L’art chrétien et les Catacombes.
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 312-14.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
Tout le monde reconnaîtra dans cette pêche miraculeuse une image prophétique du succès qui devait accompagner les travaux des apôtres, quand ils seraient devenus pêcheurs d'hommes. Il est difficile de ne pas soupçonner quelque ressemblance entre le pain distribué par le Christ à ses disciples, non-seulement dans cette circonstance, mais dans plusieurs autres des apparitions qui suivirent sa résurrection, avec le pain solennellement donné aux apôtres dans la dernière cène : d'autant plus que, racontant une de ces apparitions, celle aux pèlerins d'Emmaüs, l'Évangile dit expressément « qu'ils le reconnurent à la fraction du pain (1). »
Les termes dans lesquels saint Augustin commente le dernier chapitre de saint Jean ne sembleront étranges à aucun de nos lecteurs, quoique plusieurs des pensées exprimées par le grand docteur d'Occident aient chance de leur paraître nouvelles. « Dans le repas, dit-il, que le Seigneur prépara lui-même pour les sept disciples, avec le poisson qu'ils avaient vu cuire sur les charbons, auquel il ajouta ceux qu'ils avaient péchés, et le pain, le poisson grillé n'était autre que le Christ qui souffrit les douleurs de la passion (piscis assus, Christus passus) : il est aussi le pain, ce pain descendu du ciel ; et quant aux poissons pêchés par les apôtres, ils sont l'Église, qui doit être incorporée au Christ par la possession de l'éternel bonheur ; nous, et tous les vrais croyants jusqu'à la fin du monde, nous sommes représentés par les sept disciples (le nombre sept est souvent employé dans l'Écriture pour désigner un ensemble, une universalité), afin que nous puissions comprendre que nous devons partager le même sacrement et être associés à la même béatitude. » « Tel est, conclut saint Augustin, le dîner de Notre-Seigneur avec ses disciples, par lequel saint Jean clôt son Évangile, quoiqu'il ait encore beaucoup d'autres choses à dire du Christ, magna ut existimo et rerum magnarum contemplatione (2). »
Cette histoire forme en effet la vraie conclusion, l'épilogue significatif de toute l'histoire évangélique; elle fait saisir, en quelque sorte, la transition entre la vie mortelle du Christ et son royaume éternel, et le montre, avant de quitter la terre, unissant les âmes chrétiennes entre elles et avec lui-même par le moyen de la nourriture eucharistique, gage et avant-goût de la vie future.
Tel est le commentaire de saint Augustin sur le dernier chapitre de l'Évangile selon saint Jean. Tous les Pères de l'Église primitive en donnent la même interprétation. Ils y voient une représentation mystique du sacrement de l'Eucharistie. Le cardinal Pitra n'a pu découvrir qu'un seul écrivain de l'antiquité, le Pseudo-Athanase, qui explique autrement ce passage. Nous ne pouvons évoquer tous ces témoignages patristiques ; citons seulement un mot de l'anonyme africain, parlant de Notre-Seigneur comme « du grand poisson qui rassasie de sa chair (ex se ipso) ses disciples sur le rivage, et s'offre lui-même comme Poisson au monde entier (1). »
Ce chapitre de l'Évangile de saint Jean n'est pas…
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(1). Luc, XXIV, 35. — (2). In Joann. Ev. tract. 123, sect. 2, tome III, p. 2460, éd. Gaume. — (1). De promiss., II, 39.
Rome Souterraine, p. 312-14.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 314-15.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
Ce chapitre de l'Évangile de saint Jean n'est pas le seul passage de l'Écriture dans lequel les Pères aient reconnu le saint sacrement de l'autel représenté sous l'emblème du poisson. Nous avons déjà cité saint Prosper désignant le Christ comme le poisson « dont les remèdes intérieurs nous éclairent et nous nourrissent, » allusion à l'histoire de Tobie d'une part, aux sacrements de Baptême et d'Eucharistie de l'autre. Saint Augustin, expliquant l'autorité donnée à l'homme par le Créateur sur les poissons de la mer, pense de suite à ces deux sacrements, et parle « de la solennité de ces sacrements par lesquels ceux que la miséricorde de Dieu cherche au milieu des eaux immenses sont premièrement initiés, et cette autre solennité par laquelle est manifesté le poisson qui, tiré des profondeurs de la mer, devient la nourriture des pieux mortels (2). » Ces mots seraient tout à fait inintelligibles si l'on n'admettait qu'à l'écrivain et à ses lecteurs l'idée du poisson comme symbole de l'Eucharistie était familière, faisait partie de leurs habitudes quotidiennes de pensée et de langage.
La popularité de ce symbole est attestée d'une manière très-remarquable par deux anciennes épitaphes, celle de saint Abercius, évêque d'Hiérapolis en Phrygie vers la fin du IIesiècle, et celle d'un certain Pectorius qui fut enterré dans le cimetière de Saint-Pierre d'Estrier, près d'Autun, probablement pendant le cours du IIIesiècle. La première est connue depuis longtemps, mais elle avait été mal ou incomplètement comprise avant que les progrès de l'archéologie chrétienne aient jeté une lumière nouvelle sur le sens de son langage symbolique. La seule portion qui intéresse notre sujet est comprise dans quelques vers de la fin. Abercius vient de raconter ses nombreux et lointains voyages en Syrie et à Rome ; il continue ainsi : —
« La Foi (1) me conduisit, et mit devant moi pour nourriture le Poisson sorti d'une fontaine, très-grand, très-pur, que tint dans ses bras la vierge chaste : elle le donna à ses amis à manger en tout lieu, leur donnant encore un excellent vin mélangé d'eau, et du pain... Que ceux qui comprennent ces choses veuillent bien prier pour moi. »
L'allusion à la « fontaine » sera expliquée plus loin…
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(2). Confess., XIII, 23. — (1). Les premiers chrétiens aimaient à personnifier la foi : « Où sont tes parents? » dit le préfet Rusticus à Hiérax, compagnon de martyre de saint Justin : — « Mon vrai père est le Christ; ma vraie mère est la Foi au Christ. »
Rome Souterraine, p. 314-15.
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Louis- Admin
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Rome Souterraine, p. 315-16.L'allusion à la « fontaine » sera expliquée plus loin, quand nous commenterons les fresques représentant Moïse frappant le rocher, et l'eau jaillissant sous sa baguette; mais tout le reste se comprend si l'on admet que le poisson était à la fois e symbole du Christ et de l'Eucharistie : le pain, le vin et le poisson viennent naturellement ensemble, comme les parties visibles et la partie invisible du même mystère.
