Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE SECOND
DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE.
CHAPITRE II.
POUR CONSERVER LE TRÉSOR DE SON INNOCENCE,
Mlle LE BER NE SE PRODUIT DANS AUCUNE
ASSEMBLÉE DU MONDE.
ELLE FRÉQUENTE LES SŒURS DE LA
CONGRÉGATION.
Quoique les parents de Mlle Le Ber la destinassent à l'état du mariage, et voulussent qu'elle fut vêtue selon sa condition, ils ne la produisirent jamais dans les brillantes réunions du monde, ni même dans ces assemblées privées, composées d'un petit nombre de parents et d'amis : étant persuadés que celles-ci souvent ne sont pas moins dangereuses. Ils aimaient trop sincèrement leur fille, pour l'exposer ainsi à perdre le trésor inestimable de son innocence, plus précieux que tous les biens qu'ils pouvaient lui laisser, et le seul qui pût la rendre véritablement heureuse. Leur conduite en ce point, pourra passer pour trop sévère, au jugement de bien des parents qui se disent chrétiens; mais combien qui se font d'étranges illusions sur cette matière importante !
A peine leurs filles sont-elles sorties des pensionnats, qu'ils leur procurent de ces sortes de réunions privées. Ils se proposent, disent-ils, de les former aux manières du monde, et de leur apprendre à le connaître ; et ils ne considèrent pas, que par les dangers auxquels ils les exposent, souvent ils leur font faire une triste expérience du mal, que peut-être elles avaient ignoré jusqu'alors. Comme si à cet âge critique, une jeune personne, n'avait pas assez d'ennemis intérieurs à combattre, qui font une guerre incessante à son imagination et à son cœur : ils lui en suscitent au dehors, par ces réunions, une multitude d'autres bien plus dangereux et plus perfides. Le choix et la qualité des personnes invitées à y prendre part; la confiance et l'ouverture qu'on s'y témoigne, entre personnes connues et amies ; la nature des conversations qu'on y tient; le genre des amusements qu'on s'y permet : tout concourt à faire les plus funestes impressions sur une jeune personne, qui voit que tous les regards sont fixés sur elle, et qu'elle est devenue l'objet de toutes les attentions.
Exposer son cœur à tous ces dangers, rendus plus séduisants encore par la présence d'un père ou d'une mère, qui les approuvent comme des amusements très-légitimes : n'est-ce pas, au fond, conspirer contre l'innocence, ou du moins tenter DIEU ouvertement ? Si ces parents sont encore chrétiens, comment peuvent-ils espérer, qu'au milieu de ces appas si dangereux pour le premier âge, le cœur d'une jeune personne, déjà si faible et si porté à s'attacher, demeurera fidèle à DIEU : tandis que dans les mêmes occasions, la vertu d'un Ange suffirait à peine ?
Monsieur et Madame Le Ber…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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(suite)
Monsieur et Madame Le Ber, mieux instruits du grave devoir qu'ils avaient à remplir, et plus véritablement affectionnés à leur fille, lui facilitaient, au contraire, tous les moyens de conserver intacte l'innocence de son cœur. Quoiqu'elle fût très affable envers tous, elle n'eut jamais dans le monde, aucune amie particulière, qui fut l'objet spécial de ses affections. Les Religieuses de Saint Joseph, et les Sœurs de l'Institut naissant de la Congrégation, étaient les seules personnes qu'elle visitait à Ville-Marie : non pas toutefois qu'elle eût quelque désir d'entrer dans l'une ou l'autre de ces communautés : elle n'éprouva jamais d'attrait pour la vie religieuse ; mais pour s'entretenir de DIEU avec elles, et s'animer par leur sainte conversation, à la pratique de la vertu.
Parmi les religieuses de Saint Joseph, elle visitait particulièrement la mère Macé, vénérée de toutes ses compagnes comme une relique vivante. Elle avait commencé à la fréquenter dès l'âge de cinq ou six ans, lorsqu'elle allait à l'Hôtel-Dieu, pour y visiter Mlle Mance, sa marraine. Après son retour du pensionnat, elle lia de nouveau des rapports avec elle, et continua de la visiter, jusqu'au temps où elle se mit sa réclusion, comme nous le dirons bientôt.
Mais la personne qu'elle fréquentait le plus assidûment, était la Sœur Marguerite Bourgeoys, suscitée par la divine providence pour travailler à la sanctification des jeunes personnes du pays, et qui jetait alors les fondements de son Institut, connu depuis sous le nom de Congrégation de Notre-Dame. Les impressions de grâce que la vue et les entretiens de cette sainte Fondatrice, faisaient toujours éprouver à Mlle Le Ber; l'air de sainteté qu'elle respirait dans la maison de la Congrégation ; la piété singulière qu'on y témoignait pour Marie, honorée comme la Supérieure, la Reine et la Mère de cet Institut ; le nom seul de Congrégation de Notre-Dame: tous ces motifs avaient inspiré à Mlle Le Ber une prédilection bien méritée, une vénération profonde, et une affection inaltérable pour cette Sainte Maison, qu'elle aimait à fréquenter, et dont elle devint même l'une des plus signalées bienfaitrices.
Une personne aussi dévouée à Marie, et aussi désireuse de la faire connaître et aimer, que l'était Mlle Le Ber…
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Louis- Admin
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(suite)
Une personne aussi dévouée à Marie, et aussi désireuse de la faire connaître et aimer, que l'était Mlle Le Ber, ne pouvait en effet connaître la Fondatrice de la Congrégation, sans concevoir pour elle l'affection la plus sainte et la plus étroite. Car la Sœur Bourgeoys n'avait quitté sa patrie et ses parents, et ne s'était condamnée aux plus dures privations, que pour porter dans les esprits et dans les cœurs des jeunes personnes de cette colonie naissante, la connaissance et l'amour de Marie. C'était ce qu'elle n'avait cessé de faire depuis son arrivée dans le pays. Il est même à remarquer qu'en l'année 1678, un an environ depuis que Mlle Le Ber était sortie du pensionnat, la Sœur Bourgeoys, venait de faire construire la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours, dans l'intention d'augmenter par ce moyen la dévotion envers Marie, comme elle-même nous l'apprend dans un acte public, qu'elle déposa au greffe de cette ville, le 24 juin de la même année.
" Et d'autant que les filles de la Congrégation," dit-elle dans cet acte mémorable, " désireraient que la dévotion qu'elles ont toujours eue, pour la Très-Sainte Vierge leur mère, la fondatrice et la protectrice de leur maison, s'augmentât de jour en jour, se rendît encore plus publique au Mont Réal, qu'elle ne l'a été jusqu'à présent, et se perpétuât à la postérité ! elles ont demandé et obtenu, que la chapelle construite par elles, fût une annexe de leur paroisse, pour y servir de dévotion publique, et pour y faire honorer la très-Sainte Vierge, sous le titre de Notre-Dame de Bon-Secours."
Cette déclaration prophétique, que fait ici la sœur Bourgeoys, dont l'accomplissement littéral se vérifie chaque jour à nos yeux, par le concours spontané d'une multitude innombrable de pèlerins qui en ignorent entièrement l'existence: cette déclaration, visiblement inspirée de DIEU, suffirait seule pour démontrer la mission divine de la Sœur Bourgeoys dans cette colonie; et montre aussi de quel esprit de discernement et de sagesse divine Mlle Le Ber était animée, en donnant sa confiance et toutes ses affections à cette fille incomparable.
Dans son voyage de 1672, la Sœur Bourgeoys…
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Louis- Admin
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Dans son voyage de 1672, la Sœur Bourgeoys avait amené de France douze ou treize coopératrices, à qui elle communiquait son esprit de zèle et de ferveur; et en outre, elle avait auprès d'elle, un certain nombre de jeunes personnes, nées à Ville-Marie, formées par ses soins, dès leur enfance, qui toutes, se préparaient aux emplois de la Congrégation. Plusieurs de ces dernières appartenaient à la famille de Mlle Le Ber, entre autres les Sœurs Françoise et Marguerite Lemoyne, ses cousines.
