Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 6:48 am


Son ignorance et ses blasphèmes réfutés d’avance
par le formulaire du Pape saint Hormisdas.


(suite)
« Toutes les Églises, en signant cette formule, professaient que la foi romaine, la foi du Siège apostolique et de l'Eglise romaine, était assurée d'une entière et parfaite solidité, et que, pour qu'elle ne manquât jamais, elle a été affermie par une promesse certaine du Seigneur. Car c'est cette profession de foi que les évêques étaient obligés d'envoyer aux métropolitains, ceux-ci aux patriarches, et les patriarches au Pape, afin que lui seul, recevant la profession de tous, leur donnât à tous, en retour, la communion et l'unité. Nous savons que dans les siècles suivants on se servait de la même profession de foi, avec le même exorde et la même conclusion, en y ajoutant les hérésies et les hérétiques qui, aux diverses époques, troublèrent l'Église. De même que tous les évêques l'avaient adressée au saint Pape Hormisdas, à saint Agapet et à Nicolas Ier, de même nous lisons qu'au huitième concile on l'adressa, dans les mêmes termes, à Adrien II, successeur de Nicolas. Or, ce qui a été répandu partout, propagé dans tous les siècles et consacré par un concile œcuménique, quel chrétien le rejettera 1 ? »

Les erreurs de Wiclef ayant reparu dans la Bohême, le concile de Constance les condamna dans sa huitième session, le 4 mai 1415….

____________________________________________________

1 Defensio, 1. 10, c. 7.
 
A suivre : Les erreurs de Wiclef pénètrent en Bohême.

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 3:14 pm

Les erreurs de Wiclef pénètrent en Bohême.

Les erreurs de Wiclef ayant reparu dans la Bohême, le concile de Constance les condamna dans sa huitième session, le 4 mai 1415. On y proscrivit généralement, et, comme on dit, in globo, trois cent cinq articles tirés des écrits de cet hérésiarque, c'est-à-dire quarante-cinq tous exprimés dans le décret, et deux cent soixante qui ne sont qu'indiqués. Le concile défendit à toutes personnes, sous peine d'anathème, de prêcher, d'approuver, ou même de citer cette doctrine, si ce n'est à dessein de la combattre. Il y ajouta un jugement de rigueur contre Wiclef lui-même, quoiqu'il fût mort depuis longtemps. Il ordonna d'exhumer son cadavre et de le jeter à la voirie. Le décret contre ses erreurs fut confirmé dans la quinzième session.

Voici comment les erreurs de Wiclef pénétrèrent en Bohême. Un gentilhomme bohémien, nommé Poisson-Pourri, revenant de l'université d'Oxford, en apporta certains ouvrages de Wiclef; il les fit connaître, entre autres, à Jean Hus. C'était un homme de basse naissance, mais distingué par son esprit et sa facilité à parler. Né au bourg de Hussinetz en l'an 1373, il devint bachelier et maître ès arts à l'université de Prague en 1393, prêtre et prédicateur en la chapelle de Bethléhem en 1400, doyen de la faculté de théologie en 1401, et recteur de l'académie en 1409. De plus, dès l'année 1400 il fut donné pour confesseur à la reine Sophie, seconde femme de Wenceslas, lequel fut déposé cette année-là même de la dignité impériale. Le confesseur de sa première femme avait été saint Jean Népomucène, qui mourut martyr du secret de la confession.

Jean Hus s'infatua des erreurs de Wiclef, ainsi que plusieurs autres…
 
A suivre : Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef. Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 6:22 am

Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.

Jean Hus s'infatua des erreurs de Wiclef, ainsi que plusieurs autres. L'an 1408 l'université de Prague, ayant eu vent de ce qui se passait, s'assembla solennellement, et Jean Hus s'y trouva parmi les principaux docteurs. On y prit d'un commun consentement une conclusion qui portait : « Sachent tous que tous les docteurs ici assemblés ont unanimement rejeté et prohibé les quarante-cinq articles de Wiclef dans leurs sens hérétiques, erronés ou scandaleux, défendant à tous leurs suppôts, de quelque nation qu'ils soient, qu'aucun ne soit assez hardi pour les soutenir ou les enseigner, en public ou en secret, et cela sous peine d'être exclus de la nation.» C'était la plus grande peine qu'ils pussent alors imposer. Ils défendirent encore que personne au-dessous des docteurs ne lût les livres de Wiclef, principalement ceux de l'Eucharistie, le Dialogue et le Trialogue.

Jean Hus n'osa pas contredire publiquement à la sentence de l'université de Prague; mais il ne laissait pas, dans les entretiens secrets, d'infecter plusieurs personnes des erreurs de Wiclef. Comme il voyait que les Allemands s'opposaient à son dessein, la haine qu'il leur portait déjà s'en augmenta de beaucoup. La nouvelle université de Prague, fondée par l'empereur Charles IV, était gouvernée par des docteurs allemands, au grand mécontentement des Bohémiens, naturellement féroces et peu traitables. Jean Hus excita donc ses compatriotes à demander au roi Wenceslas qu'ils eussent le gouvernement de leurs écoles, à l'exclusion des Allemands. Wenceslas, irrité contre les Allemands, qui l'avaient déposé de l'empire, accorda facilement aux Bohémiens ce qu'ils demandaient. Irrités à leur tour de ce qu'on leur enlevait ainsi leurs privilèges, les Allemands se retirèrent de Prague au nombre de plus de deux mille, tant docteurs qu'étudiants, et passèrent à Leipsick, où ils fondèrent une nouvelle université par autorité du Pape Alexandre V.

La chapelle ou l'église de Bethléhem avait été fondée par un riche bourgeois de Prague, avec un revenu suffisant pour entretenir deux prédicateurs, qui tous les jours instruisaient le peuple en bohémien. Comme Jean Hus, l'un des deux, était éloquent et avait la réputation d'être réglé dans ses mœurs, on l'écoutait volontiers. S'en étant aperçu, il avança plusieurs propositions tirées de Wiclef, disant que c'était la pure vérité, que l'auteur était un saint homme. « Et je voudrais, ajoutait-il, qu'après ma mort mon âme fût avec la sienne. »

Outre les sermons par lesquels il s'attirait le peuple, Jean Hus…

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 12:20 pm

Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)
Outre les sermons par lesquels il s'attirait le peuple, Jean Hus gagnait les grands par les livres de Wiclef, qu'il traduisait en langue vulgaire. Il attirait aussi des ecclésiastiques ; les uns, chargés de dettes ou de crimes pour lesquels ils craignaient d'être poursuivis en justice, espéraient l'éviter en donnant dans les nouveautés ; d'autres, recommandables par leur doctrine et leur vie réglée, étaient indignés que l'on donnât les bons bénéfices à des nobles qui leur étaient bien inférieurs en science. Le dépit et la jalousie leur firent quitter leur premier sentiment, suivant lequel ils avaient condamné Wiclef, et ils abandonnèrent l'Eglise catholique pour se joindre à Jean Hus, déclamant non-seulement contre les prêtres ignorants et vicieux, mais contre tout le clergé en général, sans épargner le Pape même 1.

Un des principaux adeptes de Jean Hus était Jérôme de Prague, gentilhomme de la famille des Poissons-Pourris. Il avait étudié à Cologne, à Heidelberg, à Prague, on dit même à Oxford. L'an 1399 il devint maître es arts et peu après bachelier en théologie ; il passait pour remporter en science sur Jean Hus ; il n'entra jamais dans l'état ecclésiastique, mais servit comme chevalier à la cour du roi Wenceslas. La réputation de Jérôme devint telle que le roi de Pologne le fit venir en 1410 pour organiser l'université de Cracovie. Puis le roi de Hongrie, Sigismond, frère puîné de Wenceslas, désira l'entendre. Il prêcha devant lui à Bude; mais, comme son discours renfermait de grandes louanges de Wiclef, il fut déclaré hérétique par le clergé, obligé de s'enfuir, et arrêté par l'université de Vienne, jusqu'à ce que celle de Prague obtînt son élargissement. Jérôme des Poissons-Pourris était naturellement porté la violence.

