Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ II. — DEUX JUGEMENTS, L'UN PARTICULIER
ET L'AUTRE GÉNÉRAL.
Pour bien mettre en lumière cette vérité, les Pasteurs auront soin de distinguer deux temps différents où chacun de nous doit nécessairement comparaître devant Dieu, pour rendre compte de toutes ses pensées, de toutes ses actions, de toutes ses paroles, et pour entendre, séance tenante, la sentence de son Juge.
Le premier arrive au moment où nous venons de quitter la vie. A cet instant-là même, chacun paraît devant le tribunal de Dieu, et là il subit un examen rigoureux sur tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit, tout ce qu’il a pensé pendant sa vie. C’est ce qu’on appelle le Jugement particulier.
L’autre arrivera lorsque tous les hommes réunis ensemble, le même jour et dans le même lieu, comparaîtront devant le tribunal de leur Juge. Là, sous les yeux de tous les hommes de tous les siècles, tous et chacun entendront le Jugement que Dieu aura porté sur eux. Et cette sentence ne sera pas la moindre peine et le moindre châtiment des impies et des scélérats. Au contraire, les Saints et les Justes y trouveront une partie de leur récompense, puisque leur conduite y sera manifestée, telle qu’elle aura été pendant la vie.
Ce jugement s’appelle le Jugement général. Mais ici il faut nécessairement montrer pourquoi, après un Jugement particulier pour chacun, les hommes doivent subir encore un Jugement général pour tous.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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§ III. — RAISONS DU JUGEMENT GÉNÉRAL.
Les hommes, en mourant, laissent habituellement des disciples, ou des amis qui imitent leurs exemples, s’attachent à leurs maximes, défendent leur conduite et leurs actions. De là une augmentation nécessaire dans leurs peines et leurs récompenses d’outre-tombe. Mais cette influence bonne ou mauvaise que le plus grand nombre d’entre eux continue d’exercer après la mort, ne peut finir qu’au dernier jour du monde. La Justice demande donc qu’une enquête rigoureuse soit faite sur toutes ces paroles, toutes ces actions dignes de louange ou de blâme. Ce qui est impossible sans un jugement général de tous les hommes.
Une autre raison, c’est que souvent la réputation des bons est attaquée, pendant que les méchants reçoivent les louanges dues à l’innocence. La Justice divine veut que les bons recouvrent, dans une assemblée générale de tous les hommes, et par un jugement solennel, l’estime qu’ils méritent, et qui leur a été injustement ravie ici-bas.
D’autre part, chez les bons comme chez les méchants, les corps ne sont jamais étrangers aux actes de cette vie. Le bien et le mal appartiennent donc à nos corps d’une certaine manière, puisque nos corps ont été l’instrument de l’un et de l’autre. Voilà pourquoi il était de toute convenance de décerner pour les corps, aussi bien que pour les âmes, les récompenses ou les châtiments éternels que tous les deux méritent. Or ce double but ne peut être atteint qu’avec la Résurrection et le Jugement général de tous les hommes.
Enfin, comme sur cette terre, l’adversité et la prospérité, sont presque indifféremment le partage des bons et des méchants, il fallait prouver que la Sagesse et la Justice infinie de Dieu conduisent et gouvernent toutes choses.
Or ce n’était pas assez qu’il y eût dans l’autre monde des récompenses pour les bons et des châtiments pour les méchants, ces récompenses et ces châtiments devaient être décernés dans un Jugement publie et général. C’était le moyen de les faire connaître à tous d’une manière très éclatante, et d’obliger tous les hommes à rendre à la Justice et à la Providence de Dieu les louanges qu’elle mérite. N’avait-on pas vu plus d’une fois les justes eux-mêmes, pendant leur séjour sur cette terre, se plaindre injustement de cette Providence, lorsque les méchants auprès d’eux vivaient au sein de l’opulence et des honneurs ? Mes pieds ont chancelé, disait le Prophète David lui-même (1) , mes pas se sont presque détournés de la voie, parce que j’ai vu avec jalousie et avec regret la paix des pécheurs. Voilà, dit-il un peu plus loin, voilà que les pécheurs et les heureux du siècle ont acquis les richesses, et j’ai dit: C’est donc en vain que j’ai gardé mon cœur pur et que j’ai conservé mes mains innocentes, puisque je suis frappé de plaies tout le jour, et que je suis châtié dès le matin. Et cette plainte, plusieurs autres l’ont fait entendre comme lui. Il fallait donc de toute nécessité un Jugement général, pour que les hommes ne disent pas: Dieu se promène dans le ciel, sans se soucier des choses de la terre (2) . C’est donc avec raison que l’on a placé cette Vérité au nombre des douze Articles de notre Foi, pour affermir la croyance de ceux qui auraient pu douter de la Justice et de la Providence de Dieu.
D’ailleurs, il était souverainement utile de proposer ce Jugement de Dieu aux bons et aux méchants, pour consoler les uns et effrayer les autres, pour empêcher les premiers de se décourager en leur faisant connaître la Justice de Dieu, et pour détourner les seconds du mal par la crainte des éternels supplices.
Aussi Jésus-Christ, notre Dieu et Sauveur, en parlant du dernier jour, a-t-il déclaré Lui-même qu’il y aurait un Jugement général. Il en a marqué les signes avant-coureurs (1), afin qu’en les voyant arriver, il nous fût possible de connaître que la fin du monde est proche. Puis au moment même où Il montait au ciel, il envoya des Anges consoler par ces paroles ses Apôtres attristés: (2) Ce Jésus qui vient de vous quitter, et de s’élever dans le ciel, reviendra un jour de la même manière que vous L’avez vu y monter.
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(1) Ps., 72, 2, 3. — (2) Job., 22, 14. — (1) Matth., 24, 29. — (2) Act., 1, 11.
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§ IV. — POURQUOI LE JUGEMENT DONNÉ
À JÉSUS CHRIST.
Nos Saints Livres affirment que ce Jugement a été réservé à Notre-Seigneur Jésus-Christ, non seulement comme Dieu, mais comme homme. Il est vrai que le pouvoir de juger est commun aux trois Personnes de la Sainte Trinité, cependant nous l’attribuons spécialement au Fils, comme nous Lui attribuons la Sagesse. Que le Fils doive donc juger le monde comme homme, c’est ce qu’Il nous assure Lui-même: (3) Comme le Père, dit-Il, a la vie en Lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir aussi la vie en Lui-même ; et il lui a donné la puissance de faire le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme.
Il était d’ailleurs de toute convenance que ce Jugement fût exercé par Jésus-Christ. Puisqu’il s’agissait de juger des hommes, ces hommes ne devaient-ils pas voir leur Juge des yeux de leur corps, entendre de leurs oreilles la sentence prononcée, et connaître enfin leur Jugement par leurs propres sens ? N’était-ce pas aussi une justice à rendre à Jésus-Christ ? Sur la terre, Il avait été jugé et condamné de la manière la plus inique par des juges pervers, ne devait-Il pas après cela se montrer à son tour à tous les yeux, assis sur son tribunal pour juger tous les hommes ? C’est pourquoi le prince des Apôtres, après avoir exposé dans la maison de Corneille les principales vérités de la Religion chrétienne, après avoir enseigné que Jésus-Christ avait été attaché à la Croix et mis à mort par les Juifs et que le troisième jour Il était ressuscité, a soin d’ajouter: (1) Et Il nous a ordonné de prêcher au peuple, rendre témoignage que c’est Lui qui a été établi de Dieu le Juge des vivants et des morts.
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(3) Joan., 5, 26, 27. — (1) Act., 10, 42.
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§ V. — SIGNES PRÉCURSEURS DU JUGEMENT.
Trois principaux signes, nous dit la sainte Écriture, doivent précéder le Jugement général: la prédication de l’Évangile par toute la terre, l’apostasie, et l’Antéchrist. En effet, Notre-Seigneur Jésus-Christ nous déclare que (2) l’Evangile du Royaume sera prêché dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations, et alors viendra la consommation. A son tour, l’Apôtre nous prévient (3) de ne pas nous laisser séduire, en croyant que le jour du Seigneur est proche. Car tant que l’apostasie ne sera point arrivée, et que l’homme du péché n’aura point paru, le Jugement n’aura pas lieu.
Pour ce qui regarde la forme et la nature du Jugement, les Pasteurs s’en feront facilement une juste idée, en l’étudiant dans les prophéties de Daniel, les saints Evangiles, et l’Apôtre Saint Paul.
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(2) Matth., 24, 14. — (3) 2 Thess., 2, 3.
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§ VI. — LA SENTENCE DES BONS
ET CELLE DES MÉCHANTS.
Il faut ici examiner et peser avec le plus grand soin les termes mêmes de la sentence du Souverain Juge. Jésus-Christ, notre Sauveur, jetant un regard de complaisance sur les bons placés à sa droite, leur dira avec une bonté infinie: (1) Venez, les bénis de mon Père ; possédez le Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. Il est facile de comprendre que l’on ne peut rien entendre de plus agréable que ces paroles, surtout si on les compare à la condamnation des méchants, et si l’on réfléchit en soi-même que cette sentence appelle les Saints et les Justes, des fatigues au repos, d’une vallée de larmes à des joies ineffables, de toutes les misères de la vie à la béatitude éternelle qu’ils auront méritée par l’exercice de la Charité.
