Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
MLLE LE BER SE CONSACRE, D'ABORD,
POUR L'ESPACE DE CINQ ANS A LA VIE SOLITAIRE.
SA MANIERE DE VIVRE. SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
(suite)
Nous ne craindrons pas d'ajouter, que Saint Martin n'eut pas donné de moindres éloges à notre Recluse canadienne, s'il eût pu connaître la générosité de sa vertu. A notre avis, il lui en eut même donné de plus magnifiques, pour l'héroïsme de la constance qu'elle fit paraître à garder sa cellule, dans les derniers moments, qui précédèrent la mort de sa propre mère, Madame Le Ber, comme nous allons le raconter.
Il y avait déjà deux ans que Mlle Le Ber était entrée en réclusion, lorsque sa mère fut atteinte de la maladie, qui devait la conduire au tombeau. Attachée, du fond de ses entrailles, à cette tendre mère, par les liens les plus forts de la nature et de la reconnaissance, Mlle Le Ber du fond de sa cellule, entendit plusieurs fois ses derniers soupirs, qui lui perçaient le cœur ; et comme si elle eût été insensible à des maux qu'elle sentait si vivement, mais auxquels elle ne pouvait remédier par elle-même : elle ne sortit jamais du lieu de sa retraite, pour aller donner à cette chère mourante les derniers témoignages de son affection. Toujours soumise aux ordres de la Providence, quelques rigoureux qu'ils pussent être, elle ne se lassait pas, durant ce temps de demander à DIEU, par d'instantes prières le salut de cette mère chérie, et sa guérison, s'il devait y trouver sa plus grande gloire. Mais l'arrêt en était porté dans les conseils de la divine Sagesse : la malade mourut le 8 novembre 1682 ; et cette nouvelle arriva bientôt à la cellule de la Recluse.
Quelque rude que fut la vie qu'elle y menait, son ardent amour envers DIEU, lui avait rendu jusqu'alors douces et agréables toutes les mortifications dont elle usait, pour crucifier en elle la nature et l'immoler à DIEU. La plus vive, la plus douloureuse, sans contredit, qu'elle eut à endurer: celle qui la blessa dans l'endroit le plus sensible de son cœur: ce fut la mort de cette mère bien-aimée.
Toutefois, elle soutint cette grande épreuve avec une force digne de sa religion, et de son courage magnanime. On ne l'entendit pas alors remplir la maison de ses cris, comme il n'arrive que trop souvent, dans ces occasions, aux âmes d'une vertu commune. Sans perdre un seul instant la paix qui régnait dans son âme, elle adore aussitôt les jugements de DIEU, et les accepte avec les sentiments de la soumission la plus entière et la plus parfaite.
Puis, en fille vraiment forte, elle sort de sa cellule, entre, pour, la première fois depuis sa réclusion, dans la chambre de sa mère ; et s'approchant modestement du corps encore étendu : elle fait une courte prière, lui baise respectueusement les mains, qu'elle arrose de ses larmes ; et sans proférer une seule parole, pour son soulagement, quoiqu'elle soit pénétrée de la plus vive douleur : elle se retire aussitôt, et regagne sa cellule. Là elle répand de nouvelles larmes, en la présence de son DIEU, non pour soulager sa douleur, mais pour hâter le bonheur de l'âme de la défunte, en les accompagnant de prières ferventes, et de tout ce que sa mortification peut lui fournir de moyens, pour toucher efficacement le cœur de DIEU.
Si la fidélité de Mlle Le Ber à sa solitude, portée jusqu'à cet héroïsme…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
MLLE LE BER SE CONSACRE,
D'ABORD, POUR L'ESPACE DE CINQ ANS A LA VIE SOLITAIRE.
SA MANIERE DE VIVRE.
SA CONDUITE HEROÏQUE A L'OCCASION DE LA MORT DE SA MÈRE.
(suite)
Si la fidélité de Mlle Le Ber à sa solitude, portée jusqu'à cet héroïsme, n'est pour les jeunes personnes qu'un simple sujet d'admiration : sa charité sincère et généreuse, pour procurer, sans délai, le repos éternel à sa mère, est bien digne de leur servir à toutes d'exemple. Combien qui se flattent d'être tout affectionnées à leurs parents, qui répandent même beaucoup de larmes quand ils les perdent ; et qui ne songent presque pas à prier pour eux ! Si ces jeunes personnes les aimaient véritablement, négligeraient-elles un moyen si assuré de leur être utiles ? ne s'efforceraient-elles pas de diminuer la rigueur des peines qu'ils peuvent souffrir, et que peut-être ils n'endurent, que pour expier la trop grande indulgence, qu'ils ont eue pour elles, durant leur vie ? Elles n'oseraient paraître dans le monde sans avoir des habits de deuil, de peur de passer pour des personnes, qui n'auraient point d'affection pour leurs proches ; mais l'affection est-elle dans la couleur, et dans la forme des vêtements? n'est-elle pas essentiellement dans le cœur, et dans la disposition sincère de faire du bien aux personnes qu'on aime ? Le deuil est sans doute un usage très convenable, parce qu'il est sensé être un indice extérieur de la douleur sincère de l'âme, et par conséquent de l'affection, qui est toujours la mesure de la véritable douleur. Mais si l'on se contente de porter le deuil pour les personnes qu'on a perdues, sans rien faire pour leur soulagement : n'est-ce pas affecter au-dehors, un sentiment qu'on n'a pas dans le cœur? n'est-ce pas tromper le monde, et tromper les défunts eux-mêmes, auxquels ce deuil ne saurait être d'aucune utilité?
Plusieurs personnes, après avoir lu ce chapitre, pourront peut-être, quoiqu'à tort, taxer de dureté et d'insensibilité, la conduite de Mlle Le Ber. Mais elles seules se montrent réellement dures, insensibles et ingrates, si pouvant soulager leurs parents par de ferventes prières, et par d'autres bonnes œuvres elles négligent de leur donner cette marque décisive de leur affection ; ou si elles ne font pas tous leurs efforts, pour sortir de l'état de péché; afin de rendre efficaces les prières qu'elles feront, pour des âmes qui doivent leur être chères, à tant de titres. Rester dans cet état malheureux, n'est-ce pas s'avouer à soi-même, qu'on n'a point d'affection véritable pour ses proches, et qu'on n'aime que soi, puisqu'on préfère sa propre satisfaction, quoique fausse, coupable et passagère, à leur bonheur véritable et éternel ?
A suivre : Chapitre VI. Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE.
Dernière édition par Louis le Ven 26 Oct 2012, 3:24 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE SECOND
DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,
CHAPITRE VI.
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE SON FRERE.
Après la mort de sa mère, Mlle Le Ber, comme l'unique fille qu'elle laissait, semblait être appelée naturellement à prendre en main le gouvernement de l'intérieur de sa maison; et à soulager ainsi son père, qui lui avait toujours témoigné l'affection la plus tendre. Elle eût pu user alors des restrictions qu'elle avait mises à son vœu, par l'ordre de ses directeurs ; et avec d'autant plus de raison, que par cette mort prématurée, M. Le Ber son père se voyait chargé de l'éducation de trois de ses fils, plus jeunes qu'elle. Cet événement ne changea rien cependant aux dispositions de notre admirable Solitaire. Elle soupirait au contraire, après le moment, où il lui serait permis de consommer son sacrifice, en se vouant à la réclusion pour toujours; et enfin, au bout de ses cinq années d'épreuve, ce moment si ardemment désiré arriva.
Comme elle se trouvait alors en parfaite liberté de conscience, de quitter sa solitude, et de vivre d'une manière moins austère et moins retirée, son père, qui semblait devoir trouver dans cette fille unique, le soutien de la maison et la consolation de sa vieillesse, essaya de la détourner du dessein de s'engager de nouveau et pour toujours au même genre de vie. On conçoit que cet homme vertueux et sage, pouvait avoir depuis son veuvage, de justes motifs de désirer que sa fille, tout en vaquant à ses exercices de piété, ne demeurât pas tout à fait étrangère à la conduite de sa maison ;et lui procurât à lui-même, par sa présence et ses entretiens, les plus saintes comme les plus douces jouissances, que puisse goûter un père. Mais cette généreuse fille, convaincue intérieurement que DIEU demandait d'elle, une manière de vivre plus parfaite, était bien éloignée de se relâcher ainsi de sa première ferveur. Les cinq années de l'épreuve qu'elle avait faite, avec tant de bonheur pour elle et de profit, étaient à ses yeux une marque certaine, que DIEU avait son sacrifice pour agréable ; et au lieu de vouloir se permettre quelque commerce avec des personnes de piété, elle méditait le projet, de rendre sa solitude encore plus profonde, et son éloignement du monde plus universel.
