Saint-Office et Inquisition.
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-Office§ VI.Déclin et suppression de l'Inquisition espagnole.(suite)(col. 1119)
Dans cette résistance, le grand Inquisiteur était soutenu par le confesseur du roi, le jésuite Rabago, qui mit en avant contre le Saint Siège toutes les prétentions régaliennes de la monarchie espagnole.
« La réputation de la monarchie espagnole, disait-il, avait plus d'importance que celle d'un cardinal; les sentences de l'Inquisition espagnole n'avaient rien à voir avec les sentiments de l'Inquisition romaine, puisqu'elle lui était antérieure et nullement soumise à sa juridiction. Le roi la défendrait d'ailleurs contre toute atteinte, au nom de ses droits régaliens, et parce que, en dehors du cas où le pape parle ex cathedra et pour tout ce qui concerne la discipline et le gouvernement, l'Inquisition espagnole est indépendante du Saint-Siège. » (ROUSSEAU, ibid, p. 148). Ce ne fut que le 28 janvier 1758, après dix ans de discussion, que le Saint-Office céda et effaça de son Index les œuvres de Noris. Ainsi se renouvelait, après deux siècles, et dans de plus modestes proportions, le conflit qui, déjà sous Philippe II, à propos de Carranza, avait dressé l'Inquisition espagnole contre le Saint-Siège.
Très jaloux de son autorité souveraine, pénétré des principes qui allaient donner naissance au joséphisme, Charles III, plus que tout autre souverain, voulut faire de l'Inquisition l'instrument aveugle et docile de ses volontés. Il se réserva la nomination des qualificateurs, c'est-à-dire des membres du Saint-Office qui instruisaient les affaires portées devant lui. S'interposant d'une manière absolue entre le Saint-Siège et l'Inquisition, il fit défense formelle à cette dernière d'exécuter un ordre de Rome sans visa préalable du Conseil de Castille, même s'il s'agissait de livres prohibés. Son ministre, l'Aranda, lui suggéra l'idée de nommer lui même tous les juges du Saint-Office, et le roi ne la rejeta que pour des raisons d'économie. L'Inquisiteur, ayant engagé un procès sans la permission royale, fut aussitôt banni à douze heures de Madrid, et il ne revint qu'après avoir fait des excuses que le roi accepta en ces termes hautains : « L'Inquisiteur général m'a demandé pardon et je le lui ai accordé; j'accepte maintenant les remerciements du tribunal; je le protégerai toujours, mais qu'il n'oublie pas cette menace de ma colère en face d'un semblant de désobéissance. » (DESDEVISES DU DEZERT, L'Espagne de l'Ancien Régime. La Société, pp. 101-102).
L'Inquisition d'Espagne était dans la plus profonde décadence lorsque survint la Révolution qui l'emporta. Aussitôt après la proclamation de Joseph comme roi d'Espagne, Napoléon Ier l'abolit par décret du 4 décembre 1808. Elle fut rétablie par Ferdinand VII, dès sa restauration sur le trône de sa dynastie, et elle fut mise par lui en pleine activité pour punir un certain nombre de ses sujets qui s'étaient ralliés au régime napoléonien. Lorsque Riego souleva l'Espagne contre l'absolutisme de Ferdinand VII et rétablit la Constitution libérale de 1812, l'un des premiers actes des Cortès de Cadix fut d'abolir l'Inquisition en 1820 ; cette seconde suppression fut définitive.
A suivre : III. — L'INQUISITION ROMAINE
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Louis- Admin
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE(col. 1119-1120)
La papauté avait montré au XVe siècle une tolérance vraiment excessive envers la libre pensée de la Renaissance. Cette indulgence des Souverains Pontifes et des gouvernements avait laissé dormir l'Inquisition. Elle existait toujours en Italie, telle qu'elle avait été constituée dans la première moitié du XIIIe siècle, avec ses tribunaux épiscopaux et ses inquisiteurs, nommés le plus souvent par les chefs de l'ordre des Prêcheurs et quelquefois par le pape lui-même. Dans la première moitié, il y en avait à Brescia et à Crémone, à Bergame, à Novare, dans le marquisat de Saluces, à Casal, à Mantoue, à Alexandrie, à Verceil, à Asti, à Bologne et à Milan. Mais au-dessus de ces inquisiteurs affectés à une ville ou à un diocèse, il n'y avait pas d'inquisiteur général, coordonnant leur action et réchauffant leur zèle comme en Espagne, et d'autre part, les inquisitions épiscopale, dominicaine, papale ne concertant pas leurs efforts, se neutralisaient quand elles ne se heurtaient pas dans des conflits inévitables. C'est ce qui expliquerait la décadence de l'Inquisition en Italie et à Rome, inévitable même si les complaisances des papes et des gouvernements à l'égard des hardiesses de pensée de l'humanisme ne l'avaient pas énervée.
Les progrès foudroyants de la Réforme en Allemagne et des doctrines de plus en plus subversives, fruit tout naturel d'une Renaissance de plus en plus païenne, tirèrent brusquement les papes de leur quiétude et leur montrèrent la nécessité urgente de prendre énergiquement en main la cause de l'orthodoxie.
Dès 1520, Léon X prenait des mesures contre les livres et les prédicateurs qui propageaient le luthéranisme à Venise et à Milan (PASTOR, Hist. des Papes, t. X, p. 223).
En juillet 1528, Clément VII stimulait le zèle de l'évêque et de l'inquisiteur de Brescia contre l'hérésie de Luther et leur demandait des poursuites contre le Carme Giambattista Pallavicini.
Deux ans plus tard (15 janvier 1530), s'adressant au Maître général des Prêcheurs, Paolo Butigella, il lui ordonnait de réveiller le zèle de tous les inquisiteurs de son ordre pour arrêter les progrès menaçants des docteurs hérétiques venus d'Allemagne.