Se tournant ensuite vers ceux qui seront à sa gauche, Il laissera éclater contre eux sa Justice en ces termes: (2) Retirez-vous de Moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé au démon et à ses anges. — Ces premiers mots: retirez-vous de Moi, expriment la plus grande peine qui frappera les réprouvés, celle d’être chassés et privés entièrement de la vue de Dieu, sans être consolés par l’espérance de rentrer jamais en possession d’un Bien si parfait. C’est cette peine que les théologiens appellent la peine du dam, parce que les damnés dans l’enfer seront privés pour toujours des splendeurs de la vue de Dieu ? — Le mot qui vient ensuite: maudits, augmente encore cruellement leur effroyable malheur. En effet, si, au moment de les chasser de sa Présence, Dieu avait daigné laisser tomber sur eux la moindre bénédiction, ils en auraient éprouvé un grand soulagement. Mais, hélas ! ils n’ont rien de pareil à attendre pour adoucir leur souffrance, et la Justice divine, en les bannissant, n’aura que trop raison de les accabler de toutes ses malédictions.
Dans le feu éternel. Ces mots désignent un autre genre de peine, que les théologiens appellent la peine du sens, parce que les sens du corps en sont les organes, comme dans le supplice des verges, des fouets, ou d’autres plus graves. Mais si, de tous les tourments, le plus sensible et le plus douloureux est celui du feu, et si, d’autre part, on ajoute à cela que ces tourments n’auront jamais de fin, on demeurera convaincu que la punition des damnés est le comble de tous les châtiments. Et ce qui fait mieux sentir encore l’excès de leur malheur, ce sont ces mots qui terminent la sentence du Souverain Juge: (1) qui a été préparé au démon et à ses anges. notre nature est ainsi faite que nous supportons plus facilement tous les maux qui nous atteignent, lorsque nous tombons sur des compagnons d’infortune dont la prudence et la bonté peuvent les adoucir en quelque manière. Mais quel ne sera pas le terrible malheur des réprouvés lorsque, au milieu de leurs tortures, ils se verront dans l’impossibilité de s’arracher à la compagnie des démons, ces êtres si pervers ? Cependant la sentence de condamnation portée contre eux par le Sauveur sera parfaitement juste, puisque, dans leur impiété, ils auront négligé tous les devoirs que la vraie piété leur imposait, refusé de donner à manger à celui qui avait faim, à boire à celui qui avait soif, repoussé les étrangers sans leur donner l’hospitalité, n’auront point vêtu celui qui était nu, ni visité les prisonniers et les malades.
Voilà des vérités que les Pasteurs doivent redire aux Fidèles le plus souvent possible, afin de les en pénétrer. Rien de plus puissant, si on les croit fermement, pour réprimer les mauvaises passions du cœur, et pour éloigner les hommes du péché. Aussi l’Ecclésiastique nous dit-il: (1) Dans toutes vos œuvres, souvenez-vous de vos fins dernières, et vous ne pécherez jamais. C’est qu’en effet, il faudrait être poussé au mal avec une violence extraordinaire, pour n’être pas ramené à l’amour de la Vertu par cette pensée qu’un jour il faudra paraître devant le Juge, qui est la Justice même, et Lui rendre compte non seulement de toutes ses actions, de toutes ses paroles, mais même de ses pensées les plus secrètes, et subir le châtiment qu’elles auront mérité. Le juste au contraire ne peut que se sentir de plus en plus porté à la pratique de la Sainteté. Sa joie sera grande, même au sein de la pauvreté, de l’ignominie et des tourments, s’il élève ses pensées vers ce jour glorieux où, après les combats de cette vie pleine de misères, il sera proclamé vainqueur devant tout l’univers, introduit dans la Patrie céleste et comblé d’honneurs divins et éternels. Ici les Pasteurs n’ont donc plus qu’à exhorter les Fidèles, et ils n’y manqueront pas, à ordonner leur vie le mieux possible, à s’exercer à toutes les œuvres de la piété, afin qu’ils puissent attendre avec une parfaite confiance ce grand jour du Seigneur, et même le désirer avec la plus vive ardeur, comme il convient à des enfants (qui veulent aller vers leur Père).
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(1) Matth., 25, 34. — (2) Matth., 25, 41. — (1) Matth., 25, 41. — (1) Eccl., 7, 40.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
Chapitre neuvième.
Du huitième article du Symbole.
JE CROIS AU SAINT ESPRIT.§ I. — NÉCESSITÉ DE LA FOI AU SAINT ESPRIT.
Jusqu’ici nous avons parlé de la première et de la seconde Personne de la Sainte Trinité, et nous avons donné sur ce double sujet les explications convenables. Il s’agit maintenant d’exposer ce que le Symbole nous enseigne sur la troisième Personne qui est le Saint Esprit. C’est un point qui réclame tout le zèle et toute l’application des Pasteurs. Car il n’est pas plus loisible aux Chrétiens d’ignorer ou de mal connaître cet Article, que les Articles précédents. Aussi l’Apôtre (1) ne voulut-il point laisser un certain nombre d’Ephésiens dans l’ignorance où ils étaient par rapport au Saint-Esprit. Leur ayant demandé s’ils L’avaient reçu, ils lui répondirent qu’ils ne savaient même pas s’il y avait un Saint-Esprit. Aussitôt il leur fit cette question: Quel Baptême avez-vous donc reçu ? Ces paroles nous montrent que les Fidèles sont rigoureusement obligés d’avoir une connaissance spéciale de cet Article. Et le premier fruit qu’ils en retireront c’est que s’ils considèrent sérieusement que tout ce qu’ils possèdent, ils le doivent à la libéralité et à la bonté de l’Esprit-Saint ils deviendront plus humbles et plus modestes dans leurs pensées et leurs sentiments sur eux-mêmes, et ils placeront toute leur espérance dans le secours de Dieu. Or, n’est-ce pas là, pour le Chrétien, le premier pas vers la Sagesse, et par suite vers le Bonheur éternel ?
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(1) Act. 19, 2.
Dernière édition par Louis le Mer 09 Sep 2015, 11:08 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe.)
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§ II. — CE QUE C'EST QUE LE SAINT ESPRIT.
Pour commencer, il faut bien expliquer d’abord quelle idée et quel sens on attache ici au mot Saint Esprit C’est qu’en effet il peut s’appliquer aussi bien au Père et au Fils. (Tous deux sont esprits, et tous deux sont Saints, et nous faisons profession de croire que Dieu est Esprit.) D’autre part, on donne également ce nom aux Anges et aux âmes des justes. Il faut donc prendre garde qu’il n’y ait ni équivoque, ni erreur dans l’esprit des Fidèles. Par conséquent il est nécessaire de leur apprendre que par le Saint-Esprit on entend ici la troisième Personne de la Sainte Trinité. C’est ainsi qu’on L’appelle quelquefois dans l’Ancien Testament, et très souvent dans le Nouveau. David dit à Dieu dans sa prière: (1) n’éloignez pas de moi votre Saint Esprit. Le Sage s’écrie: (2) qui connaîtra vos desseins Seigneur, sinon celui à qui Vous donnerez la Sagesse, et à qui Vous enverrez d’en haut votre Esprit-Saint ? — Dans un autre endroit, il dit: (3) Dieu a créé la Sagesse dans le Saint Esprit. — Dans le Nouveau Testament (4) Jésus-Christ ordonne de baptiser les nations au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Nous y lisons que la très Sainte (5) Vierge a conçu par le Saint Esprit. Enfin Saint Jean nous renvoie à Jésus-Christ pour qu’Il nous baptise dans le Saint-Esprit (6) ; sans parler d’un grand nombre d’autres textes de nos Saints Livres où nous rencontrons la même expression.
Et personne ne doit trouver étrange qu’on n’ait pas donné de nom particulier à la troisième Personne de la Sainte Trinité, aussi bien qu’à la première et à la seconde. Si la seconde Personne a un nom qui Lui est propre, si Elle s’appelle le Fils, c’est que sa Naissance éternelle du Père s’appelle proprement génération, comme nous l’avons dit dans les précédents articles. Et du moment que cette Naissance peut porter le nom de génération, nous avons le droit d’appeler Fils la Personne qui émane, et Père, celle de qui Elle émane. Mais comme l’émanation de la troisième Personne n’a pas de nom qui Lui soit propre, et qu’on L’appelle simplement aspiration et procession (qui sont des noms communs), par cela même, la Personne ainsi produite manque nécessairement de dénomination particulière. Et la raison en est que tous les noms que nous donnons à Dieu, nous sommes forcés de les emprunter aux choses créées. Et comme d’autre part nous ne connaissons pas, dans les créatures, d’autre communication de nature et d’essence que celle qui se fait par voie de génération. il nous est impossible d’exprimer par un nom propre cette communication que Dieu fait de Lui-même et de son Être tout entier par voie d’amour. C’est pourquoi la troisième Personne de la Sainte Trinité porte la dénomination commune d’Esprit Saint ; dénomination d’ailleurs qui Lui convient parfaitement, parce que, d’une part, c’est Elle, la troisième Personne, qui répand dans nos âmes la vie spirituelle (la vie de l’Esprit) et parce que, d’autre part, sans le souffle et l’inspiration de cet Esprit très Saint, nous ne pouvons rien faire qui mérite la Vie éternelle.
Le sens du mot Saint Esprit étant bien expliqué, il faut ensuite enseigner au peuple que le Saint Esprit est Dieu, comme le Père et le Fils, qu’Il leur est égal en toutes choses, Tout-Puissant comme Eux, éternel comme Eux, et comme Eux d’une perfection, d’une grandeur, d’une bonté, d’une sagesse infinie, en un mot qu’Il a la même nature. Cette égalité est suffisamment indiquée par ce petit mot: en, que nous employons, quand nous disons: Je crois en l’Esprit Saint. Ce mot nous le plaçons en effet devant le nom de chaque Personne de la Sainte Trinité: (Je crois en Dieu, et en Jésus-Christ) c’est une manière d’exprimer la plénitude et la force de notre Foi.