Pendant son épreuve, elle avait assisté régulièrement à la grand'messe et aux vêpres de la paroisse, tous les jours de fêtes et de dimanches, ainsi qu'aux autres offices publics. On comprend assez qu'une jeune personne de son mérite et de sa condition, en paraissant ainsi en public, devait attirer naturellement sur elle tous les regards : …
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE SON FRERE.
(suite)
On comprend assez qu'une jeune personne de son mérite et de sa condition, en paraissant ainsi en public, devait attirer naturellement sur elle tous les regards : aussi son grand amour pour la solitude et la vie cachée avait eu plusieurs fois à souffrir dans ces sortes de rencontres. Au bout des cinq années d'épreuve, elle pria donc M. Séguenot, son directeur, et M. Dollier de Casson, Supérieur du Séminaire, de lui permettre de s'engager pour toujours au genre de vie, qu'elle avait pratiqué ; et les supplia en outre de trouver bon que désormais, elle ne parut plus à l'église, les fêtes et les dimanches, que pour y assister à la première messe et y communier. Elle leur exposa ses motifs et ses raisons, avec des paroles si persuasives et si efficaces, que ses directeurs pleinement convaincus, que DIEU lui avait inspiré ce dessein, pour le bien d'un grand nombre d'âmes, crurent qu'il était de leur devoir de l'approuver. Ce fut aussi l'avis de M. Le Ber lui-même, lorsqu'il connut celui de ces Messieurs. Malgré la douleur qu'il ne pouvait s'empêcher de ressentir, il renonça par amour pour DIEU, et pour l'édification de la Colonie, aux douceurs qu'il eût pu trouver dans les entretiens et les soins d'une fille si sainte et si aimable; et consentit à vivre séparé d'elle le reste de ses jours. C'était le plus grand et le plus sensible sacrifice, que pût faire ce bon et vertueux père ; et il l'offrit à DIEU, avec toute la générosité, qu'on pouvait attendre de sa ferveur.
La fête de Saint Jean-Baptiste, 24 Juin 1685, fut le jour où Mlle Le Ber, voulut consommer enfin le sien, par le vœu d'une réclusion perpétuelle; et depuis, elle eût toujours une singulière dévotion, pour ce grand Saint, qu'elle regardait comme le modèle, et le premier de tous les solitaires de la loi nouvelle. Le choix de ce jour est une circonstance fort remarquable ; et semble montrer, que le même esprit qui avait conduit Saint Jean, dès son enfance, au désert, lui avait inspiré à elle-même cette résolution si extraordinaire, de vivre entièrement séparée, non-seulement du monde profane, mais encore des personnes les plus saintes qui vécussent alors à Ville-Marie. Saint Jean, dès l'âge le plus tendre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT…Saint Jean, dès l'âge le plus tendre, poussé par l'esprit de DIEU, s'éloigna de la maison de ses saints parents pour aller se cacher dans les déserts, quoiqu'il n'eût eu aucun danger à courir auprès de Saint Zacharie et de Sainte Elizabeth ; ou plutôt qu'il eût dû recevoir de leur part, les impressions les plus propres à le former à la vie parfaite. Bien plus, ce saint Précurseur, fidèle à l'ordre de DIEU, garda une retraite si profonde, qu'il renonça même à la satisfaction si sainte et si douce pour lui, de converser avec JESUS, et même de le voir des yeux du corps. Car avant que Notre-Seigneur fût venu à lui, pour recevoir son baptême, Saint Jean ne l'avait point encore vu de la sorte, comme lui-même nous l'apprend. Ce fut donc pour s'exciter elle-même, par la vue d'un si sublime et si étonnant modèle, à garder fidèlement son vœu de réclusion perpétuelle, que Mlle Le Ber voulut le prononcer le jour même de la fête de ce grand Saint. Par l'ordre de ses directeurs, elle ajouta encore cette fois, qu'elle le garderait, sous l'autorité des Supérieurs Ecclésiastiques, et avec les restrictions et les modifications, qu'ils pourraient trouver bon d'y apporter, selon leur prudence, et conformément à l'ancienne règle des Reclus.
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE. SON FRERE.
(suite)
A cet engagement, elle ajouta enfin le vœu de chasteté parfaite et perpétuelle, et celui de la pauvreté de cœur. De ces trois vœux, le dernier fut pour elle la matière d'un sacrifice très pénible et très méritoire. Ce n'est pas qu'elle regrettât de s'engager par ce vœu, à ne plus disposer de rien, de ce qui pouvait lui appartenir, que conformément à l'avis du guide de sa conscience : car tel était le vœu qu'elle prononça. Le sujet de sa peine venait au contraire, de ce qu'il ne lui était pas permis de se dépouiller de tout par la pauvreté réelle et effective, en renonçant à toutes les prétentions qu'elle pouvait espérer dans le monde; et de voir qu'avec la pauvreté de cœur, elle dût conserver toujours la propriété de ses biens. Ce fut, en effet, la condition que ses directeurs et son père exigèrent qu'elle mit à son vœu de pauvreté ; afin que de la sorte, elle conservât tous ses droits, et put en disposer, dans la suite, selon les ouvertures que DIEU lui en fournirait, pour sa plus grande gloire, Elle se soumit par pure obéissance, à tout ce qu'on exigea d'elle. Mais dans la suite, elle eût plus d'un fois sujet de reconnaître que cette restriction avait été inspirée à ses directeurs par l'esprit de sagesse, puisqu'elle lui donna la facilité d'exécuter plusieurs desseins importants à la gloire de DIEU, que vraisemblablement elle n'eût pu réaliser, si elle eût renoncé dès lors à la propriété de son patrimoine.
Renfermée dans sa cellule, cette admirable Solitaire n'eut plus de rapports avec le monde, ni même avec ses parents…
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENTRenfermée dans sa cellule, cette admirable Solitaire n'eut plus de rapports avec le monde, ni même avec ses parents. Si elle se rendait chaque jour comme auparavant à la première messe de la paroisse, accompagnée de la personne qui la servait, et les yeux toujours baissés : elle ne sortit plus désormais, pour les offices, les dimanches et les fêtes, même les jours les plus solennels.
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE SON FRERE.
(suite)
Elle se dédommageait de cette privation, en s'unissant d'esprit et de cœur à l'assemblée des fidèles ; et comme la fenêtre de sa cellule, envisageait le chœur de l'Église, et en était assez rapprochée, pour qu'elle pût entendre tout ce qu'on chantait dans les offices publics: elle avait l'avantage de s'élever à DIEU, en s'unissant à ces chants, et de se livrer, sans être vue de personne, à tous les mouvements sensibles de sa ferveur. A l'exemple du prophète Daniel, qui dans ses prières, se tournait du côté du Temple de Jérusalem: elle se plaçait toujours de manière à regarder l'Église. La présence adorable de JESUS-CHRIST dans le Très-Saint Sacrement, l'attirait à se tourner invariablement de ce côté, dans tous ses exercices de piété, et dans ses longues oraisons du jour et de la nuit : tant était fort et puissant l'attrait de sa dévotion pour la divine Eucharistie.
Avant son vœu perpétuel de réclusion, elle avait toujours conservé la pratique, de baiser publiquement la terre dans l'Église paroissiale, à l'élévation de la sainte Hostie, et avant de recevoir la sainte communion. Son confesseur fut cependant d'avis, qu'après son vœu, elle s'interdît cette coutume quelque sainte et quelqu'édifiante qu'elle fût en elle même. Comme elle n'était plus usitée parmi les fidèles, et que la ferveur diminuait sensiblement dans le pays, il craignit, sans doute, que cette marque extérieure de religion, n'attirât trop les regards du public, sur cette modeste vierge, qui ne cherchait au contraire, qu'à se cacher et à demeurer inconnue ; et que peut-être aussi, quelques esprits mal faits ne prissent de là occasion de la taxer de singularité, et de décrier toute sa manière de vivre. Il voulut donc qu'elle ne se distinguât en rien du commun des fidèles, que par une plus grande modestie et un plus profond recueillement.