La seconde épitaphe, celle d'Autun, n'est connue que depuis 1839 : sa date a été et est encore vivement discutée. Certains critiques la font remonter au IIe siècle, à l'époque des Antonins, d'autres la font descendre jusqu'au milieu du IVe . Les représentants d'une opinion intermédiaire, le cardinal Pitra, le P. Secchi, le P. Garrucci, la placent avec plus de probabilité dans la première moitié du IIIe siècle. Tout le monde admet, du reste, que l'inscription d'Autun peut se diviser en deux parties : l'une, composée de six vers, dont cinq forment l'acrostiche du mot
contemporaine, quant à sa composition, de saint Irénée ou de ses premiers disciples, dont elle reflète les idées et le style; l'autre, constituant proprement l'épitaphe de Pectorius, beaucoup plus irrégulière au point de vue de la langue, et pouvant appartenir à une époque plus basse. La première partie, la seule qui intéresse notre sujet, est ainsi conçue (1) :
Personne ne peut hésiter sur le sens de ce petit poème…
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(1). Nous suivons presque entièrement la restitution proposée par M. Fr. Lenormant, Mélanges d'Archéologie, t. IV, p. 118, et adoptée par M. Edm. Le Blant, Inscript, chrét. de la Gaule, t. I, n° 4. — M. de Rossi résume ainsi les discussions auxquelles l'inscription d'Autun a donné lieu : « La plupart des savants l'ont attribuée au IIe ou au IIIe siècle, à cause du langage secret qui était propre à cette époque : d'autres la jugent du IVe ou même du Ve ou VIe, à cause de sa mauvaise orthographe et de ses fautes de prosodie et de grammaire. A mon avis, l'opinion de ces derniers est fausse, et je trouve exagéré leur jugement sur l'orthographe de l'inscription, qui, selon eux, ne pourrait convenir aux trois premiers siècles. Mais, si l'on admet qu'à l'archaïsme des pensées ne correspond pas un archaïsme égal de l'écriture, je répondrai que le nœud de la difficulté peut être facilement tranché, car le fameux cimetière d'Autun, dont parle Grégoire de Tours, n'était pas souterrain, et l'inscription a été vraisemblablement restituée. » Roma sotterranea, t. 1, p. 97, 98. Cf. Garrucci, Mélanges d'épigraphie, p. 54.
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Louis- Admin
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L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Rome Souterraine, p. 317-19Personne ne peut hésiter sur le sens de ce petit poème, où les chrétiens sont appelés la race divine du Poisson céleste, et où ils sont invités à manger et à boire, tenant le poisson dans leurs mains (on sait que dans l'antiquité le pain eucharistique était déposé sur les deux mains du fidèle (1). Les peintres usèrent évidemment, pour exprimer le même sujet, de symboles analogues à ceux employés par les écrivains et les poètes.
Pour achever de satisfaire sur ce point les lecteurs les plus difficiles, nous ajouterons quelques détails empruntés aux monuments de l'art chrétien; même seuls, sans l'appui des inscriptions et des textes, ils suffiraient à justifier le sens que nous donnons à l'antique et populaire symbole du poisson et du pain. Ainsi, dans presque toutes les représentations du repas où Jésus offre à sept de ses disciples un pain et des poissons, quelques traits choisis à dessein rappellent soit les miracles des pains et des poissons multipliés, soit le changement de l'eau en vin aux noces de Cana, événements qui n'ont aucune liaison historique avec le fait raconté au xxie chapitre de saint Jean, et ne peuvent en être rapprochés que dans une intention et à un point de vue symboliques. Il n'est pas nécessaire de citer longuement les Pères de l'Église pour montrer qu'ils virent dans ces deux derniers miracles les ombres et les figures du mystère eucharistique. Rapprochés l'un de l'autre dans une même peinture, ils contiennent une allusion transparente aux deux espèces qui se trouvent dans le sacrement du corps et du sang de Jésus.
« Si Notre-Seigneur, dit saint Cyrille d'Alexandrie, a pu changer l'eau en vin, qui est une sorte de sang, il n'est pas incroyable qu'il ait changé le vin en son sang dans la dernière cène. » Saint Ambroise, commentant le miracle de la multiplication des pains, dit expressément : « Le rôle que jouèrent les apôtres en cette occasion est une image et une prophétie de la future distribution du corps et du sang de Notre-Seigneur (1). » Ailleurs, citant une homélie du pape Libère, il rapproche les deux miracles, et donne de l'un et de l'autre une interprétation commune (2) . Saint Ephrem, dans une de ses hymnes nouvellement découvertes, rapproche le miracle de la multiplication des pains du miracle invisible de la dernière cène : « Jésus en ce jour, dit-il, prit un autre pain et le rompit, un pain unique cette fois, sacrement de son corps unique né de Marie (3). »
Les artistes chrétiens ne peuvent avoir ignoré cette mystique interprétation des miracles de l'Évangile ; à l'exemple des docteurs, ils unirent dans une même scène des événements qui, en réalité, ne se passèrent ni en un même lieu ni en un même temps. Plusieurs corbeilles de pain, souvenir des sept et douze cophinœ qui furent recueillies après les deux distributions des pains multipliés, sont toujours représentées au premier plan dans les peintures du repas offert par Notre-Seigneur aux sept disciples. Et pour montrer que dans sa pensée ces représentations ont une portée symbolique, un sens caché, quelque chose qui dépasse la lettre, le peintre a toujours soin, comme nous l'avons déjà dit, de s'écarter plus ou moins de l'observation littérale du texte, dessinant, par exemple, huit corbeilles au lieu de sept ou de douze, sept urnes remplies de vin au lieu des lapideæ hydriæ sex de l'évangile des noces de Cana. Il semble, par cette négligence volontaire, dire clairement qu'il veut exprimer une idée, non représenter un fait.
Le rapprochement symbolique des deux miracles…
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(1). Tertullien, ad Uxor., II, 5 ; de Idol.,7; Euseb. , Hist. Eccl. VI,, 43. Voir un article du Dr Northcote, extrait du Month, janvier et février 1871 : Mass as said in the Catacombs, pp. 19, 20, 21. — (1). Comment, in S. Luc. , VI, 9. — (2). De virginibus , III, 1. — (3). Le Hir, Études bibliques, t. II, p. 409.
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Louis- Admin
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Rome Souterraine, p. 319.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Le rapprochement symbolique des deux miracles, et le sens de ce rapprochement, sont clairement indiqués dans un autre monument artistique très-important et très-curieux. Une petite catacombe chrétienne a été découverte en Egypte, près d'Alexandrie, en 1864, par un savant français, M. C. Wescher (1). Dans une chapelle de cette catacombe, au-dessus de l'autel où les saints mystères étaient célébrés, on distingue encore les restes d'une peinture que M. de Rossi attribue à la première moitié du IVe siècle, peut-être même au IIIe (2). Trois…
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(1). Rapport sur les inscriptions grecques de l'Égypte, Moniteur, 17 juillet 1864. — Bullettino di arch. crist., 1864, p. 88; 1865, p. 57-64, 73-77.
Rome Souterraine, p. 319.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Rome Souterraine, p. 320-21.Trois
Dans la fresque de la catacombe alexandrine, nous avons en quelque sorte le témoignage de l'art chrétien, donnant lui-même l'interprétation du symbolisme si souvent reproduit par lui, et plaçant sur la même page, dans la même peinture, la représentation des deux miracles à côté de celle de la communion, le sacrement figuré à côté du sacrement actuellement reçu. L'artiste semble avoir voulu commenter une parole de saint Maxime de Turin, désignant le miracle de la multiplication des pains et des poissons et celui de Cana comme « une sorte d'anticipation sacramentelle du calice du Nouveau Testament. »
Avant les récentes découvertes…
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(1). I Cor., Xy 16. — (2). Matth., XIV, 19; XV, 36; XXVI, 26, 27. Marc, VI, 41; XV, 22. Luc, IX, 16; XXII, 19. Joann., VI, 11.
