Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.
(suite)
Depuis ce jour-là il se consacra tout entier aux exercices par lesquels on s'assure une bonne mort. Il avait toujours été persuadé que la protection de la sainte Vierge est fort importante dans les derniers moments ; afin de la mériter il fit le pèlerinage de Buntzel, pour visiter la célèbre image de cette Mère commune des fidèles, que saint Cyrille et saint Méthode, apôtres des Slaves, y avaient placée autrefois et qui était singulièrement révérée dans toute la Bohême.
Il revint sur le soir, après avoir satisfait sa dévotion. L'empereur, regardant par une des fenêtres du palais, l'aperçut dans la rue. Il sentit réveiller tout à coup son indignation et sa curiosité sacrilège; il ordonne qu'à l'heure même on lui amène son aumônier, et, sans lui donner le temps de se reconnaître, il lui dit brusquement qu'il n'avait qu'à opter entre mourir ou révéler les confessions de l'impératrice. Le saint ne répondit rien, mais son silence était assez expressif pour donner à entendre qu'il était inébranlable dans sa première résolution. Alors Wenceslas, ne gardant plus de mesures, s'écria : « Qu'on m'ôte cet homme de devant mes yeux, et qu'on le jette dans la rivière aussitôt que les ténèbres seront assez épaisses pour dérober au peuple la connaissance de l'exécution ! » Jean Népomucène employa le peu d'heures qui lui restaient à se préparer à son sacrifice. On le précipita, pieds et mains liés, dans la Muldaw, de dessus le pont qui joint la grande et la petite Prague. C'était la veille de l'Ascension, 16 mai 1383.
L'empereur voulait tenir cette mort bien secrète, Dieu la manifesta aussitôt par des miracles. A peine le martyr eut-il été asphyxié sous les eaux que son corps, flottant sur la rivière, fut environné d'une clarté céleste qui attira une foule de spectateurs. L'impératrice, qui ne savait rien de ce qui s'était passé, courut chez Wenceslas pour lui demander la raison de cette lumière qu'elle avait aperçue de son appartement. Frappé de terreur il ne fit aucune réponse ; il alla cacher son désespoir à la campagne, où il défendit à qui que ce fût de le suivre. A la pointe du jour le mystère s'éclaircit, et les bourreaux eux-mêmes trahirent le secret du prince.
Toute la ville accourut pour voir le saint corps…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
A suivre : Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.
(suite)
Toute la ville accourut pour voir le saint corps. Les chanoines de la cathédrale vinrent processionnellement l'enlever avec toutes les marques d'honneur qu'ils purent imaginer ; ils le portèrent dans l'église de Sainte-Croix-des-Pénitents, voisine du lieu où le crime s'était commis, en attendant qu'ils lui eussent préparé dans leur église un tombeau plus digne de lui. Il se faisait un concours prodigieux au lieu où était le martyr ; chacun s'empressait de lui baiser les pieds et les mains ; on se recommandait à ses prières, et l'on s'estimait heureux de pouvoir se procurer quelque parcelle de ses vêtements et de tout ce qui avait été à son usage.
L'empereur eut avis de ce concours dans sa retraite. Craignant que le peuple ne se soulevât, il fit dire aux religieux pénitents d'empêcher le tumulte dans leur église et de retirer dans un lieu plus écarté le corps du saint. Ils obéirent à l'heure même ; mais le trésor qu'ils avaient caché fut bientôt découvert. Lorsque tout fut prêt pour le recevoir dans la cathédrale, les chanoines et le clergé, accompagnés d'une foule innombrable de peuple, se rendirent en procession à l'église de Sainte-Croix. Ils en tirèrent le corps du martyr, qu'ils portèrent solennellement dans l'église métropolitaine. On l'y enterra, et l'on mit sur son tombeau une pierre où fut gravée depuis cette épitaphe qu'on y lit encore aujourd'hui : « Sous cette pierre repose le corps du très-vénérable et très-glorieux thaumaturge Jean Népomucène, docteur, chanoine de cette église et confesseur de l'impératrice, lequel, pour avoir été constamment fidèle à garder le sceau de la confession, fut cruellement tourmenté et précipité du pont de Prague dans la rivière de la Muldaw, par les ordres de Wenceslas IV, empereur et roi de Bohême, fils de Charles IV, l'an mil trois cent quatre-vingt-trois. »
Plusieurs malades, dont la guérison était désespérée, recouvrèrent la santé durant la translation de son corps ; il s'opéra aussi depuis de semblables miracles à son tombeau. Enfin tous ceux qui réclamèrent son intercession avec foi méritèrent d'obtenir les faveurs qu'ils demandaient.
Les empereurs Ferdinand II et Ferdinand III sollicitèrent la canonisation du serviteur de Dieu, laquelle fut enfin obtenue par Charles VI. On ouvrit son tombeau le 14 avril 1719. On trouva son corps dégarni de ses chairs, mais les os étaient encore entiers et parfaitement joints les uns aux autres ; on voyait seulement derrière la tête et aux épaules les marques de sa chute lorsqu'il avait été précipité dans la rivière ; mais la langue était si fraîche et si bien conservée qu'on eût dit que le saint ne venait que d'expirer. Saint Jean Népomucène avait été honoré comme martyr en Bohême depuis sa mort ; ce fut pour rendre son culte plus authentique et plus universel qu'on demanda sa canonisation, et l'on produisit de nouveaux miracles dont la vérité fut juridiquement constatée à Prague et à Rome. Innocent XIII confirma le culte qu'on lui rendait par un décret équivalent à un décret de béatification.
Enfin Benoît XIII publia la bulle de sa canonisation en l'an 1729 1.
Dans la famille même de l'empereur Wenceslas, qui était la maison de Luxembourg, il y avait, à l'époque de saint Jean Népomucène, un saint illustre, savoir, saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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1 Acta SS., et Godescard, 16 mai.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
Dans la famille même de l'empereur Wenceslas, qui était la maison de Luxembourg, il y avait, à l'époque de saint Jean Népomucène, un saint illustre, savoir, saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
Pierre, fils de Guy de Luxembourg, comte de Ligny, et de Mathilde, comtesse de Saint-Paul, naquit en 1369 à Ligny, petite ville de Lorraine, au diocèse de Toul, maintenant de Verdun. Il était proche parent de l'empereur Wenceslas, de Sigismond, roi de Hongrie, et de Charles VI, roi de France. Il n'avait que trois ans lorsqu'il perdit son père. L'année suivante la mort lui enleva sa mère. La comtesse d'Orgières, sa tante, qui était en même temps comtesse douairière de Saint-Paul, se chargea du soin de son éducation, et, lorsqu’elle se vit obligée de partager ce soin avec d'autres, elle choisit des personnes recommandables par leur vertu et leur capacité.
Le jeune Pierre seconda parfaitement les vues de sa tante et de ses maîtres. Les exemples qu'il avait sans cesse devant les yeux et les instructions qu'il recevait tous les jours firent sur lui de vives impressions et fortifièrent le goût naturel qu'il avait pour la vertu. Dans un âge encore tendre il prévenait jusqu'aux premières saillies des passions. Son ardeur pour la pratique du bien était si extraordinaire que ceux qui le connaissaient n'en pouvaient assez marquer leur étonnement. On regardait comme un miracle de la grâce sa ferveur et son assiduité à la prière, son zèle pour la mortification, son abstinence, et surtout son amour pour l'humilité, dans un âge où les autres se laissent ordinairement conduire par les sens. Il n'avait point encore atteint sa septième année lorsqu'il promit à Dieu de vivre dans une continence perpétuelle. En quelque lieu qu'il se trouvât il employait mille moyens pour que les pauvres fussent assistés.
A l'âge de dix ans on l'envoya à Paris pour achever ses études…
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Louis- Admin
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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A l'âge de dix ans on l'envoya à Paris pour achever ses études; il s'y appliqua successivement aux belles-lettres, à la philosophie et au droit canonique. Pendant qu'il était dans cette ville, Valeran, son frère aîné, comte de Saint-Paul, fut fait prisonnier par les Anglais, dans une bataille qui se livra en Flandre, et où les Français et les Flamands furent battus. Ayant appris que son frère avait été envoyé à Calais, il interrompit le cours de ses études, se rendit à Londres, et resta en otage pour le comte de Saint-Paul jusqu'à ce que celui-ci eût payé sa rançon. Sa vertu lui gagna l'estime et l'affection des Anglais ; ils lui accordèrent généreusement la liberté après un an de séjour à Londres, en lui disant que sa parole leur suffisait pour la sûreté du payement de la somme stipulée. Le roi Richard II l'invita avenir à sa cour ; mais il apporta divers prétextes pour s'en dispenser, et il se hâta de revenir à Paris pour y reprendre ses études.
