La NOUVELLE MESSE, par Louis Salleron

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Message  Monique Dim 05 Mai 2019, 2:03 pm

La NOUVELLE MESSE,
par Louis Salleron

_____________________________________________________________________________


L'auteur :

Louis Sallerón est né il y a 69 ans près de Paris, où il a obtenu son doctorat en droit et en économie. Il a collaboré avec le gouvernement de Pétain, face à une expérience d'entreprise très réussie. Et il a publié pas moins de 20 livres sur sa spécialité, qui l'ont rendu célèbre à juste titre. Cependant, son catholicisme profond à la tête d'une famille qui a donné à l’Église 4 prêtres et 2 religieuses a dû s'ouvrir aux nouveaux dangers qui menacent la Foi. Ce travail sur la liturgie n'est en aucun cas une improvisation, mais répond, avec un véritable sérieux scientifique, à une vocation de défense et de sauvetage de ce qui ne change ni dans l'Église ni dans la foi.

La pièce :

La réforme liturgique introduite par Sa Sainteté Paul VI, qui affecte presque profondément la "structure" de la Sainte Messe - qui est le cœur de l'Église, le centre du christianisme, la vie des croyants, le Christ présent sur terre et dans l'histoire, la Messe qui est tout - inaugure une époque d'évolution. Le Novus Ordo Missae est la première étape d'un mouvement plus ou moins indéterminé, subjectif et peut-être ingouvernable. C'est ainsi que l'"aggiornamiento" fatal est consacré, en ce qui concerne la Sainte Messe, qui, pour dire définitivement, est protestée dès que son essence sacrificielle est déguisée ou dissoute.

Une telle situation conduira inévitablement à toute hérésie jusqu'à ce qu'elle fasse partie de l'hérésie totale du modernisme.

Les erreurs se multiplient à chaque instant dans la liturgie innovante. Tout ce livre est destiné à les approuver et à nous en empêcher. Pour le reste, il ne s'agit pas d'un effort isolé ; il complète une littérature déjà riche qui, curieusement et à une seule exception près, n'a pas reçu de réponse des défenseurs de la Nouvelle Messe.

Cette édition est complétée par la réponse de Salleron à Dom Oury, l'exception en silence et par une autre réponse de deux Argentins - l'ingénieur H. Lafuente et le Dr G. Alfaro - au magazine "Criterio".


1 Publié en 1978. (Note de l'éditeur numérique)

A SUIVRE...

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Message  Monique Lun 06 Mai 2019, 10:04 am

"La religion catholique détruira la religion protestante, puis les catholiques deviendront protestants." Montesquieu

"Une forme de religion encore inconnue (...) est en train de germer au cœur de l'homme moderne, dans le sillon ouvert par l'idée de l’Évolution.'' Teilhard de Chardin

"Le bonheur qu'il y a à dire la messe ne sera compris qu'au ciel." Le saint prêtre d'Ars


INTRODUCTION

Le 11 mai 1970, le Cardinal Gut, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, remet à Paul VI le nouveau Missale Romanum.

Un mois plus tôt, le 10 avril, le Souverain Pontife recevait les cardinaux, évêques, experts et observateurs non catholiques qui avaient participé à la dernière réunion du "Consilium pour l'application de la Constitution sur la liturgie". Il les a félicités d'avoir accompli leur tâche, surtout en ce qui concerne la messe. La Documentation catholique du 3 mai reproduit le texte de l'allocution pontificale et, comme pour illustrer le sens de la réforme entreprise, publie sur la couverture la photographie des six observateurs non catholiques en compagnie du Pape. Max Thurian, de la communauté de Taizé, se distingue par son long habit monastique dont la blancheur rivalise avec celle du successeur de Pierre.

Sur le devant du Missale Romanum se trouve un décret daté du 26 mars 1970 et signé et signé par la carte Benno. Gut et A. Bugnini, préfet et secrétaire, respectivement, de la Congrégation pour le culte divin.

Le décret est bref : deux paragraphes seulement. Le premier promulgue le Missel : - "hanc editionem Missalis Romani ad normam decretorum Concilii Vaticani II confectam promulgat...". La seconde fixe les dates de son entrée en vigueur. Quant à la Messe latine, on a le droit (et non l'obligation) de l'utiliser dès la publication du volume : "Ad usum autem novi Missalis Romani quod attinet, permittitur ut editio latina, statim ac in lucem edita fuerit, in usum assumi possit...". En ce qui concerne la Messe en "langue vernaculaire", les Conférences épiscopales décideront, après approbation des éditions par le Saint-Siège : "curae autem Conferentiarum Episcopalium committitur editiones linguavernacula apparare, atque diem statuere, quo eaedem editiones, ab Apostolica Sede rite con firmatae, vigere in recipient" ("curae autem Conferentiarum Episcopalium committitur Editiones linguavernacula apparare, atque)

Tout est parfaitement clair.

A partir de maintenant, oui :

1) La messe traditionnelle, appelée la messe de saint Pie V, qui est la messe normale, en latin ;

2) La nouvelle Messe, qui est désormais autorisée à prier en latin ;

3) La nouvelle Messe qui pourra être dite en français (pour notre pays) une fois que la Conférence épiscopale aura fixé la date de son entrée en vigueur, après que son édition (c'est-à-dire sa traduction et sa présentation) aura été dûment autorisée par le Saint-Siège.

Le catholique de bonne volonté qui lit ces lignes ouvrira grand ses yeux : "Mais c'est le contraire de ce qui se passe !'' Oh oui, je ne vous fais connaître que le décret le plus récent et le plus officiel, le même qui est incorporé au Missale Romanum et qui déclare finalement : "Contrariis quibuslibet minime obstantibus" (Contrariis quibuslibet miniature obstantibus).

"Cependant, la nouvelle messe en français doit-elle être autorisée ?" Oui, d'ailleurs, et il ne faut pas seulement l'autoriser, mais aussi l'encourager, le recommander, l'imposer, car à cet égard le "sens très récent de l'Histoire (liturgique)" ne laisse aucune place au doute et s'accompagne d'une vague de textes officiels et non officiels.

Eh bien, où allons-nous nous arrêter?

C'est cette question que ce petit ouvrage cherche à clarifier, sans prétendre à une réponse, à moins que le Nota bene que Présence et Dialogue, le bulletin de l'Archidiocèse de Paris, publié après la présentation des "nouveaux livres liturgiques" (pour l'instant) dans son numéro de septembre 1969, soit considéré comme une réponse : "Il n'est plus possible, à une époque où l'évolution du monde est si rapide, de considérer les rites comme définitivement fixés. Ils sont appelés à être revus régulièrement sous l'autorité du Pape et des évêques, et avec l'aide du peuple chrétien - clercs et laïcs - afin de donner à un peuple une meilleure compréhension, à une époque, de la réalité immuable du don divin.''

 Dont Monde des 9-10 novembre 1969 a fait écho, grossièrement : "En réalité, le nouveau rituel de la messe ne peut être considéré comme un point final. C'est plutôt une pause. La liturgie, immuable depuis longtemps, retrouve aujourd'hui son dynamisme. C'est peut-être là l'essence même de la réforme.''


Le conflit entre l'évolutionnaire et l'immuable : c'est tout le problème de l'aggiornamento.

Au centre du conflit, au cœur du problème : la MESSE.


2 L'essentiel de cet ouvrage a fait l'objet d'articles dans le magazine Itinéraires et dans l'hebdomadaire Carrefour.

A suivre...
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Message  Monique Mar 07 Mai 2019, 4:38 pm

Section I
L'Aggiornamiento de la Messe


CHAPITRE UN - LA CONSTITUTION CONCILIAIRE SUR LA LITURGIE


Qu'est-ce que la liturgie ? Ses définitions sont nombreuses. Je crois que l'une des plus profondes et des plus complètes est celle de Pie XII en Mediator Dei : "La sainte liturgie est (donc) le culte public que notre Rédempteur rend au Père en tant que Chef de l'Église ; c'est aussi le culte rendu par la société des fidèles à leur tête et, par lui, au Père éternel ; en un mot, c'est le culte intégral du Corps mystique de Jésus-Christ, à savoir, le Chef et ses membres.''

Il en ressort que, en tant que chrétiens, nous nous intéressons directement à la liturgie. Mais, si nous pouvons le dire, nous sommes encore plus directement intéressés en tant que laïcs, en ce sens que ce culte public, ce culte "rendu par la société des fidèles à leur chef" concerne l'immensité du monde laïque. "L'Église Mère - nous lisons dans la Constitution conciliaire - désire ardemment que tous les fidèles soient amenés à participer pleinement, consciemment et activement aux célébrations liturgiques exigées par la nature même de la liturgie et qui, en vertu du baptême, constituent un droit et un devoir pour le peuple chrétien, "lignée choisie, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté" (C.L., § 14). Ce désir de l'Église est aussi le nôtre. Car, bien que "la réglementation de la liturgie relève de la compétence exclusive de l'autorité ecclésiastique" et "réside dans le Siège apostolique et, dans la mesure déterminée par la loi, dans l'évêque" (C.L., § 22), nous ne pourrions recevoir avec indifférence ou apathie notre part dans l'exercice de ce gouvernement. En ce qui concerne le contenu des règles, il est normal que nous fassions part de nos sentiments à l'autorité compétente, qu'il s'agisse de joie, d'action de grâce et d'approbation, ou éventuellement de regret et de préoccupation : et en ce qui concerne l'application des règles, nous devons coopérer pour qu'elles soient respectées. Mais sur ce dernier point, surtout, nous nous sentons aujourd'hui sous le poids d'une énorme responsabilité. Un vent de désordre et de subversion souffle sur la liturgie. La lettre et l'esprit de la Constitution conciliaire sont modifiés ou manifestement violés. La loi de la prière et la loi de la foi sont également menacées. Nous nous sentons obligés en conscience de lancer un cri d'alarme pour qu'il puisse être entendu sans délai.[/i]


A suivre...
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Message  Monique Mer 08 Mai 2019, 1:37 pm

Le 4 décembre 1963, à l'occasion de la clôture de la deuxième session du Concile, Paul VI promulguait la Constitution sur la liturgie, " premier thème étudié ", soulignait-il, " et le premier aussi, dans un certain sens, en raison de sa valeur intrinsèque et de son importance dans la vie de l'Église. ''

La Constitution a été bien accueillie. À un moment donné, il avait soulevé des inquiétudes parce que, selon des informateurs actifs, il a remplacé le latin par des langues vivantes dans les cérémonies religieuses. Mais la lecture du texte a apporté la tranquillité d'esprit. Beaucoup de simples fidèles qui, en temps normal, se seraient contentés de communiqués et de synthèses habituels, se sont surtout souciés de lire personnellement la Constitution pour se faire une idée claire. Ils étaient pleinement satisfaits. Bien que la Constitution ait finalement donné une place plus importante aux langues "vernaculaires" (comme on dit maintenant), elle a conservé une nette subordination au latin, qui est resté la langue propre de l'Église dans nos rites latins.

Pour le simple laïc, étranger à la vie des groupes de pression et aux intrigues des mouvements para-conciliaires, la Constitution ne semblait pas être le point de départ d'une révolution ; il y voyait plutôt le couronnement majestueux et solidement équilibré de la restauration liturgique menée depuis un peu plus de cent ans.

En effet, sans être experts en la matière, nous avions tous entendu parler du mouvement entrepris au XIXe siècle par Dom Guéranger et qui s'était matérialisé, pour le grand public instruit, dans l'"année liturgique", où clercs et laïcs ont redécouvert les sources de la spiritualité chrétienne authentique. Puis les papes consacrèrent leurs soins les plus attentifs à la restauration liturgique. Saint Pie X s'est surtout distingué dans ce domaine.