En 1532, Pierre Caraffa, nonce à Venise, signalait au pape les progrès considérables qu'avait faits l'hérésie dans cette ville et la nécessité d'en réprimer sévèrement les propagateurs: « Les hérétiques, disait-il, doivent être traités comme des hérétiques; c'est une humiliation pour le pape de leur écrire, de les flatter ou de se laisser arracher des grâces par de telles gens » ; et il demandait l'envoi d'un inquisiteur pontifical énergique.
Devant les progrès considérables que faisait l'hérésie, Caraffa comprit que des inquisiteurs même énergiques ne réussiraient pas à l'arrêter, tant que leur action ne serait pas centralisée. Il fallait avant tout réformer l'Institution même de l'Inquisition, en mettant à sa tête une direction unique, sous l'autorité directe du Saint-Siège. C'est la pensée qui inspira l'idée d'une Inquisition romaine et universelle.
Sous l'influence de Caraffa, devenu cardinal et l'un des conseillers les plus influents du pape, Paul III, par sa bulle Licet ab initio du 21 juillet 1542, institua une Congrégation générale ou Suprema de l'Inquisition ou Saint-Office. Elle se composait de deux cardinaux dominicains, Jean Alvarez de Tolède, du titre de Saint-Sixte, et Thomas Badia, du titre de Saint-Silvestre du Champ de Mars, de Pierre Caraffa fondateur de l'ordre des Théatins, du titre de Saint-Clément, de Pierre-Paul Parisio, du titre de Sainte-Balbine, de Barthélemy Guidiccione, du titre de Saint-Césaire et de Denis Lanterio, Servite, du titre de Saint-Marcel. Le pape s'en réservait la présidence, pour montrer qu’elle était sous la direction immédiate du Saint-Siège.
Lui donnant juridiction entière sur le monde entier…
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Louis- Admin
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1120-1121)
Lui donnant juridiction entière sur le monde entier, il lui attribuait la nomination, la destitution, et la direction de tous les inquisiteurs, en tout pays, enlevant ainsi au Maître général des Prêcheurs la prérogative qu'il exerçait depuis le XIIIe siècle, de nommer la plupart des juges de la foi. L'agent général de la Congrégation était le commissaire du Saint-Office, qui, à commencer par le premier, Théophile de Tropea, fut choisi dans l'ordre dominicain. Ce qui est un indice de la part prépondérante qu'eut Caraffa dans l'institution de l'Inquisition romaine, c'est qu'il désigna lui-même Théophile pour cette charge si importante (MORTIER, Histoire des Maîtres généraux de l'ordre des Prêcheurs, t. V, pp. 404 et suiv.).
Cinq théologiens, chargés d'étudier les causes soumises à la Congrégation, lui furent adjoints avec le titre de Consulteurs; trois d'entre eux étaient dominicains, et parmi eux le Maitre général, François Roméo de Castiglione et le maître du Sacré Palais, Barthélemy Spina. (Depuis, le maitre général des Prêcheurs et le maitre de Sacré Palais, toujours dominicain, font partie de droit de cette Congrégation.) A peine instituée, l'Inquisition montra une grande activité, sous l'énergique impulsion de celui qui en fut l'âme, le cardinal Caraffa. « Il faut travailler avant tout à punir les grands, quand ils sont hérétiques, disait-il, parce que le salut de la classe inférieure dépend de leur punition. » Et parmi les grands, il s'attaqua d'abord aux membres du haut clergé, dont quelques-uns se laissaient gagner à l'hérésie, au plus grand scandale des fidèles.
L'ordre nouvellement créé des Capucins donnait au Saint-Siège des inquiétudes à cause de la faveur que rencontraient auprès de plusieurs de ses religieux les doctrines luthériennes. Elles s'aggravèrent considérablement lorsque le Vicaire général des Capucins, Bernardin de Sienne Ochino, fut lui-même suspect d'hérésie. C'était le prédicateur le plus éloquent qui eût paru dans la péninsule depuis Savonarole; ses sermons à Rome et à Naples avaient attiré aux pieds de sa chaire les foules, les esprits les plus élevés et les princes. Il s'était laissé gagner à l'hérésie par le célèbre Espagnol Valdès, qui tenait à Naples un cercle d'humanistes sympathiques à la Réforme, et aussi par la fille de Louis XII, Renée de France duchesse de Ferrare, qui déjà était protestante. L'Inquisition fit appeler Ochino à Rome, et tout d'abord il sembla vouloir s'y rendre; mais, informé du procès qui l'y attendait, il s'enfuit en Suisse auprès de Calvin, faisant ainsi éclater aux yeux de tous son apostasie (août 1542) (PASTOR, Geschichte der Papaepiste, V, pp. 340 et suiv.). A la suite de la défection de leur chef, plusieurs Capucins, suspects d'hérésie, furent arrêtés et emprisonnés par l'Inquisition.
L'ordre des Augustins dut être aussi expurgé. L'un de ses religieux…
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Louis- Admin
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1121-1122)
L'ordre des Augustins dut être aussi expurgé. L'un de ses religieux, Pierre Martyr Vermigli, était un ami d'Ochino. Orateur lui aussi, il avait prêché à Brescia, Mantoue, Bergame, Pise, Venise et Rome. Prieur de Saint-Pierre ad Aram de Naples, il avait fait partie, comme Ochino, du cercle de Valdès; devenu prieur du couvent de Lucques, il avait tellement propagé dans cette ville les doctrines luthériennes, que le culte des saints y fut aboli. Menacé par l'Inquisition, il s'enfuit d'Italie et, passant ouvertement à l'hérésie, devint professeur d'hébreu à l'Université de Strasbourg.