Le parfait dégagement du monde, que Mlle Le Ber admirait dans ces vierges chrétiennes, leur humilité sincère, leur simplicité évangélique, leur amour pour la pauvreté, la générosité de leur zèle pour la sanctification de l'enfance ; enfin, toutes les vertus dont elles offraient l'exemple à la Colonie, étaient pour Mlle Le Ber une sorte de parfum céleste, qui l'attirait fréquemment à la Congrégation ; et comme de son côté elle était, pour ces saintes filles, un sujet d'édification singulière, on recevait toujours ses visites avec beaucoup de satisfaction.
Toutes ces jeunes personnes lui offrirent autant de modèles de ferveur : l'une d'elles, cependant, par une disposition particulière de la divine Providence, la touchait plus encore que les autres. C'était une âme d'élite, qui par les attraits de grâce qu'elle éprouvait, et par sa fidélité à y correspondre, semblait marcher à grands pas dans la voie du dégagement parfait, où Mlle Le Ber était attirée elle-même ; et comme, par les entretiens qu'elles avaient ensemble, Mlle Le Ber se sentait toujours plus saintement élevée à DIEU, et plus étroitement unie à lui : elle se lia avec elle d'une amitié très étroite. Cette amitié, dont la vertu fut seule le motif et la fin, était un moyen ménagé par la divine providence à Mlle Le Ber, pour l'exciter à une perfection plus grande encore, que celle qu'elle avait pratiquée jusqu'alors, et à un détachement plus entier du monde et de toutes les choses de la terre. Elle ne quittait jamais sa sainte amie, qu'elle ne se sentit, en effet, attirée à ce détachement universel. C'était l'impression ordinaire qu'elle retirait de ses entretiens avec elle; et, pour la faire entrer plus réellement dans ce dépouillement total, condition nécessaire de la vie parfaite, DIEU voulut la détacher même de la présence et des entretiens d'une si sainte amie, qu'il retira de ce monde peu après.
A suivre : Chapitre III. LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION DÉTERMINE MlleLE BER A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE. ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS.
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Louis- Admin
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DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,
CHAPITRE III.
LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE Mlle LE BER A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS.
La sainte amie, dont on vient de parler, parvenue déjà, malgré son jeune âge, au comble de la vie parfaite, était un fruit mûr pour le ciel ; et il semblait que Mlle Le Ber ne l'eût connue, que pour en faire à DIEU un sacrifice d'agréable odeur, qui devait faire descendre sur elle les bénédictions les plus privilégiées et les plus abondantes. Au lieu que les amitiés humaines, qui n'ont pour principe que la nature, séparent les cœurs d'avec DIEU, en les unissant les uns aux autres : les amitiés saintes, au contraire, les unissent toujours plus étroitement à lui, qui seul en est la source et la fin. Bien loin d'être éteintes par la mort, elles en deviennent plus étroites et plus pures; et excitent en nous le désir de nous réunir à nos amis, dans le sein de DIEU, en nous rendant les imitateurs de leurs saints exemples : tandis que les amitiés humaines, dans les personnes qui ne voient et n'espèrent rien au-delà de la tombe, ne peuvent laisser à la mort, qu'amertume, affliction et désespoir.
Une jeune fille de la ville de Corinthe, étant venue à mourir, sa nourrice qui l'aimait tendrement, alla, dans sa désolation, déposer sur la fosse de la défunte un panier d'osier, renfermant quelques petits objets, que celle-ci avaient aimés durant sa vie; et le couvrit d'une tuile, pour empêcher que la pluie ne les endommageât. (*) Ce vain et stérile hommage, fut tout le bien qu'une payenne put faire à celle qu'elle pleurait ; ce fut tout ce qu'elle put pour lui témoigner son affection, et pour se consoler elle-même du cruel et lugubre spectacle de cette mort, qui remplissait sa vie de tristesse et d'amertume. C'était toute la consolation des payens, à la mort de leurs amis ou de leurs proches : DIEU n'ayant pas encore renoué par l'Incarnation, les liens qui nous attachent à lui : ils n’envisageaient la mort qu'avec terreur , comme l'a remarqué St. Paul, et s'affligeaient sans aucune espérance .
Mais, qu'elles furent différentes, les impressions que fit sur le cœur de Mlle Le Ber, la mort précieuse de sa sainte amie!..._______________________________________(*) A l'endroit sur lequel le panier fut posé, (ajoute Vitruve, qui rapporte ce trait), se trouvait, comme par hasard, une racine d'acanthe. La plante vint à pousser au printemps ; et sortant par les ouvertures que le pied du panier laissait tout autour, les feuilles et les branches de l'acanthe s'élevèrent de toute part, et se recourbèrent sous les coins de la tuile, de manière à former une sorte d'enroulement très gracieux. Le sculpteur Callimaque, surnommé L'industrieux par les Athéniens, l'ayant aperçue, fut frappé de l'élégance que la disposition fortuite des feuilles, semblait donner à ce panier ; et jugea qu'un ornement de même forme, couronnerait dignement le fût des colonnes, qu'on avait coutume d'employer dans la construction des édifices. En effet, dans les mains de cet habile artiste, cet objet prit ce tour élégant et cette noblesse, qui règnent dans la magnifique composition des chapiteaux Corinthiens ; et telle fut l'origine de ces chapiteaux, qui prirent leur nom de celui de la ville de Corinthe, où l'on commença d'en faire usage.
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Louis- Admin
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LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE Mlle LE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS.
(suite)
Mais, qu'elles furent différentes, les impressions que fit sur le cœur de Mlle Le Ber, la mort précieuse de sa sainte amie! ici, rien que de doux, d'aimable, de consolant. Les touchants exemples de patience, d'obéissance, de piété, que cette digne fille de la Sœur Bourgeoys donna dans sa maladie; la joie inexprimable qu'elle fit paraître de quitter le monde, pour aller se perdre dans le sein de DIEU ; les empressements de son âme, sa sainte impatience de voler au devant du divin époux ; enfin, le bonheur céleste dont son cœur était inondé, la douce et profonde joie qu'elle goûta en s'endormant du sommeil des bienheureux : toutes ces circonstances, furent pour Mlle Le Ber, comme un parfum du ciel, qui pénétra et embauma délicieusement son âme. Elles firent même sur elle une impression si vive et si profonde : que dès ce moment, se considérant comme une personne qui n'aurait point encore commencé de servir DIEU , elle résolut d'être désormais à lui de la manière la plus parfaite.
La vue du corps de cette sainte défunte, que la mort semblait avoir embelli ; le calme parfait, l'expression de douceur, d'innocence, de sainteté et de béatitude célestes, qui brillaient sur son visage, fortifièrent encore dans Mlle Le Ber ces impressions ; et excitèrent dans son cœur une sainte émulation, pour marcher sur les traces de son amie. Car dès cet instant, toute son ambition eut pour objet, d'entrer, le plus parfaitement qu'il lui serait possible, dans les sentiments et les dispositions de cette âme bienheureuse ; afin de mériter à son tour la grâce d'une si précieuse mort.
A en juger, par les effets que cet événement produisit sur le cœur de Mlle Le Ber, on eût même dit, que la sainte défunte, voulut se survivre à elle-même dans la personne de son amie; et qu'en quittant son corps, elle lui eut laissé son esprit de consécration totale à DIEU, et de mort universelle au monde. Du moins, ce fut dès le moment de cette sainte mort, que Mlle Le Ber, ainsi qu'elle-même le déclara plusieurs fois depuis, prit la résolution généreuse et étonnante qu'elle exécuta bientôt après. N'éprouvant point d'attrait pour la vie religieuse, elle se proposa de vivre, dans la maison de ses parents, avec autant de recueillement et de séparation du monde, qu'on pouvait le faire dans les communautés les plus saintes et les plus ferventes ; et de retracer dans sa personne tout ce qu'elle avait pu admirer dans la vie des Saintes le plus étroitement unies à DIEU.
Elle était dans ces dispositions, lorsqu'une proposition…
Dernière édition par Louis le Mar 16 Oct 2012, 11:58 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE MlleLE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS..