Il maltraitait son corps par de longues veilles et par des jeûnes rigoureux. Jamais il ne faisait de visites, à moins qu'elles ne fussent indispensables; encore ne visitait-il que des personnes d'une piété éminente et dans le commerce desquelles il y eût à gagner pour la sanctification de son âme. Il voyait souvent Philippe de Maizières, qui possédait à un haut degré l'esprit de prière et de pénitence. Philippe, ainsi que nous l'avons vu, avait été chancelier des royaumes de Jérusalem et de Chypre. Il menait depuis vingt-cinq ans une vie retirée chez les Célestins de Paris, sans avoir embrassé cependant l'institut de ces religieux. Les avis que Pierre reçut de ce grand serviteur de Dieu devinrent pour lui une source de nouvelles lumières, et le firent merveilleusement avancer dans les voies intérieures de la perfection.
En 1383 le comte de Saint-Paul, son frère, lui obtint un canonicat dans la cathédrale de Paris ; cette dignité lui parut un nouvel engagement à la ferveur dans le service de Dieu. Toute la ville fut singulièrement édifiée de son assiduité au chœur, de sa charité envers tous les hommes, de l'innocence de sa vie, de sa douceur et de son amour pour les mortifications de la pénitence. Sa modestie voulait inutilement couvrir l'éclat de ses vertus, elles brillaient à proportion des efforts qu'il faisait pour en dérober la connaissance aux autres. Il avait une haute idée des moindres fonctions cléricales, et il saisissait avec empressement l'occasion de les exercer dans l'église.
Le pape d'Avignon, Clément VII, qui était reconnu en France, ayant entendu le bruit de sa sainteté, le nomma archidiacre de Dreux, au diocèse de Chartres, et il le choisit en 1384 pour être évêque de Metz. Il crut que sa prudence et sa sainteté étaient une raison suffisante pour le dispenser du défaut d'âge. Peut-être y eut-il encore d'autres motifs. Pierre, qui n'avait que quinze ans, mit tout en œuvre pour ne point accepter l'évêché ; mais il se rendit à la fin, parce qu'on lui répéta souvent qu'il offenserait Dieu s'il persistait avec opiniâtreté dans son refus. Il ne se rendit donc que par la crainte de pécher, et par suite d'un scrupule qu'on lui avait inspiré à cause de sa désobéissance au Pape.
Il fit son entrée à Metz nu-pieds et monté sur un âne, imitant en cela l'humilité de Jésus-Christ…
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Louis- Admin
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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Il fit son entrée à Metz nu-pieds et monté sur un âne, imitant en cela l'humilité de Jésus-Christ. Il bannit de la cérémonie tout ce qui sentait la magnificence, ou plutôt il ne fut magnifique que dans les aumônes qu'il distribua aux pauvres. Toute sa suite ne respirait que la modestie et la piété. Quand il eut pris possession de son église il entreprit la visite de son diocèse avec Bertrand, religieux de l'ordre de Saint-Dominique, qui lui avait été donné pour suffragant, et qui, pour cet effet, avait été sacré évêque de Thessalie. Partout il réforma les abus et donna des preuves étonnantes de zèle et de prudence.
Il divisa son revenu en trois parts : l'une pour l'Église, l'autre pour les pauvres, la troisième pour l'entretien de sa maison ; il ménageait encore sur cette troisième part pour grossir celle des pauvres. Les jours de jeûne d'Église il ne vivait que de pain et d'eau ; il faisait la même chose en Avent, ainsi que les mercredis, les vendredis et les samedis de toute l'année.
Quelques villes se révoltèrent contre lui et se choisirent de nouveaux magistrats sans sa participation, ce qui était attaquer un droit dont ses prédécesseurs avaient toujours joui. Le comte de Saint-Paul, son frère, n'en eut pas plus tôt été averti qu'il s'avança avec des troupes pour faire rentrer les rebelles dans le devoir. Le saint évêque fut extrêmement mortifié de cet accident, et avec son patrimoine il dédommagea même les rebelles des pertes qu'ils avaient essuyées. Une telle charité lui gagna tous les cœurs.
Ceux qui connaissaient le mieux son intérieur ont assuré qu'il n'avait jamais commis aucun péché mortel, ce qui ne l'empêchait pas d'approcher tous les jours du sacrement de Pénitence, tant il avait une haute idée de cette pureté d'âme avec laquelle on doit paraître devant Dieu, surtout quand on participe aux saints mystères. Il avait une conscience si délicate qu'il ne pouvait retenir ses larmes en faisant l'aveu de ses fautes les plus légères ; il craignait jusqu'à l'ombre même du péché.
Le Pape d'Avignon, Clément VII, l'ayant créé cardinal du titre de Saint-Georges, le fit venir à Avignon et l'obligea de rester auprès de sa personne….
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Louis- Admin
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Le Pape d'Avignon, Clément VII, l'ayant créé cardinal du titre de Saint-Georges, le fit venir à Avignon et l'obligea de rester auprès de sa personne. Pierre ne diminua rien de ses austérités. Lorsque Clément lui eut ordonné de ménager davantage sa santé, qui dépérissait sensiblement, il lui répondit : « Saint Père, si je suis un serviteur inutile, je sais du moins obéir. » Il redoubla ses aumônes pour compenser ce qui avait été retranché de ses pratiques de pénitence. Sa table était frugale, ses domestiques peu nombreux, ses ameublements simples et ses habits pauvres ; encore n'en changeait-il que quand ils étaient entièrement usés. Il paraissait à ceux qui connaissaient ses aumônes qu'elles ne pouvaient aller plus loin ; il trouva cependant de nouveaux moyens de les augmenter en se défaisant de ses meubles et de ses équipages; il vendit jusqu'à son anneau pastoral pour assister les indigents. Tout ce qui l'environnait annonçait en lui l'esprit de pauvreté et témoignait de son immense charité pour les pauvres. Enfin on ne lui trouva que vingt sous à sa mort.
Jamais il ne perdait de vue la présence de Dieu, même dans les actions qui semblaient les plus indifférentes. Plusieurs fois il lui arriva d'avoir des ravissements en public. On garde dans la collégiale de Notre-Dame d'Autun un tableau qui le représente en extase, et au bas duquel on lit ces paroles, qu'il répétait souvent : « Méprisez le monde, méprisez-vous vous-même ; réjouissez-vous dans le mépris de vous-même ; mais prenez garde de mépriser qui que ce soit. »
Dix mois après sa promotion au cardinalat il fut attaqué d'une fièvre violente qui altéra tout à fait son tempérament. Sa santé parut d'abord vouloir se rétablir ; mais ce n'était qu'une guérison imparfaite, qui fut suivie d'une langueur dont on craignit bientôt les suites. On lui conseilla de se retirer à Villeneuve, petite ville fort agréable, située de l'autre côté du Rhône, vis-à-vis d'Avignon. Il saisit volontiers cette occasion pour s'éloigner du tumulte de la cour de Clément VII. Durant sa maladie il se confessait et communiait tous les jours. Sa piété et sa ferveur croissaient à mesure qu'il approchait de sa fin.
André, son frère, étant venu le voir, il lui parla avec tant de force des vanités du monde et des avantages de la piété que ses paroles firent sur le cœur de celui-ci une impression qui ne s'effaça jamais. André prit depuis les Ordres, devint évêque de Cambrai et fut un des plus saints prélats de son temps. Pierre lui recommanda en particulier Jeanne de Luxembourg, sa sœur, qu'il avait engagée à vivre dans une continence perpétuelle et qui fut toute sa vie un modèle de la perfection chrétienne ; il le chargea aussi de lui remettre un petit traité qu'il avait fait pour son instruction.