Fort de pareils adeptes, et surtout de l'émigration des docteurs allemands, Jean Hus gardait moins de mesure. Non-seulement il répandait les écrits de Wiclef parmi les grands de Bohême, mais il envoya une traduction du Trialogue à Josse, margrave de Moravie, oncle du roi Wenceslas. Vainement plusieurs docteurs de Prague l'avertirent de se désister d'une semblable entreprise. L'un d'eux informa l'archevêque de Prague, Svincon, d'une famille très-noble, qui demeurait dans son château de Raudnicz. L'archevêque, homme résolu, assembla des docteurs en qualité de légat du Saint-Siège et se fit apporter les livres de Wiclef. Après les avoir fait examiner par les docteurs, et de leur avis, il les fit tous brûler, jusqu'au nombre de plus de deux cents. Ils étaient très-bien écrits, reliés en bois à la manière du temps, couverts d'étoffes précieuses et garnis d'or. Mais tous ceux qui avaient de ces livres ne les apportèrent pas, suivant l'ordre de l'archevêque.

Pour se venger de ce que l'archevêque avait fait brûler ces livres de Wiclef, Jean Hus…

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1 Cochlæus, Hist. Hussit. ,  l.1.

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 6:29 am

Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)
Pour se venger de ce que l'archevêque avait fait brûler ces livres de Wiclef, Jean Hus fît composer contre lui et chanter publiquement, par les laïques de son parti, des chansons en langue vulgaire, qui le tournaient en ridicule, et qui firent tant de bruit que le roi Wenceslas défendit par ordonnance publique de les chanter, sous peine de la confiscation de tous les biens. Mais Jean Hus trouva un autre moyen pour faire que le peuple se moquât du clergé et le rendît méprisable ; il établit des conférences publiques où des tailleurs, des cordonniers et d'autres artisans, excités par ses sermons et par la lecture de l'Écriture sainte en langue vulgaire, disputaient avec les prêtres. Les femmes mêmes se mêlaient de parler en ces controverses et de composer des livres.

Le Pape avait écrit à l'archevêque, le 20 décembre 1409, de défendre, par l'autorité apostolique, à qui que ce fût, quelque privilège qu'il pût avoir, de prêcher ailleurs que dans les églises ou dans les cimetières, et de ne permettre à personne d'enseigner en public ou en secret les articles de Wiclef. Le Pape avait mandé encore à l'archevêque de prendre quatre docteurs en théologie et deux docteurs en décret, et de procéder en cette affaire par leur conseil; enfin, que celui qui refuserait d'obéir et d'abjurer ces erreurs fût tenu pour hérétique et mis en prison 1. L'archevêque manda Jean Hus et lui reprocha son attachement aux erreurs de Wiclef; Jean Hus promit de corriger tout ce qui lui serait échappé contre la doctrine chrétienne; mais, quant à la défense de prêcher dans la chapelle de Bethléhem, il en appela au Pape mieux informé et continua ses prédications.

Ses sectateurs s'enhardirent; ceux dont l'archevêque avait fait brûler les exemplaires de Wiclef, si richement ornés, lui réclamèrent des dommages et intérêts. Sur son refus ils actionnèrent les ecclésiastiques qui lui avaient servi de conseil ; ils refusèrent de même, mais eurent à souffrir beaucoup de violences par la coupable connivence de l'indigne roi Wenceslas. Jérôme de Prague se distingua par-dessus les autres sectaires; il arrêta trois religieux carmes qui avaient prêché contre Wiclef, et en jeta un dans la Moldau, où il se serait infailliblement noyé si un chevalier n'était allé à son secours 2.

Jean Hus fut dénoncé par le clergé de Prague au Pape Jean XXIII comme prêchant des hérésies. Le cardinal Colonne fut chargé de poursuivre l'affaire et en conséquence le cita à Rome. Il n'y comparut point, mais envoya des députés pour le défendre ; après y avoir demeuré un an et demi ils furent mis en prison, Jean Hus déclaré hérétique, excommunié avec ses adhérents, avec défense de prêcher et avec interdiction des lieux où il se trouverait. L'an 1411 Jean Hus appela de cette sentence à un concile général. Cependant, par l'entremise du roi Wenceslas et d'autres seigneurs, l'affaire paraissait devoir s'arranger de concert avec l'archevêque Svincon, lorsque ce prélat mourut avant qu'il y eût rien d'exécuté.

Dans l'intervalle Jean Hus publia plusieurs…

_____________________________________________________

1 Raynald, ann. 1409, n. 89. — 2 Hist. ecclés. du protestant Schroeckh, t. 34, p. 688.

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 3:12 pm


Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)

Dans l'intervalle Jean Hus publia plusieurs écrits en faveur de Wiclef et de ses erreurs ; il enseignait et soutenait, entre autres, ces deux propositions : « Ceux qui, à cause d'une excommunication humaine, cessent de prêcher ou d'entendre la parole de Dieu, sont excommuniés et seront regardés comme des traîtres au Christ dans le jugement dernier. Un diacre ou prêtre a droit de prêcher, même sans la permission du Saint-Siège ou d'un évêque catholique 1

L'an 1412, le Pape Jean XXIII ayant fait publier une croisade pour soumettre le roi Ladislas de Naples, Jean Hus et Jérôme de Prague se mirent à prêcher contre la croisade du Pape et contre ceux qui la prêchaient. Jérôme fit même arrêter un prédicateur de la croisade, lui joignit deux prostituées, les conduisit tous trois sur une voiture à travers la ville, les deux prostituées ayant la bulle pontificale sur la poitrine découverte, et un crieur annonçant à haute voix qu'on allait brûler les bulles d'un séducteur des peuples. La bulle fut en effet brûlée au pilori de la ville neuve. Le dimanche les prédicateurs furent interrompus et insultés dans plusieurs églises par des étudiants et des gens de la lie du peuple ; on les appelait des menteurs et des imposteurs, et le Pape un antechrist. Tous les perturbateurs furent arrêtés et condamnés à mort, comme séditieux, par le sénat de la ville. Jean Hus accourut au palais avec une multitude d'étudiants et supplia qu'on leur accordât la vie, attendu que, s'ils étaient punis à raison de l'indulgence papale, lui-même était encore plus coupable. On lui remontra qu'il se mêlait de choses qui ne le regardaient point; qu'il voulait exciter une sédition après avoir déjà fait un préjudice irréparable à la ville par l'expulsion des Allemands; qu'il n'était pas question de l'indulgence, mais de perturbateurs de la paix publique qui cherchaient à verser le sang. Toutefois on laissa espérer de faire grâce ; mais le sénat leur fit aussitôt trancher la tête. A cette nouvelle les sectaires se rassemblèrent en foule, enlevèrent de force les cadavres des suppliciés, les enveloppèrent de drap d'or, les portèrent dans toutes les églises, et les enterrèrent dans la chapelle de Bethléhem, en criant : « Voilà les saints et les martyrs qui ont donné leur vie pour la loi de Dieu ! » Jean Hus lui-même leur donna le nom de martyrs dans un sermon ; mais il reçut défense du sénat d'en parler davantage 1.

En attendant il multipliait ses écrits contre le Pape…

_____________________________________________________

1 Hist. ecclésiastique du protestant Schroeckh, t. 34, p. 593. —2 Ibid.  t. 34, p. 597 et 598.

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 6:09 am


Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)
En attendant il multipliait ses écrits contre le Pape. Emporté d'un excès dans un autre, il enseignait que l'Église n'est que la société des justes et des prédestinés, de laquelle les réprouvés et les pécheurs ne font point partie. Il en concluait qu'un Pape vicieux n'est plus le vicaire de Jésus-Christ, qu'un évêque et des prêtres qui vivent en état de péché ont perdu tous leurs pouvoirs. Il étendit même cette doctrine jusqu'aux princes et aux rois ; il décida que ceux qui sont vicieux et gouvernent mal sont déchus de leur autorité. Après avoir appelé au Pape et au concile, il ne reconnaissait d'autre juge que l'Écriture entendue à sa manière, c'est-à-dire d'autre juge que lui-même.

L'an 1413 le nouvel archevêque de Prague, Conrad de Vechta, cherchait une conciliation entre le clergé catholique et les partisans de Jean Hus. Le clergé posait comme moyen unique une entière soumission au Pape et à l'Eglise romaine ; Hus et ses partisans, qui ne voulaient d'autre juge que l'Écriture interprétée par eux-mêmes, soulevèrent beaucoup d'objections, entre autres que les évêques et les prêtres mêmes étaient autant les successeurs des apôtres que le Pape et les cardinaux ; que le chef de l'Église n'était pas le Pape, mais Jésus-Christ.