(suite)
Elle était dans ces dispositions, lorsqu'une proposition de mariage qu'on lui fit, la détermina à mettre sans délai son projet à exécution, en lui inspirant pour le monde plus d'éloignement encore, qu'elle n'en avait eu jusqu'alors. Ses parents, qui avaient toujours eu en vue de l'établir, désiraient beaucoup cette alliance, très honorable selon le monde et tout-à-fait dans leur goût. Ils n'omirent rien pour lui faire surmonter ses répugnances : mais tout ce qu'ils purent lui alléguer, ne fit que fortifier encore ses dégoûts. Plus on lui représentait les agréments et les douceurs innocentes qu'elle pouvait goûter dans le monde, plus elle en concevait d'éloignement et de mépris. En sorte qu'à la fin ses parents, pleins de respect pour la vertu d'une si sainte fille, cessèrent de la presser plus longtemps; ils consentirent qu'elle gardât le célibat dans la maison paternelle, et qu'elle y menât une vie cachée, sans prévoir encore alors, jusqu'où elle devait porter son amour pour la retraite et la solitude.
Jusqu'ici, la vie de Mlle Le Ber n'a rien offert, qui ne puisse servir de modèle, aux jeunes personnes désireuses de se sanctifier dans le monde. Fidèle, dans la maison paternelle, aux exercices de piété, qu'elle avait pratiqués dans le pensionnat ; elle évitait, pour se conformer à la volonté de ses parents, tout ce qui eût pu être taxé de singularité ou de négligence, dans la manière de se vêtir : quoiqu'en elle il n'y eut jamais rien qui ne fut exactement conforme aux règles de la modestie et de la décence. Elle s'abstenait de paraître dans les assemblées du monde, et dans toutes les réunions, où sa vertu eut pu recevoir quelque atteinte ; enfin, elle n'avait, et ne voulait avoir de rapports, qu'avec les personnes, qui par leurs vertus et leurs saints exemples, pouvaient contribuer à son édification. C'est ce que devrait faire toute vierge chrétienne, qui veut être fidèle aux engagements qu'elle a contractés, dans le Saint Baptême, en devenant enfant de DIEU.
Désormais, si le genre de vie que nous verrons embrasser à Mlle Le Ber, ne peut servir de modèle aux jeunes personnes destinées à vivre dans le monde : il sera, du moins, bien propre à les exciter à la ferveur, dans la pratique de leurs devoirs, en leur montrant quelle est la puissance de la grâce sur les âmes vraiment fidèles. Pour mettre à exécution…
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION...Pour mettre à exécution la résolution généreuse qu'elle avait prise, à l'occasion de la mort de sa sainte amie, de vivre entièrement séparée du monde; elle voulut d'abord se lier à DIEU par le vœu perpétuel de chasteté. L'attrait qu'elle avait toujours eu, dès son enfance, pour la solide vertu ; le mépris qu'elle n'avait cessé de témoigner, pour les vanités du monde; le refus de l'alliance qu'on venait de lui proposer ; les impressions de grâce qu'elle éprouvait, depuis la mort de sa sainte amie ; enfin la vie très innocente qu'elle avait constamment menée : tous ces motifs semblaient offrir les garanties désirables, pour qu'on pût prudemment lui permettre de prononcer ce vœu.
DÉTERMINE MlleLE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS..
(suite)
Néanmoins, son directeur, M. Séguenot, prêtre du Séminaire, qui avait dirigé ses premiers pas dans la voie de la vertu, ne jugea pas à propos qu'elle s'engageât, ainsi, pour toujours. Quoiqu'il n'eût aucune raison pour douter de la solidité de ses résolutions, ni de sa constance à les garder inviolablement : il trouva qu'elle était trop jeune encore, pour se lier d'une manière irrévocable ; c'était en l'année 1679, et Mlle Le Ber n'avait guère que dix-sept ans. Il fut donc d'avis qu'elle ne prononçât ce vœu que pour l'espace de cinq ans ; afin qu'après cette épreuve, elle put user de sa liberté, si ses dispositions étaient changées à l'égard du mariage ; ou qu'elle pût, avec plus d'assurance, s'engager irrévocablement par un vœu perpétuel, si elle persévérait dans la résolution de n'avoir que JESUS pour époux.
Quelque grand désir qu'elle eut eu d'un engagement irrévocable : elle se soumit avec joie à la décision de son confesseur. Car on ne vit peut-être jamais une obéissance, plus prompte, plus franche, ni plus entière que ne l'était la sienne ; à l'égard de toutes les personnes, qui lui tenaient la place de DIEU. Mais, si elle fut obligée de mettre des bornes à la durée de son vœu ; elle n'en mit aucune à la sainte ferveur avec laquelle elle le prononça. On le comprend assez de la part d'une âme déjà si parfaite, qui ne respirait que la vertu la plus pure, et n'aspirait qu'à DIEU seul.
Ce lien qui ne changeait rien à sa manière de vivre…
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LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE MlleLE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE
DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS..
(suite)
Ce lien qui ne changeait rien à sa manière de vivre, et ne lui imposait que ce qu'elle avait pratiqué jusqu'alors avec bonheur, fut cependant pour cette vierge vraiment sage, l'occasion d'un redoublement dans la ferveur de l'amour divin. Se considérant comme l'heureuse épouse de JESUS, elle lui consacra son cœur, ses désirs, ses affections, ses pensées de la manière la plus universelle.
Elle s'appliqua à elle-même ces paroles du Cantique des Cantiques, que l'époux céleste, adresse à l'âme son épouse, pour l'exciter à la fidélité parfaite et à la délicatesse de l'amour : Ma sœur, ma bien aimée; mettez-moi comme un cachet sur votre cœur, comme un cachet sur votre bras. Elle voulut donc que son cœur fut scellé et fermé à tout ce qui n'était pas JESUS ; que rien n'entrât dans son cœur que pour JESUS, que rien aussi n'en sortit que pour lui seul ; qu'enfin, il fût comme un cachet sur son bras, c'est-à-dire, que toutes ses actions, figurées dans l'Ecriture par les mains et par les bras, n'eussent pour fin que la gloire de JESUS, et pour motif que son pur amour. Dans ce dessein, elle demanda longtemps avec beaucoup d'instances, et obtint à la fin de son directeur et de ses parents, de rompre tout commerce avec le monde, en gardant dans la maison paternelle, une solitude profonde, ainsi que nous allons le raconter au chapitre suivant.
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LIVRE SECOND
DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE.
CHAPITRE IV.
Mlle LE BER SE SENT APPELÉE A VIVRE
EN RÉCLUSION DANS LA MAISON PATERNELLE.
SES PIEUX PARENTS CONSENTENT A CE DESSEIN.
L'Esprit Saint, unique sanctificateur de l'Eglise, excite les cœurs des fidèles, à fuir le péché et à se détacher des créatures, afin de s'unir à DIEU seul. Pour les y déterminer, il leur fournit quelquefois des moyens extérieurs très efficaces; et dans ce dessein, il a suscité autrefois, des hommes d'éminente vertu, en qui il a fait paraître cette horreur du péché, et ce détachement du monde dans un degré héroïque. Tous ces solitaires célèbres; ces anachorètes fameux, qui parurent dans les premiers siècles de l'Eglise: Saint Paul ermite, Saint Antoine et tant d'autres, dont la vie semblait tenir du prodige, et qui peuplèrent autrefois les déserts : que furent-ils autre chose, dans les desseins de la divine Providence, qu'autant de prédicateurs puissants, qui par leur retraite du monde, l'austérité de leurs mœurs, et la sainteté de leur vie, reprochaient aux payens leur vie sensuelle et profane, en même temps qu'ils excitaient les fidèles à la perfection, et à la pratique exacte de tous leurs devoirs ? Cette sorte de prédication, quoique muette, fut toujours très efficace sur les cœurs ; et l'histoire nous apprend, entre autres exemples, les conversions sans nombre, que Saint Siméon Stylite opéra du haut de sa colonne, sur les foules de payens et de chrétiens, qui le visitaient à l'envi.