Du reste cette Vérité…
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(1) Ps., 50, 13. — (2) Sap., 9, 17. — (3) Eccl., 1, 9. — (4) Matt., 28, 19. — (5) Matt., 1, 20. — (6) Luc., 1, 35. Joan., 1, 33.
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§ II. — CE QUE C'EST QUE LE SAINT ESPRIT.(suite)
Du reste cette Vérité a pour elle les témoignages les moins douteux de la Sainte Écriture. Par exemple, lorsque Saint Pierre dans les Actes des Apôtres, dit: (1) Ananie, pourquoi Satan a-t-il tenté votre cœur, au point de vous faire mentir au Saint-Esprit ? il ajoute aussitôt: ce n’est point aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu ; donnant ainsi le nom de Dieu à Celui qu’il venait d’appeler le Saint Esprit. De même l’Apôtre écrivant aux Corinthiens applique au Saint-Esprit le nom de Dieu qu’il venait de prononcer. (2) Il y a, leur dit-il, diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. Et il ajoute: oui, c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons comme il Lui plaît. De plus, le même Apôtre attribue au Saint-Esprit, dans le Livre des Actes, ce que les Prophètes rapportent à Dieu seul. Isaïe avait dit: (3) J’ai entendu cette voix du Seigneur: qui enverrai-je ? Puis, Il me dit: Va, dis à ce peuple: votre cœur s’appesantit, et vos oreilles deviennent sourdes, et vous bouchez vos yeux pour ne pas voir, et vous fermez vos oreilles pour ne pas entendre. Or, l’Apôtre, citant ces paroles, (et s’adressant aux Juifs) s’exprime ainsi : (1) ce que le Saint Esprit a dit par la bouche du Prophète Isaïe est bien vrai.
D’un autre côté, lorsque nous voyons la Sainte Écriture joindre la Personne du Saint Esprit à la Personne du Père et du Fils, comme dans l’endroit où elle ordonne de conférer le Baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, aucun doute n’est plus possible sur la vérité de ce mystère ; car si le Père est Dieu, et si le Fils est Dieu, nous sommes obligés de reconnaître que le Saint Esprit l’est aussi, puisque l’Ecriture Le met sur le même rang que le Père et le Fils.
De plus, le fait d’être baptisé au nom d’une créature quelconque ne peut procurer aucun avantage. Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés, dit l’Apôtre ? (2) Et en parlant ainsi, il voulait faire entendre évidemment qu’un baptême de ce genre serait inutile pour le Salut. Si donc nous sommes baptisés au nom du Saint Esprit, nous devons confesser qu’Il est Dieu.
Ce même ordre des trois Personnes divines, qui nous fournit la preuve de la divinité du Saint Esprit, se remarque également dans cette Épître de Saint Jean, où nous lisons (3) Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel le Père, le Verbe et l’Esprit-Saint, et ces trois ne sont qu’une seule et même chose. Cet ordre se retrouve aussi dans cet éloge magnifique de la Sainte Trinité qui termine les Psaumes et les Cantiques sacrés: Gloire au Père, et au Fils, et au Saint Esprit !
Enfin ce qui confirme puissamment cette Vérité, c’est que l’Ecriture Sainte attribue d’une manière formelle au Saint-Esprit tout ce qui, selon les données de la Foi, n’est propre qu’à Dieu seul. Ainsi elle lui reconnaît des temples: (1) Ne savez-vous pas, dit l’Apôtre, que vos membres sont les temples du Saint Esprit ? Elle lui attribue le pouvoir de sanctifier (2), de vivifier (3) et de scruter les profondeurs de Dieu (4), de parler par les Prophètes (5) , d’être partout (6) ; autant de perfections qui ne conviennent qu’à Dieu.
Ce n’est pas tout…
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(1) Act., 5, 3, 4. — (2) 1 Cor., 12, 6, 11. — (3) Is., 6, 8. — (1) Act., 28, 25. — (2) 1 Cor., 1, 13. — (3) 1 Joan., 5, 7. — (1) 1 Cor., 6, 19. — (2) Thess., 2, 13, 1. — Petr., 1, 2. (3) Joan., 6, 63. — 2 Cor., 3, 6. — (4) 1 Cor., 2, 10. — (5) 2 Pet., 1, 21. — (6) Sap., 1, 7.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ II. — CE QUE C'EST QUE LE SAINT ESPRIT.(suite)
Ce n’est pas tout. Il faut de plus expliquer aux Fidèles, et avec beaucoup de soin, non seulement que le Saint Esprit est Dieu, mais encore qu’il est la troisième Personne dans l’Essence divine, parfaitement distincte du Père et du Fils, et produite par la Volonté de l’un et de l’autre. C’est l’enseignement même de la Foi. Car sans parler des autres témoignages de l’Ecriture, la forme du Baptême (7) que notre Sauveur nous a apprise, montre très clairement que le Saint-Esprit est une troisième Personne qui subsiste par elle-même dans la nature divine, et qui est distincte des deux autres. Ainsi le déclare l’Apôtre, quand il dit: ( 8 ) que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et la Charité de Dieu, et la communication du Saint-Esprit soient avec tous. Amen ! Mais ce qui plus que tout le reste met cette vérité en pleine lumière, c’est la déclaration formelle du premier Concile œcuménique de Constantinople. Pour réfuter l’hérésie absurde et impie de Macédonius, les Pères de ce concile ajoutèrent au symbole de Nicée ces mots si importants: je crois au Saint Esprit Notre Seigneur, qui donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les Prophètes. En confessant que le Saint-Esprit est notre Seigneur, ils montrent par le fait combien Il est au dessus des Anges, qui sont cependant les plus nobles esprits que Dieu ait créés, tous, au témoignage de S Paul, des esprits administrateurs, envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent être les héritiers du salut. (1) Ils disent encore qu’Il donne la vie, parce que de son union avec Dieu l’âme tire une vie plus réelle, que celle dont jouit le corps par son union avec l’âme. Et comme l’Ecriture Sainte attribue au Saint Esprit cette union de l’âme avec Dieu, il est clair qu’on a parfaitement raison de lui donner le nom d’Esprit vivifiant.
Pour expliquer les paroles qui suivent: Qui procède du Père et du Fils, il faut bien faire entendre aux Fidèles que le Saint Esprit procède de toute éternité du Père et du Fils comme d’un principe unique. Cette vérité est proposée à notre Foi par les définitions mêmes de l’Église, dont un Chrétien n’a jamais le droit de s’écarter, et elle est confirmée par l’autorité de nos Saints Livres et des Conciles. En effet, Notre-Seigneur Jésus-Christ parlant du Saint-Esprit, dit: (2) Il Me glorifiera parce qu’Il recevra de ce qui est à Moi. Et lorsque nous voyons dans la Sainte Écriture qu’il est appelé tantôt l’Esprit du Christ, tantôt l’Esprit du Père ; qu’Il est envoyé, tantôt par le Père, tantôt par le Fils, (3) c’est bien la preuve manifeste qu’il procède également de l’un et de l’autre. Celui qui n’a pas l’Esprit de Jésus-Christ, dit Saint Paul, n’est point à Lui. (4) et dans l’Épître aux Galates, il appelle encore le Saint Esprit, l’Esprit de Jésus-Christ: (5) Dieu, dit-il, a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie, mon Père, mon Père. De son côté, Notre-Seigneur, dans Saint Matthieu, l’appelle l’Esprit du Père: (1) Ce n’est pas Vous qui parlez, mais l’Esprit de votre Père. Et dans la Cène, Il s’exprime ainsi: (2) le Consolateur que Je vous enverrai, C’est l’Esprit de vérité qui procède du Père, et qui rendra témoignage de Moi. Ailleurs, Il nous annonce en ces termes que le même Esprit-Saint sera envoyé par le Père: (3) le Père L’enverra en mon Nom. Toutes ces expressions s’entendent évidemment de la procession du Saint-Esprit, il est donc bien clair et bien certain qu’Il procède du Père et du Fils.
Voilà ce qu’il faudra dire de la Personne du Saint Esprit.
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(7) Matth., 28, 19. — ( 8 ) 2 Cor., 13, 13. — (1) Hebr., 1, 14. — (2) Joan., 16, 14. — (3) Joan., 14, 26. — (4) Rom., 8, 9. — (5) Gal., 4, 6. — (1) Matth., 10, 20. — (2) Joan., 15, 26. — (3) Joan., 14, 26.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ III. — DES CHOSES QUI SONT SPÉCIALEMENT
ATTRIBUÉES AU SAINT ESPRIT.
Mais de plus les Pasteurs devront expliquer avec soin certains effets admirables, certains dons excellents que la Foi lui attribue, et qui sortent et découlent de Lui comme de la source éternelle de la Bonté. Il est vrai que toutes les opérations extérieures de la Sainte Trinité sont communes aux trois Personnes. Cependant il en est quelques-unes que l’on attribue plus particulièrement au Saint Esprit, pour nous faire comprendre qu’elles viennent de l’immense Charité de Dieu envers nous. Le Saint Esprit en effet procède de la Volonté de Dieu, comme par un embrasement d’amour, et dès lors il est facile de concevoir que les effets qui Lui sont spécialement attribués doivent découler de l’Amour infini de Dieu pour nous.