On se disputait là-dessus à Prague, lorsqu'on apprit qu'au mois de février 1413 le concile de Rome avait condamné les écrits de Wiclef et excommunié Jean Hus, parce qu'il ne s'était point présenté quoiqu'il eût été cité. En même temps le chancelier Gerson, doyen de la faculté de théologie de Paris, laquelle venait de condamner dix-neuf erreurs de Jean Hus, tirées de son Traité de l'Église 1, écrivit à l'archevêque Conrad pour l'exhorter à extirper l’ivraie du champ du Seigneur et à implorer pour cela, si c'était nécessaire, le bras séculier. L'archevêque obtint bientôt le consentement du roi à des mesures plus sévères pour délivrer son royaume de la mauvaise renommée d'hérésie.

On publia donc que tous ceux qui soutiendraient les quarante-cinq articles de Wiclef seraient chassés du royaume. L'archevêque prononça un interdit sur la ville de Prague, à l'exception du quartier où était le palais du roi. Jean se réfugia dans son endroit natal et continua de déclamer contre le Pape et les cardinaux. Il avait d'abord appelé du Pape mal informé au Pape mieux informé, ensuite du Pape au concile ; cette fois-ci il appela du concile à Jésus-Christ 1.

Mais, avant de quitter la capitale de Bohême, il fit lire dans la chapelle de Bethléhem son Traité de l’Église , dont le but était de rendre odieux le clergé de Prague et méprisable l'autorité du Siège apostolique. Pour prouver que le Pape ne saurait être le chef de l'Église, il cite, entre autres, la fable de la papesse Jeanne, dont il fait une femme anglaise.

Éloigné de Prague, qui fut délivrée de l'interdit par son absence, Jean Hus écrivit avec une violence toujours croissante contre le clergé et contre le Pape même. L'un de ses libelles représente dès le titre les prêtres et les moines comme l'abomination de la désolation dans l'Église du Christ. Dans un autre il déclare que, l'auteur de tant de canons et lois ecclésiastiques, c'est le diable ; de ce nombre il compte la vénération des statues de bois, de pierre et d'argent. Dans un autre, le Mystère d'iniquité de l’Antéchrist , il s'écrie : «. La vraie cause pour laquelle les hypocrites honorent les saints du ciel et persécutent et égorgent les saints vivants sur la terre, c'est leur aveuglement, que le dieu de ce siècle, le diable, opère en eux 1. » Ces saints vivants sur la terre, il est aisé de le voir, c'étaient Jean Hus et les siens.

Cependant le concile de Constance venait d'être convoqué pour le 1er novembre 1414…

__________________________________________________________

1 Apud Natal. Alex., t.  8, p.  86, édit.  in-fol. — 1 Schroeckh, t. 34, p. 505 et 506. — 1 Schroeckh, t. 34, p. 611-614.  
 
A suivre : Jean Hus est cité au concile de Constance, auquel il en avait appelé lui-même.

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 11:02 am


Jean Hus est cité au concile de Constance,
auquel il en avait appelé lui-même.
Cependant le concile de Constance venait d'être convoqué pour le 1er novembre 1414. Deux docteurs de Prague, Michel de Causis, curé d'une des paroisses de la ville, et Étienne Paletz, autrefois ami de Jean Hus, se disposaient à l'y dénoncer comme répandant des erreurs contre la foi. Jean Hus pouvait donc s'attendre à y être cité ; il résolut de s'y présenter de lui-même pour se défendre. D'ailleurs il avait appelé au concile. Sachant que l'archevêque de Prague allait tenir celui de sa province au mois d'août 1414, il somma chacun, par des affiches publiques, de venir l'y convaincre des erreurs qu'on lui imputait. L'archevêque lui manda que sa présence n'était pas nécessaire puisqu'il ne s'était pas élevé d'accusateur contre lui. Jean Hus s'en fit donner un témoignage. Il en demanda un pareil au roi, et somma ses adversaires, par de nouvelles affiches, de lui montrer au moins à Constance qu'il avait enseigné des erreurs. Il y disait entre autres : « Que si l'on peut me convaincre d'une erreur quelconque, ou d'avoir enseigné quelque chose de contraire à la foi chrétienne, je ne refuse pas d'encourir toutes les peines des hérétiques 2. » II fit plus, au dire des écrivains hussites ; il s'adressa à l'inquisiteur du Pape en Bohême, l'évêque de Nazareth, et en obtint une attestation que, dans plusieurs entretiens, il l'avait toujours trouvé orthodoxe. Les états de Bohême ayant consulté l'archevêque à cet égard reçurent la même réponse 3. Enfin l'empereur Sigismond pria son frère Wenceslas d'envoyer Jean Hus à Constance.

Jean Hus partit donc de Prague le 11 octobre…

______________________________________________________

2 Op. Hus., part. 1, fol.2. Lenfant, Hist. du Concile de Const., t.1, p. 38. —  3 Id., ibid., p. 615 et 616.
 
A suivre : D’après ses  propres paroles, il part de Prague et arrive à Constance sans sauf-conduit.

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 6:28 am

D’après ses  propres paroles, il part de Prague et arrive à Constance sans sauf-conduit.

Jean Hus partit donc de Prague le 11 octobre 1414. Il laissait à ses partisans une lettre qui fut lue dans la chapelle de Bethléhem, et dans laquelle il y avait ces mots : Je pars sans sauf-conduit 4. Arrivé à Constance il leur écrivit en ces termes : « Nous sommes arrivés à Constance après la fête de tous les Saints, sans aucun dommage, traversant les villes et y affichant des sommations en latin et en allemand. Nous sommes logés à Constance, sur la place, près de l'hôtel du Pape. Et nous sommes venus sans sauf-conduit 1 .

Accusé par ses deux adversaires, Michel de Causis et Etienne Paletz, d'enseigner les erreurs de Wiclef à Constance même…

_________________________________________________

4  « Relinqui post me litteram, quæ lecta in Bethlehem, in qua posui quod EXEO SINE SALVO CONDUCTU. » Epist.  49.
1 ET VENIMUS SINE SALVO CONDUCTU. Epist. 5.
 
A suivre : Le sauf-conduit de l’empereur Sigismond est tout bonnement un passe-port qui ne pouvait le soustraire au tribunal où il était cité et auquel il avait appelé lui-même.

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 12:41 pm


Le sauf-conduit de l’empereur Sigismond est tout
bonnement un passe-port qui ne pouvait le soustraire
au tribunal où il était cité et auquel il avait  appelé lui-même.

Accusé par ses deux adversaires, Michel de Causis et Etienne Paletz, d'enseigner les erreurs de Wiclef à Constance même, Jean Hus fut arrêté le 28 novembre 1414 2. Au mois de mai de l'année suivante, ses amis ayant demandé son élargissement au concile, attendu qu'il avait été arrêté contre la foi publique, l'évêque de Lutomile fut chargé de répondre, le 16 du mois, qu'on n'avait point violé la foi publique à son égard, attendu qu'il n'avait point de sauf-conduit de l'empereur lors de son arrestation, mais qu'il en reçut un seulement quinze jours après, comme on l'avait appris de personnes dignes de foi3. Le 18 mai les défenseurs de Jean Hus répliquèrent que le concile avait été mal informé ; que, le jour même où Jean Hus fut arrêté, l'un d'eux, interrogé jusqu'à deux fois par le Pape s'il avait un sauf-conduit du roi, son fils, répondit qu'il en avait un ; que cependant il ne le montra point alors, parce que personne ne demandait à le voir ; mais que trois jours après il le fit voir à beaucoup de personnes4. D'où il paraît certain, par l'aveu même des défenseurs de Jean Hus, que le sauf-conduit ne fut exhibé que trois jours après son arrestation. Lors donc que des personnes dignes de foi assurèrent au concile que ce ne fut que quinze jours après son emprisonnement qu'on procura le sauf-conduit à Jean Hus, il est possible qu'elles ne se soient trompées que sur le nombre de jours.