Deux ans après, l'Inquisition cita devant elle un autre humaniste de l'école de Valdès, Pierre Carnesecchi, qui fut relâché, et l'Espagnol Jayme Eniziñas, qui fut livré au bras séculier. Avec les hommes, elle poursuivait les écrits; par un décret du 12 juillet 1543, elle avait sévèrement prohibé la diffusion des livres hérétiques à Rome, à Ferrare et à Bologne (CANTU, Eretici d'Italia. II. p. 391), menaçant d'excommunication, de 1.000 ducats d'amende, de confiscation des volumes, de bannissement perpétuel, les libraires qui vendraient des livres suspects d'hérésie.
En même temps qu'il mettait ainsi en mouvement le Saint-Office de Rome, le cardinal Caraffa réveillait les organisations inquisitoriales tombées depuis longtemps en léthargie, en les plaçant sous l'autorité et la surveillance de celle de Rome. Nommé lui-même archevêque de Naples, il établit l'Inquisition dans cette ville et dans tout le royaume, profitant de l'aversion qu'avaient manifestée les Napolitains contre l'Inquisition espagnole, pour le soumettre à la Congrégation universelle du Saint-Office.
En 1549, était établi de la même manière le tribunal de la foi de Milan, dont l'un des premiers actes fut d'instrumenter contre les protestants de Locarno. (PASTOR, op. cit., V, p. 714).
Le 22 avril 1547, l'Inquisition romaine écrivait aux Savii sull'eresia de Venise pour leur signaler les progrès que faisaient dans la ville les Anabaptistes et, l'année suivante, le Conseil des Dix ordonna aux recteurs de Padoue, Trévise, Udine, Feltre, Cividale, Capo d'Istria, Adria, Chioggia, Vicence, Bergame et Brescia de poursuivre l'hérésie, ce qui valut les félicitations de Paul III au doge et au sénat (8 juin 1549).
Avec les livres, l'Inquisition surveillait les prédications, car elle ne voulait pas voir se renouveler celles que Vermigli et Ochino avaient promenées dans toute l'Italie. Le 30 mars 1543, elle envoya des instructions à ce sujet aux Ermites de Saint-Augustin, aux Franciscains conventuels, aux Chanoines réguliers de Latran, aux Dominicains des provinces lombarde et romaine, et quelque temps après, à la Congrégation bénédictine du Mont-Cassin.
Cette répression ne s'arrêtait devant aucune considération personnelle. L'un des prélats qui avaient joué un très grand rôle dans la diplomatie pontificale était évidemment Pierre-Paul Vergerio, évêque de Capo d'Istria, qui avait été nonce en Allemagne sous Clément VII, en 1530, et sous Paul III, en 1535 et en 1541. II y avait si bien servi la cause du Saint-Siège contre Luther et dans la question du Concile général projeté, qu'il était à la veille de devenir cardinal. Mais ses tentatives de conciliation avec les protestants l'avaient trop incliné de leur côté; indulgent envers certaines de leurs doctrines, il fut suspect au Saint-Office, qui le fit poursuivre et l'obligea à quitter sa ville épiscopale. Menacé d'un procès, il se retira en Suisse, puis auprès du duc de Wurtemberg à Tübingen, où il fit profession publique de protestantisme.
Le successeur de Paul III, Jules III (1550-1555)…
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Louis- Admin
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1122-1123)
Le successeur de Paul III, Jules III (1550-1555), malgré ses tendances mondaines, montra la même faveur à l'Inquisition romaine et à celui qui en était l'âme, le cardinal Caraffa. Il s'appliqua à défendre contre toute atteinte la juridiction entière et universelle, dans le monde entier, qu'avait donnée son prédécesseur à la « Sancta Romana et universalis lnquisitionis Congregatio ».
Le gouvernement vénitien ayant voulu adjoindre à ses commissaires des juges laïques, à l'exemple de l'Espagne, Jules III publia, le vendredi saint 1551, une bulle « contra seculares intromittentes se cognitioni hæresis » (RAYNALDI, Annales ecclesiastici, XV, p. 400). Les grands inquisiteurs lui ayant signalé les progrès qu'avaient fait faire au protestantisme, dans le duché de Ferrare, la tolérance du duc Hercule et la connivence de la duchesse Renée de France, le pape nomma l'évêque de Casal et le dominicain Jérôme de Lodi commissaires généraux dans cette principauté pour y travailler, au nom du Saint-Office, à l'extirpation de l'hérésie; et bientôt après, il prit des mesures semblables pour la Toscane (Ibid,, p. 492). Le 3 juin 1550, il faisait brûler publiquement à Rome des livres hérétiques et, en 1553, il approuvait des décrets du Saint-Office ordonnant de confisquer et de brûler les livres talmudiques et exhortant les évêques, les princes et les inquisiteurs de tous pays à en faire autant.
Assurée de son appui, l'Inquisition ouvrit une instruction judiciaire contre Thomas Planta, évêque de Coire, et Vittore Soranzo, évêque de Bergame ; elle se termina pour l'un et l'autre par un non-lieu. Les journaux de Rome de ce temps-là nous signalent plusieurs cérémonies d'abjuration, faites par suite de jugements du Saint-Office. Le 6 juin 1552, sept luthériens abjurent à Sainte-Marie-de-la-Minerve; 16 autres à la même église, le 4 novembre suivant. Les condamnations à mort toutefois furent très peu nombreuses. Comme, en Allemagne, on en exagérait singulièrement le nombre, l'apostat Vergerio, écrivant à Calvin, crut nécessaire de rendre hommage à la vérité en déclarant que, malgré tout, en Italie, la répression était légère : « Diceres quotidie centum comburi. Et non est ita, ne unus quidem, tametsi levis quaedam persecutio paucis in locis oborta sit. » (CALVINI Opera, XIV, p. 636, dans le Corpus Reformatorum).
