Sanctoral

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Sanctoral - Page 7 Empty Dédicace de Saint Michel, Archange (29 septembre 2014)

Message  ROBERT. Lun 29 Sep 2014, 5:21 pm

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Sanctoral - Page 7 Z4e7ke10


Saint Michel Archange,

Patron de la Milice Céleste,

Priez pour nous et défendez-nous.
ROBERT.
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Message  gabrielle Mar 30 Sep 2014, 7:35 am

Le 30 septembre

Saint Jérôme, prêtre, confesseur et docteur

Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:« Vital m’est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l’ignore [1] ; celui-là est mien qui adhère à la chaire de Pierre [2]. » Ainsi, vers l’an 376, des solitudes de Syrie troublées parles compétitions épiscopales qui d’Antioche agitaient tout l’Orient, un moine inconnu s’adressait au pontife Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur [3]. C’était Jérôme, originaire de Dalmatie.

Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l’âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l’étude des belles-lettres et de la philosophie s’était montrée impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l’avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre années durant, mater son corps par d’effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d’y sacrifier ses goûts cicéroniens à l’étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette sentence qu’il formulait plus tard : « Aimez la science des Ecritures, et vous n’aimerez pas les vices de la chair [4]. » Revenant donc à l’alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes [5] dont l’héroïque conquête rappela toujours le prix qu’elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même [6]. Toute l’énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s’y consacra, s’y endigua pour la vie [7].

Dieu reconnut magnifiquement l’hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons aujourd’hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d’autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde [8]. Et cette lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison [9]. Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d’autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce [10]. Damase, docteur vierge de l’Église vierge [11], le chargeait de répondre en son nom aux consultations de l’Orient comme de l’Occident [12], et obtenait qu’il commençât par la révision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la reconnaissance du peuple chrétien. Sur ces entrefaites, la réfutation d’Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage, d’autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus qui sont l’honneur de la terre ; par le sel des Écritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l’empire.

Étrange phénomène pour l’historien sans foi : voici qu’autour de ce Dalmate, à l’heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints depuis le jour où s’assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu’allumeront les Barbares, la capitale qu’ils donnèrent au monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure en tête de l’armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l’Apôtre quatre siècles plus tôt [13] : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme, nombreux parmi les moines [14].

La phalange patricienne constitue le meilleur de l’armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d’antique grandeur ; mais dans ses rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l’épouse en même temps que l’époux. C’est Marcella, qui la première, de son palais de l’Aventin, lève l’étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu’honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître disparu, sera, quoi qu’en ait son humilité, l’oracle consulté par tous dans les difficultés des Écritures [15]. C’est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les Fabii, les Scipions. C’en est trop pour le prince du monde, Satan [16], qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont comptées. Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes [17]. Vainement la prudente Marcella prédit l’orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d’autres peuvent bien oser faire [18]. Il a compté sans la mort de Damase survenue à l’heure même, sans la faction des ignorants jaloux [19] qui, pareillement, n’attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d’autrefois [20].

Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléhem, où les souvenirs de l’enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu’elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix ne cessera point de tenir en éveil les échos de l’Occident. Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique [21] des Livres saints, que l’imperfection de l’ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l’Église de faussaire [22].

« Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l’Eglise, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu [23]. » Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d’irréductibles ennemis l’émeuvent plus qu’il ne se l’avoue : « Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de vos prières à mes aboyeurs [24]. »

Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s’alarmaient pour l’autorité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l’Église [25] ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d’argent et d’or, qu’il faudrait donc voir déprécier maintenant. « Eh ! qu’ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres cahiers, » s’écrie Jérôme exaspéré [26]. « C’est pourtant vous qui me forcez à subir tant d’inepties comme tant d’injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper court au mal, mieux vaudrait m’imposer silence [27]. »

Ni la mère, ni la fille ne l’entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre [28]. Ayant observé qu’une première révision faite par lui du Psautier [29] sur le grec des Septante n’avait pas suffi à fixer le texte, elles en obtinrent une seconde [30], celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l’Ancien Testament sur l’hébreu ou le chaldéen [31]. Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu’il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l’original [32].

Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s’excusait agréablement de ce qu’une moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : « Principia, ma fille en Jésus-Christ, je sais que plusieurs trouvent mauvais qu’il m’arrive parfois d’écrire aux femmes ; qu’on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m’interrogeaient sur l’Écriture, ce n’est pointa celles-là que je répondrais [33]. »

Mais voici qu’un message d’allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d’un frère d’Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule est née dans Rome. Vouée à l’Époux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l’Alléluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d’aller les trouver bientôt. « Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement ; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j’aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu’Aristote ; car lui n’élevait qu’un roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux [34]. »

Bethléhem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d’y continuer l’œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l’ange du passage de ce monde à l’éternité.

L’heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce fut Paula l’ancienne qui partit la première, chantant : J’ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d’habiter les pavillons des pécheurs [35]. Devant l’affaissement mortel où Jérôme parut devoir s’annihiler pour toujours [36], Eustochium brisée refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C’est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions [37] reprendre aussi ses commentaires du texte ; il va passer d’Isaïe [38] au prophète Ézéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l’inexprimable douleur de ces temps : « Rome est tombée ; elle est éteinte la lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l’univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts [39] ? »

Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l’implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses larmes [40]. Aimant encore mieux pratiquer qu’enseigner l’Écriture [41], il donnait aux devoirs de l’hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l’étude à ses yeux presque aveugles [42]. Études pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour [43], et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu’on lise l’avant-propos de chacun des quatorze Livres sur Ézéchiel, et l’on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre l’hérésie [44].

Car on eût dit que l’hérésie prenait du bouleversement du monde l’occasion de nouvelles audaces. Forts de l’appui que leur prêtait l’évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s’armèrent une nuit de la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l’incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l’anxiété de cette nuit terrible avait achevé de consumer ses forces épuisées. Jérôme l’ensevelit près de la crèche de l’Enfant-Dieu comme il avait fait la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à mourir.

Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Église. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà s’annonce l’aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans les voies austères de l’expiation. Moine, historien de grands moines [45] père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l’esprit de travail et de prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l’angélique vertu.

O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l’Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères [46]. La clef de David [47] vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux multiples des Écritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre [48]. C’est pourquoi l’Église de la terre chante aujourd’hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l’interprète officiel du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées. En même temps que l’hommage de l’Épouse et de la Mère...

[1] Hieron. Epist. XV, al. LVII, ad Damas.

[2] Epist. XVI, al. LVIII.

[3] Ibid.

[4] Epist. CXXV, al. IV,ad Rusticum.

[5] Ibid.

[6] Epist XXIX, al. CXXX, ad Marcellam.

[7] Hebræam linguam, quam ego ab adolescentia multo labore ac sudore ex parte didici, et infatigabili meditatione non desero, ne ipse ab ea deserar ; Epist. CVIII, al. XXVII, ad Eustochium.

[8] Matth. v, 13, 14.

[9] Ibid. 15.

[10] Hieron. Epist. XLV, al. XCIX, ad Asellam.

[11] Epist. XLVIII, al. l, ad Pammachiura.

[12] Epist. CXXIII, al. XI, ad Ageruchiam.

[13] I Cor. 1, 26.

[14] Hier. Epist LXVI, al. XXVI, ad Pammachium.

[15] Epist. CXXVII, al. XVI, ad Principiam. Et quia valde prudens erat, sic ad interrogata respondebat, ut etiam sua non sua diceret,... ne virili sexui, et interdum sacerdotibus, de obscuris et ambiguis sciscitantibus, facere videretur injuriam.

[16] Johan. XIV, 30.

[17] Hier. Epist. XXII, ad Eustochium, de custodia virginitatis.

[18] Epist. XXVII, al. CXX, ad Marcellam.

[19] Praefatio versionis Didymi de Spiritu sancto.

[20] Epist. XLV, al. XCIX, ad Asellam.

[21] Conc. Trid., Sess. IV.

[22] Hier. Praefatio in Isaiam ad Paulam et Eustochium.

[23] Praefat. in Daniel.

[24] Praefat. in Reg.

[25] Aug. ad Hier. Epist. I.VI, al. LXXXVI.

[26] Hier. Praefat. in Job, ad easdem.

[27] Praefat. in Jerem.

[28] Quia vos cogitis,... cogor,. . cogitis. Passim.

[29] Psalterium romanum.

[30] Psalterium gallicanum. Hier. Praefat. in Psalmos.

[31] Sauf Baruch, la Sagesse, l’Ecclésiastique, les Machabées, plus quelques fragments, conservés de l’ancienne Italique.

[32] Hier. Praefat. in Esther.

[33] Epist. LXV, al. CXL, ad Principiam.

[34] Epist. CVII, al. VII ad Laetam.

[35] Psalm. LXXXIII, II. Hier. Epist. CVIII, al. XXVII, ad Eustochium.

[36] Epist. XCIX, al. XXXI, ad Theophilum.

[37] Praefat. in Josue, Judices, et Ruth.

[38] Comment, in Isaiam, Prologus : Cogis me, virgo Christi Eustochium, transire ad Isaiam, et quod sanctae matri tuae Paulae, dum viveret, pollicitus sum, tibi reddere.

[39] Comment, in Ezech. I, Prolog.

[40] Ibid. III.

[41] Ibid.

[42] Ibid. VII.

[43] Ibid. VIII.

[44] Ibid. VI.

[45] Paul ermite, Hilarion, Malch.

[46] Apoc. V.

[47] Ibid. III, 7.

[48] Hier. Epist. LIII, al. CIII, ad Paulinum.[/size

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Message  gabrielle Mer 01 Oct 2014, 7:31 am

Le I octobre

Saint Rémi, évêque et confesseur


Dom Guéranger, Année Liturgique a écrit:Deux siècles ne s'étaient pas écoulés depuis le triomphe de la Croix sur l'idolâtrie romaine, que Satan se reprenait à chanter victoire. Tandis que l'eutychianisme ceignait dans Byzance le diadème impérial avec Anastase le Silentiaire, Arius siégeait en Occident sur les trônes que les Barbares venaient d'élever parmi les ruines; dans tout l'ancien territoire de l'empire l'hérésie dominait, presque partout insolente et persécutrice ; l'Eglise n'avait pour fils que les vaincus.

« Mais ne crains pas, tressaille plutôt, s'écrie Baronius à cette date des annales du monde: c'est la Sagesse dont le jeu divin se poursuit (1). Les visées des mortels comptent peu devant celle qui tient dans ses mains la lumière, pour l'y cacher s'il lui plaît, pour, quand elle le veut, la faire à nouveau resplendir (2). Les ténèbres où s'ensevelit l'univers lui marquent l'heure de luire au cœur des Francs (3) pour faire éclater la foi catholique en sa gloire4. » Manière d'écrire l'histoire peu habituelle en nos jours ; mais c'est ainsi que l'entendait celui qui fut le premier des historiens de la cité sainte, comme il en est demeuré le plus grand. Fils des Francs, dans une fête  pareille, il nous est bon de n'avoir qu'à traduire en l'abrégeant ce qu'il dit de nos pères.

« Comment, observe-t-il ailleurs, n'admirer pas cette providence qui ne fait jamais défaut à l'Eglise ? Du sein de tribus païennes encore, au lendemain de l'irrémédiable chute de l'empire, Dieu se forme un peuple nouveau et se suscite un prince: contre eux doit se briser le flot montant des hérétiques et des Barbares. Telle, en effet, apparut au cours des siècles la mission divine des rois francs.

« Mais quelle n'est pas la puissance de la foi pour conserveries royaumes, comme la fatalité de l'hérésie pour déraciner toute plante ne provenant pas du Père qui est aux cieux (1): c'est ce que montrent, avec leurs principautés si totalement disparues, Goths, Vandales, Hérules, Alains, Suèves, Gépides ; tandis que les Francs voient la motte de terre de leurs origines, heureusement fertilisée, s'assimiler au loin le sol qui l'entoure (2). « Ce que peuvent les Francs, quand la Croix marche en tête de leurs bataillons, on le sut dès lors. Jusque-là obscurs, luttant pour la vie : maintenant que de victoires, que de trophées ! Il a suffi qu'ils reconnussent le Christ, pour parvenir au ; plus haut faîte de la gloire, de l'honneur et de la renommée. Je ne dis là que ce qui est su de tout le monde. Si leur partage fut meilleur que celui des autres nations, c'est que leur foi aussi fut suréminente, incomparable la piété qui les faisait se porter plus ardemment à la défense de l'Eglise qu'à la protection de leurs propres frontières (3).


