La fidélité à la GRÂCE
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Re: La fidélité à la GRÂCE
FIDÉLITÉ ET IDÉAL DE VIE
CHAPITRE III
SUIVRE « SA » GRÂCE
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CHAPITRE III
SUIVRE « SA » GRÂCE
Un même péché commis par un baptisé et par un païen est plus grave pour le baptisé. Une même négligence commise par un piètre chrétien et par une âme comblée est plus grave chez l'âme comblée.
Mais cette fidélité que doit avoir toute âme n'est point une fidélité « standard », c'est-à-dire stéréotypée, de modèle unique, quelque chose d'abstrait s'élevant à un étiage identique pour tous.
Chaque individu a sa vocation propre, — de par sa nature d'abord, c'est-à-dire son tempérament, ses hérédités, son éducation ; — de par le surnaturel qui lui est départi, c'est-à-dire le contingent de vie divine que le Seigneur juge bon de lui donner.
Celui-ci est plus doué, celui-là moins. Et comme tout est gratuit, personne ne doit se plaindre. Qu'on se souvienne de la distribution des charismes au début de l'Eglise telle que les Actes des Apôtres nous la décrivent. Mieux encore, que l'on se souvienne de la parabole évangélique : à celui-ci, un talent ; à cet autre, cinq ; à tel autre encore, dix.
Il n'est dit nulle part que tous nous recevions au baptême une mesure de grâce sanctifiante identique pour chacun. Dieu se réserve, au contraire, prévoyant à quel degré de vertu il entend conduire une âme, de lui donner une capacité initiale de vie divine qui n'est pas nécessairement celle qu'il donne au voisin ou à la voisine. Tous, au baptême, nous entrons en possession de la vie du Père, du Fils et de l'Esprit ; mais à Marguerite-Marie, à Jean-Baptiste Vianey ou à la petite Thérèse Martin, Dieu peut infuser et il infuse une mesure de grâce qui n'est point celle que nous avons reçue, notre vocation ne devant pas être la leur.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Cette capacité initiale de grâce sanctifiante qui n'est pas identique pour chacun, nous avons charge, chacun de nous, de l'élargir : c'est tout le but surnaturel de notre vie sur la terre.
Chacun de nos actes de vertu augmente à son tour, disions-nous, la vie divine. C'est là surtout le domaine de la fidélité à la grâce. Telle occasion m'était donnée de pratiquer une vertu, le courage, la charité, la patience, l'amour de Dieu ; volontairement j'ai négligé l'invitation d'En-Haut. Quel détriment !
Le problème n'est donc pas de réaliser un modèle de perfection unique. Notre sainteté doit s'assouplir aux dimensions de ce que Dieu réclame. A chacun d'aller au bout de sa grâce ; et non de la grâce d'autrui. Moins encore que le degré de vertu, convient-il de copier les modalités de vertus rencontrées chez autrui.
Etre soi, et non pas un autre. Le conseil est bon : « Deviens ce que tu es. » Sanctifie-toi suivant la qualité des appels entendus et les ressources qui te sont propres.Tous, soldats du Christ, mais chacun à son rang, avec sa mission propre, avec ses aptitudes et sa formation propres.
Saint Thomas explique que les anges constituent chacun, individuellement, une « espèce ». En un sens très différent, ne peut-on pas dire que chaque individu humain constitue à lui seul une espèce à part, possède à lui seul un type, des caractères, une vocation qui lui sont personnels et ne reproduisent pas identiquement les traits du voisin ? Sans doute la personnalité d'un bon nombre manque de relief ; elle s'évanouit, s'exténue, pour aboutir à l'individu moyen, au chrétien moyen ; mais c'est loin d'être un idéal. Et même alors, Dieu reconnaît les physionomies particulières, les éléments distinctifs, et ne réclame pas de tous un service identique. A chacun, dans ses retraites ou ses moments de recueillement plus attentifs, de bien voir ce qui doit, pour lui, être la tonalité spéciale de sa vertu.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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(1) Dom R. Thibaut, Dom Columba Marmion, p. 290.Qui ne s'est mépris dans son jeune âge sur les conditions à remplir pour devenir un saint ? On avait lu dans une biographie le récit de révélations, visions, faits héroïques, de mortifications extraordinaires, d'apostolats triomphants où ne comptent ni le sommeil ni la santé, et peut-être que les biographes accréditaient trop cette conception en mettant l'accent sur ces côtés merveilleux de certaines saintetés.
L'on n'avait pas de visions ; on n'était donc pas un saint. On ne pratiquait aucune mortification extraordinaire ; on n'était donc pas un saint.
Ou bien, saisi d'une généreuse émulation, découvrant chez autrui telle vertu somptueusement pratiquée, l'on s'efforçait de rivaliser avec le héros ou l'héroïne. Dans une autre Vie, c'était une autre vertu dont on briguait l'imitation.
L'on ne songeait pas que ce qui est le fait de tel ou tel n'est point nécessairement le fait de tous. Avec le tour original qui lui était propre, le P. Binet, jésuite du XVIIe siècle, dans un panégyrique de sainte Claire, disait à ses auditeurs et' auditrices : « Je vous défends très expressément d'imiter cette vierge sainte ; c'est assez pour vous de l'admirer. » C'était là conseil de sagesse... teinté d'une douce ironie.
Il n'est pas défendu, assurément, de puiser dans les Vies généreuses des exemples pour nous stimuler. Mais rien de servile dans notre imitation, car si « tous les saints sont des modèles, chaque saint n'est pas le modèle de toute chose », ni le modèle qui convient pour tous les individus.
« Une âme, écrivait Dom Marmion à une de ses dirigées, ne doit pas tâcher de singer une autre, de l'imiter servilement : cela détruirait la liberté de son esprit et la liberté d'action de Dieu en elle. L'âme est trop souple pour entrer dans un cadre: quelconque. Si donc en lisant la vie d'un comptent saint, vous trouvez quelque chose que vous admirez, mais qui ne vous attire pas dans la paix du Saint-Esprit, ce serait une erreur de vous efforcer de l'imiter. Si le Saint-Esprit veut cette imitation, il l'opérera en vous dans une grande paix (1). »
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Monique- Nombre de messages : 13758
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(1) A la trace de Dieu, p. 223.Saint François-Xavier écrit que s'il ne correspond pas à la voix de Dieu qui l'appelle en Chine pour y prêcher l'Evangile, il ne se croira pas sûr de son salut. Qu'il parte ! Il n'irait pas sans cela jusqu'au bout de sa grâce. Mais sa grâce n'est point celle de tout lecteur de pareils exploits.
