parmi les Juifs. Or, il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans ce jardin un sépulcre neuf, où personne n'avait encore été mis. Comme c'était la veille du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils y déposèrent Jésus (3). »
Tous ces détails réunis nous font connaître, admirer et en quelque sorte jalouser…
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(1) Matth., XXVII, 57-66.
(1) Marc, xv, 43-46.
(2) Luc., XXIII, 50-53.
(3) Joan., XIX, 38-42.
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Louis- Admin
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEV
Tous ces détails réunis nous font connaître, admirer et en quelque sorte jalouser l'heureux personnage qui eut l'honneur insigne de donner la sépulture à Notre-Seigneur. Ainsi 1° ce personnage s'appelait Joseph ; 2° il était de la ville d'Arimathie; 3° il était riche, noble et décurion ; 4° il était vertueux, juste et disciple secret de Notre-Seigneur; 5° il était plein pour lui d'un courageux dévouement ; 6° en le déposant dans un sépulcre neuf et où personne n'avait encore été mis, il rendait impossible la supposition qu'un autre mort que Notre-Seigneur en fût sorti.VI
1° Ce personnage s'appelait Joseph. Ce nom n'est pas sans mystère. Il veut dire distingué entre tous, soit par la vertu, soit par la grandeur de la mission confiée à celui qui le porte. C'est par Joseph, fils de Jacob, que Dieu voulut sauver son peuple des horreurs de la famine. C'est par Joseph, époux de Marie, que le Fils de Dieu voulut entrer dans le monde et se montrer à l'humanité; car il ne voulut naître de la sainte Vierge qu'après son mariage avec saint Joseph. C'est par Joseph d'Arimathie qu'il veut sortir du monde et se dérober, dans le sépulcre, aux regards des mortels. Noble mission des trois Joseph.
Comme le premier Joseph fut illustre entre tous, par son amour pour son père et par sa chasteté, ainsi Joseph, époux de Marie, brille par sa virginité, comme un phare lumineux; et Joseph d'Arimathie, par sa piété filiale envers Notre-Seigneur, le père de son âme. Nobles vertus des trois Joseph !VII
2° Il était d'Arimathie. Cette ville est la même que Ramathaïm-Sophim, patrie de Samuel, le dernier des juges d'Israël. C'est là que les anciens de la nation vinrent le consulter pour lui demander un roi, et qu'il sacra Saül premier roi d'Israël. Située sur les frontières des tribus d'Éphraïm et de Benjamin, non loin de Diospolis, Arimathie couronnait de ses gracieux édifices une montagne à pente douce. Le voyageur qui se rend de Jaffa à Jérusalem trouve sur cette même montagne, au nord-ouest des ruines de l'ancienne Cariathiarim, un pauvre petit village, appelé le village de Saint-Samuel. C'est tout ce qui reste d'Arimathie. Partout la désolation a passé sur cette terre, qui a bu le sang du véritable Abel.VIII
3° Il était riche, noble et décurion. Il fallait au moins une de ces trois qualités pour que Joseph d'Arimathie pût accomplir sa mission. Une exécution capitale venait d'avoir lieu. De formidables prodiges l'avaient accompagnée. Toute la ville était dans la stupeur. Pilate lui-même qui, par crainte, avait sacrifié l'innocence, était peu rassuré. Dans de pareilles conjonctures, se présenter hardiment devant le gouverneur romain, s'en faire écouter, obtenir le corps de Notre-Seigneur et l'ensevelir, non dans un sépulcre d'emprunt, mais dans son sépulcre de famille, ne pouvait être que le fait d'un personnage considérable.
Tel était Joseph d'Arimathie non seulement par sa fortune et sa noblesse, mais encore par sa dignité de décurion…
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEIX
Tel était Joseph d'Arimathie non seulement par sa fortune et sa noblesse, mais encore par sa dignité de décurion. Après la conquête d'une ville, les Romains avaient coutume de la faire administrer par des décurions. Ce que les sénateurs étaient à Rome, les décurions l'étaient dans les municipes. Choisis parmi les citoyens les plus recommandables, ils formaient un corps de dix magistrats appelé curia decurionum ou minor senatus, dont les pouvoirs étaient grands. Gouverner les villes alliées sous la dépendance de la métropole, ménager leurs intérêts particuliers, veiller au maintien de leurs coutumes, faire représenter les jeux du cirque et les spectacles, lever les impôts, rendre la justice était dans leurs attributions. Leurs décrets, qui avaient force de loi locale, se trouvent souvent dans les inscriptions anciennes, avec la signature abrégée : Ex DD. Ex decreto decurionum. Il fallait, surtout dans les villes importantes, que les décurions jouissent d'une fortune considérable, attendu que leurs fonctions étaient souvent très onéreuses (1).
