Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
État de l’Espagne et du Portugal.
Ainsi tous les trônes d'Europe occupés par des princes français, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Hongrie, à Naples, étaient souillés de sang, de meurtres, de révolutions. En Espagne, excepté le meurtre de Pierre le Cruel par son frère Henri de Transtamare, en 1368, le trône de Castille se montra plus respectable sous le même Henri II et ses descendants, Jean Ier, Henri III et Jean III ; celui d'Aragon, sous Pierre IV, Jean Ier, Martin-Alphonse V ; celui de Navarre, sous Charles III, dit le Noble, qui, par ses belles qualités, compensa la fâcheuse renommée de son père, Charles le Mauvais.
Le Portugal voyait alors régner un de ses plus grands rois, Jean Ier, surnommé le Grand et le Père de la patrie. Il était frère naturel de Ferdinand Ier, qui mourut sans laisser d'héritier légitime. Les états du royaume se déclarèrent pour son frère Jean, grand-maître de l'ordre d'Aviz. L'an 1387, ayant obtenu dispense de son vœu de chasteté, il épousa la princesse Philippine, fille du duc de Lancastre. En 1374 il oblige les principaux seigneurs du Portugal à lui vendre les domaines qu'ils tenaient de la couronne, ce qui ôtait à ces seigneurs presque toute leur puissance en leur ôtant leurs vassaux. L'an 1415 il fait une expédition en Afrique et s'empare de Ceuta, la veille de l'Assomption.
Le second de ses fils, Henri de Portugal…
A suivre : Découvertes du prince Henri de Portugal sur l’Océan et en Afrique.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Découvertes du prince Henri de Portugal sur l’Océan et en Afrique.
Le second de ses fils, Henri de Portugal, joignait à l'esprit guerrier la culture des arts et des sciences ; il s'appliqua d'une manière spéciale à l'étude de la géographie. Les leçons des plus habiles maîtres et les relations des voyageurs lui procurèrent bientôt assez de connaissance du globe pour apercevoir la probabilité de découvrir de nouvelles contrées en naviguant le long de la côte d'Afrique. Au retour de l'expédition de Tanger, où il s'était signalé sous les yeux de son père, il se retira de la cour et fixa sa résidence à Sagres, près du cap Saint-Vincent, où la vue de l'Océan portait continuellement ses pensées vers son projet favori. Quelques-uns des plus savants hommes de son pays l'avaient accompagné dans sa retraite et l'aidaient dans ses recherches. Il consulta les Maures de Barbarie et les Juifs de Portugal ; il attira à son service d'habiles navigateurs. Sa probité, son affabilité, son respect pour la religion et son zèle pour la gloire de son pays donnaient un nouvel éclat à ses talents. Gonzalès Zarco et Tristan Vas dépassèrent, par ses instructions, le cap Bojador, qui était regardé comme une barrière impossible à franchir, et découvrirent l'île appelée aujourd’hui Porto-Santo.
L'année suivante (1419) les mêmes officiers découvrirent Madère, où le prince, outre les semences, les plantes et les animaux domestiques communs en Europe, fit transporter des plants de vigne de Chypre et des cannes à sucre de Sicile. Ces deux objets y prospérèrent rapidement et devinrent bientôt des articles considérables de commerce.
Le cap Bojador fut doublé en 1434, et de nouvelles tentatives conduisirent les navigateurs du prince Henri dans la rivière du Sénégal et dans plusieurs autres contrées, les Açores, les îles du Cap-Vert 1.
La mort de Henri de Portugal, arrivée en 1463, arrêta pour le moment l'impulsion qu'il avait donnée aux navigations et aux découvertes lointaines ; mais nous la verrons se renouveler en son temps, et conduire l'Europe, d'un côté à l'Inde et à la Chine, de l'autre à tout un nouveau monde, l'Amérique.
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1 Biographie univ, t, 20
A suivre : Commencements de saint Vincent Ferrier.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencements de saint Vincent Ferrier.
La gloire de l'Espagne, à la fin du quatorzième siècle et au commencement du quinzième, fut saint Vincent Ferrier ou Ferrer. Il naquit à Valence le 23 janvier 1357. Son père, nommé Guillaume Ferrier, était secrétaire de la ville; sa mère s'appelait Constance Miguel ; l'un et l'autre appartenaient à d'honnêtes et anciennes familles. Dans les premiers temps de leur mariage ils s'étaient beaucoup livrés au monde et aux plaisirs ; mais, désabusés ensuite de ces vanités et revenus à des goûts plus raisonnables, ils avaient compris qu'une conduite véritablement chrétienne était le seul moyen de vivre heureux ici-bas. Leur piété exemplaire et leurs abondantes aumônes les rendirent bientôt l'édification de leurs concitoyens. Chaque année, après avoir prélevé la somme nécessaire pour les dépenses de leur maison, ils donnaient aux pauvres le reste de leurs revenus, attirant ainsi sur leur famille, par leurs largesses, les bénédictions d'un Dieu qui ne se laisse jamais vaincre en générosité.
Ils eurent plusieurs enfants de l'un et de l'autre sexe. On assure que tous répondirent par une conduite vertueuse à la bonne éducation qu'ils reçurent de leurs parents. Les deux aînés portèrent les noms de Pierre et de Boniface. Celui-ci fut un des plus fameux jurisconsultes de son temps et eut des emplois distingués dans sa ville natale; mais, après la mort de son épouse, il entra chez les Chartreux de Valence, et donna dans cet ordre une si grande opinion de son mérite que, quatre ans après s'y être engagé, il en fut fait supérieur général.
Pendant que la mère était enceinte de son troisième fils le père se vit en songe dans l'église des Frères prêcheurs, où un homme vénérable de cet ordre lui dit du haut de la chaire : « Je me réjouis avec vous, mon fils, du bonheur que vous allez voir. Voire épouse donnera naissance dans peu de jours à un fils qui sera du même ordre que moi, dont la vie sera si sainte, la doctrine si grande, le zèle si ardent que tous les peuples de France et d'Espagne l'honoreront comme un apôtre. » Le père se réveilla en louant Dieu. La mère avait des indices semblables ; elle n'éprouvait point les incommodités ordinaires de la grossesse; de plus, souvent elle entendait sortir de son sein un bruit pareil à celui d'un chien qui aboie. Elle en fut épouvantée d'abord ; mais, ayant consulté à ce sujet plusieurs grands serviteurs de Dieu, entre autres un parent qu'elle avait, qui fut depuis évêque de Valence et cardinal, elle apprit que ce bruit merveilleux devait lui donner plus de consolation que de crainte, et qu'elle pouvait espérer qu'elle enfanterait un fils qui ressemblerait à saint Dominique dans ses fonctions de l'apostolat, comme il lui ressemblait déjà dans l'égalité du présage.
Elle mit donc au monde, le 23 janvier 1357…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencements de saint Vincent Ferrier.Elle mit donc au monde, le 23 janvier 1357 un fils qui fut son troisième. Toute la ville, déjà prévenue des choses extraordinaires que l'on prédisait de cet enfant, vint le voir comme un autre saint Jean. Il fut porté quelques jours après à l'église pour y être baptisé. Il y eut là une grande contestation au sujet du nom qu'on devait lui donner. Comme on ne s'accordait point, le prêtre, ennuyé de ces longueurs, dit aux assistants : « Puisque vous ne pouvez vous entendre, je vais vous mettre tous d'accord en nommant moi-même l'enfant ; il aura nom Vincent. » Et, en effet, ce fut sous ce nom qu'il reçut une nouvelle vie en Jésus-Christ par le baptême.
(suite)
Sa mère n'eut pas de peine dans les premiers soins qu'elle lui donna, car il était impossible de trouver un enfant plus tranquille; il ne poussait pas même de cris. Quelque part qu'on le plaçât il y demeurait en repos, et l'on voyait sur son visage et dans toutes ses petites manières une joie innocente qui se communiquait à ceux qui le regardaient. Dès l'âge de six ans ses parents commencèrent à lui donner le premier goût des lettres. Il s'y attacha d'inclination, et fit de si grands progrès qu'à dix ans il surpassait non-seulement tous ses condisciples de même âge que lui, mais encore les plus âgés. Il jouait rarement avec les autres enfants, et, quand il se trouvait avec eux, après leur avoir laissé donner quelques moments au divertissement, il leur imposait silence, les faisait asseoir, et, montant sur quelque endroit un peu élevé, il leur disait : « Écoutez ce que je vais vous dire, et jugez si je serai un jour un bon prédicateur. » Aussitôt il faisait le signe de la croix, et, imitant de son mieux le ton et les gestes des prédicateurs qu'il avait entendus à Valence, il faisait un discours qui n'avait rien de puéril, et qui, forçant à l'admiration les personnes les plus âgées et les plus raisonnables, leur donnait lieu d'attendre de grandes choses d'un enfant si extraordinaire.