Thérèse de l'Enfant-Jésus veut à quinze ans aller demander au Pape qu'il lui permette d'entrer au Carmel. Bien ! Qu'elle aille trouver le Saint-Père puisque sa grâce, reconnue de source authentique, l'y pousse. Est-ce à dire qu'elle doive avoir des imitatrices ?
A ne parler qu'au simple point de vue humain, déjà les mots sont vrais :
Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce.
A bien plus forte raison le conseil vaut au spirituel. Laissons aux saints les pratiques exceptionnelles des saints. Imitons, de leurs vertus, ce qui est, pour nous personnellement, objet de sage imitation ; le reste, laissons-le. Ce ne sera point lâcheté d'y renoncer, mais intelligence et humilité.
N'ayons aucune crainte, si nous avons le courage, à chaque jour qui passe, d'aller jusqu'au bout de notre grâce à nous, Dieu, encouragé par notre vaillance, nous montrera de plus en plus la vertu qu'il nous veut. Qui facit veriiatem, observe l'apôtre saint Jean, venit ad lucem ; celui qui réalise à chaque instant toute la vérité qu'il voit, parvient un jour à la vérité totale, absolument comme celui qui, sur la route, va de borne en borne, arrive, l'heure voulue, au terme du chemin.
N'ayons pas d'illusion : le terme du chemin est bien plus loin et bien plus haut que nous l'avions imaginé ! A suivre Dieu, fût-ce à petits pas, si on le suit avec fidélité et à la mesure de sa force, c'est toujours à des cimes que l'on monte. C'est ce qu'exprimait avec un grand sens psychologique, dans ses notes de prisonnier, en 1915, Jacques Rivière : « La façon extraordinaire dont Dieu se cache à qui ne veut pas le voir contraste avec la croissante évidence de son apparition à qui a commencé de le distinguer au fond des ombres (1). »
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Monique- Nombre de messages : 13758
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(1) P. 182. Cité dans Bremond qui donne au t. V de son Histoire littéraire du sentiment religieux, pp. 46 et suivantes, un bon résumé des doctrines du P. Lallemant sur la conduite du Saint-Esprit.
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(2) L'auteur du beau livre : La Doctrine spirituelle, plusieurs fois, cité déjà (dern. éd., Gabalda, 1908).Rivière se rencontre ici avec le P. Louis Lallemant (2), un des apôtres les plus ardents de la fidélité à la grâce : « Quand une âme s'est abandonnée à la conduite du Saint-Esprit, il l'élève peu à peu et la gouverne. Au commencement, elle ne sait où elle va, mais peu à peu la lumière intérieure l'éclairé et lui fait voir toutes ses actions, de sorte qu'elle n'a presque autre chose à faire que de laisser faire à Dieu en elle et par elle ce qu'il lui plaît ; ainsi elle avance merveilleusement (1). »
Il est aisé de comprendre de quelle importance sont les remarques qui précèdent.
Elles sont utiles à l'âme, tout d'abord pour la maintenir dans les prudences nécessaires. Non certes qu'on en puisse arguer pour se contenter d'une vertu médiocre ou en prendre à son aise avec les vertus sous prétexte d'indépendance ou de personnalité à conserver. On nous a compris, pensons-nous. La règle est d'aller au bout de la grâce suivant sa grâce. L'oubli de l'un quelconque des deux points est dommageable.
Grande utilité, aussi, de croire au respect nécessaire des personnalités, si l'on est appelé à vivre en groupe. On sera indulgent pour autrui, on sera compréhensif, on ne cherchera pas à tout ramener à une mesure unique ; on saura faire le départ entre les différents tempéraments, les différentes psychologies.
Utilité souveraine, très particulièrement, si l'on doit s'occuper d'éducation, de formation d'autrui. Toute éducation est « unique ». Et l'on s'efforcera d'adapter les méthodes générales en tenant compte des cas particuliers, non certes par esprit de privauté ou au mépris dés exigences strictes valant pour tous, mais en sachant doser les exigences communes selon les individualités différentes, avec tact, sans jamais éveiller les susceptibilités du milieu, ni laisser croire à des traitements différents qui ne seraient commandés que par le caprice. Cela requiert, on l'imagine aisément, Un délicat doigté.
(1) P. 182. Cité dans Bremond qui donne au t. V de son Histoire littéraire du sentiment religieux, pp. 46 et suivantes, un bon résumé des doctrines du P. Lallemant sur la conduite du Saint-Esprit.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
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CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
Aucun chapitre peut-être ne mérite davantage réflexion.
L'idéal, au service de Dieu, ce n'est pas une fidélité haletante, préoccupée, anxieuse, mais une fidélité reposée, active certes, mais sans rien de tatillon, une fidélité calme, la sainte liberté des enfants de Dieu. Nous sommes les enfants du Père, il faut avoir dans la maison du Père l'esprit de famille, la dilatation sainte de ceux qui se savent aimés, qui ne font pas tout bien, mais ont du cœur à l'ouvrage, regrettent aussitôt leurs manquements s'ils en commettent et ne se croient pas maudits pour la moindre incartade.
Sans équilibre et judicieuse pondération, la fidélité devient un supplice pour l'âme, celle-ci se mettant hors de raison à la torture ; elle n'est pas une gloire pour Dieu, car le Seigneur aime à son service l'esprit filial et non l'esprit d'esclavage.
Fidélité ne veut pas dire anxiété.
L'anxiété peut venir soit d'un désir trop haletant de perfection, soit des regrets concernant le passé, soit d'un manque de générosité présumé.
Vous avez vu déjà une araignée au centre de sa toile, prête à bondir sur le moindre insecte qui viendra faire trembler le frêle réseau qu'elle a tendu.
Certains se figurent que la fidélité requiert cette attention passionnée, cette mise en arrêt de toutes nos puissances pour saisir la moindre occasion et ne rien laisser échapper de ce qui toucherait ou frôlerait seulement les fils imperceptibles des moindres possibilités pour le bien.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
(1) Le P. Hecker, par P. Elliott, Lecoffre, 1897, p. 297.
(2) Traité de l'Amour de Dieu, 1. IX, ch. XIV.