Deux faits donnèrent une recrudescence d'activité à l'Inquisition romaine et universelle. Le premier fut, après juin 1551, la nomination du dominicain Michel Ghislieri comme commissaire du Saint-Office, à la place de son confrère Théophile de Tropea qui venait de mourir.
Ce religieux, qui devait être plus tard pape sous le nom de Pie V et être canonisé peu de temps après sa mort, avait fait preuve d'un grand zèle contre les hérétiques. Austère et même dur pour lui-même, il l'était aussi pour les ennemis de la foi. Il l'avait montré dans ses fonctions d'inquisiteur de Côme, que le Saint-Office lui avait données entre 1545 et 1547. Il avait lancé l'excommunication contre le vicaire général et les chanoines de Côme, qui avaient, malgré lui, voulu laisser passer en Suisse des livres hérétiques ; puis, il les avait cités à Rome devant le Saint-Office, qui les avait condamnés. A Bergame, l'évêque distribuait lui-même des livres hérétiques ; Michel Ghislieri le fit arrêter au nom du Saint-Office, et conduire à Rome où il fut condamné à la déposition (MORTIER, Histoire des Maîtres généraux, t. V, pp. 411 et suiv.).
Sous l'action combinée du cardinal Caraffa et de Ghislieri…
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Louis- Admin
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1123-1124)
Sous l'action combinée du cardinal Caraffa et de Ghislieri, de nouvelles enquêtes furent faites dans les congrégations et les collèges ; 16 religieux pénétrés de luthéranisme furent découverts chez les Servites et plusieurs clercs du Collège des Espagnols de Bologne furent poursuivis pour cause d'hérésie en 1553. L'Inquisition fut mise en pleine activité dans le duché d'Urbin, le diocèse de Lucques, le Milanais et le royaume de Naples (PASTOR, op. cit., VI, pp. 163 et suiv.).
Bien qu'active, cette répression ne fut pas plus sanglante que celle qui s'exerçait à Rome, et elle se borna à la destruction de livres hérétiques et à de nombreuses abjurations ; c'est ce que déclare Philippson, historien qui émaille ses récits de réflexions contre l'Eglise : « En décembre 1551, on célébra dans la capitale de la Toscane un grand auto di fede; vingt-deux hérétiques y jouèrent un rôle, mais seulement pour abjurer leurs erreurs ; on ne brûla que leurs livres et leurs écrits... A Sienne, on ne brûla que quelques pauvres sorcières; les hérétiques purent abjurer sans subir aucun châtiment, ou s'enfuir. » L'auteur met cette douceur au compte des gouvernements de Sienne et de Florence, oubliant que, d'après son propre témoignage, c'est l'Inquisition romaine elle-même qui réprimait l'hérésie dans ces deux villes (PHILIPPSON, La Contre-Révolution religieuse au XVIe siècle, p. 232).
Plus que la nomination de Ghislieri commissaire-général du Saint-Office, l'élévation du grand Inquisiteur, le cardinal Caraffa, au Souverain pontificat, sous le nom de Paul IV (1555), donna à l'Inquisition « romaine et universelle » une recrudescence d'activité et de puissance. Malgré ses 79 ans, le nouveau pape avait conservé toute son énergie, qu'il poussait parfois jusqu'à la violence.
Dès son avènement, il compléta par de nouvelles nominations la Congrégation du Saint-Office et annonça l'intention d'en présider lui-même les travaux tous les jeudis, cette affaire primant ce jour-là toutes les autres (Relazioni degli ambasciatori Veneti. Navagero, p. 382). Il accorda les plus grandes faveurs à tous les membres du Saint-Office, mais surtout à son commissaire-général Ghislieri, qu'il créa bientôt cardinal.
Il étendit considérablement la compétence de ce tribunal de la foi. Le Comte Orsini de Pitigliano lui fut déféré parce que sa maîtresse était juive; étaient aussi rendus justiciables du Saint-Office ceux qui n'observaient pas les prescriptions du Carême, les blasphémateurs, les sodomites, les simoniaques, les pères, mères et frères qui vivaient de la prostitution de leurs filles ou de leurs sœurs. Ainsi ce ne furent pas seulement les hérétiques, qui risquèrent la peine de mort, mais aussi et le plus souvent des personnes coupables de crimes de droit commun. Les Avvisi di Roma de ce pontificat nous mentionnent, le 24 juillet 1557, toute une congrégation de l'Inquisition consacrée â la question de la simonie ; celle du 21 août suivant ordonna l'emprisonnement de deux personnes coupables de ce crime.
