Crispus, Sosthène, Gallion et Sénèque : Qui sont-ils ?
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Crispus, Sosthène, Gallion et Sénèque : Qui sont-ils ?
Crispus, Sosthène et Gallion
SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONI
Le chapitre XVIIIe des Actes des Apôtres, nous apprend que saint Paul, étant sorti d'Athènes, vint à Corinthe. Ses deux fidèles compagnons, Silas et Timothée, arrivèrent de Macédoine et se mirent à prêcher avec lui. L'éloquence de saint Paul était, dit saint Chrysostome, semblable au feu qui enflamme tout ce qu'il touche. « A sa voix, Crispus, chef de la synagogue de Corinthe, crut au Seigneur avec toute sa famille et fut baptisé par saint Paul lui-même. Et plusieurs habitants de Corinthe l'ayant appris, crurent et furent baptisés.II
« Or le Seigneur dit à Paul, dans une vision de nuit : Ne craignez point, mais parlez et ne vous taisez pas, car je suis avec vous et personne ne pourra vous faire de mal, parce que j'ai un peuple nombreux dans cette ville. » Il demeura donc à Corinthe un an et six mois, enseignant chez eux la parole de Dieu.III
« Mais Gallion étant proconsul d'Achaïe, les juifs, d'un commun accord, s'élevèrent contre Paul et le conduisirent à son tribunal, disant : « Celui-ci persuade aux hommes de rendre à Dieu un culte contraire à la loi. » Et au moment où Paul commençait à ouvrir la bouche, Gallion dit aux juifs : « Si c'était, ô juifs, quelque injustice ou quelque crime, je vous écouterais, selon le devoir de ma charge ; mais s'il n'est question que de doctrine, et de noms et de votre loi, voyez vous-mêmes; moi je ne veux point en être juge. » Et il les renvoya de son tribunal.»IV
Plus de deux siècles avant Notre-Seigneur, les juifs avaient été dispersés dans le monde entier, afin de préparer, par la connaissance des Saintes Écritures, les nations de la gentilité à recevoir l'Évangile. De là vient qu'ils avaient de nombreuses synagogues dans toutes les villes de l'Orient et de l'Occident. Malheureusement pour eux, ils s'acquittèrent fort mal de leur mission. Les Apôtres n'eurent pas de plus opiniâtres adversaires.
La conversion de Crispus, le chef de l'importante synagogue de Corinthe, fut donc…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEV
La conversion de Crispus, le chef de l'importante synagogue de Corinthe, fut donc un éclatant miracle. Les juifs devaient en être irrités et pouvaient se porter contre saint Paul à des actes de violence. Voilà pourquoi Notre-Seigneur lui apparut pendant la nuit et lui dit de ne rien craindre. En effet, conduit au tribunal de Gallion, il en sortit sans qu'il lui fût fait aucun mal. Il n'en fut pas de même pour Sosthène, autre chef de la synagogue. Les juifs se saisirent de lui, et le frappèrent devant le tribunal, sans que Gallion s'en mît en peine.VI
Miraculeusement converti et baptisé par saint Paul, Crispus, on n'en saurait douter, remplit quelque mission importante dans l'intérêt de l'Église. Par malheur, l'histoire est muette à son sujet. Plusieurs croient cependant qu'il devint évêque en Espagne.
Quoi qu'il en soit, sa vie, connue des anciens, fut une vie sainte, qui lui a mérité de voir son nom écrit au livre de l'immortalité.
Le quatrième jour d'octobre, le Martyrologe romain s'exprime ainsi : « À Corinthe, naissance des saints Crispus et Caïus , dont saint Paul fait mention dans sa première Épître aux Corinthiens. »VII
Nous avons vu que Sosthène, autre chef de la synagogue, fut accablé de coups par les juifs. Ce fait demande une explication. Il n'y avait pas deux chefs dans une synagogue. Comment se fait-il donc que le Texte Sacré appelle chefs de la synagogue Crispus et Sosthène ? Crispus étant devenu chrétien, les juifs le remplacèrent aussitôt par Sosthène. Devant le tribunal de Gallion, ils s'aperçurent que Sosthène ne défendait pas leur cause avec assez de chaleur, ou même qu'il favorisait Paul et Crispus. De là leur colère et les mauvais traitements qu'ils infligèrent à Sosthène.