Sentant que ses forces l'abandonnaient il demanda les derniers sacrements…
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Louis- Admin
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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Sentant que ses forces l'abandonnaient il demanda les derniers sacrements. Ayant fait venir ses domestiques, qui se rangèrent en pleurant autour de son lit, il les pria de lui pardonner le scandale qu'il leur avait donné en ne les édifiant point par ses exemples, comme il aurait dû; il les conjura ensuite de lui promettre tous qu'ils feraient pour l'amour de lui ce qu'il allait leur prescrire. Ils furent extrêmement surpris quand ils l'entendirent leur donner l'ordre suivant : «Prenez la discipline qui est sous mon chevet, et que chacun de vous m'en donne plusieurs coups sur le dos, pour me punir des fautes que j'ai commises envers vous, qui étiez mes frères et mes maîtres. » Malgré la répugnance qu'ils avaient à exécuter un pareil ordre, ils obéirent cependant pour ne pas contrister le saint. Après cet acte de pénitence et d'humilité Pierre s'entretint en silence avec Dieu jusqu’au moment où il rendit l'esprit.
Sa bienheureuse mort arriva le 2 juillet 1387. Il n'avait point encore dix-huit ans accomplis. Quoiqu'il eût le gouvernement de son diocèse il n'était point prêtre. Il semble cependant qu'il était diacre, et sa dalmatique se garde à Avignon. Il fut enterré sans pompe, comme il l'avait demandé, dans le cimetière de Saint-Michel de cette ville.
Les miracles opérés par son intercession portèrent les Avignonnais à construire une chapelle sur son tombeau. On a bâti depuis un couvent de Célestins au même endroit, et c'est dans l'église de ces religieux que s'est gardé le corps du saint, enchâssé sous un magnifique mausolée. La ville d'Avignon le choisit pour patron, l'an 1432, à l'occasion d'un miracle qui s'était opéré à son tombeau. Voici de quelle manière il est rapporté. Un enfant, âgé d'environ douze ans, tomba du haut d'une tour sur un roc escarpé. Son corps fut brisé, sa tête s'ouvrit, et la cervelle se répandit par terre. Le père de cet enfant, instruit de ce qui était arrivé, accourt, se met à genoux, implore l'intercession de saint Pierre ; ramassant ensuite la cervelle avec le corps de son fils, il les porte sur le tombeau du saint. Le peuple et les Célestins se mettent en prières, et, quelques instants après, l'enfant ressuscite. On le plaça sur l'autel, afin que ceux qui l'avaient vu mort pussent le voir vivant. Ce miracle arriva le 5 juillet, jour auquel on a depuis célébré la fête du saint à Avignon.
La vie et les miracles du serviteur de Dieu ayant été juridiquement examinés, la bulle de sa béatification fut expédiée en 1527 par le vrai pape Clément VII, qui était de la famille des Médicis 1.
Jusqu'ici nous avons vu l'Occident bien malade, divisé entre deux Papes…
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1 Acta SS. , 2 juill. Godescard, 5 juillet.
A suivre : État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome. Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
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Louis- Admin
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État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
Jusqu'ici nous avons vu l'Occident bien malade, divisé entre deux Papes ; l'Angleterre en guerre contre la France, l'Angleterre et la France en guerre chacune contre elle-même; la France dépérissant sous un chef en démence, l'Allemagne sous un chef extravagant et cruel; et toutefois l'Occident produit encore des saints, des modèles accomplis de toutes les vertus chrétiennes; on sent que le malade n'est pas désespéré, qu'il y a en lui une source cachée de vie et de guérison ; on sent que le schisme ne durera pas toujours et qu'avec l'unité certaine du pasteur suprême et universel reviendront peu à peu tous les biens,
L’Orient est beaucoup plus malade; le schisme et l'anarchie, sources de tous les maux, y paraissent comme dans leur sol natal ; plus de saint, plus de sainte ; la maladie semble de nature à ne guérir que par la mort.
L'empereur de Constantinople, Jean Paléologue, qui, sous le Pape Urbain V, vint à Rome et se réunit à l'Église romaine, avait deux fils, Andronic et Manuel. L'an 1373, Andronic s'étant rencontré avec Guntuza, fils du sultan Amurath, ils conspirent ensemble contre les jours de leurs pères. Le complot ayant été découvert, Amurath fait crever les yeux à son fils ; Andronic est mis en prison par ordre de Jean Paléologue et privé seulement d'un œil. Délivré ensuite par les Génois, il arrête son père et le met lui-même en prison avec Manuel, son autre fils. L'empereur Jean Paléologue s'échappe au bout de deux ans et se réfugie auprès du sultan Bajazet, fils et successeur d'Amurath. Andronic, craignant le Turc, se retire à Sélivrée, où il finit ses jours. Son père, Jean Paléologue, meurt l'an 1391. Manuel Paléologue, second fils de Jean, était en otage à la cour de Bajazet quand il apprit la mort de son père. A cette nouvelle il s'échappe furtivement et se rend à Constantinople. Le sultan, irrité de son évasion, envoie trois armées ravager les terres de l'empire, notamment la Thrace, et bloquer Constantinople. Manuel implore le secours des princes de l'Occident, en particulier du Pape Boniface IX. Sigismond, qui avait succédé à Louis, surnommé le Grand, roi de Hongrie, sollicitait aussi, de son côté, des secours auprès de tous les princes chrétiens. Il avait demandé un accommodement à Bajazet; le sultan répondit à Sigismond qu'il allait porter la guerre dans le sein de ses États; qu'après lui avoir donné des fers il passerait en Italie, irait à Rome déposer au Capitole toutes les couronnes qu'il aurait conquises et faire manger l'avoine à son cheval sur l'autel de Saint-Pierre; qu'il y paraîtrait traînant à sa suite, comme de vils esclaves, l'empereur de Constantinople et les principaux seigneurs de sa cour 1.
Beaucoup de chevaliers français, ayant à leur tête le comte de Nevers et le maréchal de Boucicaut, vont au secours du roi de Hongrie…
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1 Hist. du Bas-Empire, l. 116.
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Louis- Admin
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État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
(suite]
Beaucoup de chevaliers français, ayant à leur tête le comte de Nevers et le maréchal de Boucicaut, vont au secours du roi de Hongrie.
En 1396, à la bataille de Nicopolis, abandonnés des Hongrois, ils succombent sous la multitude des Turcs. Sigismond s'enfuit à Constantinople. L'année suivante Bajazet somme l'empereur Manuel de lui livrer sa capitale; il l'oblige du moins d'associer Jean, son neveu, fils d'Andronic, à l'empire. Boucicaut, avec une troupe de Français, vient au secours de Constantinople contre les Turcs. L'an 1399 l'empereur Manuel s'en vient trouver les princes d'Occident avec Boucicaut. Après leur départ Constantinople se voit resserrée de plus en plus par les Ottomans, qui lui coupent les vivres. La ville allait infailliblement tomber entre leurs mains ; mais Boucicaut y a laissé un brave chevalier, Château-Morant, avec quelques Français. Toutefois, malgré leur courage, ils ne la peuvent défendre longtemps. Au dehors ils ont à combattre les Turcs; au dedans, la peste, la famine et la mauvaise volonté des habitants, qui, réduits aux abois, appelaient eux-mêmes les infidèles dans leurs murs. C'était en 1402. Bajazet pouvait donc se promettre d'entrer sous peu dans Constantinople lorsqu'il reçut le message d'un chef de Tartares, qui lui ordonnait de rendre aux musulmans et aux chrétiens tout ce qu'il leur avait pris et de se reconnaître son tributaire. Cet ordre était signé : Tamerlan.
Parmi tous les conquérants ou ravageurs de provinces, Tamerlan…
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État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
(suite)
Parmi tous les conquérants ou ravageurs de provinces, Tamerlan ou Timour-Lenk, c'est-à-dire Timour le Boiteux, descendu de Ginguiskan par les femmes, fut peut-être le plus atroce. Jusqu'en 1380 il avait coloré ses expéditions d'une apparence de justice ; le reste de sa vie, qui finit en 1405, n'offre qu'une suite effroyable de conquêtes sanglantes, de scènes de carnage et de dévastation.
L'an 1381 deux villes de Perse, Hérat et Sebzwar, furent reprises ; les têtes de tous ceux qui avaient été tués dans la première furent empilées en forme de tour : digne monument d'un ravageur de provinces. Tamerlan perfectionne aussitôt cette horrible architecture ; à la prise de Sebzwar il fait égorger tous les habitants, à la réserve de deux mille prisonniers qu'il entasse tout vivants les uns sur les autres, avec du mortier et de la brique, pour servir de matériaux à la construction de plusieurs tours triomphales.