Bien qu'originaire d'Arimathie, il paraît que Joseph était décurion ou sénateur de Jérusalem, par conséquent membre du Grand Conseil. On l'infère de ce qu'il avait son tombeau de famille à Jérusalem, et de ce qui est dit dans l'Évangile, que dans la condamnation de Notre-Seigneur il n'avait pas voté comme les autres : non consenserat consilio eorum.X
4° Il était vertueux, juste et disciple secret de Notre-Seigneur. Par ces deux mots, vertueux et juste, le Saint-Esprit canonise le noble décurion et nous fait entendre qu'il était un homme accompli. Ce que nous connaissons de sa conduite pendant la Passion justifie un pareil éloge. Au milieu d'un tribunal dont tous les membres demandent avec fureur la mort de l'accusé, avoir seul le courage d'émettre au péril de sa fortune et de sa vie un vote contraire : n'est-ce pas un acte héroïque de justice et de vertu? Plus puissant que Joseph d'Arimathie, Pilate avait-il eu le même courage ?
Ce courage que tous les siècles ont admiré, le sénateur de Jérusalem le puisait dans sa foi. Jusque là le disciple en secret de N.-S., il comprend qu'il est temps de se manifester. Ainsi commence à s'accomplir la prophétie du divin Maître : « Lorsque je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi. » Ce que le bon larron fait sur le Calvaire, Joseph d'Arimathie le fait dans Jérusalem.XI
5° Il était plein pour le Sauveur d'un courageux dévouement. Voir le Divin Crucifié, descendu de la croix par d'ignobles mains, puis jeté, pêle mêle, avec les autres criminels, dans la vallée des cadavres, voisine du Calvaire, est une pensée qui révolte le noble décurion. A peine il a obtenu le corps de son maître, qu'il ne perd pas un instant.
En toute hâte il retourne sur le Calvaire, et aidé de Nicodème et de quelques amis dévoués, il descend respectueusement de la croix le corps de N.-S. Le temps pressait, le sabbat allait commencer, il fallait achever la sépulture avant que les étoiles parussent au firmament. Grâce à Joseph d'Arimathie, tout fut terminé dans les limites du temps légal.
6° En déposant N.-S. dans un sépulcre neuf, et où personne n'avait encore été mis, il rendait impossible…
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(1) « Omnibus civitatibus, sed magnis præcipue, divitibus decurionibus opus erat, ut legitimos istos sumptus (la dépense des jeux) suppeditarent. » Dio, Hist, rom.
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Louis- Admin
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXII
6° En déposant N.-S. dans un sépulcre neuf, et où personne n'avait encore été mis, il rendait impossible la supposition qu'un autre mort que N.-S. en fût sorti. Dieu avait tout ménagé de manière à rendre incontestable la résurrection de son Fils. Nous trouvons d'abord la proximité du tombeau. Les membres du Grand Conseil avaient en général leurs tombeaux à trois quarts de lieue environ de Jérusalem, du côté du nord, où l'on en voit encore aujourd'hui les restes. Par une exception mystérieuse Joseph avait le sien à quelques pas du Calvaire et du lieu où fut plantée la croix. Il le fallait ainsi, pour que N.-S. pût être inhumé avant la fin du jour.XIII
Nous trouvons ensuite un sépulcre tout neuf, où personne n'avait encore été mis, et de plus un sépulcre taillé dans le roc : deux conditions qui rendaient toute substitution ou tout enlèvement impossible, surtout après la précaution prise par Joseph de rouler à l'entrée la pierre sépulcrale, appelée Golal. Si on ajoute le linceul de fin lin acheté par Joseph, pour envelopper le corps adorable de l'auguste victime, on voit que rien ne manque à la sépulture respectueuse et régulière de N.-S.