Pendant les dernières années du pontificat de Paul IV, l'activité de l'Inquisition redoubla. Le 11 février 1559), les Avvisi mentionnent un autodafé à Rome. « Cette semaine, disent-ils, on a brûlé quatre personnes, la première vive (c'était pour cause d'hérésie), les trois autres l'ont été après leur mort, la première se livrait aux incantations et à toutes sortes de scélératesses, la seconde avait sept femmes vivantes et les vendait à celui-ci ou â celui-là, la troisième était un hérétique d'au delà des monts. »
Le mois suivant, le cardinal Ghislieri, grand Inquisiteur, félicitait le tribunal de Naples de son zèle et ordonnait à l'inquisiteur napolitain Jérôme de Gênes de faire un autodafé de livres condamnés ; pour l'y encourager, il signalait ceux qui se multipliaient dans toute l'Italie: « Ne prêtez pas l'oreille aux mensonges qui se disent. Milan se conduit vaillamment, ayant imprimé et publié l'Index. A Venise, le samedi saint, on a brûlé en public plus de 10.000 et peut-être 12.000 volumes et l'inquisiteur en prépare de nouveaux tas. Florence, il est vrai, est mal pourvue d'inquisiteurs, mais le duc est plein de zèle et accorde tout son appui au Saint-Office. »
« Ces jours derniers, écrit l'avis du 8 avril 1559, Sa Sainteté a publié une bulle tout à fait terrible…
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1124-1125)
« Ces jours derniers, écrit l'avis du 8 avril 1559, Sa Sainteté a publié une bulle tout à fait terrible, molto terribile, contre les hérétiques, les suspects d'hérésie et les schismatiques; elle ne fait aucune exception de personne, de quelque rang et de quelque dignité qu'elle soit. » Une preuve de cette rigueur qui ne s'arrêtait devant aucune grandeur, fut le procès alors intenté à l'un des personnages les plus considérables de la Curie, le cardinal Morone.
Depuis plusieurs années, la ville de Modène était infectée d'hérésie. Quelques mois à peine après son avènement, Paul IV écrivit au duc Hercule d'Este pour s'en plaindre et ordonner l'arrestation et le transfert â Bologne de quatre personnes, parmi lesquelles se trouvait un ancien conservateur de la Cité, le comte Louis Castelvetro et le prévôt de la cathédrale Valentin. Le duc les laissa s'enfuir en Suisse, et le Saint-Office romain condamna à mort par contumace Castelvetro. Paul IV rendait responsable de cet état de choses l'ancien évêque de Modène, le cardinal Morone, qu'il soupçonnait de pactiser avec l'hérésie ou tout au moins de la tolérer.
Ancien nonce et légat en Allemagne, où tout récemment encore il avait contribué à la conclusion, entre protestants et catholiques, de la paix d'Augsbourg (1555), ancien légat du Saint-Siège au concile de Trente, protecteur de l'ordre nouveau des Jésuites, Morone était l'un des membres les plus considérés du Sacré Collège. Dès son avènement, Paul IV fit faire une enquête à son sujet, à Modène et en d'autres villes, et brusquement, sans même qu'un procès eût été engagé, il le fit arrêter et emprisonner au château Saint-Ange le 31 mai 1557. Le lendemain, il annonça cette grave mesure aux cardinaux réunis en consistoire, et leur déclara l'avoir prise pour empêcher le diable de placer quelque jour un hérétique sur le siège de Saint Pierre. L'instruction de l'affaire était confiée au cardinal grand Inquisiteur Ghislieri, assisté des cardinaux Rebiba, Reumano et Rosario, et le jugement réservé au Sacré Collège. Le procès se poursuivit jusqu'à la mort de Paul IV ( 18 août 1559), et pendant deux ans et demi, Morone fut retenu en captivité. (PASTOR, op. cit.. VI, pp. 530 et suiv.)
Son successeur sur le siège de Modène, Gilles Foscarari, fut arrêté et poursuivi à son tour. Les charges relevées contre lui furent faibles et après sept mois de captivité, il fut remis en liberté; mais son procès durait encore en 1559.
Jusqu'alors les papes avaient témoigné une grande tolérance aux Juifs de leurs états, et en Espagne et en Portugal ils avaient protégé les chrétiens d'origine juive ou Marranes contre les rigueurs de l'Inquisition. Paul IV inaugura contre eux une politique toute différente; une bulle du 14 juillet 1555 édicta une série de mesures restrictives de la liberté des Juifs; à Rome et dans les principales villes des états pontificaux, il les enferma dans des quartiers spéciaux. Le 30 avril 1556, l'Inquisition s'occupa des Marranes, ordonnant de poursuivre comme apostats ceux d'entre eux qui, chrétiens seulement extérieurement, gardaient secrètement la foi et les pratiques judaïques. Un haut commissaire envoyé à Ancône, où ils étaient nombreux, en fit brûler 12 selon les uns, [24 ?] selon les autres, et en envoya 42 aux galères.
Enfin, à l'exemple de l'Inquisition espagnole, l'Inquisition romaine organisa l'Index des mauvais livres…
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1125-1126)
Enfin, à l'exemple de l'Inquisition espagnole, l'Inquisition romaine organisa l'Index des mauvais livres, qui devaient être détruits et qui faisaient soupçonner d'hérésie quiconque les publiait, les détenait ou les lisait. Ce fut en septembre 1557 que le Saint-Office arrêta la première liste ou Index des livres hérétiques qui devaient être brûlés; on y trouvait toutes les œuvres d'Erasme et des livres qui ne traitaient pas de questions théologiques, mais étaient immoraux, tels que les Facéties de Pogge. La première édition de cet Index, faite par Antoine Bladus, ne fut pas publiée. En février 1558, une commission de cardinaux fut créée au sein de l'Inquisition, pour s'occuper spécialement de l'Index, et le 21 décembre 1558, parut un bref pontifical interdisant de lire les livres ainsi condamnés, n'exceptant de cette défense que les inquisiteurs généraux et les cardinaux qui auraient reçu du pape une dispense personnelle; le 14 avril 1559, tous les livres hébraïques furent mis à l'Index (PASTOR, op. cit., VI, pp. 519-523).