Pour produire de semblables effets sur les femmes, par des exemples qui leur fussent plus appropriés, DIEU suscita aussi dans les premiers temps de l'Eglise, non seulement des pénitentes fameuses, telles que Sainte Marie d'Egypte; mais encore d'innocentes vierges, qui séparées de tout commerce avec le monde, vivaient dans une réclusion volontaire et perpétuelle, sans avoir d'autre communication qu'avec les personnes chargées de les servir. Sulpice Sévère, fait remarquer, dans ses Dialogues, que ces exemples étaient assez fréquents, hors de la province de Tours du temps de Saint Martin. (*) La ferveur de ces vierges, ainsi séparées de tout commerce extérieur, semble avoir donné lieu aux communautés cloîtrées, formées ensuite sur ce modèle ; et elle fut, dans les premiers temps de l'Eglise, un moyen ménagé par la divine Providence, pour frapper les personnes du sexe, nouvellement sorties de l'idolâtrie, et les porter efficacement à la pratique de la perfection.
Dans la formation de l'Église du Canada, DIEU…________________________________(*) B. Sulpicii Severi, Dialog. II, de Virtutib. Martini. B. Martinus magnificans Virginis illius reclusæ, cum exultatione virtutem, inusitato, in his duntaxat regionibus, gaudebat exemplo.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER SE SENT APELÉE A VIVREDans la formation de l'Église du Canada, DIEU voulut renouveler ce prodige, en la personne de Mlle Le Ber, pour le bien de toutes les jeunes personnes de ce pays, qu'un tel exemple, inconnu en Amérique, devait frapper infailliblement, et exciter à la ferveur. Ainsi le même esprit divin, qui avait inspiré aux anciennes Recluses leur généreuse et héroïque résolution de séparation totale du monde, imprima au cœur de Mlle Le Ber un semblable dessein; et comme à ces vierges admirables, il lui donna aussi à elle-même la constance et la force de l'exécuter invariablement, jusqu'à son dernier soupir.
EN RÉCLUSION DANS LA MAISON PATERNELLE.
SES PIEUX PARENTS CONSENTENT A CE DESSEIN.
(suite)
Il la porta d'abord à imiter la retraite domestique de Sainte Catherine de Sienne, qui pendant quelque temps, demeura renfermée dans une cellule de la maison paternelle, pour y vivre dans une plus parfaite union avec DIEU. L'ouverture que Mlle Le Ber fit de son dessein à ses parents, devait naturellement les surprendre, et même les affliger. Car elle désirait n'avoir plus de communication, non seulement avec le monde, mais aussi avec eux-mêmes ; et cela jusqu'à la fin de ses jours. Quelle que fut la piété de Monsieur et de Madame Le Ber, une pareille résolution, de la part de leur fille unique, l'objet de leur affection la plus vive et la plus tendre, ne pouvait que les blesser dans l'endroit le plus sensible du cœur; et avec d'autant plus de raison, que cette fille chérie, était elle-même par ses qualités personnelles, le plus doux sujet de leur joie et leur consolation la plus légitime.
Il ne faut pas croire, en effet, que malgré ce goût décidé pour la retraite, Mlle Le Ber, ainsi que nous l'avons dit plus haut, fût uns de ces caractères sombres et mélancoliques, incapables de toute société, dont l'abord n'a rien d'attrayant, ni d'aimable. Elle avait au contraire, un esprit vif et pénétrant, des manières douces et agréables, une conversation animée, pleine de vivacité, d'ingénuité et de charmes, lorsque le sujet était de son goût, c'est-à-dire, qu'il roulait sur quelque matière de piété, s'étant fait une loi de n'en avoir jamais d'autre. On conçoit qu'avec de semblables dispositions, elle avait tout ce qui était le plus propre à faire les délices de ses parents, si pieux et si vertueux eux-mêmes ; et que de sa part, la résolution de rompre tout commerce avec eux, quelqu'innocent qu'il put être, était de nature à les affliger vivement.
Aussi, ne s'empressèrent-ils pas de donner aussitôt les mains à son projet…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER SE SENT APPELÉE A VIVRE
EN RÉCLUSION DANS LA MAISON PATERNELLE.
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(suite)
Aussi, ne s'empressèrent-ils pas de donner aussitôt les mains à son projet ; et la prudence inséparable de la vraie piété chrétienne, demandait qu'ils en usassent, en effet, de la sorte. Mais après qu'ils eurent pris tout le temps convenable, pour réfléchir sur la nature et les suites d'un tel engagement; après qu'ils eurent consulté les personnes les plus désintéressées, et les plus sages : reconnaissant enfin, avec elles, que DIEU était l'auteur de ce dessein, qui devait tourner à sa gloire, et au bien des âmes, comme la suite le montra incontestablement : ils consentirent généreusement à faire au Seigneur ce sacrifice, quelque pénible et douloureux qu'il dut être à leur cœur.
Plusieurs parmi ceux qui liront cette vie, pourront être étonnés de voir Monsieur et Madame Le Ber consentir à la réclusion de leur fille unique, et ne verront peut-être dans ce sacrifice, que l'effet d'une dureté de cœur, inspirée par une dévotion outrée, contraire au véritable esprit de la religion, Pour les éclairer ; et, aussi, pour justifier la famille Le Ber, il est nécessaire de donner ici quelqu'éclaircissement sur cette matière importante, à l'égard de laquelle quelques uns peuvent se faire illusion.
Dans le dessein de DIEU, les parents ne doivent être que de saintes images de sa paternité ; et si les enfants sont obligés de les aimer : c'est pour DIEU qu'ils doivent les aimer, c'est DIEU qu'ils doivent aimer dans leur personne. Ainsi dans les marques d'amour qu'ils leur donnent, les enfants, vraiment chrétiens, n'ont pas pour fin, le désir de satisfaire une certaine tendresse de cœur pour leurs parents. Ce sentiment naturel, qui se trouve aussi dans les animaux, est trop terrestre et trop grossier, pour être le motif qui inspire une âme chrétienne. C'est à DIEU, rendu sensible dans leurs parents, qu'ils donnent ces marques d'affection sensible; et cette vue de DIEU, bien loin d'affaiblir l'amour filial, le perfectionne, l'ennoblit, et peut seul le rendre constant et invariable.
Ainsi, tandis qu'un enfant, dont l'amour pour ses parents est purement naturel, cesse de les aimer, s'il n'en reçoit plus de leur part aucune marque de bienveillance: un enfant, qui honore DIEU dans ses parents, les aimera, au contraire, aussi sincèrement, malgré leurs défauts, que s'ils étaient les personnes du monde les plus accomplies. Il les aimera aussi cordialement, s'ils lui donnent des sujets de justes plaintes, et même s'ils le maltraitent, que s'ils n'avaient pour lui que de la douceur et de la prédilection. C'est que DIEU est également digne de respect et d'honneur, dans toutes les images qui le représentent, quelques défauts et quelques imperfections qu'elles puissent avoir.
Dans la première ferveur de la Colonie Française-Canadienne, DIEU,…
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Dans la première ferveur de la Colonie Française-Canadienne, DIEU, pour éclairer les enfants, sur les vrais sentiments qu'ils doivent à leurs parents, et les parents sur l'amour réciproque qu'ils leur doivent, avait inspiré à tous une singulière dévotion, envers la Sainte Famille de JESUS, Marie et Joseph, le modèle parfait de toutes les familles chrétiennes. C'était sur ce sublime original, que chacun s'efforçait de former sa propre conduite: les enfants sur celle de l'Enfant JESUS ; les pères, sur celle de Saint Joseph ; et les mères, sur celle de Marie. (*) L'Enfant JESUS n'aimait Marie et Joseph que pour DIEU, et en vue de DIEU. Quelques bienfaits qu'il eut reçus de leur part, quelque parfaits que fussent ses saints parents: il les aimait, non pour eux-mêmes, mais pour DIEU vivant dans leurs personnes; et s'il leur donnait des marques sensibles d'affection, c'était à DIEU rendu sensible dans eux qu'il les donnait.