Disons en passant que le linceul s'appelle en latin Sindon, pour marquer qu'il venait de la ville de Sidon, où se fabriquaient avec une rare perfection les étoffes de lin. C'est ainsi que nous disons de la Rouennerie, pour marquer la provenance de certains tissus, très répandus dans le commerce.
Est-il besoin de rappeler ici qu'en souvenir de ce linceul du Calvaire le corps de N.-S. est toujours placé, pendant la messe, sur un linge de fin lin appelé corporal ?
Tels sont les détails que nous donne l'Évangile sur Joseph d'Arimathie…
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXIV
Tels sont les détails que nous donne l'Évangile sur Joseph d'Arimathie. Mille fois plus illustre que Tobie, le grand ensevelisseur de l'ancien testament, notre admirable décurion est-il tout à coup retombé dans l'oubli des générations chrétiennes ? Sa vie s'est-elle éteinte solitaire dans quelque coin ignoré de la Judée ? Ou bien a-t-il rempli une mission en harmonie avec son courageux amour pour N.-S. et avec les grâces signalées qu'il avait reçues de lui ?XV
Joseph d'Arimathie achevait à peine de donner la sépulture à Notre-Seigneur que les princes des prêtres le firent arrêter. Après lui avoir reproché avec amertume les honneurs insolents qu'il venait de rendre à Jésus de Nazareth, ils l'enfermèrent dans un cachot sans fenêtre ni soupirail. Anne et Caïphe, chefs du Sanhédrin, placèrent des gardes à la porte et apposèrent leur sceau sur la clef. Ordre fut donné au grand conseil de se réunir aussitôt après le jour du Sabbat, afin de décider quel genre de punition serait infligé à Joseph d'Arimathie.
Le conseil réuni, Anne et Caïphe ordonnèrent qu'on amenât le prisonnier. On brisa le sceau, on ouvrit la porte : le prisonnier avait disparu. Celui qui bientôt enverra un ange pour briser les chaînes de saint Pierre, prisonnier d'Hérode, et ébranler les fondements de la prison de Philippes, pour rendre saint Paul à la liberté, avait opéré en faveur de son saint ami un miracle semblable.
Cependant la haine des Juifs n'était pas éteinte…
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXVI
Cependant la haine des Juifs n'était pas éteinte. Après la cruelle persécution dans laquelle périt saint Étienne, Joseph d'Arimathie fut arrêté de nouveau ; et, comme on le trouve dans les manuscrits du Vatican, jeté avec saint Lazare, sainte Marthe, sainte Madeleine et plusieurs des soixante-douze disciples, dans une barque sans rame et sans voile. La pieuse colonie aborda près de Marseille sur les côtes de Provence.
Ce fait si glorieux pour l'Occident et pour la France en particulier a été mis hors de discussion, par le savant auteur des Monuments inédits sur l'apostolat de saint Lazare. La même tradition vaticane, citée par Baronius, ajoute que saint Joseph d'Arimathie partit pour la Grande-Bretagne, dont il fut un des premiers, peut-être le premier apôtre (1).XVII
Nous avons dit un des premiers apôtres de l'Angleterre. Il est certain que l'Evangile fut porté dans ce pays, immédiatement après l'ascension de Notre-Seigneur, soit par les apôtres en personne, soit par leurs premiers disciples. Les Pères de l'Église grecque et latine ne permettent pas d'en douter. Citons seulement ici Théodoret. « Nos pêcheurs, dit-il, et nos publicains et notre faiseur de tentes portèrent l'Évangile à toutes les nations. A leur voix, non seulement les Romains et les peuples soumis à leur empire, mais les Scythes, et les Sarmates, et les Indiens, et les Ethiopiens, et les Perses, et les Sères (les Chinois) et les Hircaniens, et les Bactriens, et les Bretons, et les Cimbres, et les Germains, en un mot tout le genre humain, reçurent les lois du Crucifié. Ni la force des armes ni la multitude infinie de troupes d'élite, ni la cruauté des Perses, ne furent pour rien dans une pareille victoire : elle fut le résultat de la persuasion et de la sainteté de la loi dont ils étaient les prédicateurs (1). »
Saint Justin, Tertullien, Arnobe, Eusèbe, saint Chrysostome, tiennent le même langage. De peur qu'on ne prenne les habitants de l'Armorique pour les Bretons, saint Chrysostome a soin de dire que l'Évangile fut porté par les apôtres aux îles Britanniques, séparées par l'Océan du reste du monde (2).