A l'âge de douze ans il passa de l'étude de la grammaire à celle de la dialectique…
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Louis- Admin
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Commencements de saint Vincent Ferrier.
(suite)
A l'âge de douze ans il passa de l'étude de la grammaire à celle de la dialectique, où, par sa pénétration et son jugement, il s'éleva au-dessus de tous ses condisciples. II conserva toujours avec un soin extrême le trésor de son innocence, avec l'aide non-seulement de la grâce qui l'avait heureusement prévenu et à laquelle il obéissait fidèlement, mais encore de son caractère, qui le portait naturellement à l'honneur et à la vertu; avantages auxquels il faut ajouter l'éducation chrétienne que ses parents lui donnèrent avec d'autant plus d'attention que ses heureuses dispositions leur faisaient espérer de lui de grandes choses. Ils le portèrent surtout à fréquenter les églises, à se rendre assidu aux offices divins, à s'attacher aux prédications, à s'abandonner aux mouvements d'une piété tendre et affectueuse, à louer Dieu sans cesse, et à travailler de bonne heure à dompter son corps par les jeûnes et les austérités. En effet il s'accoutuma dès ses plus tendres années à jeûner les mercredis et vendredis de chaque semaine, et il continua cette pratique jusqu'à la fin de sa vie.
Il écoutait avec une sainte avidité tous les prédicateurs qui paraissaient à Valence, et, quand il leur entendait dire quelque chose à l'honneur de la Mère de Dieu, son cœur était pénétré d'une joie qui paraissait jusque dans ses yeux, dont on voyait couler des larmes de tendresse. Mais elles coulaient avec bien plus d'abondance lorsqu'il faisait quelque lecture qui traitait de la Passion et des souffrances de Jésus-Christ ou quand il en entendait parler. La sainte Vierge et la Passion du Sauveur étaient les deux objets principaux de sa dévotion, et, pour en donner des marques chaque jour, il n'en passait aucun sans dire l'Office de la Vierge et celui de la Passion de notre Sauveur.
Sa charité pour les pauvres était presque sans bornes, et ses parents, si charitables eux-mêmes, n'éprouvaient aucune peine de ses abondantes aumônes; mais, quoique accoutumés à le voir sans cesse soulager les indigents, ils ne laissèrent pas d'être surpris lorsque, lui ayant donné la portion de leurs biens à laquelle il pouvait prétendre, ils remarquèrent qu'il ne mit pas plus de quatre jours à la distribuer aux pauvres.
C'était la meilleure preuve qu'il pût offrir de la sincérité de sa réponse lorsque son père, lui mettant son partage entre les…
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(suite)
C'était la meilleure preuve qu'il pût offrir de la sincérité de sa réponse lorsque son père, lui mettant son partage entre les mains, lui avait proposé trois partis: le premier, d'entrer dans l'ordre de Saint-Dominique; le second, de se marier et de s'établir richement dans le monde; le troisième, d'aller à Paris ou à Rome, afin de s'y avancer par la science et la vertu. Le saint jeune homme, qui avait alors dix-huit ans, répondit à son père qu'il avait depuis longtemps renoncé dans son cœur aux plaisirs, aux honneurs et aux biens du siècle, et qu'il était résolu d'embrasser le premier des trois partis qu'il lui avait proposés. Ses parents en furent ravis de joie, et Vincent prit l'habit des Frères prêcheurs, au couvent de Saint-Dominique de Valence, le dimanche 5 février de l'an 1374.
Il se proposa aussitôt d'imiter en tout ce qu'il pourrait le saint fondateur de son ordre, et dans ce dessein, après s'être fait une étude particulière de sa vie et de ses actions, il commença par s'appliquer sérieusement à l'Écriture sainte et à la théologie, pour se rendre d'autant plus capable d'éclairer les autres quand il serait parfaitement instruit lui-même. Pénétré d'une vérité dont il avait eu le bonheur de ne pas faire l'expérience, que le plus grand ennemi de la jeunesse est l'oisiveté, il se livrait sans cesse aux occupations sérieuses de ses exercices réguliers ou à celles qui partageaient son temps entre ses dévotions particulières et ses études ; mais, quoiqu'il perdît moins de temps que les autres, il n'en était pas moins sociable, et son humilité croissait à mesure que l'on voyait augmenter sa science. On l'obligea d'enseigner la philosophie à ses jeunes confrères, et il s'en acquitta pendant trois ans avec beau coup d'éloquence et de capacité, à la grande satisfaction non-seulement de ses confrères, mais encore de plus de soixante-dix étudiants du dehors, qui profitèrent de ses leçons. Ce fut alors qu'il mit au jour un ouvrage de logique, également subtil et solide, qu'il intitula : des Suppositions dialectiques .
Ses supérieurs, ne voulant pas laisser plus longtemps dans cet emploi un jeune homme de si grande espérance, l'envoyèrent à…
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Louis- Admin
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Ses supérieurs, ne voulant pas laisser plus longtemps dans cet emploi un jeune homme de si grande espérance, l'envoyèrent à Barcelone, où il y avait de célèbres professeurs en théologie du même ordre, et de là on le fit passer à Lérida, autre ville de Catalogne, où les études florissaient à cette époque. Il s'y appliqua avec ardeur à la théologie, et à l'âge de vingt-huit ans il reçut le bonnet de docteur des mains du cardinal Pierre de Lune. Vincent fut ensuite appelé à Valence, où, à la prière de l'évêque Jacques, qui était son parent, de tout le chapitre et des magistrats, et avec l'assentiment du gouvernement d'Aragon, il prêcha et enseigna publiquement la théologie pendant six ans, avec tant de réputation qu'il passait pour le seul homme véritablement docte et véritablement religieux, pour le seul saint et le seul serviteur de Dieu qu'il y eût à Valence. Aussi Pierre de Lune, charmé de sa vertu et de ses riches talents, voulut-il l'avoir auprès de lui pendant le voyage qu'il fit d'Espagne en France pour les intérêts du Pape d'Avignon, Clément VII. Le cardinal, après avoir terminé sa négociation, employa les caresses les plus engageantes et les prières les plus persuasives pour fixer Vincent à Avignon ; mais il ne put en venir à bout, et le saint religieux retourna continuer à Valence les fonctions de docteur et de prédicateur.
Jaloux de voir tant de vertus dans un homme si jeune, le démon lui tendit bien des embûches, même visibles. Un jour que Vincent, après matines, priait devant une image de la sainte Vierge pour obtenir de Notre-Seigneur, entre autres, la vertu de persévérance, il vit tout à coup un vieillard vénérable, dont la barbe épaisse et noire descendait jusqu'aux genoux, qui lui dit : « Je suis un de ces anciens Pères qui, pendant bien des années, avec grande continence et une abstinence incroyable de nourriture et de boisson, ai habité la solitude d'Egypte. Lorsque j'étais jeune j'ai voulu éprouver toutes les voluptés du corps, mais, après avoir passé le temps de ma jeunesse en toute sorte de plaisirs, je rentrai en moi-même, je fis pénitence, et Dieu, dans son infinie clémence, m'accorda le pardon de mes péchés. Maintenant, s'il faut en croire un vieillard expérimenté comme je le suis, je vous conseille d'avoir compassion de votre jeune âge, d'omettre pour le moment cette macération du corps et de la réserver pour la vieillesse. Ne craignez point; car Dieu est toujours prêt à recevoir la pénitence des pêcheurs. » Vincent fut d'abord bien effrayé; mais, en entendant ces paroles de pestilence, il soupçonna que c'était le démon. C'est pourquoi, se recommandant à Dieu et à la sainte Vierge, et se munissant du signe de la croix, il dit pour toute réponse :
« Va-t'en, serpent venimeux ! car, tes paroles frauduleuses le prouvent, tu n'es pas un des Pères de l'Egypte, mais un des démons de l'enfer. Tu as cru pouvoir vaincre par tes embûches un nouveau soldat du Christ; mais, quoique je sois nouveau dans cette milice, la grâce de Jésus, pour l'amour de qui je me suis exposé aux travaux et aux tentations, m'armera si bien de toutes parts que je ne craindrai point de combattre contre toi. »
Le démon, se voyant reconnu, disparut aussitôt en poussant un grand cri et laissant après lui une horrible puanteur.