C’est pour la même raison que le Saint Esprit est appelé don. Car on appelle don ce qui est accordé libéralement gratuitement et sans espoir de récompense. Ainsi tous les biens, toutes les grâces que nous avons reçues de Dieu, — et qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de Lui, dit l’Apôtre ? (1) ? — nous les tenons de la libéralité du Saint Esprit. Et cela nous devons le reconnaître avec une sincère et pieuse gratitude.
Les effets produits par le Saint Esprit sont nombreux. Car sans parler ici de la création, de la propagation des créatures, du gouvernement du monde — sujets que nous avons traités dans le premier article du Symbole — nous venons de démontrer à l’instant qu’on Lui attribue proprement la vivification spirituelle, et les paroles suivantes d’Ézéchiel sont un véritable témoignage en faveur de cette Vérité: (2) Je vous donnerai mon Esprit, et vous vivrez.
Voici comment Isaïe énumère les effets (ou les dons) principaux du Saint Esprit, et ceux qui Lui conviennent plus spécialement: Il L’appelle: (3) l’Esprit de Sagesse et d’Intelligence, l’Esprit de Conseil et de Force, l’Esprit de Science et de Piété, l’Esprit de crainte du Seigneur. Effets que l’on nomme communément les Dons du Saint Esprit, et auxquels on donne aussi quelquefois le nom même de Saint Esprit. C’est pourquoi, remarque judicieusement Saint Augustin, (4) « lorsque nous rencontrons le mot de Saint Esprit dans la Sainte Écriture, il faut bien voir s’il s’agit de la troisième Personne de la Sainte Trinité, ou seulement de ses effets et de ses opérations. Car ces deux choses diffèrent autant l’une de l’autre que Dieu Lui-même diffère de la créature. »
Il convient de faire ressortir ces commentaires avec un soin particulier, car ces dons du Saint Esprit sont pour nous comme une source divine où nous puisons les préceptes de la Vie chrétienne, et par eux encore nous pouvons savoir si le Saint Esprit habite vraiment en nous.
Entre ces dons magnifiques celui qui, dans notre esprit, doit passer avant tous les autres, c’est la Grâce qui nous justifie, (1) et qui nous marque du sceau de l’Esprit Saint, qui a été promis, et qui est le gage de notre héritage. (2) C’est cette grâce en effet qui nous attache à Dieu par les liens les plus étroits de l’amour, qui allume dans nos cœurs le zèle ardent de la piété, qui nous fait entreprendre une vie nouvelle, qui nous rend participants de la Nature divine, (3) et nous fait mériter le nom et la qualité réelle d’enfants de Dieu (4) .
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(1) 1 Cor., 4, 7. — (2) Ezech., 3. 7, 6. — (3) Isa., 11, 2. — (4) Saint Aug. Lib. 15 de Trinit. — (1) Eph., 1, 13. — (2) Conc. Trid. Sess. 6 c. 7. — (3) 2 Pet., 1, 4. — (4)1 Joan., 3, 1.
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Louis- Admin
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
Chapitre dixième.
Du neuvième article du Symbole.
JE CROIS LA SAINTE EGLISE CATHOLIQUE,
LA COMMUNION DES SAINTS.
Pour comprendre immédiatement avec quel soin, avec quelle attention les Pasteurs devront travailler à bien expliquer aux Fidèles ce neuvième article du Symbole, deux considérations sont nécessaires et suffisantes. La première, c’est que, suivant la remarque de Saint Augustin, les Prophètes ont parlé plus clairement et plus longuement de l’Eglise que de Jésus Christ, car ils prévoyaient qu’il y aurait beaucoup plus d’erreurs volontaires et involontaires, sur ce point que sur le mystère de l’Incarnation. En effet, il ne devait point manquer d’impies pour prétendre, à l’imitation du singe qui veut faire croire qu’il est homme, pour prétendre avec autant d’orgueil que de méchanceté qu’eux seuls sont catholiques, que l’Eglise Catholique est parmi eux, et seulement parmi eux. — La seconde considération, c’est que celui qui aura gravé profondément dans son cœur la foi à la vérité de l’Eglise, n’aura pas de peine à éviter le terrible danger de l’hérésie. On n’est pas hérétique par le fait seul qu’on pèche contre la Foi, mais parce qu’on méprise l’autorité de l’Eglise, et qu’on s’attache avec opiniâtreté à des opinions mauvaises. Si donc il est impossible qu’un Chrétien soit atteint de cette horrible peste de l’hérésie, tant qu’il continue à croire ce que cet article propose à sa Foi, les Pasteurs doivent redoubler d’efforts pour instruire les Fidèles de ce mystère, les prémunir par là même contre les artifices de l’ennemi, et les aider à persévérer dans la Foi. Au reste cet article dépend du précédent. Après avoir montré que toute sainteté vient de l’Esprit Saint comme de sa source et de son Auteur, nous reconnaissons maintenant, par voie de conclusion, que la sainteté qui est dans l’Eglise ne peut sortir que de Lui.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ I. — CE QUE C'EST QUE L'ÉGLISE.
Le mot Eglise vient du grec. Les Latins l’ont emprunté à cette langue, et après la publication de l’Evangile, ils l’ont consacré exclusivement aux choses saintes. Voyons quel en est le sens.
Il signifie proprement convocation. Mais avec le temps les auteurs l’ont emprunté souvent pour désigner une assemblée, une réunion d’hommes, sans examiner si ces hommes admiraient le vrai Dieu, ou les fausses divinités. nous lisons au livre des actes que le greffier de la ville d’Ephèse, après avoir apaisé le peuple, lui dit: (1) Si vous avez quelque autre affaire à proposer, nous pourrons la traiter dans une assemblée légitime. Ainsi l’assemblée du peuple d’Ephèse est appelée légitime, bien que ce peuple fût adonné au culte de Diane. Et non seulement ce nom d’Eglise est donné aux nations qui ne connaissent pas Dieu, mais quelquefois même il est appliqué aux assemblées des méchants et des impies. Je hais l’Eglise des méchants, dit le prophète, (2) et je ne m’assiérai point avec les impies. Mais dans la suite, l’usage ordinaire de la Sainte Ecriture fut de consacrer ce mot à désigner uniquement la société chrétienne et les assemblées des Fidèles, c’est à dire de ceux qui ont été appelés par la Foi, à la lumière de la vérité et à la connaissance de Dieu, qui ont dissipé les ténèbres de l’ignorance et de l’erreur, qui adorent avec piété et sainteté, le Dieu Vivant et Véritable, et qui le servent de tout leur cœur. Enfin, pour tout dire en un mot, l’Eglise, selon S Augustin (3), c’est le peuple fidèle répandu dans tout l’univers.
Mais ce mot Eglise renferme de véritables mystères, et des mystères très importants. En effet, si nous l’entendons dans le sens de convocation, nous voyons aussitôt briller à nos yeux la douceur et la lumière de la Grâce divine, et nous sentons combien l’Eglise diffère de toutes les autres sociétés. Celles-ci ne se soutiennent que par la raison et la prudence humaines ; celle là repose sur la Sagesse et le Conseil de Dieu même. Car Dieu nous a appelés intérieurement par l’inspiration de son Saint Esprit, qui ouvre les cœurs, et extérieurement par les soins et le ministère des Pasteurs et des prédicateurs. Et nous voyons bientôt que la fin de cette vocation, c’est la connaissance et la possession des choses éternelles, si seulement nous remarquons qu’autrefois le peuple fidèle, sous la loi de Moïse, se nommait synagogue, c’est-à-dire troupeau. Car, dit Saint Augustin, (1) ce nom lui avait été donné parce que, comme les animaux qui cherchent à se grouper pour vivre, il n’avait en vue que des biens terrestres et périssables. Au contraire, le peuple chrétien s’appelle non pas synagogue, mais assemblée, ou convocation, parce qu’il méprise les choses terrestres et périssables, pour ne s’attacher qu’aux biens célestes, et qui ne passent pas.
Il est encore d’autres noms mystérieux qui servent à désigner la Société des Chrétiens. Ainsi l’Apôtre Saint Paul l’appelle la Maison et l’Edifice de Dieu. Je vous écris, dit-il à Timothée, (2) afin que, si je viens à tarder trop longtemps, vous sachiez comment vous devez vous conduire dans la maison du Dieu Vivant, la colonne et le fondement de la Vérité. L’Eglise est appelée ici maison parce qu’elle est comme une famille, qui n’est gouvernée que par un seul, le Père de famille, et dans laquelle tous les biens spirituels sont communs. On lui donne encore le nom de troupeau des brebis de Jésus-Christ (3) qui en est le Pasteur et en même temps la porte de la bergerie ; celui d’épouse de Jésus-Christ: (4) Je vous ai fiancés, dit l’Apôtre aux Corinthiens, à un Epoux unique, Jésus-Christ, pour vous présenter à Lui comme une vierge pure. Ecoutons-le dire aux Ephésiens: (1) Maris, aimez vos épouses, comme Jésus-Christ aime l’Eglise. Puis, en parlant du Mariage: Ce Sacrement est grand, je dis en Jésus-Christ et dans l’Eglise. Et enfin celui de Corps de Jésus-Christ, comme on peut le voir dans les Epîtres aux Ephésiens (2) et aux Colossiens (3) . Ces différents noms sont très propres à exciter les Fidèles à se rendre dignes de la Clémence et de la Bonté infinie de Dieu, qui les a choisis pour en faire son peuple.