L'an 1387, à la prise d'Ispahan, des états authentiques tenus à cet effet nous apprennent que l'on apporta sur les remparts soixante-dix mille têtes, dont on construisit plusieurs tours en divers endroits de la ville.
En 1395 la Russie, la Pologne même sentirent les armes de ce terrible conquérant.
En l'an 1399, dans sa conquête ou sa dévastation de l'Inde, il égorge en un seul jour cent mille esclaves qui l'embarrassaient.
En l'an 1400, pendant qu'il assiégeait la ville de Siwas, les habitants, pour l'attendrir, envoient au-devant de lui un millier d'enfants en bas âge, qui portaient tous un livre de l'Alcoran sur la tête et faisaient retentir l'air du cri de : Allah! Allah! interrompu par leurs gémissements. Aussitôt Tamerlan détache un parti de cavaliers qui enlèvent respectueusement le livre des mains de ces enfants et puis les écrasent tous sous les pieds des chevaux. Il fit toutefois grâce de la vie aux habitants ; mais il réduisit en esclavage les chrétiens, imposa une contribution sur les musulmans, fît enterrer vivants les quatre mille hommes qui composaient la garnison, et abandonna aux flammes la ville, après l'avoir pillée, au mépris de la capitulation. A la prise d'Alep, en la même année, Tamerlan fait, selon sa coutume, élever plusieurs tours de têtes humaines. Elles avaient dix coudées de haut et vingt coudées de circuit.
A la prise de Bagdad, en 1401, tout fut égorgé, sans égard pour l'âge ni le sexe. Le carnage dura huit jours; le nombre des morts fut incalculable. On évalua celui des têtes à environ quatre-vingt-dix mille, qui servirent à la construction de cent vingt tours ; mais on n'y comprend pas la foule des victimes qui périrent dans le fleuve ou qui s'y précipitèrent afin d'échapper aux bourreaux. Bagdad fut entièrement détruit.
Tel était ce chef des Tartares quand il envoya son dernier mot au sultan Bajazet. La réponse fut fière et hautaine…
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Re: Grand schisme d'Occident...
État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
(suite)
Tel était ce chef des Tartares quand il envoya son dernier mot au sultan Bajazet. La réponse fut fière et hautaine. Bajazet avait une armée de huit cent mille hommes ; celle de Tamerlan n'était pas moindre. Les plaines d'Ancyre, en Galatie, furent le champ de bataille. Au mois de juin 1402 on s'y battit, on s'y tua pendant trois jours et deux nuits. Deux cent quarante mille hommes restèrent sur la place, Bajazet fut fait prisonnier. Il était borgne, Tamerlan était boiteux; à leur première entrevue Tamerlan ne put s'empêcher de rire en voyant l'univers entre les mains d'un boiteux et d'un borgne. Contre son ordinaire il traita son captif avec humanité. Bajazet n'y répondit que par des menaces, des accès de fureur et des efforts pour s'échapper ; il fallut l'enfermer, comme une bête féroce, dans une cage de fer, qui était une voiture ou litière grillée. Il mourut de chagrin au bout d'un an, mais avant d'arriver à Samarcande, où il devait servir au triomphe de son vainqueur 1.
La victoire d'Ancyre, dont Tamerlan envoya la relation dans toutes les provinces de son empire, lui soumit l'Asie Mineure entière. Il trouva dans Brousse les femmes et une partie des trésors de Bajazet; il mit en liberté plusieurs Français que ce sultan y gardait prisonniers depuis la bataille de Nicopolis. Il congédia deux ambassadeurs que Henri III, roi de Castille, lui avait envoyés, leur remit plusieurs princesses espagnoles qui étaient captives, et les fit accompagner par un musulman, auquel il donna des lettres de créance pour le monarque castillan. Mécontent de l'empereur de Constantinople et des Génois établis à Péra, il exigea d'eux un tribut pour les punir d'avoir manqué au traité par lequel ils s'étaient engagés à ne point fournir aux Turcs le moyen de passer d'Europe en Asie et à ne pas donner asile aux fugitifs. Tamerlan séjourna un mois à Koutayeh, et y célébra ses triomphes par des fêtes brillantes, tandis que ses troupes dévastaient l'Anatolie jusqu'aux rives du Bosphore. Les richesses que renfermait la ville de Smyrne et le désir de se venger des Grecs le déterminèrent à assiéger cette place, qui avait résisté sept ans aux armes de Bajazet. Il la prit d'assaut en quinze jours, à la fin de décembre 1402, malgré le grand-maître de Saint-Jean de Jérusalem, Philibert de Naillac, et ses chevaliers. La ville fut pillée, rasée entièrement, et tous les habitants qui ne purent pas se sauver par mer furent massacrés.
Tamerlan s'était mis en marche pour conquérir la Chine quand il mourut de la fièvre…
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1Biographie univ., art. BAJAZET et TAMERLAN.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
(suite)
Tamerlan s'était mis en marche pour conquérir la Chine quand il mourut de la fièvre, le 18 février 1405, âgé de soixante-neuf ans, après en avoir régné trente-six. Sa vaste monarchie eut le sort de tous les empires établis par la violence et l'injustice. Son testament ne fut pas respecté. L'ambition arma ses petits-fils et ses principaux capitaines les uns contre les autres. Les plus mémorables de ses descendants furent son fils, Chah-Rokh, dont la dynastie régna pendant un siècle sur une grande portion de l'Asie ; Ouloug-Beig, fils du précédent, renommé par son goût pour les sciences et par ses tables astronomiques ; Babour, fondateur de l'empire mongol dans l'Inde, qui, après avoir subsisté deux siècles avec gloire, notamment sous les règnes d'Akbar et d'Aureng-Zeib, a déchu rapidement de nos jours et n'existe plus que dans un fantôme de souverain qui siège encore sur un trône à Dehly, protégé et pensionné par les Anglais 1.
Quant à Bajazet, il laissait entre autres quatre fils : Isa ou Josué, Musulman ou Soliman, Musa ou Moïse, et Mahomet. Ils se disputèrent avec acharnement la succession de leur père. Josué, qui le premier s'empara du trône, fut défait et remplacé par Soliman, qui le fut par Musa, qui le fût à son tour par Mahomet. Ce dernier, qui fut le premier sultan de son nom, vécut généralement en paix avec les chrétiens, et mourut l'an 1421, laissant un fils, Amurath II, qui assiégera Constantinople, et dont le fils, Mahomet II, la prendra.
Si les chrétiens avaient été unis entre eux et animés de l'esprit de Charlemagne, de Godefroi de Lorraine, de saint Louis de France, ils auraient profité de la discorde entre les fils de Bajazet et de Tamerlan pour affaiblir la domination des infidèles et rétablir celle des chrétiens en Orient; mais, depuis le roi Philippe le Bel, au lieu de chercher avant tout le règne de Dieu et sa justice, et d'obtenir ainsi tout le reste par surcroît, les rois et les nations ne cherchent plus que soi, et ne se trouvent ou ne se rencontrent que pour leur malheur réciproque.
Le royaume de Naples, feudataire de l'Église romaine, aurait pu être un centre d'opérations contre les infidèles…
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1 Biographie univ., art. TAMERLAN.
A suivre : Successions sanglantes sur les trônes de Hongrie et de Naples.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Successions sanglantes sur les trônes de Hongrie et de Naples.
Le royaume de Naples, feudataire de l'Église romaine, aurait pu être un centre d'opérations contre les infidèles. Une dynastie française y régnait; la même régnait en Hongrie; la maison impériale de Luxembourg, à qui elle devait s'y unir par alliance, était française d'origine, ainsi que la dynastie régnante en Angleterre ; les rois d'Espagne étaient alliés à celui de France ; les chevaliers de Saint-Jean, la plupart Français, étaient maîtres de l'île de Rhodes ; des seigneurs français régnaient encore en Chypre ; tout semblait ainsi concourir à une expédition glorieuse en faveur de la civilisation chrétienne contre la barbarie musulmane. Or tous ces princes, Français de fait, d'origine ou par alliance, ne feront que des révolutions les uns contre les autres. Le royaume de Naples en aura sa bonne part.