Après avoir aussi solidement organisé à Rome l'Inquisition et l'Index, Paul IV, assisté du cardinal Ghislieri, voulut en étendre l'activité sur l'Italie tout entière. A l'occasion du procès de Morone et des hérétiques modénais, il l'imposa aux états du duc de Modène, Hercule d'Este ; le 31 mars 1556, le gouvernement de Lucques l'accepta et les 4, 15 et 25 juin suivants, l'évêque de cette ville, par commission de Rome, ordonna du haut de la chaire de Saint-Martin à plusieurs hérétiques « d'aller se constituer prisonniers à Rome, sur l'ordre des quatre cardinaux, inquisiteurs, sous peine de mort et de confiscation ». Le protestantisme ayant fait à Milan des progrès inquiétants, Paul IV ordonna au cardinal Madruce, lieutenant en Lombardie du roi d'Espagne Philippe II, d'y établir l'Inquisition; ce qui fut fait en 1559; elle avait pour siège le couvent de Saint-Eustorge, puis celui de Sainte Marie-des-Grâces, et le premier Inquisiteur général pour le duché de Milan fut le Dominicain Jean-Baptiste de Crémone (Ibid., VI, pp. 523-524).
Nous avons vu plus haut comment, d'un commun accord, l'Espagne et le Saint-Siège établirent l'Inquisition à Naples, malgré la guerre qui opposa Paul IV à Philippe II pendant presque tout son pontificat.
La mort de Paul IV, le 18 août 1559…
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Re: Saint-Office et Inquisition.
Saint-OfficeIII. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1126)
La mort de Paul IV, le 18 août 1559, amena à Rome une violente réaction contre son gouvernement et ses favoris. Le peuple de Rome mit en pièces la statue qui lui avait été érigée sur le Capitole, en jeta la tête dans le Tibre et se porta menaçant devant le couvent dominicain de la Minerve, principal siège de l'ordre qui fournissait à l'Inquisition ses plus actifs auxiliaires. Des manifestations semblables eurent lieu dans plusieurs villes de l'Etat pontifical, et l'un des suspects que Ghislieri surveillait, Carnesecchi, écrivait à la princesse Julie de Gonzague : « Votre Excellence aura entendu que la Sainte Inquisition a subi la même mort que celle qu'elle avait coutume d'infliger aux autres. » (PHILLIPSON, La Contre-Révolution religieuse au XVIe siè¬cle, p. 207).
Les cardinaux mirent en liberté Morone, pour qu'il pût prendre part avec eux au conclave, et le pape qu'ils choisirent, Pie IV (Médicis), avait fait une opposition discrète à l'ancien pontificat. Sa première mesure fut grave : il disgracia les trois neveux de son prédécesseur, fit exécuter deux d'entre eux, dont un cardinal, sur le pont du château Saint-Ange, et laissa le troisième mourir en prison.
Il arrêta au contraire le procès de Morone, auquel il rendit toutes ses dignités et toute son influence, et déclara que rien dans son passé ne légitimait le procès qui lui avait été fait mais, au contraire, qu'il avait toujours servi avec succès la cause catholique (PALLAVICINI, Istoria del concilio di Trento, XIV, 15-2).
Tandis que Morone devenait le conseiller écouté de Pie IV, son juge de la veille, le grand Inquisiteur Ghislieri, était éloigné de la Curie par sa nomination à l'évêché de Mondovi, en Piémont (1560).
L'opinion publique prêtait au nouveau pape l'intention de rendre la connaissance des causes d'hérésie aux évêques, et à Rome de limiter l'Inquisition aux questions concernant directement la foi, en lui enlevant toutes celles qui intéresseraient la morale ou la discipline ecclésiastique, telles que la sodomie, la simonie et le blasphème (PASTOR, op. cit., VII, p.506).
Mais cette réaction fut de courte durée…
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Re: Saint-Office et Inquisition.
III. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1126-1127)
Mais cette réaction fut de courte durée.
Devant les progrès que faisait le protestantisme, surtout en France, même dans les rangs du haut clergé, Pie IV fut obligé de revenir aux mesures de défense qu'avaient édictées ses prédécesseurs et que venait d'approuver le Concile de Trente ; et de ces mesures, la plus énergique était l'établissement de l'Inquisition « romaine et universelle », doublée de l'Index.
C'est ce qui explique le retour à Rome du grand Inquisiteur Ghislieri, après sa réconciliation avec Morone, et la faveur que lui témoigna le neveu et secrétaire d'Etat de Pie IV, le saint cardinal Charles Borromée. Avec le retour du cardinal Ghislieri, l'Inquisition romaine reprit toute son activité. Elle fut confirmée dans toutes ses attributions par une nouvelle constitution apostolique promulguée par Pie IV, le 11 octobre 1562 (Bullarium Romanum, IV, p. 11, pp. 149-150).
Dans cette lettre adressée au cardinal Ghislieri, grand Inquisiteur (summo inquisitori), et aux autres membres de la Congrégation du Saint-Office (cardinalibus super Ofjicio Sanctæ Inquisitionis haereticae pravitatis in Alma Urbe et tota Christiana Republica deputatis), le pape racontait la création de cette institution par Paul III, son développement sous ses successeurs, et son ferme désir de l'accroître lui-même, pour lui faire rendre d'autant plus de services qu'elle procéderait plus directement de l'autorité apostolique.
Il donnait aux inquisiteurs le droit de poursuivre et de condamner non seulement à Rome et en Italie, mais dans le monde entier, en vertu d'une députation permanente du Saint-Siège, les luthériens, zwingliens, calvinistes, anabaptistes, sectateurs publics et cachés de toute hérésie, apostats déclarés et secrets ; la condamnation des évêques, archevêques, primats et cardinaux était réservée au Souverain Pontife.
Il leur laissait la nomination et faculté de révocation du procureur fiscal et de tous les officiers de leur tribunal, ainsi que le droit de requérir l'aide du bras séculier pour l'exécution de leurs sentences et le pouvoir d'absoudre les coupables repentants.
Ils pouvaient envoyer des commissaires dans toute la chrétienté en leur déléguant toute l'autorité qu'ils tenaient eux-mêmes du Saint-Siège.