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(1) Act, 19,39. — (2) Ps. 25,5. — (3) S. Aug. in Ps. 149. — (1) Saint Aug. in Ps., 77 et 81. — (2) Tim., 3, 5. — (3) Ezech., 34, 3. — Joan., 29, 7. — (4) 2 Cor., 11, 2. — (1) Eph., 5, 25. — (2) Eph., 1, 23. — (3) Coloss., 1, 24.
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Louis- Admin
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ II. — DEUX PARTIES DE L'ÉGLISE, L'UNE
TRIOMPHANTE, L'AUTRE MILITANTE.
Après ces explications, il sera nécessaire d’énumérer les diverses parties qui composent l’Eglise, et de marquer les différences qui existent entre chacune d’elles. Ainsi les Fidèles connaîtront mieux la nature, les propriétés, les dons et les grâces de cette Eglise, si chère à Dieu, et ils ne cesseront de louer son nom trois fois Saint.
Il y a dans l’Eglise deux parties principales: l’une que l’on appelle triomphante, et l’autre militante.
L’Eglise triomphante est cette Société si brillante et si heureuse des Esprits célestes, et de tous ceux qui ont remporté la victoire sur le monde, la chair, et le démon notre ennemi acharné, et qui maintenant délivrés sans retour des misères de la vie, jouissent de la Béatitude éternelle.
L’Eglise militante est la Société de tous les Fidèles qui vivent encore sur la terre. On l’appelle militante parce qu’elle est obligée de soutenir une guerre incessante contre les ennemis les plus cruels, le inonde, la chair et Satan.
Toutefois, il ne faut pas pour cela croire qu’il y a deux Eglises. Non, l’Eglise est une, mais elle est composée de deux parties. De ces deux parties, l’une a précédé l’autre, et elle est déjà en possession de la céleste Patrie. La deuxième marche chaque jour à la suite de la première, jusqu’à ce que, enfin, elle se réunisse à notre Sauveur, et se repose au sein de l’Eternelle Félicité.
L’Eglise militante renferme deux sortes de personnes, les bons et les méchants. Les méchants participent aux mêmes Sacrements et professent la même Foi que les bons ; mais ils diffèrent d’eux par la conduite et les mœurs. Les bons ne sont pas ceux qui sont unis seulement par la profession de la même Foi et la participation aux mêmes Sacrements, mais ceux qui sont attachés les uns aux autres par l’esprit de Grâce et le lien de Charité. C’est d’eux qu’il est dit: (1) Le Seigneur connaît ceux qui sont à Lui. Les hommes peuvent bien aussi, d’après certaines conjectures, présumer qui sont ceux qui doivent être rangés parmi les bons, mais ils ne peuvent jamais l’affirmer avec certitude. Aussi faut-il se garder de penser que Notre-Seigneur Jésus Christ a voulu parler de cette portion de l’Eglise, lorsqu’il nous renvoie à l’Eglise et nous ordonne de lui obéir. Puisqu’elle est inconnue, comment savoir, sans crainte de se tromper, à quel tribunal il faudra recourir, et à quelle autorité on devra se soumettre ? L’Eglise comprend donc indistinctement les bons et les méchants, comme la sainte Ecriture et les Pères nous l’enseignent, et comme l’Apôtre le marquait en disant: (1) Il n’y a qu’un corps et qu’un esprit. Ainsi entendue, l’Eglise est connue de tout le monde. C’est (2) la ville située sur la montagne, et que l’on aperçoit de toutes parts. Elle ne doit être ignorée de personne, puisque tous doivent lui obéir. Et ce qui prouve encore qu’elle comprend non seulement les bons, mais même les méchants, c’est ce que l’Evangile nous apprend par plusieurs paraboles, par exemple quand il nous dit que le Royaume des cieux, c’est-à-dire l’Eglise militante, (3) est semblable à un filet jeté dans la mer, (4) à un champ dans lequel on a semé l’ivraie sur le bon grain, (5) à une aire où l’on garde la paille avec le froment, (6) à dix vierges dont les unes sont folles, et les autres prudentes. Et, longtemps auparavant, l’Arche de Noé (7) où étaient renfermées toutes les espèces d’animaux, purs ou impurs, était déjà la figure et l’image de l’Eglise. Cependant quoique la Foi catholique enseigne comme une vérité constante et hors de doute, que les méchants aussi bien que les bons font partie de l’Eglise, elle veut aussi que l’on montre aux Fidèles combien leur condition est différente. Les méchants en effet ne sont dans l’Eglise que comme la paille confondue dans l’aire avec le bon grain, ou comme des membres morts sur un corps vivant.
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(1) 2 Tim., 2, 19. — (1) Eph., 4, 4. — (2) Matth., 5, 14. — (3) Matth., 13, 47. — (4) Matth., 13, 24. — (5) Luc., 3, 17. — (6) Matth., 25, 1, 2. — (7) Gen., 7, 2. — 1 Pet., 3, 20.
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§ III. — QUI SONT CEUX QUI N'APPARTIENNENT PAS À L'ÉGLISE.
De ce que nous venons de dire il résulte que trois sortes de personnes seulement sont exclues de l’Eglise: premièrement les infidèles, ensuite les hérétiques et les schismatiques, et enfin les excommuniés. — Les infidèles, parce que jamais ils n’ont été dans son sein, qu’ils ne l’ont point connue, et qu’ils n’ont participé à aucun Sacrement dans la société des Chrétiens. — Les hérétiques et les schismatiques, parce qu’ils l’ont abandonnée, et que dès lors ils ne peuvent pas plus lui appartenir qu’un déserteur n’appartient à l’armée qu’il a quittée. Cependant, on ne saurait nier qu’ils ne restent sous sa puissance. Elle a le droit de les juger, de les punir, de les frapper d’anathème. — enfin les excommuniés, parce qu’elle les a chassés de son sein par sa Communion, tant qu’ils ne se convertissent pas. Pour tous les autres, quelque méchants et quelque criminels qu’ils soient, il n’est pas douteux qu’ils font encore partie de l’Eglise. Et c’est une vérité qu’on ne saurait trop redire aux Fidèles, afin que si par malheur la vie de leurs Chefs spirituels devenait scandaleuse, ils sachent bien que même de tels Pasteurs appartiendraient toujours à l’Eglise, et ne perdraient rien de leur autorité.
Il est assez ordinaire de donner le nom d’Eglise à de simples parties de l’Eglise universelle. Ainsi l’Apôtre parle de l’Eglise de Corinthe, de la Galatie, de Laodicée, de Thessalonique. Il appelle même Eglise des familles particulières de Chrétiens. Ainsi il ordonne (1) de saluer l’Eglise domestique de Prisca et d’Aquila, et dans un autre endroit, (2) Aquila et Priscilla, dit-il, avec l’Eglise qui est dans leur maison, vous saluent très affectueusement dans le Seigneur. II s’exprime de la même manière en écrivant à Philémon. (3)
Quelquefois le mot d’Eglise ne désigne que les Prélats et les Pasteurs. (1) S’il ne vous écoute pas, dit Jésus Christ, dites-le à l’Eglise, c’est-à-dire à ses Pasteurs. Enfin, le lieu où s’assemble le peuple pour entendre la Parole de Dieu, ou pour accomplir quelque devoir religieux, ce lieu même est appelé l’église: Mais dans cet article, l’ensemble de tous les chrétiens bons et méchants, ceux qui doivent obéir aussi bien que ceux qui commandent, tous sont également compris sous le nom d’Eglise.
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(1) Rom., 16, 4, 5. — (2) 1 Cor., 16, 19. — (3) Phil., 1, 2. — (1) Matth., 18, 17.
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§ IV. — CARACTÈRES PROPRES DE L'ÉGLISE.
UNITÉ.
Le moment est venu de faire connaître aux Fidèles les propriétés et les caractères de l’Eglise. Rien n’est plus propre à leur faire sentir quel immense bienfait Dieu leur a accordé en les faisant naître et grandir dans son sein.
Le premier caractère que lui donne le Symbole, de Nicée, c’est l’Unité. (2) Ma colombe est unique, dit l’Epoux des Cantiques, elle seule est belle. Or, lorsque nous disons qu’une si grande multitude d’hommes, répandue en tant de lieux divers, est une, c’est parce que, comme le dit l’Apôtre écrivant aux Ephésiens, (3) Il n’y a qu’un Seigneur, une Foi, un Baptême. En effet, l’Eglise n’a qu’un seul Chef, un seul conducteur invisible, Notre Seigneur Jésus Christ, établi par le Père Eternel, (4) Chef (ou tête) de toute l’Eglise qui est son corps ; et un seul Chef visible qui est le successeur légitime de Saint Pierre sur le siège de Rome.
Tous les Pères sont unanimes sur ce point que ce Chef (cette tête) visible de l’Eglise était nécessaire pour établir et conserver son unité. S. Jérôme l’avait admirablement compris, et il le dit très bien contre Jovinien, (1) un seul est choisi, afin que le Chef une fois constitué, il n’y ait plus de prétexte au schisme. Et dans sa lettre au Pape S. Damase: que l’envie, que l’ambition et la grandeur romaine disparaissent ! je parle au successeur d’un pécheur et au disciple de la Croix. ne suivant d’autre premier Chef que Jésus Christ, je suis uni de communion à votre Sainteté, c’est-à-dire à la Chaire de Saint Pierre. Je sais que l’Eglise a été bâtie sur cette pierre. Quiconque mange l’Agneau hors de cette Maison est un profane ; tous ceux qui ne seront pas dans l’Arche de Noé au temps du déluge, périront dans les eaux.