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LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
Un auteur à qui certains ont cru pouvoir reprocher de trop accorder au gouvernement intérieur du Saint-Esprit, ce qui n'est pas en cause ici, — dit fort justement dans le cas donné :
« Il ne s'agit pas d'être toujours sur le qui-vive pour saisir le moment des visites intérieures de l'Esprit, mais il faut attendre avec calme sa venue et ses impulsions ; s'appuyer uniquement sur lui, sans s'inquiéter ni s'agiter de ce qui l'annonce, de ce qui le communique, ou des témoignages et des symboles extérieurs qui garantissent sa présence. Ce qu'il faut, ce n'est pas une recherche anxieuse, mais un empressement soutenu à distinguer la direction divine dans le secret de l'âme. Une fois qu'on l'a aperçue, qu'on agisse avec décision et avec un courage noble et généreux. C'est la vraie sagesse (1). »
Saint François de Sales est du même avis. Certes, il prône et réclame la fidélité. Mais il ne veut pas d'une fidélité tatillonne, alertée par les moindres objets et se faisant des reproches à propos de vétilles : « Il faut mesurer notre attention à l'importance de ce que nous entreprenons : ce serait un soin déréglé de prendre autant de peine à délibérer pour faire un voyage d'une journée, comme pour celui de trois ou quatre cents lieues. Le choix de la vocation, le dessein de quelque affaire de grande conséquence... méritent qu'on pense sérieusement à ce qui est le plus de la volonté divine. Mais dans les menues actions journalières où même la faute n'est ni de conséquence ni irréparable, qu'est-il besoin de faire tant l'embesogné et l'attentif ? (2) »
Ce qui torture d'autres âmes, c'est le regret de leurs misères passées : prédisposition innée du tempérament chez quelques-unes ; chez d'autres, formation spirituelle ayant manqué de la détente et des mises au point nécessaires.
(1) Le P. Hecker, par P. Elliott, Lecoffre, 1897, p. 297.
(2) Traité de l'Amour de Dieu, 1. IX, ch. XIV.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Quelqu'un dont il ne faut pas faire un Père de l'Eglise, mais qui a souvent des vues pénétrantes et justes sur les réalités de la vie catholique, Charles Péguy, les a devinées, ces âmes perpétuellement au martyre, et si fréquentes hélas ! dont la vie est bonne et qui devraient s'épanouir dans la charité de Dieu, mais qui, au lieu de cela, se tourmentent en examens de conscience indéfinis.
« Je suis partisan, dit Dieu, que tous les soirs on fasse son examen de conscience.
« C'est un bon exercice.
« Mais enfin il ne faut pas s'en torturer au point d'en perdre le sommeil.
« A cette heure-là, la journée est faite et bien faite ; il n'y a plus à la refaire.
« Il n'y a plus à y revenir.
« Ces péchés qui vous font tant de peine, mon garçon, eh ! bien, c'était bien simple,
« Mon ami, il ne fallait pas les commettre,
« A l'heure où tu pouvais encore ne pas les commettre.
« A présent, c'est fait, va, dors, demain tu ne recommenceras plus. »
« Vous n'y pensez que trop à vos péchés.
« Vous feriez mieux d'y penser pour ne pas les commettre,
« Pendant qu'il en est temps encore, qu'ils ne sont point encore commis...
« Mais le soir ne liez pas ces gerbes vaines. »
Que de fois les interprètes de la pensée de Dieu utilisent — sans fruit, hélas! — un langage voisin de celui-là. Allez donc empêcher quelqu'un qui a la manie de la torture de se placer sur le chevalet et de manier, impitoyable, les vis sans fin d'un perpétuel écartèlement !
Et pour quels résultats, Seigneur ? Un peu plus d'aigreur chaque fois, un peu moins de confiance en Dieu, une anxiété devenue plus trépidante, voilà le bilan. Le beau bilan, en vérité !
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Combien d'âmes, au lieu de se dessécher à toujours regarder ce qu'elles ne donnent pas, feraient mieux de s'épanouir en regardant le peu qu'elles sont parvenues à donner ; et mieux encore, ce que Dieu, malgré leur misère, ne leur a pas refusé. Si l'on gagne à s'examiner, quand on a besoin d'être rabattu, humilié, que l'on est porté à s'en faire accroire, ne gagne-t-on pas beaucoup plus à se détourner de soi pour ne contempler que Dieu et sa miséricorde, lorsqu'on est incliné à trop peser ses défaillances ? Il est 'à retenir, ce conseil d'un sage directeur à une âme toujours en difficulté avec elle-même : « Je ne comprends pas comment, en présence de Notre-Seigneur, on peut encore penser à soi, fût-on le dernier des hommes. C'est le Sauveur, c'est Dieu ; il n'y a qu'à courir à Lui. » C'est l'évidence même, et le conseil de tous les Maîtres.
Comme si ce n'était pas assez de son exhortation pour, à la fois, louer l'examen de conscience intelligemment compris et proscrire la drague incessante des vieux bas-fonds, Dieu, par la bouche de Péguy, continue :
« Qu'est-ce que vous nommez votre examen de conscience ?
« Si c'est penser à toutes les bêtises que vous avez faites dans la journée... avec un sentiment de repentance... « C'est bien. Votre pénitence, je l'accepte... « Mais si c'est que vous voulez ressasser et ruminer la nuit toutes les ingratitudes du jour...
« Et si c'est que vous voulez tenir un registre parfait de vos péchés...
« Non, laissez-moi tenir moi-même le livre du Jugement...
« Vos péchés sont-ils si précieux qu'il faille les cataloguer et les classer
« Et les enregistrer et les aligner...
« Et les graver et les compter et les calculer et les compulser,
« Et les compiler et les revoir et les repasser
« Et les supputer et vous les imputer éternellement
« Et les commémorer avec on ne sait quelle sorte de piété.
« Quand ce ne serait que pour les brûler, c'est encore trop. Ils n'en valent pas la peine... »
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Monique- Nombre de messages : 13758
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LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
Ce qui enlève la paix à plusieurs, ce n'est pas tant le souvenir d'un passé plus ou moins semé de déficits et de misères que la vue d'un présent perpétuellement insuffisant.
On avait formulé de si généreuses résolutions ! Hélas ! on n'en réalise pas le dixième, le vingtième. Sainteté perpétuellement sur le papier et qui ne s'inscrit jamais dans la vie. Sainteté pour « Journal spirituel » et qui fera très bien dans mes notes après ma mort, mais dont mon existence quotidienne ne révèle pas trace, ou ne révèle qu'une trace si légère !