Les dix cardinaux auxquels était adressée cette lettre et qui formaient la Congrégation de l'Inquisition étaient les cardinaux-évêques Carpi, Madruzzo et Truchsess et les cardinaux-prêtres Puteo, Scotti, Rebiba, Reumano, Ghislieri, Dolera et Savelli.
Ainsi réorganisée, l'Inquisition ne tarda pas à reprendre sous Pie IV l'activité qu'elle avait eue sous Paul IV….
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Re: Saint-Office et Inquisition.
III. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1127-1128)
Ainsi réorganisée, l'Inquisition ne tarda pas à reprendre sous Pie IV l'activité qu'elle avait eue sous Paul IV. Au début de 1563, le pape lui-même attira son attention sur un certain nombre d'évêques et de dignitaires ecclésiastiques de France, qui inclinaient vers le calvinisme et pactisaient avec lui : Jean de Chaumont, archevêque d'Aix, qui devait plus tard se marier; Antoine Caracciolo, évêque de Troyes, qui allait indifféremment parler au prêche huguenot ou dans sa cathédrale; Jean de Montluc, frère du maréchal et évêque de Valence, qui, au colloque de Poissy, s'était vanté, avec le cardinal de Châtillon, frère de Coligny, de célébrer la Cène « à la mode de Genève »; l'évêque de Chartres, Guillart, et Louis d'Albret, évêque de Lescar, qui faisaient prêcher dans leurs cathédrales des moines apostats; enfin François de Nouilles, évêque de Dax, Régin, évêque d'Oloron et Jean de Saint-Gelais, évêque d'Uzès.
Au nom de la Sainte Inquisition romaine et universelle, Ghislieri somma ces huit évêques de se « disculper » dans les six mois, près le Saint-Office, du soupçon d'hérésie, sous menace d'excommunication, de suspense et de privation de tout bénéfice : ce qui amena un conflit de l'Inquisition non seulement avec eux, mais aussi avec Catherine de Médicis, régente de France pendant la minorité de Charles IX.
La reine déclara ne pas reconnaître la juridiction de l'Inquisition, contraire « aux franchises et libertés de l'Eglise gallicane ». Ghislieri n'en poursuivit pas moins l'instruction, et le 22 octobre 1563, il demanda au pape en consistoire de prononcer la déposition de Caracciolo, d'Albret et de Montluc, convaincus d'hérésie, et la suspense de trois autres évêques tant qu'ils n'auraient pas prouvé leur repentir (DEGERT, Procès de huit évêques français).
Le gouvernement français ayant de nouveau protesté, l'affaire fut arrêtée jusqu'à la mort de Pie IV, qui se produisit le 9 décembre 1565. Un mois après, le 11 janvier 1566, c'était le grand Inquisiteur lui-même qui succédait à Pie IV sous le nom de Pie V. Il remit en vigueur tous les procès inquisitoriaux engagés par lui-même sous son prédécesseur ; c'est ainsi que le 11 décembre 1566 il promulgua la sentence qui avait été portée par Pie IV contre les évêques français convaincus d'hérésie calviniste. Deux d'entre eux ne figuraient pas sur la nouvelle sentence, Noailles, évêque de Dax, qui dut sans doute son pardon à sa qualité d'ambassadeur de Charles IX auprès du pape, et Caracciolo qui, sans attendre la condamnation définitive, avait abandonné son évêché (ROSEROT DU MELIN, Antonio Caracciolo, p. 353).
Avec Pie V, c'était en quelque sorte l'Inquisition elle-même qui montait sur la chaire de Saint-Pierre…
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Avec [Saint] Pie V, c'était en quelque sorte l'Inquisition...
Avec (Saint) Pie V, c'était en quelque sorte l'Inquisition elle-même qui montait sur la chaire de Saint-Pierre.
https://messe.forumactif.org/t8191p50-saint-office-et-inquisition#145676
https://messe.forumactif.org/t8191p50-saint-office-et-inquisition#145663
https://messe.forumactif.org/t8191p50-saint-office-et-inquisition#145682
On ne peut trouver plus beau résumé.
Dernière édition par ROBERT. le Mer 12 Sep 2018, 10:34 am, édité 2 fois (Raison : ajout d'un troisième lien)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint-Office et Inquisition.
III. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1128)
Avec Pie V, c'était en quelque sorte l'Inquisition elle-même qui montait sur la chaire de Saint-Pierre. Le nouveau pape, se considérant toujours comme son chef immédiat, travailla personnellement à son organisation définitive et accentua son activité. Dès son avènement, il lui construisit le palais qu'elle occupe encore de nos jours à côté de Saint-Pierre du Vatican, et l'inscription qu'il fit graver sur sa façade (1569) était tout un programme: Pius V. P. M. Congregationis S. Inquisitionis domum hanc qua hæreticæ pravitatis sectatores cautius coercerentur a fundamentis in augmentum catholicæ religionis erexit.
Tandis que les murs de ce tribunal s'élevaient rapidement, le pape armait les juges de nouveaux pouvoirs. Dans un motu proprio du 21 décembre 1566, il rappelait qu'ayant lui-même exercé longtemps les fonctions de grand Inquisiteur, il connaissait les obstacles qui empêchaient une prompte et efficace répression de l'hérésie, et il se déclarait fermement décidé à les supprimer.
En conséquence, après avoir confirmé la constitution de Paul IV, il révoquait toute mesure contraire à la juridiction et à la procédure inquisitoriale et donnait au Saint-Office romain et universel le soin de réviser lui-même toutes les causes d'hérésie et toutes les sentences prononcées à leur occasion, fussent-elles déjà approuvées par le Saint-Siège.