L'humilité de notre sainte Recluse, sa séparation totale du monde, le soin qu'elle prenait de dérober, même à la personne chargée de la servir, la connaissance de ses pratiques de vertu, nous ont privés, sans doute, d'une multitude de traits édifiants, qui auraient grossi de beaucoup, l'histoire de sa vie admirable. Depuis l'année 1685, où elle avait fait vœu de réclusion perpétuelle, jusqu'en l'année 1695, qu'elle entra à la Congrégation, ainsi que nous le raconterons bientôt, elle ne se montra qu'une seule fois, à l'occasion de la mort tragique de son frère, M. Jean Le Ber du Chesne ; et ce fut, comme dans la circonstance de la mort de sa mère, pour laisser de la sublimité de sa vertu et de sa grandeur d'âme, les plus profondes impressions.
Voici ce qui donna lieu à ce triste événement….
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Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENTVoici ce qui donna lieu à ce triste événement.
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE SON FRERE.
(suite)
Au commencement du mois d'Août 1691, on apprit par un sauvage fait prisonnier de guerre, que cent quarante Anglais, et quatre-vingts sauvages, marchaient sur Ville-Marie, et étaient déjà arrivés au Lac Champlain. M. de Callière, Gouverneur de la ville, réunit aussitôt tout ce qu'il put de troupes et de milices, au nombre de près de douze cents hommes; et alla camper à la Prairie de la Madeleine, où il fut huit jours à les attendre. Croyant que le retardement venait peut-être, de ce que les ennemis étaient allés d'abord attaquer le Fort de Chambly: il envoya de ce côté M. de Vallerène avec un détachement, composé de quatre-vingts Canadiens, commandés par M. Jean Le Ber du Chesne, frère de Mlle Le Ber, et de quatre-vingts soldats.
Mais le lendemain matin, 11 Août, qui était un samedi, une heure avant le jour, les ennemis ayant paru tout-à-coup et surpris nos troupes qui étaient endormies, tuèrent trente hommes, en blessèrent au moins autant ; et se retirèrent ensuite. M. de Vallerène et les siens, qui n'étaient pas encore trop éloignés, entendirent le bruit de cette attaque et revinrent sur leurs pas. Ils étaient entre les Forts de La Prairie et de Chambly, lorsque sur les neuf heures du matin, ils aperçurent l'ennemi, qui les attaqua d'abord, en poussant des clameurs horribles. Au moment de la première décharge de l'ennemi, M. de Vallerène commanda aux siens de se coucher par terre, derrière un gros arbre abattu. Ce stratagème les mit à couvert ; et ensuite ayant marché à l'ennemi, ils lui tuèrent plus de cent hommes, et en blessèrent un plus grand nombre d'autres. Mais l'arbre, qui avait servi comme de rempart aux nôtres, n'était pas assez vaste pour les couvrir tous également : cinq ou six avaient été blessés, et M. Le Ber du Chesne fut de ce nombre.
On le transporta à la ville, dans la maison de son père, où il mourut après avoir reçu les derniers sacrements et fut inhumé le 13 d'Août, âgé d'environ 23 ans. (*) La Sœur Bourgeoys…_______________________________________________(*) Il s'est glissé une faute d'impression, dans la vie de la Sœur Bourgeoys, au sujet du jour où eût lieu le combat où M. Le Ber du Chesne fut blessé et qui est fixé par erreur au 5 du mois d'Août. Tome 1, p. 358.
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE. SON FRERE.
(suite)
… La Sœur Bourgeoys, accompagnée de la Sœur Barbier, s'empressa de se rendre dans cette maison éplorée, pour compatir à la juste douleur des parents ; et aussi pour ensevelir de ses propres mains le corps du défunt, selon la pratique qu'elle avait toujours observée, dans ces rencontres. Mlle Le Ber sortit alors de sa cellule, et parut un moment devant les deux Sœurs. Là, sans faire paraître aucune faiblesse, ni sans que la grande affection qu'elle avait pour ce frère bien aimé, lui arrachât aucune plainte; elle mit entre leurs mains, ce qui était nécessaire pour ensevelir le corps, gardant toujours un modeste silence, pria quelques instants auprès du défunt, et se retira incontinent dans sa cellule, laissant ainsi remplies d'édification et d'étonnements la Sœur Bourgeoys et sa compagne, qui, très-capables de juger de la vraie et solide vertu, ne pouvaient se lasser d'admirer tant de fidélité, à DIEU, dans une pareille occasion et tant de constance. (*)
Le lendemain, 14 Août, M. Le Ber, ainsi que sa fille et l'un de ses fils, les seuls de ses enfants qui étaient apparemment alors à Ville-Marie, firent un acte bien digne de leur religion et de leur grandeur d'âme. Sachant que celui dont ils pleuraient la perte, avait eu dessein, d'aider M. François Charon, dans le projet qu'il méditait alors d'établir un hôpital-général, pour y réunir les pauvres de la ville : ils firent appeler un notaire, et donnèrent en faveur de ce dessein, pour satisfaire à la pieuse intention de feu Jean Le Ber du Chesne , une ferme à la Pointe Saint Charles avec tous les bâtiments qui y étaient construits. Elle consistait en 35 arpents de terre environ, faisant partie des concessions de Jean de Saint-Père, et de Nicolas Godé, cruellement massacrés dans ce lieu, en 1657, par les Iroquois, et donnés en 1661 à M. Le Ber par les Seigneurs de l'Ile. La donation que firent M. Le Ber et ses enfants en faveur du futur hôpital-général fut acceptée par M. Guyotte, prêtre du Séminaire et Curé de la paroisse : et il fut stipulé dans le contrat, que si le dessein de cet hôpital ne réussissait pas, le revenu de la ferme serait employé, à perpétuité, au soulagement des pauvres de Ville-Marie. Mlle Le Ber, et M. Pierre Le Ber, son frère, dont nous aurons occasion de parler bientôt, signèrent cet acte, après leur père, en témoignage de leur plein et parfait consentement.
Comme Mlle Le Ber avait subordonné la sévérité de son silence à la prudence de son directeur…_________________________(*) Selon la coutume, usitée chez les sauvages, on donna à M. Le Ber père, un sauvage prisonnier, pour faire revivre le fils qu'il venait de perdre.
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
Mlle LE BER S'ENGAGE PAR VŒU A GARDER PERPÉTUELLEMENT
LA SOLITUDE, LA CHASTETÉ PARFAITE, ET LA PAUVRETÉ DE CŒUR.
SA CONDUITE A L'OCCASION DE LA MORT DE M. DU CHESNE. SON FRERE.
(suite)
Comme Mlle Le Ber avait subordonné la sévérité de son silence à la prudence de son directeur, il paraît qu'il lui ordonna quelquefois de répondre à quelques personnes de marque, qui désiraient beaucoup avoir son avis; du moins, M. Tronson nous apprend, qu'en 1693, M. de Lacolombière, qui cherchait alors le moyen de rentrer dans la Compagnie de Saint Sulpice, après l'avoir volontairement quittée, visita Mlle Le Ber et eut avec elle une conférence, qui cependant ne produisit pas l'effet dont nous parlons.
Quelqu'exactes que fussent la réclusion et la solitude de cette fille admirable, elles étaient encore trop imparfaites et trop mitigées, pour satisfaire le désir qu'elle nourrissait dans son cœur d'une totale séparation du monde; et quoiqu'elle se rendit tous les jours de grand matin, avec allégresse et ardeur à l'Église paroissiale, pour assister au Saint Sacrifice, et souvent pour communier: elle aurait été ravie, si sans être privée de ces grâces ineffables, elle eût pu se voir délivrée de la dure nécessité de franchir ainsi, tous les jours, le seuil de sa cellule. Enfin, après qu'elle eût gémi en secret, pendant près de quatorze ans, sur l'imperfection de sa retraite : il plut à DIEU d'exaucer ses ardents désirs, comme mous allons le raconter au livre suivant.