Nous ne ferons ici que deux remarques, mais, bien comprises, elles devraient suffire à rendre la sérénité suffisante à ceux que tourmente l'impossibilité permanente d'aller jusqu'au bout de leur rêve.
La première remarque est celle-ci : l'Eglise note, à propos de la sainte Vierge qui n'a jamais commis la moindre faute même vénielle, que c'est là un privilège inouï dont elle a été seule à bénéficier. Bien mieux, elle note qu'il faut une grâce de Dieu tout à fait particulière pour demeurer sans faute aucune durant un temps quelque peu considérable.
Si ce sont là privilèges tout à fait à part, ne point nous étonner si, ne les ayant pas reçus, nous, avons à constater, au long de notre existence, plus d'une misère! Dieu ne nous en veut pas ; il sait de quel limon nous sommes.
D'autant, — et c'est la seconde remarque — qu'il faut distinguer dans cet ordre de fautes deux catégories bien distinctes de manquements.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
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LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
(1) Nous disons devant Dieu. Car, devant le prochain il y aura le plus grand intérêt, si ce sont des écarts dont il a été témoin, à essayer de nous amender, en vue de l'édification.
(2) Nous n'avons pas à traiter ici la question de ces éternels malheureux que sont les gens atteints de scrupules. Les plus belles explications ne les convaincront pas. Où il faudrait du bon sens, ils mettent du sentiment : ils se rendent malheureux pour le plaisir. S'il en est qui lisent ces pages, qu'ils essaient de reconnaître le bien-fondé des observations faites et d'y adapter leur conduite. Nous prions pour eux.
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Il y a les manquements de fragilité pure : une saillie, un mouvement de caractère, une parole jaillie ex-abrupto, toutes choses qui échappent avant que la volonté n'ait eu le temps d'intervenir et que Dieu permet pour nous humilier, mais ne lui causent aucune peine, notre responsabilité notant pas en jeu ; et il y a les manquements lucides et consentis au devoir connu : là, fût-ce un détail, notre responsabilité est engagée, il y a advertance, il y a consentement, selon les mots du catéchisme.
Autant nous devons nous préoccuper de cette seconde sorte de manquements, autant nous devons peu nous soucier, devant Dieu (1), des premiers. Il y a toute la différence de la simple échappée de nature à la négligence connue et acceptée.
Si l'on utilisait comme il convient cette observation qui est de pur bon sens, de combien de pseudo-fautes certaines confessions ne seraient-elles pas délestées, pour la plus utile formation de la conscience et pour le plus grand apaisement de la personne.
Et miracle des miracles, il n'y aurait plus de scrupuleux (2) ou bien peu.
(1) Nous disons devant Dieu. Car, devant le prochain il y aura le plus grand intérêt, si ce sont des écarts dont il a été témoin, à essayer de nous amender, en vue de l'édification.
(2) Nous n'avons pas à traiter ici la question de ces éternels malheureux que sont les gens atteints de scrupules. Les plus belles explications ne les convaincront pas. Où il faudrait du bon sens, ils mettent du sentiment : ils se rendent malheureux pour le plaisir. S'il en est qui lisent ces pages, qu'ils essaient de reconnaître le bien-fondé des observations faites et d'y adapter leur conduite. Nous prions pour eux.
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Re: La fidélité à la GRÂCE
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LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
Chez plusieurs, la raison du tourment n'est point la vue dés manquements, maïs l'absence de l'intensité exaltante de leurs débuts. On avait été comblé, la vie spirituelle paraissait devoir être une fête continuelle ; et puis, brusquement ou par glissement lent, tout ce qu'il y avait de capiteux dans le service de Dieu a disparu. « Il fait bon d'être ici », pensait-on, lorsqu'on était au Thabor.
L'existence a changé ; on n'est pas précisément à Gethsémani, mais sur quelque montagne sèche et que ne semble pas arroser la fontaine du puits de Jacob ; nulle végétation ; les généreux désirs d'antan ne fleurissent plus ; c'est le roc nu. On avait tant espéré se dépasser, échapper à la médiocrité ; le ciel est voilé, le nuage pèse, accablant ; et l'on se sent gagner par l'inertie.
Dieu permet l'aridité et les lassitudes dans la vie spirituelle, non pour que nous nous découragions, mais pour que nous nous instruisions ; non pour que nous prenions notre parti de la stagnation, mais pour que soient stimulés au contraire nos élans et que nous donnions la preuve effective de notre amour.
Si notre ferveur était constante, nous ne douterions pas de nous-même et deviendrions vite des orgueilleux ou, ce qui est pire, des satisfaits ; nous nous imaginerions que nous valons quelque chose par nous-mêmes.
Nous avons déjà dit qu'il fallait se garder de confondre la sainteté avec les beaux élans et les grâces gratuites que Dieu peut octroyer. La fidélité consiste à donner. Pourvu que, dans ces moments de lassitude, on ne se relâche pas des générosités promises, au moins des générosités essentielles ; pourvu qu'on ne descende pas au dessous de l'étiage fixé par les résolutions, peu importe que le ciel se couvre ou que la terre apparaisse morne et désolée.
Ne jamais oublier que la vie de l'âme ici-bas ne comporte que rarement un état d'euphorie permanent. Si l'on n'a rien fait pour mériter que Dieu s'éloigne, il n'y a qu'à se tenir dans la paix.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
Paradiso a cité
Très intéressant ce passage.
Il permet une analogie.
Dans la défense de la Sainte Église, il en est de même, lorsque le combat commence , on ressent une sorte d'exaltation, on se voit vite mettre hors d'état de nuire les ennemis de Dieu... et le temps passe, la lassitude gagne du terrain, quoi! après tant d'années et me voilà encore face à face avec les mêmes ennemis!
le ciel est voilé, le nuage pèse, accablant ; et l'on se sent gagner par l'inertie.
C'est là dans cet état qu'une âme montre sa valeur et son amour.... combattre encore et encore, être ridiculisé, tenu pour fou.. qu'importe , comme disait Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus: Mourrons le glaive à la main
Puisse le Seigneur nous soutenir toujours dans ce rude combat de la Foi
Merci Paradiso, pour cette patience à mettre en ligne tous ces beaux textes
.Chez plusieurs, la raison du tourment n'est point la vue dés manquements, maïs l'absence de l'intensité exaltante de leurs débuts. On avait été comblé, la vie spirituelle paraissait devoir être une fête continuelle ; et puis, brusquement ou par glissement lent, tout ce qu'il y avait de capiteux dans le service de Dieu a disparu. « Il fait bon d'être ici », pensait-on, lorsqu'on était au Thabor.