Longtemps avant S. Jérôme, S. Irénée avait parlé dans le même sens ; (2) et S. Cyprien traitant à son tour de l’Unité de l’Eglise s’exprime ainsi: (3) Le Seigneur dit à Pierre: (4) « Moi, je dis à toi que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. » — Ainsi Il bâtit son Eglise sur un seul. Et si, après sa Résurrection, Il accorde un pouvoir égal à tous ses Apôtres ; s’Il leur dit: (5) comme mon Père M’a envoyé, Je vous envoie ; recevez le Saint Esprit ; cependant pour rendre l’unité plus frappante, il veut dans son Autorité souveraine, que cette unité, dés son origine, ne découle que d’un seul.
Optat de Milève dit à Parménion: (6) Vous ne pouvez vous excuser sous prétexte d’ignorance ; car vous savez que la chaire épiscopale de Rome a été donnée d’abord à Saint Pierre, qui l’a occupée comme Chef de tous les Apôtres. C’est dans cette chaire unique que l’unité devait être conservée par tous, de peur que chacun des Apôtres ne prétendît se rendre indépendant dans la sienne. Dès lors celui-là est nécessairement schismatique et prévaricateur, qui ose élever une autre chaire contre celle-ci qui est unique.
Puis c’est S. Basile qui écrit: (1) Pierre a été placé pour être le fondement. Il avait dit à Jésus Christ: vous êtes le Christ, Fils du Dieu Vivant: et à son tour il lui fut dit qu’il était Pierre, quoiqu’il ne fût pas pierre de la même manière que Jésus Christ, qui est la pierre immobile, mais seulement par la Volonté de Jésus Christ. Dieu communique aux hommes ses propres dignités. Il est prêtre, et Il fait des prêtres, Il est pierre, et Il donne la qualité de pierre, rendant ainsi ses serviteurs participants de ce qui lui est propre.
Ecoutons enfin S. Ambroise…
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(2) Cant., 6, 8. — (3) Eph., 4, 4. — (4) Eph., 1, 22. — (1) S. Hier. Lib. 1. Conf. Jov. — (2) S. Iren. Lib. 3. cont. Her. et Epist., 57. — (3) S. Cyp. Lib. De Unit. Eccl. — (4) Matth., 16, 18. — (5) Joan, 20, 21. — (6) 1, 2 ad Parm. — (1) Hom. 29.
Dernière édition par Louis le Mer 09 Sep 2015, 11:49 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe.)
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§ IV. — CARACTÈRES PROPRES DE L'ÉGLISE.
UNITE.(suite)
Ecoutons enfin S. Ambroise: Si quelqu’un objecte à l’Eglise qu’elle peut se contenter de Jésus Christ pour Chef et pour Epoux unique, et qu’il ne lui en faut point d’autre, la réponse est facile. Jésus-Christ est pour nous non seulement l’Auteur mais encore le vrai Ministre intérieur de chaque Sacrement. C’est vraiment Lui qui baptise et qui absout, et néanmoins, Il n’a pas laissé de choisir des hommes pour être les ministres extérieurs des Sacrements. Ainsi, tout en gouvernant Lui-même l’Eglise par l’influence secrète de son Esprit, Il place aussi à sa tête un homme pour être son Vicaire et le dépositaire extérieur de sa Puissance. A une Eglise visible, il fallait un Chef visible. Voilà pourquoi notre Sauveur établit Saint Pierre Chef et Pasteur de tout le troupeau des Fidèles, lorsqu’Il lui confia la charge de paître ses brebis. Toutefois Il le fit en termes si généraux et si étendus qu’il voulut que ce même pouvoir de régir toute l’Eglise passât à ses successeurs.
Au surplus c’est un seul et même Esprit, écrit l’Apôtre aux Corinthiens, (1) qui communique la grâce aux Fidèles, comme l’âme anime tous les membres d’un même corps. Travaillez, disait-il aux Ephésiens, en les exhortant à conserver l’unité, (2) travaillez avec soin à conserver l’unité de l’esprit dans le lien de la paix, vous ne faites qu’un corps et qu’un esprit. De même en effet que le corps humain se compose de plusieurs membres, et que tous ces membres sont animés par une seule âme qui communique aux différents organes leurs propriétés spéciales, aux yeux celle de voir, aux oreilles celle d’entendre, ainsi le Corps mystique de Jésus-Christ, qui est l’Eglise, est composé de tous les Fidèles.
Il n’y a également qu’une seule Espérance à laquelle nous sommes tous appelés comme l’atteste encore l’Apôtre au même endroit, (3) puisque nous espérons tous la même chose, à savoir la Vie Eternelle et Bienheureuse. Il n’y a qu’une seule Foi que tous doivent garder et professer publiquement. (4) Qu’il n’y ait point de schismes parmi vous, dit Saint Paul. Il n’y a qu’un Baptême enfin (5) qui est le sceau de la Foi chrétienne.
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(1) 1 Cor., 12, 11, 12. — (2) Eph., 4, 3, 4. — (3) Eph., 4, 4. — (4) 1 Cor., 1, 10. — (5) Eph., 4, 5.
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§ V. — SAINTETÉ DE L'ÉGLISE.
Le second caractère de l’Eglise, c’est la Sainteté. Vous êtes la race choisie, dit Saint Pierre, la nation Sainte. — Or, nous disons que l’Eglise est sainte :
1° Parce qu’est est vouée et consacrée à Dieu. C’est l’usage en effet d’attribuer cette qualité aux objets corporels ou matériels, par le fait qu’ils sont destinés et employés au culte de Dieu. Ainsi, par exemple, dans la Loi ancienne, les vases, les vêtements et les autels, aussi bien que les premiers-nés qui étaient consacrés au très-Haut, étaient appelés Saints.
Et il ne faut pas nous étonner que l’Eglise soit appelée sainte quoiqu’elle renferme beaucoup de pécheurs. Les Fidèles sont saints, parce qu’ils sont devenus le peuple de Dieu, et qu’ils sont consacrés à Jésus Christ par la Foi, et par le Baptême qu’ils ont reçu; ils sont saints, bien que trop souvent ils commettent des fautes et ne tiennent pas tout ce qu’ils ont promis. Ainsi ceux qui ont embrassé un art, continuent de porter le nom de leur profession, alors qu’ils n’en observent pas les règles. Voilà pourquoi S. Paul donne aux Corinthiens le nom de sanctifiés et de saints, tout en trouvant au milieu d’eux des Chrétiens qu’il traitait de charnels, et à qui il adressait des reproches encore plus sévères. (1)
2° L’Eglise est sainte parce qu’elle est unie à un Chef saint dont elle est le Corps (2); à Notre Seigneur Jésus Christ, Source de toute Sainteté, qui répand sur elle les dons du Saint Esprit et les trésors de la Bonté divine. Aussi S. Augustin, expliquant ces paroles du Prophète David : « Conservez mon âme, parce que je suis saint », dit-il admirablement: (3) « Qu’il ne craigne pas, ce corps mystique de Jésus Christ, qui ne fait vraiment qu’un seul homme, qu’il ne craigne plus d’élever la voix de toutes les parties de la terre, et de dire avec son Chef, et sous son Chef: je suis saint ; car il a reçu la grâce de la Sainteté, la grâce du Baptême et de la Résurrection des péchés. » Et un peu plus loin: « S’il est vrai que tous les Chrétiens et les Fidèles baptisés en Jésus Christ aient revêtu Jésus Christ comme l’Apôtre l’assure dans ses paroles: Vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous avez revêtu Jésus Christ (1) ; s’il est vrai qu’ils soient devenus les membres de son Corps, et que cependant ils osent dire qu’ils ne sont pas saints, ils font injure au Chef dont les membres sont saints. » (2)
3° enfin, l’Eglise est sainte parce qu’elle seule possède le culte du Sacrifice légitime et le salutaire usage des Sacrements, ces instruments efficaces de la Grâce divine par lesquels Dieu nous communique la Sainteté. En dehors d’elle, il est impossible d’être vraiment saint. II est donc de toute évidence que l’Eglise est sainte (3). Oui, et elle est sainte, précisément parce qu’elle est le Corps de Jésus Christ qui la sanctifie, et qui la purifie dans son Sang (4).
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(1) I Cor.,3, 3 ; 5, 1. — (2) Eph., 4, 15, 16. — (3) S. Aug. in Ps. 85. — (1) Gal., 3, 27. — (2) Eph., 5, 26, 27, 20. — (3) Eph., 1, 1, 4. — (4) Eph., 1, 7, 23.
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§ VI. — L'ÉGLISE EST CATHOLIQUE.
Le troisième caractère de l’Eglise, c’est qu’elle est catholique, c’est-à-dire Universelle. Et ce nom lui convient parfaitement, car, dit S. Augustin, (5) par la lumière seule de la Foi, elle s’étend depuis l’orient jusqu’au couchant. Elle n’est point comme les Etats de la terre, ou les diverses hérésies, bornée aux frontières d’un royaume ou à une race d’hommes, Scythes ou barbares, libres ou esclaves, homme ou femme, (6) elle renferme tout dans les entrailles de sa charité. C’est pourquoi il est dit de notre Seigneur : (7) Vous nous avez rachetés et rendus à Dieu dans votre Sang, en nous tirant de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toute nation, et vous avez fait de nous un Royaume à notre Dieu. C’est de l’Eglise que David disait: (1) Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage, et les limites de la terre pour bornes de votre empire. Et ailleurs: (2) Je me souviendrai de Rahal et de Babylone qui me connaîtront, et une multitude de nations naîtront dans son sein.