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Sujets symboliques.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Avant les récentes découvertes, le sens symbolique du pain et du poisson, représentant l'un les espèces eucharistiques, l'autre la divine réalité de l'Eucharistie, avait été deviné et proposé, comme une conjecture probable, par de savants et sagaces archéologues. Aujourd'hui la conjecture est devenue certitude. Les fresques du cimetière de Calliste, celle de la catacombe d'Alexandrie, la célèbre épitaphe d'Autun, où l'hiéroglyphe du poisson est ouvertement appliqué au pain sacramentel, ne permettent plus de douter du sens véritable des antiques symboles que nous voyons réunis ou isolés sur les monuments. Quand l'inscription d'Autun fut découverte, le cardinal Pitra, alors professeur au petit séminaire de cette ville, appela l'attention du monde savant sur les renseignements inappréciables, les clartés décisives qu'en recevait l'histoire du symbolisme chrétien.
Il est aujourd'hui démontré qu'aucune des mystérieuses représentations que nous avons signalées ne fut l'œuvre du caprice ou de la seule imagination, qu'une inspiration commune les reliait entre elles, et les rattachait à une pensée dominante, à une idée mère, le mystère de l'Eucharistie. Absolument inintelligibles aux personnes qui n'étaient pas initiées, elles avaient pour les chrétiens un sens clair et défini, ils les lisaient comme les anciens Égyptiens lisaient leurs caractères hiéroglyphiques, comme nous lisons les lettres de notre alphabet.
Le poisson figurait le Christ, le Christ eucharistique, et, dans certains cas, par une extension naturelle, le chrétien nourri de l'Eucharistie, de même que la colombe figure tantôt l'Esprit-Saint, tantôt l'âme fidèle. Rien n'est plus clair que ce symbolisme. Quand donc nous voyons représentés sur une pierre tombale découverte en 1862 aux environs de Modène deux poissons (pisciculi) tenant chacun dans sa bouche un pain, et entre eux cinq autres pains, nous reconnaissons de suite que les survivants de Suntrophion
(c'est le nom gravé sur la pierre) ont voulu figurer sur la tombe de leur ami l'image symbolique de l'Eucharistie, sa force pendant la vie, gage pour lui après la mort de la résurrection bienheureuse (1) . Nous interprétons avec la même facilité une fresque assez singulière que l'on trouve deux fois peinte dans un des plus anciens cubicula de la crypte de Lucine (Ier ou IIe siècle). Le lecteur en peut voir une reproduction très-exacte à la planche VIII, n° 1. Ici il ne s'agit plus du pisciculus, mais du divin
Sur la muraille qui fait face à la porte….
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(1). Joan.,VI, 55.
Planche VIII, nº 1.
Rome Souterraine, p. 321-22._________________
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Louis- Admin
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LIVRE IV
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Sur la muraille qui fait face à la porte, sur le stuc blanc bordé de larges bandes rouges qui couvre l'espace intermédiaire entre le loculus supérieur et le loculus inférieur, est peint, à droite et à gauche, tourné vers un sujet central aujourd'hui disparu, un poisson vivant qui fend l'eau et porte sur son dos un panier rempli de pains (panis verus et aquæ vivæ piscis (2). Ces pains sont gris, couleur de cendre, et ont la forme des offrandes que les Orientaux, et spécialement les Juifs, présentaient aux prêtres en certaines saisons de l'année : les Romains désignaient les pains de cette forme par le nom barbare de mamphula. Les pains occupent le dessus du panier; au milieu, une ouverture laisse voir quelque chose de rouge, qui semble un baril de verre contenant du vin.
A la vue de cette image, M. de Rossi s'est souvenu d'un texte de saint Jérôme, qui en semble l'explication naturelle. Parlant d'Exupère, évêque de Toulouse, qui dépensa tous ses biens pour secourir les pauvres : « Personne n'est si riche, dit le saint docteur, que celui qui porte le corps du Christ dans une corbeille d'osier, et son sang dans un vase de verre (1). » Le panier que nous avons sous les yeux est précisément d'osier. Les Juifs et les païens se servaient de semblables corbeilles dans les sacrifices, et les premiers chrétiens y déposaient le pain consacré quand ils n'avaient pour le recevoir ni or ni argent. Le sens de la fresque, au premier abord un peu étrange, s'explique ainsi de lui-même : c'est le plus simple et le plus ancien monument sur lequel se voient unis le poisson et le pain, et probablement une des plus anciennes images de l'Eucharistie.
Nous ne pouvons passer sous silence un très-curieux monument funéraire…
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(2). S. Paul. Nol., Ep. XIII. — Un des plus curieux exemples de la réunion de ces deux symboles, le poisson et le pain, est donné par une lampe de bronze du IVe siècle, trouvée en 1869 dans les fouilles de Porto. Ce gracieux ustensile représente le vaisseau de l'Église : la poupe est formée par la tète du serpent tentateur, tenant entre ses dents la pomme, cause de la chute originelle. Sur cette tête est plan-tée, en signe de victoire, la croix, au-dessus de laquelle se tient la colombe, image de l'Esprit-Saint qui guide le vaisseau de l'Eglise. Enfin, vers la proue, est un dauphin, image, comme le poisson, de l' céleste (on le trouve avec cette signification dans un grand nombre de monuments chrétiens). Ce dauphin tient dans sa bouche un pain, sans doute le pain eucharistique; antithèse sublime : d'un côté le serpent, avec le fruit tentateur, de l'autre le poisson, avec la nourriture réparatrice. — Bullettino di arch. crist., 1868, pp. 77-79, et tav., n° 1; 1869, p. 16; 1870, p. 172 et seq., lettre de Mgr Baillès, ancien évêque de Luçon. — (1). Ep. 125, ad Rusticum.
Rome Souterraine, p. 322-23.
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 324-25.
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L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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Nous ne pouvons passer sous silence un très-curieux monument funéraire, encore imparfaitement expliqué, sur lequel le pain eucharistique est mis dans la bouche d'un animal figurant le chrétien, absolument comme sur l'épitaphe de SYNTROPHION.
M. de Rossi a vu, en 1873, dans l'arénaire qui s'étend entre les cimetières des Jordani et de Thrason, une inscription qu'il attribue à la deuxième moitié du IIIesiècle; sur la pierre sont gravées, d'un côté, une vigne, de l'autre une colombe, au-dessous de laquelle se tient un quadrupède dont le dessin, fort incorrect, semble représenter un cheval. Il tient entre ses deux pattes de devant et porte à sa bouche un pain rond marqué d'une croix équilatérale très-nettement dessinée : il est impossible de n'y pas reconnaître le pain eucharistique, tel qu'il paraît dans la bouche des deux pisciculi, sur le marbre de Modène. Le nom du défunt est AGATOPVS
bon pied) ,et peut-être l'étymologie de ce mot a-t-elle, par un jeu d'esprit qu'aimaient les anciens, et dont les catacombes offrent plus d'un exemple, poussé (1) à lui donner pour image un cheval. Le cheval est quelquefois représenté sur les marbres chrétiens (2), sans doute en souvenir des paroles de saint Paul dépeignant la vie comme une course, un stade, et la récompense comme la couronne donnée à celui qui a vaincu (3). Un petit nombre d'épitaphes précisent le sens, en montrant (le cheval courant vers une palme ou une meta dessinée devant lui. L'ensemble de la composition grossièrement dessinée sur la pierre tombale de l'arénaire semble représenter l'homme qui, pendant sa course, s'est nourri du pain eucharistique, et dont, quand sa course est achevée, l'âme, symbolisée par la colombe, s'envole vers le ciel (4), peut-être figuré par la vigne (5).