« Aussi, privilège unique et vraiment admirable : on ne vit jamais, comme il arrive ordinairement, les péchés des rois amener sur ce peuple la servitude d'un joug étranger. On dirait que la promesse du Psaume (1) a été renouvelée pour lui : Si ses fils ne marchent plus selon mes préceptes, je visiterai avec la verge leurs iniquités ; mais je ne retirerai point de lui ma miséricorde (2). »

Honneur donc en ce jour au pieux Pontife qui mérita d'être pour les Francs l'instrument des faveurs du ciel! On sait comment, selon l'expression du saint Pape Hormisdas, « Rémi convertit la nation et baptisa Clovis au milieu de prodiges rappelant les temps du premier apostolat (3). » La prière de Clotilde, le labeur de Geneviève, les pénitences des moines peuplant les forêts gauloises, eurent sans nul doute leur très grande part dans une conversion qui devait à ce point réjouir les Anges ; l'espace nous manque pour dire comment elle fut aussi préparée par tous ces grands évêques du ve siècle, Germain d'Auxerre, Loup de Troyes, Aignan d'Orléans, Hilaire d'Arles, Mamert et Avit de Vienne, Sidoine

Apollinaire, tant d'autres qui, dans ce siècle de ténèbres, maintinrent l'Eglise en la lumière et forcèrent le respect des Barbares. Contemporain et survivant de la plupart d'entre eux, leur émule en éloquence, en noblesse, en sainteté, Rémi sembla les personnifier tous en cette nuit de Noël qu'avaient appelée tant d'aspirations, de supplications, de souffrances. Au baptistère de Sainte-Marie de Reims, naissait à Dieu notre nation; comme autrefois au Jourdain la colombe était vue sur les eaux, honorant non plus le baptême du Fils unique du Père, mais celui de la fille aînée de son Eglise : largesse du ciel, elle apportait l'ampoule sainte contenant le chrême dont l'onction devait faire de nos rois dans la suite des âges les plus dignes entre les rois de la terre (1).

Depuis, Reims, cité glorieuse, vit les hommages de la nation se partager, dans le culte de tels souvenirs, entre son incomparable Notre-Dame et la basilique vénérable où Remi, gardant à ses pieds l'ampoule du sacre, était gardé lui-même par les douze Pairs entourant son splendide mausolée. Eglise de Saint-Remi, caput Franciae, tête de la France, ainsi la nommaient nos aïeux (2) ; jusqu'à ces jours d'octobre 1793 où, du haut de sa chaire profanée, fut proclamée la nouvelle que les siècles d'obscurantisme avaient pris fin, tandis que l'on brisait la Sainte Ampoule et qu'on jetait dans une fosse commune les restes de l'Apôtre des Francs (3).

Après un épiscopat de soixante-quatorze ans, le plus long qu'ait enregistré l'histoire, Remi était passé de la terre au ciel le treizième jour de janvier, qu'on remarque avoir aussi été celui de sa consécration et de sa naissance. Le 1er octobre n'en fut pas moins adopté dans le siècle même où il mourut pour honorer sa mémoire, comme ayant vu le premier transfert de ses reliques saintes en un lieu plus digne, au milieu de merveilles continuant les miracles qui remplirent sa vie. La Translation de saint Remi, tel est encore le nom donné par l'Eglise de Reims à ce jour ; mais c'est au XIII janvier, octave de l'Epiphanie, que par privilège elle solennise la fête principale de son glorieux Patron, à laquelle nous empruntons le récit qui va suivre.

Remi, appelé aussi Remedius, naquit à Laon de parents nobles et renommés pour leurs vertus dans la contrée. Emilius et sainte Célinie étaient déjà avancés en âge, lorsque la naissance de ce fils leur fut annoncée par un solitaire aveugle, du nom de Montan, qui recouvra ensuite la vue en portant à ses yeux quelques gouttes du lait dont l'enfant était nourri. Le futur Apôtre des Francs passa ses premières années dans l'étude et la prière; la retraite l'attirait ; mais plus il cherchait à fuir les hommes, plus on parlait de lui dans tout le pays. Sur ces entrefaites, mourut l'archevêque Bennade; Remi avait vingt-deux ans, mais ses mœurs étaient d'un vieillard: il fut enlevé, plutôt qu'élu, par le vœu de tous, et porté sur le siège de Reims. Ses efforts pour écarter le fardeau durent céder devant les manifestations du vouloir divin. Sacré par les évêques de la province, il montra dans le gouvernement de son Eglise la sagesse d'un vieillard. Eloquent, puissant dans les Ecritures,   il apparaissait comme l'exemple des fidèles, pratiquant ce qu'il enseignait. Pasteur vigilant, après avoir en grand labeur affermi son troupeau dans la connaissance des mystères de la foi et fortifié son clergé dans la discipline, il entreprit d'étendre en Belgique le règne de Jésus-Christ. Gréant de nouveaux diocèses pour les peuples que convertissait sa parole, il établit comme évêques, à Térouanne saint Aumont, à Arras saint Vaast, à Laon saint Génebaud.

Or les œuvres merveilleuses de Rémi, en tous lieux divulguées, remplissaient d'admiration Glovis et les Francs, païens encore. Clovis, vainqueur des Gaulois, ayant donc triomphé des Allemands à Tolbiac par l'invocation du nom de Jésus-Christ, manda Rémi près de sa personne et voulut l'entendre exposer la doctrine chrétienne. Aux instances cependant de l'évêque qui le pressait d'embrasser la foi, le prince opposait la crainte que son peuple n'y voulût pas consentir; mais à peine les Francs l'eurent-ils appris, qu'ils s'écrièrent tout d une voix : Roi pieux, nous rejetons les dieux mortels, nous sommes prêts à suivre le Dieu immortel que Rémi annonce.  Rémi  donc les soumit aux jeûnes qui étaient dans la coutume de l'Eglise, et ayant en présence de la reine Clotilde achevé l'instruction chrétienne de Clovis, il le baptisa au jour même de la naissance du Seigneur: Baisse la tête, lui dit-il, doux Sicambre ; adore ce que tu as brûlé; brûle ce que tu as adoré. L'ayant baptisé, il l'oignit du saint chrême en le marquant du signe de la croix du Christ. Plus de trois mille soldats de son armée reçurent aussi le baptême, ainsi qu'Alboflède, sœur de Clovis, laquelle ayant quitté cette vie peu après, le pontife adressa au prince des lettres de consolation. Lanthilde, autre sœur du roi, se convertit de l'hérésie arienne ; elle fut réconciliée par l'onction du saint chrême à l'Eglise.

Admirable était la libéralité de Rémi envers les pauvres, et toute spéciale sa clémence pour les pénitents : car, disait-il, ce n'est pas pour la colère que le Seigneur nous a établis, mais pour la guérison des hommes. Dans un concile, il rendit muet par la vertu divine un évêque arien; et comme celui-ci implorait par signes sa grâce, il lui rendit la voix en disant:Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, si vos sentiments à son sujet sont ce qu'ils doivent être, parlez, et confessez de lui la foi que professe l'Eglise catholique. Lui donc avant recouvré la parole, protesta qu'il croyait et voulait mourir en cette foi. Sur la fin de sa vie, Rémi perdit la vue, qu'il retrouva cependant un peu avant sa mort. N'ignorant pas le jour de son passage au ciel, il voulut célébrer le Sacrifice de la Messe et fortifier ses ouailles par la communion du très saint corps du Christ ; puis faisant ses adieux  au clergé et au peuple, donnant à tous la paix dans le baiser de la bouche du Seigneur, il quitta cette vie plein de jours et de travaux, en la quatre-vingt-seizième année de son âge, aux ides de janvier de l'an du Seigneur cinq cent trente-trois. On l'ensevelit dans l'oratoire de saint Christophe, où, mort aussi bien que vivant, il éclata par ses miracles.

1. Prov. VIII, 3o-31. — 2. Job. XXXVI, 32. — 3. II Cor. IV, 6 — 4. Baron. Annal, eccl. ad ann. 499, XV; on s'accorde à regarder aujourd'hui 1' année 496 comme celle du baptême de Clovis.

1. Matth. XV, 13. — 2. Baron. Annal, eccl ad ann. 484, LXXXV — 3. Ibid. ad ann. 514, XXIII.

1. Psalm. LXXXVIII, 31 34. — 2. Baron. Annal, ceci, ad ann. 514, XXVII. — 3. Hormisd. Epist. I, ad Remigium.

1. Matth. Paris, ad ann. 1257: Archiepiscopus Remensis qui Regem Francorum cœlesti consecrat chrismate (quapropter Rex Francorum Regum censetur dignissimus) est omnium Francise Parium primus et excellentissimus.— 2. Mabillon. Annal, benedict. XLVII, XXX : Diploma Gerbergae reginae. — 3. Retrouvés cependant par la suite, et authentiquement reconnus, ils sont toujours en nos temps l'objet de la vénération empressée des pèlerins.
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Message  gabrielle Jeu 02 Oct 2014, 7:08 am

Le 2 octobre

Les saints Anges Gardiens.


Sermon de saint Bernard, Abbé.

« Il a commandé à ses Anges à ton sujet. » Bonté insigne ! Tendresse de charité vraiment admirable ! Par qui ce commandement a-t-il été fait ? A qui, et pour qui ? Et quel est-il ? Appliquons-nous, mes frères, à méditer cet ordre si important, ayons soin de ne pas l’oublier. Qui a commandé ? à qui les Anges appartiennent-ils ? à qui obéissent-ils ? de qui exécutent-ils la volonté ? « Il a commandé à ses Anges à ton sujet, de te garder dans toutes tes voies. » Et ils ne diffèrent pas, ils vous portent même entre leurs mains. C’est donc la souveraine majesté qui commande aux Anges, et à ses Anges, à ces esprits sublimes, aussi heureux que proches de Dieu, unis à lui et ses vrais familiers. Il les charge de nous. Qui sommes-nous : « Seigneur, qu’est-ce que l’homme pour que vous vous souveniez de lui, ou le fils de l’homme pour que vous en teniez compte ? » Comme si « l’homme n’était pas pourriture, et le fils de l’homme, un ver. » Mais quel commandement pensez-vous qu’il ait donné pour vous ? Celui de vous garder.


Combien cette parole doit-elle vous imprimer de respect, vous inspirer de dévotion, vous communiquer de confiance : de respect, à cause de leur présence ; de dévotion, à cause de leur bonté ; de confiance, à cause de leur protection ! Marchez avec circonspection, puisque les Anges d’après l’ordre qu’ils ont reçu, vous accompagnent dans toutes vos voies. En quelque logis, en quelque endroit retiré que vous soyez, portez respect à votre Ange. Oseriez-vous devant lui ce que vous n’oseriez pas devant moi ? ou doutez-vous de sa présence, parce que vous ne le voyez pas ? Que feriez-vous si vous l’entendiez, si vous le touchiez, si vous le sentiez ? Remarquez que ce n’est pas seulement au moyen de la vue qu’on est assuré de la présence des choses.