Quant au sauf-conduit en lui-même, le voici tout entier. « Sigismond, par la grâce de Dieu roi des Romains, etc., à tous princes ecclésiastiques et séculiers, etc., ainsi qu'à tous nos autres sujets, salut. Nous vous recommandons d'une pleine affection, à tous en général et à chacun en particulier, honorable homme maître Jean Hus, bachelier en théologie et maître ès arts, porteur des présentes, allant de Bohême au concile de Constance, lequel nous avons pris sous notre protection et sauvegarde, et sous celle de l'empire, désirant que, lorsqu'il arrivera chez vous, vous le receviez bien et le traitiez favorablement, lui fournissant tout ce qui lui sera nécessaire pour hâter et assurer son voyage, tant par eau que par terre, sans rien prendre de lui ni des siens aux entrées et aux sorties, pour quelques droits que ce soit de tribut ou de péage, et de le laisser librement et sûrement passer, demeurer, s'arrêter et retourner, en le pourvoyant même, s'il en est besoin, de bons passe-ports, pour l'honneur et le respect de la majesté impériale. Donné à Spire, le 18 octobre de l'an 1414, le trente-troisième de notre règne de Hongrie et le cinquième de celui des Romains. Par ordre du roi. » Et plus bas : « Michel de Pascest, chanoine de Breslau 1. »

Par les termes de cette pièce…

______________________________________________________

2 Von der Hardt, t. 4, p. 21 et 22. — 3 Id., p. 209. —  4 Id., p. 212. — 1 Von der Hardt, t. 4, p. 12. Lenfant, Hist.  du Conc. de Const. t.  p. 59.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 7:07 am


Le sauf-conduit de l’empereur Sigismond est tout
bonnement un passe-port qui ne pouvait le soustraire
au tribunal où il était cité et auquel il avait  appelé lui-même.


(suite)
Par les termes de cette pièce on voit que c'est tout bonnement un passe-port impérial qui invite les princes, les magistrats et sujets de l'empire, comme un passe-port moderne invite les autorités civiles et militaires à laisser passer et librement circuler, de tel endroit à tel autre, et à donner aide et protection en cas de besoin. Mais comme un passe-port moderne ne vous soustrait point à la juridiction des tribunaux auxquels vous seriez cité ou auxquels vous auriez appelé, ainsi le passeport royal ne pouvait soustraire Jean Hus à là juridiction du concile de Constance, auquel il était cité et auquel il avait appelé, d' autant plus que, pour les jugements de doctrine, ce concile était indépendant de toute autorité royale ou impériale.

Ces notions si simples suffisent pour faire évanouir tous les nuages que les protestants, héritiers intéressés de Jean Hus, ont accumulés sur ce fait pour faire accroire que le concile de Constance et l'empereur Sigismond ont manqué à la foi publique, le premier en jugeant et condamnant Jean Hus, et le second en lui faisant subir la peine légale, malgré son passe-port. Lorsqu'un homme appelé ou appelant devant un tribunal y arrive avec un passe-port moderne, le tribunal procède suivant les formes juridiques ; si l'homme est trouvé coupable il est condamné et puni, et personne ne s'avise d'accuser le tribunal ou une autre autorité d'avoir violé la foi publique parce que le coupable avait un passe-port. Le concile de Constance n'a fait ni plus ni moins que ce tribunal. Jean Hus lui-même disait dans les placards qu'il affichait le long de sa route : « Je fais savoir à toute la Bohême et à tout l'univers que je vais me présenter au concile où doit présider le Pape, afin que, s'il y a quelqu'un qui me soupçonne d'hérésie, il s'y transporte et fasse voir, en présence du Pape et des docteurs, si jamais j'ai tenu ou enseigné aucune opinion fausse ou erronée. Que si l'on peut me convaincre de quelque erreur ou d'avoir enseigné quelque chose de contraire à la foi chrétienne, je ne refuse pas d'encourir toutes les peines des hérétiques 1. »

Quant à l'époque précise où Jean Hus reçut le sauf-conduit ou passe-port impérial…

_______________________________________________

1 Lenfant, t. 1, p. 38. Op. Hus., t. 1, p. 4.
 
A suivre : Circonstances équivoques concernant l’époque précise où Jean Hus reçut ce passe-port.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 12:25 pm

Circonstances équivoques concernant l’époque précise où Jean Hus reçut ce passe-port.
Quant à l'époque précise où Jean Hus reçut le sauf-conduit ou passe-port impérial, il y a plusieurs circonstances que les auteurs protestants et hussites ne touchent ou n'expliquent pas. En partant de Bohême il laisse à ses affidés une lettre avec ces mots: Je pars sans sauf-conduit ou passe-port; arrivé à Constance il leur écrit : Nous sommes venus sans sauf-conduit ou passe-port. Les auteurs protestants ne disent mot de ces paroles, qui s'entendent naturellement du passeport impérial. Un auteur hussite prétend que ce passe-port, rédigé le 18 octobre à Spire, fut remis vers le 20 à Jean Hus, lors de son passage à Nuremberg. Mais comment alors Jean Hus n'en dit-il rien dans les lettres qu'il écrivit de Nuremberg en Bohême et où il décrit toutes les particularités de son voyage ? Comment alors a-t-il pu écrire de Constance : « Nous sommes venus ici sans passe-port ? »  Il est vrai, les hussites ajoutent à la marge : Sous-entendez du Pape ; mais cela montre seulement combien les paroles non altérées du maître les embarrassaient. Il paraît que le maître s'en trouvait embarrassé lui-même; car, ayant dit dans une de ses lettres : « J'ai laissé une lettre après moi, qui a été lue en Bethléhem, où je dis : Je pars sans passe-port, » il ajoute : Vous direz à cela que, quand je partis, je n'avais point de passeport du Pape 1. Que veulent dire ces singulières rectifications ?

N'est-il pas permis de soupçonner que, Jean Hus ayant été arrêté lorsqu'il n'avait pas encore reçu le passeport impérial, comme l'attestaient des personnes dignes de foi, mais l'ayant reçu quelques jours après, la secte, y compris le chef, entreprit de faire accroire qu'il avait ce passe-port depuis longtemps, et que, quand il avait dit si formellement : « Je pars sans passe-port, nous sommes arrivés sans passeport, » il sous-entendait fort innocemment « le passe-port du Pape ? » Ce qui autorise à soupçonner en tout ceci de la duplicité, c'est que, pendant que Jean Hus vantait à Constance même la pureté de sa doctrine, ses amis cachaient ses livres avec tout le soin possible, et lui-même par ses lettres les en pressait et leur en témoignait sa satisfaction 2. Que veut dire ce manège, si ce n'est que, dans les livres qu'on dérobait au jour, il y avait des choses encore plus impies que dans ceux qui étaient publics, et que les protestations de Jean Hus n'étaient qu'une odieuse hypocrisie? On voit, en effet, par l'édition de ses Œuvres, que le concile n'en connaissait pas ce qu'il y a de plus mauvais.

Le long de son voyage de Bohême à Constance…

___________________________________________

1 Epist.  49.— 2 Epist. 37. Lenfant, t. 1, p. 337 et 423.
 
A suivre : Confiance de Jean Hus le long du chemin. Son arrivée à Constance ; il y est mis en arrestation, puis s’échappe de la ville, mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 6:02 am

Confiance de Jean Hus le long du chemin.
Son arrivée à Constance; il y est mis en arrestation, puis s’échappe de la ville,
mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.

Le long de son voyage de Bohême à Constance Jean Hus se montrait plus confiant. Voici le placard qu'il fit afficher à Nuremberg : « Maître Jean Hus va à Constance pour y déclarer la foi qu'il a toujours tenue, qu'il tient encore, et que, par la grâce de Dieu, il tiendra jusqu'à la mort. Comme donc il a notifié publiquement, par tout le royaume de Bohême, qu'il voulait avant son départ rendre raison de sa croyance dans un synode général de l'archevêque de Prague et répondre à toutes les objections qu'on pourrait lui faire, il notifie de même dans cette ville impériale de Nuremberg que, si quelqu'un a quelque erreur ou quelque hérésie à lui reprocher, il n'a qu'à se trouver au concile de Constance, parce que c'est là qu'il est prêt à rendre raison de sa foi 3. »

De Nuremberg il écrivit à ses amis une lettre , du 20 octobre, pour leur rendre compte de son voyage ; il leur mande qu'il a toujours marché la tête levée dans toute sa route, sans se déguiser nulle part, et qu'il a été fort bien reçu de tout le monde ; qu'à Pernau le curé et les autres ecclésiastiques, qui l'attendaient depuis plusieurs jours, lui firent un fort bon accueil; qu'à son arrivée le curé lui présenta, suivant la coutume du pays, un grand verre de vin, et le but à sa santé ; que le curé et ses vicaires écoutèrent très-favorablement sa doctrine, et que le curé lui protesta qu'il était toujours de ses amis. De Pernau il ne fit que traverser Weiden, suivi d'un grand concours de peuple. Il eut à Sulzbach des conférences fort amiables, tant avec les ecclésiastiques qu'avec les magistrats de ces lieux; enfin sa lettre le montre très-content du bon accueil qu'on faisait partout à sa doctrine et à sa personne. Il ne paraît pas moins satisfait d'une conférence qu'il eut à Lauff, ville à quatre lieues de Nuremberg, avec le curé, les ecclésiastiques et un jurisconsulte du lieu. Comme des marchands avaient donné avis qu'il était sur le point d'arriver à Nuremberg, le peuple sortit en foule dans les rues et places publiques pour le voir.