Ce courageux néophyte consacra de cette manière son entrée dans le bercail du Dieu d'Israël. Fervent chrétien, comme on l'était dans ces temps primitifs, il devint évêque de Colophon, ville de Lydie, voisine d'Éphèse et qui prétendait être la patrie d'Homère. Mais sa plus grande gloire est d'être compté au nombre des saints. « Le 28 décembre, dit le Martyrologe romain, naissance de saint Sosthène, disciple du Bienheureux Apôtre Paul, qui le nomme dans sa première Épître aux Corinthiens. »
Les faits que nous venons de rapporter se passaient l'an 50 de Notre-Seigneur…
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEVIII
Les faits que nous venons de rapporter se passaient l'an 50 de Notre-Seigneur, la neuvième année de Saint-Pierre à Rome, et la onzième de l'empereur Claude. C'était sous le proconsulat de Lucius Junius Gallion, proconsul d'Achaïe.
Quel était ce personnage dont le nom est écrit tout à la fois dans l'histoire sacrée, et dans l'histoire profane ?IX
Un Espagnol, nommé Marcus Annaeus Seneca, né à Cordoue, vers l'an 58 avant Notre-Seigneur, vint à Rome, âgé de quinze ans. Il s'y maria, enseigna longtemps la rhétorique avec succès et eut trois fils, tous trois distingués par leurs talents.
Le premier, appelé Marcus Annaeus Noratus, né quatre ou cinq ans avant Notre-Seigneur, entra par adoption dans la célèbre famille Junia, dont il prit le nom patronymique. En conséquence il s'appela : Junius Annaeus Seneca Gallio.
Le second, appelé Lucius Annaeus Seneca, né deux ans après son frère, est le philosophe dont nous possédons encore les ouvrages.
Le troisième fut Lucius Annaeus Mela, père du poète Lucain.X
Ces quelques détails sur la famille Sénèque sont justifiés par les rapports incontestables que deux de ses membres eurent avec saint Paul. En vertu de la loi Clodia, l'Achaïe avait été élevée au rang de province proconsulaire. Soit par l'influence de son frère, le philosophe, précepteur de Néron, soit à raison de son entrée dans la puissante famille Junia, le commandement en fut donné à Gallion. Nous avons vu que saint Paul parut devant son tribunal.XI
Comme tant d'autres gouverneurs romains, comme Pilate lui-même, Gallion se montra bien insouciant et bien dédaigneux dans une cause qui, en apparence, n'intéressait que les juifs, mais qui, dans le fond, était la cause même de la vérité. Voulut-il ne pas s'en mêler de peur de s'attirer la colère des juifs? Une pareille crainte ne peut être une excuse.
Il est certain qu'il manqua tout à la fois à sa dignité, à son devoir et à l'ordre public, en laissant maltraiter injustement, sous ses yeux, en plein tribunal, l'innocent Sosthène. L'indifférence qu'il montra en cette occasion a fait donner le nom de gallionistes, à ceux qui sont indifférents en matière de religion.
Mais le grand Apôtre ayant fait à Corinthe un séjour de dix-huit mois...
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEXII
Mais le grand Apôtre ayant fait à Corinthe un séjour de dix-huit mois, prêchant publiquement et avec succès une doctrine toute nouvelle, il est plus probable que le proconsul entendit souvent parler de lui. Peut-être même eut-il avec saint Paul des rapports personnels.
Mais ce qui est hors de doute, c'est que Gallion, homme instruit, en écrivant à son frère le philosophe, ait parlé de ce juif extraordinaire, qui avait prêché à Athènes devant l'Aréopage et qui remplissait l'Asie Mineure du bruit de son nom et de sa doctrine. Ainsi quand saint Paul arriva à Rome sa réputation avait pu le devancer auprès de Sénèque, et inspirer à celui-ci le désir de le connaître.XIII
Que Sénèque ait connu saint Paul avant de le voir, cela est plus que probable; mais ce qui est certain, c'est qu'il eut avec l'Apôtre des relations personnelles. On le conclut logiquement des faits suivants. Lorsque l'Apôtre prisonnier arriva à Rome sous la conduite du centurion Julius, il fut remis par celui-ci, comme c'était la coutume, entre les mains du préfet du prétoire, avec les autres prisonniers.