Des traditions fort anciennes…
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(1) « Quem tradunt ex Gallia Britanniam navigasse, illicque post prædicatum evangelium diem clausisse extremum, » Bar. an. 35, n. 5.
(1) « Piscatores nostri et publicani, sutorque cunctis nationibus Leges evangelicas intulerunt. Neque solum Romanos, quique sub illorum vivunt imperio, sed et Scythicas, et Sarmaticas gentes, et Indos, et Æthiopas, et Persas, et Seras, et Hircanos, et Bactrianos, et Britannos, et Cimbros, et Germanos, atque ut semel dicam omne hominum genus, nationesque omnes induxerunt ut Crucifixi leges acciperent, non armis usi, non infinita vi militum delectorum, non immanitatis persicæ violentia, sed verbis suadentes, legumque utilitatem ostendentes. » De curandis Græcor. affection., lib. IX. Opp., t. IV.
(2) « Nam et Britannicæ insulæ quæ extra hoc mare sitæ sunt, et in ipso Oceano, vim verbi senserunt. Illic enim Ecclesiæ et altaria erecta fuere... » Orat. quod Christus sit Deus. Opp., t.1, p. 702-3, n. 12, édit. Gaume.
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXVIII
Des traditions fort anciennes, répandues en Orient et en Occident, nomment parmi les apôtres de l'Angleterre saint Pierre et saint Joseph d'Arimathie (3).
Quant à saint Pierre, la science profane montre les facilités qui lui étaient offertes pour pénétrer dans ce pays. Au commencement du règne de l'empereur Claude, l'Angleterre tomba au pouvoir des Romains : pour en faire la conquête, on fit arriver d'Orient quatre légions cantonnées en Syrie : la Scythique; la Victorieuse; la Pia fidelis ; et la Fulminante. Il y en eut d'autres encore.XIX
A l'une de ces légions appartenait le centurion Corneille, en garnison à Césarée, avec qui saint Pierre vint à Rome. Dans cette légion se trouvaient des soldats chrétiens. Soit que le vertueux centurion se fût retiré du service, soit qu'il fût encore sous les drapeaux, il est aisé de comprendre qu'il put procurer à saint Pierre tous les moyens de se rendre en Angleterre avec l'expédition ou immédiatement après (1).
La mission de Joseph d'Arimathie est prouvée par l'ancienne et constante tradition de l'Angleterre…
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(3) Usserius, Antiquit. Britann., c. I, p. 5, in-folio, Londini, 1687. — « Petrum in Britannia longo tempore fuisse moratum et multas gentes non nominatas attraxisse ad fidem Christi, » dit le Bollandiste de l'Orient, S. Siméon Métaphraste, ad diem 29 junii. — Baron, an. 61, n. 4; — et S. Sophrone, patriarche de Jérusalem : « Paulum Hispanis et Britannis evangelium prædicasse significat. » Apud Usserium, ibid. — Et Venance Fortunat dans la Vie de S. Martin, lib. III, parlant de S. Paul :Transiit Ocanum usque facit insula portum.
Quasque Britannus habet terras, quasque ultima Thule.
(1) « Petrus reversus Romam, non illic sedentariam vitam transegit ; sed graviter atque impigre alias quoque orbis romani provincias circumiit ac denique in Britanniam penetravit. » Vendelinus, apud Cotelar., t. I, p. 139. — « Profectionem hanc in Britanniam aliunde vidit etiam Baronius et est luculenter astructa, non ita pridem. « Blanchini, Adnot. in Anast. Bibl. Vita Clement., p. 1101, édit. Migne.