L'existence a changé ; on n'est pas précisément à Gethsémani, mais sur quelque montagne sèche et que ne semble pas arroser la fontaine du puits de Jacob ; nulle végétation ; les généreux désirs d'antan ne fleurissent plus ; c'est le roc nu. On avait tant espéré se dépasser, échapper à la médiocrité ; le ciel est voilé, le nuage pèse, accablant ; et l'on se sent gagner par l'inertie
Très intéressant ce passage.
Il permet une analogie.
Dans la défense de la Sainte Église, il en est de même, lorsque le combat commence , on ressent une sorte d'exaltation, on se voit vite mettre hors d'état de nuire les ennemis de Dieu... et le temps passe, la lassitude gagne du terrain, quoi! après tant d'années et me voilà encore face à face avec les mêmes ennemis!
le ciel est voilé, le nuage pèse, accablant ; et l'on se sent gagner par l'inertie.
C'est là dans cet état qu'une âme montre sa valeur et son amour.... combattre encore et encore, être ridiculisé, tenu pour fou.. qu'importe , comme disait Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus: Mourrons le glaive à la main
Puisse le Seigneur nous soutenir toujours dans ce rude combat de la Foi
Merci Paradiso, pour cette patience à mettre en ligne tous ces beaux textes
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La fidélité à la GRÂCE
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CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
C'est une erreur de beaucoup de personnes ferventes de s'imaginer trop facilement que si elles ont perdu le goût du « beau service », c'est que le Seigneur les châtie pour je ne sais quelles défaillances qu'elles pourraient avoir commises. Ces défaillances, quand elles existent, peuvent être la cause de la diminution d'intensité dans l'ardeur sentie à servir Dieu.
Mais le plus souvent la raison des disparitions de la lumière ou de la ferveur sensibles dans les âmes restées par hypothèse très fidèles est tout simplement fait normal. La terre n'est que la terre ; nous vivons dans le successif ; et de même que le jour succède à la nuit, les périodes de retombée sur nous-mêmes succèdent à des périodes d'élan, suivant un rythme qu'il ne dépend pas de nous de déterminer.
En tout état de cause, il ne doit y avoir qu'une seule règle : laisser la grâce divine jouer son jeu, et nous, jouer le nôtre, c'est-à-dire rester fidèle à la fidélité. Tôt ou tard, lumières ou ardeurs reviendront, s'il plaît à Dieu. On n'agissait pas en vue d'un paiement. On servait pour servir. Rien d'une mentalité de salarié. La grâce aide moins ; on sert quand même et sans s'occuper du reste. Telle est la tactique sage. Absolue sérénité.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
Paradiso a écrit:FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGEC'est une erreur de beaucoup de personnes ferventes de s'imaginer trop facilement que si elles ont perdu le goût du « beau service », c'est que le Seigneur les châtie pour je ne sais quelles défaillances qu'elles pourraient avoir commises. Ces défaillances, quand elles existent, peuvent être la cause de la diminution d'intensité dans l'ardeur sentie à servir Dieu.
Mais le plus souvent la raison des disparitions de la lumière ou de la ferveur sensibles dans les âmes restées par hypothèse très fidèles est tout simplement fait normal. La terre n'est que la terre ; nous vivons dans le successif ; et de même que le jour succède à la nuit, les périodes de retombée sur nous-mêmes succèdent à des périodes d'élan, suivant un rythme qu'il ne dépend pas de nous de déterminer.
En tout état de cause, il ne doit y avoir qu'une seule règle : laisser la grâce divine jouer son jeu, et nous, jouer le nôtre, c'est-à-dire rester fidèle à la fidélité. Tôt ou tard, lumières ou ardeurs reviendront, s'il plaît à Dieu. On n'agissait pas en vue d'un paiement. On servait pour servir. Rien d'une mentalité de salarié. La grâce aide moins ; on sert quand même et sans s'occuper du reste. Telle est la tactique sage. Absolue sérénité.
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Une personne bien connue me disat un jour qu'il ne fallait jamais se fier à nos impressions et qu'il fallait garder la FOI PURE. La FOI PURE...combien elle est de plus en plus nécessaire aujourd'hui où toutes nos impressions, nos sensibilités, nos sentiments sont presqu'à zéro. SURSUM CORDA
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: La fidélité à la GRÂCE
FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
(1) Myers, Human Personality, p. 56 ; cité par Rickaby, Pensées pour la Retraite, p. 134, Lethielleux.
(2) Quest. de mor. et d'éduc, Delagrave, p. 49.
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CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
Peut-être posera-t-on ici une question. La sérénité, condition de la fidélité sage, c'est fort bien. Mais justement la fidélité, — nous entendons la fidélité vraiment fidèle, — ne comporte-t-elle pas une note d'excès, une certaine « exagération », un certain luxe dans le dévouement ? « J'en veux trop », disait dans son avidité un petit prince français, le père de Philippe-Egalité.
C'est bien cela ; on en veut trop. Et lui-même, Notre-Seigneur, ne nous a-t-il pas aimé avec une abondance démesurée, nimia caritate qua dilexit nos ? L'amour qui veut répondre sens trop lésiner à l'Amour infini ne doit-il pas s'accompagner d'une certaine « folie » ?
Les exemples des saints sont là et l'on invoquerait plus d'une autorité : « Il sera bien difficile, dit un auteur anglais, de considérer comme un grand saint l'homme dont le caractère a semblé parfaitement raisonnable à ses contemporains (1). » Et Boutroux : « La morale chrétienne est loin d'être la morale de la mesure. C'est bien plutôt la morale de la folie, la morale de l'amour et du désir infini. Elle veut que nous soyons parfaits (2). »
(1) Myers, Human Personality, p. 56 ; cité par Rickaby, Pensées pour la Retraite, p. 134, Lethielleux.
(2) Quest. de mor. et d'éduc, Delagrave, p. 49.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
A suivre...LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
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CHAPITRE IV
LA SÉRÉNITÉ, GARANTIE DE LA FIDÉLITÉ SAGE
Distinguons soigneusement excès et excès. Qu'une générosité souple et toute d'amour cherche à donner comme mesure une fidélité sans mesure, rien de plus normal : aucun mélange de « nerfs », d'absence de prudence ; tout est fort, héroïque, peut-être, mais tout est apaisé, calme, sans essoufflement.