Le 1er avril 1569, il publia une nouvelle constitution qui frappait des peines les plus sévères quiconque mettrait obstacle à l'action des inquisiteurs, pillerait leurs biens et enfoncerait les portes de leurs prisons; il déclarait hérétiques tous ceux qui intercéderaient pour les coupables de pareils délits (Bullarium Romanum, VII, p. 6o).
Pie V était persuadé que l'Eglise ne pouvait vaincre l'hérésie menaçante, que par une répression énergique et rapide : « Plus vous usez de douceur envers elle, écrivait-il, le 27 juin 1566, à Catherine de Médicis, et plus son audace s'accroît. » …
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Re: Saint-Office et Inquisition.
III. — L'INQUISITION ROMAINE (suite)(col. 1128-1129)
Pie V était persuadé que l'Eglise ne pouvait vaincre l'hérésie menaçante, que par une répression énergique et rapide : « Plus vous usez de douceur envers elle, écrivait-il, le 27 juin 1566, à Catherine de Médicis, et plus son audace s'accroît. »
Aussi, sous son pontificat, les procès se multiplièrent-ils, et avec eux les autodafés, promulguant avec la plus grande solennité des peines variées.
Le premier de ce pontificat eut lien le 23 juin 1556 à Sainte-Marie de la Minerve à Rome, en présence de 24 cardinaux et d'une foule considérable. Sur 14 accusés, sept furent condamnés à la fustigation et aux galères pour faux serments ; quatre hérétiques eurent le même sort, et furent promenés de la Minerve au Capitole, portant des croix rouges sur leurs habits; un seul fut condamné à mort, décapité, puis brûlé parce que, plusieurs fois relaps, il s'était fait circoncire pour épouser une juive, étant déjà marié; son hérésie se compliquait de bigamie (PASTOR, Geschichte der Paepste, VIII, p, 634).
Des autodafés semblables se succédèrent deux ou trois fois par an. Rares furent les peines capitales, et encore faut-il remarquer que ceux qui y furent condamnée ne furent brûlés qu'après la décapitation. Le plus souvent, les inquisiteurs prononçaient, pour des temps variés, les peines de l'incarcération ou des galères.
Les condamnés appartenaient à toutes les catégories, plusieurs à l'Eglise; ces derniers étaient punis le plus sévèrement. Parmi eux, signalons l'ancien secrétaire de Clément VII, Pierre Carnesecchi, que, n'étant encore que commissaire général du Saint-Office, Pie V avait déjà poursuivi pour hérésie une quinzaine d'années auparavant. Convaincu d'avoir plusieurs fois renié sa religion, il fut décapité, n'ayant pas voulu par des aveux obtenir une grâce que sollicitaient pour lui Catherine de Médicis et le duc de Toscane et qui aurait été accordée. (Journal de Cornelio de Fermo, cité par PASTOR, VIII, p. 636).
Ajoutons que, parmi les condamnés, figurèrent parfois des auteurs de dénonciations calomnieuses contre des accusés qui furent acquittés. Il est enfin à remarquer que les condamnés, qui furent au nombre de deux cents environ dans ces autodafés de Pie V, n'étaient pas tous romains ; ils venaient des diverses régions de l'Etat pontifical et même de pays étrangers : un de Naples, le 22 juin 1567, 5 de Bologne et un maître d'école de Modène, le 21 septembre suivant, 9 de San Genesio dans la Marche d'Ancône, le 9 mai 1568. Enfin plusieurs étaient frappés pour des crimes de droit commun, comme les quatre faux témoins « qui deposuerunt falsum contra inquisitos » et furent pour cela envoyés, le 30 novembre 1568, aux galères, ou comme celui qui fut pendu, sur le pont Saint-Ange «propter sodomiam. » (Journal de Cornelio de Fermo).
La ville de l'Etat pontifical qui fournit peut-être le plus d'accusés au Saint-Office fut Faenza; l'hérésie y avait pénétré grâce aux prédications d'un servite et de l'évêque, qui fut poursuivi pour sa négligence. Pie V voulut couper court à ses progrès; il envoya dans les diocèses de Faenza, Ravenne, Imola, Forli, Cervia, Césène, Bertinoro et Sarsina un haut commissaire de l'Inquisition, Angelo Gazini de Lugo, qui se montra fort actif et reçut en récompense, le 20 novembre 1570, l'évêché de Polignano dans les Pouilles (PASTOR, op. cit., VI11, p. 228).
Pie V activa l'Inquisition dans les autres Etats italiens : à Venise, à Gênes, à Milan, à Mantoue, à Lucques. Malgré les relations fort importantes que Gènes entretenait avec les Suisses protestants, il se fit livrer par cette république l'un des propagateurs les plus dangereux du protestantisme dans l'Italie du Nord, Bartoccio, qui fut jugé et condamné à Rome par le Saint-Office. Sous l'impulsion du cardinal Facchinetti (plus tard Innocent IX), 82 procès inquisitoriaux furent engagés à Venise, pendant les six ans du pontificat de Pie V, tandis qu'il n'y en avait eu que 41 sous Pie IV (Ibid., p. 230).
En même temps qu'il réprimait ainsi l'hérésie, Pie V faisait la chasse aux livres qui la propageaient et pour cela, il organisait la Congrégation de l'Index.
Vous renverrons pour cette question à l'article INDEX, que l'on complétera par l'article CURIE ROMAINE, 872 à 863, pour la législation du Saint-Office.
Voir d'ailleurs les articles BRUNO (GIORDANO), GALILÉE, QUIÉTISME, SAVONAROLE..., pour divers épisodes particuliers.Jean GUIRAUD.
A SUIVRE : INQUSITION AU MOYEN-ÂGE.
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