Ce fut à ce grand officier de l'empire qu'il dut la portion de liberté dont il jouit, pendant ses deux ans de captivité, ayant seulement un soldat pour le garder. On ne peut guère douter qu'il ne lui ait été présenté, plus d'une fois peut-être. Tel parait être le sens des paroles de saint Paul lui-même : « Mes chaînes ont été connues dans tout le prétoire (1). »XIV
Or, le préfet du prétoire était alors le célèbre Afranius Burrhus. Associé avec Sénèque dans l'éducation de Néron, il partagea longtemps avec lui la faveur, ou du moins la confiance du tyran. Il la conserva malgré ses fréquents efforts pour l'arrêter dans la carrière de crimes où il s'était précipité, après les meilleures espérances qu'il avait données dans sa jeunesse ; et il paraît que ces deux hommes d'État marchaient assez de concert.XV
Les relations qui existaient entre eux ne peuvent donc guère permettre de douter que Burrhus n'eût parlé à Sénèque de ce captif si remarquable, ne lui ait inspiré le désir de l'entendre, et ne lui en eût procuré les moyens, ce qui d'ailleurs n'était pas difficile, le zèle de l'Apôtre le disposant favorablement à de telles entrevues.
Deux faits importants prouvent la réalité de ces entrevues…
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(1) Ita ut vincula mea manifesta fierent in omni prætorio (Philip., I, 13).
Les Pères grecs et la plupart des commentateurs entendent ici par prétoire, le palais de l'empereur, qui était alors Néron. Il est certain qu'on donnait ce nom à l'hôtel des gouverneurs des provinces, où l'empereur logeait dans ses voyages. On a donc pu le donner aussi au palais où il demeurait étant à Rome.
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Note dans la sainte Bible selon la Vulgate (GLAIRE)
Le prétoire dont parle ici saint Paul est le camp des Prétoriens au commandant duquel il avait été remis.
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Note dans la sainte Bible polyglotte (VIGOUROUX)
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEXVI
Deux faits importants prouvent la réalité de ces entrevues. Le premier, c'est la morale élevée qu'on trouve dans les écrits de Sénèque. On ne saurait lire attentivement ses ouvrages sans être frappé de l'analogie sensible, qu'on y rencontre souvent avec de nombreux passages de l'Écriture. Les expressions, souvent les mêmes, présentent le même sens. Aussi Tertullien ne craint pas de dire que Sénèque a été nourri d'un lait chrétien et que souvent il est nôtre : Lacte christiano educatus : sæpe noster.XVII
Le second fait est sa correspondance épistolaire avec saint Paul. Il existe six lettres de saint Paul à Sénèque, et huit de Sénèque à saint Paul. Mais l'opinion la mieux fondée est que ces lettres, telles que nous les avons, sont apocryphes. Au témoignage de saint Jérôme et de saint Augustin, il y eut des lettres échangées entre saint Paul et Sénèque ; que sont-elles devenues? On ne le sait.XVIII
Ce n'est pas seulement à Sénèque et aux yeux du prétoire que saint Paul prisonnier fit connaître Jésus-Christ ; c'est à toute la cour de Néron et à Rome tout entière. Lui-même nous l'apprend : « Mes chaînes ont été connues dans le prétoire et dans tout Rome : In omni praetoria et caeteris omnibus (1). Et même, ce qui est bien plus fort, dans le palais impérial, où ils ont fait de nobles conquêtes à Jésus-Christ : « Recevez ajoute-t-il, dans son Épître aux chrétiens de Philippes, les salutations de tous les fidèles de Rome, surtout de ceux qui sont de la maison de César : Salutant vos omnes sancti, maxime autem qui de Caesaris domo sunt (2). »XIX
Ce César était Néron! Des chrétiens dans le palais de Néron! Des agneaux dans l'antre du tigre! L'humilité et la simplicité dans le séjour de l'orgueil et du luxe; la chasteté et l'innocence des mœurs dans un lieu de débauche et de prostitution; la mansuétude et la charité dans le repaire de la cruauté et des crimes les plus odieux!