Qu'une générosité rigide au contraire et contractée se mêle de sortir des bornes et de rivaliser avec des exploits qui ne sont pas faits pour elle, on ne verra, que trop tôt les fâcheuses conséquences d'un zèle imprudent et sans assez de réserve.
Très bien l'exagération, mais chez quelqu'un qui n'est pas déjà un exagéré, sinon que de risques ! La base est en porte-à-faux : l'équilibre, au sommet, ne peut qu'être instable.
On ne sait que trop ce qu'il advient d'un aveugle conduisant un aveugle : tous deux tombent dans la fosse et c'est merveille si, ensemble, ils ne se cassent pas les reins.
Et puis, s'agit-il d'une âme accomplissant en perfection le devoir gris de la vie quotidienne, ou bien d'une âme visant à l'extraordinaire comme pour se dispenser des tâches communes qui, de beaucoup, devraient s'imposer à elle les premières ?
Des désirs de générosité qui mettraient l'âme en de perpétuelles transes ou à côté de son devoir ne seraient certainement pas de Dieu.
Le chapitre suivant va y insister.
A suivre...LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
La sérénité n'est pas seulement une garantie de fidélité sage ; elle est aussi, par un juste retour, la conséquence de la fidélité généreuse.
Saint Thomas d'Aquin le note : la joie n'est pas une vertu spéciale, mais bien plutôt l'efflorescence naturelle de la vertu de charité. Qui aime Dieu ne peut qu'être joyeux, de la joie des profondeurs, tout au moins.
C'est un fait souvent remarqué : plus une âme aime Dieu, plus elle est épanouie au dedans. A l'inverse, plus une âme est éloignée ou s'éloigne de Dieu, plus elle est envahie par la tristesse.
D'où vient, à l'époque actuelle, une bonne part de la tristesse qui plane sur le monde et incline tant de gens à chercher dans le plaisir l'oubli de vivre ? C'est l'absence de paix dans les consciences, résultat du paganisme montant.
Il suffit de prêter un peu l'oreille pour entendre la plainte des incroyants, ils ont rejeté la foi ; ils ont perdu la joie. Nommez les Taine, Anatole France, Loti, la Comtesse de Noailles ; le refrain, chez tous, est pareil.
« Vous qui entrez ici, laissez l'espérance. »
Ils sont entrés dans un Enfer plus redoutable encore que celui de Dante. N'espérant plus parce qu'ils ne croient pas, ils se lamentent, c'est naturel, ou ils jouent au stoïcisme rigide, ce qui est une autre manière d'aveu.
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Re: La fidélité à la GRÂCE
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
(1) Rademaker, Religion et Vie, p. 217.
(1) Vie, par Abbé Théloz, 1894, p. 367.
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Prenez au contraire une âme qui aime et sert Dieu. Malgré bien des souffrances parfois, elle éprouve une joie intime, parce qu'elle est attachée à Dieu et qu'elle espère.
Ainsi qu'on l'a fort bien dit : Le chrétien « est, en principe, un optimiste ; non qu'il s'aveugle sur les misères de la vie... mais il ne peut se défendre d'espérer en l'exécution des desseins de Dieu qui tendent au bien de l'homme et de la création. Que Dieu crée un monde, il ne le fait pas pour courir à un fiasco, et qu'il envoie son Fils éternel dans le monde du temps afin de remplir l'humanité d'une vie nouvelle et divine, cela est un signe qu'il est certain du succès » (1).
Et plus une âme vit en Dieu et de Dieu, plus la joie la visite, l'anime et parfois la transfigure. Exemple : François d'Assise ou le curé d'Ars.
Voici ce qu'écrit Sophie de Soubiran, fondatrice des Religieuses de Marie-Auxiliatrice : « J'ai vu que le Saint-Esprit, lorsqu'il possède et conduit une âme, produit les effets suivants. » Et comme premier effet, elle note : Il opère en elle un si grand calme qu'elle distingue tout ce qu'elle doit dire ou faire, comme dans un miroir très fidèle... « Lumière accompagnée de force, souvent de suavité, toujours d'une paix profonde, surtout si l'âme reste calme et sans action propre (1). »
(1) Rademaker, Religion et Vie, p. 217.
(1) Vie, par Abbé Théloz, 1894, p. 367.
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Re: La fidélité à la GRÂCE
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
(2) 3e éd., 1912, p. 169.
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LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
On trouve dans le Journal de Lucie-Christine, à la date du 6 octobre 1883, le texte suivant, très caractéristique :
« L'inspiration de la grâce, quelque pénible que soit le sacrifice qu'elle puisse demander, est toujours accompagnée de force et de paix, tandis que les suggestions réitérées que Satan multiplie, sous un faux semblant de bien, pour embarrasser l'âme par sa bonne volonté même, portent toujours le trouble avec elles et ne secondent pas le zèle de l'âme, outre qu'elle sont inopportunes (2). »
Les spécialistes du discernement des Esprits sont unanimes : la fidélité s'accompagne toujours de joie intérieure.
S'il fallait expliquer ici l'origine et la nature de cette joie, sans doute pourrait-on tout ramener à ces trois chefs :
— joie du service et de la vérité ;
— joie de l'amour témoigné : donner réjouit ;
— joie de la réponse intérieure et de la grâce qui rend témoignage que Dieu est content.
(2) 3e éd., 1912, p. 169.
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Re: La fidélité à la GRÂCE
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
(1) Lettres, publiées par H. Ghéon, éd. du Cerf, 82-85 ; d'autres passages sont du même esprit.
(1) Bloud et Gay, I, pp. 359 et 389.
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Mais, dira-t-on, n'y a-t-il pas bien des âmes qui, malgré une fidélité très attentive, vivent dépourvues de sérénité, parfois même dans l'angoisse ?
Oui ; permission de Dieu ou pente du tempérament. Mais ces cas d'espèce n'infirment en rien la loi générale.
Laissons de côté la question d'épreuve permise par Dieu.
Certaines personnes sont par nature prédisposées à l'hypocondrie ou du moins à un manque originel de dilatation. Leur fidélité sera toujours un peu raide, un peu tendue, manquant d'aisance.