La participation active des fidèles au culte liturgique a été une préoccupation constante du pontife précité. Cela s'est manifesté dans divers documents, notamment dans le Motu Proprio Tra le solicitudíni (1903), consacré à la musique et au chant sacrés. Après lui, Benoît XV et Pie XI poursuivirent leur travail. Mais celle-ci a connu son plus grand développement avec Pie XII, qui avec cet objet a organisé de nombreuses réformes, clarifications et directives. Rappelons seulement l'encyclique fondamentale Médiator Dei et hominum du 20 novembre 1947 et l'Instruction De musica sacra et sacra liturgia du 3 septembre 1958, par laquelle les règles sont établies pour rendre "consciente et active" la participation des fidèles à la liturgie, dans le même esprit que Pie X avait voulu, le même esprit que celui que l'on retrouve précisément dans la Constitution Conciliaire.

 Et ensuite, que se passe-t-il?

Comment se fait-il qu'un texte solennel, dont l'encre est encore fraîche, puisse susciter en nous, non pas cette angoisse passagère qui avait suscité des commentateurs non officiels, mais une véritable angoisse, à cause de ce qui se passe dans les faits, n'est-il pas parfaitement clair dans sa formulation, et encore plus clair quand on considère la lente évolution qui en est le résultat ?

Examinons donc la manière dont elle a été appliquée, dans les parties qui nous intéressent le plus dans l'immédiat, les laïcs.

Nous nous limiterons aux questions du latin, des traductions, de la musique et du chant, pour terminer avec la deuxième Instruction pour la réforme de la liturgie.

A suivre...
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Message  Monique Ven 10 Mai 2019, 9:07 am

1. LE LATIN

L'article 36 de la Constitution règle la question du latin dans ses trois premiers paragraphes : "§ 1. L'usage de la langue latine est conservé dans les rites latins, sauf pour la loi particulière 3. § 2. Cependant, que ce soit dans la messe, dans l'administration des sacrements ou dans d'autres parties de la liturgie, l'usage de la langue du pays peut souvent être d'une grande utilité pour le peuple : on peut donc lui accorder une plus grande place, surtout dans les lectures et les exhortations, dans un certain nombre de prières et de chants, selon les normes établies en cette matière dans les chapitres suivants pour chaque cas. § En supposant que ces normes soient respectées, c'est la responsabilité de l'autorité ecclésiastique, etc.''

Il est difficile de mettre plus clairement en évidence la relation hiérarchique et concrète entre le latin et les langues vernaculaires. Le latin est la langue normale, la langue principale, la langue de base et les langues vernaculaires ont une place qui peut être plus grande que celle qu'elles occupent déjà. Tous les mots des trois paragraphes le disent positivement. Ils le disent aussi, d'une certaine manière, négativement, parce qu'il est très clair que si le Concile avait voulu donner la priorité aux langues vernaculaires, le texte aurait dû être rédigé dans l'autre sens. Nous aurions lu quelque chose de semblable à "L'usage des langues vernaculaires sera introduit dans le rite latin...", et les exceptions ou réserves en faveur du latin auraient été énumérées ci-dessous.

Nous lisons, par exemple, dans l'art. 54 : "Dans les messes célébrées avec l'aide du peuple, la langue vernaculaire, principalement dans les lectures et dans la "prière commune", et selon les circonstances du lieu, également dans les parties correspondant au peuple, conformément à la norme de l'art. 36 de cette Constitution, pourra être dûment reconnue. Mais que les fidèles puissent aussi réciter ou chanter ensemble en latin les parties de la messe ordinaire qui leur correspondent...".

Mais pourquoi insister ? Tout est parfaitement clair. Qu'est-ce qu'on vérifie ? Ce point par point, le latin a disparu de la messe, à tel point que la langue vernaculaire est devenue la langue de base, et que sans doute le latin de demain ne subsistera même plus. Dans quelques années, la Constitution conciliaire aura été anéantie.

Le Concile, en gardant le latin comme langue de base dans la liturgie, avait clairement manifesté sa volonté d'éviter toute rupture avec la tradition. La langue vernaculaire offrait de nouvelles possibilités, mais sans le risque de déviations excessives. Un fond linguistique commun protégé, dans l'unité de l'Église, contre l'exubérance éventuelle de la diversité.

Imaginez la suppression totale du latin. Dans vingt ans, le catholicisme sera disloqué. Chaque pays aurait ses propres rites et à court terme ses propres croyances, car ce que l'unité de la langue n'est plus fixée déborderait dans toutes les directions. Rome ne pourrait plus communiquer avec les évêchés et les paroisses car il n'y aurait plus que des traductions, qui varieraient d'un évêché à l'autre. De même, les Églises nationales affirmeraient de plus en plus leur indépendance. Même si le latin restait la langue officielle - et il devrait être maintenu, car sinon, quelle langue choisir - il n'y aurait que des spécialistes pour l'apprendre. Elle ne serait guère enseignée dans les séminaires : sinon, pourquoi ne serait-elle plus utile pour le reste de sa vie ? La rupture entre les prêtres qui le savaient et ceux qui ne le savaient pas créerait deux clercs sur lesquels il serait pratiquement impossible de s'entendre. Ne parlons pas de théologie et de philosophie traditionnelles : elles disparaîtraient avec le latin qui forme un tout avec elles.

3 Notons que la traduction du § 1 donnée ici, qui est celle du Centre pastoral liturgique, est inexacte. Le texte latin dit : "Linguae latinae usus, (...) in Ritibus latinis servetur". Cela signifie que l'utilisation de la langue latine doit être respectée. Le verbe servare a le double sens de "observer" et "conserver". Selon le cas, il est traduit par l'un ou l'autre de ces deux verbes. Mais le mot "conservé" est ici ambigu, car il prend l'apparence d'une concession faite au latin. Or, servetur signifie loi générale et non concession ou exception. Plus tard, au § 3, la traduction dit correctement. "Observé ces normes...". C'est le même mot latin, "Huiusmodi normis servatis..."

A suivre...
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Message  Monique Sam 11 Mai 2019, 11:23 am

Ne disons pas que nous exprimons des opinions pessimistes. Nous ne prédisons rien. Nous avons mis en avant les conséquences nécessaires de l'élimination totale du latin dans la liturgie. Mais cette élimination n'est pas nécessaire. Le Concile ne le décrète pas, puisqu'il décrète exactement le contraire : " L'usage de la langue latine sera préservé dans les rites latins, sauf en droit particulier " (art. 36).

Seulement, s'il y a le Concile, il y a aussi le post-concile, cette mentalité post-conciliaire, dénoncée par Paul VI et qui consiste à porter partout la subversion. Les novices veulent la substitution totale du latin aux langues vernaculaires, non seulement et pas tant parce que les cérémonies seraient alors plus compréhensibles, mais parce qu'il s'agit d'affirmer clairement et visiblement que le passé et la tradition sont terminés, que nous avançons au rythme du temps et que nous regardons l'avenir. C'est d'ailleurs très clair, puisque même les moines eux-mêmes se consacrent à la langue vernaculaire, même si dans leur cas l'office divin ne s'adresse pas au peuple. Mais les raisons de cette conversion sont malheureusement trop visibles. Faut-il les distinguer, seraient-ils fiers de trouver mauvais pour eux ce qui est bon pour le clergé séculier, les monastères deviendraient des musées conservant la religion antique ? De plus, le latin a un inconvénient : il fait la différence entre les frères et sœurs. Avec le vernaculaire, la communauté sera parfaitement égalitaire. La même vocation religieuse, le même langage, la même habitude : ce serait la démocratie parfaite dans le couvent.

On s'en occupe. Nous devons en être conscients :la sentence de mort latine serait la sentence de mort de la liturgie, la sentence de mort de l'Église elle-même. Vouloir ouvrir l'Église au monde à cause de l'exclusivité donnée aux langues vernaculaires, c'est vouloir atteindre Dieu par la construction de la tour de Babel.

L'irruption du monde moderne dans l'Église ne peut être mieux exprimée que par l'invasion des langues modernes. Le latin, qui était la langue vivante de l'Église, devient pour elle une langue morte, comme elle l'était déjà pour la société séculière. Ainsi, tout ce qui vivait en symbiose avec lui descend au tombeau. Peut-on espérer que les langues modernes deviendront autant de langues sacrées ? La question fera sourire les nouveaux arrivants, car l'un des avantages qu'ils attendent des langues modernes est précisément de mettre le sacré à sa place, c'est-à-dire de le réduire à néant.

Nous y reviendrons dans un prochain chapitre.

A SUIVRE...
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Message  Monique Dim 12 Mai 2019, 9:12 am

2.  LES TRADUCTIONS*

Le problème des traductions présente plusieurs aspects sur lesquels nous ne pouvons dire que quelques mots ici.

En principe, il y a la question de la qualité littéraire. Ce n'est pas le moins irritant, mais comparé aux autres, ce n'est pas le plus important.
"Seigneur, aie pitié" détruit nos oreilles, notre esprit et notre cœur. Nous l'endurons jusqu'à ce que cela change, regrettant que, bien qu'il ne s'agisse pas d'une question de latin, l'admirable Kyrie eleison n'ait pas été préservée.

Il y a la question de l'interprétation. En soi, une bonne traduction peut être une bonne interprétation. Il suffit qu'il soit valide. Nous n'entrerons pas dans une analyse qui nous mènerait très loin. Nous constatons, avec désolation, que probablement pour être plus accessible, la traduction tend toujours vers l'uniformité, la planéité et même la vulgarité. Nous avons également constaté que, sous prétexte d'une signification plus exacte, il s'écarte généralement du texte latin. Pax hominibus bonae voluntatis devient "Paix aux hommes que le Seigneur aime". et panem nostrum quotidianum dans "notre pain aujourd'hui". Mais parmi les nombreuses erreurs sur lesquelles nous ne pouvons pas nous attarder, nous ne soulignerons que le scandale de la traduction de consubstantialem patri dans le Credo de la Messe, et celui de la traduction de l’Épitre aux Philippiens dans la Messe des Rameaux.

A) Consubstantialem patri signifie, évidemment, "consubstantiel au père" et ainsi il a toujours été traduit. Eh bien, après l'invasion vernaculaire, la traduction officielle française fait de lui "la même nature que le Père".

A toutes les messes, chaque jour de la semaine, et plus solennellement le dimanche, des dizaines de milliers de prêtres et des millions de fidèles sont contraints de faire une profession de foi réduite en proclamant que le Fils est "de la même nature" que le Père.

Nous aimerions avoir une explication officielle de cette manœuvre, mais nous ne l'avons jamais trouvée nulle part. Il semble que la raison invoquée soit que le mot "consubstantiel" est trop érudit, alors que tout le monde comprend "de la même nature que". Raison admirable, en effet ! changez la formulation du dogme pour le rendre accessible à tous ! Les mots "Incarnation", "Eucharistie", "Rédemption", "Trinité" et tous les autres seront-ils changés pour que chacun les comprenne dès la première intention et hors de tout enseignement ?

A suivre...