Le pain, soit porté par , soit mangé par le chrétien, n'est pas le seul symbole de l'Eucharistie : on peut reconnaître ce sacrement dans un autre symbole peint à gauche de la porte, dans le cubiculum de la crypte de Lucine où est la fresque du poisson portant la corbeille. Un vase…
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(1). Voir Martigny, Dict. des ant. chrét. ,, vº Noms. — M. de Rossi publie l'épitaphe, trouvée dans le cimetière de Calliste, d'un nommé LEO, dont la pierre sépulcrale porte gravé un lion. Roma sotterranea, t. II, tav. XLV, 73. — (2). Bullett. di arch. crist. 1867, p. 83. — On a récemment découvert en Sardaigne une curieuse inscription, sous laquelle est dessiné un cheval courant vers le monogramme , comme pour indiquer que le Christ est le but de la course du chrétien, et sa récompense quand elle est terminée. — (3). I Cor., ix, 24; II Tim., iv, 7. — (4). Bullett, di arch. crist. , 1873, p. 65-70, et tav. VI, 2. — (5). Voir p. 346.
Rome Souterraine, p. 324-25.
Dernière édition par Louis le Mar 19 Mai 2015, 11:54 am, édité 1 fois (Raison : Mettre le lien de la page 346.)
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 325.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
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CHAPITRE II.
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Le pain, soit porté par , soit mangé par le chrétien, n'est pas le seul symbole de l'Eucharistie : on peut reconnaître ce sacrement dans un autre symbole peint à gauche de la porte, dans le cubiculum de la crypte de Lucine où est la fresque du poisson portant la corbeille. Un vase
contenant du lait est posé sur une sorte d'autel rustique, entre deux brebis (1). Le même vase…
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(1). Pour se rendre compte, d'après le plan, de la situation de ces peintures, descendre par l'escalier D g I, suivre la galerie teintée en rose (2e étage), et s'arrêter devant la double chambre qui se présente la première à gauche. Le premier des deux cubicula contient quelques peintures en partie ruinées : deux seulement sont encore reconnaissables, le baptême de Notre-Seigneur, fig. 15, p. 297, et les deux colombes dans un jardin, fig. 19, p. 300, Dans le cubiculum où l'on pénètre par celui-ci, se voient, vis-à-vis de la porte, le poisson portant la corbeille de pain et de vin, planche VIII; à gauche de la porte, en entrant, le vase de lait, fig. 24 (ci-haut), et, à droite, des colombes, semblables à celles du cubiculum précédent. Le plafond est celui représenté planche II. Ce cubiculum duplex, et l'escalier D g I qui y conduit, sont la partie la plus ancienne, le noyau de la crypte de Lucine, attribués par M. de Rossi au Ier ou au IIe siècle.
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Planche VIII
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Planche II
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Rome Souterraine, p. 325.
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LIVRE IV
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Sujets symboliques.
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Rome Souterraine, p. 326-27.Le même vase se retrouve dans une chambre voisine (1) porté dans la main droite du Bon Pasteur. Sur d'autres peintures, le Bon Pasteur tient également le vase de lait. Dans ces derniers cas, le vase de lait paraîtra peut-être un accessoire, un simple ornement emprunté à la vie pastorale. Placé sur un autel entre deux brebis, il est certainement quelque chose de plus, et devient un symbole. On le retrouve, avec le même sens symbolique, dans une très-ancienne peinture du cimetière de Domitille, représentant l'agneau (fig. 26).
Ce n'est plus l'agneau membre du troupeau du Christ, c'est l'agneau divin, l'Agnus Dei (2), l'agneau pasteur, contre lequel est appuyée la houlette, d'où pend la mulctra ou vase de lait. Dans une fresque plus récente du cimetière des saints Pierre et Marcellin, le vase est posé sur le dos de l'agneau, et entouré d'un nimbe (fig. 25). Si l'on se rappelle que, dans l'antiquité chrétienne, le vase de lait fut pris quelquefois comme symbole de l'Eucharistie (1) , si l'on se souvient de saint Ambroise appliquant à ce sacrement le mot du Cantique des cantiques : « J'ai bu mon vin avec mon lait (2), » si l'on n'a pas oublié saint Zénon de Vérone disant aux néophytes : « L'agneau a infusé avec amour son doux lait dans vos lèvres entr'ouvertes et vagissantes, » on reconnaîtra facilement dans ces images une allusion eucharistique, et l'on donnera à la représentation de l'agneau portant le vase de lait, dans la crypte de Domitille, une valeur analogue à celle du poisson portant la corbeille de pain et de vin, dans la crypte de Lucine.
Les actes du martyre de sainte Perpétue…
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(1). Voir fig. 31, p. 348. Pour trouver la place de cette peinture, descendre par l'escalier D h 1, suivre tout droit l'ambulacre teinté en rose, jusqu'au dernier cubiculum, qui sort des limites de l'area. Le Bon Pasteur occupe dans cette chambre le centre de la voûte. — Quelquefois le Bon Pasteur est debout entre deux vases de lait, comme dans une peinture de la catacombe de Sainte-Agnès reproduite par Perret, t. II, pl. XXII. — (2). Joann., I, 29. — (1). Buonarotti, Vetri, 33; Garrucci, Vetri, 62, 63, 2e édit. — (2). De Sacr. V, 3.
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Rome Souterraine, p. 327-29.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
Les actes du martyre de sainte Perpétue (3), document incontestable du commencement du IIIe siècle, décrivent plusieurs visions qui vinrent consoler et fortifier la sainte dans sa prison. L'une d'elles est racontée ainsi par la martyre elle-même :« Je montai, et je vis un jardin d'une étendue immense. Un homme de haute taille et aux cheveux blancs était assis au milieu ; il portait un habit de pasteur, et tirait le lait de ses brebis ; il était environné de plusieurs milliers de personnes vêtues de blanc. Il leva la tête, me regarda, et me dit : « Vous êtes la bienvenue, ma fille, » puis il m'appela, prit un peu de lait caillé, et me le donna. Je le reçus en joignant les mains, et le mangeai : et tous ceux qui étaient là répondirent : « Amen. » Je m'éveillai à ce bruit, ayant dans la bouche quelque chose de doux. »
Il est impossible de ne pas voir dans ce récit une allusion à la communion. Le mot « amen » était celui que prononçaient les premiers chrétiens après la réception du corps et du sang du Seigneur (1) : et ils approchaient de l'autel en joignant l'une sur l'autre leurs deux mains, sur lesquelles on déposait ordinairement le pain consacré. Nous avons vu une allusion à cet usage dans l'inscription d'Autun (2).
D'autres actes racontent des visions analogues à celle-ci. Rappelons ici l'antique coutume de faire manger aux enfants, après le baptême, un peu de lait et de miel, sans doute en image des dons divins auxquels le baptême leur donnait le droit de participer : pratique citée par Tertullien et saint Jérôme, et dont la tradition s'est conservée au moins pour le baptême administré le samedi saint, jusqu'au IXe ou Xe siècle (3).
Saint Augustin, dans un de ses sermons (4), parle de la table du Seigneur se faisant lait pour pouvoir se communiquer aux hommes. « Notre-Seigneur Jésus-Christ, dit-il, a voulu que le salut vînt de son corps et de son sang. Mais par quel moyen nous a-t-il donné son corps et son sang? Par le moyen de son humilité... Comment un mortel pourrait-il approcher de cette nourriture? Comment pourrait-il acquérir un cœur digne de la recevoir ? Il fallait qu'elle devînt lait — mensa illa lactesceret — et pût ainsi parvenir aux petits. » Et, trouvant dans son cœur une image admirable, le grand docteur ajoute : « Mais comment la viande peut-elle se changer en lait? Comment peut-elle se changer en lait, à moins de passer d'abord par la chair ? Dans la mère cela a lieu ainsi. Ce que la mère mange devient la nourriture de l'enfant; mais comme il ne peut encore manger lui-même le pain, la mère change le pain en sa chair — ipsum partent mater incarnat — et ainsi nourrit l'enfant du même pain qu'elle-même par l'humilité de son sein et le jus du lait. Comment donc la sagesse de Dieu nous a-t-elle nourris de pain ? parce que le Verbe s'est fait chair, et est demeuré en nous. Contemplez donc son humilité, car l'homme a mangé le pain des anges. »
Après avoir lu ces belles similitudes…
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(3). Passio SS. martyrum Perpetuæ et Felicitatis, ap. Acta SS. martii, III, p. 633 et sq.