Il semble bien qu'elle était de ce nombre cette correspondante à qui Mireille Dupouey écrivait : « Ne parlons pas trop à Dieu de nos misères... C'est un titre pour nous à sa miséricorde. Car misère n'est pas faute. Le danger n'est pas tant d'être misérable que d'analyser sa misère et de lui donner ainsi de l'importance... Cessons de nous regarder avec douleur quand nous pouvons le regarder, lui, avec amour (1). »
D'autres, sur la foi de certains auteurs spirituels pris trop à la lettre, ou par le fait d'incompréhension de nos humaines possibilités, se créent des exigences impossibles à satisfaire. Dans la Correspondance d'Augustin Cochin, il y a ce joli billet du 29 octobre 1863 à sa femme :
« Je trouve très juste ce que vous me dites sur le Dieu crucifié qui convient à la terre. Mais, je vous l'avoue, je ne me fais pas à cette expression : destruction complète de la personnalité. Non ; en devenant acier, doublons notre valeur, mais ne changeons pas de métal ; laissons-nous forger, brûler, frapper, polir, mais jamais détruire ; que notre âme soit épouse, point esclave. C'est Dieu qui m'a donné ma nature, et je dois l'améliorer, non l'anéantir. » Il ajoute : « Nous nous entendons, je crois, en pratique ; je regimbe contre la sévérité de vos termes. »
Proscrivons ces formules « irréelles » ; ce qui est exagéré n'existe pas, ainsi qu'on l'a fort bien dit, et faisons profession, comme Augustin Cochin, d'une foi qui se veut joyeuse : « La vraie parure pour nous présenter au Roi des rois, affirmait-il, c'est la gaîté d'une âme confiante (1). » Il avait mille fois raison.
(1) Lettres, publiées par H. Ghéon, éd. du Cerf, 82-85 ; d'autres passages sont du même esprit.
(1) Bloud et Gay, I, pp. 359 et 389.
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Re: La fidélité à la GRÂCE
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(2) Cité par le P. de Parvillez, Eludes, 5 mars 1928 : Auteur à dix ans, p. 592.
(1) Opuscule sur la bordé, n° 11, fin. — De sainte Thérèse d'Avila on a pu dire : « Cette carmélite, mortifiée jusqu'à l'anéantissement, est une des saintes les plus souriantes, les plus joyeuses qu'on ait vues » (L. Bertrand). N'est-ce pas à ces ressources de tempérament qu'elle dut de pouvoir tant réaliser ? On pense au mot de Romier : « Un homme heureux se reconnaît à ce qu'il ne parle que d'entreprendre. »
(2) Bethléem, t. I, p. 277.
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
« D'une de ses sœurs qui pensait au cloître, une petite d'une dizaine d'années observait : « Je sens que le bon Dieu ne la veut pas au couvent ; elle est trop sérieuse, trop calme, trop je ne sais quoi ; mais enfin ce ne sont pas celles-là qui vont au couvent, ce sont les réjouies bon-temps (2). »
La grâce ne détruit pas la nature et corrige peu ou point du tout les tendances psychologiques fondamentales d'un esprit. Heureux ceux qui disposent d'une aptitude naturelle à l'épanouissement ; ils possèdent, de ce chef, une avance considérable que les autres ne rattraperont jamais.
« Une légère pointe d'humeur joviale... ne laisse pas que d'aider la sainteté », observait en bon psychologue le P. Faber, « et peut-être que la grâce n'a pas dans la nature un plus fidèle auxiliaire » (1).
Ailleurs il dit : « La tristesse est une sorte d'incapacité spirituelle. Un homme mélancolique ne pourra jamais être autre chose qu'un convalescent dans la maison de Dieu... Dieu devra plutôt le servir en qualité d'infirmier, que lui ne servira Dieu comme son Père et son roi (2). »
(2) Cité par le P. de Parvillez, Eludes, 5 mars 1928 : Auteur à dix ans, p. 592.
(1) Opuscule sur la bordé, n° 11, fin. — De sainte Thérèse d'Avila on a pu dire : « Cette carmélite, mortifiée jusqu'à l'anéantissement, est une des saintes les plus souriantes, les plus joyeuses qu'on ait vues » (L. Bertrand). N'est-ce pas à ces ressources de tempérament qu'elle dut de pouvoir tant réaliser ? On pense au mot de Romier : « Un homme heureux se reconnaît à ce qu'il ne parle que d'entreprendre. »
(2) Bethléem, t. I, p. 277.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
[quote="Monique"]FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Il faut apprendre à certaines âmes toujours déprimées, toujours mécontentes d'elles-mêmes, à savoir s'accepter ; à s'encourager du peu qu'elles font ; à se dire, leur bonne volonté se trouvant hors de cause : « Je contente le Seigneur, telle que je suis. » Vous avez des défauts, c'est entendu. Vous ne faites pas tout bien, je le conçois. Souvenez-vous qu'à la fin des temps, quand le Maître viendra sur terre, il ne cherchera pas des âmes sans déficit aucun, et parvenues à la perfection sans défaillance, mais des âmes désireuses du bien et luttant : « Bienheureux celui que le Maître trouvera (non point parfait, mais) veillant. »
Les âmes que Dieu cherche en tous temps, les voilà : non pas celles qui sont « arrivées » ; celles qui « tendent ».
« Vous me direz que c'est couper court au progrès que de se tenir pour content avec tant d'imperfections, tant de faiblesses qu'on saisit en soi », répondait l'abbé de Tourville à une de ces âmes angoissées que rien ne contente. « Je pense absolument le contraire. Si nous sommes mécontents, nous voilà lassés, démoralisés, tourmentés, en un mot, épuisés. Et cela ne va plus. Soyons donc modestes dans nos désirs surnaturels comme en tout et soyons très heureux de peu (1). »
Aussi bien, à la distance où nous sommes de Dieu, peu ou beaucoup c'est toujours très peu. Ce n'est pas une raison pour ceux à qui Dieu demande beaucoup de ne pas le donner (2) ; mais c'est un réconfort, pour ceux qui ne peuvent donner beaucoup, de savoir que, regardés d'où est Dieu, peu et beaucoup ne sont pas si éloignés l'un de l'autre, et que, dans tous les cas, un rien d'humilité joyeuse, s'ils consentaient à s'y plier, compenserait pour les générosités que, par faiblesse, ils ont omis d'offrir.