D’ailleurs tous les Fidèles qui ont existé depuis Adam jusqu’aujourd’hui, tous ceux qui existeront tant que le monde sera monde, en professant la vraie Foi (3) appartiennent à cette même Eglise établie sur les Apôtres et les Prophètes. Car tous ont été placés et fondés sur Jésus Christ, la Pierre angulaire, qui des deux peuples n’en a fait qu’un, et qui a annoncé la Paix à ceux qui étaient loin. — Une autre raison qui fait nommer l’Eglise Catholique, c’est que tous ceux qui désirent obtenir leur Salut éternel, doivent s’attacher à elle, et entrer dans son sein, comme autrefois il fallut entrer dans l’arche (4), pour éviter de périr dans les eaux du déluge: C’est donc là une des marques les plus certaines pour distinguer la véritable Eglise de celles qui sont fausses.
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(5) S. Aug. Serm., 23. — (6) Gal., 3, 28. — (7) Apoc., 5, 9, 10. — (1) Ps., 2, 8. — (2) Ps., 86, 4. — (3) Eph., 2, 10, 14, 17. — (4) Gen., 7, 7.
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§ VII. — L'ÉGLISE EST APOSTOLIQUE.
Voici un dernier caractère propre à nous faire distinguer la véritable Eglise, elle vient des Apôtres, dépositaires du grand bienfait de la révélation. Sa doctrine n’est point une chose nouvelle, et qui commence, non, c’est la vérité transmise autrefois par les Apôtres, et répandue par eux dans tout l’univers. Il est donc évident pour tous que le langage impie des hérétiques d’aujourd’hui est absolument contraire à la Foi de la véritable Eglise, puisqu’il est si opposé à la doctrine prêchée par les Apôtres, et depuis eux jusqu’à nous. Voilà pourquoi les Pères du Concile de Nicée, pour faire comprendre à tous quelle était l’Eglise catholique, ajoutèrent au symbole, par une inspiration divine, le mot Apostolique. Et en effet, le Saint Esprit qui gouverne l’Eglise, ne la gouverne que par des ministres apostoliques (c’est-à-dire par les successeurs légitimes des Apôtres). Cet Esprit fut d’abord donné aux Apôtres, mais ensuite, grâce à l’infinie Bonté de Dieu, il demeura toujours dans l’Eglise (1). Et comme elle est la seule qui soit gouvernée par le Saint Esprit, elle est aussi la seule qui soit infaillible dans la Foi et dans la règle des mœurs. Au contraire toutes les autres qui usurpent le nom d’Eglises sont sous la conduite de l’esprit du démon, et tombent nécessairement dans les plus funestes erreurs de doctrine et de morale.
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(1) Saint Aug. cont. Cresc.
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§ VIII. — FIGURES DE L'ÉGLISE DANS
L'ANCIEN TESTAMENT.
Les figures de l’Ancien Testament possèdent une vertu merveilleuse pour toucher le cœur des Fidèles, et pour leur remettre en mémoire les vérités les plus importantes. Aussi les Apôtres n’ont-ils pas manqué de s’en servir dans ce but. Voilà pourquoi à leur tour, les Pasteurs se garderont bien de négliger un moyen d’instruction si utile.
Or, parmi toutes ces figures, la plus expressive est l’Arche de Noé (2). Construite par l’ordre formel de Dieu, elle était par là même une figure de l’Eglise. Sur ce point aucun doute n’est possible. Dieu a établi et fondé son Eglise dans des conditions telles que ceux qui y entreraient par le Baptême seraient préservés de la mort éternelle, tandis que ceux qui demeureraient hors de son sein périraient ensevelis sous leurs crimes ; tel fut le sort de ceux qui n’étaient point dans l’Arche.
Une autre figure encore, c’est cette grande cité de Jérusalem dont les saintes Ecritures emploient souvent le nom pour signifier la sainte Eglise. C’était dans ses murs seulement qu’il était permis d’offrir des sacrifices à Dieu. C’est également dans la Sainte Eglise de Dieu, et nulle part ailleurs, que se trouve le véritable culte, le véritable Sacrifice, le seul qui Lui soit agréable.
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(2) Gen., 6, 14.
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§ IX. — COMMENT LA VÉRITÉ DE L'ÉGLISE EST UN ARTICLE DE FOI.
Enfin, les Pasteurs auront soin d’apprendre aux Fidèles pourquoi c’est un article de Foi de croire à l’Eglise. La raison et le sens sont bien suffisants pour s’assurer qu’il y a sur la terre une Eglise c’est-à-dire une société d’hommes dévoués et consacrés à Jésus Christ. Pour en être convaincu, la Foi ne semble pas nécessaire. Les Juifs et les Turcs eux-mêmes savent que l’Eglise existe. Mais pour les Mystères qu’elle renferme, — ceux dont nous venons de parler, et ceux dont nous parlerons dans le sacrement de l’Ordre — l’esprit a besoin d’être éclairé par la Foi pour les saisir et la raison seule ne saurait l’en convaincre. Ainsi cet article ne surpasse pas moins que les autres la portée naturelle et les forces de notre esprit. Nous avons donc raison de dire que ce n’est point par l’intelligence, mais par les lumières de la Foi que nous connaissons l’origine, les dons et l’excellence de l’Eglise. C’est qu’en effet cette Eglise n’est pas l’œuvre de l’homme. C’est le Dieu immortel qui l’a fondée sur la pierre inébranlable. Le Prophète David nous le dit expressément: (1) Le Très Haut l’a établie Lui même. Aussi est-elle appelée l’héritage de Dieu (2) et le peuple de Dieu (3) . Son pouvoir ne lui vient pas non plus des hommes, mais de Dieu, et de même que la nature est incapable de lui donner ce pouvoir, de même aussi, c’est la Foi et non la nature qui nous fait admettre qu’elle a reçu les clefs du Royaume des cieux (4), la puissance de remettre les péchés (5) d’excommunier les pécheurs (6) , de consacrer le vrai corps de Jésus Christ (7), et enfin que les citoyens qui demeurent dans son sein, n’ont point ici-bas de demeure permanente, mais qu’ils cherchent la cité future où ils doivent habiter un jour ( 8 ).
Nous sommes donc rigoureusement tenus de croire que l’Eglise est Une, Sainte et Catholique.
Mais si, en croyant aux trois personnes de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint Esprit, nous mettons en elles notre Foi et notre confiance, ici au contraire, nous parlons autrement, et nous faisons profession de croire une Eglise Sainte, et non pas en une Eglise sainte. Et par cette manière différente de nous exprimer, nous conservons la distinction nécessaire entre le Créateur et les choses qu’il a créées, et nous attribuons à sa divine bonté tous les dons que l’Eglise possède.
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(1) Psal., 86, 5. — (2) Psal., 2, 8. — (3) Os., 2, 1. — (4) Matth., 16, 19. — (5) Joan., 20, 23. — (6) Matth., 18, 17. — (7) Hebr., 13, 10. — ( 8 ) Hebr., 13, 14.
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§ X. — LA COMMUNION DES SAINTS.
S. Jean l’Evangéliste, écrivant aux Fidèles sur les mystères de la Foi, leur donne la raison pour laquelle il les instruit de ces vérités ; (1) c’est afin, leur dit-il, que vous entriez en société avec nous, et que notre société soit avec le Père et avec Jésus Christ son Fils. Or, cette société est la Communion des Saints, dont il est question dans cet article. Et plût à Dieu que les Pasteurs eussent le même zèle que Paul et les autres Apôtres, pour répandre cet enseignement ! Car ce n’est pas seulement une sorte de développement de l’article précédent, et une doctrine féconde par elle-même en fruits excellents, cet enseignement est aussi pour nous un guide et un maître dans l’usage que nous devons faire des vérités contenues dans le symbole. En effet, nous ne devons les étudier et les sonder, ces vérités, que pour nous rendre dignes d’être admis dans cette grande et heureuse Société des Saints, et pour y persévérer ensuite constamment, remerciant avec joie Dieu le Père, de nous avoir rendus dignes, par la lumière de la Foi, du sort et de l’héritage des Saints (2) .
Il convient donc de bien montrer tout d’abord aux Fidèles que cette partie de l’article est un développement plus complet de ce que nous avons dit précédemment de la Sainte Eglise catholique. Comme cette Eglise est gouvernée par un seul et même Esprit, tous les biens qu’elle a reçus deviennent nécessairement un fonds commun.
Le fruit de tous les Sacrements appartient à tous. Car les Sacrements, et surtout le Baptême qui est comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Eglise, sont autant de liens sacrés qui les unissent tous et les attachent à Jésus-Christ.
Et ce qui prouve que la Communion des Saints n’est rien autre chose que la Communion des Sacrements, ce sont ces paroles des Pères du Concile de Nicée ajoutées au Symbole: Je confesse un seul Baptême (1) . Car tous les autres Sacrements, et l’Eucharistie en particulier, sont inséparables du Sacrement de Baptême. Et même le nom de communion peut s’appliquer à chacun d’eux, car chacun d’eux nous unit à Dieu, et nous rend participants de la Nature divine, par la grâce qu’il nous communique. Mais ce nom convient mieux à l’Eucharistie qu’à tout autre, parce que c’est elle principalement qui consomme cette communion.