Quand il fut arrivé le curé de Saint-Laurent lui écrivit qu'il y avait longtemps qu'il souhaitait l'entretenir. Jean Hus ayant accepté la conférence, le curé vint chez lui ; mais il ne dit pas ce qui se passa dans cet entretien, qui, apparemment, fut interrompu par l'arrivée de quelques docteurs et de quelques citoyens qui voulaient l'entendre. Comme les docteurs prétendaient que la conférence se fît en particulier, Jean Hus déclara qu'il prêchait publiquement et qu'il ne demandait pas mieux que d'être entendu de tout le monde. Entre ces docteurs il y avait un Chartreux qu'il traite de chicaneur. Il remarque encore que le curé de Saint-Sébald n'était pas content de voir les citoyens approuver ses sentiments, mais que, à cela près, tous les docteurs et les bourgeois paraissaient satisfaits de lui.

« On ne met à exécution, dit-il, nulle part l'interdit contre moi, et on approuve l'écrit que j'ai publié en allemand pour notifier mon arrivée au concile. Ainsi je n'ai pas de plus grands ennemis qu'en Bohême. » On trouve à la marge de cette lettre que les docteurs lui déclarèrent unanimement qu'il y avait déjà plusieurs années qu'ils étaient dans les mêmes sentiments, et que, s'il n'y avait point d'autres accusations contre lui, il se tirerait du concile avec honneur 1.

Arrivé à Constance le 3 novembre 1414, il écrivit les mots déjà rapportés : …

___________________________________________________

3 Lenfant,  t.. l, p. 39. — 1  Lenfant, t. 1, p. 40 et seqq. Op. Hus. ,  t. 1, fol. 57, 6.

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 11:43 am

Confiance de Jean Hus le long du chemin.
Son arrivée à Constance; il y est mis en arrestation, puis s’échappe de la ville,
mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.

(suite)


Arrivé à Constance le 3 novembre 1414, il écrivit les mots déjà rapportés : « Et nous y sommes venus sans sauf-conduit. » Puis on cite une note où il est dit que, le lendemain, deux seigneurs de Bohême qui l'accompagnaient allèrent trouver le Pape pour lui annoncer l'arrivée de Jean Hus et lui montrer le sauf-conduit de l'empereur Sigismond  2. Mais nous avons vu que, de leur aveu, le sauf-conduit ne fut montré que trois jours après son arrestation, qui eut lieu le 28 du même mois 3. Jean Hus était arrivé à Constance sous le poids de l'interdit et de l'excommunication; ses deux adversaires, Michel de Causis et Etienne Paletz, le signalèrent dans des affiches comme hérétique et excommunié.

De son côté il parlait assez librement, soutenant sa doctrine, soit dans ses conversations, soit dans les écrits qu'il composait. Il disait même la messe tous les jours dans une chambre, en présence de tout le voisinage, qui accourait avec empressement. Un de ses sectateurs prétend que le Pape Jean XXIII voulut bien, non pas lever, comme on le lui fait dire, mais suspendre les censures. Jean Hus lui-même, interrogé depuis par le concile, en audience publique, s'il avait été absous par le Pape, répondit que non 4.

D'un autre côté Ulric Reichenthal, chanoine de Constance, témoin oculaire, qui écrivit en allemand l'histoire du concile, rapporte que l'évêque de Constance lui envoya son vicaire et son official pour lui représenter que, ayant été excommunié par le Pape et un concile, il ne devait pas entreprendre de dire la messe, mais que Jean Hus déclara qu'il se souciait peu de l'excommunication et qu'il dirait la messe tout autant qu'il pourrait 5.

Par suite de ces faits Jean Hus fut mis en arrestation le 28 novembre; mais ce ne fut que trois jours après, savoir le 1er décembre, que l'un de ses défenseurs montra le sauf-conduit ou passe-port de l'empereur Sigismond.

Pendant qu'on instruisait l'affaire de Jean Hus…

__________________________________________________________

2 Von der Hardt, t. 4, p. 11. — 3 id., p. 212.  —  4 Lenfant, t. l, p. 314.— 5 Reichenthal, p.  203.

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 6:21 am

 
Confiance de Jean Hus le long du chemin.
Son arrivée à Constance ; il y est mis en arrestation,
puis s’échappe de la ville, mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.


(suite)
Pendant qu'on instruisait l'affaire de Jean Hus eut lieu une autre aventure, rapportée par deux témoins oculaires, le même chanoine de Constance et de plus Éverard Dacher, de la même ville, chargé par l'électeur de Saxe de la police secrète pendant le concile. Tous deux écrivirent en allemand l'histoire de l'assemblée. Voici ce qu'ils rapportent :

« Jean Hus, voyant qu'on l'observait de près, prit la résolution de s'enfuir le 23 mars 1415. A cet effet il prit un pain et une bouteille de vin, et alla se cacher le matin dans un chariot de Henri de Latzenboch, qu'on avait préparé pour aller après midi chercher du foin dans quelque village. A l'heure du dîner, Latzenboch, à qui Jean Hus avait été confié, ne le voyant point, demanda inutilement où il était ; personne ne put lui en donner de nouvelles. Alarmé de cette absence il courut en avertir le magistrat, qui fit aussitôt fermer les portes de la ville et commanda des archers pour aller poursuivre le fugitif. Comme on se préparait à cette poursuite, Jean Hus, ayant été trouvé caché dans le chariot, fut conduit à cheval, avec son chapelain et plusieurs Bohémiens, par Latzenboch lui-même, au palais du Pape. Devinant qu'on voulait le mettre en prison, Jean Hus descendit de cheval, dans l'espérance de se sauver à la faveur de la foule prodigieuse qu'avait attirée ce spectacle; maïs, les gardes du Pape ayant aperçu son dessein, on l'enferma sous bonne garde dans le palais pontifical 1. »

Le récit de ces deux auteurs dignes de foi, suivi et confirmé par plusieurs autres, fait voir que la première arrestation de Jean Hus consistait à être mis sous la surveillance et la responsabilité de Henri de Latzenboch, l'un des seigneurs qui l'avaient accompagné de Bohême.

Quant à Jérôme de Prague, il vint à Constance le 24 avril 1415…

__________________________________________________________
1 Id., p. 203 et 204, édit, de Francfort, ann. 1576. Lenfant, t. 1, p. 88, à comparer avec Schrœckh, t. 34t p. 627.
 
A suivre : Jérôme de Prague, arrivé clandestinement à Constance, s’enfuit, et demande à se justifier devant le concile, sauf à subir la peine des hérétiques si on peut le convaincre. Jean Hus parle de même.