La reine Jeanne I re , dont le quatrième mari était le duc Otton de Brunswick, avait adopté pour son fils et institué son héritier Charles de Duras, un de ses parents, son héritier naturel, qui se trouvait à la cour de Hongrie. La reine Jeanne avait d'abord reconnu le Pape de Rome, Urbain VI; mais ensuite elle se décida pour le Pape d'Avignon, Clément VII. En 1380 Urbain VI la déclare déchue du royaume, et, pour la remplacer, appelle de Hongrie Charles de Duras, qui vient à Rome et y reçoit la couronne par l'investiture du Pape, le 2 juin 1381. Mais, dès le même mois de l'année précédente, pour se procurer un auxiliaire puissant, la reine Jeanne avait adopté et déclaré son héritier universel Louis, duc d'Anjou, l'un des trois oncles paternels de Charles VI, roi de France. Louis, couronné le 30 mai 1382 dans Avignon par Clément VII, passe effectivement en Italie le 13 juin, avec une florissante armée, au secours de la reine Jeanne ; mais il était trop tard. Dès l'an 1381 Charles de Duras, entré à Naples le 16 juin, assiégea la reine dans la forteresse, défit Otton, son mari qui venait à son secours, le fit prisonnier, obligea la reine à se rendre, et l'enferma dans une dure prison, où, en mai 1382, il la fit étrangler, selon les uns, ou étouffer entre deux oreillers, suivant les autres. En 1345 pareille chose était arrivée à son premier mari, André de Hongrie, il fut étranglé le soir, en sortant de l'appartement de la reine sa femme. Son corps resta pendant deux jours pendu aux barreaux d'une fenêtre du château d'Averse, où le crime s'était commis, sans que la reine, sa femme, donnât aucun ordre, ni pour le faire inhumer, ni pour informer contre les auteurs de sa mort. Après trente-six ans le meurtre du mari fut ainsi vengé sur la femme.
Charles de Duras, autrement Charles III, aura son tour…
Dernière édition par Louis le Sam 13 Juil 2013, 2:37 pm, édité 1 fois (Raison : Orthographe.)
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Re: Grand schisme d'Occident...
Successions sanglantes sur les trônes de Hongrie et de Naples.
(suite)
Charles de Duras, autrement Charles III, aura son tour. Devenu maître, en 1384, de tout le royaume de Naples par le décès de son compétiteur Louis d'Anjou, il se brouille avec le Pape Urbain VI, qui l'excommunie. L'année suivante il est appelé à monter sur un nouveau trône. Le roi Louis de Hongrie, le protecteur et le père adoptif de Charles de Duras, était mort le 11 septembre 1382, après un règne glorieux de plus de quarante ans. Malgré la coutume de Hongrie, qui excluait les femmes de la succession au trône, la noblesse avait consenti à ce que Marie, fille aînée de Louis, portât la couronne à Sigismond, marquis de Brandebourg, second fils de l'empereur Charles IV, à qui elle avait été fiancée en bas âge. La gloire et les vertus de Louis, qui mourait sans descendance masculine, avaient mérité qu'on accordât cette faveur à sa fille. Marie fut couronnée avec le titre de roi. En attendant que son mariage fût accompli, sa mère, Élisabeth, prit le gouvernement du royaume, et elle le partagea avec Nicolas Gara, palatin de Hongrie, son favori, que Louis avait comblé de richesses et d'honneurs. Mais le gouvernement des deux femmes et celui de leur favori devint bientôt également odieux à la nation; des nobles, mécontents, résolurent d'appeler à la couronne Charles de Duras, le dernier héritier mâle des rois de Hongrie du sang français. Charles vint, mais ne s'annonça point aux deux reines comme venant leur disputer la couronne les armes à la main ; il déclara, au contraire, qu'il venait pour être le pacificateur du royaume, et il laissa à la noblesse le soin de demander pour lui la dignité royale. Les deux reines, après l'avoir admis volontairement à Bude, furent en effet contraintes d'offrir leur abdication, et, dans une diète tenue à Albe-Royale, Charles fut proclamé roi par la noblesse, d'une voix unanime. Mais les deux reines avaient opposé à la dissimulation de Charles une égale fausseté. Nicolas Gara rassemblait pour elles ses satellites, sous prétexte de célébrer les noces d'une de ses filles, et un jour de fête solennelle, au mois de février 1386, les reines firent inviter le roi à passer dans leur appartement. Le palatin s'y trouvait avec des assassins qu'il avait apostés ; il donna le signal ; Charles fut renversé d'un coup de sabre sur la tête et tous ses partisans massacrés. Le roi ne mourut cependant pas de ses blessures ; mais, enfermé à Visgrade, le poison acheva, le 3 juin 1386, ce que le fer avait commencé 1.
Le sort des deux reines avait excité la pitié lorsqu'elles furent dépouillées de leurs droits ; mais une indignation générale succéda lorsqu'on…
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1 Sismondi, Républ. ital. c. 51, t. 7.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Successions sanglantes sur les trônes de Hongrie et de Naples.
(suite)
Le sort des deux reines avait excité la pitié lorsqu'elles furent dépouillées de leurs droits ; mais une indignation générale succéda lorsqu'on leur vit recouvrer la royauté par une atroce perfidie. Jean de Horwath, baron de Croatie, les ayant surprises, massacra leur gardes, fit trancher la tête en leur présence à Nicolas Gara, jeter dans la rivière la reine-mère Elisabeth, et enferma la jeune reine Marie dans un château, d'où son fiancé Sigismond obtint son élargissement au mois de juin 1387, pour l'épouser un mois après.
L'assassinat de Charles III livra le royaume de Naples à une longue anarchie. Il y laissait comme régente sa femme, la reine Marguerite, avec un fils de dix ans, nommé Ladislas ou Lancelot. Son compétiteur, Louis d'Anjou, mort en 1384, laissait un fils de même nom, âgé de sept ans, sous la tutelle de sa veuve Marie. Ladislas fut proclamé roi par le parti hongrois, Louis II par le parti angevin. Il y eut des neutres ; il y en eut qui passèrent d'un parti à l'autre, comme Otton de Brunswick, qui passa de Louis à Ladislas. Le peuple suivait son inconstance naturelle. La confusion devint universelle. Comme Charles était mort excommunié, Urbain VI prétendait que le royaume était dévolu au Saint-Siège ; cependant son successeur, Boniface IX, reconnut Ladislas ; le Pape d'Avignon, Clément VII, reconnaissait Louis II. Ainsi deux Papes qui s'excommunient, deux rois enfants sous la tutelle de deux femmes plus intrigantes qu'habiles, tous les barons en armes, les bourgeois et les paysans rançonnés ou pillés par l'un ou l'autre parti, et, au milieu de ce désordre, pas un caractère, pas un talent, pas une vertu éclatante qui annonce un meilleur avenir. Ladislas meurt en 1414 par suite de ses débauches ; il meurt avec la renommée d'un prince dont l'ambition ne connut point de bornes et qui lui sacrifia tout, la bonne foi, la probité, l'honneur, la religion, les biens de ses sujets, leur repos et le sien propre.
A Ladislas succède Jeanne II, sa sœur, qui ne vaut guère mieux. Elle fut toujours en querelle ou même en guerre avec son mari, Jacques de Bourbon, qui finit par entrer à Besançon dans l'ordre de Saint-François et y mourut en 1420. Dès l'an 1420 Jeanne, se voyant attaquée par Louis III, duc d'Anjou, son compétiteur, adopte Alphonse V, roi d'Aragon. En 1423 elle révoque l'adoption d'Alphonse et lui substitue Louis III. En 1433 elle annule l'adoption de Louis et renouvelle celle d'Alphonse. Enfin elle meurt l'an 1435, après avoir institué son héritier René d'Anjou, frère de Louis. On dirait qu'elle a peur que le royaume n'ait point déjà par lui-même assez de semences de discordes et de guerres civiles.
Ainsi tous les trônes d'Europe occupés par des princes français, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Hongrie, à Naples, étaient souillés de sang, de meurtres, de révolutions. En Espagne, excepté…
A suivre : État de l’Espagne et du Portugal.
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État de l’Espagne et du Portugal.
Ainsi tous les trônes d'Europe occupés par des princes français, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Hongrie, à Naples, étaient souillés de sang, de meurtres, de révolutions. En Espagne, excepté le meurtre de Pierre le Cruel par son frère Henri de Transtamare, en 1368, le trône de Castille se montra plus respectable sous le même Henri II et ses descendants, Jean Ier, Henri III et Jean III ; celui d'Aragon, sous Pierre IV, Jean Ier, Martin-Alphonse V ; celui de Navarre, sous Charles III, dit le Noble, qui, par ses belles qualités, compensa la fâcheuse renommée de son père, Charles le Mauvais.