A suivre : LIVRE TROISIEME. MLLE LE BER FORME LE PROJET DE SE RETIRER A LA CONGRÉGATION, POUR Y VIVRE DANS UNE RÉCLUSION ENTIÈRE ET PARFAITE.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE I.
MLLE LE BER FORME LE PROJET DE SE RETIRER A LA CONGRÉGATION,
POUR Y VIVRE DANS UNE RÉCLUSION ENTIÈRE ET PARFAITE.
Depuis que la Sœur Bourgeoys était réunie en communauté avec ses ferventes coopératrices, elle avait soupiré elle-même après le moment, où elle pourrait posséder le Très-Saint Sacrement dans sa maison. Jusque là, la petitesse de l'oratoire où les Sœurs de la Congrégation se réunissaient pour prier, et sa contigüité avec les autres pièces, destinées aux usages ordinaires, l'avaient empêchée, à cause de son grand respect pour la présence de JESUS-CHRIST dans ce mystère, de solliciter des Supérieurs Ecclésiastiques, la permission de l'y posséder.
Enfin, de concert avec ses sœurs, elle résolut de faire construire, dans le jardin de sa maison, et à côté même du bâtiment de la communauté, une Église de 54 pieds de longueur, sur 26 de largeur, où le Très-Saint Sacrement pût reposer, avec tout l'honneur et toute la décence convenables. On mit, sans délai la main à l'œuvre, au printemps de l'année 1694 ; et il fut convenu avec les ouvriers que la maçonnerie serait achevée, avant la fin du mois de juillet suivant. (*)
Cette nouvelle, de nature à intéresser toutes les âmes pieuses, parvint bientôt jusqu’à la cellule de Mlle Le Ber. Elle en conçut d'autant plus de joie, qu'elle y vit pour elle-même l'espérance de se fixer un jour à côté de cette nouvelle Eglise ; et, par là, d'avoir la facilité, sans quitter sa solitude, d'offrir librement à JESUS au Très-Saint Sacrement, tous les sentiments que son grand amour lui inspirait. D'ailleurs la vénération qu'elle avait toujours portée à la Sœur Bourgeoys et à ses compagnes; les impressions de grâce qu'elle avait retirées de leur fréquentation, dont sa retraite du monde était un effet toujours persévérant ; le bonheur de vivre et de mourir dans la maison de la Très-Sainte Vierge ; tous ces motifs lui firent désirer, du consentement de M. Séguenot son directeur, et de celui de M. Le Ber, son père, de donner la plus grande partie de la somme nécessaire à la construction de la nouvelle Église ; et de s'y ménager une cellule derrière l'autel, où elle pût se renfermer le reste de ses jours. Elle fit donc proposer aux Sœurs le dessein qu'elle avait conçu de les aider, si elles avaient pour agréable qu'elle allât fixer sa demeure dans leur maison ; et aussi que, sans embrasser leur Institut, elle fut considérée néanmoins comme l'une d'elles, et ne portât plus désormais que le nom de Sœur Le Ber.
Les Sœurs de la Congrégation, qui, de leur côté, …__________________________________
(*) Les Sœurs de la Congrégation confièrent l'exécution de la maçonnerie à Pierre Gay, tailleur de pierres et maître-maçon de Ville-Marie. Jacques Archambault et Simon Allard, de la Pointe-aux-Trembles, furent chargés de fournir le bois nécessaire pour la toiture et le parquet, qui devaient être confectionnés par Etienne Trutteau de Ville-Marie.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
MLLE LE BER FORME LE PROJET DE SE RETIRER A LA CONGRÉGATION,
POUR Y VIVRE DANS UNE RÉCLUSION ENTIÈRE ET PARFAITE.
(suite)
Les Sœurs de la Congrégation, qui, de leur côté, considéraient cette sainte fille, comme un prodige de grâce, furent ravies de pouvoir contribuer, par la réalisation d'un si pieux dessein, à la gloire de DIEU, à l'édification de la Colonie, et au parfait bonheur de cette sainte âme. Outre ces motifs, déjà plus que suffisants pour les faire consentir : les Sœurs qui en entreprenant la construction d'une Eglise, avaient plus consulté leur grand amour pour le Très-Saint Sacrement, que les règles de la prudence humaine, manquaient en grande partie des fonds nécessaires pour l'exécuter : ayant récemment élevé à grands frais les bâtiments que leur communauté occupait alors. Elles acceptèrent donc ses propositions avec reconnaissance, et lui donnèrent de grand cœur, toute liberté de modifier, à son gré, le plan qu'elles avaient adopté déjà : et d'y ajouter, pour son usage, le petit corps de logis qu'elle avait en vue, en lui donnant telle disposition, qu'elle jugerait être plus convenable à son dessein.
Mlle Le Ber, au comble de ses vœux, désira que l'Église de la Congrégation, put ressembler pour sa disposition générale, à la Sainte Maison de Nazareth, qu'on voit aujourd'hui, au milieu de la Cathédrale de Lorette, en Italie, et dans laquelle, s'est opéré le mystère adorable de l'Incarnation. Le carré long, que présente cette maison si vénérée, est divisé, vers l'une de ses extrémités, par une cloison légère, qui laisse un petit espace, appelé la Sainte Camine, très religieusement visité par les pèlerins. On entre dans la Sainte Camine par deux portes l'une à droite, l'autre à gauche, au milieu desquelles, et immédiatement contre la cloison, est placé l'autel, dans la partie la plus spacieuse de la chapelle. Elle voulut donc que la nouvelle Église offrit une disposition, à peu près, semblable ; c'est-à-dire : que derrière l'autel, on réservât pour lui servir de cellule, un espace de dix ou douze pieds de profondeur, sur toute la largeur du bâtiment ; et voici la distribution qu'elle fit de cet espace.
Elle désira, que…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
A suivre : chapitre II. EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.MLLE LE BER FORME LE PROJET DE SE RETIRER A LA CONGRÉGATION,
POUR Y VIVRE DANS UNE RÉCLUSION ENTIÈRE ET PARFAITE.
(suite)
Elle désira, que dans sa hauteur, jusqu'à la toiture de l'Eglise, il fut divisé en trois étages. Les deux plus élevés, étaient destinés pour son propre usage ; et le premier, situé au rez-de-chaussée devait servir de sacristie. C'était là, cependant, qu'elle se proposait de descendre, pour recevoir la sainte communion, et pour se confesser. Dans ce dessein, elle désira qu'à l'un des panneaux de la porte, qui s'ouvrait sur le sanctuaire, du côté de l'Evangile, il y eût une espèce de grille mobile, derrière laquelle elle put se présenter; afin que la porte étant fermée, elle reçut la sainte communion sans se montrer au public, ni sans sortir de sa clôture, et qu'aussi son directeur ne fut pas obligé d'y entrer, pour l'entendre en confession, et put se placer à côté de cette grille dans le sanctuaire même. Outre cette porte, elle voulut qu'il en existât une seconde, du côté du jardin des Sœurs, pour que, sans traverser l'Eglise, on put lui porter par là, tous les jours, ses aliments.
Du rez-de-chaussée, on devait monter, par un petit escalier, à l'étage, situé au-dessus, destiné à lui servir de cellule; et là elle voulut qu'on pratiquât une petite ouverture pour lui faire passer ses aliments. Mais l'avantage qu'elle ambitionnait surtout, c'était qu'étant renfermée dans cette cellule, elle ne fut séparée du Très-Saint Sacrement, que par la cloison, qui devait diviser son appartement d'avec l'Eglise. En effet, d'après la hauteur qu'elle fit donner au plancher du sanctuaire et à celui de sa cellule, il résulta que le Très-Saint Sacrement, devait se trouver, à-peu-près au même niveau, que le chevet de sa couchette, et qu'ainsi, elle ne serait plus séparée de lui, désormais, que par l'épaisseur de la cloison. Cette pensée la remplissait de bonheur et d'une sainte et céleste allégresse, ou plutôt elle faisait fondre son cœur, en sentiments d'amour et de reconnaissance les plus tendres et les plus doux.
Enfin, le dernier étage, destiné à lui servir de laboratoire, devait recevoir les petits métiers, et les autres instruments nécessaires aux divers ouvrages auxquels elle s'appliquait.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE II.
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER.
CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
Quoique Mlle Le Ber se fut vouée à la solitude, depuis près de quinze ans, et qu'elle l'eut toujours si religieusement gardée à la grande édification des fidèles : sa réclusion néanmoins, pouvait être considérée, plutôt comme une dévotion particulière, secrètement approuvée par ses directeurs, que comme un genre de vie publiquement autorisé, par les Supérieurs Ecclésiastiques, tel qu'était celui des anciens reclus : son premier vœu de réclusion pour cinq ans, et ensuite, son vœu perpétuel n'ayant été accompagnés d'aucune cérémonie publique. C'est pourquoi, M. Dollier de Casson, Supérieur du Séminaire de Ville-Marie, et Vicaire Général de l'Evêque diocésain, qui était alors en France, jugea qu'il serait tout-à-fait conforme à l'esprit de l'ancienne discipline, et très avantageux à la religion, de donner à son entrée dans sa nouvelle cellule, toute la solennité possible, en pareille rencontre. Il examina donc lui même Mlle Le Ber ; comme cela avait lieu autrefois, afin de s'assurer des dispositions de ceux qui se vouaient ainsi à la clôture perpétuelle. Mais l'examen de cette sainte Recluse, ne devait être au fond qu'une simple formalité : elle avait donné assez de preuves de son amour pour la solitude depuis quinze ans, et de sa fidélité à ses promesses, pour qu'on n'eut aucune espèce de doute, sur sa vocation divine à ce genre de vie, ni sur sa persévérance à le suivre, jusqu'à son dernier soupir.
Comme représentant l'Evêque diocésain, M. Dollier approuva donc authentiquement, la vocation et le dessein de Mlle Le Ber, et fixa au 5 du mois d'Août, fête de Notre-Dame des Neiges, la cérémonie solennelle de sa réclusion. Enfin, il prit connaissance des conventions réciproques, que les Sœurs de la Congrégation et elle, firent mutuellement avant sa réclusion, et les approuva.
Cet acte, que l'on voit encore, en original, au greffe de Ville-Marie, dans les écritures de Basset, notaire, est un monument trop précieux de la vie de Mlle Le Ber, pour n'en pas rapporter ici les dispositions principales….
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
(suite)
Cet acte, que l'on voit encore, en original, au greffe de Ville-Marie, dans les écritures de Basset, notaire, est un monument trop précieux de la vie de Mlle Le Ber, pour n'en pas rapporter ici les dispositions principales.Cet acte fut signé par les principales officières de la Congrégation, dont la Sœur Barbier était alors Supérieure, et par M. Dollier de Casson." Demoiselle Jeanne Le Ber, désirant vivre en retraite, tant qu'il plaira à DIEU de lui en donner la persévérance, s'est pour cet effet, adressées aux filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame, établies à Ville-Marie ; celles-ci ayant accepté sa proposition : elle a fourni la plus grande partie de la dépense, faite pour la construction d'une chapelle, dans l'enclos de leur communauté ; et d'un petit appartement derrière cette chapelle, pour lui servir de retraite et de demeure, et où elle est dans le dessein d'entrer présentement.
" Désirant de régler, avec les Sœurs, ce qui concerne sa subsistance, elles sont convenues, sous le bon plaisir, toutefois, de Messire Dollier de Casson, Supérieur du Séminaire de cette ville, et Grand Vicaire, que les Sœurs lui fourniront la subsistance, avec le bois nécessaire pour son chauffage, et pour ses autres besoins, tant en santé qu'en maladie ; et cela, tant et pour si longtemps qu'elle le souhaitera ; ce qui lui sera fourni et porté dans la chambre où elle se retire, sans qu'on puisse l'obliger, sous quelque prétexte que ce puisse être, de sortir de sa retraite.
" Les Sœurs s'obligent aussi de nourrir et de loger dans leur communauté Anne Barroy, sa cousine, tant et si longtemps qu'elle y voudra demeurer, et que la Demoiselle Le Ber le souhaitera. Elle prendra soin de fournir le vêtement à Anne Barroy, qui doit la servir ; et en cas d'absence de la part de celle-ci, les Sœurs rendront à la Demoiselle Le Ber les mêmes services.
" En considération de ce qui vient d'être convenu, la Demoiselle Le Ber donne aux Sœurs de la Congrégation les sommes qu'elle a fournies pour une partie de la construction de la chapelle ; et aussi ce qu'elle pourrait mettre, pour la décorer, et pour la fournir de vases sacrés et d'ornements. En outre, elle leur cède dès aujourd'hui, la jouissance annuelle de 500 livres, monnaie de France, sur laquelle elle se réserve de faire venir chaque année, pour 75 livres de laine, ou de soie, ou d'autres choses dont elle aura besoin pour ses ouvrages manuels.
" Et en considération du don qu'elle fait aux Sœurs des sommes par elle fournies pour la construction de la chapelle, elles promettent de prier DIEU pour le repos de son âme, et de celles des personnes de sa famille."
Enfin, le 5 du mois d'Août, après les Vêpres de la fête de Notre-Dame des Neiges, qui tomba, cette année, 1695 un vendredi: …
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.Enfin, le 5 du mois d'Août, après les Vêpres de la fête de Notre-Dame des Neiges, qui tomba, cette année, 1695 un vendredi: les fidèles qui avaient assisté à l'office, partirent processionnellement de l'Église paroissiale, à la suite de tout le clergé, et se rendirent à la maison de M. Le Ber; afin de conduire à sa nouvelle cellule cette innocente Vierge, destinée à être pour tout le pays une victime d'expiation, et une hostie de louanges au Seigneur. On la trouva en prière, toute occupée du bonheur, de consommer son sacrifice, par une réclusion entière et irrévocable. Etant sortie, elle parut aux yeux du public, dans une modestie ravissante, vêtue d'une robe de laine, d'une coiffure et d'un voile, à peu près semblables pour la forme, au costume des Sœurs de la Congrégation, mais différents pour la couleur. Sa robe était gris-blanc ; et sur la robe, elle portait une ceinture noire. Par la couleur de la robe, elle voulait imiter la très-Sainte Vierge, jusque dans ses habits : du moins, elle savait, que cette divine mère avait apparue autrefois à la Sœur Bourgeoys vêtue d'une robe de cette même couleur et d'une étoffe comme de serge, ainsi qu'on le dit dans la vie de cette sainte Fondatrice ; et par la ceinture noire, qui indiquait la pénitence, elle avait dessein de se rappeler à elle-même, que bien différente de cette pure Vierge, toute Immaculée dans sa Conception: elle avait été conçue dans le péché, et devait même après son baptême, en sa qualité de chrétienne, exercer sur elle-même les droits de la justice divine, par une vie constamment pénitente et mortifiée.
(suite)
Elle quitta ainsi la maison paternelle…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
(suite)
Elle quitta ainsi la maison paternelle, et se mit à la suite du clergé, accompagnée de son vertueux père, et d'un grand nombre de ses parents et d'amis invités à cette cérémonie, la plus attendrissante qu'on eût jamais vue à Ville-Marie. La procession se dirigeait vers l'Eglise de la Congrégation, en chantant des psaumes et des hymnes analogues à la circonstance. Toute la ville était accourue à ce spectacle si nouveau et si touchant; plusieurs, ne pouvaient s'empêcher de répandre des larmes, en voyant cette innocente Vierge, la plus riche du Canada, qui eût pu prétendre à une illustre alliance, faire ainsi un si généreux mépris, des honneurs, des plaisirs et des faux biens de la terre; et aller se renfermer pour toujours dans le lieu qui devait lui servir de tombeau.
L'austère simplicité de ses vêtements, l'innocence et la douceur qui brillait dans ses traits, la modeste assurance de sa démarche, la présence et les larmes de son vertueux père, qui semblait conduire lui-même la victime à l'autel : toutes ces circonstances concouraient à produire, sur tous les cœurs, les impressions les plus profondes. C'était la victoire la plus éclatante que l'esprit chrétien, eut remportée jusqu'alors, dans ce pays, sur l'esprit du siècle. On voyait avec étonnement dans la personne de cette modeste Vierge, la mortification et l'innocence triompher de la séduction des plaisirs; la pauvreté volontaire triompher de l'illusion des richesses ; l'amour de la vie cachée, triompher de la passion des honneurs; l'amour de DIEU, victorieux de la tendresse naturelle pour les parents : en un mot, dans elle, c'était la victoire complète de la foi sur la raison, et de la grâce sur la nature. Et pour qu'il ne manquât rien à ce triomphe, on y voyait encore la tendresse paternelle, assujettie et soumise à la foi, par la force de l'amour divin.