(1) Piété confiante, pp. 319, 320. — Voir aussi p. 27 : « Aimez N.-S. avec simplicité, c'est-à-dire avec la parfaite conviction de votre insuffisance perpétuelle et immense, mais contente de l'aimer ainsi. Ne cherchez pas à lutter sérieusement d'amour avec N.-S. ; il importe que vous soyez battue dans ce conflit. Allez seulement avec simplicité et humilité comme vous le pouvez bonnement. Ce sera la perfection, »
(2) S'accepter ne veut pas dire s'encroûter ; sérénité ne signifie pas stagnation. Ne pas appliquer indûment à toutes les catégories d'âmes ce qui est dit ici pour une catégorie bien déterminée.
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Monique- Nombre de messages : 13758
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Re: La fidélité à la GRÂCE
FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Mais enfin, mes infidélités, vous les acceptez ?
Je réponds, — il s'agit évidemment des infidélités dans lesquelles il vous revient une part de responsabilité, car des autres nous ne parlons pas : Supportez-les sans vous aigrir ; Compensez-les sans vous démonter.
Supportez-les sans vous aigrir. Seulement au ciel, vous serez parfait. Sur terre, on n'arrive jamais complètement. Saint François de Sales prévient sagement que notre amour-propre (notre égoïsme) ne mourra qu'un quart d'heure après nous. C'est tout dire.
Et vous avez mieux encore à faire qu'à supporter ; cherchez à compenser, et le moyen est facile : d'abord en vous efforçant de donner davantage, stimulé que vous êtes par un passé qui vous talonne ; et puis et plus encore, en espérant de Notre-Seigneur qu'il se charge de combler le déficit.
Vous ne faites qu'un avec le Christ, depuis votre baptême, et parce que membre du Christ depuis ce temps, il vous appartient de « parfaire » ce qui manque à la Passion du Christ. Mais si, membre, vous êtes l'humble « complément » du Christ, au sens où l'entend saint Paul et l'Eglise, Lui Jésus, le Chef aimé, est votre divin « Supplément ».
Le grand œuvre de votre sanctification est un travail à deux ; ce que vous n'êtes pas arrivé à offrir au Père parce que vous avez été lâche, Lui se doit de l'offrir à votre place, et son infini supplée à tous vos manques. Cela ne vous donne pas le droit, avant d'agir, de le laisser tout faire ; cela vous donne le pouvoir, après coup, en constatant que vous avez faibli dans l'action, d'offrir au Père, en compensation de vos faiblesses — non acceptées certes et dûment regrettées — la puissance d'hommage et de réparation du Fils.
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CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Mais enfin, mes infidélités, vous les acceptez ?
Je réponds, — il s'agit évidemment des infidélités dans lesquelles il vous revient une part de responsabilité, car des autres nous ne parlons pas : Supportez-les sans vous aigrir ; Compensez-les sans vous démonter.
Supportez-les sans vous aigrir. Seulement au ciel, vous serez parfait. Sur terre, on n'arrive jamais complètement. Saint François de Sales prévient sagement que notre amour-propre (notre égoïsme) ne mourra qu'un quart d'heure après nous. C'est tout dire.
Et vous avez mieux encore à faire qu'à supporter ; cherchez à compenser, et le moyen est facile : d'abord en vous efforçant de donner davantage, stimulé que vous êtes par un passé qui vous talonne ; et puis et plus encore, en espérant de Notre-Seigneur qu'il se charge de combler le déficit.
Vous ne faites qu'un avec le Christ, depuis votre baptême, et parce que membre du Christ depuis ce temps, il vous appartient de « parfaire » ce qui manque à la Passion du Christ. Mais si, membre, vous êtes l'humble « complément » du Christ, au sens où l'entend saint Paul et l'Eglise, Lui Jésus, le Chef aimé, est votre divin « Supplément ».
Le grand œuvre de votre sanctification est un travail à deux ; ce que vous n'êtes pas arrivé à offrir au Père parce que vous avez été lâche, Lui se doit de l'offrir à votre place, et son infini supplée à tous vos manques. Cela ne vous donne pas le droit, avant d'agir, de le laisser tout faire ; cela vous donne le pouvoir, après coup, en constatant que vous avez faibli dans l'action, d'offrir au Père, en compensation de vos faiblesses — non acceptées certes et dûment regrettées — la puissance d'hommage et de réparation du Fils.
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Re: La fidélité à la GRÂCE
FIDÉLITÉ ET SÉRÉNITÉ
CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Le problème de notre sanctification ne comporte pas que deux termes : nous et Dieu. Il en comporte trois : nous, le Christ, le Père (la Trinité Sainte). Et avec le Christ, médiateur divin, nous ne faisons qu'un.
Cela réclame que nous lui soyons unis par la plus grande fidélité possible. Cela permet, en cas d'infidélité, d'en appeler à sa puissance infinie de suppléance et de le présenter en compensation, lui sans tache, à Dieu.
La goutte d'eau, dans le vin du calice, peut avoir, hélas ! en suspension, des poussières ; unie au vin du calice, elle bénéficie de la Proximité sainte, de la miraculeuse identification.
Dieu ne regarde pas les poussières, mais le sang du Christ. Il y a des poussières dans notre offrande ; n'oublions donc pas qu'elles sont noyées dans la grande offrande jumelée du Chef et du membre.
Et c'est ainsi qu'une bonne âme, malgré des défaillances de détail dues à sa faiblesse, devrait être incapable de jamais perdre sa joie.
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FIN
CHAPITRE V
LA SÉRÉNITÉ, CONSÉQUENCE DE LA FIDÉLITÉ GÉNÉREUSE
Le problème de notre sanctification ne comporte pas que deux termes : nous et Dieu. Il en comporte trois : nous, le Christ, le Père (la Trinité Sainte). Et avec le Christ, médiateur divin, nous ne faisons qu'un.
Cela réclame que nous lui soyons unis par la plus grande fidélité possible. Cela permet, en cas d'infidélité, d'en appeler à sa puissance infinie de suppléance et de le présenter en compensation, lui sans tache, à Dieu.
La goutte d'eau, dans le vin du calice, peut avoir, hélas ! en suspension, des poussières ; unie au vin du calice, elle bénéficie de la Proximité sainte, de la miraculeuse identification.
Dieu ne regarde pas les poussières, mais le sang du Christ. Il y a des poussières dans notre offrande ; n'oublions donc pas qu'elles sont noyées dans la grande offrande jumelée du Chef et du membre.
Et c'est ainsi qu'une bonne âme, malgré des défaillances de détail dues à sa faiblesse, devrait être incapable de jamais perdre sa joie.
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