Rome Souterraine, p. 327-29.
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Rome Souterraine, p. 329-30.Après avoir lu ces belles similitudes, dans lesquelles se complaît et se répand, avec son abondance ordinaire, le haut et tendre génie de saint Augustin, on comprend mieux encore quelle signification mystique les premiers chrétiens ont attachée au lait, cette humble et douce nourriture, et l'on se rend compte de la place donnée par eux, soit sur l'autel, soit sur le dos de l'agneau divin, soit dans la main du Bon Pasteur, au vase destiné à le contenir. Cependant, bien que relatif aux mêmes mystères, ce symbole paraît avoir été moins universellement accepté et compris que celui du pain et du poisson. Quelques textes seulement y font allusion, tandis que toute la littérature chrétienne primitive est pour ainsi dire fondée sur le poisson symbolique.
On trouve souvent le vase gravé sur les pierres tombales des catacombes. Ce n'est plus alors le vase de lait, symbole de l'Eucharistie, mais un emblème d'une autre nature, qui se rapporte au chrétien. Nous retrouvons ici cette dualité des symboles déjà signalée, la colombe représentant tantôt l'Esprit-Saint, tantôt l'âme fidèle, le poisson image du Christ et quelquefois du chrétien, l'agneau symbolisant tour à tour le membre du troupeau et le pasteur. Le symbole du vase gravé sur une tombe et appliqué au chrétien sera facilement expliqué. Saint Paul emploie la comparaison du potier, donnant à l'argile qu'il tourne en vase la forme et la destination qu'il veut, pour marquer l'absolue dépendance de la créature vis-à-vis du Créateur (1). « Que chacun de vous, écrit le même apôtre aux Thessaloniciens, sache posséder son vase avec honneur et sainteté (2). »
Le vase représente donc, en règle générale, l'homme, œuvre de Dieu, et plus particulièrement son corps, enveloppe fragile de l'âme. C'est ainsi que l'ont compris les interprètes les plus autorisés de la tradition chrétienne.« Nous sommes des outres, des vases de terre (1), » s'écrie Tertullien.
« Pose ce vase caduc, fait de terre, qui va se briser et se dissoudre, et vole libre vers le ciel (2) , » dit admirablement Prudence.
« Le corps, selon Lactance, est comme le vase qui sert de domicile temporaire à l'esprit céleste (3). »
L'antiquité païenne a souvent exprimé la même idée. « Le corps, dit Cicéron, n'est qu'un vase, un réceptacle de l'âme (4). »
« Le corps, dit Lucrèce, est pour ainsi dire le vase de l'âme (5). »
Au IIe siècle, cette pensée est fréquemment reproduite. « Dieu, dit Marc-Aurèle, voit les âmes nues, sans s'arrêter aux vases matériels. » Une épitaphe du IIe siècle, restituée et commentée récemment par M. Miller (6),
Quand donc les premiers chrétiens gravent sur leurs pierres sépulcrales l'image du vase…
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(1). Ad Rom., IX , 20, 21, 22, 23. — (2). I ad Thess., IV, 4.
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Rome Souterraine, p. 330-2.Quand donc les premiers chrétiens gravent sur leurs pierres sépulcrales l'image du vase, quelquefois plaçant près de lui la colombe, comme pour indiquer l'âme qui s'est dégagée du corps, ils se trouvent d'accord non-seulement avec les livres inspirés et leurs plus anciens commentateurs, mais encore avec la tradition des portions les plus éclairées de l'antiquité profane.
Le vase symbolique est représenté sur les tombes chrétiennes sous diverses formes. C'est tantôt le tonneau de terre cuite, dolium fictile, tantôt l'outre ronde par le bas et garnie d'anses, tantôt l'amphore allongée, tantôt un vase ansé, au col plus ou moins étroit, au pied arrondi et aux flancs renflés, quelquefois ornés de rinceaux, tantôt une sorte de tasse. Le vase des marbres funéraires est quelquefois plus qu'une simple représentation de l'homme en général ou de son enveloppe mortelle. Il est aussi l'emblème de l'âme sainte devenue, selon le mot du Seigneur à Ananie, « un vase d'élection chargé de porter son nom devant les hommes (1). » Telle paraît être sa signification dans une lampe du musée Kircher où est représentée une femme sur la poitrine de laquelle est inscrit le monogramme et dont le buste sort d'un vase ansé (2). Ce sens apparaît plus clairement encore dans une inscription du cloître de Saint-Laurent :
Sur un marbre funéraire du cimetière de Calliste le vase fait sa partie dans un curieux ensemble de symboles. Deux vases, ayant la forme de ces utres dont parle Tertullien, sont posés dans un navire (4) . Le navire est un emblème mystique fréquent dans les catacombes, où il représente soit l'Église, porté quelquefois, en cette qualité, sur le dos de soit l'homme, dont la vie est une navigation vers le port céleste. Ici le navire semble à l'ancre, ou au moins attaché à un poteau : son mât est surmonté d'un trident en forme de croix, et sur l'un des cordages se tient une colombe, portant en son bec une sorte de palme. Peut-être est-ce l'image de l'Église qui vogue, emportant les fidèles vers le port, sous l'étendard de la croix et la direction de l'Esprit-Saint. On voit le navire gravé cinq fois sur les épitaphes du cimetière de Calliste, quatre fois dans la première area, une fois dans la deuxième, pas une seule dans la troisième, qui remonte aux dernières années du IIIe siècle ou aux premières du IVe. Le symbolisme archaïque qui accompagne et complète le laconisme des inscriptions primitives va ainsi décroissant à mesure que se développe et s'enrichit le formulaire de l'épigraphie chrétienne.
Un des points les plus délicats…
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
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Un des points les plus délicats dans la chronologie des symboles chrétiens primitifs est la détermination de l'époque où soit la croix, soit le monogramme du Christ, furent représentés sur les tombeaux des catacombes.
Rien, dans les catacombes, n'est plus rare que la représentation de la croix. Elle n'y apparaît qu'à la dérobée, dissimulée sous quelque autre symbole. L'ancre coupée par une barre transversale (fig. 14, p. 296) en est un exemple. Le trident, souvent représenté près du poisson, est encore une secrète image de la croix. Quelquefois le poisson est représenté attaché au trident, comme dans une fresque du cimetière de Calliste (1) : pour un œil initié, c'était presque l'équivalent de notre crucifix.
Les sujets les plus vulgaires en apparence fournissaient aux chrétiens des occasions détournées de dessiner la croix. Ils la voyaient dans les mâts des navires, et disaient avec Minucius Felix : « Les navires nous offrent l'image de la croix, quand ils voguent les voiles gonflées et glissent les vergues tendues (2) ; » une peinture du cimetière de Calliste, relative à l'histoire de Jonas, représente un petit mât en forme de croix érigé à la poupe du navire d'où se jette le prophète (3). Minucius Felix nous apprend encore que « le timon d'une voiture, dressé en haut, était une image de la croix (4). »
On connaît des pierres chrétiennes sur lesquelles est gravé, sans doute en souvenir de…
Rome Souterraine, p. 332.