* Nous notons que beaucoup des traductions citées par l'auteur font référence à la version française de la nouvelle Messe. (N. du T.)
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Message  Monique Lun 13 Mai 2019, 9:52 am

Le Concile de Nicée, en 325, établit la formule du symbole affirmant la consubstantialité du Fils au Père. Trente-cinq ans plus tard, on a fait disparaître la consubstantialité pour s'en tenir à une formule vague, celle de Rimini, qui ne nie pas la consubstantialité mais supprime sa proclamation. Voici ce qu'écrit Mgr Duchesne : "Au Concile de Constantinople en janvier 360), la formule de Rimini a été approuvée : elle proclame que le Fils est comme le Père, interdit les termes d'essence et de substance (hypostase), renie tous les symboles précédents et rejette d'avance tous ceux qui pourraient être établis ultérieurement. C'est la forme de tout ce qu'on appelait désormais l'arianisme, surtout celui qui s'est répandu parmi les peuples barbares. Les deux symboles, celui de Nicée de 325 et celui de Rimini de 360, s'opposent et s'excluent mutuellement, mais on ne peut pas dire que le symbole de Rimini contient une profession explicite de l'arianisme.... Cependant, l'imprécision de la formule a permis de lui donner les significations les plus diverses, même les plus contraires..... Il était donc perfide et inutile, et aucun chrétien digne de ce nom, vraiment respectueux de la dignité de son Maître, ne pouvait hésiter à le réprouver.''4

En fait, c'est la formule de Rimini qui a ouvert les portes de l'arianisme. La clôture du symbole de Nicée enlevée, rien ne s'opposait au triomphe de l'hérésie jusqu'au jour où le "consubstantiel avec le Père" fut rétabli. En fait, c'est la formule de Rimini qui a ouvert les portes de l'arianisme. La clôture du symbole de Nicée enlevée, rien ne s'opposait au triomphe de l'hérésie jusqu'au jour où le "consubstantiel avec le Père" fut rétabli.

C'est exactement de là que nous venons.

Qui proteste ? Les laïcs, et malheureusement eux seuls, à l'exception du Cardinal Journet. Dans L’Écho des paroisses vaudoises et neuchateloises, le 19 avril 1967, il publie une note qui dit : "Jésus Christ est consubstantiel au Père. Telle est la définition du premier Concile œcuménique, celui de Nicée, en 325.

C'est exactement de là que nous venons.

Qui proteste ? Les laïcs, et malheureusement eux seuls, à l'exception du Cardinal Journet. Dans L’Écho des paroisses vaudoises et neuchateloises, le 19 avril 1967, il publie une note qui dit : "Jésus Christ est consubstantiel au Père. Telle est la définition du premier Concile œcuménique, celui de Nicée, en 325.

"Au moment où, selon les confessions de tous les chrétiens, protestants et catholiques sérieux, la démythologisation expose le christianisme à l'un de ses dangers les plus graves, où le dogme de la divinité du Christ est mis entre parenthèses, où, après Bultmann, on renonce à parler de Jésus-Christ - Dieu pour parler du Dieu de Jésus-Christ, il est regrettable que la parole bénie et si profondément traditionnelle, consubstantielle, ne puisse être maintenue par les traducteurs des croyants en langue moderne. Il est souhaitable d'espérer que la version de même nature, qui ne dissipera pas les malentendus, ne sera que provisoire.

Nous le répétons : nous revivons le drame du IVe siècle. La formule du Credo actuel est à celle du symbole de Nicée ce que la formule de Rimini était à celle-ci. Un mensonge n'est pas proclamé : il est toujours louable de dire que le Fils est "de même nature que le Père" ou "comme le Père". Mais cela signifie mettre de côté la nature exacte de la relation du Fils avec le Père dans le mystère de la Très Sainte Trinité. Cela implique, en même temps, d'ouvrir la porte à l'hérésie, autrefois arianisme, aujourd'hui bultmanisme et à toutes les erreurs de même nature qui entraînent la négation du dogme chrétien.

Pour nous, laïcs, la légèreté avec laquelle la meilleure formule établie pour un dogme essentiel et consacrée par une tradition ininterrompue de quinze siècles est rompue nous plonge dans l'étonnement et nous fait trembler.

L'élimination de la consubstantialité, dit Étienne Gilson,  Pour nous, laïcs, la légèreté avec laquelle la meilleure formule établie pour un dogme essentiel et consacrée par une tradition ininterrompue de quinze siècles est rompue nous plonge dans l'étonnement et nous fait trembler.

L'élimination de la consubstantialité, dit Étienne Gilson, serait une monstruosité théologique si ceux qui la favorisent ne pensaient pas que, finalement, cela n'a pas d'importance...". 5. serait  une monstruosité théologique
si ceux qui la favorisent ne pensaient pas que, finalement, cela n'a pas d'importance...". 5.

A SUIVRE...

4 Cf. "Pour la seconde fois le monde va-t-il se réveiller arrian ?" par L. Salleron, dans Itinéraires n° 80, février 1964.

5 La societé de masse et sa culture de Étienne Gilson, de l'Académie française, Paris ; Vrin, 1967, pp. 129-130.
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Message  Monique Mar 14 Mai 2019, 12:27 pm

Il est probable que nous toucherons là le nœud du problème, la racine du mal. Ces questions de mots n'ont pas d'importance. Assez de juridisme, assez de doctrine, assez de définitions, je passe à la "pastorale", y compris l'art de séduire les foules avec mépris pour la vérité !

Faut-il rappeler la pensée de Paul VI ? Dans l'encyclique Mysterium fidei du 3 septembre 1965, il a donné de graves avertissements : "Au prix de siècles de travail, et non sans l'aide de l'Esprit-Saint, l'Église a établi une règle de langage et l'a confirmée par l'autorité des Conciles. Cette règle est souvent devenue le mot d'ordre de l'union et le standard de la foi orthodoxe. Elle doit être respectée religieusement. Qui pourrait tolérer l'opinion selon laquelle les formules dogmatiques appliquées par les conciles œcuméniques aux mystères de la Très Sainte Trinité et de l'Incarnation ne sont plus adaptées à l'esprit de notre temps et devraient être remplacées par d'autres de manière imprudente ? (...) Parce que ces formules, comme d'autres que l'Église adopte pour énoncer des dogmes de foi, expriment des concepts qui ne sont pas liés à une forme particulière de culture, ni à une phase particulière du progrès scientifique, ni à telle ou telle école théologique. Ils expriment ce que l'esprit humain perçoit de la réalité à travers l'expérience universelle et nécessaire et ce qu'il manifeste avec des mots appropriés et exacts, provenant de la langue ordinaire ou de la langue cultivée. C'est pourquoi ces formules sont valables pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux.''

Toute la liturgie en général, et la liturgie de la messe en particulier, constituent d'une certaine manière une expérience de foi. Quand cette expérience est langage et que la prière pure descend à la formulation dogmatique, nous avons le droit d'attendre que cette formulation soit correcte. Si nous suivons ce que disent les spécialistes, le symbole de Nicée a commencé à apparaître à la messe au Ve siècle, précisément pour combattre l'arianisme. Il serait scandaleux qu'une fausse traduction aujourd'hui ait pour effet, sinon pour objet, d'ouvrir la voie à un nouvel arianisme que toutes les formes modernes d'indifférentisme religieux favorisent déjà trop.

A SUIVRE...
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Message  Monique Jeu 16 Mai 2019, 7:06 am

En 1967, un groupe de laïcs prit l'initiative de faire une pétition aux évêques pour leur demander de rétablir le mot "consubstantiel" dans le texte français du Credo. Les premiers signataires de la pétition sont Jacques de Bourbon-Busset, Pierre de Font-Réaulx, Stanislas Fumet, Henri Massis, François Mauriac, Roland Mousnier, Louis Salleron, Gustave Thibon, Maurice Vaussard et Daniel Villey.

L'un de ceux qui avaient organisé la pétition l'a présentée, en juin 1967, à Son Éminence le cardinal Lefebvre, président de l'Assemblée plénière de l'épiscopat. Il a été reçu d'une manière très aimable mais, en même temps, totalement "négatif". Le 27 juillet, le Cardinal a précisé sa pensée dans une lettre qu'il a essentiellement exprimée :

"Permettez-moi de vous dire que j'ai beaucoup apprécié votre visite et que j'ai été très heureux de notre conversation. Mes portes seront toujours ouvertes à tous les fidèles qui souhaitent s'exprimer de cette façon. Mais quand un groupe de personnes prend soin de recueillir un grand nombre de signatures afin de présenter une pétition à l'épiscopat et d'obtenir de lui, au moyen d'une déclaration publique, une prise de position, c'est trop comme un défi à l'exactitude doctrinale de la Hiérarchie. Cela semble d'autant plus vrai que, tout au long du Concile, dans certaines revues, on n'a cessé de laisser entendre que certains évêques voulaient imposer des erreurs. S'il intervient, il semble céder à la pression et agir avec partialité. Il perd son autorité et ne parvient plus à convaincre ceux qu'il veut éviter de tomber dans l'erreur.

"Quant au mot consubstantiel, comme je l'ai déjà dit, il est envisagé de lui donner dans une nouvelle édition une traduction qui ne laisse place à aucun malentendu. Mais nous sommes aussi dérangés par les cris qui semblaient accuser les traducteurs et les évêques de l'hérésie, qui sont jugés n'avoir pas suffisamment réagi. Comme je vous l'ai dit dès le début, ce point a été pris en considération, mais les plus hautes autorités ont accepté d'attendre et de ne pas dramatiser de quelque manière que ce soit une question qui, à l'heure actuelle, a perdu beaucoup de son importance ; il est évident que les traducteurs, considérant l'utilisation des mots disponibles pour les fidèles, n'ont eu aucune intention de les induire en erreur. Bien qu'il puisse y avoir beaucoup d'individus de la nature humaine qui ne sont pas " consubstantiels " parce que cette nature est finie et créée, quand il s'agit de la nature divine, infinie, parfaite et unique, il est très clair à notre époque que si beaucoup de gens la possèdent, elle ne peut être plus que consubstantielle. Mais cela n'empêchera pas la recherche d'une traduction plus précise pour une prochaine édition, qui n'aura pas le danger de choquer ceux qui, rappelant les discussions qui se sont conclues lors des Conseils de Constantinople et de Chalcédoine, croient découvrir une volonté d'hérésie chez ceux qui n'utilisent pas le même mot que ceux qu'ils consacrent.

"Encore une fois, votre geste personnel n'a été que très agréable pour moi. La pétition qui l'accompagnait et les signatures qu'elle contenait m'auraient semblé normales si tout cela n'avait pas été provoqué et n'avait pas eu, par le fait même, une certaine publicité.

"Aux yeux de beaucoup, une telle ligne de conduite semble être une invitation à l'épiscopat à se prononcer sur un point de doctrine sérieux sur lequel il semble douteux qu'il soit entièrement d'accord, et cela ne peut que gêner l'intervention des évêques. Elle peut être interprétée comme un changement dû à l'intervention des laïcs et comme l'aveu d'une faute d'hérésie de la part des traducteurs, qui, tout au plus, n'étaient que peu qualifiés.''


C'est très clair. Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de lire et relire cette lettre. Un acte de confiance dans l'épiscopat devient un acte de "défi". Un geste spontané devient un acte "provoqué" (par qui ?). Une pétition organisée sans l'appui d'un journaliste ou d'un autre média a "un peu de publicité". La question du "consubstantiel" de nos jours "a perdu beaucoup de son importance", etc, etc. Mais le point capital est le suivant : si les évêques restaurent le "consubstantiel", ils semblent s'être trompés et avoir ainsi perdu leur autorité. Par conséquent, il vaut mieux laisser l'erreur subsister que de perdre l'image.

A SUIVRE...
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Message  Monique Sam 18 Mai 2019, 10:40 am

B) En ce qui concerne l'Épître aux Philippiens (2, 6-11), le scandale est encore plus grand en ce sens que c'est la Parole de Dieu elle-même.

Voici la traduction pour le Dimanche des Rameaux du Lectionnaire officiel, reproduit par le Missel du Nouveau Dimanche, publié avec l'imprimatur de Mgr Boudon, évêque de Mende, président de la Commission Internationale des Traductions Liturgiques pour les pays francophones :

"Jésus-Christ est l'image de Dieu, mais il ne voulait pas conquérir par la force l'égalité avec Dieu. Au contraire, il se vida lui-même, devenant l'image même du serviteur et devenant comme les hommes. Un homme comme les autres était reconnu en lui. Il s'est abaissé, et dans son obéissance il est venu à la mort, même la mort sur une croix.''