Le Portugal voyait alors régner un de ses plus grands rois, Jean Ier, surnommé le Grand et le Père de la patrie. Il était frère naturel de Ferdinand Ier, qui mourut sans laisser d'héritier légitime. Les états du royaume se déclarèrent pour son frère Jean, grand-maître de l'ordre d'Aviz. L'an 1387, ayant obtenu dispense de son vœu de chasteté, il épousa la princesse Philippine, fille du duc de Lancastre. En 1374 il oblige les principaux seigneurs du Portugal à lui vendre les domaines qu'ils tenaient de la couronne, ce qui ôtait à ces seigneurs presque toute leur puissance en leur ôtant leurs vassaux. L'an 1415 il fait une expédition en Afrique et s'empare de Ceuta, la veille de l'Assomption.
Le second de ses fils, Henri de Portugal…
A suivre : Découvertes du prince Henri de Portugal sur l’Océan et en Afrique.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Découvertes du prince Henri de Portugal sur l’Océan et en Afrique.
Le second de ses fils, Henri de Portugal, joignait à l'esprit guerrier la culture des arts et des sciences ; il s'appliqua d'une manière spéciale à l'étude de la géographie. Les leçons des plus habiles maîtres et les relations des voyageurs lui procurèrent bientôt assez de connaissance du globe pour apercevoir la probabilité de découvrir de nouvelles contrées en naviguant le long de la côte d'Afrique. Au retour de l'expédition de Tanger, où il s'était signalé sous les yeux de son père, il se retira de la cour et fixa sa résidence à Sagres, près du cap Saint-Vincent, où la vue de l'Océan portait continuellement ses pensées vers son projet favori. Quelques-uns des plus savants hommes de son pays l'avaient accompagné dans sa retraite et l'aidaient dans ses recherches. Il consulta les Maures de Barbarie et les Juifs de Portugal ; il attira à son service d'habiles navigateurs. Sa probité, son affabilité, son respect pour la religion et son zèle pour la gloire de son pays donnaient un nouvel éclat à ses talents. Gonzalès Zarco et Tristan Vas dépassèrent, par ses instructions, le cap Bojador, qui était regardé comme une barrière impossible à franchir, et découvrirent l'île appelée aujourd’hui Porto-Santo.
L'année suivante (1419) les mêmes officiers découvrirent Madère, où le prince, outre les semences, les plantes et les animaux domestiques communs en Europe, fit transporter des plants de vigne de Chypre et des cannes à sucre de Sicile. Ces deux objets y prospérèrent rapidement et devinrent bientôt des articles considérables de commerce.
Le cap Bojador fut doublé en 1434, et de nouvelles tentatives conduisirent les navigateurs du prince Henri dans la rivière du Sénégal et dans plusieurs autres contrées, les Açores, les îles du Cap-Vert 1.
La mort de Henri de Portugal, arrivée en 1463, arrêta pour le moment l'impulsion qu'il avait donnée aux navigations et aux découvertes lointaines ; mais nous la verrons se renouveler en son temps, et conduire l'Europe, d'un côté à l'Inde et à la Chine, de l'autre à tout un nouveau monde, l'Amérique.
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1 Biographie univ, t, 20
A suivre : Commencements de saint Vincent Ferrier.
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Commencements de saint Vincent Ferrier.
La gloire de l'Espagne, à la fin du quatorzième siècle et au commencement du quinzième, fut saint Vincent Ferrier ou Ferrer. Il naquit à Valence le 23 janvier 1357. Son père, nommé Guillaume Ferrier, était secrétaire de la ville; sa mère s'appelait Constance Miguel ; l'un et l'autre appartenaient à d'honnêtes et anciennes familles. Dans les premiers temps de leur mariage ils s'étaient beaucoup livrés au monde et aux plaisirs ; mais, désabusés ensuite de ces vanités et revenus à des goûts plus raisonnables, ils avaient compris qu'une conduite véritablement chrétienne était le seul moyen de vivre heureux ici-bas. Leur piété exemplaire et leurs abondantes aumônes les rendirent bientôt l'édification de leurs concitoyens. Chaque année, après avoir prélevé la somme nécessaire pour les dépenses de leur maison, ils donnaient aux pauvres le reste de leurs revenus, attirant ainsi sur leur famille, par leurs largesses, les bénédictions d'un Dieu qui ne se laisse jamais vaincre en générosité.
Ils eurent plusieurs enfants de l'un et de l'autre sexe. On assure que tous répondirent par une conduite vertueuse à la bonne éducation qu'ils reçurent de leurs parents. Les deux aînés portèrent les noms de Pierre et de Boniface. Celui-ci fut un des plus fameux jurisconsultes de son temps et eut des emplois distingués dans sa ville natale; mais, après la mort de son épouse, il entra chez les Chartreux de Valence, et donna dans cet ordre une si grande opinion de son mérite que, quatre ans après s'y être engagé, il en fut fait supérieur général.
Pendant que la mère était enceinte de son troisième fils le père se vit en songe dans l'église des Frères prêcheurs, où un homme vénérable de cet ordre lui dit du haut de la chaire : « Je me réjouis avec vous, mon fils, du bonheur que vous allez voir. Voire épouse donnera naissance dans peu de jours à un fils qui sera du même ordre que moi, dont la vie sera si sainte, la doctrine si grande, le zèle si ardent que tous les peuples de France et d'Espagne l'honoreront comme un apôtre. » Le père se réveilla en louant Dieu. La mère avait des indices semblables ; elle n'éprouvait point les incommodités ordinaires de la grossesse; de plus, souvent elle entendait sortir de son sein un bruit pareil à celui d'un chien qui aboie. Elle en fut épouvantée d'abord ; mais, ayant consulté à ce sujet plusieurs grands serviteurs de Dieu, entre autres un parent qu'elle avait, qui fut depuis évêque de Valence et cardinal, elle apprit que ce bruit merveilleux devait lui donner plus de consolation que de crainte, et qu'elle pouvait espérer qu'elle enfanterait un fils qui ressemblerait à saint Dominique dans ses fonctions de l'apostolat, comme il lui ressemblait déjà dans l'égalité du présage.
Elle mit donc au monde, le 23 janvier 1357…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencements de saint Vincent Ferrier.Elle mit donc au monde, le 23 janvier 1357 un fils qui fut son troisième. Toute la ville, déjà prévenue des choses extraordinaires que l'on prédisait de cet enfant, vint le voir comme un autre saint Jean. Il fut porté quelques jours après à l'église pour y être baptisé. Il y eut là une grande contestation au sujet du nom qu'on devait lui donner. Comme on ne s'accordait point, le prêtre, ennuyé de ces longueurs, dit aux assistants : « Puisque vous ne pouvez vous entendre, je vais vous mettre tous d'accord en nommant moi-même l'enfant ; il aura nom Vincent. » Et, en effet, ce fut sous ce nom qu'il reçut une nouvelle vie en Jésus-Christ par le baptême.
(suite)
Sa mère n'eut pas de peine dans les premiers soins qu'elle lui donna, car il était impossible de trouver un enfant plus tranquille; il ne poussait pas même de cris. Quelque part qu'on le plaçât il y demeurait en repos, et l'on voyait sur son visage et dans toutes ses petites manières une joie innocente qui se communiquait à ceux qui le regardaient. Dès l'âge de six ans ses parents commencèrent à lui donner le premier goût des lettres. Il s'y attacha d'inclination, et fit de si grands progrès qu'à dix ans il surpassait non-seulement tous ses condisciples de même âge que lui, mais encore les plus âgés. Il jouait rarement avec les autres enfants, et, quand il se trouvait avec eux, après leur avoir laissé donner quelques moments au divertissement, il leur imposait silence, les faisait asseoir, et, montant sur quelque endroit un peu élevé, il leur disait : « Écoutez ce que je vais vous dire, et jugez si je serai un jour un bon prédicateur. » Aussitôt il faisait le signe de la croix, et, imitant de son mieux le ton et les gestes des prédicateurs qu'il avait entendus à Valence, il faisait un discours qui n'avait rien de puéril, et qui, forçant à l'admiration les personnes les plus âgées et les plus raisonnables, leur donnait lieu d'attendre de grandes choses d'un enfant si extraordinaire.