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXX
La mission de Joseph d'Arimathie est prouvée par l'ancienne et constante tradition de l'Angleterre. La voici telle que nous la trouvons écrite, au deuxième siècle, par le savant bénédictin anglais, Guillaume de Malmesbury : « Après la persécution dans laquelle fut martyrisé saint Étienne, les Scribes et les Pharisiens chassèrent de Jérusalem les disciples du Sauveur. Ceux-ci, conformément aux ordres de la Providence, se dispersèrent dans les différentes parties du monde, afin d'y prêcher l'Évangile. Saint Philippe, comme l'atteste Ferculphe, bénédictin de Luxeuil, parcourut la Gaule, où il fit de nombreuses conversions.XXI
« Plein de zèle pour la propagation de la foi, il choisit douze de ses compagnons qu'il envoya en Angleterre. A leur tête était son ami intime, Joseph d'Arimathie, qui ensevelit le Seigneur. Venant donc en Angleterre l'an 63 de l'Incarnation, la quinzième après l'assomption de la Bienheureuse Marie, ils annoncèrent fidèlement la foi de J.- C. Le roi, barbare comme son peuple, entendant des choses si nouvelles et si étranges, ne voulut pas se rendre à leur prédication ni changer les coutumes de ses ancêtres.XXII
« Toutefois, comme ils étaient venus de loin et que leur vie était pleine de modestie, le roi leur accorda pour habitation une île située à l'extrémité de son royaume et couverte de forêts et de marécages. Dans ce lieu, les saints bâtirent un oratoire en l'honneur de la Bienheureuse Vierge, continuèrent leur vie de prières et de jeûnes et fécondèrent ainsi la semence évangélique qu'ils aient déposée dans cette terre lointaine. Nous savons tout cela par les écrits des anciens : hoc... ex scriptis seniorum cognoscimus (1). »XXIII
Les anciens ajoutent, ce qui n'est pas invraisemblable, que saint Joseph d'Arimathie avait apporté un des vases dans lesquels il avait épongé le sang de Notre-Seigneur, au moment où il lui donnait la sépulture. Sur ce fait a été bâti le poème, si populaire durant une partie du moyen âge, du Saint Graal Graal veut dire vase. On suppose que ce saint vase disparut et que le roi Arthur d'Angleterre, avec douze chevaliers, se mit à la recherche de ce précieux monument : ce qui donne lieu à une foule de récits et d'épisodes dont aimait à se nourrir l'imagination de nos aïeux.
Laissons les fictions, et venons à un événement glorieux pour l'Angleterre…
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(1) Willelmus Malmesburiensis, De antiquit. Glastoniens. Eccles. Parol., t. CLXXVI1, p. 1683.
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXXIV
Laissons les fictions, et venons à un événement glorieux pour l'Angleterre et qui se rattache à la vie de Joseph d'Arimathie. Le 13 octobre de l'an de grâce 1247 eut lieu, à Londres, une des assemblées les plus solennelles dont la Grande-Bretagne ait été témoin. Autour du roi Henri III étaient réunis les évêques et les nobles du royaume : c'était pour la réception des inestimables reliques dont nous allons parler.
L'évêque de Lincoln parla en ces termes : « Par un glorieux privilège, Joseph d'Arimathie fut choisi pour donner la sépulture au Seigneur. Il descendit respectueusement de la croix son corps tout sanglant avec un linge passé autour du cou et descendant en forme de tablier, afin de ne pas toucher de ses mains nues le corps adorable ; il essuya dévotement les plaies sacrées d'où distillait encore le sang. De la même manière il épongea les ouvertures laissées par les clous aux pieds et aux mains.XXV
« Puis, ayant transporté pour l'ensevelir le corps du Seigneur, non loin du Golgotha, au lieu où l'on adore encore le divin sépulcre, il le lava suivant la coutume des Juifs. Il se garda bien de jeter l'eau qui avait servi au lavement et qui était encore mêlée de sang ; mais il la mit respectueusement dans un vase très pur. Il redoubla de respect pour essuyer la plaie du côté, et l'eau dont il fit usage il la recueillit plus soigneusement encore dans un vase précieux qu'il garda comme un trésor inestimable. Fidèlement conservé par les parents et par les amis de saint Joseph, ce dépôt sacré a fini avec le temps par venir aux mains des patriarches de Jérusalem.XXVI
« Cette année 1247, le patriarche actuel, craignant, d'une part, les calamités qui menacent la terre sainte (1); apprenant, d'autre part, la piété du roi d'Angleterre et la grande religion de son peuple, a résolu de nous envoyer les inestimables reliques. Sur son dessein il a pris l'avis des évêques ses suffragants, des grands maîtres des chevaliers du Temple et des Hospitaliers de saint Jean, ainsi que des plus nobles personnages d'au delà des mers.