Voilà le modèle sur lequel Mlle Le Ber réglait son amour envers ses parents…___________________________________________(*) On peut voir dans la vie de Mlle Mance, l'histoire de l'institution de la confrérie de la Sainte Famille, et sa propagation rapide dans tout le Canada, tom. 1, p. 229 et suivantes. On conserve encore au greffe de Ville-Marie, un monument bien honorable aux citoyens de cette ville, qui donnèrent naissance à cette confrérie. Un an après la naissance de Mlle Le Ber, le 27 janvier 1663, sur l'invitation de M. de Maisonneuve, cent quarante citoyens de Ville-Marie, s'offrirent volontairement, pour former la Milice de la Sainte Famille, Jésus Marie et Joseph; et furent enrôlés par escouades, chacune de sept hommes, le tout formant ainsi vingt escouades. C'était tout ce qu'il y avait alors d'hommes dans Ville-Marie, en état de porter les armes. M. Jacques Le Ber est dans la huitième, ainsi que M. Charles Lemoyne (de Longueuil) son beau-frère. Dans le préambule de ce rôle, M. de Maisonneuve s'exprime en ces termes :
" Sur les avis qui nous ont été donnés de divers endroits, que les Iroquois avaient formé le dessein d'enlever de surprise ou de force cette habitation : attendu que cette Ile appartient à la Sainte Vierge, nous avons cru devoir inviter et exhorter ceux qui sont zélés pour son service de s'unir ensemble... Ordonnons de faire insinuer au greffe de ce lieu, les noms de ceux qui se feront enrôler, pour leur servir de marque d'honneur, comme ayant exposé leur vie, pour les intérêts de Notre-Dame et le salut public."
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Voilà le modèle sur lequel Mlle Le Ber réglait son amour envers ses parents. Elle ne les aimait que pour DIEU, et les devoirs de respect et d'affection qu'elle leur rendait étaient autant de devoirs religieux; parce que, dans ses parents, elle honorait et aimait DIEU lui-même.
Mais sachant, que DIEU, notre premier père, a droit d'être obéi, et étant convaincue, que pour l'édification de cette Eglise naissante, il demandait d'elle qu'elle se séparât du monde, et même de la société de ses parents : elle ne pouvait balancer, un instant, sur le parti qu'elle avait à prendre. En cela même, elle trouvait le modèle de sa propre conduite, dans l'Enfant JESUS, qui pour obéir aux ordres de son Père céleste, s'était séparé de Marie et de Joseph, malgré les larmes que cette séparation, devait faire verser à l'un et à l'autre, et malgré le grand amour qu'il leur portait.
Enfin, elle savait, que JESUS, après avoir donné dans sa propre personne, cet exemple de fidélité à la voix de DIEU, l'avait confirmé encore, dans la suite par cet oracle, sorti de sa bouche adorable : Celui qui pour le royaume de DIEU, c'est-à-dire pour l'Eglise, quittera son père et sa mère, ses frères et ses sœurs, recevra le centuple dans ce monde, et dans l'autre, la vie éternelle.
De leur côté, les pieux parents de Mlle Le Ber…
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De leur côté, les pieux parents de Mlle Le Ber, qui l'aimaient très cordialement, ne l'aimaient pas pour elle-même, quoiqu'elle fut très-aimable très-vertueuse et accomplie. Ils l'aimaient comme étant l'image et le temple vivant de DIEU ; et en l'aimant ainsi, c'était DIEU qu'ils aimaient en elle ; bien différents de ces parents, qui n'ayant point cette vue de DIEU, se rendent idolâtres de leurs enfants, et, ne rapportant pas à DIEU l'affection que les enfants leur témoignent, la retiennent pour eux-mêmes, comme autant d'idoles.
Monsieur et Madame Le Ber, fidèles à lui renvoyer les marques d'affections, qu'ils recevaient de leur fille, s'efforçaient d'imiter, en cela Marie et Joseph, qu'ils avaient pris pour leurs modèles. Car, dans les marques de tendresse, que Marie et Joseph donnaient à l'Enfant JESUS, ils ne cherchaient pas la satisfaction de leur sensibilité naturelle. Ils se proposaient toujours de témoigner par là leur amour sensible à la divinité du Verbe: leurs caresses ayant pour motif, non le corps de JESUS, mais la Divinité qui y était unie ; comme dans la Sainte Eucharistie, nous n'adorons pas, pour lui-même, le corps du Sauveur; nous l'adorons pour la Divinité qui en est inséparable. Les premiers chrétiens, qui étaient remplis de l'esprit de la Sainte Famille, aimaient de la sorte leurs enfants. Nous lisons, entre autres de Saint Léonide martyr, que "souvent, pendant le sommeil du jeune Origène, son fils, il s'approchait de lui, lui découvrait l'estomac, et le baisait avec respect, comme étant le temple de l'Esprit de DIEU."
Aussi, Monsieur et Madame Le Ber, lorsqu'ils connurent clairement la volonté de DIEU sur leur fille, n'eurent garde d'y mettre obstacle, quelque douleur qu'une telle privation dût leur causer. Ils savaient que Marie et Joseph, leurs modèles, non seulement n'auraient pas empêché l'Enfant JESUS de les quitter, même pour toujours, malgré l'affliction inconsolable que leur eût fait éprouver une si dure séparation, mais qu'ils auraient eux-mêmes pressé l'Enfant JESUS d'obéir, si DIEU leur eut demandé ce sacrifice.
Nous ne devons donc pas être étonnés, que Mlle Le Ber…
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Mlle LE BER SE SENT APPELÉE A VIVRENous ne devons donc pas être étonnés, que Mlle Le Ber, nourrie, dès l'enfance, de ces pures maximes de la vie chrétienne, par ses pieux parents, ait triomphé, à son tour, avec tant de courage, de sa sensibilité naturelle pour eux, ou plutôt, qu'elle ait pu, au commencement, employer les prières et les instances, pour les déterminer à faire généreusement leur sacrifice. L'Esprit-Saint qui était en elle, produit toujours dans le cœur des enfants vraiment chrétiens, ce zèle pur et magnanime, pour aider les parents à satisfaire à, leurs devoirs de conscience.
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(suite)
Origène, l'enfant dont nous venons de parler, ayant appris que Léonide, son père, avait été jeté en prison par les persécuteurs, fit tous ses efforts pour aller le trouver, afin de l'exhorter au martyre ; en sorte que sa mère, ne pouvant le retenir par ses prières, ni par sa tendresse, fut réduite à lui cacher tous ses habits, pour le contraindre à demeurer dans la maison. Ne pouvant sortir, il écrivit à son père une lettre très pressante, où il lui disait entre autres choses : " tenez ferme, et ne vous mettez point en peine de nous." C'est qu'Origène avait six petits frères, tous plus jeunes que lui.
Nous faisons ici ce rapprochement, pour montrer que la générosité du sacrifice mutuel de Mlle Le Ber, et de ses dignes parents est un trait particulier de ressemblance de la ferveur de l'Eglise naissante du Canada, avec celle de l'Eglise primitive ; et que si cette vertu héroïque n'excitait pas notre admiration : ce serait une preuve de l'affaiblissement de l'esprit primitif, et du refroidissement de cette première ferveur du Christianisme parmi nous.
A suivre : Chapitre V. MLLE LE BER SE CONSACRE, D'ABORD, POUR L'ESPACE DE CINQ ANS A LA VIE SOLITAIRE. SA MANIERE DE VIVRE. SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
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LIVRE SECOND
DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,
CHAPITRE V.
MLLE LE BER SE CONSACRE, D'ABORD,
POUR L'ESPACE DE CINQ ANS A LA VIE SOLITAIRE.
SA MANIERE DE VIVRE.
SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
M. Séguenot et les autres prêtres du Séminaire, qui furent consultés sur la vocation de Mlle Le Ber, après avoir mûrement examiné, son attrait pour la solitude, jugèrent qu'il avait toutes les marques d'un attrait divin ; et conclurent qu'un genre de vie, si extraordinaire, pratiqué par une personne de ce mérite et de cette qualité, procurerait beaucoup de gloire à DIEU, et d'édification à toute cette Église naissante.
Ils furent cependant d'avis, qu'au lieu de s'y engager irrévocablement, comme elle le désirait, elle commençât par faire un simple essai de cette manière de vivre ; et déterminèrent la durée de cette sorte de noviciat à cinq ans, à partir de cette année 1680 ; en y mettant pour condition expresse, que le directeur de Mlle Le Ber, pourrait y apporter toutes les restrictions et tous les adoucissements, que les circonstances imprévues rendraient nécessaires.