Il est vraiment impossible d'imaginer une trahison plus parfaite de la parole de Dieu. Rappelons-nous le texte latin, qui suit strictement le texte grec :

"Hoc enim sentite in vobis, quod et in Christo esa : qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se aequalem Deo : sed semetipsum exinanivit formam servi accipiens, in similitudinem hominum factus ; et habitu inventus ut homo, humiliavit semetipsum factus obediens usque ad mortem, mortem autem croucis.''

Développée dans sa logique et dans son intention, la traduction dit :

"Jésus-Christ (il n'est pas Dieu, il n'est qu'un homme, mais il est si parfait qu'il) est l'image de Dieu. (Il pourrait être tenté de devenir Dieu par la toute-puissance de sa perfection), mais il ne voulait pas conquérir par la force l'égalité avec Dieu".

C'est le contraire de ce que dit saint Paul. Aucun traducteur, catholique ou protestant, ne s'est trompé à ce sujet.

Les traductions abondent. Citons seulement trois caractéristiques qui sont récentes et universellement connues.

Le premier est celui du chanoine Osty (en collaboration avec J. Trinquet). Il dit :

"Ayez entre vous les mêmes sentiments que Jésus-Christ : "
Celui qui était en condition divine n'a pas usurpé le fait
d'être égal à Dieu,
mais s'est annihilé en prenant la
condition d'esclave et de devenir comme les hommes. En
offrant ainsi toutes les apparences de l'homme, il s'est
humilié en devenant obéissant à la mort, et à la mort sur
la croix."


Dans une note, le chanoine Osty indique :

"Notez la série de réductions de Jésus-Christ : de la condition divine à la condition humaine, de la condition humaine à la condition esclave, de la condition esclave à la condition crucifiée.''

La deuxième traduction est celle du Missel du R.P. Feder S.J. - "le fédéré", comme on l'appelle - qui était le plus répandu il y a 10 ans encore :

"Frères, chérissez en vous les sentiments qui animaient Jésus-Christ. Il était Dieu et pourtant il ne considérait pas qu'il devait jalousement préserver ses droits à l'égalité avec Dieu. Au contraire, il s'anéantit lui-même, prit la condition d'esclave, devint comme les hommes. Et quand il devint visiblement semblable aux hommes, il s'humilia encore plus, devenant obéissant jusqu'à la mort, jusqu'à la mort de la croix.''

La troisième traduction est celle de la Bible de Jérusalem (qui, soit dit en passant, n'a pas la réputation d'un "intégriste" !):

"Ayez entre vous les mêmes sentiments que Jésus-Christ : Lui, de condition divine, n'a pas jalousement conservé le rang qui l'égalait à Dieu. Au contraire, il s'anéantit lui-même, assumant la condition d'esclave et devenant comme les hommes. Se comportant comme un homme, il s'humilia encore plus, obéissant même à la mort, et à la mort sur une croix !''*

 Ces trois traductions, aussi différentes soient-elles, ont le caractère commun d'essayer de verser aussi parfaitement que possible le sens du texte original, sens sur lequel elles coïncident, puisqu'il est impossible de ne pas coïncider si on a de la probité.

Mais les traducteurs du Lectionnaire et du Missel du Nouveau Dimanche avaient tendance à insinuer que Jésus-Christ n'est pas Dieu.

Le Fils n'est plus consubstantiel au Père, et Jésus-Christ n'est plus Dieu ; c'est la nouvelle religion des traductions officielles françaises.

A SUIVRE...


* Pour notre part, nous donnons le passage auquel il est fait allusion dans la traduction espagnole correspondant à l'édition de La Sainte Bible, version Nacar-Colunga, B.A.C.., Madrid, 1970 : "Ayez les mêmes sentiments que le Christ -Jésus, qui, existant sous la forme de Dieu, n'a pas compté comme un butin (cupide) pour être égal à Dieu, mais a été annihilé, tournant la forme d'un serviteur et devenant semblable aux hommes ; et dans la condition d'un homme, il s'est abaissé, obéissant à la mort et mourant sur une croix" (Ph 2.5-8). (N. du T.)
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Message  Monique Mer 22 Mai 2019, 8:09 am

3. MUSIQUE ET CHANT

Dans la Constitution liturgique, la question de la musique sacrée est traitée de manière encore plus définitive, si possible, qu'en latin. En principe, l'ensemble du chapitre VI lui est consacré. Voici quelques textes :

"Art. 112. - La tradition musicale de l'Église universelle constitue un trésor d'une valeur inestimable qui se distingue des autres expressions artistiques principalement parce que le chant sacré, lié aux mots, constitue une partie nécessaire ou intégrale de la liturgie solennelle...".

"L'Église reconnaît le chant grégorien comme le chant propre de la liturgie romaine ; dans les mêmes circonstances, il doit donc occuper la première place dans les actions liturgiques.


Il n'y a donc pas de problème. D'autant moins, si l'on peut dire, que la combinaison de la tradition et de la nouveauté s'est toujours faite dans l'Église. Sur un fond immuable, la polyphonie et la musique nouvelle ont toujours été florissantes chez les Grégoriens - qui, batardisés au cours des siècles, avaient été magnifiquement régénérés il y a cent ans, sous l'impulsion, surtout, de Solesmes et Pie X. Pour leur part, les chants populaires ont occupé une bonne place, suivis par les chants selon les goûts de l'époque, dont certains ont été incorporés dans le patrimoine de la tradition, comme en témoignent tant de chants de Noël anciens qui résistent à l'épreuve du temps. Par conséquent, il n'y a pas eu de problèmes ; il fallait seulement continuer.

Maintenant, ici aussi, l'attaque a lieu. Pour démolir le chant grégorien, un excellent argument est utilisé : il ne s'adapte qu'au latin. Ensuite, si le latin est supprimé, le chant qui l'accompagne est supprimé. C'est logique, mais le raisonnement inverse est aussi logique : le latin doit être préservé et avec lui le chant grégorien.

Quant à la musique, n'en parlons même pas. Chacun a sa propre messe et sa propre mélodie. A la fin de l'aggiornamento il y a le jazz et les noirs spirituels ont émergé, sans doute, des profondeurs de la sensibilité populaire de nos pays. 6

6. Il faut souligner ici l'existence de l'association Una voce, qui lutte courageusement pour la diffusion du latin et du grégorien. Son conseil d'administration est triplé par : Président : Henri Sauguet ; vice-présidents : Yvan Christ, Maurice Duruflé, Stanislas Fumet, Professeur Jacques Perret ; Délégué général : Georges Cerbelaud-Salagnac ; Secrétaire général : Mme Bernard Guillemot ; Trésorier général : Jacques Dhaussy ; Membres du Conseil : Mme. Georges Cerbelaud-Salagnac, Professeur Jacques Chailley, Pierre Claudel, Jean Daujat, Mme Louise André-Delastre, Dr Jean Fournée, Général de Grancey, Auguste Le Guennant, lean Michaud, Pierre Moeneclaey, René Nicoly, Colonel Rémy, Professeur Robert Ricard, Maurice Vaussard et Professeur Michel Villey.

A SUIVRE...
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Message  Monique Ven 24 Mai 2019, 11:30 am

4. LA DEUXIÈME INSTRUCTION SUR LA LITURGIE

La Constitution sur la liturgie existait déjà lorsque la deuxième Instruction "pour une application juste de la liturgie" parut le 4 mai 1967. Il y a trois ans. Son innovation la plus importante est d'autoriser les langues vernaculaires dans le canon de la messe. Bien sûr, l'autorisation de l'évêque est nécessaire, mais nous savons maintenant que ce qui est autorisé et permis devient la règle générale. C'est pourquoi, officiellement, toute la messe sera dite en français. C'est pourquoi, officiellement, la Constitution liturgique est abrogée, au moins dans ses dispositions positives les plus importantes.

Ça, c'est certain. L'Instruction dit : "Tout ce qui a été suggéré ne pouvait pas être fait, du moins pour le moment. Mais il a semblé opportun d'accepter certaines suggestions, intéressantes du point de vue pastoral, qui ne s'opposent pas à l'orientation de la prochaine réforme liturgique définitive.'' Il dit aussi :  "Ces nouveaux changements et ces nouvelles adaptations se décident aujourd'hui dans la perspective d'une réalisation plus complète et de l'établissement progressif de la réforme liturgique". Annibale Bugnini 7, sous-secrétaire de la Congrégation des Rites et secrétaire du Consilium de Liturgie, avait clairement expliqué ce qui devait être fait. C'est, dit-il, une restauration fondamentale, je dirais presque une refonte, et, en certains points, une création vraiment nouvelle.


A SUIVRE...


7 ANNIBALE BUGNINI est née à Civitella de Lego, en Italie, en 1912. Il commença ses études théologiques à la Congrégation des Missions (Vincentiens) en 1928 et fut ordonné prêtre en 1936. Il a passé dix ans dans une paroisse de la banlieue de Rome. En 1947, il commença à écrire et à éditer la publication missionnaire de son ordre (jusqu'en 1957). Il a également commencé à participer activement aux études liturgiques spécialisées, en tant que directeur d'Ephemerides liturgicae, l'une des publications italiennes les plus renommées dans le domaine de la liturgie. Dès lors, il publie un grand nombre d'articles et de livres sur ces sujets, tant sur le plan scientifique que populaire. En 1948, il est nommé secrétaire de la Commission pour la réforme liturgique de Pie XII. En 1949, il est nommé professeur de liturgie à l'Université Pontificale Propaganda Fide ; en 1955 à l'Institut Pontifical de Musique Sacrée ; en 1956, il est nommé conseiller de la Sacrée Congrégation des Rites ; en 1957, professeur de liturgie à l'Université du Latran. En 1960, il est nommé secrétaire de la Commission préparatoire de liturgie du Concile Vatican II. Bugnini a déclaré ouvertement que "l'image de la liturgie telle qu'elle est donnée par le Concile est complètement différente de celle qui existait auparavant" (Cath. Doc. 1491, 4 janvier 1967). La Constitution a été promulguée le 5 décembre 1963. Mais, pour des raisons inconnues, avec l'approbation de Jean XXIII, il fut démis de ses fonctions au Latranense et comme secrétaire de la Commission. Une mesure drastique, très opposée à la manière d'agir du Pape.

Les changements d'air produits par le Conseil ont probablement permis au P. Bugnini d'être nommé secrétaire du Conseil le 29 février 1964. Consilium ad Exsequendam Constitutionem de Sacra Liturgia. En avril 1969, le Novus Ordo Missae est promulgué ; en mai, la Sacrée Congrégation des Rites est divisée en deux autres, celle du Culte Divin et celle des Causes des Saints. Le Consilium est incorporé à la Congrégation du culte en tant que commission et Bugnini en est nommé secrétaire. De cette façon, il atteint le maximum d'influence. Les responsables des commissions ou des congrégations vont et viennent : Card. Lercaro, Gut, Tabera, Knox ; mais le P. Bugnini reste stable.  Le 7 janvier 1972, il est nommé archevêque titulaire de Diocleciana en reconnaissance de ses services. Mais.... le 31 juillet 1975, la Sacrée Congrégation d'Adoration fut étonnamment dissoute, s'unissant à celle des Sacrements. Et ce qui a causé encore plus de surprise, dans les nouvelles listes, le nom de Monseigneur Bugnini n'apparaît plus. L'Osservatore Romano du 15 janvier 1976 (version anglaise) annonçait : "5 janvier : le Saint-Père a nommé son E.R. Annibale Bugnini, C.M., archevêque titulaire du [i]Diocleciana, Pronouncio apostolique en Iran. Le poste, créé pour l'affaire, n'a pas semblé trop important, d'aucun point de vue. Une grande indignation dans les médias progressistes. Que s'était-il passé ? M. Davies déclare : "
J'ai fait ma propre enquête et je peux attester de l'authenticité des faits suivants. Un prêtre romain de la plus haute réputation est entré en possession de preuves par lesquelles il considérait qu'il était prouvé que Monseigneur Bugnini était franc-maçon.  Il a fait mettre cette information entre les mains de Paul VI avec l'avertissement que si une action n'était pas prise immédiatement, il serait obligé en conscience de rendre l'affaire publique. Mgr Bugnini fut alors congédié et la congrégation dissoute. Bien sûr, Mgr Bugnini a nié l'accusation en prétendant qu'il s'agissait d'une "calomnie perfide", inventée par les ennemis de la réforme liturgique pour entraver ses pas en discréditant le principal collaborateur du Pape en la matière, mais il reconnaît dans son livre "La réforme liturgique" que cette accusation fut la cause de sa chute en disgrâce. Non seulement cela, mais cela impliquait aussi la suppression de toute la Congrégation en la fusionnant avec celle des Sacrements. Mgr Bugnini est décédé en 1982. (Extrait de Carmelo López-Arias Montenegro, Note de l'éditeur numérique)
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Message  Monique Dim 26 Mai 2019, 10:56 am

Par conséquent, l'élimination du chant latin et grégorien, ainsi que les autres modifications déjà introduites, d'autre part, dans la Messe, ne sont que des étapes vers une nouvelle liturgie.