C'était un spectacle digne de l'admiration des anges et des hommes, de voir M. Le Ber…
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A suivre : chapitre III. VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER.
CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
(suite)
C'était un spectacle digne de l'admiration des anges et des hommes, de voir M. Le Ber, qui aurait offert cinquante mille écus de dot à sa fille, si elle eût voulu s'établir dans le monde, faire paraître dans cette occasion, malgré les assauts violents que l'amour paternel livrait à son cœur, la générosité de sa foi, en se privant ainsi volontairement, de celle qui semblait devoir être le soutien et la consolation de sa vieillesse. Mais, ce qui relève plus encore l'héroïsme de sa vertu, et montre bien le prix de son immense sacrifice: c'est que ce bon père avait le cœur rempli de si vifs sentiments d'affection et de tendresse pour cette fille unique, que lorsqu'on fut arrivé, enfin, à l'Eglise de la Congrégation, les émotions de son amour paternel devinrent si pressantes et si excessives, qu'il fut contraint de se retirer, sans oser assister à la cérémonie, qu'il craignit, sans doute de troubler, en tombant en défaillance.
Après que M. Le Ber fut donc sorti, M. Dollier qui présidait, bénit la petite chambre de la Recluse ; et, ensuite, en présence de tout le clergé, des Sœurs de la Congrégation, et de ceux des assistants que l'Eglise put recevoir : il fit à Mlle Le Ber une courte exhortation, qu'elle écouta à deux genoux. Il l'exhorta à persévérer dans sa cellule, comme sainte Madeleine était demeurée dans sa grotte ; après quoi, pendant qu'on chantait les litanies de la Très-Sainte Vierge, il la conduisit à ce petit appartement, où elle s'enferma elle-même.
Enfin, le lendemain, 6 Août, fête de la Transfiguration, M. Dollier offrit pour la première fois le Saint Sacrifice dans la nouvelle Eglise ; et ce jour là, M. Le Ber vint de lui-même, rempli d'un nouveau courage, comme pour réparer sa fuite de la veille, et ratifier généreusement le sacrifice qu'il avait déjà offert au Seigneur.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE III.
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
Dans l'acte de la réclusion de la Sœur Le Ber, M. Dollier de Casson, parle ainsi de la générosité de son vertueux père:
" Le 6 Août, je bénis la Chapelle ; et incontinent, on célébra la grand' messe : ce qu'on accompagna de toute la symphonie, dont le Canada pouvait être capable ; il y eut grand monde: entre autres personnes, M. Le Ber. Le jour précédent il avait bien amené sa très chère et unique fille à la Congrégation; mais, par excès de tendresse, n'ayant pu assister à la cérémonie de l'entrée : il vint à celle du lendemain, pour témoigner que, malgré les excès de son amour paternel, c'était de bon cœur qu'il consacrait à DIEU, pour sa gloire, et pour le bien de ce pays, cette unique consolation du reste de ses jours, s'immolant avec sa très chère fille au Tout-puissant, pour le même sujet. En sorte que DIEU a deux victimes recluses dans ce lieu ; car s'il a le corps et l'esprit de la fille, on ne peut pas douter, qu'il n'y ait aussi le cœur de ce très bon père, qui reste sans secours dans le monde, âgé de 64 ans."
On ne peut s'empêcher d'admirer ici, combien fut magnanime et au-dessus de tout éloge la vertu de M. Le Ber. Quel père dut jamais avoir pour sa fille une affection, plus vive, plus tendre ? Il n'avait que cette fille unique, il était veuf et sans consolation. En le considérant, marcher avec elle vers le lien du sacrifice, on eut cru voir Abraham, conduisant son fils, Isaac, au bûcher. Il est vrai qu'accablé, sans être pourtant vaincu, par ses violents assauts, que lui livrait la tendresse paternelle : la nature sembla, un instant, défaillir en lui; et M. Le Ber, qui avait montré tant de courage et d'intrépidité dans les hazards de la guerre ; lui qui avait exposé mille fois sa propre vie, pour le salut de ses concitoyens : n'eut pas la force, d'abord, de se trouver présent, au sacrifice de cette fille unique, qu'il aimait plus que soi-même. Mais DIEU le voulut sans doute, ainsi, pour faire paraître la grandeur de son amour pour elle, et le mérite de son sacrifice, que nous aurions pu ignorer, sans cela.
Abraham, dont nous venons de parler, n'immola son fils, que dans son propre cœur, par la disposition de sa volonté ; et le ramena avec lui plein de vie. Et cependant, parce qu'il avait triomphé, dans cette rencontre, de ses affections les plus vives, qui semblaient s'être réunies plus fortes et plus vigoureuses que jamais, pour faire un dernier effort et abattre son courage : DIEU charmé de la fidélité et de la disposition du cœur d'Abraham, le préconise à l'instant, en présence de tous ses Saints Anges : l'assurant, qu'en récompense de son obéissance, toutes les nations de la terre seraient bénies dans sa postérité ; et que même le Messie naîtrait de sa race. Ainsi, cette fidélité à l'ordre de DIEU, qui semblait devoir anéantir à jamais le nom d'Abraham, en éteignant sa famille, fut au contraire l'occasion qui rendit célèbres l’un et l'autre dans tout l'univers.
On dirait que DIEU ait voulu donner à M. Le Ber…
Dernière édition par Louis le Sam 03 Nov 2012, 5:51 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.On dirait que DIEU ait voulu donner à M. Le Ber quelque consolation de même genre, en récompense de sa générosité. Le sacrifice qu'il lui fit de sa fille unique, en la dévouant à la virginité et à la réclusion perpétuelle, au lieu d'avoir enseveli, avec elle, le nom de Le Ber, comme dans un tombeau, les a rendus, au contraire, l'un et l'autre célèbres. C'est ce qui faisait dire, dans la suite, à M. de Belmont :
(suite)
" La famille Le Ber tient un rang des plus considérables en Canada; mais on peut assurer, que Mlle Le Ber, lui a rendu avec usure l'honneur qu'elle en tire."
Le nom de Le Ber, en effet, serait aujourd'hui, effacé de la mémoire des hommes, comme tant d'autres noms tombés en oubli : Il vivra d'âge en âge ; non pas toutefois comme tant de noms, qui ne méritent que l'indifférence de la postérité : mais comme un nom vénéré, auquel se rattachera toujours l'idée de la vertu la plus sublime. Dans la sœur Le Ber, il rappellera constamment l'un des plus aimables, des plus touchants et des plus parfaits modèles, proposé aux jeunes personnes, dans toutes les conditions, et dans tous les âges ; un prodige de vertu, la plus rare merveille du Canada, comme la plus incontestable; et dans Monsieur Le Ber, son père, il rappellera une règle admirable, pour tous les parents, qui s'honorent du titre de chrétiens. Car, si dans Mlle Le Ber, DIEU voulut donner à toutes les jeunes personnes de la Colonie un modèle de la fidélité avec laquelle chacune doit remplir les devoirs de son état, ou suivre sa vocation particulière; on ne peut douter, que, dans la vertu héroïque de son digne père, il n'ait donné aussi à tous les parents, un modèle accompli, de la fidélité avec laquelle ils doivent concourir, de leur part, à l'œuvre de la sanctification de leurs enfants, et à celle de leur vocation à un état de vie.
Combien qui se sont rendus malheureusement infidèles à ce devoir sacré, l'un des plus graves et des plus importants, qu'ils eussent à remplir sur la terre, et dont l'accomplissement, était étroitement lié avec leur salut éternel ! Se laissant conduire et dominer par leur tendresse naturelle, au lieu de la diriger par la lumière de la foi, et de la subordonner à l'amour de DIEU : ils se sont faits à eux-mêmes des illusions étranges. Ils se sont imaginés n'avoir pour motif de leur conduite que l'amour pour leurs enfants en les empêchant d'obéir à la voix de DIEU : tandis, qu'au fond, ils n'agissaient que pour l'amour d'eux-mêmes. Voici un exemple trop célèbre de cet amour tyrannique de soi-même, caché sous le voile spécieux de l'amour pour les enfants. Nous le rapporterons ici pour faire ressortir, par ce contraste, l'amour pur et désintéressé de M. Le Ber, pour sa très chère et unique fille.