Elle n'eut pas plutôt obtenu cette permission, que sans différer d'un jour, elle se renferma dans le modeste appartement destiné à être le lieu de sa retraite, et l'unique témoin de sa ferveur. La maison de son père, qui avait son entrée sur la rue Saint Paul, se trouvait dans le voisinage de l'Eglise Paroissiale, qui était alors celle de l'HOTEL-DIEU ; et avait même vue, de ce côté, sur le chevet de cette Eglise. Ce fut dans cette partie retirée et solitaire de sa maison, qu'elle voulut vivre désormais, sans avoir de communication qu'avec la personne chargée de lui apporter ses aliments, et seule autorisée à entrer dans sa cellule, en cas de nécessité absolue.
A peine s'y fut-elle renfermée, que se considérant comme une victime d'expiation pour elle-même et pour ses concitoyens, elle se couvrit le corps d'un rude cilice de crins, auquel elle substituait à certain jours, une ceinture de même matière. Elle ne fut, jamais, depuis, sans l'un ou l'autre de ces instruments, ou sans quelqu'autre plus meurtrier encore; et en outre, elle macérait souvent son corps par de sanglantes disciplines. Ces austérités, dans une jeune personne d'un tempérament faible et délicat, dont la vie d'ailleurs avait toujours été si sainte, auraient de quoi nous étonner : si nous ne savions que les âmes les plus innocentes, sont aussi celles que l'esprit de pénitence, porte le plus à ces saintes cruautés, comme étant plus dignes, par leur ressemblance avec JESUS-CHRIST, l'agneau, sans tâche, d'être victimes pour les, pécheurs.
Dans son nouveau genre de vie…
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MLLE LE BER SE CONSACRE, D'ABORD,Dans son nouveau genre de vie, elle n'avait plus de ménagement à garder vis-à- vis du monde, avec lequel elle ne devait avoir désormais aucun commerce. Elle ne voulut donc plus porter d'autre linge, sur ses instruments de pénitence, que d'une toile très grossière, de qualité inférieure à celle même, dont les plus pauvres gens, avaient alors coutume d'user ; et n'avoir plus que des vêtements de laine, sans aucune sorte d'ornements et d'une forme très simple. Sa nourriture se ressentait de la simplicité et de la pauvreté de son vêtement. S'il arrivait qu'on lui présentât quelque mets plus délicat, ou plus recherché : elle ne le recevait, que pour cacher sa mortification ; car le plus souvent elle n'y touchait pas. Elle priait même la personne qui la servait de lui apporter secrètement les restes de pain, que les domestiques avaient laissés ce que l'autre ne faisait qu'avec une extrême répugnance, quoiqu'elle sut fort bien qu'elle ne pouvait lui procurer un plus grand plaisir; et ainsi, ces restes étaient son pain le plus ordinaire.
POUR L'ESPACE DE CINQ ANS A LA VIE SOLITAIRE.
SA MANIERE DE VIVRE.
SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
(suite)
Encore, de ces aliments très communs et de ce pain quelquefois dégoûtant, elle ne prenait qu'une quantité si petite, qu'on avait peine à comprendre, qu'elle put suffire pour la soutenir. La fidélité au silence qu'elle s'était prescrite, lui faisait joindre la mortification de la langue à celle du goût : car elle ne mangeait qu'après que la servante était sortie de sa cellule : étant ainsi toujours seule en prenant ses repas. Enfin, elle ne se dispensa jamais des abstinences et des jeûnes prescrits par l'Église, quelque faible que fut son tempérament; elle y ajoutait au contraire bien d'autres mortifications, comme nous le rapporterons dans la suite; elle eut même pu les porter à des excès, si elle n'eût été ponctuellement fidèle à l'obéissance.
En entrant dans sa cellule, Mlle Le Ber qui avait renoncé à toute communication avec ses parents ; se serait abstenue de franchir le seuil de sa retraite, si elle n'eut été obligée de se rendre tous les jours à l'Eglise paroissiale, pour vaquer aux exercices de la religion. Tous les jours, elle se levait à quatre heures et demie, et assistait à la messe de cinq heures, quelque temps qu'il fit, l'hiver aussi bien que l'été. Elle sortait toujours accompagnée de la personne qui la servait; et marchait les yeux constamment baissés, soit en allant, soit en revenant. Elle sortait aussi les jours de fêtes et de dimanches, pour assister à la grand'messe et aux vêpres.
Voici quelle était la distribution de son temps, et les exercices de piété auxquels elle vaquait tous les jours : …
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MLLE LE BER SE CONSACRE, D'ABORD,
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SA MANIERE DE VIVRE.
SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
(suite)
Voici quelle était la distribution de son temps, et les exercices de piété auxquels elle vaquait tous les jours : outre une heure d'oraison, qu'elle faisait le matin, elle récitait très dévotement une partie du petit office de la Sainte Vierge ; et à onze heures, elle faisait l'Examen particulier, comme elle l'avait vu pratiquer par les Sœurs de la Congrégation. Dans l'après-midi, elle employait une demi-heure à faire une lecture spirituelle, récitait le reste du petit office, le chapelet; et le soir, après son souper, elle faisait oraison pendant une demi-heure.
Enfin, la nuit elle se levait, sans feu, même dans les plus grands froids de l'hiver, et aussi sans lumière, pour n'être remarquée par personne; et, se, tournant du côté du Très-Saint Sacrement, dont elle voyait, par sa fenêtre, luire la lampe qui brûlait dans l'Église, elle faisait encore oraison pendant une heure entière. Elle trouvait, ses plus douces délices, à prier ainsi au milieu du silence de la nuit, JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement ; et à s'unir aux saints Anges qui l'y adorent sans cesse; s'efforçant de suppléer, disait-elle, aux hommages que ne lui rendaient pas alors les chrétiens, plongés dans le sommeil.
Tel fut le genre de vie qu'elle pratiqua pendant les cinq années de son épreuve, et qu'elle continua, tant qu'elle demeura enfermée dans la maison de son père : c’est-à-dire depuis l'année 1680, jusqu'en 1695, qu'elle se retira à la Congrégation, comme nous le dirons, après que nous aurons raconté quelques traits dignes de remarque, arrivés lorsqu'elle était encore dans la maison de ses parents.
La séparation totale du monde à laquelle Mlle Le Ber s'était condamnée: cet éloignement de toute société et de toutes visites, même de celles de ses parents, est sans contredit ce qu'il y a de plus étonnant dans le genre de vie de cette admirable Solitaire ; et montre d'une manière frappante, que dans la formation de l'Église du Canada, DIEU voulait renouveler en la personne de cette fille incomparable, l'esprit et la grâce des Vierges recluses de l'Église des premiers temps. Pour l'édification de nos lecteurs…
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SA MANIERE DE VIVRE.
SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
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… Pour l'édification de nos lecteurs, et pour justifier de plus en plus la constante fidélité de Mlle Le Ber à garder cette retraite profonde : nous rappellerons ici, un exemple bien mémorable, puisqu'il a excité l'admiration de l'antiquité, et celle même du Thaumaturge des Gaules, l'illustre Saint Martin de Tours.
Sulpice Sévère, son disciple et son historien, rapporte qu'étant à la suite de Saint Martin, dans l'une de ses visites pastorales : ils entendirent parler de la foi et de la vertu d'une vierge chrétienne, qui depuis plusieurs années vivait recluse dans une petite maison, sans avoir de communication qu'avec la personne qui la servait; et que Saint Martin, nonobstant la règle sévère qu'il s'était imposée, de ne jamais faire de visite à aucune femme, se détourna de son chemin, afin d'honorer, comme évêque, par un motif de religion, une fille d'un mérite si insigne. Ceux qui accompagnaient Saint Martin, pensaient qu'elle concevrait de la joie, d'être visitée par un tel Evêque. Mais à leur grand étonnement, elle ne voulut rien relâcher de la sévérité de la règle qu'elle s'était imposée; et lui fit porter d'honnêtes excuses, par la femme qui la servait; refusant ainsi de voir son propre Evêque, lorsqu'il venait de lui-même pour la visiter.