Ainsi donc, mes frères, aimons-les en Dieu d’une tendre affection, ces Anges de Dieu avec qui nous devons être un jour héritiers de son royaume, et que notre Père céleste a placés auprès de nous pendant cette vie, en qualité de guides et de protecteurs. Que craindrions-nous avec de tels gardiens ? Ils ne peuvent être ni vaincus ni trompés par nos ennemis, et ils peuvent encore moins nous tromper, eux qui nous gardent dans toutes nos voies. Ils sont fidèles, ils sont prudents, ils sont puissants, que redoutons-nous ? Suivons-les seulement ; attachons-nous à eux, et demeurons ainsi sous la protection du Dieu du ciel. Toutes les fois que vous vous sentez pressés par une violente tentation et que vous êtes menacés d’une grande épreuve, invoquez celui qui est votre gardien, votre guide, votre « aide au temps du besoin, dans la tribulation. » Criez vers lui et dites : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. »


http://deojuvante.forumactif.org/t65-les-saints-anges-gardiens-2-octobre#378

Autre dossier sur TD

https://messe.forumactif.org/t4520-les-saints-anges-gardiens-complet#87345

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Message  gabrielle Ven 03 Oct 2014, 7:09 am

Le 3 octobre

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, vierge

Bréviaire, avant 1960 a écrit:
Thérèse de l’Enfant Jésus naquit à Alençon, en France, de parents honorables, et remarquables par leur singulière et fervente piété envers Dieu. Aussi aspirait-elle dès sa plus tendre enfance à la vie religieuse. Elle fit dès lors sérieusement la promesse de ne rien refuser à Dieu de ce qu’il lui paraîtrait désirer d’elle, promesse à laquelle elle s’efforça d’être fidèle jusqu’à la mort. Ayant perdu sa mère au cours de sa cinquième année, elle s’abandonna totalement à la Providence de Dieu, sous la garde vigilante d’un père très aimant, et de ses sœurs aînées. A leur école, Thérèse s’élança comme un géant, pour courir dans la voie de la perfection. A l’âge de neuf ans elle fut confiée, pour son éducation, aux religieuses de l’ordre de Saint Benoît, à Lisieux, et se fit remarquer là par son intelligence supérieure des choses surnaturelles. A dix ans, une grave et mystérieuse maladie la fit longtemps souffrir. Elle en fut miraculeusement délivrée, comme elle le raconte elle-même, par le secours de la Bienheureuse Vierge qui lui apparut souriante, au cours d’une neuvaine où elle était invoquée sous son titre de Notre-Dame des Victoires. Pleine alors d’une angélique ferveur, elle se prépara avec le plus grand soin au banquet sacré, où le Christ se fait notre aliment.

Sitôt qu’elle eut reçu pour la première fois le Pain Eucharistique, elle manifesta une faim insatiable de cette céleste nourriture. Comme inspirée, elle demandait à Jésus de changer pour elle, en amertume toutes les consolations du monde. Dès lors, toute brûlante d’amour pour le Christ notre Seigneur et pour l’Église, elle n’eut bientôt de plus grand désir que d’entrer dans l’Ordre des Carmélites déchaussées, afin de pouvoir par son immolation et ses sacrifices, « aider les prêtres, les missionnaires toute l’Église », et de gagner des âmes sans nombre à Jésus-Christ, comme plus tard près de mourir, elle promit de continuer à le faire auprès de Dieu. Elle éprouva de grandes difficultés à embrasser la vie religieuse à cause de sa jeunesse, mais elle le surmonta avec une force d’âme incroyable, et, à l’âge de quinze ans, entra avec bonheur au Carmel de Lisieux. Là, Dieu opéra d’admirables ascensions dans le cœur de Thérèse, qui, imitant la vie cachée de la Vierge Marie, produisit comme un jardin fertile, les fleurs de toutes les vertus, mais surtout celle d’une éminente charité pour Dieu et pour le prochain.

Ayant lu dans la Sainte Écriture cette invitation : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi », elle voulut, dans son désir de plaire davantage au Très-Haut, devenir petite selon l’esprit, et, avec une confiance toute filiale, elle se livra pour toujours à Dieu, comme au plus aimant des Pères. Cette « voie de l’enfance spirituelle » selon la doctrine de l’Évangile, elle l’enseigna aux autres, spécialement aux novices qu’elle était chargée, par obéissance, de former aux vertus religieuses ; et ainsi, toute remplie d’un zèle apostolique, elle montra le chemin de la simplicité évangélique à un monde enflé d’orgueil et attaché aux vanités. Jésus, son Époux, l’enflamma profondément du désir de souffrir et dans son âme et dans son corps. Bien plus, considérant avec une extrême douleur, combien l’amour de Dieu est universellement rejeté, deux ans avant sa mort, elle s’offrit en victime à l’Amour très miséricordieux de Dieu. Alors, comme elle le rapporte elle-même, elle fut blessée d’une flamme du céleste feu. Enfin, consumée d’amour, ravie en extase, et murmurant avec une ferveur extrême : « Mon Dieu, je vous aime ! » elle s’envola vers son Époux, le trente septembre de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, étant âgée de vingt-quatre ans. La promesse qu’elle avait faite en mourant, de faire tomber sur la terre une perpétuelle pluie de roses, dès son entrée au Ciel elle l’a réalisée, et la réalise encore de nos jours, par d’innombrables miracles. C’est pourquoi le Souverain Pontife Pie XI l’a inscrite parmi les Vierges Bienheureuses et deux ans après, au cours du grand jubilé il l’a solennellement placée au nombre des Saintes, puis constituée et déclarée Patronne spéciale de tous les Missionnaires.

http://deojuvante.forumactif.org/t230-sainte-therese-de-l-enfant-jesus
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Message  gabrielle Ven 03 Oct 2014, 7:30 am

Je recommande à tous la lecture "d'Histoire d'une âme" et de "Conseils et souvenirs"

Vous trouverez dernier au complet sur ce lien

https://messe.forumactif.org/t3715-conseils-et-souvenirs

Bonne méditation,

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, priez pour nous
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Message  ROBERT. Ven 03 Oct 2014, 12:41 pm

.

Sanctoral - Page 7 Tharas11

Sainte Thérèse-de-l’Enfant-Jésus-et-de-la-Sainte-Face,

priez pour nous.


Dernière édition par ROBERT. le Sam 03 Oct 2015, 12:38 pm, édité 1 fois (Raison : image + mise en forme)
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Message  ROBERT. Ven 03 Oct 2014, 1:16 pm

Le 3 octobre

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, vierge

Bréviaire, avant 1960 a écrit:


... afin de pouvoir par son immolation et ses sacrifices, « aider les prêtres, les missionnaires, [et] toute l’Église », et de gagner des âmes sans nombre à Jésus-Christ...

...le Souverain Pontife Pie XI l’a inscrite parmi les Vierges Bienheureuses et deux ans après, au cours du grand jubilé il l’a solennellement placée au nombre des Saintes, puis constituée et déclarée Patronne spéciale de tous les Missionnaires.
.

https://messe.forumactif.org/t5561p150-sanctoral#109982] (texte)
.
http://deojuvante.forumactif.org/t230-sainte-therese-de-l-enfant-jesus  (illustration)              




Demandez à la p’tite Thérèse ce qu’elle pense de l’inculturation des Intrus

et du missionnaire qui se vantait de n’avoir fait aucun Baptême en 50 ans !!

.
https://messe.forumactif.org/t5158p60-bergoglio-sur-twitter-plus-jamais-la-guerre#109955
.
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Message  gabrielle Sam 04 Oct 2014, 8:41 am

Le 4 octobre

Saint François d'Assise, confesseur

Dom Guéranger, Année Liturgique a écrit:Et je vis un autre ange qui montait d'où se lève le soleil, ayant le signe du Dieu vivant; et il cria d'une voix forte aux quatre anges qui avaient reçu pouvoir de châtier la terre et la mer: Ne frappez pas, jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu (1).

Le sixième sceau du livre où les temps sont prédits vient d'être levé sous les yeux du prophète de Pathmos (2). C'est l'heure d'angoisse, l'heure pour l'impie de dire aux montagnes : Tombez sur nous (3). L'astre du jour s'est obscurci (4), image du Soleil de justice contre lequel a prévalu la nuit ; la lune, figure de l'Eglise, apparaît rouge de sang sous l'écarlate des iniquités dont gémit le sanctuaire (5); les étoiles tombent du ciel, comme les figues se détachent du figuier dans la tempête (6). Qui apaisera l'Agneau ? qui retardera le jour de colère (7). Avec les Saints (8), avec le Siège apostolique (9), reconnaissons l'ange qui vaut au monde le délai du jugement, l'ange à l'empreinte divine en un corps mortel, le séraphin aux stigmates sacrés dont la vue désarme à nouveau l'éternelle justice.

Chantons, avec Dante, l'élu sous la conduite duquel a lieu sur terre comme une reprise de la première et unique rédemption :

« De la montagne élevée d'où viennent à Pérouse le froid et le chaud descend un coteau fertile ; là où s'adoucit sa pente, naquit au monde un soleil pareil à celui-ci, alors qu'il sort des flots du Gange. Ce lieu, qui l'appellerait Assise dirait trop peu ; c'est Orient qu'il faut le nommer. Non loin de son lever, ce soleil déjà faisait éprouver à la terre l'influence de sa haute vertu, recherchant, jeune encore et indocile à son père, la Dame à qui, non plus qu'à la mort, on n'ouvre jamais la porte avec plaisir ; privée depuis mille et cent ans et plus de son premier époux, nul avant celui-ci ne l'avait recherchée. Comprends que les deux amants dont je parle, c'est François, c'est la Pauvreté.

« Leur concorde, et sur leur visage les merveilleux contentements de l'amour, et leur doux regard inspiraient de si saintes pensées, que le vénérable Bernard, le premier (1), se déchaussa pour courir à une si grande paix, et tout en courant il s'accusait de lenteur. O richesse ignorée, ô véritable bien ! voilà qu'Egidius se déchausse, et Silvestre de même, à la suite de l'époux, tant l'épouse leur agrée. Et puis ce père, ce maître s'en va, suivant sa Dame avec cette famille qui déjà nouait l'humble cordon.

« Et s'il va les yeux baissés, ce n'est point qu'en son cœur il se sente avili d'être fils de Pierre Bernardone, et de paraître étrangement misérable. Aussi exposa-t-il royalement à Innocent 2 ses austères desseins, et il obtint de lui pour son Ordre la première sanction. Après qu'altéré du martyre, il eut, en présence du Soudan superbe, prêché le Christ et sa doctrine, trouvant ces races trop dures à la conversion et ne voulant pas rester inutile, il revint faire fructifier la terre d'Italie.

« Entre le Tibre et l'Arno, sur une roche nue, il reçut du Christ l'empreinte dernière dont, pendant deux ans, ses membres furent marqués. Lorsqu'il plut à celui qui l'avait choisi pour accomplir tant de bien, de l'élever à la récompense qu'en se faisant petit, il avait méritée, à ses frères comme à de véritables héritiers il recommanda sa Dame tant aimée, leur prescrivant de lui garder fidèle amour; puis du sein même de cette compagne, et ne voulant pour son corps d'autre bière, la belle âme prit son vol (1). »

Elle s'envolait, son œuvre achevée : le signe du Dieu vivant marquait pour le salut d'innombrables ralliés de la pénitence ; la Croix de l'Epoux resplendissait dans sa nudité comme le trésor de l'Epouse, à cet âge du monde où l'Eglise commençait sa montée du Calvaire. Mais combien admirable ne s'était pas révélé, dans la conduite de cette œuvre, l'Esprit qui fait les Saints !

A vingt-quatre ans, François, qui ne devait pas achever ici-bas sa quarante-cinquième année, n'était encore que le chef des gais compagnons remplissant Assise jour et nuit de leurs chants. L'âme pleine des épopées du pays de France, dont le nom, d'où venait le sien, lui était si cher, il ne rêvait que gloire mondaine et prouesses de chevalerie. « Pour qui ces armes ? » s'écrie-t-il dans un songe prophétique où s'offre à lui tout un appareil de guerre ; et la réponse : « Pour toi et tes soldats », le précipite sur les pas de Gauthier de Brienne combattant les Allemands au sud de l'Italie. Mais Dieu l'arrête : en des manifestations progressives, auxquelles répondent toutes les ardeurs généreuses de ce cœur resté pur, il lui révèle l'objet du labeur de sa vie, l'enseigne qu'il doit déployer par le monde, la Dame enfin sans service de laquelle vrai chevalier n'eût pas été recevable.