Une autre nuit, comme Vincent…
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Louis- Admin
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Commencements de saint Vincent Ferrier.
(suite)
Une autre nuit, comme Vincent priait devant un autel où était peint un crucifix, le démon lui apparut sous la forme d'un gros nègre et dit : « Tu as beau multiplier tes prières et tes autres œuvres pour gagner le ciel, je te dresserai tant de pièges que je te ferai succomber. » Le saint répondit : « Tant que la grâce de Dieu m'accompagnera je ne craindrai aucun de tes pièges. — Rien n'est plus difficile, reprit le tentateur, que de persévérer jusqu'à la fin dans la grâce dont tu parles. — Celui qui m'a donné de commencer, répliqua Vincent, me donnera aussi de persévérer. » Et il arma son front du signe de la croix. Aussitôt le démon disparut comme une ombre devant le soleil.
Une autre fois, vers la quatrième heure de la nuit, Vincent lisait dans sa cellule le livre de saint Jérôme sur la perpétuelle virginité de Marie. Au milieu de la douce joie que lui causait cette lecture, il priait la sainte Vierge de lui obtenir la grâce de garder la virginité comme elle. Alors il entendit cette voix : « Nous ne pouvons pas tous être vierges; car, quoique tu aies pu t'appeler vierge jusqu’à présent, je ne souffrirai pas davantage que tu te glorifies de ce nom si honoré. » L'homme de Dieu ne savait que penser de ces paroles ; il pria la sainte Vierge, à genoux, de lui en donner l'explication. Peu après elle lui apparut dans une grande lumière, le consola et lui dit :
« Les paroles que vous avez entendues sont du démon, qui vous propose la difficulté des bonnes œuvres afin de vous faire abandonner la vertu par découragement. Soyez seulement sur vos gardes et persévérez avec courage. Quoiqu'il doive vous dresser bien des embûches et s'efforcer bien souvent de mettre en péril votre virginité et les autres vertus qui sont en vous, ne vous laissez point aller à la défiance ; espérez toujours dans le Seigneur ; car il sera lui-même votre bouclier, avec quoi non-seulement vous pourrez mépriser les armes du diable, mais vous vaincrez encore magnanimement tous ses artifices et ruses. »
Il est dit dans saint Luc que, quand le diable eut fini de tenter le Sauveur, il se retira, mais pour un temps 1 ; il en use de même envers les hommes ; s'il se retire, ce n'est que pour un temps, et pour revenir à l'improviste et d'une manière plus dangereuse.
Parmi ses œuvres de miséricorde Vincent Ferrier…
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1 Luc, 4, 13
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(suite)
Parmi ses œuvres de miséricorde Vincent Ferrier visitait et assistait volontiers les malades. Un jour donc il fut appelé pour confesser une noble et belle dame, qui se mourait, disait-on, d'un mal inconnu des médecins. C'était une autre femme de Putiphar, qui, éprise de la beauté d'un autre Joseph, avait imaginé ce moyen pour le séduire. Elle lui avoua sa passion et le sollicita impudemment au crime. Après quelques paroles sévères sur son infâme proposition le saint se retira. La malheureuse, comme la femme de Putiphar, voulut crier pour accuser l'homme vertueux qu'elle n'avait pu corrompre ; mais au premier cri elle fut saisie du démon. Les gens de la maison, étant accourus, la trouvèrent possédée. On employa tous les remèdes, entre autres les exorcismes ; l'esprit impur répondit : « Jamais vous ne pourrez me chasser de ce corps que lorsque celui-là viendra, qui, placé au milieu du feu, n'a pu en être brûlé. » Les assistants cherchaient ce que cela voulait dire lorsqu'un d'entre eux s'écria : « Qu'on appelle frère Vincent ! Il a confessé cette femme, lui seul pourra nous donner le sens de cette parole. » Il vint, mais avec peine, se recommandant à Jésus-Christ, le conjurant d'avoir pitié de cette malheureuse. Aussitôt qu'il mit le pied dans la chambre le démon s'écria d'une voix effroyable : « Voilà cet homme qui, placé au milieu du feu, n'a pu être brûlé ; c'est maintenant qu'il faut partir. » Et, en parlant ainsi, il laissa le corps de la femme à demi-mort. La vénération pour le saint homme s'en accrut prodigieusement.
Une autre fois on lui fit ce qu'on avait fait à saint Thomas d'Aquin, pendant qu'il était à l'église, le soir, on introduisit dans sa cellule une personne de mauvaise vie. A son retour il la prit d'abord pour une apparition de l'esprit immonde ; mais, l'ayant reconnue pour ce qu'elle était, il lui parla si fortement sur sa vie criminelle qu'elle fondit en larmes, promit de se convertir, quitta effectivement les lieux de débauche, se maria, et vécut honorablement le reste de ses jours.
Quant à Vincent, l'enfer, n'ayant pu le corrompre, voulut…
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(suite)
Quant à Vincent, l'enfer, n'ayant pu le corrompre, voulut au moins le décrier. Parmi les Frères prêcheurs de Valence il y avait un vieillard impudique, qui, depuis son jeune âge, n'avait cessé de se livrer au vice impur. Comme saint Vincent lui faisait souvent des reproches, il le haïssait et en disait tout le mal imaginable. Un jour, ce vieux libertin ayant commis le crime avec une prostituée, celle-ci examina de près, son visage pour le reconnaître, parce qu'il ne lui avait pas donné un assez gros salaire ; elle voulut même savoir son nom; le misérable dit qu'il s'appelait frère Vincent Ferrier. Le bruit de cette infamie se répandit aussitôt par toute la ville. Pour savoir la vérité les magistrats de Valence s'y prirent de cette façon ; ils se placèrent avec la femme sur le passage d'une procession générale. Quand vint à passer saint Vincent ils le lui montrèrent. Elle répondit « Ce n'est pas celui que vous cherchez; car je sais que celui-ci est ce serviteur de Dieu que tout le monde court entendre prêcher ; je l'ai vu prêcher moi-même quatre fois depuis que je suis à Valence. Celui que vous cherchez à connaître est un vieillard. » Un instant après, le voyant passer, elle dit d'elle-même : « Voilà celui que vous cherchez. » La procession finie les magistrats le mandèrent devant eux et le sommèrent, sous menace de mort, d'avouer son exécrable iniquité et d'abolir l'infamie qu'il avait jetée sur l'homme de Dieu. Tremblant, il fit ce qu'on voulut, raconta comment il avait fait, et alla aussitôt demander pardon avec beaucoup de larmes à saint Vincent, qui ne savait rien de tout cela.
Il y avait six ans que le serviteur de Dieu remplissait avec de grands fruits la place de théologal dans la cathédrale de Valence, et tous les devoirs d'un homme apostolique dans l'étendue du diocèse, au milieu des persécutions que lui suscitaient le démon et les méchants, comblé des faveurs du Ciel et admiré des gens de bien, qui non-seulement le respectaient comme un ami de Dieu, mais le consultaient aussi comme un oracle, lorsque le cardinal Pierre de Lune, après sa légation d'Espagne, fut nommé par Clément VII pour remplir en France les mêmes fonctions auprès du roi Charles VI. Ce légat, arrivé à Valence en 1390, fut si charmé de tout ce qu'il apprit de la doctrine, du zèle et de la réputation de Vincent, auquel il avait précédemment donné le bonnet de docteur à Lérida, qu'il voulut l'emmener avec lui pour honorer la nouvelle légation. Il obligea le saint de rester à Paris tout le temps qu'il y passa lui-même, et, tandis que les affaires de la politique étaient l'objet des soins et des sollicitudes de l'un, l'autre n'était occupé que des intérêts de Jésus-Christ, de la paix de l'Église, de la réforme des mœurs et du salut des âmes. Il fit en France ce qu'il avait fait dans les différentes parties de l'Espagne, il prêcha et il convertit les pécheurs; car il était difficile de tenir longtemps contre l'ardeur de son zèle, la force de ses discours et l'éclat de sa sainteté. On avait tant de preuves que l'Esprit de Dieu parlait par sa bouche que les grands et le peuple le suivaient et l'admiraient également ; mais, loin de s'élever en lui-même des marques d'estime et de vénération qu'il recevait si fréquemment, son humilité croissait avec sa réputation et ses succès, et ses austérités avec ses travaux apostoliques 1.