Désormais, les novices (innovateurs) se sentent libres d'annoncer leur victoire sur un ton triomphal.

Si nous lisons le livret publié par les Éditions du Centurion sous le titre "Nouvelles instructions pour la réforme liturgique", on y trouve, avec les instructions Tres abhinc annos et Eucharisticum mysterium, un texte de présentation que nous aimerions reproduire in extenso. Son auteur est un bénédictin, Thierry Maertens. Citons quelques passages :

"Ces deux documents révèlent le chemin important parcouru depuis le Concile, tant sur le plan de la réforme matérielle que sur celui de la doctrine " (p. 12).

"Rien, dans la Constitution sur la liturgie, ne suggérait qu'un document permettrait, quatre ou cinq ans plus tard, la proclamation du canon dans une langue vivante...". (p. 12-13).

(En note) : "La brochure collective La liturgie dans les documents de Vatican II (...) souligne aussi le danger pour les liturgistes et les réformateurs de se conformer strictement à la Constitution...". (p. 14).

"Aujourd'hui, après avoir reçu un sacerdoce qui l'envoie en mission et le met davantage en contact avec les problèmes des hommes, le célébrant est plus soucieux de se présenter, dans la liturgie, comme le propriétaire de la maison qui prête attention à chacun de ses invités et qui a pour chacun d'eux une parole et un regard chaleureux... ". (p. 20).

"...Ainsi, en dehors de sa propre fonction, le célébrant ne jouit plus de privilèges dans la fonction liturgique..." (p. 20). (p. 21).

"Le prêtre perdra son caractère hiératique et sacré (du moins dans le sens qu'on donne actuellement à ces paroles) s'il se soucie d'être le serviteur de l'assemblée, y lie des liens d'acceptation et de fraternité, et rejette l'expression d'une certaine supériorité où il n'est pas nécessaire (...) Dieu ne nous a-t-il pas appris, par son Fils, que son temple saint et son habitation spirituelle sont construits, actuellement, en relations interpersonnelles..." (p. 25) ?

"...Grâce à cette réduction des gestes (à la messe), le célébrant pourra désormais imprimer sa psychologie religieuse et sa fonction présidentielle sur tel ou tel geste bien fait, étant donné que le trop grand nombre de rites imposés jusqu'à présent pourrait peut-être impliquer un automatisme... (p. 26).

"Il y a eu aussi une certaine désacralisation des lieux de culte (...) Pour autant que les termes soient bien compris, on pourrait dire que la fonction sacralise désormais nos églises, encore plus que le tabernacle et, en tout cas, plus que les autres objets de dévotion...". (p.26-27).

" ... (les rites d'avant) sont venus créer une atmosphère de religiosité qui peut sembler anodine à l'homme contemporain. Dans le monde moderne, l'homme est très sensible à tout ce qui l'aliène..."
(p.28).

"L'Instruction du 4 mai indique clairement que ces dispositions ne sont qu'un pas vers la restauration définitive future de la liturgie. De plus, elles ne concernent, en général, que certaines rubriques particulières et n'affectent que ce qui peut être modifié sans nécessairement impliquer de nouvelles éditions typiques des livres liturgiques. Mais il est vrai que l'esprit (de Satan, N. de Javier) et le dynamisme qui animent ces nouvelles règles ne tarderont pas à se manifester dans des réformes et des structures encore plus décisives : sera-t-il jamais possible d'affirmer que la réforme est terminée ? Le mouvement initié ne sera-t-il pas permanent dans l’Église ?...". (p. 37).

Limitons-nous à ces citations. Ils sont plus que suffisants pour nous révéler comment Thierry Maertens, cum permissu superiorum, envisage la réforme liturgique et les probabilités de son évolution future. C'est, purement et simplement, l'abolition de la liturgie. En d'autres termes, l'abolition de l'Église catholique. En effet, quelle est la nécessité pour une autorité d'accorder une liberté totale ? Et si l'on nous dit que certaines règles subsisteraient, nous voyons clairement qu'elles seraient faibles pour contenir la licence libérée.

Mais le catholicisme est aussi le christianisme dans sa plénitude. Elle disparaîtrait à son tour. Le prêtre, imprégné de sa "fonction" de "président" de "l'assemblée locale", considérerait bientôt ses pouvoirs comme venant d'elle, et serait convaincu qu'il ferait descendre Dieu sur la terre s'il portait au plus haut degré les "relations interpersonnelles" des membres de l'assemblée, à supposer que la méthode indirecte ne soit pas suffisante.

N'en sommes-nous pas arrivés là ? Non, d'ailleurs, mais qui nierait que nous sommes sur cette pente (*Note de Javier :  50 ans après la rédaction de cette œuvre cruciale de Louis Salleron, nous pouvons affirmer avec une immense amertume et une tristesse indicible que l'éclipse de Notre Sainte Mère l’Église est TOTALE. Que le bon Dieu ait pitié de nous et nous protège !)

A SUIVRE...

La NOUVELLE MESSE, par Louis Salleron   Qui%25C3%25A9n%2Bfue%2BAnnibale%2BBugniniBugnini, le plus grand fils de p..., maçon destructeur, serviteur des ténèbres, SOIT ANATHÈME POUR LES SIÈCLES DES SIÈCLES !!!
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Message  Monique Mer 29 Mai 2019, 10:10 am

CHAPITRE DEUX - LES THÈMES DE L'AGGIORNAMENTO

La Constitution conciliaire de la liturgie avait fixé des règles et des orientations. Les innovateurs ont entrepris de les interpréter en invoquant ce qu'ils appellent "l'esprit du Concile" et ce que le Pape appelle, pour le stigmatiser (*Note de Javier : l'hérétique pervers et astucieux de Montini-Paul 6 n'a rien stigmatisé ni condamné, il était toujours derrière toute cette désorientation diabolique et le pandémonium qui est à l'origine avant, pendant et après le catastrophique Vatican 2), "l'esprit post-conciliaire présumé".

Cet esprit supposé post-conciliaire nourrit et maintient un climat révolutionnaire dans lequel, parmi beaucoup d'autres, cinq thèmes principaux de subversion jouissent d'une faveur particulière : le "retour aux sources", la "désacralisation", l'"intelligibilité", le "communautarisme", le "culte de l'homme".

1. LE "RETOUR AUX SOURCES".

Toute société destinée à durer doit à la fois préserver et innover. Elle doit préserver ce qui est son essence même, son âme, son esprit, son principe vital. Elle doit innover, c'est-à-dire inventer des formes de croissance, de telle sorte que la nouveauté de ses manifestations extérieures ne fasse que souligner et assurer la vigueur originale de sa réalité la plus profonde.

Sans s'aventurer ici dans les aspects théologiques de la question, surtout en ce qui concerne les relations entre Écriture et Tradition, nous pouvons dire que l'Église, en tant que société d'hommes, n'échappe pas aux lois qui régissent la vie des sociétés. Maintenant: nous savons déjà que dans les sociétés établies, un procédé révolutionnaire éprouvé est le retour aux sources. Il ne s'agit plus de tailler l'arbre pour qu'il porte de meilleurs fruits ; il est récolté au ras du sol sous prétexte de redonner toute sa vigueur à ses racines.

A SUIVRE...
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Message  Monique Ven 31 Mai 2019, 4:42 pm

''L'art d'agiter et de subvertir les États, écrit Pascal, réside dans l'agitation des coutumes établies, dans l'approfondissement de leurs sources pour mettre en évidence leur manque d'autorité et de justice ". Il est nécessaire, dit-on, de recourir aux lois fondamentales et primitives de l'État, qu'une coutume injuste a abolie... (Pensée 294 de l'édition Brunschvicg, p. 183 de l'édition Zacharie Tourneur). Pour sa part, Bossuet rappelle "la licence à laquelle les esprits adhèrent lorsque les fondements de la religion sont ébranlés et que les limites établies sont supprimées" (Prière funèbre de Enriquette Marie de France, Reine de Grande-Bretagne). Que ce soit l'État ou l'Église, la méthode est la même. Il faut toujours se référer aux exemples incertains, voire mythiques, d'un passé lointain pour mieux rompre avec une tradition qu'il n'y a aucun souci à suivre ou à renouveler.

C'est pourquoi nous voyons les innovateurs s'attaquer non seulement à la contre-réforme, mais à toute l'histoire de l'Église, baptisée du confortable surnom de constantinisme, pour redécouvrir les formes du christianisme authentique de l'Église primitive.

Pie XII, avec sa retenue habituelle, a posé la question dans le Médiateur Dei : "Il ne fait aucun doute, écrit-il, que la liturgie de l'antiquité mérite d'être vénérée ; néanmoins, une coutume ancienne ne doit pas être considérée, du seul fait de son goût de l'antiquité, comme plus pratique ou meilleure, ni en elle-même ni en ce qui concerne ses effets et les conditions nouvelles des temps et des choses (...)

"Retourner avec l'esprit et le cœur aux sources de la sainte liturgie est certainement sage et louable, car l'étude de cette discipline, qui remonte à ses origines, a une utilité remarquable, pour pénétrer avec plus de profondeur et de soin dans le sens de nos fêtes et dans le sens des formules utilisées et des cérémonies sacrées ; mais il n'est ni sage ni louable de se référer quand même à l'Antiquité.''

Et il ajoutait : "Pour que, par exemple, ce soit sortir du droit chemin que de vouloir rendre à l'autel sa forme primitive de table, de vouloir supprimer radicalement le noir des couleurs liturgiques, d'exclure des temples les images et statues saintes, de représenter le Divin Rédempteur sur la Croix, de telle sorte que les souffrances aiguës qu'il a connues ne se voient absolument pas et, finalement, de rejeter les chansons polyphoniques aux voix diverses, quand elles se conformeront aux normes données par le Saint-Siège".

Certes, l'énumération de Pie XII renvoie à des points précis sur lesquels, selon les circonstances, l'Église peut être appelée à modifier ses règles. D'un autre côté, c'est ce qui s'est déjà produit avec beaucoup d'entre eux. Mais nous remarquons clairement que le courant qui voudrait multiplier les changements est le même que celui dénoncé par Pie XII, c'est celui de l'archaïsme, celui de la "passion excessive et malsaine pour les choses anciennes" dont il parlera plus tard.

Il y a deux retours aux sources. Il y en a un qui est sain et nécessaire. C'est la "réouverture" de Peguy, l'appel d'une tradition plus récente à une tradition plus ancienne afin de préserver la pureté de cette tradition et de maintenir la sève vitale de l'institution. C'est ce que Pie XII appelait "sage et louable". Et puis il y a le faux retour aux sources, qui consiste à rompre avec la tradition pour reconstruire artificiellement des structures mortes. La liturgie du Ier siècle transplantée au XXe siècle a le même sens que les châteaux médiévaux ou les églises gothiques que Viollet-le-Duc a construits pour l'admiration des bourgeois du siècle dernier.