La cité sainte, l'Eglise, toujours assiégée, victorieuse jusqu'ici toujours, menace de succomber : tant la sape de l'hérésie et le bélier de la puissance séculière ont ébranlé ses murs ; tant surtout, dans ses murs mêmes, s'est affaissée sous des scandales trop prolongés la foi des vieux âges, laissant le champ libre aux entreprises des traîtres, multipliant les défaillances au sein d'une société qu'atteint déjà l'engourdissement précurseur de la mort. Et pourtant il est écrit que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre l'Eglise (1) ! « François, ne vois-tu pas que ma maison tombe en ruines ? va donc, et me la répare (2). »

Il est urgent qu'un retour soudain déconcerte l'ennemi, qu'un appel vibrant secoue la torpeur des défenseurs de la place, et les rallie sous l'enseigne trop oubliée des chrétiens : le Christ en croix. François sera, dans sa chair même, l'étendard du Crucifié. Dès maintenant, les plaies sacrées transpercent son âme, et font de ses yeux deux sources de larmes qui ne tariront plus : « Je pleure la Passion de Jésus-Christ mon Maître ; je ne rougirai point de l'aller pleurant par tout l'univers. »

Cependant Mammon s'est emparé du cœur de cette foule en qui l'espérance du ciel a cédé le pas aux préoccupations de la terre; il faut relever les âmes d'une servitude où succombent toute noble pensée, tout dévouement, tout amour. Pauvreté sainte, mère de la vraie liberté qui désarmez l'enfer et vous riez des tyrans, honneur en ce jour à votre austère beauté! Epris de vous jusqu'aux insultes et à la boue que vous jette le vulgaire, François sera renié des siens ; mais sa sublime folie sauvera son peuple et il sera béni du Père qui est aux cieux, comme le vrai frère de son Fils éternel.

Comme par nature le Verbe consubstantiel reçoit son être éternellement de Celui qui l'engendre à jamais, aussi, bien que l'égal du Père, n'a-t-il en la Trinité sainte personnellement que le titre de Fils, à la gloire du Père, dans l'Esprit qui est leur amour. Mœurs divines, dont rien de créé ne saurait donner une idée, que reflète pourtant l'attitude de désappropriation sublime gardée dans le monde par ce Verbe incarné, en présence de Celui dont il déclare tenir toutes choses. Serait-ce dès lors s'égarer beaucoup, que de voir par son côté le plus divin, dans la Pauvreté du Saint d'Assise, l'éternelle Sagesse s'offrant dès l'ancienne alliance à l'humanité comme épouse (1) et comme sœur (2)?

Pleinement épousée au sein de Marie, dans l'Incarnation, combien fut grande sa fidélité! Mais quiconque l'aime doit en Jésus lui devenir semblable.

« Seigneur Jésus, disait François, montrez-moi les sentiers de votre Pauvreté bien-aimée. C'est elle qui vous accompagna du sein maternel à la crèche en l'étable, et, sur les routes du monde, prit soin que vous n'eussiez pas où reposer la tête. Dans le combat qui finit la guerre de notre rédemption,  sur la Croix où Marie ne pouvait atteindre, la Pauvreté monta, ornée de tous les dénûments qui forment sa parure d'épouse. Elle vous suivit à votre tombeau d'emprunt ; et comme en son étreinte vous aviez rendu l'âme, vous la reprîtes de même dans ses bras, au dépouillement glorieux de la résurrection, pour ensuite gagner le ciel unis à jamais, ayant laissé à la terre tout ce qui était de la terre. Oh ! qui n'aimerait cette Reine du monde qu'elle foule aux pieds, ma Dame et mon amour ? Très pauvre Jésus, mon doux Maître, ayez pitié de moi qui ne puis sans elle goûter nulle paix et me meurs de désir (1). »

A pareils vœux le ciel ne se dérobe pas. S'il lutte, c'est pour multiplier les blessures de l'amour, jusqu'à ce que, le vieil homme ayant succombé, l'homme nouveau se dégage de ses ruines, en tout conforme au céleste Adam (2). Après dix-huit années, au lendemain de l'Alverne, François, marqué du sceau divin, chantait dans un langage des cieux le duel sublime qu'avait été sa vie :

« L'amour m'a mis dans la fournaise, l'amour m'a mis dans la fournaise ; il m'a mis dans une fournaise d'amour.

« Mon nouvel époux, l'amoureux Agneau, m'a remis l'anneau nuptial ; puis, m'ayant jeté en prison, il m'a fendu tout le cœur, et mon corps est tombé à terre. Ces flèches que décoche l'amour m'ont frappé en m'embrasant. De la paix il a fait la guerre ; je me meurs de douceur.

« Les traits pleuraient si serrés que j'en étais tout agonisant. Alors je pris un bouclier ; mais les coups se pressèrent si bien, qu'il ne me protégea plus ; ils me brisèrent tout le corps, si fort était le bras qui les dardait.

« Il les dardait si fortement, que je désespérai de les parer ; et pour échapper à la mort je criai de toute ma force : « Tu forfais aux lois du champ clos.» Mais lui, dressa une machine de guerre qui m'accabla de nouveaux coups.

« Jamais il ne m'eût manqué, tant il savait tirer juste. J'étais couché à terre, sans pouvoir m'aider de mes membres. J'avais le corps tout rompu, et sans plus de sentiment qu'un homme trépassé.

« Trépassé, non par mort véritable, mais par excès de joie. Puis, reprenant possession de mon corps, je me sentis si fort, que je pus suivre les guides qui me conduisaient à la cour du ciel.

« Après être revenu à moi, aussitôt je m'armai ; je fis la guerre au Christ ; je chevauchai sur son terrain, et l'ayant rencontré, j'en vins aux mains sans retard, et je me vengeai de lui.

« Quand je fus vengé, je fis avec lui un pacte ; car dès le commencement le Christ m'avait aimé d'un amour véritable. Maintenant mon cœur est devenu capable des consolations du Christ (1). »

Or déjà, près du gonfalonier de Dieu, sont rangés ceux qu'il nomme ses paladins de la Table Ronde (2). Si captivant qu'il eût paru aux jours où, proclamé par ses concitoyens la fleur de la jeunesse, il présidait leurs festins et leurs jeux, François l'était devenu plus encore dans les sentiers de son renoncement. A peine dix ans s'étaient passés depuis leurs épousailles, que la Pauvreté, vengée de ses longs mépris, tenait cour plénière au milieu de cinq mille Frères Mineurs campés sous les murs d'Assise (1), tandis que Claire et ses compagnes lui formaient tel cortège d'honneur qu'impératrice n'en vit jamais. L'entraînement bientôt devenait si général que, pour y satisfaire sans dépeupler l'Etat ni l'Eglise, François donnait au monde le Tiers-Ordre où, sur les pas de Louis IX de France et d'Elisabeth de Hongrie, allait entrer cette multitude de toute nation, de toute tribu, de toute langue, que nul ne pourrait compter (2). Grâce aux trois Ordres séraphiques, unis à la triple milice que Dominique de Gusman avait simultanément fondée, le dévouement à l'Eglise Romaine, l'esprit de pénitence et de prière, en tous lieux répandus, triomphèrent pour un temps du rationalisme anticipé, de la cupidité, de toutes les tyrannies qui mettaient la terre à deux doigts de sa perte.

L'influence des Saints relève de leur sainteté, comme le rayon du foyer dont il transmet les feux. Jamais riche ne posséda la terre autant que ce pauvre qui, cherchant Dieu dans la dépendance la plus absolue de sa Providence, avait reconquis les conditions de l'Eden primitif; ainsi voyait-on, quand il passait, les troupeaux lui faire fête, les poissons suivre sa barque sur les eaux, les oiseaux assemblés témoigner de leur docilité joyeuse. Mais, disons-le : François n'attirait tout à lui, que parce que tout, lui-même, l'attirait à Dieu.

Personne ne sut moins analyser l'amour, et distinguer entre ce qui, venant de Dieu, devait aussi l'y conduire. S'élever vers Dieu, compatir à son Christ, aller au prochain, s'harmoniser ainsi qu'Adam innocent à l'univers, dit saint Bonaventure, n'était pour le séraphique Père qu'une même impulsion de la vraie piété gouvernant tout son être (1). De même, la flamme divine s'entretenait en lui de tout aliment. D'où qu'elle vint, François ne laissait passer nulle touche de l'Esprit sans la suivre, tant il craignait de frustrer de son effet aucune grâce (2). Pour n'être point l'océan, le ruisseau ne lui semblait pas méprisable ; et c'est avec une inouïe tendresse de dévotion, nous dit toujours son illustre historien et fils, Bonaventure, qu'il savourait dans la création l'épanchement de la bonté primordiale, qu'il contemplait en toute beauté la beauté suprême, qu'il écoutait l'écho des célestes harmonies dans le concert des êtres (3) provenus comme lui de l'unique principe (4). Aussi était-ce au très doux titre de frères et de sœurs qu'il invitait toutes créatures à louer avec lui le Seigneur, ce Bien-Aimé dont nul vestige n'échappait sur terre à sa contemplation, à son amour.

Ni le progrès, ni la consommation de sa sainteté ne modifièrent en ce point ce qu'on nommerait aujourd'hui la manière d'oraison du serviteur de Dieu. A l'annonce de sa mort prochaine, puis derechef quelques instants avant cette mort bienheureuse (5), il chanta et voulut qu'on chantât son cantique préféré : « Loué soit Dieu mon Seigneur pour toutes les créatures, et spécialement pour notre frère messire le soleil, qui nous donne le jour et qui est votre image, ô mon Dieu ! Loué soit mon Seigneur pour notre sœur la lune, et pour les étoiles qu'il a créées lumineuses et belles dans les cieux ! Loué soit mon Seigneur pour notre frère le vent, et pour l'air, et le nuage, t la sérénité, et tous les temps ; pour notre sœur l'eau, qui est très utile, humble, précieuse et chaste ; pour notre frère le feu, qui est brillant et fort ; pour notre mère la terre, qui nous porte et produit les fruits et les fleurs! Loué soyez-vous, mon Dieu, pour ceux qui pardonnent et souffrent en votre amour ! Loué soyez-vous pour notre sœur la mort corporelle, à laquelle nul vivant ne peut échapper; malheur à qui meurt en péché mortel ; heureux ceux qu'elle trouve conformes à votre très sainte volonté ! Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâces, et servez-le en grande humilité (1).  »
Depuis les stigmates, la vie de François n'avait plus été qu'un indicible martyre, malgré lequel, porté sur un ânon comme autrefois Jésus dont il était la touchante image, il parcourait sans fin villes et bourgades, prêchant la Croix, semant sur sa route prodiges et grâces. Assise garde chèrement le souvenir de la bénédiction qui fut le legs de son illustre fils, lorsque, considérant ses murs une dernière fois de l'admirable plaine qui s'étend à ses pieds, il pleura et dit : « Sois bénie du Seigneur, cité fidèle à Dieu, parce qu'en toi et par toi beaucoup d'âmes seront sauvées (2) ! »

La Pauvreté attendait François, pour le suprême embrassement de la mort, au lieu même où s'était premièrement conclue leur alliance : l'humble Portioncule, où de leur union l'Ordre des Mineurs était né, où Claire, la mère du second Ordre, avait elle aussi échangé pour le dénûment de la Croix les parures du siècle; Sainte-Marie-des-Anges, lieu toujours saint où s'impose au pèlerin le sentiment du voisinage du ciel, où le Grand Pardon du 2 août montre à perpétuité la complaisance qu'y prend le Seigneur ! Ce fut là que, le soir du 3 octobre 1226, aux approches de la huitième heure, et bien qu'il fût déjà nuit close, un vol d'alouettes s'abattit, chantant le lever au ciel du soleil nouveau qui montait vers les Séraphins (1).

François avait choisi pour sépulture le lieu d'exécution des criminels, à l'occident du rempart de sa ville natale. Mais deux ans n'étaient pas écoulés, que Grégoire IX l'inscrivait au nombre des Saints. La Colline d'Enfer, devenue celle du Paradis, voyait Jacques l'Allemand niveler ses roches maudites pour dresser, sur la pierre nue où dort le Pauvre d'Assise, la double église superposée que le génie de Giotto allait achever d'élever en gloire par-dessus tous les palais des princes de la terre.