Sur quoi Sulpice Sévère, fait cette réflexion :
"Quel autre que Saint Martin, n'eût pas pris ce refus pour une injure faite à sa personne ? quel autre n'eut pas conçu des mouvements et des ressentiments de colère contre cette vierge ? ne l'eût pas jugée hérétique, et n'eût pas résolu de l'excommunier? "
Quant à lui, loin d'avoir été offensé de ce refus, il sortit plein de joie de la demeure de celle qui ne lui avait pas permis de la voir, ni de la saluer: publiant, avec transport, une vertu si rare, et se réjouissant de rencontrer un tel exemple, encore inusité dans le pays. Aussi, la nuit qui survenait, l'ayant obligé de s'arrêter dans le voisinage, et la Recluse lui ayant envoyé divers présents : Saint Martin fit dans cette rencontre, ce qu'il n'avait jamais fait jusqu'alors. Contre sa coutume constante, de ne jamais recevoir ni don, ni présent de personne : il ne renvoya rien de ce que cette vénérable vierge lui avait envoyé ; et dit : Il ne faut pas qu'un évêque refuse les présents de celle qui doit être préférée à beaucoup d'évêques.
" Que tout le monde sache donc cette merveille, conclut Sulpice Sévère : une Vierge n'a pas souffert d'être vue par Saint Martin, une jeune fille a refusé de paraître, non pas devant un Evêque quelconque ; mais devant celui, dont la présence était le salut de ceux qui avaient le bonheur de le voir ; devant celui qu'on venait voir de pays éloignés, et qui était fréquemment visité, avec une égale affection, par les Anges eux- mêmes." (*)
Nous ne craindrons pas d'ajouter, que Saint Martin n'eut pas donné de moindres éloges à notre Recluse canadienne…___________________________
(*) B. Sulpicii Severi, Dialog, II, de virtutibus S. Martini.[ndlr: et le texte qui suit est en latin].
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SA MANIERE DE VIVRE. SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
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Nous ne craindrons pas d'ajouter, que Saint Martin n'eut pas donné de moindres éloges à notre Recluse canadienne, s'il eût pu connaître la générosité de sa vertu. A notre avis, il lui en eut même donné de plus magnifiques, pour l'héroïsme de la constance qu'elle fit paraître à garder sa cellule, dans les derniers moments, qui précédèrent la mort de sa propre mère, Madame Le Ber, comme nous allons le raconter.
Il y avait déjà deux ans que Mlle Le Ber était entrée en réclusion, lorsque sa mère fut atteinte de la maladie, qui devait la conduire au tombeau. Attachée, du fond de ses entrailles, à cette tendre mère, par les liens les plus forts de la nature et de la reconnaissance, Mlle Le Ber du fond de sa cellule, entendit plusieurs fois ses derniers soupirs, qui lui perçaient le cœur ; et comme si elle eût été insensible à des maux qu'elle sentait si vivement, mais auxquels elle ne pouvait remédier par elle-même : elle ne sortit jamais du lieu de sa retraite, pour aller donner à cette chère mourante les derniers témoignages de son affection. Toujours soumise aux ordres de la Providence, quelques rigoureux qu'ils pussent être, elle ne se lassait pas, durant ce temps de demander à DIEU, par d'instantes prières le salut de cette mère chérie, et sa guérison, s'il devait y trouver sa plus grande gloire. Mais l'arrêt en était porté dans les conseils de la divine Sagesse : la malade mourut le 8 novembre 1682 ; et cette nouvelle arriva bientôt à la cellule de la Recluse.
Quelque rude que fut la vie qu'elle y menait, son ardent amour envers DIEU, lui avait rendu jusqu'alors douces et agréables toutes les mortifications dont elle usait, pour crucifier en elle la nature et l'immoler à DIEU. La plus vive, la plus douloureuse, sans contredit, qu'elle eut à endurer: celle qui la blessa dans l'endroit le plus sensible de son cœur: ce fut la mort de cette mère bien-aimée.
Toutefois, elle soutint cette grande épreuve avec une force digne de sa religion, et de son courage magnanime. On ne l'entendit pas alors remplir la maison de ses cris, comme il n'arrive que trop souvent, dans ces occasions, aux âmes d'une vertu commune. Sans perdre un seul instant la paix qui régnait dans son âme, elle adore aussitôt les jugements de DIEU, et les accepte avec les sentiments de la soumission la plus entière et la plus parfaite.
Puis, en fille vraiment forte, elle sort de sa cellule, entre, pour, la première fois depuis sa réclusion, dans la chambre de sa mère ; et s'approchant modestement du corps encore étendu : elle fait une courte prière, lui baise respectueusement les mains, qu'elle arrose de ses larmes ; et sans proférer une seule parole, pour son soulagement, quoiqu'elle soit pénétrée de la plus vive douleur : elle se retire aussitôt, et regagne sa cellule. Là elle répand de nouvelles larmes, en la présence de son DIEU, non pour soulager sa douleur, mais pour hâter le bonheur de l'âme de la défunte, en les accompagnant de prières ferventes, et de tout ce que sa mortification peut lui fournir de moyens, pour toucher efficacement le cœur de DIEU.
Si la fidélité de Mlle Le Ber à sa solitude, portée jusqu'à cet héroïsme…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
MLLE LE BER SE CONSACRE,
D'ABORD, POUR L'ESPACE DE CINQ ANS A LA VIE SOLITAIRE.
SA MANIERE DE VIVRE.
SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
(suite)
Si la fidélité de Mlle Le Ber à sa solitude, portée jusqu'à cet héroïsme, n'est pour les jeunes personnes qu'un simple sujet d'admiration : sa charité sincère et généreuse, pour procurer, sans délai, le repos éternel à sa mère, est bien digne de leur servir à toutes d'exemple. Combien qui se flattent d'être tout affectionnées à leurs parents, qui répandent même beaucoup de larmes quand ils les perdent ; et qui ne songent presque pas à prier pour eux ! Si ces jeunes personnes les aimaient véritablement, négligeraient-elles un moyen si assuré de leur être utiles ? ne s'efforceraient-elles pas de diminuer la rigueur des peines qu'ils peuvent souffrir, et que peut-être ils n'endurent, que pour expier la trop grande indulgence, qu'ils ont eue pour elles, durant leur vie ? Elles n'oseraient paraître dans le monde sans avoir des habits de deuil, de peur de passer pour des personnes, qui n'auraient point d'affection pour leurs proches ; mais l'affection est-elle dans la couleur, et dans la forme des vêtements? n'est-elle pas essentiellement dans le cœur, et dans la disposition sincère de faire du bien aux personnes qu'on aime ? Le deuil est sans doute un usage très convenable, parce qu'il est sensé être un indice extérieur de la douleur sincère de l'âme, et par conséquent de l'affection, qui est toujours la mesure de la véritable douleur. Mais si l'on se contente de porter le deuil pour les personnes qu'on a perdues, sans rien faire pour leur soulagement : n'est-ce pas affecter au-dehors, un sentiment qu'on n'a pas dans le cœur? n'est-ce pas tromper le monde, et tromper les défunts eux-mêmes, auxquels ce deuil ne saurait être d'aucune utilité?
Plusieurs personnes, après avoir lu ce chapitre, pourront peut-être, quoiqu'à tort, taxer de dureté et d'insensibilité, la conduite de Mlle Le Ber. Mais elles seules se montrent réellement dures, insensibles et ingrates, si pouvant soulager leurs parents par de ferventes prières, et par d'autres bonnes œuvres elles négligent de leur donner cette marque décisive de leur affection ; ou si elles ne font pas tous leurs efforts, pour sortir de l'état de péché; afin de rendre efficaces les prières qu'elles feront, pour des âmes qui doivent leur être chères, à tant de titres. Rester dans cet état malheureux, n'est-ce pas s'avouer à soi-même, qu'on n'a point d'affection véritable pour ses proches, et qu'on n'aime que soi, puisqu'on préfère sa propre satisfaction, quoique fausse, coupable et passagère, à leur bonheur véritable et éternel ?