A l'âge de douze ans il passa de l'étude de la grammaire à celle de la dialectique…
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Commencements de saint Vincent Ferrier.
(suite)
A l'âge de douze ans il passa de l'étude de la grammaire à celle de la dialectique, où, par sa pénétration et son jugement, il s'éleva au-dessus de tous ses condisciples. II conserva toujours avec un soin extrême le trésor de son innocence, avec l'aide non-seulement de la grâce qui l'avait heureusement prévenu et à laquelle il obéissait fidèlement, mais encore de son caractère, qui le portait naturellement à l'honneur et à la vertu; avantages auxquels il faut ajouter l'éducation chrétienne que ses parents lui donnèrent avec d'autant plus d'attention que ses heureuses dispositions leur faisaient espérer de lui de grandes choses. Ils le portèrent surtout à fréquenter les églises, à se rendre assidu aux offices divins, à s'attacher aux prédications, à s'abandonner aux mouvements d'une piété tendre et affectueuse, à louer Dieu sans cesse, et à travailler de bonne heure à dompter son corps par les jeûnes et les austérités. En effet il s'accoutuma dès ses plus tendres années à jeûner les mercredis et vendredis de chaque semaine, et il continua cette pratique jusqu'à la fin de sa vie.
Il écoutait avec une sainte avidité tous les prédicateurs qui paraissaient à Valence, et, quand il leur entendait dire quelque chose à l'honneur de la Mère de Dieu, son cœur était pénétré d'une joie qui paraissait jusque dans ses yeux, dont on voyait couler des larmes de tendresse. Mais elles coulaient avec bien plus d'abondance lorsqu'il faisait quelque lecture qui traitait de la Passion et des souffrances de Jésus-Christ ou quand il en entendait parler. La sainte Vierge et la Passion du Sauveur étaient les deux objets principaux de sa dévotion, et, pour en donner des marques chaque jour, il n'en passait aucun sans dire l'Office de la Vierge et celui de la Passion de notre Sauveur.
Sa charité pour les pauvres était presque sans bornes, et ses parents, si charitables eux-mêmes, n'éprouvaient aucune peine de ses abondantes aumônes; mais, quoique accoutumés à le voir sans cesse soulager les indigents, ils ne laissèrent pas d'être surpris lorsque, lui ayant donné la portion de leurs biens à laquelle il pouvait prétendre, ils remarquèrent qu'il ne mit pas plus de quatre jours à la distribuer aux pauvres.
C'était la meilleure preuve qu'il pût offrir de la sincérité de sa réponse lorsque son père, lui mettant son partage entre les…
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Commencements de saint Vincent Ferrier.
(suite)
C'était la meilleure preuve qu'il pût offrir de la sincérité de sa réponse lorsque son père, lui mettant son partage entre les mains, lui avait proposé trois partis: le premier, d'entrer dans l'ordre de Saint-Dominique; le second, de se marier et de s'établir richement dans le monde; le troisième, d'aller à Paris ou à Rome, afin de s'y avancer par la science et la vertu. Le saint jeune homme, qui avait alors dix-huit ans, répondit à son père qu'il avait depuis longtemps renoncé dans son cœur aux plaisirs, aux honneurs et aux biens du siècle, et qu'il était résolu d'embrasser le premier des trois partis qu'il lui avait proposés. Ses parents en furent ravis de joie, et Vincent prit l'habit des Frères prêcheurs, au couvent de Saint-Dominique de Valence, le dimanche 5 février de l'an 1374.
Il se proposa aussitôt d'imiter en tout ce qu'il pourrait le saint fondateur de son ordre, et dans ce dessein, après s'être fait une étude particulière de sa vie et de ses actions, il commença par s'appliquer sérieusement à l'Écriture sainte et à la théologie, pour se rendre d'autant plus capable d'éclairer les autres quand il serait parfaitement instruit lui-même. Pénétré d'une vérité dont il avait eu le bonheur de ne pas faire l'expérience, que le plus grand ennemi de la jeunesse est l'oisiveté, il se livrait sans cesse aux occupations sérieuses de ses exercices réguliers ou à celles qui partageaient son temps entre ses dévotions particulières et ses études ; mais, quoiqu'il perdît moins de temps que les autres, il n'en était pas moins sociable, et son humilité croissait à mesure que l'on voyait augmenter sa science. On l'obligea d'enseigner la philosophie à ses jeunes confrères, et il s'en acquitta pendant trois ans avec beau coup d'éloquence et de capacité, à la grande satisfaction non-seulement de ses confrères, mais encore de plus de soixante-dix étudiants du dehors, qui profitèrent de ses leçons. Ce fut alors qu'il mit au jour un ouvrage de logique, également subtil et solide, qu'il intitula : des Suppositions dialectiques .
Ses supérieurs, ne voulant pas laisser plus longtemps dans cet emploi un jeune homme de si grande espérance, l'envoyèrent à…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencements de saint Vincent Ferrier.
(suite)
Ses supérieurs, ne voulant pas laisser plus longtemps dans cet emploi un jeune homme de si grande espérance, l'envoyèrent à Barcelone, où il y avait de célèbres professeurs en théologie du même ordre, et de là on le fit passer à Lérida, autre ville de Catalogne, où les études florissaient à cette époque. Il s'y appliqua avec ardeur à la théologie, et à l'âge de vingt-huit ans il reçut le bonnet de docteur des mains du cardinal Pierre de Lune. Vincent fut ensuite appelé à Valence, où, à la prière de l'évêque Jacques, qui était son parent, de tout le chapitre et des magistrats, et avec l'assentiment du gouvernement d'Aragon, il prêcha et enseigna publiquement la théologie pendant six ans, avec tant de réputation qu'il passait pour le seul homme véritablement docte et véritablement religieux, pour le seul saint et le seul serviteur de Dieu qu'il y eût à Valence. Aussi Pierre de Lune, charmé de sa vertu et de ses riches talents, voulut-il l'avoir auprès de lui pendant le voyage qu'il fit d'Espagne en France pour les intérêts du Pape d'Avignon, Clément VII. Le cardinal, après avoir terminé sa négociation, employa les caresses les plus engageantes et les prières les plus persuasives pour fixer Vincent à Avignon ; mais il ne put en venir à bout, et le saint religieux retourna continuer à Valence les fonctions de docteur et de prédicateur.
Jaloux de voir tant de vertus dans un homme si jeune, le démon lui tendit bien des embûches, même visibles. Un jour que Vincent, après matines, priait devant une image de la sainte Vierge pour obtenir de Notre-Seigneur, entre autres, la vertu de persévérance, il vit tout à coup un vieillard vénérable, dont la barbe épaisse et noire descendait jusqu'aux genoux, qui lui dit : « Je suis un de ces anciens Pères qui, pendant bien des années, avec grande continence et une abstinence incroyable de nourriture et de boisson, ai habité la solitude d'Egypte. Lorsque j'étais jeune j'ai voulu éprouver toutes les voluptés du corps, mais, après avoir passé le temps de ma jeunesse en toute sorte de plaisirs, je rentrai en moi-même, je fis pénitence, et Dieu, dans son infinie clémence, m'accorda le pardon de mes péchés. Maintenant, s'il faut en croire un vieillard expérimenté comme je le suis, je vous conseille d'avoir compassion de votre jeune âge, d'omettre pour le moment cette macération du corps et de la réserver pour la vieillesse. Ne craignez point; car Dieu est toujours prêt à recevoir la pénitence des pêcheurs. » Vincent fut d'abord bien effrayé; mais, en entendant ces paroles de pestilence, il soupçonna que c'était le démon. C'est pourquoi, se recommandant à Dieu et à la sainte Vierge, et se munissant du signe de la croix, il dit pour toute réponse :
« Va-t'en, serpent venimeux ! car, tes paroles frauduleuses le prouvent, tu n'es pas un des Pères de l'Egypte, mais un des démons de l'enfer. Tu as cru pouvoir vaincre par tes embûches un nouveau soldat du Christ; mais, quoique je sois nouveau dans cette milice, la grâce de Jésus, pour l'amour de qui je me suis exposé aux travaux et aux tentations, m'armera si bien de toutes parts que je ne craindrai point de combattre contre toi. »
Le démon, se voyant reconnu, disparut aussitôt en poussant un grand cri et laissant après lui une horrible puanteur.
Une autre nuit, comme Vincent…
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Commencements de saint Vincent Ferrier.