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CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
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Rome Souterraine, p. 333.On connaît des pierres chrétiennes sur lesquelles est gravé, sans doute en souvenir de la profession du mort, une voiture dont le joug, relevé et coupé par une barre transversale, présente une forme très-accusée de la croix (1). M. de Rossi publie un marbre funéraire sur lequel est dessiné un marteau qui affecte également la forme d'une croix ; et il y voit non-seulement une allusion à la profession du mort, qui sans doute était sculpteur, mais encore une image déguisée du signe sacré (2). Les premiers chrétiens cherchaient à le retrouver partout : c'est sur la croix que se portait leur pensée « quand ils voyaient les oiseaux s'élever droit dans le ciel, étendant, dit Tertullien, la croix de leurs ailes, et murmurant quelque chose qui semble une prière (3) : « et peut-être cette gracieuse image révèle-t-elle le sens caché de ces nombreux oiseaux qui ne sont pas des colombes, qu'aucun signe particulier ne distingue, et que l'on voit voltiger, les ailes déployées, dans les plafonds des cubicula (4). Les premiers chrétiens reconnaissaient surtout une croix vivante dans « l'homme priant debout, les mains étendues (5), » si souvent représenté sur les murailles et les pierres sépulcrales des catacombes. La croix était donc, on peut le dire, la préoccupation constante des membres de la primitive Église. Selon le mot de Tertullien, ils avaient « la religion de la croix, » crucis religiosi (6) : ils la reconnaissaient pour le
Pour eux, la croix était quelque chose de plus encore, s'il est possible : à certains moments elle s'animait, elle prenait à leurs yeux une face personnelle et vivante : c'était quand il fallait dire ce mot héroïque de Minucius Felix : « Le temps n'est plus d'adorer les croix, mais de les porter, « jam non adorandæ, sed subeundæ cruces (1).
Mais, si la fréquence des persécutions inspirait aux premiers chrétiens…
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(1). Octav , 12.
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Sujets symboliques.
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Mais, si la fréquence des persécutions inspirait aux premiers chrétiens cet amour intrépide et passionné de la croix, elle entretenait entre eux, en même temps, une réserve, une prudence qui les empêchait d'exposer librement aux regards ce signe de leur foi. Ils savaient que les païens le connaissaient et se plaisaient à le tourner en ridicule. La célèbre caricature du crucifix tracée à la pointe sur une muraille du palais des Césars en est une preuve saisissante.
Elle représente un personnage à tête d'âne (on accusait les chrétiens d'adorer une tête d'âne [2]) attaché à une croix ; à sa gauche un homme se tient debout et semble l'adorer à la manière antique, c'est-à-dire en portant la main à la bouche (3). Au-dessous est écrit en caractères irréguliers :« Alexamène adore son Dieu. »
Ce graffite, découvert en 1856, et conservé au musée Kircher, a été publié par le P. Garrucci (1) et reproduit dans le Dictionnaire des antiquités chrétiennes , auquel nous rempruntons. C'est un témoin des railleries dont les chrétiens étaient l'objet dans « la maison de César. » La chambre où il a été découvert fut probablement le pædagogium, ou appartement des pages : elle paraît appartenir à la fin du IIe siècle ou au commencement du IIIe. Spartien raconte que Caracalla, enfant, vit battre un de ses jeunes compagnons parce qu'il était chrétien (2).
L'Alexamène dont le nom se lit au pied du crucifix était peut-être un jeune page chrétien, fidèle adorateur de la croix et gardien trop peu discret du culte que la primitive Église n'osait lui rendre publiquement. Il est probable qu'il n'était pas le seul chrétien qui demeurât dans cette partie du palais, car on lit deux fois dans la même chambre le nom d'un Libanius, auquel est ajouté, sans doute par raillerie, le titre d'episcopus (1). Le nom d'Alexamène, suivi d'une désignation clairement chrétienne, se retrouve écrit dans une autre chambre du Palatin : Alexamenos fidelis (2).
Ces murailles furent sans doute les témoins de bien des souffrances cachées, de bien des traits d'un obscur héroïsme : un chapitre inconnu, un épisode peut-être bien éloquent de l'histoire des persécutions, est raconté par ce graffite.
Ce seul exemple suffit à faire comprendre…
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(1). Bullett. di arch. crist., 1863, p. 72; 1867, p. 75. — (2). Revue archéologique , avril 1870, p. 275.
Rome Souterraine, p. 334-36.
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Rome Souterraine, p. 336-37.
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Ce seul exemple suffit à faire comprendre pour quel motif les premiers chrétiens s'abstinrent de représenter la croix sur leurs monuments. Il est presque sans exemple qu'elle apparaisse sans déguisement sur un monument antérieur à Constantin. M. de Rossi ne peut citer qu'une exception à cette règle : c'est une épitaphe du IIe ou IIIe siècle, trouvée à l'étage inférieur de la crypte de Lucine (3) et où,
On peut encore citer, comme exemples de croix, les pains représentant l'Eucharistie, et en particulier celui gravé sur une « curieuse pierre tombale que nous avons décrite plus haut (4) : l'usage des anciens était de dessiner sur les pains plusieurs lignes, qui souvent se coupaient en croix : les chrétiens, en reproduisant de tels dessins sur leurs pains eucharistiques, se plaisaient à voir la croix dans cette combinaison de lignes, mais, en réalité, la déguisaient, ici encore, sous l'apparence d'un objet usuel. La croix grecque ou latine ne fut ouvertement représentée sur les monuments chrétiens qu'à partir du Ve siècle ; à cette époque appartient la croix latine entre deux brebis, peinte dans le luminaire de la crypte de sainte Cécile (fig. 13, p. 233).
Une des formes cachées de la croix, reproduite sur quelques monuments du christianisme primitif, était le tau grec, T (fig. 28). Cette lettre offrait la forme véritable du gibet, de la potence à laquelle on crucifiait les condamnés. « Le tau des Grecs, dit Tertullien, le T des Latins, sont une figure de la croix (1) . » Le tau, en grec, représente le nombre 300 : ce nombre, du temps de Clément d'Alexandrie, était devenu, aux yeux des interprètes mystiques de l'Écriture, « le type et le symbole du signe du Seigneur (2), « c'est- à-dire de la croix.
Le T paraissait même probablement représenter trop fidèlement et, si l'on peut ainsi dire, trop crûment la croix : car on le trouve gravé, comme symbole isolé, sur deux épitaphes seulement du cimetière de Calliste (4).
En revanche…
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(3). Roma sotterranea, t. II, tav. XVIII. — (4). Page 324. Cf. Bull, di arch. crist., 1873, p. 69.
Rome Souterraine, p. 336-37.
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(SUITE)
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Rome Souterraine, p. 337-38.En revanche, il apparaît souvent dans les monogrammes ou les combinaisons de lettres plus ou moins compliquées qui servent à écrire sur les marbres le nom des défunts : là il joue un rôle prépondérant, il est mis en évidence, probablement pour faire dominer l'image de la croix: voir, comme, exemple, le monogramme de TYRANNIO, dans la figure 41.