A suivre : Chapitre VI. Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE.
Dernière édition par Louis le Ven 26 Oct 2012, 3:24 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE SECOND
DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,
CHAPITRE VI.
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE SON FRERE.
Après la mort de sa mère, Mlle Le Ber, comme l'unique fille qu'elle laissait, semblait être appelée naturellement à prendre en main le gouvernement de l'intérieur de sa maison; et à soulager ainsi son père, qui lui avait toujours témoigné l'affection la plus tendre. Elle eût pu user alors des restrictions qu'elle avait mises à son vœu, par l'ordre de ses directeurs ; et avec d'autant plus de raison, que par cette mort prématurée, M. Le Ber son père se voyait chargé de l'éducation de trois de ses fils, plus jeunes qu'elle. Cet événement ne changea rien cependant aux dispositions de notre admirable Solitaire. Elle soupirait au contraire, après le moment, où il lui serait permis de consommer son sacrifice, en se vouant à la réclusion pour toujours; et enfin, au bout de ses cinq années d'épreuve, ce moment si ardemment désiré arriva.
Comme elle se trouvait alors en parfaite liberté de conscience, de quitter sa solitude, et de vivre d'une manière moins austère et moins retirée, son père, qui semblait devoir trouver dans cette fille unique, le soutien de la maison et la consolation de sa vieillesse, essaya de la détourner du dessein de s'engager de nouveau et pour toujours au même genre de vie. On conçoit que cet homme vertueux et sage, pouvait avoir depuis son veuvage, de justes motifs de désirer que sa fille, tout en vaquant à ses exercices de piété, ne demeurât pas tout à fait étrangère à la conduite de sa maison ;et lui procurât à lui-même, par sa présence et ses entretiens, les plus saintes comme les plus douces jouissances, que puisse goûter un père. Mais cette généreuse fille, convaincue intérieurement que DIEU demandait d'elle, une manière de vivre plus parfaite, était bien éloignée de se relâcher ainsi de sa première ferveur. Les cinq années de l'épreuve qu'elle avait faite, avec tant de bonheur pour elle et de profit, étaient à ses yeux une marque certaine, que DIEU avait son sacrifice pour agréable ; et au lieu de vouloir se permettre quelque commerce avec des personnes de piété, elle méditait le projet, de rendre sa solitude encore plus profonde, et son éloignement du monde plus universel.
Pendant son épreuve, elle avait assisté régulièrement à la grand'messe et aux vêpres de la paroisse, tous les jours de fêtes et de dimanches, ainsi qu'aux autres offices publics. On comprend assez qu'une jeune personne de son mérite et de sa condition, en paraissant ainsi en public, devait attirer naturellement sur elle tous les regards : …
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE SON FRERE.
(suite)
On comprend assez qu'une jeune personne de son mérite et de sa condition, en paraissant ainsi en public, devait attirer naturellement sur elle tous les regards : aussi son grand amour pour la solitude et la vie cachée avait eu plusieurs fois à souffrir dans ces sortes de rencontres. Au bout des cinq années d'épreuve, elle pria donc M. Séguenot, son directeur, et M. Dollier de Casson, Supérieur du Séminaire, de lui permettre de s'engager pour toujours au genre de vie, qu'elle avait pratiqué ; et les supplia en outre de trouver bon que désormais, elle ne parut plus à l'église, les fêtes et les dimanches, que pour y assister à la première messe et y communier. Elle leur exposa ses motifs et ses raisons, avec des paroles si persuasives et si efficaces, que ses directeurs pleinement convaincus, que DIEU lui avait inspiré ce dessein, pour le bien d'un grand nombre d'âmes, crurent qu'il était de leur devoir de l'approuver. Ce fut aussi l'avis de M. Le Ber lui-même, lorsqu'il connut celui de ces Messieurs. Malgré la douleur qu'il ne pouvait s'empêcher de ressentir, il renonça par amour pour DIEU, et pour l'édification de la Colonie, aux douceurs qu'il eût pu trouver dans les entretiens et les soins d'une fille si sainte et si aimable; et consentit à vivre séparé d'elle le reste de ses jours. C'était le plus grand et le plus sensible sacrifice, que pût faire ce bon et vertueux père ; et il l'offrit à DIEU, avec toute la générosité, qu'on pouvait attendre de sa ferveur.
La fête de Saint Jean-Baptiste, 24 Juin 1685, fut le jour où Mlle Le Ber, voulut consommer enfin le sien, par le vœu d'une réclusion perpétuelle; et depuis, elle eût toujours une singulière dévotion, pour ce grand Saint, qu'elle regardait comme le modèle, et le premier de tous les solitaires de la loi nouvelle. Le choix de ce jour est une circonstance fort remarquable ; et semble montrer, que le même esprit qui avait conduit Saint Jean, dès son enfance, au désert, lui avait inspiré à elle-même cette résolution si extraordinaire, de vivre entièrement séparée, non-seulement du monde profane, mais encore des personnes les plus saintes qui vécussent alors à Ville-Marie. Saint Jean, dès l'âge le plus tendre…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT…Saint Jean, dès l'âge le plus tendre, poussé par l'esprit de DIEU, s'éloigna de la maison de ses saints parents pour aller se cacher dans les déserts, quoiqu'il n'eût eu aucun danger à courir auprès de Saint Zacharie et de Sainte Elizabeth ; ou plutôt qu'il eût dû recevoir de leur part, les impressions les plus propres à le former à la vie parfaite. Bien plus, ce saint Précurseur, fidèle à l'ordre de DIEU, garda une retraite si profonde, qu'il renonça même à la satisfaction si sainte et si douce pour lui, de converser avec JESUS, et même de le voir des yeux du corps. Car avant que Notre-Seigneur fût venu à lui, pour recevoir son baptême, Saint Jean ne l'avait point encore vu de la sorte, comme lui-même nous l'apprend. Ce fut donc pour s'exciter elle-même, par la vue d'un si sublime et si étonnant modèle, à garder fidèlement son vœu de réclusion perpétuelle, que Mlle Le Ber voulut le prononcer le jour même de la fête de ce grand Saint. Par l'ordre de ses directeurs, elle ajouta encore cette fois, qu'elle le garderait, sous l'autorité des Supérieurs Ecclésiastiques, et avec les restrictions et les modifications, qu'ils pourraient trouver bon d'y apporter, selon leur prudence, et conformément à l'ancienne règle des Reclus.
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE. SON FRERE.
(suite)
A cet engagement, elle ajouta enfin le vœu de chasteté parfaite et perpétuelle, et celui de la pauvreté de cœur. De ces trois vœux, le dernier fut pour elle la matière d'un sacrifice très pénible et très méritoire. Ce n'est pas qu'elle regrettât de s'engager par ce vœu, à ne plus disposer de rien, de ce qui pouvait lui appartenir, que conformément à l'avis du guide de sa conscience : car tel était le vœu qu'elle prononça. Le sujet de sa peine venait au contraire, de ce qu'il ne lui était pas permis de se dépouiller de tout par la pauvreté réelle et effective, en renonçant à toutes les prétentions qu'elle pouvait espérer dans le monde; et de voir qu'avec la pauvreté de cœur, elle dût conserver toujours la propriété de ses biens. Ce fut, en effet, la condition que ses directeurs et son père exigèrent qu'elle mit à son vœu de pauvreté ; afin que de la sorte, elle conservât tous ses droits, et put en disposer, dans la suite, selon les ouvertures que DIEU lui en fournirait, pour sa plus grande gloire, Elle se soumit par pure obéissance, à tout ce qu'on exigea d'elle. Mais dans la suite, elle eût plus d'un fois sujet de reconnaître que cette restriction avait été inspirée à ses directeurs par l'esprit de sagesse, puisqu'elle lui donna la facilité d'exécuter plusieurs desseins importants à la gloire de DIEU, que vraisemblablement elle n'eût pu réaliser, si elle eût renoncé dès lors à la propriété de son patrimoine.
Renfermée dans sa cellule, cette admirable Solitaire n'eut plus de rapports avec le monde, ni même avec ses parents…
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