Si abrégé qu'il soit, le récit de la sainte Eglise complétera ces pages déjà longues.

François, né à Assise en Ombrie, s'adonna dès le jeune âge au négoce, à l'exemple de son père. Un jour que , contre sa coutume, il avait repoussé un pauvre qui sollicitait de lui quelque argent pour l'amour de Jésus-Christ, il fut aussitôt pris de repentir et exerça largement la miséricorde envers ce mendiant, promettant à Dieu que, de ce jour, il ne rebuterait quiconque lui demanderait l'aumône. Une grave maladie qu'il eut ensuite fut pour lui, dès sa convalescence, le point de départ d'une ardeur nouvelle dans la pratique de la charité. Ses progrès y furent tels, que, désireux d'atteindre la perfection évangélique, il donnait aux pauvres tout ce qu'il avait. Ce que son père ne pouvant souffrir, il traduisit François devant l'évêque d'Assise à l'effet d'exiger de lui une renonciation aux biens paternels ; le saint lui donna satisfaction jusqu'à dépouiller les habits dont il était revêtu, ajoutant qu'il lui serait désormais plus facile de dire : Notre Père, qui êtes aux cieux.

Un jour qu'il avait entendu lire ces paroles de l'Evangile : N'ayez or, argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux vêtements, ni chaussures ; il résolut d'en faire la règle de sa vie, et, quittant les chaussures qu'il avait aux pieds, ne garda plus qu'une tunique. Avec douze compagnons qui s'adjoignirent à lui, il fonda l'Ordre des Mineurs. L'an du salut mil deux cent neuf le vit venir à Rome, pour obtenir du Siège apostolique qu'il confirmât la règle dudit Ordre. Le Souverain Pontife Innocent III l'ayant  d'abord éconduit, vit ensuite en songe cet homme qu'il avait repoussé et qui soutenait de ses épaules la basilique de  Latran menaçant  ruine ; il le  fit aussitôt  chercher  et mander,  l'accueillit avec  bienveillance et approuva tout ce qui lui fut exposé. François donc envoya ses Frères dans toutes  les parties du monde,  afin d'y prêcher l'Evangile de Jésus-Christ; pour lui, ambitionnant de rencontrer  quelque occasion du martyre, il fit voile vers la Syrie ; mais le Soudan qui régnait là n'eut pour lui que  des honneurs,  et comme il n'avançait à rien, il revint en Italie.

Ayant donc construit un grand nombre de couvents, il se retira dans la solitude du mont Alverne, pour y commencer un jeûne de quarante jours en l'honneur de saint Michel Archange ; c'est alors que, le jour de l'Exaltation de la sainte Croix, un Séraphin lui apparut portant entre ses ailes l'image du Crucifié, et imprima à ses mains, à ses pieds, à son côté les plaies sacrées. Saint Bonaventure témoigne en ses écrits qu'assistant à une prédication du Souverain Pontife Alexandre IV, il entendit le Pontife raconter avoir vu de ses yeux  ces stigmates augustes. Signes du très grand amour que portait au Saint le Seigneur, et qui excitaient au plus haut point l'admiration  universelle. Deux ans après, gravement malade,   François voulut être transporté à l'église de Sainte-Marie-des-Anges, afin de rendre à  Dieu son esprit là même où  il  avait reçu l'esprit de grâce. Ayant donc exhorté  les Frères à aimer la pauvreté, la patience, à garder la foi de la sainte Eglise Romaine,  il entonna le Psaume : J'ai élevé  ma voix pour crier vers le Seigneur; et au verset Les justes attendent que vous me donniez  ma récompense,  il rendit  l'âme. C'était le quatre des nones d'octobre.  Les  miracles continuèrent d'étendre sa renommée, et le Souverain Pontife Grégoire IX l'inscrivit au nombre des Saints.

Soyez béni de toute âme vivante, ô vous que le Sauveur du monde associa si pleinement à son œuvre de salut. Le monde, qui n'est que pour Dieu, ne subsiste que par les Saints; car c'est en eux que Dieu trouve sa gloire. Quand vous naquîtes, les Saints se faisaient rares ; l'ennemi de Dieu et du monde étendait chaque jour son empire de glaciales ténèbres ; or, quand le corps social aura perdu foi et charité, lumière et chaleur, c'en sera fait de l'humanité. Venu à temps pour réchauffer encore une société que l'hiver semblait avoir déjà stérilisée, vous sûtes au souffle de vos séraphiques ardeurs donner à ce treizième siècle, si riche en fleurs exquises, l'apparence d'un printemps qu'hélas! l'été ne devait pas suivre. Par vous, la Croix força de nouveau le regard des peuples; mais ce fut moins pour être exaltée dans un triomphe permanent comme jadis, qu'afin  de rallier les prédestinés en face de l'ennemi; bientôt, en effet, celui-ci reprendra ses avantages. L'Eglise dépouille la parure de gloire qui lui seyait au temps de la royauté incontestée du Seigneur ; avec vous, elle aborde nu-pieds la carrière où ses propres épreuves vont désormais l'assimiler à l'Epoux souffrant et mourant pour l'honneur de son Père. Par vous et par les vôtres, tenez toujours haut devant elle l'étendard sacré.

C'est en s'identifiant au Christ sur la Croix, qu'on le retrouve dans les splendeurs de sa divinité ; car l'homme et Dieu en lui ne se séparent pas, et toute âme, disiez-vous, doit contempler les deux; mais c'est chimère de chercher ailleurs que dans la compassion effective à notre Chef souffrant le chemin de l'union divine et les très doux fruits de l'amour (1). Si l'âme se laisse conduire au bon plaisir de l'Esprit-Saint, ajoutiez-vous, ce Maître des maîtres n'aura pas avec elle d'autre direction que celle que le Seigneur a consignée dans les livres de son humilité, patience et passion (2).

Daignez, ô François, faire fructifier en nous les leçons de votre aimable et héroïque simplicité....

1. Apoc. VII, 2, 3. — 2. Ibid. VI, 12. — 3. Ibid. 16. — 4. Ibid. 12.— 5. Ibid.; Isai. I, 18. — 6. Apoc. VI, 13. — 7. Ibid. 17. — 8. Bonaventur. Legenda S. Francisci, Prologus ; Bernardin. Sen. De Sanctis Serm. III, de Stigmatibus B. Francisci. — 9. Léon. X, Const. Ite et vos in vineam meam. 1. Bernard de Quintavalle, premier disciple du Saint — 2. Innocent III. 1. Dante, Paradis, chant XI ; traduction de Mesnard.1. Matth. XVI, 18. — 2. Vita B. Francisci : Thom. Celan. I, III ; Tres Socii, I ; Bonavent. II. 1. Sap. VIII, 2. — 2. Prov. VII, 4. 1. Francisci Opusc. T. I, Oratio B. Patris pro obtinenda paupertate. — 2. I Cor. XV, 45-49. 1. In foco l’amor mi mise. Francisci Opusc. T. III, Cant. II ; traduction d'Ozanam, Les poètes franciscains en Italie au  XIII°  siècle.  —  2.  Francisci Opusc. T. III, Collatio XVI.
1. Chapitre des Nattes, 26 mai 1219. — 2. Apoc. VII, 9. 1. Bonavent. Legenda sancti Francisci, VIII.— 2. Ibid. X. — 3. Ibid. IX, — 4. Ibid. VIII. — 5. Wadding, ad ann. 1226, XXII, XXXVII. 1. Francisci Opusc. T. III, Canticum fratrum Solis. — 2. Wadding, ad. ann. 1226, XXV. 1. Wadding, ad ann. 1226, XXXIX.   1. Francisci Opusc. T. III, Collatio XXIV. — 2. Ibid. — 3. Ibid. Collatio XVII.


http://deojuvante.forumactif.org/t172-saint-francois-d-assise#1553
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Message  Roger Boivin Sam 04 Oct 2014, 10:30 am


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Message  gabrielle Sam 04 Oct 2014, 11:01 am

Merci beaucoup, Roger. C'est magnifique!
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Message  ROBERT. Sam 04 Oct 2014, 12:33 pm

.
Merci Roger. Magnifico, indeed.

Notre-Seigneur vous sera gré d'avoir si bien illustré la vie du povorello.

Saint François d'Assise, priez pour nous.
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Message  Roger Boivin Sam 04 Oct 2014, 2:32 pm


Et on récidive sunny

Vie de S. François d'Assise par Giotto :


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Message  ROBERT. Sam 04 Oct 2014, 2:36 pm

.
Vous êtes un "récidiviste" comme je les aime. Very Happy

Continuez votre beau travail d'apostolat, Roger.

Si une image vaut mille mots, vous venez d'écrire un gros bouquin Roger.


Dernière édition par ROBERT. le Dim 12 Oct 2014, 5:00 pm, édité 2 fois (Raison : ajout troisième phrase. + temps de verbe.)
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Message  ROBERT. Sam 04 Oct 2014, 3:12 pm

.
Sanctoral - Page 7 Saint_11
.


Saint Séraphique François d’Assise,

Priez pour nous.


Dernière édition par ROBERT. le Dim 05 Oct 2014, 10:48 am, édité 1 fois (Raison : correction)
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Message  gabrielle Dim 05 Oct 2014, 7:25 am

Désolée, cher Robert, mais Saint François n'est pas un Docteur de l'Église, il est confesseur. Smile

On le nomme le Séraphique François, en raison de son amour pour Dieu.
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Message  Benjamin Dim 05 Oct 2014, 7:30 am

gabrielle a écrit:Désolée, cher Robert, mais Saint François n'est pas un Docteur de l'Église, il est confesseur.  Smile

On le nomme le Séraphique François, en raison de son amour pour Dieu.

Le Docteur Séraphique est Saint Bonaventure, si je ne fais pas erreur study
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Message  gabrielle Dim 05 Oct 2014, 7:32 am

Le 5 octobre

Saint Placide et ses compagnons, martyrs


Dom Guéranger, Année Liturgique a écrit:Quelle alliance de force et de grâce offre à nos yeux ravis le premier martyr de l'Ordre bénédictin! C'était le temps où l'empire ayant succombé, le joug des Goths ariens pesait sur l'Italie. Rome échappait à l'influence des races illustres qui avaient fait sa grandeur; celles-ci toutefois ne s'abandonnaient pas. Grande leçon réservée, pour l'heure des révolutions de l'avenir, à d'autres descendants de non moins nobles familles: en place du drapeau de l'honneur civique, confié jadis à leurs pères, les survivants du vieux patriciat curent à cœur de tenir plus haut encore l'étendard du seul héroïsme et des seules vertus qui demeurent pour l'éternité. Ce que faisant, Benoit de Nursie, dans sa fuite au désert, avait mieux qu'aucun triomphateur servi Rome et ses immortelles destinées. Le monde l'eut bientôt compris ; et alors commença, dit saint Grégoire, historien de Benoît, « le concours des nobles romains donnant leurs enfants au patriarche des moines, afin qu'il les nourrit pour le Dieu tout-puissant (1). »

Placide était le premier-né du patrice Tertullus. Digne d'un tel fils, les aimables qualités révélées en celui-ci dès le plus jeune âge furent pour le père un motif d'offrir à Dieu, sans tarder plus, ces prémices très chères de sa paternité. Ainsi aimait-on dans ces temps, non pour le monde qui passe, mais pour la vie sans fin, non pour soi, mais pour le Seigneur. Vingt ans après, le Seigneur reconnaissait dignement la foi de Tertullus, en prenant, avec l'aîné, ses deux autres fils et leur sœur dans l'holocauste du martyre. Holocauste non nouveau du reste en l'héroïque famille, s'il est vrai qu'elle fût l'alliée parle sang, l'héritière des biens comme de la vertu du saint martyr Eustache, immolé quatre siècles plus tôt avec les siens pour le Christ (1).

Parmi les enfants de grande espérance que les vaincus de l'ancien empire amenaient à l'école de milice nouvelle qui s'ouvrait pour eux dans la Vallée sainte, Sublac voyait aussi le fils d'Equitius, Maur, plus âgé que Placide de quelques années. Maur et Placide, aux noms inséparables éternellement de celui de Benoît, dont l'auréole se complète de leur gloire, aux rayons si concordants, si distincts pourtant.