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Mais, avant Constantin, le , s’il fut employé, le fut probablement comme abréviation d'un mot, comme signe d'écriture, non comme symbole proprement dit : par exemple dans la formule VIVAS IN , ou quelque autre analogue. Comparez, dans la figure 21 (p. 310), la formule DEO SANCTO VNI : pour des raisons théologiques qu'il serait trop long d'exposer ici, M. de Rossi juge que cette épitaphe pourrait être du IIIe siècle (1). Le monogramme y joue le rôle d'un mot dans une phrase. A partir de Constantin, il commence à apparaître seul. « Constantin ordonna, dit Lactance, que l'on gravât sur les boucliers le signe du Christ, représenté par un X traversé verticalement par une barre recourbée au sommet (2). »
A partir du milieu du IVe siècle, le monogramme est presque toujours accosté, à droite et à gauche, des lettres A, Ω (3). Au Ve siècle, il prend la forme cruciforme (4), rappelant un type qui se retrouve sur d'anciennes inscriptions grecques et sur quelques médailles d'Hérode le Grand. Quelquefois le monogramme est entouré d'un cercle. M. de Rossi publie une pierre tombale de date incertaine, découverte dans le cimetière de Calliste, et sur laquelle le monogramme forme le centre de toute une réunion de symboles. Le est inscrit dans un cercle : la queue du Rho, prolongée, forme, dans sa partie inférieure, un T renversé. Le monogramme est accosté de l'A et l' Ω, et, en dehors du cercle, sont gravés d'un côté le X, image de la croix, de l'autre la palme, insigne de la victoire du Christ (1).
La valeur symbolique du cercle…
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(1). Bullett. di orch. crist., 1866, p. 86, 87. — (2). De mort, persec., 44. — (3). Bullett. di orch. crist., 1873, p. 60.— (4). Ibid. — Cf. Revue archéologique, septembre 1873, p, 191. — (1). Roma sotterranea, t. II, p. 322, et tav. XLIX, 29.
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La valeur symbolique du cercle dans lequel est inscrit le monogramme est indiquée par les vers suivants, gravés au-dessous du monogramme ainsi entouré, sur un marbre de Milan :
Une forme à première vue assez étrange de la croix, , apparaît, à une certaine époque, soit sur les pierres tombales, soit dans les fresques des catacombes. Souvent elle est placée comme ornement dans les vêtements et les draperies des personnages. Elle est formée de la combinaison de quatre Γ réunis : d'où le nom de croix gammée que lui donnent les archéologues.
Nous n'attacherions pas à ce signe, peu fréquent et peu ancien dans les catacombes, une grande importance, si un savant contemporain, qui a hérité d'un nom illustre, n'en avait fait un des appuis d'une très-singulière théorie. M. Emile Burnouf, directeur de l'École d'Athènes, a réimprimé, en 1872, sous ce titre : La Science des Religions, une série d'articles qui avaient paru, en 1868, sous le même titre, dans la Revue des Deux Mondes.
« Les archéologues chrétiens, dit-il à propos de la croix gammée, pensent que c'est la forme la plus ancienne du signe de la croix : nous le croyons aussi, car ce signe est précisément celui que l'on trace sur le front des jeunes bouddhistes, et qui était usité chez les brahmanes de toute antiquité : il porte le nom de svastika, c'est-à-dire signe de salut... Quand Jésus eut été mis à mort par les Juifs, ce vieux symbole aryen lui fut aisément appliqué, et le svastika, par des transformations successives, devint la croix hastée des modernes chrétiens (3). »
Ces lignes, si nous ne nous trompons…
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(2). Allegranza, Mon. antichi di Milano, p. 19. — (3). La Science des Religions , p. 256, 277. Paris, 1872.
Rome Souterraine, p. 340.
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(SUITE)
Rome Souterraine, p. 341-2.Ces lignes, si nous ne nous trompons, n'ont point paru dans la Revue des Deux Mondes: elles font partie d'un « chapitre d'archéologie chrétienne » ajouté par l'auteur lorsqu'il donna son travail au public sous la forme de livre. Lorsque le travail de M. Burnouf vit le jour dans un recueil périodique, l'auteur, faisant probablement allusion à la croix gammée, s'était borné à dire : « Plusieurs de ces symboles (de l'Orient indo-perse) se rencontrent à Rome dans les catacombes les premières en date... Ces figures étrangères à la vieille Egypte, à la Grèce, à la Judée, se retrouvent dans les livres des Indiens et des Perses, avec le même sens métaphysique (1). » La pensée de M. Burnouf, faisant de l'archéologie l'appui d'une thèse, est, en définitive, celle-ci : montrer que le christianisme, dans ses dogmes et dans ses rites, n'est qu'une reproduction de la religion primitive des Aryas de l'Inde, et que toutes les conceptions de ceux-ci se retrouvent au fond des idées et des symboles chrétiens.
Il ne nous appartient pas de discuter ici une pareille affirmation, dénuée de tout fondement historique : mais nous suivrons volontiers l'auteur sur le terrain de l'archéologie. En ce qui concerne la croix gammée, ses assertions peuvent se résumer ainsi : 1° c'est la forme la plus ancienne du signe de la croix; 2º elle se rencontre à Rome dans les catacombes les premières en date; 3º ce symbole, étranger à l'Égypte, à la Grèce et à la Judée, a été emprunté par les premiers chrétiens aux livres des Indiens et des Perses. Aucune de ces propositions n'est exacte.
Lorsque M. Burnouf affirme que la croix gammée est jugée par les archéologues chrétiens la forme la plus ancienne du signe de la croix, il oublie qu'aucun archéologue moderne n'a émis une pareille opinion, qui est contraire aux résultats les plus certains des fouilles faites depuis trente ans dans les catacombes. Dans le deuxième volume de Roma sotterranea, publié en 1867, c'est-à-dire un an avant les articles de M. Burnouf, M. de Rossi déclare (2) que la croix gammée ne se trouve, à sa connaissance, sur aucune pierre tombale portant gravés les symboles les plus anciens, l'ancre, par exemple : il ne l'a pas rencontrée dans le cimetière de Calliste avant la dernière moitié du IIIe siècle, et il lui parait évident que ce n'est pas là une des formes originaires de la représentation de la croix, mais plutôt une de ces combinaisons de lignes que les chrétiens, dans leur désir de représenter, en le dissimulant, le signe sacré, empruntaient volontiers à des sources étrangères.
M. de Rossi, en 1868…
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(1). Revue des Deux Mondes, 15 août 1868, p. 874. — (2). Roma sotterranea, t. II, p. 318.
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 342-3.
A suivre : Chapitre III. Sujets allégoriques.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Sujets symboliques.
(SUITE)
M. de Rossi, en 1868, a, de nouveau, brièvement résumé ce sujet, à l'occasion, précisément, des articles de M. Emile Burnouf. Il résulte de ses observations que, bien loin que ce symbole se rencontre à Rome « dans les catacombes les premières en date, » il ne fait son apparition dans les monuments chrétiens qu'à une époque relativement récente. « En fait, dit-il, dans les plus antiques familles d'inscriptions chrétiennes des cimetières d'Ostrianus et de Priscille, de Domitille, de Prétextât, des cryptes de Lucine et de la première area du cimetière de Calliste, jamais, jusqu'à ce jour, je n'ai rencontré la croix gammée. Au contraire, dans ces mêmes cimetières, elle apparaît et se multiplie dans les régions appartenant à la fin du IIIe siècle, et se maintient sur les monuments du IVe(1) . »
Enfin M. de Rossi démontre que la combinaison de lignes connue sous le nom de croix gammée, loin d'être propre aux Indiens et aux Perses, se retrouve chez tous les peuples. Elle a été rencontrée sur des statues assyriennes, dans des sépultures étrusques et samnites, et sur des poteries anglaises et halo-grecques (2). On la reconnaissait récemment sur des poteries de l'Asie Mineure (3). Elle se voit sur des monnaies de Gaza, en Palestine, de Corinthe, en Grèce, de Syracuse, en Sicile. Sous l'empire, les Romains la dessinaient souvent. M. de Rossi cite une mosaïque représentant un des rites du paganisme romain, l'ignispice : près de l'autel est dessiné un flabellum, au milieu duquel les dimensions de l'area consacrée sont indiquées ainsi : PED. X. PED. XX Voir dessin ici. Dans la province romaine d'Afrique, à Tebessa, a été découverte, en 1858, une épitaphe commençant par le sigle D. M., au-dessus duquel est inscrite la croix gammée (1).