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 11:59 am


Jérôme de Prague, arrivé clandestinement à Constance, s’enfuit,
et demande à se justifier devant le concile,
sauf à subir la peine des hérétiques si on peut le convaincre.
Jean Hus parle de même.
Quant à Jérôme de Prague, il vint à Constance le 24 avril 1415 , avec un de ses disciples; ils y entrèrent clandestinement et sans que personne le sût, à cause de la multitude de peuple qu'il y avait dans la ville. L'historien Reichenthal, chargé de rendre compte des étrangers qui arrivaient continuellement, prit des informations sur Jérôme, mais personne ne put lui en donner des nouvelles; il s'était enfui le jour même à Uberling. De là il écrivit à l'empereur et aux seigneurs de Bohême, qui étaient au concile, pour demander un sauf-conduit ou passe-port. L'empereur le refusa tout net. Le concile ayant été prié de lui en donner un, il offrit bien de le faire venir à Constance, mais non pour s'en retourner en Bohême. Jérôme n'eut pas plus tôt reçu cette réponse qu'il envoya placarder à toutes les églises et à tous les monastères de Constance, ainsi qu'aux portes des cardinaux, un écrit en latin, en allemand et en bohémien, adressé à l'empereur et au concile, et conçu en ces termes :

« Au très-illustre et très-invincible prince et seigneur, par la grâce de Dieu empereur élu des Romains et roi de Hongrie, et au sacré synode œcuménique. Moi,  Jérôme de Prague, maître ès arts dans les célèbres académies de Paris, de Cologne, de Heidelberg et de Prague, je notifie à tous, par cet écrit public, que je suis venu à Constance de mon bon gré et sans y être forcé, pour répondre à mes adversaires et à mes calomniateurs, qui diffament le très-illustre et très-célèbre royaume de Bohême, et pour défendre notre doctrine, qui est pure et orthodoxe, aussi bien que pour mettre au jour mon innocence, non en secret, mais en présence de tout le concile. Si donc il y a des gens, de quelque ordre et de quelque nation qu'ils soient, qui aient envie de me calomnier et de m'accuser de quelque crime ou de quelque hérésie que ce soit, je suis prêt à justifier mon innocence et la pureté de ma doctrine, m'offrant à subir la peine qu'on m'aura infligée si l'on peut me convaincre d'hérésie. C'est pour exécuter un dessein si honnête et si nécessaire que je supplie, au nom de Dieu, Votre Majesté impériale de m'accorder un sauf-conduit pour venir à Constance et pour m'en retirer sûrement. Que si, me présentant volontairement comme je fais, on me met en prison et qu'on use de violence envers moi avant de m'avoir convaincu, le concile manifestera son injustice à tout le monde par un tel procédé, ce que je ne saurais croire d'une assemblée aussi sainte et composée de personnages aussi sages et aussi éclairés 1

Dans ce placard, comme Jean Hus dans les siens, Jérôme de Prague demandait à justifier son innocence devant le concile, sauf à subir la peine des hérétiques si on vient à le convaincre d'hérésie; c'est à cette fin qu'il réclame un passe-port. Or, suivant le témoignage d'un témoin oculaire, l'historien Reichenthal, dès le 17 avril, lorsqu'il fut cité pour la première fois, le concile lui avait expédié un sauf-conduit ou passe-port qui lui promettait toute sûreté, sauf la justice et sans préjudice aux intérêts de la foi, c'est-à-dire sauf à subir les peines des hérétiques si l'on venait à le convaincre d'hérésie.

Suivant le témoignage du même historien...

_________________________________________

1 Op. Hus. part. 2, fol. 349 et 354.

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Message  Louis Jeu 19 Sep 2013, 6:15 am


Jérôme de Prague, arrivé clandestinement à Constance, s’enfuit,
et demande à se justifier devant le concile,
sauf à subir la peine des hérétiques si on peut le convaincre.
Jean Hus parle de même.

(suite)
Suivant le témoignage du même historien, Jérôme de Prague reçut ce passe-port ; mais, ne le trouvant point à sa guise, il feignit de l'ignorer, afin de continuer son voyage ou sa fuite vers la Bohême. Il déclamait contre le concile le long du chemin. Arrivé dans une petite ville de la forêt Noire, il fut invité par le curé, qui, ce jour-là, régalait ses confrères.

Là il se déchaîna contre le concile jusqu'à l'appeler une école du diable et une synagogue d'iniquité, se vantant d'ailleurs d'avoir confondu les docteurs, et produisant, pour le prouver, un écrit signé par soixante-dix personnes. Les ecclésiastiques, scandalisés de ses discours, le dénoncèrent au commandant de la ville, qui leur recommanda de garder le secret et d'attendre au lendemain. Le lendemain, en effet, le commandant arrête Jérôme et lui déclare qu'il faut retourner à Constance pour y rendre raison des discours injurieux qu'il avait tenus contre le concile. Jérôme soutient qu'il n'a rien avancé que de véritable et que d'ailleurs on n'est pas en droit de l'arrêter, parce qu'il a un sauf-conduit. « Sauf-conduit ou non, répliqua l'officier, il faut retourner à Constance. » Et il l'y fit ramener.

Tel est le récit de l'historien qui avait alors la police des étrangers à Constance, et qui, par conséquent, pouvait mieux que personne connaître ces détails 1 .

Jean Hus, arrêté dans sa fuite, comme Jérôme de Prague, fut d'abord gardé dans le palais pontifical, ensuite dans deux monastères, et enfin dans la forteresse de Gottleben, près de Constance. Une commission fut nommée par le Pape ou le concile pour entendre les accusations contre Jean Hus, recevoir le serment et les dépositions des témoins, et communiquer à l'accusé le résultat de la procédure 2 . Une autre commission plus nombreuse fut chargée d'examiner en elle-même la doctrine de Jean Hus 3 . Outre plusieurs audiences particulières avec les commissions, Jean Hus eut trois ou quatre audiences publiques du concile même. Dès Prague le novateur avait fait afficher cette protestation : « Je fais savoir à toute la Bohême et à tout l'univers que je vais me présenter au concile auquel le Pape doit présider, afin que, s'il y a quelqu'un qui me soupçonne d'hérésie, il s'y transporte et fasse voir, en présence du Pape et des docteurs, si jamais j'ai tenu et enseigné aucune opinion fausse ou erronée, Que si l'on peut me convaincre de quelque erreur ou d'avoir enseigné quelque chose de contraire à la foi chrétienne, je ne refuse pas d'encourir toutes les peines des hérétiques 4  »

Il sera bon de fixer ici le sens du mot convaincre. Il en a deux…

______________________________________________________________________

1 Reichenthal, p. 204. — 2 Lenf., t. 1, p. 63. —  3 Id., ibid., p. 67. —  4 Id.,ibid., p. 38.
 
A suivre : Double sens du mot convaincre. Abus qu’en font Jean Hus et Jérôme de Prague. Langage de Jean Hus, plein d’équivoques.

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Message  Louis Jeu 19 Sep 2013, 12:09 pm

Double sens du mot convaincre.
Abus qu’en font Jean Hus et Jérôme de Prague.
Langage de Jean Hus, plein d’équivoques.
Il sera bon de fixer ici le sens du mot convaincre. Il en a deux, un sens vulgaire et un sens judiciaire. Dans le premier convaincre signifie réduire quelqu'un par le raisonnement, ou par des preuves sensibles et évidentes, à demeurer d'accord d'une vérité, d'un fait ; dans le second sens convaincre signifie donner des preuves suffisantes qu'une personne est coupable d'un crime, d'une faute. Dans le premier cas la conviction dépend non-seulement de la solidité des preuves, mais encore des dispositions de la personne à convaincre ; les preuves fussent-elles excellentes, si la personne n'a point assez d'intelligence ou de droiture, elle ne sera point convaincue. Dans le second cas, ce n'est pas l'individu à convaincre qui est juge ou appréciateur des preuves de conviction, mais le tribunal. Dans une cour d'assises ce n'est pas l'accusé qui apprécie les preuves du fait, mais le jury ; ce n'est pas l'accusé, ce sont les juges qui qualifient le fait par rapport à la loi et qui appliquent la peine. Or ces deux significations si différentes du mot convaincre, et qui entraînent des conséquences si diverses, Jean Hus, Jérôme de Prague, leurs historiens hussites et protestants aiment toujours à les confondre, afin de conclure artificieusement : Le concile de Constance, malgré ses charitables efforts, n'a pu convaincre amiablement, n'a pu faire convenir Jean Hus et Jérôme de Prague d'aucune erreur, ni leur en faire rétracter aucune ; donc le concile n'a pu les en convaincre juridiquement ni leur appliquer la peine légale.

Au reste le langage de Jean Hus est tout plein de ces équivoques. Le 31 mai 1415 les nations s'assemblèrent pour traiter son affaire. Le 1er juin on lui envoya une députation qui lui présenta trente articles tirés de ses livres ou de ses prédications, lui demandant s'il voulait les désavouer ou les défendre; il répondit purement et simplement aux députés qu'il se soumettrait à la décision du concile; mais il écrivait à ses affidés que, quant à ce qu'on exigeait de lui qu'il se rétractât, il voulait se soumettre à l'instruction, à la direction et à la justice du concile, quand on lui ferait voir qu'il a écrit, enseigné et répondu quelque chose de contraire à la vérité 1; en sorte que Jean Hus ne considérait le concile œcuménique que comme un tournoi d'arguments et de syllogismes, où lui seul serait juge en dernier ressort.