Egaux dans leur amour du Maître et du Père, eux-mêmes également aimés pour leur égale fidélité dans les œuvres bonnes (2), ils expérimentent à l'envi cette délectation des vertus qui fait de la pratique du bien une seconde nature (3). Mais tout pareil que soit leur zèle à manier au service du Christ roi les très fortes et très belles armes de l'obéissance (4), c'est merveille de voir le Maître se conformer à l'âge des disciples, s'adapter de telle sorte aux nuances de leurs âmes (5), que rien de précipité ou  de contraint n'apparaît dans cette éducation qui discipline la nature sans l'étouffer, qui suit l'Esprit-Saint et ne le dirige pas. Maur retracera surtout l'austère gravité de Benoît, Placide sa simplicité, sa douceur. Benoît prend Maur pour témoin du châtiment infligé au moine vagabond qui ne pouvait rester à la prière (1) ; c'est Placide qu'il veut près de lui sur la montagne où sa supplication obtient l'eau vive, grâce à laquelle péril et fatigue seront épargnés aux Frères habitant les rochers qui dominent l'Anio (2). Mais lorsque, dans ses promenades au bord du fleuve, tenant Placide par la main et appuyé sur Maur, le législateur des moines explique à tous deux les règles du code de perfection dont ils seront les apôtres, le ciel ne sait qu'admirer le plus, de la candeur du premier qui lui vaut les tendresses du Père, ou de la précoce maturité du second justifiant la confiance du patriarche et partageant déjà son fardeau (3).

Qui n'a présente à la pensée l'admirable scène où Maur marcha sur les eaux, pour arracher Placide au lac qui allait l'engloutir? le retentissement s'en est prolongé dans tous les siècles monastiques et religieux, exaltant l'obéissance de Maur, l'humilité de Benoît, la clairvoyante simplicité de l'enfant sauvé des eaux et prononçant entre les deux comme juge du prodige (4). C'est de tels enfants que le Maître a pu dire en connaissance de cause : « Le Seigneur révèle souvent au plus jeune ce qui est le meilleur (5). » Et l'on peut croire que les souvenirs de la sainte Vallée dirigèrent sa plume, quand plus tard il formula pour toujours cette prescription : « En aucun lieu, lorsqu'il s'agira du rang, on ne tiendra compte de l'âge, pas plus qu'il ne portera préjudice ; car Samuel et Daniel enfants ont jugé les vieillards (1). »

Les Leçons suivantes, qui sont celles du Bréviaire monastique, achèveront pour nous le récit de la vie de Placide et raconteront sa mort. En 1588. la découverte à Messine des reliques du Martyr et de ses compagnons de victoire est venue confirmer la véracité des Actes de leur glorieuse Passion. Ce fut à cette occasion que le Pape Sixte-Quint étendit la célébration de leur fête à toute l'Eglise sous le rite simple.


Placide, né à Rome, eut pour père Tertullus, de la très noble famille des Anicii. Il fut, encore enfant, offert à Dieu et confié à saint Benoît. D'une admirable innocence, tels furent ses progrès dans la vie monastique, qu'il compta parmi les principaux disciples du Maître. Il était présent, lorsqu'une source miraculeuse jaillit, à la prière de celui-ci, au désert de Sublac. Un autre prodige est celui dont il fut l'objet lorsque, tout jeune encore, étant allé puiser au lac il y tomba et fut sauvé, au commandement du bienheureux Père, par le moine Maur courant à pied sec sur les eaux. Il accompagna Benoît lors de sa retraite en Campanie et, dans sa vingt-deuxième année, fut envoyé en Sicile pour y défendre contre d'injustes déprédations les possessions et droits assurés par son père au monastère du Mont-Cassin. De grands et nombreux prodiges marquèrent sa route, et ce fut précédé de la renommée de sa sainteté qu'il parvint à Messine. Il lut le premier qui introduisit dans l'île la discipline monastique, en construisant non loin du port, sur le domaine paternel, un monastère où trente moines furent rassemblés.

Rien qui l'emportât sur lui en placidité douce, en humilité ; en prudence, gravité, miséricorde, perpétuelle tranquillité d'âme, il surpassait tout le monde. La contemplation des choses célestes absorbait le plus souvent ses nuits, ne s'asseyant un peu que lorsque s'imposait la nécessité du sommeil. Combien grand n'était pas son amour du silence ! fallait-il parler, tout son discours était du mépris du monde et de l'imitation de Jésus-Christ. Son zèle pour le jeûne était tel, qu'il s'abstenait toute l'année de chair et de laitage ; pendant le Carême, les mardi, jeudi et Dimanche, il se contentait de pain et d'eau fraîche, se passant les autres jours de toute  nourriture. Il ne but jamais de vin, porta perpétuellement le cilice. Cependant si grands, si nombreux étaient les miracles de Placide, que leur éclat lui amenait en foule, implorant guérison, les malades non seulement du voisinage, mais encore de l'Etrurie et de l'Afrique ; toutefois il avait pris, dans son insigne humilité, l'habitude d'opérer au nom de saint Benoît ces divers miracles et de lui en attribuer le mérite.

Sa sainteté, ses prodiges favorisaient grandement les progrès de la religion chrétienne, quand, la cinquième année depuis sa venue en Sicile, eut lieu une irruption subite de Sarrasins. Or, il se trouva que dans ces mêmes jours Eutychius et Victorinus, frères de Placide, avec sa sœur la vierge Flavia, étaient arrivés de Rome pour lui faire visite ; les barbares, surprenant l'église du monastère pendant l'office de nuit, s'emparèrent d'eux, ainsi que de Donat, de Fauste, du diacre Firmat et des trente moines. Donat eut aussitôt la tête tranchée. Les autres, amenés devant Manucha le chef des pirates, furent sommés d'adorer ses idoles ; ce qu'ayant sans faiblir refusé de faire, on les jeta  pieds et poings liés en prison sans aucune nourriture, après les avoir frappés de verges, et avec ordre de les frapper tous les jours. Mais Dieu les soutint ; lorsque après beaucoup de jours on les ramena au tyran, leur constance dans la foi fut la même ; de nouveau flagellés à plusieurs reprises, on les suspendit nus la tête en bas au-dessus d'une fumée épaisse, pour les étouffer. Chacun les croyait morts ; le lendemain, ils reparaissaient pleins de vie, miraculeusement guéris, sans aucune blessure.

Alors le tyran s'en prit séparément à la vierge Flavia, et ne pouvant rien sur elle par menaces, il la fit suspendre nue par les pieds à une haute poutre Mais comme il lui imputait à infamie cette épreuve : L'homme et la femme, dit la vierge, ont un seul Dieu pour créateur et auteur ; c'est pourquoi mon sexe ne me sera pas imputé près de lui à démérite, ni davantage cette nudité que je supporte pour son amour à lui qui, pour moi, ne voulut pas être seulement dépouillé de ses vêtements, mais encore attaché aune croix. Sur cette réponse Manucha furieux, après avoir repris contre elle le supplice des verges et de la fumée, ordonne qu'on la livre à la prostitution. Mais la  vierge  priait ; Dieu  paralysa  ceux qui voulurent l'approcher, et les punit de douleurs  subites en  tous leurs membres. Après la vierge, ce fut  au frère de soutenir l'assaut.  Comme il  dénonçait la  vanité des idoles, Manucha lui fit briser à coups de pierres la bouche et les dents,  puis commanda qu'on lui coupât la langue jusqu'à la  racine ; mais le martyr n'en parlait pas avec moins de netteté et d'aisance. La colère du barbare s'accrut  à ce prodige ; sur Placide, sa sœur et ses frères, renversés à terre, il ordonne qu'on entasse en poids énorme des ancres et des meules, sans pourtant arriver davantage a leur nuire. Enfin,  de la seule  famille de Placide trente-six  martyrs  eurent la tète  tranchée'  avec leur chef, sur le rivage du port de  Messine ;  ils remportèrent la palme avec beaucoup  d'autres, le trois des nones d'octobre, l'an du salut cinq cent trente-neuf. Quelques  jours plus  tard, Gordien, moine de ce même monastère  échappé par la fuite, retrouva tous les corps intacts et les ensevelit avec larmes.  Quant  aux barbares, ils furent peu après engloutis  par  les  ondes vengeresses de la mer en punition de leur cruauté.

1. Gregor. Dialog. Lib. Il, cap. III.
1. V. plus haut, XX septembre, p. 282.— 2. S. P. Benedict. Reg. cap. II.— 3. Ibid. cap. VII. — 4. Ibid Prolog. — b. Ibid. cap. II.
1. Gregor. Dialog. Lib. II, cap. IV. — 2. Ibid. cap. V. — 3. Ibid. cap. III. — 4. Ibid. cap. VII. — 5. S. P. Benedict. Reg. cap. III.
1. S. P. Benedict. Reg. cap. LXIII.


@ Benjamin

Vous avez raison, Saint Bonaventure porte ce nom ou titre.
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Message  ROBERT. Dim 05 Oct 2014, 10:50 am

gabrielle a écrit:Désolée, cher Robert, mais Saint François n'est pas un Docteur de l'Église, il est confesseur.  Smile

On le nomme le Séraphique François, en raison de son amour pour Dieu.

Correction effectuée, chère amie. Wink  
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Message  ROBERT. Dim 05 Oct 2014, 10:52 am

Benjamin a écrit:
gabrielle a écrit:Désolée, cher Robert, mais Saint François n'est pas un Docteur de l'Église, il est confesseur.  Smile

On le nomme le Séraphique François, en raison de son amour pour Dieu.

Le Docteur Séraphique est Saint Bonaventure, si je ne fais pas erreur study

Merci Benjamin et j'ai corrigé le Docteur Séraphique que j'attribuais faussement à Saint François d'Assise.
ROBERT.
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Message  gabrielle Lun 06 Oct 2014, 7:14 am

Le 6 octobre

Saint Bruno, confesseur


Voici la Légende que lui consacre aujourd'hui  la sainte Liturgie. ( Dom Guéranger)

Bruno, fondateur de la famille religieuse des Chartreux, naquit à Cologne. Il donna dès le berceau des marques de sa future sainteté. Avec l'aide de la grâce divine, la gravité de ses mœurs lui fit éviter les légèretés du jeune âge ; et telle était déjà sa vertu qu'on pouvait deviner en lui le père des moines et le restaurateur futur de la vie des anachorètes. Ses parents dont la vertu égalait la noblesse l'envoyèrent a Paris, où ses progrès furent tels en philosophie et en théologie, qu'il obtint le titre de maître et de docteur dans l'une et l'autre faculté. Peu après, ses rares qualités lui firent conférer un canonicat dans l'église de Reims.

Quelques années s'écoulèrent et, renonçant au monde avec six compagnons, il vint trouver l’évêque de Grenoble, saint Hugues. A l'exposé du motif de leur arrivée, celui-ci reconnut en  eux  les  sept étoiles que dans son sommeil, la nuit précédente, il avait vues tomber à ses pieds; il leur donna pour retraite dans son diocèse les montagnes sauvages qu'on appelait la Chartreuse, et voulut lui-même les y conduire. Or, après plusieurs années de vie érémitique en ce lieu, Bruno fut mandé à Rome par Urbain II, son ancien disciple. Dans les épreuves si nombreuses de l'Eglise en ces temps, ses conseils et sa science furent grandement utiles au Pontife durant plusieurs autres années ; mais l'archevêché de Reggio lui avant été offert, il le refusa et obtint l'autorisation de se  retirer.

L'amour de la solitude le conduisit dans un désert de Calabre situé au territoire de Squillace. Roger, comte de Calabre, l'y découvrit, un jour que, chassant, les aboiements de ses chiens l'amenèrent à la grotte où Bruno était en prières. Frappé de la sainteté du serviteur de Dieu, il l'entoura dès ce jour d'honneur lui et ses compagnons et pourvut à leurs besoins. Libéralité qui ne fut pas sans récompense. Comme, en effet, Roger assiégeait Capoue, un officier de garde, nommé Sergius, avait résolu de le trahir ; mais Bruno, qui vivait encore dans le même disert, apparut au comte qui dormait, lui découvrit tout et le délivra du péril imminent. Enfin, plein de vertus et de mérites, non moins illustre par sa sainteté que par la renommée de si science, le bienheureux s'endormit dans le Seigneur, et on l'ensevelit dans le monastère de saint Etienne construit par Roger lui-même. C'est là qu'on l'honore encore aujourd'hui.