« En témoignage de la vérité ils ont apposé leur sceau tant sur la caisse des reliques que sur la lettre de transmission, déclarant que ledit trésor du précieux sang de Notre-Seigneur est envoyé au roi d'Angleterre, Henri III, afin qu'il soit mis en sûreté sous sa protection et reçoive le culte pieux qui lui est dû : le tout sans aucune rétribution, mais par pure libéralité chrétienne. »
Tant qu'elle fut catholique, l'Angleterre…
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(1) Ces craintes n'étaient que trop fondées. La terre sainte allait retomber au pouvoir des infidèles. De là vint, vers la même époque, la translation en Italie de la sainte maison de Nazareth.
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXXVII
Tant qu'elle fut catholique, l'Angleterre se montra jalouse de ses anciennes traditions, et si elle le redevient, il n'est pas douteux qu'elle ne revendique savamment sa glorieuse descendance de saint Joseph d'Arimathie. Au concile de Pise en 1409, de Constance en 1417, et de Sienne en 1424, elle défendit avec chaleur sa noble origine. Dans la trentième session du concile de Constance, fut posée cette question de préséance : an juri et rationi consonum su æquiparare regnum Angliæ regno Franciæ : est-il conforme au droit et à la raison d'égaler le royaume d'Angleterre au royaume de France ?XXVIII
Un des orateurs de l'Angleterre se leva, et, en présence du concile, fit la réponse suivante : « Aussitôt après la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Joseph d'Arimathie, le noble décurion qui donna la sépulture au Seigneur, s'empressa de cultiver la vigne sainte. Avec douze compagnons il entra en Angleterre et commença la conversion des habitants. Le roi du pays leur donna douze portions de terre suffisantes pour les nourrir. Ces terres étaient situées dans le diocèse de Bath. Là fut fondée l'antique abbaye de Glastonbury, où la tradition place le tombeau de saint Joseph d'Arimathie. Notre gloire n'est-elle pas égale à celle de la France qui doit la foi à saint Denis (1)? »XXIX
Pour parler de la sorte, et sans réclamation, devant un concile, on conviendra qu'il faut être sûr de ce qu'on dit. A l'appui de ses paroles, l'orateur aurait pu citer les tables de bronze, placées dès la plus haute antiquité dans l'église du couvent de Glastonbury, et sur lesquelles se lisait toute la tradition. Ce précieux monument existait encore au commencement du règne d'Henri VIII, ainsi que l'atteste le Père Good, jésuite, né et élevé à Glastonbury. Encore aujourd'hui les armes de la ville rappellent la tradition (2).XXX
L'Angleterre célébrait la fête de saint Joseph d'Arimathie le 25 juillet. C'est à ce jour que la fixe Capegrave, dans la Vie des saints d'Angleterre. Le martyrologe romain, au contraire, la place au 17 mars. D'où vient cette différence ?
Nous l'ignorons. Car Baronius lui-même admet, avec la tradition, l'apostolat de saint Joseph d'Arimathie et sa mort dans la Grande-Bretagne. Il s'appuie sur une histoire manuscrite d'Angleterre, conservée au Vatican (1).
Quoi qu'il en soit, grâce à une de ces faveurs si ambitionnées de nos catholiques ancêtres, le chapitre de Saint-Pierre de Rome est en possession d'un bras de saint Joseph d'Arimathie. Il honore ce grand saint par un office du rit double. Le cardinal de Bérulle, fondateur de l'Oratoire de France, avait une telle dévotion pour saint Joseph d'Arimathie, qu'il composa en son honneur un office rapporté par les Bollandistes, et dont l'évêque de Nantes disait : Il respire et il inspire la piété : non solum respirantia pietatem, sed inspirantia.
Terminons cette notice par une réflexion qui sort naturellement de ce qu'on vient de lire…
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(1) Bath est une ville d'Angleterre à cinq lieues environ de Bristol, dans le comté de Sommerset. Les ruines de l'abbaye de Glastonbury sont encore magnifiques et donnent une haute idée de la vénération dont les Anglais environnèrent, pendant bien des siècles, le tombeau de saint Joseph d'Arimathie, berceau de la foi dans leur pays. Voici l'épitaphe du saint, telle qu'on la lisait dans l'église du couvent :AD BRITANNOS VENI
POSTQUAM CHRISTUM SEPELIVI
DOCUI, REQUIEVI.