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1 Acta SS., avril. Vies des Saints de Bretagne , t, 3, édition de l'abbé Tresvaux.
A suivre : Comment des saints pouvaient se trouver dans les deux obédiences. Réflexion de saint Antonin.
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Comment des saints pouvaient se trouver dans les deux obédiences.
Réflexion de saint Antonin.
On s'étonnera de voir saint Vincent Ferrier dans l'obédience du Pape d'Avignon, Clément VII, et sainte Catherine de Sienne dans l'obédience du Pape de Rome, Urbain VI. Cela montre que la question était en elle-même, ou du moins avec la distance des temps et des lieux, devenue fort douteuse et embrouillée, et que, sauf les premiers auteurs de la division, le reste pouvait être dans la bonne foi de part et d'autre. Saint Antonin, archevêque de Florence, qui vivait peu après l'extinction du schisme, dit à ce sujet :
« On disputa beaucoup sur cette matière; on écrivait beaucoup pour la défense de l'un et de l'autre parti. Tout le temps que dura le schisme chaque obédience avait pour soi des hommes très-habiles dans l'Écriture et dans le droit canon, et même des personnes très-pieuses, et, qui plus est, illustres par le don des miracles. Cependant la question ne put jamais être si bien décidée qu'elle ne laissât toujours du doute dans l'esprit d'un grand nombre ; car, encore qu'il faille croire que, comme il n'y a pas plusieurs Églises catholiques, mais une seule, aussi n'y a-t-il qu'un seul vicaire de Jésus-Christ qui en soit le pasteur, cependant, s'il arrive que, par un schisme, on élise plusieurs Papes en même temps, il ne paraît pas qu'il soit nécessaire au salut de croire que c'est celui-ci en particulier ou celui-là qui est le vrai Pape, mais en général celui d'entre eux qui est élu canoniquement. Or les peuples ne sont point obligés de savoir quel est celui qui est élu canoniquement, de même qu'ils ne sont point obligés de savoir le droit canon ; mais ils peuvent en cela suivre le sentiment de leurs supérieurs et de leurs prélats 1. » Ainsi parle saint Antonin.
La cause première de ce doute universel étaient les variations des cardinaux français. Pendant plusieurs mois ils disent à tout l'univers que le Pape Urbain VI est le Pape légitime ; ensuite ils commencent à dire le contraire. Les dispositions des principaux témoins se contredisant ainsi et se détruisant elles-mêmes, l'univers restait dans l'incertitude. Il y avait schisme, il y avait division, dont les premiers auteurs sont coupables devant Dieu et devant les hommes ; mais, nous parlons de la multitude, il n'y avait point de schismatiques formels, il n'y avait point de chrétiens qui sciemment et volontairement se fussent séparés d'un Pape certainement et notoirement légitime.
Le Pape d'Avignon, Clément VII, étant mort le 6 septembre 1394, Pierre de Lune, le 28 du même mois, fut élu par ses adhérents pour lui succéder. Comme il avait pour saint Vincent Ferrier une estime particulière…
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1S. Antonin, part. 3, tit. 22, chap. 2.
A suivre : Travaux apostoliques, miracles et vertus de saint Vincent Ferrier.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Travaux apostoliques, miracles et vertus de saint Vincent Ferrier.
Le Pape d'Avignon, Clément VII, étant mort le 6 septembre 1394, Pierre de Lune, le 28 du même mois, fut élu par ses adhérents pour lui succéder. Comme il avait pour saint Vincent Ferrier une estime particulière, il lui écrivit aussitôt pour l'appeler auprès de lui, le fit son confesseur et maître du sacré palais.
Vincent se rendit à Avignon, où son zèle pour le salut des âmes et son attachement aux devoirs de sa profession l'occupèrent beaucoup plus que la conscience du Pontife. Cependant, pour ne pas laisser périr celui qui se croyait le pasteur pendant que le troupeau se sauvait par son ministère, il eut le courage de montrer à Benoît combien ii était nécessaire de faire finir le schisme qui divisait l'Église. Il lui représenta fortement qu'il devait préférer de passer le reste de ses jours dans l'indigence plutôt que de voir les fidèles désunis plus longtemps, et il employa toute son éloquence à lui insinuer qu'il était dans l'obligation de se démettre d'une autorité qui paraissait illégitime. Benoît ne se rendit pas à une proposition qui lui paraissait trop dure ; il se contenta, pour satisfaire son confesseur, d'assembler les prélats et les plus habiles gens d'entre ceux qui suivaient sa cour, et de leur proposer l'affaire. Elle fut agitée pendant plusieurs mois, mais sans succès, parce que Benoît avait de la peine à céder.
Vincent, le voyant si peu disposé à sacrifier ses intérêts et son ambition au repos de l'Église, prit d'autres mesures; il se donna des mouvements infinis auprès de l'empereur Sigismond, qui était alors en Catalogne, auprès de Charles VI, roi de France, et de Martin, roi d'Aragon, pour les déterminer à faire enfin cesser une division si scandaleuse, en sorte qu'on peut regarder comme un effet de ses soins la résolution qu'on prit d'assembler le concile de Constance, qui mit fin au schisme.
Mais, avant qu'il s'assemblât, Vincent fut attaqué d’un(e) fièvre très-violente, qui, au bout de douze jours, le réduisit à l'extrémité. On n'attendait plus que sa mort, lorsque, dans la plus grande ardeur de son mal, il eut, dit son premier historien, une apparition dans laquelle il vit Jésus-Christ, accompagné d'une multitude d'anges, de saint Dominique, de saint François, qui, après lui avoir prédit que l'Église serait bientôt en paix, lui ordonnaient de quitter la cour de Benoît, d'aller prêcher les vérités évangéliques dans toutes les provinces d'Espagne et de France, d'inculquer particulièrement la crainte du jugement, et de faire voir que ce grand jour, qui doit décider du sort de l'univers, n'était pas éloigné. Il ajoutait qu'il mourrait pourtant avant ce terrible jour et qu'il finirait heureusement sa course dans une extrémité de la terre. Vincent fut aussitôt guéri.
Il se leva pour rendre compte à Benoît de cette vision…
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(suite)
Il se leva pour rendre compte à Benoît de cette vision, prendre congé de lui et obtenir la permission d'exécuter les ordres du Ciel. Benoît entrait en même temps au couvent des Frères prêcheurs d'Avignon pour le visiter, parce qu'on avait dit qu'il était à ses derniers moments. Il fut bien surpris de le trouver guéri, et encore plus d'entendre ce qu'il demandait. Il employa toutes les caresses imaginables pour le retenir à sa cour: il lui proposa l'évêché de Valence, qui venait de vaquer; il lui en offrit d'autres; enfin il voulut lui donner le chapeau du cardinal. Vincent refusa, sans les mépriser, des faveurs si éminentes; mais, se trouvant appelé à un ministère qui ne lui permettait pas de se fixer à quelque diocèse en particulier, ni de s'arrêter à la cour, il ne demanda pour toute grâce au Pape que d'être autorisé à suivre sans délai sa vocation. Benoît et ses cardinaux respectèrent la destination qu'ils se persuadèrent que Dieu avait faite de Vincent pour les travaux apostoliques, et, lui donnant pour le ministère de la parole et de la pénitence tout le pouvoir d'un légat du Saint-Siège, ils lui permirent de prêcher, en qualité de missionnaire apostolique, partout où bon lui semblerait.