Durant la persécution de l'empereur Sévère, une noble Dame de Carthage…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
(suite)
Durant la persécution de l'empereur Sévère, une noble Dame de Carthage, Vivia Perpétua, âgée de 22 ans, et engagée dans l'état du mariage, fut saisie et conduite en prison:
" Dans notre interrogatoire," rapporte-t-elle elle-même, "mon père parut avec mon enfant, encore à la mamelle, et me tira de ma place, me conjurant d'avoir pitié de mon enfant. Le juge, voyant qu'il s'efforçait encore de me tirer de là, ordonna de le chasser ; et il reçut un coup de baguette. Je le sentis, comme si j'eusse été frappée moi-même : tant je fus affligée de voir mon père maltraité, en sa vieillesse. Il vint aussi à la prison, tout accablé de tristesse et me dit: ' Ma fille, ayez pitié de mes cheveux blancs, ayez pitié de votre père : si je vous ai moi-même élevée, jusqu'à cet âge: si je vous ai préférée à vos frères, ne me rendez pas l'opprobre des hommes. Regardez votre mère et votre tante: regardez votre fils, qui ne pourra vivre après vous. '
" Mon père me parlait ainsi par tendresse, me baisant les mains, et se jetant à mes pieds, pleurant, et ne me nommant plus sa fille, mais sa Dame. Comme le jour de l'exécution approchait, il vint me trouver de nouveau, et se mit à s'arracher la barbe, à se jeter à terre, à se coucher sur le ventre, à maudire ses années, et à dire des choses capables d'émouvoir toutes les créatures."
Voilà, ce que la tendresse pour soi-même, exerçait de tyrannie sur le cœur de ce malheureux père. Dans sa fille, c'était lui-même qu'il aimait. S'il l'avait préférée à ses autres enfants, dans le partage de ses biens et de ses affections : c'est qu'en elle il s'aimait plus que dans tous les autres ; et s'il s'opposait avec tant d'emportement à son martyre: ce n'était que pour l'amour de soi, et pour se conserver à lui-même, pendant quelques années de plus, cet objet de ses affections. Ainsi, quoique sa fille désirât ardemment une mort si glorieuse ; et que de concert avec tous ses autres parents, elle l'envisageât comme le souverain bonheur pour elle : il s'y opposait lui seul avec colère et furie, pour le seul amour de soi :
"Je le plaignais," ajoute Sainte Perpétue, " j'avais pitié de sa malheureuse vieillesse, voyant que de tout notre famille, il serait le seul, qui ne se réjouirait point de mon martyre. "
C'est qu'outre qu'il n'aimait que soi dans sa fille, il craignait d'être lui-même l'opprobre des payens, si elle demeurait fidèle à JESUS-CHRIST...
Dernière édition par Louis le Dim 04 Nov 2012, 1:42 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
(suite)
C'est qu'outre qu'il n'aimait que soi dans sa fille, il craignait d'être lui-même l'opprobre des payens, si elle demeurait fidèle à JESUS-CHRIST. Pour éloigner donc de lui cet opprobre prétendu, il faisait tout ce qui était en son pouvoir afin de la faire apostasier. Il n'était arrêté ni par la considération du chagrin mortel qu'il causait à sa fille, ni même par le tort injuste et cruel qu'il lui fesait: lui ravissant par l'apostasie, l'innocence et la paix du cœur : la rendant, pour les faibles, une pierre de scandale : pour les confesseurs de la foi, un objet d'horreur: un sujet de larmes, pour l'Eglise: de triomphe pour l'enfer: et pour DIEU, une ingrate, une parjure, une rebelle, une ennemie. Aussi, ne montra-t-il que trop, le fond de son égoïsme, qui ne lui inspirait que dureté pour sa fille, lorsque dans l'une de ces rencontres, il en vint jusqu'à la frapper inhumainement.
Entendant que malgré ses instances, elle lui répondait qu'elle était chrétienne : irrité de ce mot, "mon père," dit-elle, "se jeta sur moi pour m'arracher les yeux ; mais il ne fit que me maltraiter, et s'en alla vaincu."
La conduite de ce père aveuglé par l'amour de soi, qui use ainsi de toute son autorité paternelle, pour séparer sa fille de la charité de JESUS-CHRIST : cette conduite, ne peut que faire horreur à des âmes chrétiennes.
Mais au sein même du christianisme, on a vu plus d'une fois, renouveler des excès semblables ; des parents, sous prétexte d'éprouver la vocation de leurs enfants, employer les moyens les plus dangereux, les plus séduisants, pour essayer de détacher leurs cœurs de DIEU, et de les livrer à l'amour des folles joies du siècle. Le père de Sainte Perpétue, ne put rien contre l'inébranlable fermeté de sa fille: les efforts impuissants de son amour changé en fureur, ne donnèrent, au contraire, à ce glorieux martyre, que plus d'éclat et de célébrité ; au lieu que les moyens plus perfides, employés pour inspirer aux enfants l'amour du monde, n'ont, hélas ! que de trop tristes, et de trop efficaces résultats.
La cause de ces maux, c'est cet amour antichrétien pour les enfants, dont on vient de voir les tristes effets dans le père de Sainte Perpétue. Si l'on trouve des parents, qui opposent des obstacles aux justes désirs de leurs enfants, de vivre en vrais chrétiens, de s'éloigner des occasions dangereuses pour leur innocence : si d'autres mettent quelquefois tant de retardements, font naître tant de difficultés à l'entrée en religion de quelqu'un de leurs enfants ; tandis que lorsqu'il s'agit de les établir avantageusement selon le monde, ils sont si empressés, si précipités, malgré la jeunesse des enfants et leur inexpérience: c'est que le cœur de ces parents est au monde et non à DIEU : c'est que dans leurs enfants, ils s'aiment secrètement eux-mêmes ; et que ne pouvant plus jouir des folles joies et des dissipations du jeune âge, ils veulent les goûter de nouveau dans la personne de leurs enfants. Voilà pourquoi, lorsqu'il s'agit de la vie religieuse, ils ne témoignent ni la même joie ni le même empressement, et que s'aimant plus eux-mêmes qu'ils n'aiment leurs enfants : ils en viennent quelquefois jusqu'à les engager contre leur inclination, dans le monde, au risque de les rendre malheureux dans cette vie et d'exposer leur salut éternel.
Bien différent de ceux dont nous parlons, M. Le Ber témoigna au contraire qu'il aimait vraiment sa fille, en sacrifiant pour elle sa propre satisfaction…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
(suite)
Bien différent de ceux dont nous parlons M. Le Ber témoigna au contraire qu'il aimait vraiment sa fille, en sacrifiant pour elle sa propre satisfaction ; et de la part d'un homme si considéré dans la Colonie, un exemple si pur et si désintéressé, devait produire, et produisit en effet, dans les cœurs des pères de famille, les plus profondes et les plus salutaires impressions. Car c'est, surtout depuis cette époque, que l'on vit les communautés de Ville-Marie, trouver enfin dans le pays, les membres qui leur étaient nécessaires, et s'étendre même plus qu'elles ne l'avaient fait jusqu’alors.
Mais ce que M. Le Ber opéra si heureusement sur les cœurs des pères, sa digne fille le produisit de son côté, avec une efficacité égale sur les cœurs des enfants. Ce fait était même si public et si notoire, que M. de Belmont, en prononçant dans l'Eglise paroissiale, l'éloge funèbre, ou plutôt le panégyrique de cette sainte Recluse en 1714, ne craignit pas de le rappeler à ses auditeurs, et spécialement aux Sœurs de la Congrégation, qui se trouvaient présentes :
"La vénérable Sœur Le Ber, dit-il, a par ses exemples, attiré tant de grâces célestes sur les âmes, touché si efficacement tant de Vierges, ici présentes, qui lui sont redevables de leur vocation."