A SUIVRE...

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Message  Monique Sam 01 Juin 2019, 8:04 am

2. LA "DÉSACRALISATION".

On pourrait penser que le retour aux sources s'accompagne d'une revalorisation du sacré. C'est d'ailleurs le cas lorsqu'il s'agit du retour aux sources. Mais d'autre part, le pseudo-retour aux sources, le goût de l'ancien pour l'ancien, le primitivisme artificiel,ne sert que de véhicule pour le retour au profane.

C'est bien compris. Si dans une cathédrale on remplace l'autel par une table de cuisine, il y a un problème. La solution la plus simple serait de retirer la table. Mais si nous nous accrochons à la table, nous arriverons bientôt à la conclusion que la cathédrale est ce qu'il faut supprimer.

La revue jésuite Études, dans son numéro de mars 1967, a consacré un article à ce thème signé Pierre Antoine, qui est, je crois, le R.P. Antoine S.J. "L'église est-elle un lieu sacré ?'' C'est la question qu'il pose et c'est le titre de son article. Sa réponse est aussi claire que possible. En fait, écrit-il, nous rejetons toute valorisation intrinsèque ou ontologique d'un lieu comme sacré en soi, ce qui reviendrait à localiser le divin. La désacralisation a une dimension spirituelle et mystique que nous ne pouvons ignorer et qui peut être perçue en dehors du christianisme. L'histoire - tirée de la littérature bouddhiste - d'un moine qui, à l'intérieur d'une pagode, urinait sur la statue du Bouddha, en témoigne dans sa crudité expressive. A celui qui a été choqué par le sacrilège, il répondit simplement : "Pouvez-vous me montrer un endroit où je peux uriner sans uriner sur le Bouddha". (p. 437-438).

C'est la "dimension spirituelle et mystique" à laquelle le Père Antoine nous invite. Il nous donne ses raisons. Ce sont celles de l'iconoclasme traditionnel, auxquelles s'ajoutent l'avènement de l'ère technique (qui succède à l'ère sacrée) et la réintégration de l'homme dans le cosmos. Le P. Antoine est clair. Il propose que les cathédrales soient transformées en musées, comme c'est déjà le cas à ses yeux. Quant aux autres églises, tolérons-les, même si elles sont très mal conçues comme des lieux de rencontre, et pour l'avenir ?... "Peut-on, dans le contexte de la société actuelle, imposer cette insistance sur les édifices religieux dans le paysage urbain ? (...) peut-être devrions-nous reconnaître honnêtement que, dans les conditions actuelles, par légèreté ou par par paresse pour concevoir d'autres solutions possibles, nous construisons un nombre excessif " (p. 444).

Ces mots sembleraient tout simplement extravagants si nous les découvrions dans une publication ésotérique, une de celles dans lesquelles se réfugient des génies incompris. Mais ils ont été publiés dans la plus importante revue jésuite française, ce qui signifie soit que la Compagnie de Jésus les approuve, soit qu'ils méritent d'être l'objet de notre réflexion. Cela montre à quel point le christianisme est tombé des milieux considérés comme plus chrétiens et plus sérieux.

L'article d'Antoine est intéressant parce qu'il montre clairement, en revanche, à quel point les problèmes de la liturgie dépendent directement des problèmes de la foi. "La transcendance divine affecte le centre de notre vie, en tant que dimension de notre propre existence ", dit Antoine. Mais s'il est vrai que Dieu est à la fois transcendant et immanent et que l'homme, créé à l'image de Dieu, Le reflète d'une certaine manière, la transcendance de Dieu vient en premier, et par la louange de Dieu l'homme manifeste la reconnaissance de sa propre condition. La liturgie est l'ordre, l'orchestration de cette profession de foi et de cette proclamation de la vérité. La multitude de symboles n'est là que pour soutenir et illustrer l'orientation du cœur, de l'intelligence et des sens. Née de la foi, la liturgie est le support et la pédagogie de la foi. Attaquer la liturgie, c'est saper la foi. Modifier la foi, c'est ruiner la liturgie.

Nous constatons que les idées d'Antoine sont les mêmes que celles présentées par le célèbre ancien évêque anglican de Woolwich, Tohn A. T. Robinson dans son livre Honest to God. Il leur consacre tout un chapitre (le V), dont les conclusions logiques, affirmées avec plus ou moins de précision, sont que la liturgie, le culte et la religion elle-même sont inutiles. S'il n'y a plus de différence entre le sacré et le profane, entre le religieux et le séculier, le sens qu'une région extérieure au monde peut avoir n'est plus clair. Le moine bouddhiste d'Antoine avait parfaitement compris tout cela.

A SUIVRE...

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Message  Monique Lun 03 Juin 2019, 10:25 am

3. "L'INTELLIGIBILITÉ"

L'intelligibilité est un sujet coûteux pour les innovateurs. Au nom de l'intelligibilité, ils entreprennent la démolition de tous les rites liturgiques. Au nom de l'intelligibilité, ils veulent bannir le latin et le remplacer par les langues modernes. Au nom de l'intelligibilité, ils veulent que le Fils soit "de la même nature que le Père" et non plus "consubstantiel au Père".

Le rationnel, le scientifique, le fonctionnel, l'intelligible doivent régner en tout.

Dans ce domaine, la confusion des esprits est telle qu'il faudrait des centaines de pages pour la dissiper. Les erreurs, les sophismes, les préjugés, sont si nombreux qu'il est impossible de les revoir tous. De plus, les réfutations ou les explications, pour être comprises, nécessiteraient un accord préalable sur les réalités et les notions qui englobent la totalité de Dieu, le christianisme, l'intelligence et la nature humaine. En un mot, ce serait une véritable somme théologique, philosophique et anthropologique.

Ne tentons pas une telle entreprise et ne nous limitons pas à quelques simples opinions sur le point le plus sensible : la langue.

Le latin, dit-on, est inconnu de presque tous les fidèles. Certes, mais est-ce qu'on nous enseigne le catéchisme en latin, est-ce qu'on nous donne des sermons en latin, est-ce que les livres dans lesquels on nous enseigne la religion ou qui nous fournissent une nourriture spirituelle en latin ?

Donc,le débat ne concerne donc que la messe et les prières liturgiques.

Mais à ce stade, un premier contrôle s'impose : le latin, qui n'est plus une langue populaire depuis mille cinq cents ans, n'a jamais été un obstacle à la foi du peuple, ni à la piété du peuple, ni à la connaissance de la vérité chrétienne de la part du peuple. Et de nos jours, il est absolument faux de prétendre que le latin éloigne les gens des églises. La désaffection des masses à l'égard du christianisme a des causes multiples parmi lesquelles le latin ne figure pas du tout. De même, le protestantisme, qui utilise des langues vernaculaires, se trouve dans la même situation que le catholicisme, et il serait risqué d'affirmer que l'assiduité dans la fréquentation du temple protestant est supérieure à celle de l'église.

Le débat est donc, pour ainsi dire, un débat qui touche aux principes, du moins en tant que point de départ, car les effets se succèdent.

"On ne peut bien prier que dans sa propre langue.'' C'est la déclaration finale qui s'oppose au latin.

Encore une fois, proposons deux vérifications préliminaires.

La première est que la prière individuelle est gratuite par nature. Chacun prie dans la langue qu'il veut, en supposant qu'il utilise cette langue pour prier.

La seconde est que les livres de la Messe - parce que nous pensons avant tout à la Messe - nous donnent toujours (nous ont donné) la traduction du texte latin. Cela permet de "suivre la Messe" avec la plus grande facilité au monde, soit en utilisant un texte ou un autre, soit en passant d'un texte à un autre. Je ne connais personne qui n'ait jamais eu d'obstacles à cet égard.

Reste donc à savoir si le latin, parlé ou chanté, constitue, pour ceux qui ne le connaissent pas, un obstacle à une participation active et consciente à la Messe.

La réponse ne laisse aucun doute. Loin d'être un obstacle, le latin est le meilleur moyen de cette participation active et consciente.

Le défaut d'inintelligibilité n'existe pas. Non seulement les traductions existent, non seulement les fidèles ont appris le catéchisme et continuent à l'apprendre dans l'église et par ses lectures, mais dans le mystère divin ce que nous devons comprendre ne se situe pas au niveau de la lettre. Dans tous les cas, il y a toujours un besoin d'enseignement.

A SUIVRE...
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Message  Monique Sam 08 Juin 2019, 9:57 am

Saint François de Sales a écrit à ce sujet quelques lignes d'une admirable simplicité et profondeur : "Mais s'il vous plaît ! Examinons sérieusement pourquoi on veut avoir le service divin dans un langage vulgaire, est-ce pour apprendre la doctrine ? Bien sûr, la doctrine ne peut y être trouvée que si l'écorce de la lettre dans laquelle se trouve l'intelligence est ouverte. La prédication sert à ce que la parole de Dieu ne soit pas seulement prononcée mais exposée par le berger..... Nous ne devons en aucun cas réduire nos fonctions sacrées à une langue particulière parce que, tout comme notre Église est universelle dans le temps et dans l'espace, elle doit aussi célébrer les fonctions publiques dans une langue universelle dans le temps et l'espace. Le latin s'impose parmi nous, et le grec en Orient ; et nos Églises conservent son usage avec d'autant plus de raison que nos prêtres qui partent en voyage ne pouvaient pas dire la messe en dehors de leur région, ni les autres ne pouvaient les comprendre.  L'unité, la conformité et la grande diffusion de notre sainte religion exigent que nous disions nos prières publiques dans une langue qui est une et commune à toutes les nations. 8

Il serait difficile d'en dire plus avec moins de mots.

La prière publique est un acte de culte commun dans un acte de foi commun. C'est le langage liturgique de nos relations avec Dieu. C'est à l'Église de fixer ce langage et il doit être le même pour tous les chrétiens. Si l'histoire l'a diversifiée, si elle peut peut-être la diversifier encore plus, elle ne peut être qu'au minimum et comme un moindre mal. L'unité est évidemment préférable, car elle postule de plus en plus le rétrécissement de la planète.

Est-ce de l'ésotérisme ? L'Église n'est pas ésotérique. L'objet de foi qu'il propose est le même pour tous et donc une seule et même langue l'exprime de manière identique pour tous. Nous répétons qu'il existe des traductions pour reproduire leurs formules sous la forme la plus littérale possible, mais il est nécessaire qu'elles proviennent toutes du même texte, et que ce texte soit connu de tous.

En latin, tous les fidèles ont accès à cette première intelligence du christianisme : qu'il est un, et le même pour tous. En écoutant la Messe, ils participent plus activement et plus consciemment au sacrifice, se sentant en communion avec les chrétiens du monde entier et avec tous ceux des générations passées et futures. Ils reçoivent la communion dans un acte de foi qui englobe l'universalité du temps et de l'espace dans l'unité de leur proclamation.


8 "Controverses", 2e partie : "Les règles de la Foi", Discours 25, cité par Lean van der Stap dans "Vernaculaire ou hiératique", La Pensée catholique, p. 34, n° 107, 1967.

A SUIVRE...
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Message  Monique Dim 09 Juin 2019, 9:50 am

Fides quaerens intellectum. Credo ut intellegam. (La foi qui cherche à comprendre. Je crois comprendre.)


La prière de l'Église est la gouvernante de la Foi. Elle ouvre l'intelligence au sens du mystère et la guide à travers son propre exercice face au mystère. Le plus humble des fidèles le ressent instinctivement et très profondément. Quand il dit Kyrie eleison, Gloria in excelsis Deo, Credo in unum Deum, Pater noster, en plus de connaître le sens de tous ces mots qu'il a appris depuis longtemps et qu'il peut vérifier en traduction, il comprend parfaitement que le langage sacré le dirige vers Dieu d'une manière unique, en favorisant son ascension intelligente et en établissant une relation entre lui et la communauté des vivants et des morts.