C'est là une des plus grandes merveilles de cette grâce toute-puissante qui avait renversé Paul sur le chemin de Damas, et d'un persécuteur fait un Apôtre. C'est un des événements les plus remarquables de l'histoire si intéressante du premier siècle chrétien.
Nous serions heureux de connaître, avec quelques détails, ces hommes choisis par la divine miséricorde, parmi les nombreux serviteurs du monstre couronné…
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(1)« Non tanturn praetorianis,sad caeteris civibus Romanis, manifesta sunt facta vincula mea, quod scilicet iis vinctus sim propter fidem Christi. » Cor. a Lap., in Philip. I,13.
(2) C. IV, 22.
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEXX
Nous serions heureux de connaître, avec quelques détails, ces hommes choisis par la divine miséricorde, parmi les nombreux serviteurs du monstre couronné. Malheureusement, on est réduit à des conjectures plus ou moins vraisemblables, du moins pour quelques-uns.
Saint Paul n'en nomme aucun, peut-être par prudence, afin de ne compromettre personne. Saint Chrysostome nous apprend que, parmi ces miraculeux convertis, fut une concubine de Néron. On croit que c'est Acté. Sa conversion, ajoute saint Chrysostome, fut la cause de la haine homicide de Néron pour le grand Apôtre.
Plus tard nous retrouvons Acté à la mort de Néron, et ce fut elle qui, aidée des deux nourrices de ce prince, lui rendit les derniers devoirs, et déposa son cadavre sanglant dans le lieu destiné à la sépulture de la famille Domitien (1). Cet acte de charité était digne d'une chrétienne.XXI
Des indices à peu près certains nous font connaître le nom et la qualité d'une illustre néophyte qui fit alors partie du petit troupeau de Jésus-Christ. Ce petit troupeau se formait silencieusement dans le sein de la Ville Éternelle, destinée à devenir un jour la capitale de l'univers chrétien.
Cette dame romaine d'un rang distingué est Pomponia Graecina. « Femme d'un guerrier célèbre, dit Tacite, elle fut accusée d'attachement à une superstition étrangère, puis renvoyée devant un tribunal de famille présidé par son époux : elle fut déclarée innocente (2). »XXII
Le premier reproche qui lui est adressé, c'est son attachement à une superstition étrangère. Or, telle est l'expression dont les auteurs païens de cette époque se servent toujours pour indiquer la religion chrétienne. Voici un second reproche qui, pour nous, n'est pas moins significatif; c'est la longue et continuelle tristesse que Tacite prête à Pomponia et les habits de deuil dont elle se montre revêtue (1).
Païen et fort prévenu contre les chrétiens, Tacite…
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(1) Suet. in Ner. L.
(2) Annot. XIII, 34.
(1) Huic Pomponiae, contianua tristitia fuit. Non cultu nisi lugubri...Non animo nisi noesto egit. Ibid.
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEXXI1I
Païen et fort prévenu contre les chrétiens, Tacite paraît avoir ignoré les motifs de ces particularités qu'il nous signale. Pour nous, elles s'expliquent et se justifient d'elles-mêmes. La vie des chrétiens de ce temps, autant qu'elle était connue, formait avec celle des païens un contraste bien fait sans doute pour étonner ceux-ci. Gardiens vigilants de la chasteté, nos pères faisaient voir les mœurs les plus pures au milieu du débordement inouï du libertinage.
Tandis que les épicuriens de Rome passaient les nuits dans des festins bruyants et somptueux, le chrétien prenait son modeste repas dans sa demeure silencieuse, ou partageait avec ses frères le saint banquet de charité, qu'il appelait agape ; souvent même il cherchait à expier par le jeûne des désordres dont il était innocent.XXIV
Les chrétiens fuyaient les spectacles, comme contraires à la religion, aux mœurs ou à l'humanité. Au milieu d'une foule sensuelle, fastueuse, déréglée et ne respirant que les jouissances, on les voyait simples, austères et renonçant à tous les plaisirs mondains. Leur extérieur annonçait le changement intérieur que la grâce avait opéré dans leur âme.
La simplicité des vêtements de Pomponia, remarqué par Tacite, est une preuve qu'elle était devenue chrétienne. Femme du monde, et y occupant un rang distingué, l'épouse de Plautius avait pu, comme ses égales, sacrifier au luxe, à l'élégance et à cette excessive recherche des modes romaines, dont nous ne saurions plus nous faire une juste idée.