Vincent avait alors quarante ans et commença aussitôt les pénibles fonctions qui l'occupèrent jusqu'à la fin de sa vie. Après avoir prêché pendant quelque temps à Avignon il passa en Catalogne et y travailla pendant les années 1398 et 1399. Il sortit de Barcelone en 1400, et vint par mer en Provence. Il séjourna à Aix depuis le 27 octobre jusqu'au 1er décembre et depuis le 5 jusqu'au 10 janvier de l'an 1401. De là il passa en Piémont et en Lombardie, où, voyant dans son auditoire un jeune religieux de Saint-François, il prédit à toute l'assemblée que, parmi ceux qui l'écoutaient, il y avait un Frère mineur, c'était Bernardin de Sienne, qui serait un jour un grand saint, honoré de toute l'Église. En effet saint Bernardin fut canonisé le 24 mai de l'an 1450, cinq ans et trente-six jours avant celui qui faisait cette prédiction. Saint Vincent passa de Lombardie en Savoie, et en 1403 il écrivit de Genève, le 17 décembre, à son général, maître Jean de Puynoix, pour lui rendre compte de ses travaux, comme il le faisait à certaines époques, par esprit de soumission et d'obéissance. Voici cette lettre :…
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… Voici cette lettre :
« La suite non interrompue de mes occupations ne m'a point laissé la liberté de vous écrire, mon Révérend Père, comme il convenait. Depuis mon départ de Romans je me suis toujours trouvé et je me trouve encore continuellement assiégé d'une foule de peuple auquel il faut souvent rompre le pain de la parole. Après avoir chanté la messe je prêche deux ou trois fois par jour, et avec cela, obligé sans cesse de voyager, je puis à peine me ménager quelques courts moments pour prendre un peu de repos et quelque nourriture. Je fais toujours ma route et prépare mes sermons en même temps. Cependant, de crainte que Votre Révérence n'attribuât peut-être mon trop long silence à quelque négligence ou à un coupable oubli, j'ai pris un moment sur mes occupations pour marquer de mois en mois, ou de semaine en semaine, la suite de mes missions et pour vous en rendre compte.
« Vous saurez donc, mon Révérend Père, qu'après notre dernière entrevue à Romans j'employai trois mois entiers à parcourir le Dauphiné, annonçant la parole de Dieu dans toutes les villes, dans les bourgs et les villages où je n'avais pas encore prêché; mais je m'arrêtai principalement dans les trois fameuses vallées du diocèse d'Embrun, dont l'une est appelée Luzerna, l'autre Argenteya et la troisième Vaupute. Quoique tout ce pays, où je suis revenu deux ou trois fois, soit rempli d'hérétiques, le peuple y écoutait la parole de Dieu avec tant de dévotion et de respect qu'après y avoir planté la foi par le secours du Ciel j'ai cru devoir y reparaître encore de nouveau pour confirmer les fidèles dans la profession des vérités qu'ils avaient embrassées avec un si louable empressement.
« Je suis entré depuis dans la Lombardie, à la prière de plusieurs personnes, dont quelques-unes m'avaient invité par leurs lettres et quelques autres s'étaient rendues auprès de moi pour m'y conduire. Pendant treize mois je n'ai point discontinué d'annoncer l'Évangile à tous ces peuples dans les villes et les châteaux qui se trouvent de l'une ou de l'autre obédience. J'ai pénétré ensuite dans le Montferrat et dans quelques autres pays au delà des Alpes, où j'ai trouvé un grand nombre de vaudois et plusieurs autres hérétiques fort répandus, surtout dans le diocèse de Turin. En parcourant avec soin ces différentes contrées, sans cesser de combattre le vice et l'hérésie, j'ai la consolation de voir que l'on s'empressait toujours davantage d'écouter les vérités de la foi et de les recevoir avec soumission. Il est vrai que la grâce du Seigneur soutenait visiblement mon ministère et confirmait par des signes les paroles de salut que j'annonçais à ces pauvres peuples.
« La principale source de ces erreurs et de ces hérésies, autant que j'ai pu le découvrir, c'est la profonde ignorance ou le défaut d'instruction…
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« La principale source de ces erreurs et de ces hérésies, autant que j'ai pu le découvrir, c'est la profonde ignorance ou le défaut d'instruction. Plusieurs habitants du pays m'ont assuré qu'il y avait plus de trente ans qu'on n'y avait vu ni entendu d'autres prédicateurs que quelques ministres des vaudois qui avaient coutume d'y venir de la Pouille deux fois l'année. C'est, mon Révérend Père, ce qui me fait rougir et trembler en même temps, en considérant le terrible compte qu'auront à rendre au souverain Pasteur les supérieurs ecclésiastiques et tous ceux qui, par leur état et par leur profession, sont obligés d'aller chercher ces pauvres gens pour les instruire et qui cependant pensent si peu à remplir ce devoir. Tandis que les uns se reposent tranquillement dans leurs riches palais ou dans leurs maisons commodes, les autres ne veulent exercer leur ministère que dans les grandes villes, laissant ainsi périr des âmes que Jésus-Christ a rachetées par l'effusion de son sang. Faute d'un charitable ministre qui rompe le pain de la parole à ces gens oubliés ou méprisés, ils vivent dans l'erreur et meurent dans le péché, et, aujourd'hui plus que jamais, il est vrai que la moisson est grande et le nombre des ouvriers très-petit. Je fais des prières continuelles pour demander au Maître de la moisson d'y envoyer lui-même des ouvriers.
« Dans une autre vallée, nommée Luféria, j'ai rencontré un évêque des hérétiques, qui, n'ayant pas refusé d'entrer en conférence avec moi, a enfin ouvert les yeux à la lumière et embrassé la foi de l'Eglise. Je passe ici sous silence tout ce qui regarde les écoles des vaudois et ce que j'ai fait pour les détruire, ainsi que les abominations d'une autre secte renfermée dans une vallée nommée Pontia. Je bénis le Seigneur de la docilité avec laquelle ces sectaires ont renoncé à leurs faux dogmes et à toutes leurs coutumes également criminelles et superstitieuses. Un autre vous apprendra de quelle manière on m'a reçu dans une certaine contrée où les meurtriers de saint Pierre, martyr, s'étaient autrefois réfugiés. Je ne parlerai pas non plus de la réconciliation des Guelfes et des Gibelins, et de la pacification générale qui, dans ces quartiers, a heureusement succédé à un grand nombre de factions. Il vaut mieux taire tout cela et rendre à Dieu seul toute la gloire de ce qu'il a daigné faire par mon faible ministère pour l'honneur de son saint nom et le salut des âmes.
« De Lombardie j'ai été appelé en Savoie par les instances réitérées de plusieurs évêques…
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« De Lombardie j'ai été appelé en Savoie par les instances réitérées de plusieurs évêques et de quelques seigneurs du pays, où, pendant cinq mois, je n'ai point cessé d'aller de ville en ville et de bourg en bourg, en parcourant tous les endroits des quatre principaux diocèses d'Aoste, de Tarentaise, de Saint-Jean-de-Maurienne, de Grenoble, qui a une grande partie de son territoire dans la Savoie, et je me trouve à présent dans celui de Genève, où, parmi plusieurs autres superstitions criminelles qu'il faut combattre, il y en a une fort répandue et déjà consacrée par un ancien usage, suivant lequel, tous les ans, après qu'on a célébré la fête du corps de Jésus-Christ, les peuples s'assemblent de nouveau pour en solenniser une autre sous le nom imaginaire de Saint-Orient. Les religieux et les curés mêmes du pays, quoiqu'ils condamnent tous cette détestable superstition, m'ont cependant avoué qu'ils n'osent plus la combattre publiquement, retenus par la crainte des peuples, qui, non contents de leur refuser à l'avenir leurs aumônes, attenteraient à la vie du prédicateur. Dieu m'a fait la grâce de mépriser ces vaines terreurs, et la divine parole, que je ne me lasse point d'annoncer, a eu déjà la force de déraciner entièrement l'impiété. Ces mêmes peuples, qui s'y étaient si longtemps livrés avec une aveugle fureur, paraissaient aujourd'hui tout confus de s'être ainsi égarés en s'éloignant de la pureté de la foi.