Est-ce un effort qui est demandé aux fidèles ? Sans doute, mais cet effort est une excellente introduction à la Foi, le chemin unique de "l'intelligibilité" divine. C'est aussi l'un des sacrifices mineurs que la vie chrétienne et la vie en général exigent. N'oublions pas que ce n'est qu'un très petit nombre de textes et de prières. Devons-nous encore en réduire le nombre ? Le Concile a donné cette possibilité aux évêques, que demander de plus ?

Ce qui, malheureusement, est demandé, nous craignons d'en comprendre trop. Il ne s'agit pas de rendre le christianisme "intelligible" : il s'agit de le détruire. La procédure démagogique n'échoue pas : la paresse est flattée en prétendant exalter l'intelligence. Mais l'objectif est d'isoler le peuple chrétien de sa tradition, de lui faire perdre le sens du sacré, de le rendre maître souverain d'une vérité qui ne peut émaner que d'eux-mêmes. "Vous serez comme des dieux.'' Ce sont les mots qui chuchotent à l'oreille candide la suppression du latin.

D'ailleurs, ce sombre dessein n'est pas celui des gens bons et imprudents qui se félicitent que leur religion devienne finalement "intelligible". Ils croient ce qu'on leur dit, et ceux qui leur disent sont, pour la plupart, imprudents. Mais il y en a qui déplacent les pièces du jeu, et ils savent ce qu'ils font.


A SUIVRE...

(*Note de Javier : Quel impressionnant sens prophétique, mon Dieu ! Louis Salleron réussit à diagnostiquer tous les maux, et avec succès l'issue fatale de toutes les maudites réformes post-conciliaires : LA DESTRUCTION DU CHRISTIANISME. C'est effrayant, terrible et inimaginable, mais il est aussi vrai qu'aujourd'hui, juin 2019, que ceux d'entre nous qui luttons jusqu'à la mort pour préserver INTACT notre sainte foi catholique, la foi de l'Église catholique de toujours, qui a engendré des milliers de saints, martyrs, vierges et confesseurs, sont en cette heure un nombre très réduit, toujours plus petit et presque imperceptible. Il n'y a aucun doute que la fin est proche ; persévérons jusqu'au dernier souffle, chers frères !)
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Message  Monique Ven 14 Juin 2019, 2:51 pm

4. LE "COMMUNAUTARISME".

Le " communautarisme " est à la fois une amplification excessive et une altération de la valeur de la réalité communautaire dans la liturgie. Le pseudo-retour aux sources l'alimente d'une part. Une émotion sacrée de nature douteuse compense en elle la désacralisation. Enfin, une influence imprécise du communisme se fait sentir en elle.

Le " communautarisme " fait aujourd'hui des ravages dans l'Église à tous les niveaux et sous toutes ses formes. Il y a trois raisons à cela. Premièrement, c'est une réaction contre l'individualisme du siècle dernier. Deuxièmement, elle correspond à un mouvement universel. Troisièmement, elle trouve un terrain très propice étant donné la nature de l'Église, qui est certes communautaire, mais qui ne l'est pas dans les manières que nous observons aujourd'hui, où les excès, les abus et les déviations sont manifestes.

Nous laisserons de côté l'aspect institutionnel du " communautariste ", qui se distingue par l'importance croissante accordée aux groupes - collèges, assemblées, équipes, associations et réunions de toutes sortes - avec le sous-produit bureaucratique et technocratique qui l'accompagne comme une conséquence nécessaire. Nous nous limiterons à notre propre terrain en citant le dérapage qui va se produire dans l'acte central de la liturgie : la messe.

On se souviendra bientôt des agapes hollandais et de telle ou telle cérémonie du sabbat, qui ont déshonoré les églises françaises. Mais nous négligerons ces excentricités, malgré leur caractère révélateur, pour nous consacrer plutôt à ce qui a été présenté comme le modèle de la Messe selon "l'esprit du Concile".

A SUIVRE...
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Message  Monique Dim 16 Juin 2019, 9:38 am

Un petit ouvrage de l'abbé Michonneau fournira le thème de notre réflexion 9.

Parlant des extravagances hollandaises, l'abbé Michonneau explique que les évêques y sont "vigilants" mais qu'ils "ne veulent pas empêcher les enquêtes authentiques". Ils croient sans doute que l'expérience révèle des solutions pratiques ainsi que des discussions spéculatives " (p. 15). Nous convenons que l'"expérience" a sa place dans l'élaboration de "solutions pratiques". Mais quand l'expérience devient désordre pur, comme en Hollande, elle ne s'oppose pas seulement aux "discussions spéculatives" mais à la loi même de l'Église, dont dépend exclusivement la régulation de la liturgie.

Chaque fois que l'abbé Michonneau prend un chemin, nous commençons à le suivre parce que le chemin semble bon, mais ensuite nous sommes obligés de nous arrêter parce que nous allons heurter un marais. Ainsi, il nous parle de l'Église comme "communauté" et de l'excellence de la "prière communautaire". Comment ne pas être d'accord ? Mais il s'oppose immédiatement entre eux des réalités qui, loin de s'exclure, sont complémentaires. L'Église est une communauté, certes, mais Michonneau souligne : " A certains moments, il aurait été erroné d'y voir une communauté pure.... ". Ce qui la distingue, essentiellement, au sein d'un monde sociétal, c'est qu'elle est communautaire " (p. 37).

D'une vérité, l'abbé Michonneau fait une erreur, parce qu'il veut en faire la vérité exclusive. D'autre part, il ne définit ni l'un ni l'autre mot. Mais pour s'y opposer, il reconnaît un caractère différent et il est facile de voir que ce qu'il voit dans la communauté, c'est d'abord le sentiment, la volonté, l'amour et dans la société la structure, la hiérarchie, la loi. Comment alors nier à l'Église le caractère d'une société ? C'est à la fois une communauté et une société. C'est, dit Paul VI, "une société religieuse" et "une communauté de prière" 10. Que l'on dise, si l'on veut, qu'elle est plus essentiellement une communauté qu'une société pour souligner avec plus de force sa réalité spirituelle ; mais nier son caractère sociétal, c'est se renier elle-même. Vouloir en faire une "communauté pure", c'est abolir le signe distinctif du catholicisme pour le réduire au plus vague du protestantisme.

Le reste est suivi, presque nécessairement.

L'abbé Michonneau parle de la messe avec beaucoup de pitié, mais quelle est la messe pour lui ? "La messe est la Cène, et la Cène est un repas. Le Christ l'a voulu ainsi "(p. 55). "Comment osons-nous faire de la Messe autre chose qu'un partage fraternel, un repas familial, une union totale : communion dans la prière avec le Christ ?'' (p. 47).

Où est le "saint sacrifice de la Messe" de notre catéchisme ?

Autant j'ai consulté la "lettre" des textes conciliaires et exploré leur "esprit" pour essayer d'y trouver des "orientations" différentes de la lettre, autant ma recherche a été inutile. Le Concile réaffirme l'enseignement traditionnel de l'Église. Au chapitre II, De sacrosancto eucharistiae mysterio, nous lisons dès le début : "Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il a été trahi, a institué le sacrifice eucharistique de son corps et de son sang, par lequel il allait perpétuer pendant des siècles, jusqu'à son retour, le sacrifice de la Croix..." Banquet Pascal ? Sans aucun doute, mais surtout, essentiellement, des sacrifices.


9 Pour ou contre la liturgie d'après-Concile, par Georges Michonneau et Édith Delamare (dir. Berger-Levrault).

10 Discours de Paul VI à la clôture de la deuxième session du Concile (4 décembre 1963), sur la Constitution liturgique. Tiré de la Constitution sur la liturgie (N. de la T.)

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Message  Monique Ven 21 Juin 2019, 3:08 pm

L'instruction Eucharisticum mysterium, du 25 mai 1967, nous rappelle que
"La messe, ou la Cène, est à la fois simultanée et inséparable :

"Le sacrifice dans lequel se perpétue le sacrifice de la croix ;
"Le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, qui prescrit : Faites ceci en souvenir de moi (Luc 22:19) ;
"L'invitation sacrée dans laquelle, par la communion dans le corps et le sang du Seigneur, le peuple de Dieu participe aux biens du sacrifice pascal, actualise la nouvelle alliance scellée une fois pour toutes par Dieu avec les hommes dans le sang du Christ, et, dans la foi et l'espérance, préfigure et anticipe le banquet eschatologique dans le royaume du Père, annonçant la mort du Seigneur jusqu'à son retour" (article 3).
-Lumen Gentium Const. 28 ; Décret Presbyterorum Ordinis, Nos. 4 et 5.


L'"invitation" n'a de sens que par le "sacrifice" et le "mémorial". C'est pourquoi un prêtre célèbre la Messe même sans la présence physique des fidèles, tandis que les fidèles réunis y participent par l'action du prêtre, ministre du sacrifice. De même, une messe célébrée en présence de fidèles qui ne reçoivent pas la Sainte Communion demeure une messe authentique. Dans le Médiator Dei, Pie XII écrit : "Ceux qui ne veulent faire le Saint Sacrifice que lorsque le peuple chrétien s'approche de la Table Sainte s'écartent du chemin de la vérité ; et ceux qui, en prétendant qu'il est absolument nécessaire que les fidèles communient avec le prêtre, affirment dangereusement que ce n'est pas seulement un sacrifice mais un sacrifice et un repas de fraternité, et font la communion en commun, le sommet de la cérémonie entière.''

J'ai la satisfaction -écrit l'abbé Michonneau- d'être du côté du Pape et des Pères conciliaires dans le sens où l'Église veut nous conduire " (p. 77). Si ce que le Pape veut dire est le contraire de ce qu'il dit, si les Pères du Concile veulent dire le contraire de ce qu'ils disent, et si le sens dans lequel l'Église veut nous conduire est le contraire de ce qu'il nous dit, alors l'abbé Michonneau a raison de dire ce qu'il dit. Dans le cas contraire, non.

Lorsque l'Église exhorte les fidèles à participer consciemment et activement au sacrifice de la Messe, elle les dirige vers Dieu. Une participation parfaite crée un intense sentiment de communauté du meilleur genre parce que ce qui lie les fidèles entre eux, c'est leur relation avec Dieu. Une liturgie bien ordonnée et respectée fait de l'assemblée qui prie une communauté dont les sentiments sont purifiés par les structures de foi qui intègrent la liturgie. Quand, par contre, la ferveur communautaire est cultivée par elle-même, on entre dans la pente des aberrations religieuses, il est si facile d'exalter le sentiment d'une multitude!

Nous sommes ici dans un domaine où il est nécessaire de considérer les choses avec bonne foi et lucidité. Parce que nous aussi, nous proclamons la valeur de la réalité communautaire de la Messe, mais nous savons bien que tout groupement peut susciter une émotion collective, quelle qu'en soit la raison. L'intensité d'un sentiment n'est pas un gage de sa valeur. Dans les manifestations religieuses surtout, une vague aspiration à l'infini et un besoin indéfinissable de sortir de soi-même trouvent dans la multitude un puissant moyen d'évasion religieuse. Le rassemblement des individus, le chant, le rythme, le spectacle, sont les conditions d'une sorte d'extase individuelle et collective qui peut prendre toutes les formes, même les plus absurdes. Tout cela est naturel et n'a pas besoin d'être suspect en soi, mais précisément parce que tout cela est naturel, il ne peut être que la matière première sur laquelle on doit faire rapport pour le bien de la beauté et de la vérité, la liturgie n'ayant aucun autre objet.