Le 5 juin il fut introduit pour la première fois à l'audience publique du concile…

______________________________________________________________

1 Epist. 15. Lenfant, t. 1, p. 307.
 
A suivre : Jean Hus est entendu plusieurs fois en audience publique par le concile.

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Message  Louis Ven 20 Sep 2013, 6:46 am


Jean Hus est entendu plusieurs fois en audience publique par le concile.
Le 5 juin il fut introduit pour la première fois à l'audience publique du concile. On lui présenta ses livres, il les reconnut. On commença la lecture et l'examen des articles sur lesquels il était accusé. Cette lecture et cet examen continuèrent dans la session suivante, deux jours après. On y entendit des témoins ; Jean Hus leur donna un démenti. Le cardinal de Florence lui dit alors : « Vous savez que toute affaire se décide sur la déposition de deux ou trois témoins. Or en voilà contre vous près de vingt, tous hommes graves et dignes de foi. Les uns ont entendu les choses de votre propre bouche, les autres les savent de bonne part, et tous ensemble ils appuient leurs témoignages de raisons si solides que nous ne saurions nous dispenser d'y ajouter foi. »

Jean Hus prit Dieu et sa propre conscience à témoin qu'il n'avait jamais enseigné ce qu'on avait la hardiesse de lui imputer si faussement, et que, quand même il y aurait encore des témoignages en plus grand nombre, ils ne pouvaient prévaloir contre celui de sa conscience.

« Nous ne sommes pas en droit, dit là-dessus le cardinal, de vous juger selon votre conscience, mais sur la parole de tant de témoins irréprochables, et dans lesquels il ne paraît aucune marque de haine ou de passion, comme vous les en accusez. Vous dites, par exemple, qu’Étienne Paletz vous est suspect et qu'il a fait des extraits infidèles de vos ouvrages. Mais en cela vous lui faites, à mon avis, grand tort, puisqu'il a fait ces extraits avec beaucoup de fidélité, et qu'il a même conçu les articles en termes plus doux qu'ils ne sont dans vos écrits. Vous avez aussi peu de raison de soupçonner d'autres excellents personnages, comme le chancelier de l'université de Paris, dont le mérite est si distingué dans toute la chrétienté 1. »

Dans la troisième audience publique, qui eut lieu le lendemain, on lut à Jean Hus trente-neuf articles tirés de ses écrits et de ses discours ; sur chacun on lui demanda s'il le reconnaissait pour sien; il reconnut et soutint le plus grand nombre. Les principaux reviennent à cette erreur fondamentale : Les prédestinés seuls sont membres de l'Église catholique ; ceux que Dieu prévoit devoir être réprouvés ne sont jamais membres de l'Église. » D'où cette conséquence : Comme il est impossible à l'homme de discerner en cette vie les prédestinés des réprouvés,  l'Église est une société invisible dont il est impossible à l'homme de connaître ni les membres, ni les pasteurs, ni le chef. Conséquence que Jean Hus admet formellement quand il dit, dans l'article 13 : « Sans une révélation personne ne peut assurer raisonnablement, de soi, ni d'un autre, qu'il est le chef d'une sainte église particulière; » et dans l'article 14 ; «Il ne faut pas croire que celui qui est Pontife romain, qui que ce puisse être, soit pour cela chef d'aucune église particulière, si Dieu ne l'a prédestiné. » Jean Hus en donne pour preuve la papesse Jeanne, qu'il appelle Agnès.

Faites attention que, même à propos du Pontife romain, il…

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1 Lenfant, p. 311.

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Message  Louis Ven 20 Sep 2013, 5:52 pm

Jean Hus est entendu plusieurs fois en audience publique par le concile.

(suite)

Faites attention que, même à propos du Pontife romain, il ne parle que d'église particulière; c'est qu'il niait tout chef visible de l'Église universelle. Il dit formellement dans l'article 9 : « Saint Pierre n'a été ni n'est le chef de la sainte Église catholique. » On sent ici les efforts de l'enfer pour prévaloir contre cette pierre sur laquelle le Fils de Dieu a bâti son Église. On les voit encore dans ce qui suit. Jean Hus dit, article 4 : « Un prédestiné qui n'est pas actuellement en état de grâce, par la justice présente, est toujours membre de la sainte Église universelle. » De là on peut conclure : Donc un Pape, un évêque, un prélat, même en état de péché mortel, peut encore être Pape, évêque, prélat ; car il se peut qu'il soit prédestiné. Jean Hus se contredira, pour ruiner mieux toute hiérarchie ; il dira dans son article 27 : « Si un Pape, un évêque ou un prélat est en péché mortel, il n'est ni Pape, ni évêque, ni prélat. » Il ne craindra point, même en présence de l'empereur, d'appliquer ce principe aux souverains temporels et de conclure qu'un roi en péché mortel n'est plus roi. Sur quoi l'empereur et deux princes disaient entre eux que jamais on n'avait vu un hérétique plus pernicieux que Jean Hus.

Enfin il dira dans l'article 33 : « La condamnation que les docteurs ont faite des quarante-cinq articles de Wiclef est déraisonnable et injuste, et la raison qu'ils allèguent de cette condamnation, savoir qu'aucun de ces articles n'est catholique, et qu'ils sont tous hérétiques, erronés ou scandaleux, est entièrement fausse. »

Dans cet article, qu'il reconnaît pour sien, ainsi que tous ceux que nous avons cités, Jean Hus se déclare ouvertement, malgré toutes ses dénégations hypocrites, pour les doctrines impies de Wiclef 1.

Après l'examen des trente-neuf articles, le concile voulant porter Jean Hus à se rétracter…

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1 Von der Hardt, t. 4, p. 314 et seqq.

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Message  Louis Sam 21 Sep 2013, 6:44 am


Jean Hus est entendu plusieurs fois en audience publique par le concile.

(suite)
Après l'examen des trente-neuf articles, le concile voulant porter Jean Hus à se rétracter, le cardinal de Cambrai, Pierre d'Ailly, lui adressa le premier la parole en ces termes :

« Vous voyez de combien de crimes atroces vous êtes accusé ; c'est à vous présentement à bien examiner ce que vous avez à faire. Le concile n'a que deux voies à vous proposer, dont vous ferez bien d'accepter la première : c'est de vous soumettre humblement à sa sentence et à son jugement et de subir sans murmurer tout ce qu'il lui plaira d'ordonner, auquel cas on vous traitera avec toute la douceur et l'humanité possibles, en considération de l'empereur qui est ici présent, et du roi de Bohême, son frère, aussi bien que pour votre salut. Si, au contraire, vous preniez l'autre parti, qui est de défendre quelqu'un de ces articles qui vous ont été objectés, et de demander encore une audience pour cet effet, on ne vous la refusera pas, à la vérité ; mais faites bien réflexion qu'il y a ici un grand nombre de personnes de poids et de savoir qui ont allégué des raisons si fortes contre vos articles que je crains bien qu'en les voulant défendre votre obstination ne vous expose à quelque suite fâcheuse. Ce que je vous dis non comme votre juge, mais par manière d'avertissement. »

Les autres prélats joignirent leurs exhortations et leurs instances à celles du cardinal.

Jean Hus répondit : « Mes très-révérends Pères, j'ai déjà dit plusieurs fois que j'étais venu ici de bon gré, non pour rien soutenir avec opiniâtreté, mais pour recevoir instruction, s'il se trouvait que j'eusse erré en quelque chose. Je vous prie donc que je puisse encore expliquer plus amplement mes sentiments, et si je ne les appuie pas par des raisons certaines et solides, alors je me rendrai volontiers à vos instructions, comme vous le souhaitez. » Sur quoi quelqu'un s'écria : « Voyez l'article ! Il parle bien de l'instruction du concile, mais non de sa censure et de sa décision. — Eh bien ! répondit Jean Hus, instruction, censure ou décision, comme il vous plaira ; car je prends Dieu à témoin que je parle sincèrement. »

On le voit, la sincérité de Jean Hus consistait à confondre à dessein plusieurs choses très-distinctes.