« Dès que je les verrai bien affermis dans ces sentiments de conversion je suis résolu de pénétrer dans le diocèse de Lausanne, où j'apprends que le paganisme règne encore. Les peuples, surtout ceux de la campagne, y font profession ouverte d'adorer le soleil et d'adresser tous les matins leurs vœux et leurs prières à cet astre. L'évêque de Lausanne, qui a fait deux ou trois journées pour venir m'inviter à entreprendre cette mission, rapporte que les hérétiques sont en grand nombre dans son diocèse, principalement dans les villes frontières de l'Allemagne et de la Savoie. On assure de plus que ces sectaires sont naturellement fiers, téméraires et audacieux, mais le Seigneur est ma force, et je ne mets ma confiance que dans son secours. Ayant déjà promis de me rendre dans ces contrées, je pourrai y arriver dans le carême prochain. Quelle que soit la volonté de Dieu, je l'adorerai avec soumission.
« Je me recommande humblement à Votre Révérence. Le Père Antoine, compagnon de mes voyages, fait de même. Nous prions le Seigneur de vous conserver longtemps pour l'exemple de nos frères et le soutien de la vie régulière. Ainsi soit-il. Je finis cette lettre dans la ville de Genève, le 17 décembre 1403. Frère Vincent, de l'ordre des Frères prêcheurs, inutile serviteur de Jésus-Christ et votre très-humble fils. »
De Genève, où il écrivit cette lettre à son général, Vincent Ferrier passa en Lorraine…
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De Genève, où il écrivit cette lettre à son général, Vincent Ferrier passa en Lorraine, et longtemps on a conservé à Toul la chaire dont il s'était servi dans ses prédications. L'an 1405 Benoît XIII le fit venir à Gênes, où il se rendit au mois de mai. Il y reçut du doge beaucoup de marques de respect et de considération; mais, quoiqu'on le sollicitât de se servir du crédit qu'il avait auprès du magistrat afin de sauver la vie à un homme de Valence, condamné à mort pour ses crimes, il avait tant de zèle pour la justice que, quoique le criminel fût de son pays, il ne crut pas devoir s'employer à en arrêter le cours en faveur d'un sujet qui ne le méritait pas. Tout ce qu'il jugea pouvoir faire, ce fut d'obtenir quelque consolation au criminel en faisant changer le genre de son supplice.
Après avoir passé un mois à Gênes il parcourut toute la côte maritime de cette république, d'où il rentra en France; il se rendit ensuite dans les Pays-Bas. Ce fut là que le roi d'Angleterre, instruit de toutes les merveilles que la renommée publiait de lui, l'envoya prier de venir dans son royaume. Il y alla, et, après avoir parcouru l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, il revint en France et fut quelque temps dans les provinces de Gascogne et de Poitou. En l'an 1407 il alla en Auvergne et prêcha le carême à Clermont. La chaire qui lui avait servi en ce lieu fut depuis partagée en deux, dont une moitié se conservait dans l'église cathédrale et l'autre dans le couvent de son ordre. Il s'embarqua à Marseille à la fin de l'année et se rendit à Grenade, où l'avait appelé le roi musulman Abenalua-Mahoma, fils du roi Joseph, avec promesse de le laisser prêcher librement dans tout son royaume. Vincent, qui avait déjà converti un nombre prodigieux de mahométans et de Juifs, avait eu beaucoup de joie de voir dans le roi de Grenade de si heureuses dispositions ; il prêcha trois fois en sa présence et fut écouté avec une attention merveilleuse ; mais, comme on vit le peuple ébranlé et prêt à demander le baptême, les grands du royaume firent entendre au roi qu'il se mettrait au hasard de perdre sa couronne s'il souffrait plus longtemps qu'on prêchât contre la loi musulmane. Il fallut donc renvoyer le saint missionnaire, qui alla porter le flambeau de la parole de Dieu dans les pays de Valence et de Catalogne.
On y voit encore, dans les actes publics, des témoignages authentiques de l'efficacité de ses discours dans les traités de réunion…
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On y voit encore, dans les actes publics, des témoignages authentiques de l'efficacité de ses discours dans les traités de réunion par lesquels on abolit la mémoire des divisions funestes, qui, après avoir fait périr beaucoup de monde, paraissaient encore sans remède si Dieu ne se fût servi d'un homme aussi puissant en paroles et en œuvres que l'était Vincent. Ce fut aussi dans ces cantons que, par la bénédiction de Dieu, il nourrit deux mille hommes et plus avec quinze pains seulement. Il vint à Barcelone, le 15 juin, rendre visite au roi Martin d'Aragon, qui lui avait écrit pour le prier d'y venir. Ce fut lui dont on se servit pour apprendre à ce prince la mort de Martin, son fils, roi de Sicile, arrivée le 15 juillet. Le roi d'Aragon se remaria ensuite, et Vincent célébra la messe des épousailles, qui furent faites en présence de Benoît XIII, le 16 septembre. De là le saint se rendit à Tortose, d'où ayant passé dans le royaume de Valence, en 1410, il prédit la mort du roi d'Aragon huit jours avant qu'elle arrivât. Ce prince mourut le 10 mai de la même année, et, comme il ne laissait point d'enfants, sa succession donna lieu à de grandes contestations. Ce fut pour Vincent une raison de se rendre moins difficilement aux prières des habitants de Florence et de quelques autres villes d'Italie, qui l'invitèrent à passer la mer et à venir travailler à la réformation de leurs mœurs. Il prêcha donc pendant quelque temps à Pise, à Sienne, à Florence et à Lucques, et, étant parvenu à Port-Vendres, dans la rivière de Gênes, il y reçut des lettres par lesquelles le roi Jean de Castille le priait de revenir.
Il passa l'an 1414 et les quatre années…
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Il passa l'an 1414 et les quatre années suivantes en diverses parties d'Espagne, prêchant toujours avec un très-grand fruit et faisant presque toujours des miracles très-surprenants. On remarque, entre les autres succès de ses prédications, qu'il convertit plusieurs milliers de Juifs à Tolède et qu'il changea leur synagogue en une église de la sainte Vierge. Ce fut dans ce même lieu que, célébrant la sainte messe, il apprit par révélation la sainte mort de sa sœur, et en fit part au peuple dans un sermon qu'il leur prêcha immédiatement après être descendu de l'autel.
Il resta malade à Tolède pendant six semaines, et, aussitôt qu'il fut guéri, il obtint du roi, contre les Juifs et les Maures, un édit par lequel il était ordonné qu'ils ne demeureraient point avec les chrétiens, qu'ils seraient séparés d'eux d'habitation, et qu'ils porteraient quelque marque extérieure qui les distinguerait des autres habitants du pays.
Prêchant à Salamanque au commencement de l'an 1412, il vit porter en terre le corps d'un homme qui avait été tué. Il fit approcher le cercueil, et, au nom de Jésus-Christ, commanda au mort de ressusciter. Le mort recouvra aussitôt la vie, et, en mémoire de ce miracle, on dressa au même lieu une croix de pierre.
Cependant les contestations duraient toujours au sujet de la succession au royaume d'Aragon; on finit par convenir de remettre cette grande affaire à la décision de neuf arbitres, au nombre desquels se trouva Vincent, avec Bernard Ferrier, son frère. Enfin la couronne d'Aragon fut décernée à Ferdinand, infant de Castille, par sentence arbitrale du 24 juin de cette même année 1412. Ferdinand vint bientôt à Saragosse et à Lérida, où Vincent, qui l'avait aidé à monter sur le trône, employa ses soins, tant dans le tribunal de la pénitence que hors de ce tribunal, à lui apprendre le moyen de régner dans le ciel après avoir régné sur la terre.
Voici quelle était la manière de vivre de saint Vincent Ferrier dans ses voyages et ses missions...