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Message  gabrielle Mar 07 Oct 2014, 7:35 am

Le 7 octobre

Notre-Dame du Rosaire.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc.

En ce temps-là : L’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans la ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Et le reste.

Homélie de saint Bernard, Abbé.

Voulant faire apprécier sa grâce et confondre la sagesse humaine, Dieu daigna prendre chair d’une femme, mais d’une vierge, afin de restituer la ressemblance par un semblable, de guérir le contraire par un contraire, d’arracher l’épine vénéneuse et d’effacer, avec une souveraine puissance, la cédule du péché. Eve a été l’épine, en blessant, et Marie, la rose, en gagnant l’affection de tous. Eve a été l’épine inoculant la mort à tous, et Marie la rose qui nous a tous guéris. Marie fut une rose blanche par la virginité, et rouge par la charité ; blanche par la chasteté de son corps, rouge par la ferveur de son esprit ; blanche en recherchant la vertu, rouge en foulant aux pieds les vices ; blanche par la pureté des affections, rouge par la mortification de la chair ; blanche en aimant Dieu, rouge en compatissant au prochain.


« Le Verbe s’est fait chair, » et déjà il habite en nous. Il habite dans notre mémoire, il habite dans notre pensée, car il descend jusque dans notre imagination elle-même. Comment cela, dites-vous ? En gisant sur la paille de la crèche, en reposant sur un sein virginal, en prêchant sur la montagne, en passant la nuit en prières, en se laissant suspendre à la croix et défigurer par le trépas, en se montrant « libre entre les morts » et en commandant à l’enfer ; en ressuscitant le troisième jour, en montrant à ses Apôtres, dans les traces des clous, les signes de sa victoire, enfin en s’élevant devant eux au plus haut du ciel.

Est-ce que chacun de ces faits n’inspire pas des pensées vraies, pieuses, saintes ? Quand je les repasse dans mon esprit, c’est à Dieu que je pense, et dans ces mystères, je trouve mon Dieu. Méditer ces choses, selon moi, c’est sagesse, et, à mon jugement, c’est prudence que d’en ramener le souvenir, souvenir dont la douceur est comme l’amande du fruit produit en abondance par la verge d’Aaron, et que Marie est allée cueillir dans les hauteurs des cieux, pour le répandre sur nous à profusion. Oui, c’est bien au plus haut des cieux qu’elle est allée le prendre, et par delà les Anges, quand elle a reçu le Verbe du sein de Dieu même, pour nous enrichir. C’est dans les hauteurs et plus haut que les Anges, que Marie a reçu le Verbe, du sein même du Père.

Le même jour

Saint Marc, pape et confesseur et les saints Serge, Bacq, Marcel et Apulée, martyrs.
Dom Guéranger, Année Liturgique a écrit:
Successeur de Silvestre. le Pontife de la Paix, Marc est honoré de temps immémorial en ce jour. Au témoignage de Damase, ses vertus ne rappelèrent pas moins que son nom lui-même le second des Evangélistes (1). Il occupa huit mois seulement le premier Siège, continuant d'organiser la victoire récente de l'Eglise. Rome lui dut deux sanctuaires nouveaux L'évêque d'Ostie, consécrateur attitré des Pontifes romains, reçut de lui, pour relever un si haut privilège, l'usage du Pallium, dont c'est ici la première mention dans l'histoire.

Ce pontificat vit la mort d'Arius. Constantin abusé venait d'ordonner la réhabilitation de l'homme par qui l'enfer, au lendemain du triomphe sur l'idolâtrie, prétendit convaincre l'Eglise de n'adorer dans le Verbe qu'une créature. L'hérésiarque, suivi de ses partisans, parcourait en vainqueur les rues de Constantinople ; il s'apprêtait à forcer les portes de la basilique où, jeûnant et pleurant avec l'évêque saint Alexandre, les fidèles suppliaient Dieu d'écarter la profanation. Soudain, saisi d'un tremblement ignominieux, Arius est contraint de gagner un lieu secret où ses adulateurs le trouvent peu après étendu à terre, les entrailles répandues Mort de Judas ! n'avait-il pas lui aussi livré le Fils de Dieu aux discussions de la foule, aux moqueries des superbes, aux contradictions du prétoire ?

Entre les Martyrs dont la mémoire revient aujourd'hui chaque année, Marcel et Apulée rappellent le souvenir du premier des Papes. Disciples d'abord de Simon le Magicien, les miracles du Prince des Apôtres arrachèrent leur bonne foi aux tromperies des prestiges de son vil antagoniste; c'est jusqu'au sang qu'ils restèrent fidèles au seul vrai Dieu qu'annonçait Simon Pierre.

Saint Serge compte en Orient parmi les plus glorieux témoins du Seigneur. Il souffrit dans la dixième et dernière persécution avec son compagnon, saint Bacq, soldat comme lui des armées romaines en Syrie. Telle fut la gloire de son tombeau, qu'une ville, devenue bientôt épiscopale et métropolitaine, s'éleva à l'entour sous le nom de Sergiopolis. La voix de l'Occident s'unit de bonne heure au concert d'hommages qui montait vers les saints Martyrs. Rome leur dédia une église. Saint-Serge d'Angers, fondé par Clovis II, continue d'attester la vénération pour eux des Francs nos pères.

1. De Rossi, Inscript, christ. II, 108.

http://deojuvante.forumactif.org/t778-notre-dame-du-rosaire#11097
http://deojuvante.forumactif.org/t982-saint-marc-pape-et-confesseur#13372
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Message  ROBERT. Mar 07 Oct 2014, 12:16 pm

Le 7 octobre

Saint Marc, pape et confesseur et les saints Serge, Bacq, Marcel et Apulée, martyrs.
Dom Guéranger, Année Liturgique a écrit:
Arius.(...) Mort de Judas ! n'avait-il pas lui aussi livré le Fils de Dieu aux discussions de la foule, aux moqueries des superbes, aux contradictions du prétoire ?
.
https://messe.forumactif.org/t5561p165-sanctoral#110106   (texte)
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http://deojuvante.forumactif.org/t778-notre-dame-du-rosaire#11097 (illustration)
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http://deojuvante.forumactif.org/t982-saint-marc-pape-et-confesseur#13372 (illustration)
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Message  gabrielle Mer 08 Oct 2014, 9:43 am

Le 8 octobre

Sainte Brigitte, veuve


Dom Guéranger, Année Liturgique a écrit:« Seigneur, qui vous a ainsi traité ? — Ceux qui me méprisent et oublient mon amour. » Première révélation du Fils de Dieu à Brigitte de Suède. François d'Assise, levant l'étendard de la Croix sur le monde, avait annoncé la rentrée du Christ en la voie douloureuse : du Christ, non par lui-même, mais dans l'Eglise, chair de sa chair (1). Combien l'annonce était justifiée, Brigitte l'éprouva dès l'aurore de ce fatal siècle quatorzième avec lequel elle devait grandir, et où tous les désastres, amenés par tous les crimes, fondirent à la fois sur notre Occident.

Née l'année même où, valet d'un nouveau Pilate, Sciarra Colonna souffletait le Vicaire de l'Homme-Dieu, son enfance voit se multiplier les défaillances livrant l'Epouse aux mépris de ceux qui oublient l'Epoux. La chrétienté n'a plus de Saints qu'on puisse comparer à leurs grands devanciers ; on dirait qu'au siècle précédent, les races latines ont épuisé leur sève en fleurs : où sont les fruits que promettait la terre ? La vieille Europe n'a plus qu'affronts pour le Verbe ; cette fête, apparition de Jésus dans la froide Scandinavie, marque-t-elle donc la fuite de l'Epoux loin du centre habituel de ses prédilections ? C'est en la dixième année de Brigitte, que le divin chef de l'Eglise sollicite sous les traits de l'homme des douleurs asile en son âme ; et c'est dans le même temps, que la mort de Clément V et l'élection de Jean XXII en terre étrangère vont consommer pour soixante-dix ans l'exil de la papauté.

Rome cependant, veuve de ses Pontifes, apparaît la plus misérable des cités dont elle fut la reine. Ses rues sont en pleurs ; car personne ne vient plus à ses Solennités (1). Mise à sac par ses fils, elle perd quotidiennement quelque débris de son antique gloire ; le meurtre ensanglante ses carrefours; la solitude s'étend parmi les ruines de ses basiliques effondrées ; les troupeaux paissent au pied des autels de Saint-Pierre et du Latran. Des sept collines l'anarchie a gagné l'Italie, transformant ses villes en repaires de brigands, ses campagnes en déserts. La France va expier dans les atrocités d'une guerre de cent ans la captivité du Pontife suprême.

Hélas ! captivité trop aimée : la cour d'Avignon ne redit pas le cantique des Hébreux sur les fleuves de Babylone (2). Heureuse si, plus riche d'or que de vertus, elle n'ébranlait pour longtemps au milieu des nations le prestige du premier Siège. L'empire germanique, avec Louis de Bavière, a beau jeu pour refuser l'obéissance au protégé des Valois ; les Fratricelles accusent d'hérésie le successeur de Pierre, tandis que, soutenu par les légistes du temps, Marsille de Padoue s'attaque au principe même du pontificat. Benoît XII néanmoins, découragé par les troubles d'Italie, abandonne la pensée qu'il avait eue de rentrer dans ia Ville éternelle ; il fonde sur le rocher des Doms le château fameux, forteresse et palais, qui semble fixer pour jamais aux bords du Rhône le séjour du chef de la chrétienté. Le deuil de Rome, la splendeur d'Avignon sont au comble sous Clément VI, dont le contrat passé avec Jeanne de Naples, comtesse de Provence, acquiert définitivement à l'Eglise la possession de l'usurpatrice capitale. A cette heure, l'entourage du Pontife égale en luxe, en mondanité, toutes les cours du monde.

La justice de Dieu déchaîne sur les nations le fléau de la peste noire. Sa miséricorde fait parvenir au Pape Clément les avertissements du ciel :
« Lève-toi ; fais la paix entre les rois de France et d'Angleterre, et viens en Italie prêcher l'année du salut, visiter les lieux arrosés du sang des Saints. Songe que, dans le passé, tu as provoqué ma colère, faisant ta volonté, non ton devoir ; et je me suis tu. Mais mon temps est proche. Si tu n'obéis, je te demanderai compte de l'indignité avec laquelle tu as franchi tous les degrés par lesquels j'ai permis que tu fusses exalté en gloire. Tu me rendras raison de la cupidité, de l'ambition qui, de ton temps, ont fleuri dans l'Eglise : tu pouvais beaucoup pour la réforme ; ami de la chair, tu ne l'as pas voulu. Répare ton passé par le zèle de tes derniers jours. Si ma patience ne t'avait gardé, tu serais descendu plus bas qu'aucun de tes prédécesseurs. Interroge ta conscience, et vois si je dis la vérité (1). »

L'austère message venait de cette terre d'aquilon où, depuis un demi-siècle, la sainteté semblait réfugiée. Brigitte de Suède, en qui la lumière prophétique croissait au milieu des honneurs que lui attirait sa naissance, l'avait écrit sous la dictée du Fils de Dieu. Malgré tant de reproches encourus, la foi du Pape était grande ; elle s'unit à la courtoisie du grand seigneur qu'était resté Pierre Roger sous la tiare, pour ménager près de sa personne un accueil plein d'égards aux mandataires de la princesse de Néricie. Mais, s'il promulgua le jubilé célèbre qui devait marquer ce milieu de siècle, Clément VI laissa lui-même passer l'année sainte,sans qu'on le vît prosterné devant ces tombeaux des Apôtres à la visite desquels il convoquait l'univers. La patience divine était lassée : Brigitte connut le jugement de cette âme ; elle vit son châtiment terrible, qui pourtant n'était pas celui de l'abîme, et que tempérait l'espérance (1).