Il est temps de conclure ces rapides observations. Sur les inscriptions chrétiennes, la croix gammée n'apparaît pas avant le IIIe siècle; sur les peintures, il en est de même, et la vue de celles où ce signe est dessiné, par exemple le fossor Diogenes dans le cimetière de Domitille, ou le Bon Pasteur dans le cimetière creusé sous le bois des Arvales, suffit à le démontrer. Les chrétiens, toujours à la recherche de nouvelles manières de représenter la croix tout en la dissimulant, trouvèrent, soit sur des monuments orientaux, soit plus près d'eux, en Asie Mineure, en Grèce, en Italie, à Rome même, une combinaison de lignes fort connue, fort inoffensive, dont ils pouvaient se servir pour dessiner la croix ; ils s'en emparèrent. Peut-être la ressemblance du signe dont il s'agit avec le tau des Phéniciens fut-elle la raison qui le leur fit adopter. « Il n'y a donc, conclurons-nous avec M. de Rossi, aucune raison de recourir directement aux Indes pour expliquer la présence de ce signe sur les monuments chrétiens; elle paraîtra toute naturelle à quiconque a la plus légère connaissance de ces monuments ou des écrits des Pères (2). »
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(1). Bullett. di arch. crist., 1868, p. 91.— (2) Bullett. di arch. crist., 1868, p. 90. — De Mortillet, le Signe de la croix avant le christianisme, p. 146, 158. Paris, 1866. — (3). Journal officiel, 10 janvier 1873. — (1) Bull. di arch. crist., 1868, p. 90. — (2) Bull. di arch. crist., 1868, p. 91.
Rome Souterraine, p. 342-3.
A suivre : Chapitre III. Sujets allégoriques.
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 344-45.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE III.
Sujets allégoriques.
CHAPITRE III.
Sujets allégoriques.
SOMMAIRE. Peintures reproduisant les paraboles évangéliques. — La vigne.— Les vierges sages et les vierges folles. — Le semeur. — Le Bon Pasteur.— Le Bon Pasteur, avec saint Pierre et saint Paul évangélisant les brebis. — Lampe chrétienne du IIe siècle, représentant le Bon Pasteur et l'ovile.
La deuxième classe des peintures des catacombes se compose de celles inspirées par les paraboles de l'Évangile. Ces peintures allégoriques ne sont qu'un développement du principe décrit plus haut sous le nom de symbolisme. Ce qui, jusque-là, était plutôt une sorte d'écriture hiéroglyphique qu'une véritable œuvre d'art, s'est épanoui, est devenu une composition plus compliquée, plus artistique.
Au lieu d'un symbole isolé ou d'une combinaison de symboles, l'artiste représente des scènes complexes, inspirées ou suggérées par les paraboles du Sauveur, et suggérant elles-mêmes les vérités que le Maître divin cachait et montrait à la fois sous le voile de sa parole. Sans doute, toutes les scènes allégoriques représentées sur les murs des catacombes n'ont pas un but d'enseignement précis et voulu, ce ne sont pas des sermons dessinés, des traités dogmatiques tracés avec le pinceau.
L'art fait naître les sentiments, éveille les idées : sa mission n'est pas d'enseigner. Pour exprimer les vérités dont son cœur était plein, l'artiste chrétien employait les formes artistiques les mieux appropriées, formes qu'il empruntait souvent, avec les couleurs et le cadre de son œuvre, aux paraboles évangéliques : de telles peintures ravivaient et fortifiaient chez les fidèles l'idée qu'elles avaient pour but de rendre sensible : elles enseignaient ainsi, mais d'une manière indirecte, inconsciente.
Parmi les paraboles et les figures évangéliques, une des plus célèbres est celle de la vigne…
Rome Souterraine, p. 344-45.
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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Rome Souterraine, p. 345-46.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE III.
Sujets allégoriques.
(SUITE)
CHAPITRE III.
Sujets allégoriques.
(SUITE)
Parmi les paraboles et les figures évangéliques, une des plus célèbres est celle de la vigne. Dans l'Ancien Testament, elle représentait le peuple de Dieu : il avait pour symbole « cette vigne apportée de l'Egypte et plantée par Dieu (1), » dont parle le psalmiste, « cette vigne soignée avec tant d'amour (2), » et cependant ingrate, à laquelle les prophètes adressent de pathétiques reproches, « cette vigne qui est Israël, et dont Juda est le fruit délicieux(3). » Dans le Nouveau, elle représente surtout l'Église unie au Christ : Jésus est « la vraie vigne, dont les fidèles sont les rameaux (4). » Ce symbole paraît avoir été reproduit par les peintres chrétiens dès le Ier siècle (5). Nous en avons sans doute un exemple dans la grande et gracieuse vigne du cimetière de Domitille ( fig. 9 p. 108). Les petits génies ailés, si souples et si naturels, qui jouent parmi ses branches, ne sont nullement en contradiction avec le sens chrétien et figuré de cette importante peinture. On a voulu voir en eux soit des anges, soit l'image emblématique de la race humaine; nous croyons qu'il ne faut pas aller chercher si loin le sens de ces charmants accessoires.
Ce sont des ornements dessinés dans une intention purement décorative, selon le mode classique ; c'est un souvenir de l'école artistique d'où est sortie la peinture chrétienne, et dont elle conserva longtemps les habitudes, les formules, le tour d'imagination et de goût. Les catacombes nous offrent de nombreuses représentations de la vigne.
Nous la retrouvons, au IIe siècle, dans la crypte de saint Janvier, au cimetière de Prétextat ; on peut attribuer à la même époque un cubiculum découvert par Bosio sur la voie Latine, où au centre de la voûte, représentant des vignes chargées de raisins et d'enfants, apparaît le Bon Pasteur.
Elle se rencontre, au IIIe siècle, sur la voûte d'un escalier du cimetière de Thrason, ornée de raisins et de pampres, dans un cubiculum du cimetière de Calliste, dans un arcosolium du cimetière de Domitille décrit par Bosio, et par lui faussement attribué à celui de Calliste ; un sarcophage de la même époque, trouvé dans un des oratoires construits au-dessus du cimetière de Prétextat, et conservé aujourd'hui au musée de Latran, est orné de vignes et de raisins (1). La branche de vigne, ou même de simples grappes de raisin, quelquefois sortant d'un vase ou becquetées par des colombes (fig.16, p. 299), sont gravées souvent sur les pierres des loculi; il est probable qu'elles présentent alors un sens moins vaste, et font allusion, non à la parabole évangélique, mais aux joies du paradis (2).
La parabole des vierges sages et des vierges folles…
Voir plus haut page 324.
Rome Souterraine, p. 345-46.
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