(2) « Exstabant laminae æneæ sculptæ ad perpetuandam memoriam, sacella, crypta, arma, observatio festi S. Josephi ad VI calendas augusti... Nunc omnia cum ruinis confusa perierunt. » Apud Usserium c. I.
(1) « Insuper colligere possumus, hoc quoque tempore, Lazarum, Mariam Magdalenam, Martham, et Marcellam pedissequam... una cum Maximino discipulo... Hierosolymis pulsos... Massiliam appulisse, comitemque ferunt ejusdem discriminis Josephum ab Arimathea nobilem decurionem, quem tradunt ex Gallia in Britanniam navigasse, illicque post prædicatum evangelium diem clausisse extremum. » An. 35, n. 5.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Joseph d''Arimathie: Qui est-il ?
Joseph d’ArimathieSUITEXXXI
Terminons cette notice par une réflexion qui sort naturellement de ce qu'on vient de lire. Temps de bonheur et de bon sens, où l'on fonde la préséance des nations, non sur l'étendue du territoire, ni sur le nombre des soldats, ni sur l'abondance des richesses, ni sur les inventions de l'industrie, mais sur la primauté de la foi ! En réalité, avoir été un demi-siècle, un an, un mois, éclairé, avant un autre peuple, des lumières de l'Évangile : c'est-à-dire avoir été un demi-siècle, un an, un mois de moins prosterné devant de honteuses idoles, avoir égorgé moins de victimes humaines, souillé la terre de moins d'abominations, porté moins longtemps les fers de l'esclavage, est un droit d'aînesse et un titre de gloire qu'un peuple sensé revendiquera toujours, parce que toujours il a droit d'en être fier. Puisse l'Angleterre s'en souvenir !
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Voir : S. Hier. De lotis sanctis; I Reg. I ; Mgr Mislin, Les lieux saints, t. I, p. 224; Corn, a Lap. in Matth., XXVII, 57; Paschase Radbert, in Matth., XXVII, 69; Gregor. Turon. Hist., lib. I, C. XXI ; Baron, an. 53, n. 5; Tacit. Ann., XI, 79; Dio, Hist., lib. LV; Sueton. in Caium; Blanchini, Adnot. ad Anastas. biblioth. Vita Petri; Patrolog., t CXXVII, p. 1027, 1029, 1101; Bolland. Acta SS. Martii, t. II, p. 507; Usserius, Britann. Antiquit., c. I., in-fol., Londini, 1687; Capegravius, Vitæ SS. Angliæ, fol. 176, édit. in-4°, 1500; Mamachi, Origin. et antiquit. christ., t. II, lib. II, C. XXIV; Josephi ab Arimathia narratio de duobus latronibus qui cum Christo crucifixi sunt mm.ss. ex bibliotheca ambrosiana mediolan. ; Histoire de S. Joseph d'Arimathie et du Saint Graal, mm.ss. de la Biblioth. nation., fonds Saint-Germain, éd. vélin in-fol., 2 vol. mm.ss. à la bibliothèque de l'Arsenal, Paris ; Robert Parson, De tribus Angliæ conversionibus, XVIe siècle ; Grabe, Hist. anglic. script., Oxford, 1691, etc., etc.
A la tradition que nous avons suivie, certains critiques opposent le silence de Bède, qui dans son Histoire ecclésiastique d'Angleterre semble dater la prédication de la foi dans la Grande-Bretagne, du milieu du second siècle, vers l'an 161, et dit que le roi Lucius écrivit au pape saint Eleuthère pour lui demander à devenir chrétien.
Mais il faut remarquer 1° que le silence de Bède n'est qu'un argument négatif; 2° qu'il est nul puisqu'il est en opposition non seulement avec la tradition constante de l'Angleterre, mais encore avec les Pères de l'Église, S. Chrysostome, Théodoret, Arnobe, Prudence, mieux placés que lui pour connaître les choses de la primitive Église et qui affirment l'apostolicité immédiate de l'Église d'Angleterre; 3° que les lettres de Lucius prouvent seulement que ce prince désirait devenir chrétien lui-même. Ce qui semble indiquer clairement que le christianisme était déjà connu en Angleterre et le nombre des chrétiens assez considérable pour attirer l'attention du roi et lui donner à réfléchir.
FIN.
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