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Message  Monique Sam 29 Juin 2019, 8:20 am

Les états de tension communautaire élevée ne peuvent pas être permanents. Elles sont généralement liées à des périodes où la communauté a des motifs particuliers de prise de conscience de soi, par exemple lorsqu'elle en est à ses débuts, ou lorsqu'elle est menacée ou persécutée. Car alors sa différence avec l'environnement extérieur sert d'affirmation. Il se nourrit de cette différence et en elle il nourrit son sentiment. Les catacombes et les ghettos sont les foyers du sentiment communautaire le plus accentué.

Lorsqu'il n'y a ni croissance, ni menace, ni persécution, la communauté, parce qu'elle est cohérente, court le risque d'être entraînée à créer ses propres conditions de différenciation. Elle est définie par l'opposition. Quand elle atteint une limite, elle tend vers le sectarisme. Son sentiment communautaire est à la fois l'auto-exclusion du groupe social auquel il appartient, le prosélytisme à l'égard de ce groupe et la valorisation de ses membres humblement fiers de leur prédestination dans la communauté restreinte. Toutes les communautés religieuses qui cultivent intensément le sentiment communautaire présentent ces personnages, dont les membres sont les élus du Seigneur. Ils reçoivent la communion dans le sentiment de ce choix.

Dans le catholicisme, ces personnages sont donnés mais mis à leur place, contenus, canalisés, orientés par l'objet de la foi et par l'architecture de la liturgie. L'Église n'est pas une religion fermée, comme le disait Bergson : c'est une religion ouverte. Elle est ouverte à tous, en tout lieu et à tout moment. Tout ce qui est et tout ce qu'il offre a, certes, ce qu'il faut pour créer le sentiment communautaire le plus vivant, mais il nous rappelle sans cesse que nous ne devons pas confondre nos sentiments avec les vertus théologales. La présence de Dieu n'est nullement confondue avec le sentiment de sa présence, et bien que ce sentiment ne soit pas condamné, rejeté ou même suspect, on nous demande de l'accepter avec reconnaissance mais en aucun cas comme un signe d'un état privilégié. La foi des saints s'accompagne généralement d'une absence totale de sentiment, voire de sentiment contraire, celui de l'abandon de l'âme à Dieu, sinon de l'inexistence même de Dieu.

C'est pourquoi je pense que si l'abbé Michonneau a raison de souligner la valeur de la prière communautaire, il a tort de considérer la communauté comme le mode presque physique de la relation de l'homme avec Dieu, comme si Dieu émergeait du groupement des individus, plutôt que d'opérer ce groupement par le culte commun. Au début, le débat peut ne porter que sur les nuances, mais à la fin, la Messe elle-même peut être remise en question. Ce repas fraternel, plein d'émotion sacrée, peut finir par n'avoir rien en commun avec la messe catholique.

Ajoutons que dans cette volonté de communautarisme à tout prix, un certain autoritarisme tyrannique apparaît 11. Il ne s'agit plus seulement de rapprocher les gens, mais de les réunir de la manière la plus compacte possible, peut-être pour que l'esprit de communauté ne puisse s'échapper par aucun interstice. Qui d'entre nous, écrit l'abbé Michonneau, concevrait un repas où chacun s'éloignerait le plus possible de ses voisins en laissant systématiquement une ou deux chaises vides de chaque côté ? qui n'a pas vécu la douloureuse impression laissée par une chaise vide à la table familiale ? Mais c'est ce qu'ils s'empressent de faire venir un certain nombre de fidèles à la messe le dimanche (...) Soyez bons envers le maître de maison, approchez-le, soyez bons envers vos frères, placez-vous côte à côte avec eux" (p. 55-56).

Bien sûr ! Mais il y a une limite à tout. Tous les fidèles n'ont pas l'impression d'être des saints dédiés à côtoyer les saints. Beaucoup d'entre eux ressentent quelque chose du reflet du publicain. Ils gardent une certaine distance par rapport aux meilleurs (pas forcément pharisiens), à qui, par contre, ils professent une sincère admiration. Quand l'église est pleine, tout le monde est côte à côte. Quand il n'est pas plein, il y a des espaces vides, et la dispersion obéit à des lois statistiques que je ne connais pas mais qui me semblent très valables. Il y a toujours un noyau de personnes, plus ou moins proches les unes des autres, puis des individus espacés jusqu'à celui qui reste seul à l'arrière de l'église, n'y a-t-il plus de communauté ? Certainement pas, si la dispersion est excessive et si les fidèles s'éloignent trop du prêtre. Mais je pense que c'est rarement le cas. Pour le reste, il me semble logique, et j'approuve, que les fidèles soient invités à se rapprocher les uns des autres, mais en leur laissant une liberté personnelle sans laquelle la notion même de communauté disparaîtrait. Vouloir empiler les gens dans l'église comme des sardines dans une boîte de conserve indique un culte de masse plutôt qu'un esprit communautaire. C'est plutôt un prélude au conditionnement et non à la préparation à la prière commune. Les époques totalitaires dans lesquelles nous avons commencé à vivre recommandent-elles les méthodes auxquelles tout nous conduit et nous prédispose ? Mais n'exagère pas. Dans les mains d'un berger de foi intact, ces méthodes peuvent enflammer l'ardeur chrétienne, mais converties en techniques d'apostolat et de conversion, elles serviront bientôt à vider l'Église de sa substance. L'incroyant, comme le croyant, verra toujours le prêtre comme le ministre de Dieu et non comme l'animateur des réunions publiques ; pour l'un comme pour l'autre, la Messe restera avant tout un mystère sacré au lieu d'être l'occasion de paroles, chants et gestes destinés à créer dans la multitude un sentiment religieux commun.


11 Dans ce style dont il possède le secret, le père Annibale Bugnini, parlant des innovations introduites par la seconde Instruction sur la liturgie, écrit : "Si quelque part l'application d'une règle suscite surprise et étonnement, le bon prêtre comprend par lui-même qu'il doit progressivement préparer ses fidèles avant de les introduire" (Doc. Cath., n° 9, 1496, 18 juin 1967, cal. 1126) : espérons que le bon prêtre ne prend pas trop de ses fidèles pour des enfants retardés et difficiles à gérer avec le pointeur !

A SUIVRE...
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La NOUVELLE MESSE, par Louis Salleron   Empty Re: La NOUVELLE MESSE, par Louis Salleron

Message  Monique Mar 02 Juil 2019, 2:07 pm

5. LE CULTE DE L'HOMME

Le dénominateur commun des désordres que nous voyons aujourd'hui, tant dans le domaine de la foi que dans celui de la liturgie, est finalement la substitution progressive du culte de Dieu au culte de l'homme. La croyance chrétienne que Dieu a créé l'homme et que le Verbe s'est fait chair est inversée, pour concevoir un Dieu qui n'est autre que l'homme lui-même en voie de devenir Dieu. Nous adorons le Dieu qui vient de nous. Entre l'humanisme de la science et du marxisme et l'humanisme de ce néo-christianisme dont le prophète est Teilhard de Chardin, il n'y a qu'une différence de mots. Le premier annonce la mort de Dieu, le second sa naissance, mais l'un et l'autre ne confessent qu'à l'homme, qui demain sera la totalité de l'univers, sous son propre nom ou sous celui de Dieu.

Cet humanisme a pour caractéristique essentielle - et nécessaire - d'être évolutif. Cela nous donne la clé du mystère. Car, malgré tout, il n'est pas possible de comprendre comment la Constitution liturgique a pu être abolie en quelques années. En vain, le lisons-nous et le relisons-nous : nous n'y trouvons rien qui justifie les folies dont nous sommes témoins, comment les innovateurs osent-ils alors l'invoquer ? La réponse est simple :
Pour eux, la Constitution n'établit pas de principes ou de normes, mais inaugure plutôt une nouvelle ère. Là où l'on voit un monument qui achève - au moins pour un certain temps - une restauration commencée depuis longtemps et qui indique la direction et l'esprit selon lesquels des ajustements doivent être faits pour sa mise en œuvre, les innovateurs voient le début absolu d'une mutation soudaine à partir de laquelle l'évolution d'une liturgie modifiée dans sa substance même doit avoir lieu.

On pourrait ajouter une infinité d'observations à ce sujet, mais cela nous mènerait trop loin. En réalité, nous aurions à faire face à la crise totale dans laquelle l'Église débat. Pour le reste, cela ne devrait pas être surprenant, puisque la liturgie n'est rien d'autre que la prière de l'Église. Le climat de détérioration de la liturgie est nécessairement le climat même des bouleversements qui affectent l'Église.

Le culte de l'homme, on disait. On pourrait aussi dire : dégradation de la foi. Le texte même de la Constitution sur la liturgie n'a pas suffi à freiner l'audace des innovateurs. Les innovations que cette Constitution autorise, loin de canaliser les réformes, n'ont fait qu'ouvrir les vannes à tous les débordements.

Pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui, il suffit de relire l'encyclique du Médiateur Dei de Pie XII, qui rend la Constitution liturgique merveilleusement claire. Les deux documents sont en parfaite harmonie, mais dans l'encyclique nous trouvons des avertissements - nous en avons déjà cité quelques-uns - que la Constitution n'a pas jugé nécessaire de répéter les abus et les excès qu'il fallait éviter. Ce sont précisément celles que nous voyons se répandre partout aujourd'hui, au point que l'encyclique, qui date de 1947, est aujourd'hui beaucoup plus actuelle qu'au moment de sa promulgation. Pie XII dit aux évêques :
"Prenez garde que les erreurs pernicieuses et subtiles du faux "mysticisme" et du nuisible "quiétisme" (...) n'infiltrent pas votre troupeau et que les âmes ne subissent pas la séduction d'un dangereux "humanisme", ou d'une doctrine fallacieuse, qui modifie la notion même de la foi catholique, ou, enfin, d'un retour excessif à "l'archéologie" en matière liturgique ".

Que dirait Pie XII s'il revenait à la vie ? Mais, en réalité, je ne dirais rien de plus que ce que dit Paul VI, dont les paroles, jour après jour, traduisent l'agitation et la souffrance. Le 19 avril 1967, en s'adressant aux membres du Consilium pour l'application de la Constitution liturgique, il exprimait précisément sa "douleur" et son "appréhension" face à "des cas d'indiscipline qui, dans différentes régions, se répandent dans les manifestations du culte communautaire et prennent parfois des formes volontairement arbitraires, différentes des normes en vigueur dans l’Église".  Mais, ajoute-t-il, "ce qui est pour Nous la cause d'une affliction encore plus grande, c'est la propagation de la tendance à "désacraliser", comme ils osent le dire, la liturgie (si elle mérite encore de garder ce nom) et avec elle, fatalement, le christianisme. Cette nouvelle mentalité, dont il serait facile de souligner les origines obscures et sur laquelle cette démolition du culte catholique authentique se veut fondée, implique de tels bouleversements doctrinaux, disciplinaires et pastoraux, que nous n'hésitons pas à qualifier d'aberrants. Nous regrettons de devoir le dire, non seulement à cause de l'esprit anti-canonique et radical qu'il professe librement, mais plutôt à cause de la désintégration qu'il entraîne de manière fatale.''

"Démolition"..., "décomposition"..., "désintégration"... ; nous nous demandons si des mots plus forts pourraient être utilisés. Mais c'est le Pape qui les a prononcés.

A SUIVRE...

(*Note de Javier : Mais Montini-Paul 6 jouait toujours avec cette ambiguïté calculée et répétée d'Hamletian. Ce personnage malheureux et sinistre, en plus d'être un hérétique apostat et traître, dansait toujours au son de ce que ses frères des loges maçonniques lui dictaient, et un jour il disait une chose et le lendemain il dédaignait. Sans oublier que sa tendance homosexuelle et ses propres dérapages étaient bien connus de ses frères de la secte maçonnique, qui pesait sur sa tête et le conditionnait énormément, le rendant vulnérable à tout chantage.)
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