A suivre : Chapitre IV . M. PIERRE LE BER, TOUCHÉ DES SAINTS EXEMPLES DE SA SŒUR, EMBRASSE LA VIE PARFAITE.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE IV.
M. PIERRE LE BER,
TOUCHÉ DES SAINTS EXEMPLES DE SA SŒUR,
EMBRASSE LA VIE PARFAITE.
Parmi les impressions de grâce, que produisit sur les cœurs la bonne odeur des vertus de la Sœur Le Ber, nous ne devons pas oublier de signaler ici la vie édifiante de M. Pierre Le Ber, l'un de ses frères. Touché des exemples de son incomparable sœur, il résolut d'embrasser, à son tour, les pratiques de la vie parfaite ; et se joignit à M. François Charon de la Barre, pour donner naissance à l'Institut des Frères Hospitaliers de Ville-Marie, dont il fut, non moins que M. Le Ber du Chesne, son frère, l'un des bienfaiteurs les plus insignes.
Lorsqu'il eut appris que sa sœur faisait élever à ses frais, la plus grande partie de l'Eglise de la Congrégation, il voulut s'associer à elle dans cette bonne œuvre ; et donna toute la pierre de taille, qui devait entrer dans cette construction. M. Pierre Le Ber avait une tendre et filiale dévotion envers la Très-Sainte Vierge, et aussi envers la glorieuse Sainte Anne, qu'il honorait très particulièrement, et qu'il avait grandement à cœur de faire honorer.
Voyant que la Sœur Bourgeoys, avait fait élever la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours, à une petite distance de la ville, pour qu'elle put servir de lieu de pèlerinages aux fidèles, et de station aux processions de la paroisse : il conçut le projet d'en construire une semblable, en l'honneur de Sainte Anne, du côté opposé. M. Dollier de Casson approuva un dessein si religieux et si utile, et accorda pour l'exécuter un arpent de terre, situé à la Pointe Saint Charles. M. Pierre Le Ber y fit élever aussitôt la nouvelle chapelle, où l'on célébra la première messe le 17 novembre 1698. C'est l'origine du nom de Sainte Anne, donné depuis à ce quartier, non moins que de la dévotion des citoyens envers cette glorieuse Aïeule du Sauveur. Il est du moins certain, que les pèlerinages à cette chapelle, et les offices qu'on y célébrait quelquefois, contribuèrent à accréditer de plus en plus la dévotion envers Sainte Anne, et à la rendre en quelque sorte générale et populaire.
M. Pierre Le Ber signala encore sa piété en décorant ce Sanctuaire de divers tableaux, qu'il peignit lui-même ; et aussi en faisant une fondation, par laquelle il chargea le Séminaire de Saint-Sulpice, d'entretenir à l'avenir cette chapelle. Mais, après la conquête du Canada, par les Anglais, comme la chapelle de Sainte Anne, alors isolée de la ville, était exposée aux injures des libertins et des impies, qui en avaient souvent enfoncé la porte et les fenêtres : le Séminaire la fit démolir, pour empêcher ces profanations ; avec l'intention pourtant de la rétablir, quand les circonstances seraient devenues plus favorables. C'était ce qui faisait dire peu après à M. Montgolfier…
A suivre.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
M. PIERRE LE BER,
TOUCHÉ DES SAINTS EXEMPLES DE SA SŒUR,
EMBRASSE LA VIE PARFAITE.
(suite)
... C'était ce qui faisait dire peu après à M. Montgolfier, dans la vie de Mlle Le Ber: Dans des temps plus heureux, la piété pourrait bien faire revivre cette ancienne dévotion. Ce dessein a été exécuté heureusement, depuis quelques années : le Séminaire ayant fait construire dans le même quartier, une Eglise destinée à renouveler et à entretenir dans les cœurs la dévotion envers Sainte Anne, dont elle porte le nom ; et Monseigneur l'Evêque de Montréal ayant rétabli solennellement cet ancien pèlerinage. Ce Prélat pour exciter la piété des fidèles, par son exemple, s'est rendu lui-même en dévotion à l'Eglise Sainte Anne tous les jours de l'Octave ; et sur son invitation toutes les communautés de la ville, les jeunes personnes et les femmes mariées, ont fait aussi le même pèlerinage, auquel un grand nombre d'autres fidèles de tous les états, se sont empressés de prendre part, avec un élan et une ferveur dignes des premiers temps de la Colonie.
Enfin, M. Pierre Le Ber non moins dévoué à l'Institut naissant de la Congrégation, que ne l'était sa sœur, laissa une somme de 10,000 livres, dont le revenu devait être employé à l'entretien de cette communauté. Il mit pour condition, que parmi les Sœurs, il y en aurait toujours une qui porterait le nom de Sainte Marie ; et une autre, celui de Sainte Anne, tant ces noms augustes étaient chers à son cœur. Ce fervent chrétien, mourut à la Pointe Saint Charles, le 1er Octobre, 1707 en grande odeur de vertu ; et son corps fut inhumé dans l'Eglise des Frères Hospitaliers, aujourd'hui de l'Hôpital-général, où il repose encore. Mais en exécution de ses dernières volontés, on plaça son cœur dans la chapelle des Sœurs de la Congrégation, où Mlle Le Ber vivait recluse: comme si en se rapprochant ainsi de sa sainte sœur, il eut voulu après la mort, s'unir encore de cœur à elle, pour participer à la ferveur et aux mérites de ses oraisons.
A suivre : Chapitre V. DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS SAINT-SACREMENT. ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
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LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE V.
DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
La vie de la Sœur Le Ber, depuis son entrée à la Congrégation, jusqu'à sa mort, ne fut, à proprement parler, qu'un hommage continuel, offert à JESUS, résidant dans le Sacrement de son amour. Cette innocente Vierge était comme une lampe qui brûlait sans cesse devant lui, ou plutôt, un parfum de suave et céleste odeur, qui se consumait en sa divine présence. Le lendemain du jour même où elle s'était renfermée dans sa cellule, après la grand’messe, célébrée dans la nouvelle Eglise, on y exposa le Très-Saint Sacrement, et on y donna pour la première fois les Quarante Heures. La Sœur Bourgeoys, et toutes les sœurs de la Congrégation, qui avaient demandé la faveur de posséder Notre-Seigneur, avec tant d'instance, étaient au comble du bonheur, et ne pouvaient renfermer dans leurs cœurs, les excès de leur sainte jubilation.
Mais, parmi elles personne n'avait de si justes et de si pressants motifs, de se laisser aller aux doux transports d'une céleste ivresse, que la Sœur Le Ber, qui par son entrée à la Congrégation, semblait y avoir attiré, auprès d'elle, ce divin époux des vierges, et être même devenue par sa retraite profonde derrière le Saint Tabernacle, l'objet de ses privautés les plus tendres, et de ses plus rares faveurs. C'est tout dire, qu'elle avait le bonheur inexprimable, d'être toujours auprès de lui, de n'être séparé de sa Personne adorable, que par une cloison légère ; et même, pendant le temps du court sommeil qu'elle prenait la nuit, d'avoir le privilège spécial, de reposer sa tête appuyée contre cette cloison, à côté même, et à quelques pouces seulement du Saint Tabernacle.
Aussi, durant près de vingt ans, qu'elle passa dans cette cellule chérie, sa vie fut comme un colloque non interrompu, avec le bien-aimé de son cœur. Quoiqu'elle l'honorât par un grand nombre d'exercices de piété, comme nous le dirons bientôt, et qu'elle employât au moins trois heures à l'oraison mentale, et quelque fois cinq heures ; ses occupations, durant le temps de la journée, ses travaux, tout le détail de sa vie, n'étaient qu'un entretien continuel avec JESUS, reposant au Saint Tabernacle. Si ses actions matérielles différaient entr’elles, pour l'extérieur, les sentiments intérieurs d'union à JESUS, avec lesquels elle les faisait, étaient toujours les mêmes, comme ces rivières qui changent bien de noms, en parcourant divers pays, mais qui partout portent les mêmes eaux. C'était une oraison sans fin, une continuelle tendance de son cœur vers JESUS, une union non interrompue avec sa Personne adorable. Cette disposition de son cœur, toujours amoureusement présent à JESUS au Très-Saint Sacrement, paraissait…
Dernière édition par Louis le Mer 07 Nov 2012, 10:25 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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