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Voici quelle était la manière de vivre de saint Vincent Ferrier dans ses voyages et ses missions. Il ne reposait que cinq heures; le reste de la nuit il le donnait à la prière ou à la lecture de l'Écriture sainte. Le matin il se rendait au lieu où il devait prêcher. Il commençait par chanter la messe ; il prêchait ensuite, et, le sermon fini, pour satisfaire à la dévotion du peuple, qui l'accablait par un concours prodigieux, il donnait ses mains à baiser et faisait le signe de la croix sur les malades qu'on lui présentait et qui ordinairement se trouvaient guéris. II se servait habituellement de la même formule de prières pour bénir les malades. Il commençait par ces paroles de Jésus-Christ à ses apôtres, rapportées dans le dernier chapitre de saint Marc : « Ceux qui auront cru feront les prodiges suivants, etc. ; ils mettront les mains sur les malades, et les malades seront soulagés. » Il ajoutait ensuite : « Que Jésus, fils de Marie, Sauveur et Seigneur du monde, qui vous a attiré à la foi catholique, daigne vous y conserver et vous donner la béatitude, et vous délivrer de cette infirmité. Amen. »
Il mangeait peu, se contentait de poisson, ne pouvait souffrir qu'on apportât beaucoup de soin et d'art à l'accommoder, persuadé que ces délicatesses ne conviennent point à l'état religieux. Depuis son entrée dans l'ordre des Frères prêcheurs jusqu'au jour de sa mort il ne mangea de viande que lorsqu'il y fut contraint par de pressantes nécessités. Il ne voulait qu'un plat ; son vin était toujours affaibli par une grande quantité d'eau; il ne buvait jamais plus de trois coups à chaque repas. En un mot il observa toute sa vie, avec une exactitude scrupuleuse, toutes les constitutions et les règles les plus sévères de son ordre, et même jusqu'aux cérémonies les plus indifférentes qui y sont prescrites. Pendant quarante ans il jeûna presque tous les jours, excepté les dimanches.
Dans ses voyages il allait à pied, un bâton à la main ; telle fut constamment, pendant quinze ans, sa manière d'agir; mais, ayant eu enfin une jambe incommodée et ne pouvant plus marcher qu'avec peine, il se servit d'un âne pour se faire porter de ville en ville. Il couchait sur des fagots de sarment ou sur la paille, avec un sac de laine pour oreiller. Il ne s'est jamais dépouillé devant personne, pas même devant ceux de ses frères avec lesquels il vivait le plus familièrement. Depuis sa première jeunesse il ne manqua jamais de se donner la discipline toutes les nuits avec des cordes nouées, tant pour dompter son corps que pour honorer les souffrances du Sauveur par ce douloureux exercice. On remarque même une chose surprenante : c'est que, quand il était malade et que ses bras affaiblis se refusaient à son zèle, il contraignait ses confrères à lui donner la discipline, et les conjurait, au nom de Jésus-Christ, de frapper sans ménagement et de toute leur force.
Comme il ne pouvait suffire seul à ce que son emploi demandait de lui…
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Comme il ne pouvait suffire seul à ce que son emploi demandait de lui, il avait associé à ses travaux apostoliques cinq de ses confrères : Pierre Rayna, Jean de Beaupré, qu'il avait trouvé étudiant à Toulouse et avait gagné à l'ordre de Saint-Dominique, Raphaël Cardoa, Geoffroi Blannès et Pierre Cerdan, tous hommes de mérite, d'une vie sainte, et qui avaient l'estime de tout le monde, mais surtout les deux derniers, qui se distinguaient par leur doctrine et auxquels Dieu ne refusa pas la grâce des miracles.
La considération de la grande multitude de peuple qui le suivait ordinairement, soit pour faire pénitence, soit pour profiter de ses instructions et des exemples de sa sainte vie, l'avait engagé à y établir un certain ordre, tant pour entretenir et augmenter la dévotion que pour assurer les fruits, de sa doctrine et de ses prédications. Il menait avec lui beaucoup de prêtres, qu'il avait tirés de différents ordres religieux, qui étaient chargés d'entendre les confessions et de servir tant à la messe solennelle qu'à la célébration des offices divins. Son attention était allée jusqu'à faire provision d'un orgue qui le suivait dans tous ses voyages, pour contribuer par l'harmonie à exciter ceux de sa suite à louer Dieu avec plus d'affection. Il menait aussi des notaires avec lui pour fixer, par des actes publics, la légèreté et l'inconstance de ceux qui, après s'être réconciliés avec leurs ennemis, auraient ensuite pu être tentés de se repentir de la bonne action qu'ils avaient faite.
Il voulait que ceux qui le suivaient pour faire pénitence fissent des processions publiques, après le coucher du soleil, dans les villes et autres lieux où ils se trouvaient, en chantant des hymnes qu'il leur avait composées lui-même en se donnant la discipline sur les épaules nues, disant à haute voix ; « En mémoire de la Passion de Jésus-Christ et pour la rémission de mes péchés. » Ces gens, pénétrés de componction, s'acquittaient de ces exercices avec une édification si touchante que les habitants des lieux se laissaient entraîner au désir de les imiter, et, embrassant la pénitence, quittaient tout pour suivre le saint homme, en si grand nombre qu'on a vu quelquefois jusqu'à dix mille personnes dans cette société de pénitents. Outre ceux-là le nombre des autres qui accouraient de toutes parts pour entendre saint Vincent s'est trouvé assez souvent d'environ quatre-vingt mille hommes. On a remarqué, au sujet de ces pénitents, que, quoique la flagellation se fît quelquefois en des temps que le froid, le vent et la pluie rendaient très-fâcheux, il n'est cependant jamais arrivé que personne en ait eu la moindre incommodité.
Afin qu'il n'arrivât point de confusion dans une aussi grande multitude…
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Afin qu'il n'arrivât point de confusion dans une aussi grande multitude, Vincent avait fait choix de quelques personnes d'une réputation et d'une conduite hors de tout soupçon, qu'il avait chargées du soin de pourvoir aux vivres et au logement, et surtout de séparer les hommes des femmes, encore avec plus de précaution qu'il n'en prenait pour séparer les clercs des laïques. Toutes les aumônes qu'on lui donnait il les distribuait à ses disciples, à chacun selon ses besoins, et employait le reste au soulagement des pauvres. Il ne voulait pas que ceux de sa compagnie reçussent de l'argent et ne leur permettait d'accepter que ce qui leur était nécessaire pour la provision de chaque jour. Les consuls de Béziers lui présentèrent une fois trente écus d'or en aumône; il les refusa à son ordinaire ; mais les consuls firent de si grandes instances pour le prier d'accepter leur offrande que le saint, n'osant manquer de respect aux noms de Jésus-Christ et de la sainte Vierge, qu'ils avaient employés pour le fléchir, prit véritablement l'or qu'ils lui offraient; mais il le donna sur-le-champ à l'un de ses compagnons, avec ordre de le distribuer aux pauvres, aux orphelins et aux veuves, avant qu'il sortît de la ville.
Il reprenait avec une autorité pleine de hardiesse les vices non-seulement du peuple, mais encore des princes et des prélats, et n'épargnait personne de ceux dont la conduite scandaleuse était digne de blâme. Il avait pourtant cette modération et ce ménagement à l'égard des ecclésiastiques de sauver l'honneur de leur caractère en leur faisant la réprimande en particulier. Il en usait de même à l'égard des religieuses qui avaient donné lieu de parler d'elles peu avantageusement. Son cœur renfermait une source inépuisable de cette onction qui se répandait dans ses discours ; on la remarquait surtout lorsqu'il célébrait la messe; la dévotion tendre dont il était animé lui faisait couler une si grande abondance de larmes des yeux, quand il était prêt à recevoir le corps et le sang de Jésus-Christ, que ses larmes excitaient celles de la nombreuse multitude qui l'accompagnait toujours.
Le fruit de ses prédications fut si grand que l'on compte plus de…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Travaux apostoliques, miracles et vertus de saint Vincent Ferrier.
(suite)
Le fruit de ses prédications fut si grand que l'on compte plus de cent mille hommes qui vivaient dans le dérèglement et qu'il mit dans les pratiques d'une pénitence salutaire. Il était impossible de résister à la véhémence de ses paroles ; elles pénétraient dans les cœurs les plus corrompus et détachaient les âmes criminelles de leurs plus attrayantes habitudes. On en voyait, de jour à autre, qui, ne pouvant plus supporter le poids de leurs péchés, se produisaient devant cette nombreuse multitude qui suivait saint Vincent, et faisaient un aveu public de leurs fautes, sans se mettre en peine de se couvrir de confusion devant les hommes pourvu que la pénitence pût les réconcilier avec Dieu. Mais, quoiqu'on fût presque toujours infailliblement vaincu et confondu par cet admirable prédicateur, on s'attachait cependant à le suivre dès qu'on avait une fois commencé de l'entendre, et l'on trouvait une douceur infinie à ne point contester la victoire à l'Esprit-Saint qui parlait en lui. Il insistait le plus ordinairement sur trois points : la Passion du Sauveur, le jugement qu'il doit porter des vivants et des morts, et les peines de l'enfer. Quand il était sur ces matières, son éloquence, jointe à sa piété, exprimait si vivement ce qu'il sentait en lui-même que tout l'auditoire, pénétré de crainte et de douleur, forçait très-souvent le prédicateur au silence par le bruit des gémissements, plus grand que celui de sa voix. Lorsqu'il expliquait quelques endroits de l'Écriture sainte il le faisait avec autant de clarté que d'abondance. Tout ce qu'il avançait pour la correction des mœurs, il le prouvait solidement par les passages précis de l'Écriture sainte et des Pères de l'Église. Sa mémoire, qui était d'une vaste étendue, lui fournissait, avec une facilité et une fidélité surprenantes, les exemples et les passages qui lui étaient nécessaires.