Il est encore une autre espèce de communion à considérer dans l’Eglise. La Charité en est le principe. En effet, comme cette vertu ne cherche jamais ses intérêts propres (2) , elle fait tourner au profit de tous les œuvres saintes et pieuses de chacun. Ainsi l’enseigne S. Ambroise, en expliquant ces mots du Psalmiste: (3) Je suis uni de coeur à tous ceux qui vous craignent. « Comme un membre, dit-il, participe à tous les biens du corps, ainsi celui qui est uni à ceux qui craignent Dieu, participe à toutes les bonnes œuvres. » C’est pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans la Prière qu’Il nous a enseignée, nous ordonne de dire notre pain et non pas mon pain, et ainsi du reste, pour nous montrer que nous ne devons pas seulement penser à nous, mais encore au bien et au salut de tous les autres.
Pour marquer cette communauté de biens dans l’Eglise…
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(1) 1 Joan., 1, 3. — (2) Col., 1, 12. — (1) Saint J. Dam. De fid. orth. C, 12. — (2) 1 Cor., 13, 5. — (3) Saint Amb. in Ps., 118. Serm., 8.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ X. — LA COMMUNION DES SAINTS.(suite)
Pour marquer cette communauté de biens dans l’Eglise, nos Saints Livres emploient souvent la comparaison si juste des membres du corps humain. En effet, il y a plusieurs membres dans le corps de l’homme (1), et néanmoins, ils ne font qu’un seul corps. Et ils remplissent tous, non la même fonction, mais la fonction particulière qui leur est propre. Tous non plus n’ont pas la même dignité, et leurs fonctions ne sont ni également utiles, ni également honorables ; cependant aucun d’eux ne se propose son avantage et son utilité particulière, mais l’avantage et l’utilité du corps tout entier. D’autre part, ils sont si étroitement unis et si bien associés entre eux, que si l’un de ces membres éprouve une douleur quelconque, tous les autres l’éprouvent de même par affinité et par sympathie. Si au contraire il est heureux, tous les autres partagent son bonheur (2). Or nous pouvons contempler ce spectacle dans l’Eglise. Elle renferme bien des membres différents et des nations diverses, des Juifs, des Gentils, des hommes libres et des esclaves, des riches et des pauvres. Mais dès qu’ils ont reçu le Baptême, ils ne font tous qu’un seul corps, dont Jésus Christ est le Chef.
De plus, chacun dans l’Eglise a sa fonction déterminée (3). Les uns sont apôtres, les autres sont docteurs, mais tous sont établis pour l’avantage de la Société entière. Les uns ont la charge de commander et d’enseigner, les autres ont le devoir d’obéir et de se soumettre.
Cependant ces biens si précieux et si multiples, ces dons de la divine Largesse vont toujours à ceux qui vivent chrétiennement, gardent la Charité, pratiquent la Justice, et sont agréables à Dieu.
Quant aux membres morts, c’est-à-dire les malheureux esclaves du péché et privés de la grâce de Dieu, ils ne perdent pas, malgré tout, l’avantage de faire encore partie du corps de l’Eglise ; mais comme ils sont morts, ils ne reçoivent point les fruits spirituels qui appartiennent aux Chrétiens vraiment justes et pieux. Néanmoins, par cela seul qu’ils sont toujours membres de l’Eglise, ils se trouvent aidés, pour recouvrer la Grâce qu’ils ont perdue et la Vie spirituelle, par ceux qui vivent de la vie de l’Esprit ; et ils recueillent certains fruits de salut, dont demeurent privés ceux qui sont entièrement retranchés du sein de l’Eglise.
Les biens qui sont ainsi communs à tous, ne sont pas seulement les dons qui nous rendent justes et agréables à Dieu. Ce sont encore les /grâces gratuites, comme la science, le don de prophétie, le don des langues et des miracles, et les autres dons de même nature. Ces privilèges qui sont accordés quelquefois même aux méchants, ne se donnent jamais pour un intérêt personnel, mais pour le bien et l’édification de toute l’Eglise. Ainsi le don des guérisons n’est point accordé pour l’avantage de celui qui en jouit, mais au profit des malades qu’il guérit. Enfin tout ce que le vrai Chrétien possède, il doit le regarder comme un bien qui lui est commun avec tous, et toujours il doit être prêt et empressé à venir au secours de l’indigence et de la misère du prochain. Car (1) si celui qui possède, voit son frère dans le besoin, sans le secourir, c’est une preuve manifeste qu’il n’a pas la Charité de Dieu en lui.
De là il est évident que ceux qui font partie de cette Communion jouissent déjà d’un bonheur appréciable, et peuvent répéter en toute vérité avec le Prophète David: (1) Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur, Dieu des vertus ! Mon âme soupire et tombe comme en défaillance en pensant à la Maison du Seigneur. Heureux, ô mon Dieu, ceux qui habitent dans votre Maison ! (2)
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(1) 1 Cor., 12, 14. — (2) S. Aug. in Ps., 70. Serm., 2. — (3) 1 Cor., 12, 28. Eph., 4, 11. — (1) 1 Joan., 3, 17. — (1) Ps., 83, 2. — (2) Ps., 83, 5.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
Chapitre onzième.
Du dixième article du Symbole.
JE CROIS LA RÉMISSION DES PÉCHÉS.
Il n'est personne qui, en voyant ce dogme de la Rémission des péchés au nombre des articles du Symbole, puisse douter un seul instant qu’il se trouve en face d’un mystère tout divin, et absolument nécessaire au Salut. Nous l’avons démontré précédemment: sans une Foi ferme à tout ce que le Symbole nous propose à croire, il n’y a point de piété possible. Cependant, si cette vérité, qui est déjà bien assez claire par elle-même, avait encore besoin de quelques preuve, il suffirait de rapporter les paroles que prononça notre Seigneur, peu de temps avant son Ascension, lorsqu’il ouvrit l’intelligence de ses Apôtres, pour leur faire comprendre les Ecritures: (2) Il fallait, dit-il, que le Christ souffrît, et qu’Il ressuscitât le troisième jour d’entre les morts, et que la Pénitence et la Rémission des péchés fussent prêchées en son Nom, dans toutes les nations à commencer par Jérusalem.
En méditant ces paroles, les Pasteurs n’auront pas de peine à voir que s’ils sont obligés de transmettre aux Fidèles toutes les Vérités de la Religion, le Seigneur leur fait un devoir strict et rigoureux d’expliquer avec le plus grand soin ce chapitre de la Rémission des péchés.
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(2) Luc, 24, 46.
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Re: Je crois en Dieu: explication du Saint Concile de Trente
§ I. — IL Y A DANS L’ÉGLISE UN POUVOIR
DE REMETTRE LES PÉCHÉS.
Le devoir du Pasteur sera donc d’enseigner ici que non seulement on trouve la Rémission des péchés dans l’Eglise Catholique, selon cette prophétie d’Isaïe: (1) Le peuple qui habitera dans son sein sera purifié de ses péchés, mais encore que l’Eglise elle-même a le pouvoir de remettre les péchés. Et lorsque les prêtres usent légitimement de ce pouvoir, et selon les règles prescrites par Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous devons croire que les péchés sont remis et pardonnés.
Au moment où nous faisons notre première profession de Foi, en recevant le saint Baptême qui nous purifie, le pardon que nous recevons est si plein et si entier, qu’il ne nous reste absolument rien à effacer, soit de la faute originelle, soit des fautes commises par notre volonté propre, ni aucune peine à subir pour les expier. Mais néanmoins la grâce du Baptême ne délivre personne des infirmités de la nature. (2) Au contraire nous avons encore à combattre les mouvements de la concupiscence qui ne cesse de nous porter au mal ; et dans cette lutte, à peine pourrait-on trouver un homme dont la résistance fût assez vigoureuse, et le soin de son salut assez vigilant, pour échapper à toute blessure. Si donc il était nécessaire que l’Eglise eût le pouvoir de remettre les péchés, il fallait aussi que le Baptême ne fût pas pour elle l’unique moyen de se servir de ces clefs du Royaume des cieux qu’elle avait reçues de Jésus Christ ; il fallait qu’elle fût capable de pardonner leurs fautes à tous les vrais pénitents, quand même ils auraient péché jusqu’au dernier moment de leur vie. Nous avons dans nos saints Livres les témoignages les plus positifs en faveur de cette vérité. Ainsi dans Saint Matthieu le Seigneur dit à Pierre: (1) Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. Il dit de même à tous les Apôtres: (2) Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le. ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. Saint Jean, de son côté, nous assure que Jésus-Christ, après avoir soufflé sur les Apôtres, leur dit: (3) Recevez le Saint Esprit: les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez.
Et il ne faut pas s’imaginer que ce pouvoir de pardonner s’applique seulement à certaines espèces de fautes. Non. Il n’en est aucune, si criminelle qu’elle soit, ou qu’on la suppose, que la Sainte Eglise ne puisse remettre. (4) Il n’est personne, si méchant et si coupable qu’il soit, qui ne doive espérer avec assurance son pardon, pourvu que son repentir soit sincère. Ce pouvoir non plus n’est point limité de telle sorte, que l’on puisse en user seulement dans un temps déterminé. Quelle que soit l’heure à laquelle le pécheur veuille revenir au bien, il ne faut pas le rejeter. C’est le précepte formel de Notre-Seigneur (5) Lorsque le prince des Apôtres lui demanda s’il fallait pardonner plus de sept fois, Il lui répondit: non pas sept fois, mais soixante-dix-sept fois sept fois.
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(1) Is., 33, 24. — (2) Conc. trid. Sess., 5. — (1) Matth., 16, 19. — (2) Matth., 18, 18. — (3) Joan., 20, 23. — (4) S. Aub. Lib. 1. de Poenit. — (5) Matth., 18, 21, 22.
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