Toute jusque-là aux intérêts surnaturels de son pays, Brigitte subitement voyait sa mission embrasser le monde. Vainement, par ses prières à Dieu, par ses avertissements aux princes, la grande maîtresse du palais de Stockholm avait tenté d'arracher la Suède aux épreuves qui devaient aboutir à l'union de Calmar. Ni Magnus II, ni Blanche de Dampierre qui partageait son trône, ne s'étaient appliqué les menaces de leur illustre parente : « J'ai vu le soleil briller avec la lune dans les cieux, jusqu'à ce que l'un et l'autre ayant donné au dragon leur puissance, le ciel pâlit, les reptiles remplirent la terre, le soleil glissa dans l'abîme et la lune disparut sans laisser nulles traces (2). »

O Nord, la froideur criminelle du Midi t'avait valu d'augustes avances; dans ces jours qui te furent donnés, tu n'as point su mettre à profit la visite de l'Epoux (3). Brigitte va te quitter pour toujours. Elle fut à l'Homme-Dieu sa cité de refuge ;visitant Rome et l'habitant désormais, elle doit, en y ramenant la sainteté, préparer la rentrée du Vicaire du Christ en ses murs.
Labeur de vingt ans, où personnifiant la Ville éternelle, elle en subira les misères poignantes, en connaîtra toutes les ruines morales, en présentera les prières et les larmes au Seigneur. Apôtres, martyrs romains, titulaires des sanctuaires fameux de la péninsule, la veulent sans cesse à leurs autels trop longtemps délaissés ; tandis que, sous la dictée d'en haut, sa plume continue de transmettre aux pontifes et aux rois les missives de Dieu.

Mais l'horizon a semblé s'éclaircir enfin. Pendant que l'inflexible et juste Innocent VI réformait l'entourage du successeur de Pierre, Albornoz pacifiait l'Italie. En 1367, Brigitte transportée s'incline au Vatican sous la bénédiction d'Urbain V. Hélas ! trois ans n'étaient pas écoulés que, regrettant sa patrie terrestre, Urbain derechef abandonnait les tombeaux des Apôtres. La Sainte l'avait prédit : il ne revoyait Avignon que pour y mourir. Roger de Beaufort, neveu de Clément VI, lui succéda et s'appela Grégoire XI ; c'était lui qui devait mettre fin sans retour à l'exil et briser les chaînes de la papauté.

Cependant le temps de Brigitte va finir. Une autre moissonnera dans la joie ce qu'elle a semé dans les larmes ; Catherine de Sienne, lorsqu'elle n'y sera plus, ramènera dans la Cité sainte le Vicaire de l'Epoux. Quant à la vaillante Scandinave, toujours déçue dans ses missions sans que jamais ait fléchi son courage ou vacillé sa foi, l'Epoux, finissant avec elle en la manière qu'il commença, la conduit aux saints Lieux, témoins de sa passion douloureuse ; et c'est au retour de ce pèlerinage suprême que, loin de la terre de sa naissance, en cette Rome désolée dont elle n'a pu faire cesser le veuvage, il lui redemandera son âme. Fille de la Sainte, et sainte comme elle, une autre Catherine ramènera aux rivages de Scandinavie le corps de la descendante des seigneurs de Finstad.

Il fut déposé au monastère encore inachevé de Vadstena, chef-lieu projeté de cet Ordre du Sauveur dont le dessein, comme toutes les entreprises imposées à Brigitte de par Dieu, ne devait parvenir à terme qu'après sa mort. Presque simultanément, vingt-cinq ans plus tôt, elle avait reçu l'ordre de fonder et celui d'abandonner le pieux asile; comme si le Seigneur n'en voulait évoquer à ses yeux la sereine tranquillité, que pour la crucifier d'autant mieux dans la voie si différente où il entendait l'introduire à l'heure même. Rigueur de Dieu pour les siens ! souveraine indépendance de ses dons : ainsi déjà laissant la Sainte s'éprendre en ses premières années du beau lis, attribut des vierges, lui avait-il soudainement signifié que la fleur de ses prédilections était pour d'autres. En vain j'ai crié vers lui, disait le prophète au temps de la captivité qui figurait celle dont Brigitte avait à savourer toutes les amertumes; en vain j'ai crié vers lui, et je l'ai supplié : il a repoussé ma prière ; il m'a barré la route avec des pierres de taille, il a renversé mes sentiers (1).

En prélude au récit liturgique de l'Eglise, rappelons que Brigitte s'envola vers la vraie patrie le 23 juillet 1373 ; le VIII octobre est l'anniversaire  du jour  où pour la première fois, au endemain de la canonisation, la Messe de sainte Brigitte fut célébrée par Boniface IX (1). Martin V confirma depuis les actes de Boniface IX en son honneur ; il approuva comme lui ses Révélations ; vivement attaquées aux conciles de Constance et de Bâle, elles n'en sortirent que mieux recommandées à la piété des fidèles. On connaît également les indulgences précieuses attachées au chapelet qui porte le nom de la Sainte ; par la faveur du Siège apostolique, elles sont fréquemment appliquées de nos jours aux chapelets ordinaires; mais il est bon de rappeler que le vrai chapelet de sainte Brigitte se composait pour elle de soixante-trois Ave Maria, sept Pater et sept Credo, en l'honneur des années présumées de Notre-Dame ici-bas, de ses allégresses et de ses douleurs. C'est cette même pensée d'honorer Marie qui lui fit déférer la supériorité à l'Abbesse, dans les monastères doubles de son Ordre du Sauveur.

Brigitte, née en Suède d'illustres et pieux parents, eut une vie très sainte. Comme sa mère la portait encore, elle fut à cause de son enfant sauvée d'un naufrage. Brigitte était dans sa dixième année, lorsqu'ayant entendu prêcher sur la passion du Seigneur, elle vit, la nuit suivante, Jésus en croix, couvert d'un sang fraîchement répandu, et qui s'entretenait avec elle de cette même passion. Depuis lors, la méditation des souffrances du Sauveur l'affectait tellement, qu'elle n'y pouvait penser sans verser des larmes.

Mariée à Ulf prince de Néricie, elle l'amena à imiter la piété de sa vie par ses exemples et la persuasion de ses discours. Elle mit tout son cœur à élever ses enfants, tout son zèle à secourir les pauvres et surtout les malades, qu'elle servait dans une maison destinée à cette fin, ayant coutume de laver et de baiser leurs pieds. Comme elle revenait avec son mari de Compostelle, où ils avaient visité le tombeau de l'Apôtre saint Jacques, Ulf tomba gravement malade à Arras ; saint Denys apparut alors une nuit a Brigitte, lui prédit le retour en santé du malade et d'autres événements à venir.

Ulf, s'étant fait moine sous la règle de Cîteaux, mourut peu après, et Brigitte entendit en songe le Christ qui lui demandait d'embrasser un genre de vie plus austère. Sa fidélité fut récompensée d'en haut par de nombreuses révélations. Elle fonda le monastère de Vadstena, sous la règle du saint Sauveur que le Seigneur lui-même lui avait dictée. Elle vint à Rome par l'ordre de Dieu, et y embrasa beaucoup de monde des ardeurs de l'amour divin. Elle fit aussi le pèlerinage de Jérusalem ; et ce fut dans son voyage de retour à Rome que la fièvre la saisit. Après avoir supporté durant un an des souffrances aiguës, elle passa au ciel comblée de mérites, au jour qu'elle avait prédit. Son corps fut porté au monastère de Vadstena ; ses miracles déterminèrent Boniface IX à la mettre au nombre des Saints.

Femme forte, appui de l'Eglise en des temps malheureux, soyez bénie par tous les peuples à cette heure. Quand la terre, appauvrie de vertus, n'acquittait plus ses redevances au Seigneur suprême, vous fûtes le trésor dont la découverte aux extrêmes frontières (1), ainsi que dit l'Ecriture, compensa l'indigence de plusieurs. Par vous, jadis suspect  et délaissé (2), le septentrion connut les complaisances du ciel. Bientôt l'Esprit, sollicité par les Apôtres et les saints Martyrs, vous amenait aux plages que leur sang ne suffisait plus à féconder pour l'Epoux ; vous apparûtes alors comme le navire apportant des lointains horizons nourriture et vie (3) aux contrées que désole la stérilité. A votre voix, Rome épuisée retrouva l'espérance ; à votre exemple, elle expia les fautes d'où provenait son abandon ; vos communes supplications lui ramenèrent, avec le cœur de l'Epoux, celui de son Vicaire ici-bas.

1. Eph. V, 28-32.
1. Thren. I, 4. — 2. Psalm. CXXXVI.
1. Birgitt. Revelat. Lib. VI, cap. LXIII.
1. Birgitt. Revelat. Lib. IV, cap. CXLIV. — 2. Ibid. Lib. VIII, cap. XXXI. — 3. LUC. XIX, 42, 44.
1. Thren. III, 8, 9.
1. 7 et 8 octobre 1391.
1. Prov.  XXXI, 10. — 2. Isai. XIV, 13 ; Jerem. I, 14; etc. — 3. Prov. XXXI, 14.
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Message  gabrielle Jeu 09 Oct 2014, 12:46 pm

Le 9 octobre

Saint Jean Léonardi, confesseur


Jean Léonardi naquit près de Lucques, en Italie. A vingt-six ans il commença les études préparatoires à la prêtrise. Ordonné prêtre, il fonda la congrégation des Clercs réguliers de la Mère de Dieu, qui ramenèrent par leur activité apostolique, toute la contrée à une ardente vie religieuse. Beaucoup d'évêques invoquaient ses conseils dans les questions les plus difficiles. Le pape le chargea de la réforme des ordres religieux. Le sort des païens l'émouvait profondément ; c'est pourquoi il forma des missionnaires pour aller les évangéliser. Après une vie de labeurs ininterrompus et de luttes pour le bien, il mourut à Rome en l'an mil six cent neuf. Il fut canonisé par le Pape Pie XI, le jour de Pâques mil neuf cent trente huit.

SAINT  DENYS,  ÉVÊQUE ET MARTYR, ET LES SS. RUSTIQUE ET ELEUTHÈRE, MARTYRS.

Denys était d'Athènes, et l'un des juges de l'Aréopage. Son instruction était complète en tout genre de science. Encore païen, on raconte que témoin de la miraculeuse éclipse de soleil arrivée le jour où fut crucifié le Seigneur, il s'écria: Ou le Dieu de la nature souffre, ou le système du monde se détruit. Paul étant donc venu à Athènes, et ayant rendu compte de la doctrine qu'il prêchait dans l'Aréopage où on l'avait conduit, Denys et beaucoup d'autres crurent au Christ dont l'Apôtre annonçait la résurrection comme prémices de celle de tous les morts.

Saint Paul le baptisa et lui remit le gouvernement de l'église d'Athènes. Venu plus tard à Rome, il reçut du Pontife Clément la mission d'aller prêcher l'Evangile en Gaule et pénétra jusqu'à Lutèce, ville des Parisiens, en la compagnie du prêtre Rustique et du diacre Eleuthère. Il y convertit beaucoup de monde à la religion chrétienne, en suite de quoi le préfet Fescennius le fit battre de verges avec ses compagnons. Sa constance a prêcher la foi n'en étant nullement ébranlée, ils passèrent ensemble par le supplice du gril ardent et beaucoup d'autres.

Mais comme ils affrontaient avec courage et joie tous ces tourments, Denys, âgé de cent un ans, fut avec les autres frappé de la hache le sept des ides d'octobre. On rapporte de lui que prenant dans ses mains sa tête tranchée, il la porta l'espace de deux milles. Il a écrit des livres admirables et tout célestes, sur les Noms divins, la Hiérarchie céleste, la Hiérarchie ecclésiastique, la Théologie mystique, et quelques autres.

http://deojuvante.forumactif.org/t983-saint-jean-leonardi-confesseur#13374

http://deojuvante.forumactif.org/t984-saints-denis-rustique-et-eleuthere#13375
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