Il n'est pas si difficile de persuader la pénitence et la sainteté à des personnes qui ont vieilli dans le crime que de convaincre de la vérité du christianisme les Juifs et les mahométans. On compte cependant plus de vingt-cinq mille Juifs convertis par le ministère de saint Vincent dans les divers cantons de l'Espagne et autant de musulmans. Parmi les fruits de ces prédications furent un grand nombre de monastères et d'hôpitaux fondés, d'églises bâties, de ponts édifiés sur des passages dangereux; la paix rétablie dans les villes, les haines les plus cruelles apaisées, l'impudicité réprimée, l'usure abolie. Quand il prêchait ces multitudes de peuple dans les places des villes et dans les campagnes, sa voix prenait un tel essor qu'on l'entendait depuis les premiers rangs jusqu'aux derniers. Dieu renouvelait en sa faveur le miracle de la Pentecôte ; quoique Vincent ne prêchât qu'en sa langue maternelle de Valence, ou en latin, il était entendu par des Grecs, des Allemands, des Sardes, des Hongrois, des bas Bretons et autres étrangers, hommes, femmes et enfants, qui ne savaient point d'autres langues que la leur 1.
On le voit, si l'Église catholique était divisée par l'incertitude sur la personne de son chef visible, elle était toujours unie et animée par l'Esprit de son Chef invisible, par l'Esprit de Dieu ; car Vincent Ferrier prêchait, convertissait, faisait des miracles, attirait la foule des peuples dans l'une et l'autre obédience. Les peuples reconnaissaient en lui le même Esprit de Dieu qu'en sainte Catherine de Sienne et en sainte Catherine de Suède.
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1 Acta SS, 5 avril, c. 3. Vies des Saints de Bretagne , t. 3
A suivre : Dernières actions, extases et mort de sainte Catherine de Sienne.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Dernières actions, extases et mort de sainte Catherine de Sienne.
Sainte Catherine de Sienne avait terminé sa vie sainte le 27 avril 1380, à Rome, où le Pape Urbain VI l'avait fait venir pour être plus à portée de profiter de ses conseils. Il forma même le projet de la députer, avec sainte Catherine de Suède, vers Jeanne, reine de Naples, qui s'était déclarée pour le Pape d'Avignon, Clément VII, mais cette députation n'eut point lieu. Le Père Raymond de Capoue, directeur et biographe de Catherine de Sienne, craignit et fit craindre au Pape que les suites de cette députation ne fussent dangereuses pour les deux servantes de Dieu. Catherine répondit tout haut à Raymond : « Si Agnès et Marguerite, et les autres saintes vierges, avaient ainsi pensé, jamais elles n'auraient acquis la couronne du martyre. Est-ce que nous n'avons pas un Époux qui puisse nous arracher aux mains des impies et conserver notre pureté au milieu d'hommes corrompus ? Ce sont là de vaines pensées, qui procèdent d'un manque de foi plus que d'une véritable prudence. » La sainte, ne pouvant aller vers la reine de Naples, lui écrivit plusieurs lettres pressantes, mais qui demeurèrent sans effet. Nous avons vu quelle fut la fin tragique de cette princesse.
Catherine de Sienne voyait avec la plus vive douleur les maux de l'Église. Pendant qu'elle était à Rome il se forma dans cette ville même une conspiration contre la vie du Pape Urbain VI. Catherine conjurait nuit et jour son céleste Époux de ne point permettre un pareil forfait. Elle vit toute la ville pleine de démons qui excitaient le peuple à ce parricide et poussaient des cris horribles contre la pieuse vierge en prières. Au lieu de leur répondre elle priait le Seigneur avec plus d'instances, pour l'honneur de son nom et le salut de son Église, de frustrer entièrement les désirs des démons, de protéger son vicaire et de préserver le peuple d'un crime aussi énorme. Le Seigneur répondit que, ce dernier crime mettant le comble à tous les autres, il exterminerait ce peuple rebelle pour satisfaire à sa justice. Catherine implora sa miséricorde pendant plusieurs jours et plusieurs nuits de suite, et enfin, pour satisfaire à sa justice irritée, elle s'offrit à endurer toutes les peines que ce peuple avait méritées. Le Seigneur se tut. L'effervescence du peuple se calma peu à peu; mais toute la rage des démons s'exerça contre la sainte, depuis le dimanche de la Sexagésime, 29 janvier, jusqu'au jour de sa mort, 29 avril, dimanche avant l'Ascension.
Le désir qu'elle éprouvait de quitter cette terre pour contempler Dieu face à face augmentait de jour en jour, et plus ce désir augmentait, plus aussi Dieu répandait en son âme la lumière surnaturelle. Deux ans avant sa mort la vérité se manifestait à elle d'une manière si claire qu'elle pria des scribes de mettre par écrit ce qu'elle dirait pendant ses extases. On recueillit ainsi en peu de temps un livre sur l'obéissance, qui contient un dialogue entre une âme et le Seigneur. En voici la récapitulation dans l'avant-dernier chapitre : …
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Dernières actions, extases et mort de sainte Catherine de Sienne.
(suite)
… On recueillit ainsi en peu de temps un livre sur l'obéissance, qui contient un dialogue entre une âme et le Seigneur. En voici la récapitulation dans l'avant-dernier chapitre :
« Maintenant donc, très-chère fille, j'ai satisfait à votre désir, depuis le commencement jusqu'à la fin, touchant l'obéissance. Si vous vous souvenez bien, vous m'avez demandé, d'abord avec un désir inquiet, comme je vous ai fait demander pour vous faire croître dans le feu de la charité, vous m'avez demandé, dis-je, quatre choses : l'une pour vous-même, à quoi j'ai satisfait en vous illuminant de la lumière de ma vérité et en vous montrant de quelle manière vous parveniez à connaître cette vérité, par la connaissance de vous et de moi et moyennant la lumière de la foi. La seconde demande fut que je fisse miséricorde au monde. La troisième fut pour le corps mystique de la sainte Église, me priant d'en ôter les ténèbres et la persécution et de punir sur fous leurs iniquités.
« À ce propos je vous ai montré que nulle peine finie ou temporelle ne peut satisfaire par elle seule pour une faute commise contre moi, qui suis le bien infini; elle satisfait néanmoins si elle est unie à la contrition de cœur et au désir de l'âme, et je vous en ai expliqué la manière. Je vous ai répondu aussi que je veux faire miséricorde au monde, en vous montrant qu'il m'est propre d'être miséricordieux. Aussi est-ce par la miséricorde et l'amour inestimable que je portais à l'homme que j'ai envoyé mon Fils unique et mon Verbe. Et, pour vous le montrer plus clairement, je l'ai comparé à un pont qui va du ciel à la terre par l'union de ma nature divine avec votre nature humaine. Pour vous éclairer plus encore de ma vérité, je vous ai montré qu'on monte à ce pont par trois degrés, savoir, par les trois puissances de l'âme. J'ai figuré ces trois degrés dans le corps du Verbe même : le premier en ses pieds, le second en son côté ouvert, le troisième en sa bouche. J'y ai distingué trois états de l'âme, l'imparfait, le parfait et le très-parfait, qui atteint à l'excellence de l'amour unitif. Sur chaque point je vous ai montré ce qui ôte l'imperfection et par quelle voie on arrive à la perfection; j'ai parlé des tromperies cachées des démons, de l'amour-propre spirituel et des réprimandes que fait ma clémence en ces trois états : la première en la vie, la seconde à la mort, la troisième au jugement général.
« Je vous ai promis et vous promets de nouveau que…
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