Devenue plus grave, plus modeste et plus simple, en devenant chrétienne, elle dut renoncer à bien des choses futiles, et se réduire à une sévérité de costume que Tacite a pu comparativement appeler, sans trop d'exagération, une mise presque lugubre : non nisi cultu lugubri. A ce changement extraordinaire, on ne trouve d'autre explication que la profession du christianisme.XXV
Parmi les chrétiens de la cour de Néron, il faut citer encore deux noms illustres : Torpès et Evellius, dont le Martyrologe romain parle en ces termes : « A Pise, en Toscane, naissance de saint Torpès, martyr, qui fut d'abord un grand officier de Néron, et un des chrétiens dont saint Paul écrit, de Rome, aux Philippiens : « Tous les saints vous saluent, surtout ceux de la maison de César. » Ensuite, par ordre de Satellicus, il fut, pour la foi de Jésus-Christ, cruellement souffleté et meurtri de coups ; puis, livré aux bêtes qui le respectèrent et il consomma son martyre par la gloire le ni des calendes de mai. » Toutefois sa fête se célèbre le XVII, à cause de la translation de ses reliques (1). »
Disons en passant que saint Torpès a donné son nom à la ville française de Saint-Tropez.XXVI
Un autre personnage important de la cour de Néron, eut comme saint Torpès, l'échanson de l'empereur, le bonheur de se convertir. Il s'appelait Evellius et était un des conseillers de Néron, Cornilianus Neronius.
Compagnon de saint Torpès, il dut sa conversion à l'impression que fit sur lui la constance du saint martyr. « Au 10 mai, dit le Martyrologe romain , naissance de saint Evellius, martyr, qui appartenait à la maison de Néron, crut en Notre-Seigneur, en voyant le martyre de saint Torpès, et fut décollé pour la foi. »XXVII
Voilà ce que nous savons des chrétiens de la cour impériale de Néron. Ces simples détails font regretter bien vivement la perte de nos annales primitives. On sait que, pour anéantir jusqu'au souvenir du christianisme, plusieurs empereurs romains, en particulier Dioclétien et Maximien, firent rechercher avec soin et brûler dans toutes les villes de l'empire les Actes des Martyrs et toutes les archives des Églises.
Terminons cette Biographie…
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Martyrol., 17 mai.
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SÉNÈQUE ET LES CHRÉTIENS DE LA COUR DE NÉRONSUITEXXVIII
Terminons cette Biographie, qui nous a donné lieu de parler des premiers chrétiens de Rome, de Sénèque et de son frère Gallion, en disant ce que sont devenus ces deux derniers personnages. Sénèque périt d'une manière tragique, non point martyr de la religion sainte que proscrivaient alors les maîtres du monde, mais victime de l'ingratitude du monstre qu'il avait élevé, et dont le plus grand crime, un exécrable parricide, a laissé planer un triste nuage sur le nom de celui qui ne le blâma pas comme il le devait, qui le conseilla peut-être. Condamné à mort par Néron, Sénèque se mit dans un bain, s'ouvrit les veines, prit du poison pour hâter sa fin et fit une litation à Jupiter Libérateur. Quant à Gallion, disgracié par Néron après la mort de son frère, il se perça de son épée.XXIX
Sénèque fut un de ces hommes dont parle saint Paul, qui ayant connu Dieu ne le glorifièrent pas comme ils devaient. Combien parmi nous de Sénèques plus coupables que le premier ! Plaignons-les et prions pour eux et pour ceux qu'ils scandalisent.
Voir : Tacite, Annal., XIV, 7 ; Id., Agricol. XIII ; Dio, Hist.rom., lib. IX; Tacit. Annal., VI , 3; XV , 73 ; S. Hier., De viris illustr., XII; S. Aug., Epist. ad Macedon., n. 14. M. Greppo, Mém. relatifs à l'Hist. eccl. des premiers siècles, p. 1 à 140; Baron., an. 59, n. 23, et n. 9; an. 69, n. 44 ; Cor. a Lap. in Epist ad Philip., c. I 13, etc., etc.
FIN.
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