Le cardinal de Cambrai lui dit là-dessus : « Puisque vous vous soumettez au concile…

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Message  Louis Sam 21 Sep 2013, 11:52 am


Jean Hus est entendu plusieurs fois en audience publique par le concile.
Le cardinal de Cambrai lui dit là-dessus : « Puisque vous vous soumettez au concile, vous devez savoir qu'il a été résolu par environ soixante docteurs (dont quelques-uns s'étaient déjà retirés), et ensuite approuvé par le concile tout entier : 1° que vous confesserez d'avoir erré en tenant les articles qui ont été allégués contre vous et que vous en demanderez pardon ; 2° que vous promettrez avec serment de ne plus les enseigner et de ne plus les tenir ; 3° que vous les rétracterez tous en public. »

Jean Hus répliqua : « Je le répète encore, je suis prêt à recevoir instruction du concile ; mais je vous prie et vous conjure, au nom du Dieu qui est notre père commun, de ne pas me forcer à rien faire contre ma conscience et au péril de mon salut éternel, ce que je ferais en abjurant tous les articles qui m'ont été proposés. »

Finalement, après toutes ses protestations de soumission et de docilité, Jean Hus préférait opiniâtrement son sentiment particulier au jugement et à la décision de l'Église, ce qui est le propre d'un hérétique. L'empereur, et plusieurs Pères du concile eurent beau faire de nouvelles instances, promettre un formulaire d'abjuration si équitable et si doux qu'il pourrait s'y accommoder, l'hérésiarque demeura opiniâtre.

L'empereur lui dit enfin : « Vous avez de l'âge, et, après ce que je vous ai redit aujourd'hui, c'est à vous de prendre votre parti. Nous ne saurions nous dispenser d'en croire des témoins si dignes de foi que ceux qui ont été ouïs ; car, si, sur le témoignage de deux ou trois, toute affaire se décide d'une manière définitive, combien plus sur le témoignage de tant de personnes considérables ? C'est pourquoi, si vous êtes sage, vous vous soumettrez d'un cœur contrit à la pénitence que vous imposera le concile, vous renoncerez à vos erreurs, puisqu'elles sont manifestes, et vous jurerez de ne plus les tenir ni enseigner, mais, au contraire, de les combattre toute votre vie ; sinon il y a des lois selon lesquelles le concile vous jugera. »

Lorsque Jean Hus fut sorti de l'audience…

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Message  Louis Dim 22 Sep 2013, 6:14 am


Jean Hus est entendu plusieurs fois en audience publique par le concile.

(suite)
Lorsque Jean Hus fut sorti de l'audience l'empereur expliqua son sentiment au concile en ces termes :

« Vous avez entendu les accusations intentées contre Jean Hus ; elles sont graves, en grand nombre, et prouvées non-seulement par des témoignages dignes de foi, mais par sa propre confession. Il n'y en a aucune qui, toute seule, ne fût, à mon avis, digne du feu. Si donc il ne rétracte tout, mon sentiment est qu'il soit brûlé. Quand même il obéirait au concile, je suis d'avis qu'on lui défende de prêcher et d'enseigner, et qu'on lui interdise même l'entrée du royaume de Bohême ; car, si on lui permettait de prêcher, surtout en Bohême, où il a un puissant parti, il ne manquerait pas de retourner à son naturel, et même de semer de nouvelles erreurs pires que les précédentes. De plus, j'estime qu'on doit envoyer la condamnation en Bohême au roi mon frère, en Pologne et dans les autres pays imbus de cette doctrine, avec ordre de faire punir par l'autorité ecclésiastique et par le bras séculier tous ceux qui continueront à la croire et à l'enseigner. On ne peut remédier à ce mal qu'en coupant ainsi en même temps et la racine et les branches. Il faut, outre cela, que les évêques et les autres prélats qui ont travaillé ici à l'extirpation de cette hérésie soient recommandés par les suffrages du concile à leurs souverains. Enfin, conclut l'empereur, s'il y a dans Constance quelques amis de Jean Hus, ils doivent être réprimés avec la sévérité qu'ils méritent, surtout Jérôme, son disciple. »

Le lendemain, 9 juin, on présenta à Jean Hus le formulaire de rétractation…
 
A suivre : Jean Hus promet de se rétracter, puis refuse.

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Message  Louis Dim 22 Sep 2013, 12:44 pm


Jean Hus promet de se rétracter, puis refuse.
Le lendemain, 9 juin, on présenta à Jean Hus le formulaire de rétractation dont on lui avait parlé le jour précédent ; il était conçu en ces termes :

« Moi, Jean Hus, etc., outre les protestations que j'ai déjà faites et auxquelles je me tiens, je proteste de nouveau que, quoiqu'on m'impute beaucoup de choses auxquelles je n'ai jamais pensé, je me soumets humblement à la miséricordieuse ordonnance, décision et correction du sacré concile, touchant toutes les choses qu'on m'a imposées ou objectées, et qu'on a tirées de mes livres, ou enfin prouvées par déposition de témoins, pour les abjurer, révoquer, rétracter, et pour subir la pénitence miséricordieuse du concile, et faire généralement tout ce que sa honte jugera nécessaire pour mon salut, me recommandant à sa miséricorde avec une entière soumission 1. »

L'historien Reichenthal, qui était sur les lieux, rapporte que Jean Hus et Jérôme de Prague se rétractèrent, ou du moins promirent de le faire, et que cette espérance avait donné tant de joie à tout le monde qu'aussitôt on avait sonné toutes les cloches de la ville pour rendre grâces à Dieu de leur conversion 2. Ce qui confirme ce récit, c'est un acte du concile qui a pour titre : « Si Jean Hus eût révoqué ses erreurs, comme il l'avait promis , on eût porté contre lui cette sentence. »

Elle est conçue en ces termes : « Comme on peut conjecturer par quelques signes extérieurs que Jean Hus se repent de ses fautes passées, et que, suivant de meilleurs conseils, comme il l'assure, il veut rentrer sincèrement dans la foi de l'Église, le concile l'admet avec joie à abjurer toute sorte d'erreurs et d'hérésies, et particulièrement celle de Wiclef, et lève l'excommunication qu'il a encourue, pourvu qu'il demande humblement son absolution. Mais, parce qu'il est arrivé un grand nombre de scandales et de séditions parmi le peuple à l'occasion de sa mauvaise doctrine, et qu'il a lui-même commis plusieurs péchés contre Dieu et contre l'Église, exposé la foi catholique à un danger évident et les clefs de l'Église à un mépris public, le concile ordonne que le dit Hus, comme un homme pernicieux, scandaleux et séditieux, sera déposé et dégradé de la prêtrise et des autres ordres. Nous commettons l'archevêque de Milan, et les évêques de Feltre, d'Asti et d'Alexandrie, pour exécuter cette dégradation en présence du concile, et pour faire enfermer ensuite Jean Hus à perpétuité entre quatre murailles, comme étant un homme très-dangereux par rapport à la foi chrétienne. »

Le manuscrit porte que, selon les canonistes, la dégradation devait se faire seulement de bouche, parce que Jean Hus, en cas de rétractation, n'aurait pas été livré au bras séculier.

Jean Hus n'accomplit point sa promesse…


___________________________________________________

1 Von der Hardt, t. 4, p. 329. — 2 Reichenthal, p, 205. Cochl., p. 108. — 3 Von der Hardt, p. 432.

Note de Louis: La note 3 n’est pas référencée dans le texte.

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Message  Louis Lun 23 Sep 2013, 5:58 am


Jean Hus promet de se rétracter, puis refuse.

(suite)
Jean Hus n'accomplit point sa promesse ; vainement les députés de l'empereur et du concile lui représentèrent-ils plusieurs fois qu'il ne devait pas préférer son sentiment particulier à celui de tout un concile ; il persévéra dans son opiniâtreté, tout en protestant qu'il était prêt à se rétracter si quelqu’un pouvait le convaincre d'erreur, jouant ainsi jusqu'à la fin sur le double sens du mot convaincre. En même temps il écrivait à ses amis, et contre l'Église romaine et contre le concile de Constance, des lettres si emportées que, au jugement de l'historien protestant, elles seules auraient suffi pour lui faire son procès, même avec justice, suivant les principes du concile 1.

Le 24 juin ses livres furent condamnés au feu...

_____________________________________

1 Lenfant, t. 4, p. 423.
 
A suivre : Ses livres condamnés au feu. Lui-même condamné comme hérétique et livré au bras séculier. Substance de ses principaux écrits.

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