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Une autre nuit, comme Vincent priait devant un autel où était peint un crucifix, le démon lui apparut sous la forme d'un gros nègre et dit : « Tu as beau multiplier tes prières et tes autres œuvres pour gagner le ciel, je te dresserai tant de pièges que je te ferai succomber. » Le saint répondit : « Tant que la grâce de Dieu m'accompagnera je ne craindrai aucun de tes pièges. — Rien n'est plus difficile, reprit le tentateur, que de persévérer jusqu'à la fin dans la grâce dont tu parles. — Celui qui m'a donné de commencer, répliqua Vincent, me donnera aussi de persévérer. » Et il arma son front du signe de la croix. Aussitôt le démon disparut comme une ombre devant le soleil.
Une autre fois, vers la quatrième heure de la nuit, Vincent lisait dans sa cellule le livre de saint Jérôme sur la perpétuelle virginité de Marie. Au milieu de la douce joie que lui causait cette lecture, il priait la sainte Vierge de lui obtenir la grâce de garder la virginité comme elle. Alors il entendit cette voix : « Nous ne pouvons pas tous être vierges; car, quoique tu aies pu t'appeler vierge jusqu’à présent, je ne souffrirai pas davantage que tu te glorifies de ce nom si honoré. » L'homme de Dieu ne savait que penser de ces paroles ; il pria la sainte Vierge, à genoux, de lui en donner l'explication. Peu après elle lui apparut dans une grande lumière, le consola et lui dit :
« Les paroles que vous avez entendues sont du démon, qui vous propose la difficulté des bonnes œuvres afin de vous faire abandonner la vertu par découragement. Soyez seulement sur vos gardes et persévérez avec courage. Quoiqu'il doive vous dresser bien des embûches et s'efforcer bien souvent de mettre en péril votre virginité et les autres vertus qui sont en vous, ne vous laissez point aller à la défiance ; espérez toujours dans le Seigneur ; car il sera lui-même votre bouclier, avec quoi non-seulement vous pourrez mépriser les armes du diable, mais vous vaincrez encore magnanimement tous ses artifices et ruses. »
Il est dit dans saint Luc que, quand le diable eut fini de tenter le Sauveur, il se retira, mais pour un temps 1 ; il en use de même envers les hommes ; s'il se retire, ce n'est que pour un temps, et pour revenir à l'improviste et d'une manière plus dangereuse.
Parmi ses œuvres de miséricorde Vincent Ferrier…
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1 Luc, 4, 13
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Parmi ses œuvres de miséricorde Vincent Ferrier visitait et assistait volontiers les malades. Un jour donc il fut appelé pour confesser une noble et belle dame, qui se mourait, disait-on, d'un mal inconnu des médecins. C'était une autre femme de Putiphar, qui, éprise de la beauté d'un autre Joseph, avait imaginé ce moyen pour le séduire. Elle lui avoua sa passion et le sollicita impudemment au crime. Après quelques paroles sévères sur son infâme proposition le saint se retira. La malheureuse, comme la femme de Putiphar, voulut crier pour accuser l'homme vertueux qu'elle n'avait pu corrompre ; mais au premier cri elle fut saisie du démon. Les gens de la maison, étant accourus, la trouvèrent possédée. On employa tous les remèdes, entre autres les exorcismes ; l'esprit impur répondit : « Jamais vous ne pourrez me chasser de ce corps que lorsque celui-là viendra, qui, placé au milieu du feu, n'a pu en être brûlé. » Les assistants cherchaient ce que cela voulait dire lorsqu'un d'entre eux s'écria : « Qu'on appelle frère Vincent ! Il a confessé cette femme, lui seul pourra nous donner le sens de cette parole. » Il vint, mais avec peine, se recommandant à Jésus-Christ, le conjurant d'avoir pitié de cette malheureuse. Aussitôt qu'il mit le pied dans la chambre le démon s'écria d'une voix effroyable : « Voilà cet homme qui, placé au milieu du feu, n'a pu être brûlé ; c'est maintenant qu'il faut partir. » Et, en parlant ainsi, il laissa le corps de la femme à demi-mort. La vénération pour le saint homme s'en accrut prodigieusement.
Une autre fois on lui fit ce qu'on avait fait à saint Thomas d'Aquin, pendant qu'il était à l'église, le soir, on introduisit dans sa cellule une personne de mauvaise vie. A son retour il la prit d'abord pour une apparition de l'esprit immonde ; mais, l'ayant reconnue pour ce qu'elle était, il lui parla si fortement sur sa vie criminelle qu'elle fondit en larmes, promit de se convertir, quitta effectivement les lieux de débauche, se maria, et vécut honorablement le reste de ses jours.
Quant à Vincent, l'enfer, n'ayant pu le corrompre, voulut…
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Quant à Vincent, l'enfer, n'ayant pu le corrompre, voulut au moins le décrier. Parmi les Frères prêcheurs de Valence il y avait un vieillard impudique, qui, depuis son jeune âge, n'avait cessé de se livrer au vice impur. Comme saint Vincent lui faisait souvent des reproches, il le haïssait et en disait tout le mal imaginable. Un jour, ce vieux libertin ayant commis le crime avec une prostituée, celle-ci examina de près, son visage pour le reconnaître, parce qu'il ne lui avait pas donné un assez gros salaire ; elle voulut même savoir son nom; le misérable dit qu'il s'appelait frère Vincent Ferrier. Le bruit de cette infamie se répandit aussitôt par toute la ville. Pour savoir la vérité les magistrats de Valence s'y prirent de cette façon ; ils se placèrent avec la femme sur le passage d'une procession générale. Quand vint à passer saint Vincent ils le lui montrèrent. Elle répondit « Ce n'est pas celui que vous cherchez; car je sais que celui-ci est ce serviteur de Dieu que tout le monde court entendre prêcher ; je l'ai vu prêcher moi-même quatre fois depuis que je suis à Valence. Celui que vous cherchez à connaître est un vieillard. » Un instant après, le voyant passer, elle dit d'elle-même : « Voilà celui que vous cherchez. » La procession finie les magistrats le mandèrent devant eux et le sommèrent, sous menace de mort, d'avouer son exécrable iniquité et d'abolir l'infamie qu'il avait jetée sur l'homme de Dieu. Tremblant, il fit ce qu'on voulut, raconta comment il avait fait, et alla aussitôt demander pardon avec beaucoup de larmes à saint Vincent, qui ne savait rien de tout cela.
Il y avait six ans que le serviteur de Dieu remplissait avec de grands fruits la place de théologal dans la cathédrale de Valence, et tous les devoirs d'un homme apostolique dans l'étendue du diocèse, au milieu des persécutions que lui suscitaient le démon et les méchants, comblé des faveurs du Ciel et admiré des gens de bien, qui non-seulement le respectaient comme un ami de Dieu, mais le consultaient aussi comme un oracle, lorsque le cardinal Pierre de Lune, après sa légation d'Espagne, fut nommé par Clément VII pour remplir en France les mêmes fonctions auprès du roi Charles VI. Ce légat, arrivé à Valence en 1390, fut si charmé de tout ce qu'il apprit de la doctrine, du zèle et de la réputation de Vincent, auquel il avait précédemment donné le bonnet de docteur à Lérida, qu'il voulut l'emmener avec lui pour honorer la nouvelle légation. Il obligea le saint de rester à Paris tout le temps qu'il y passa lui-même, et, tandis que les affaires de la politique étaient l'objet des soins et des sollicitudes de l'un, l'autre n'était occupé que des intérêts de Jésus-Christ, de la paix de l'Église, de la réforme des mœurs et du salut des âmes. Il fit en France ce qu'il avait fait dans les différentes parties de l'Espagne, il prêcha et il convertit les pécheurs; car il était difficile de tenir longtemps contre l'ardeur de son zèle, la force de ses discours et l'éclat de sa sainteté. On avait tant de preuves que l'Esprit de Dieu parlait par sa bouche que les grands et le peuple le suivaient et l'admiraient également ; mais, loin de s'élever en lui-même des marques d'estime et de vénération qu'il recevait si fréquemment, son humilité croissait avec sa réputation et ses succès, et ses austérités avec ses travaux apostoliques 1.
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1 Acta SS., avril. Vies des Saints de Bretagne , t, 3, édition de l'abbé Tresvaux.
A suivre : Comment des saints pouvaient se trouver dans les deux obédiences. Réflexion de saint Antonin.
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