Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Ven 21 Sep 2012, 6:09 am

VII. La sœur Bourgeoys se lie d'une sainte amitié avec Mlle Mance.


En arrivant, elle alla loger au magasin de la compagnie de Montréal (3), et s'empressa de donner tous ses soins à ceux des passagers qui n'étaient pas encore entièrement guéris de la maladie qui s'était déclarée dans la traversée. Ce fut alors qu'elle eut l'avantage de connaître Mlle Mance, et que ces deux saintes âmes, destinées par la divine Providence à travailler de concert, quoique d'une manière différente, à la formation et à la sanctification de la colonie de Villemarie, se lièrent d'une sainte et très-étroite amitié (4). Dès son arrivée à Québec, M. de Maisonneuve s'empressa en effet de faire connaître à Mlle Mance le caractère et la vertu de la sœur Bourgeoys, qu'il ne cessait d'admirer toujours davantage à mesure que ses rapports avec elle devenaient plus intimes et plus habituels.

« J'amène, lui dit-il, une excellente fille nommée Marguerite Bourgeoys, personne de bon sens et de bon esprit, et dont la vertu est un trésor qui sera un puissant secours au Montréal. Au reste, c'est encore un fruit de notre Champagne, qui semble vouloir donner à ce lieu plus que toutes les autres provinces réunies ensemble (1). »

M. de Maisonneuve faisait ici allusion au pays de Mlle Mance et au sien propre, car l'un et l'autre étaient nés dans cette province. Il lui raconta en détail l'entrée de la sœur Bourgeoys dans la congrégation externe de Troyes, les grands exemples de perfection qu'elle y avait donnés, le choix qu'on avait fait d'elle pour la charge de préfète pendant douze années consécutives, enfin toutes les circonstances de sa vocation à Villemarie, et les espérances qu'il avait conçues d'elle pour l'instruction et la sanctification des jeunes personnes de cette colonie.

Mlle Mance, apprenant tous ces détails de la bouche de M. de Maisonneuve, considéra dès ce moment la sœur Bourgeoys comme une compagne et une sœur que la grâce de DIEU lui avait préparée pour seconder son zèle, et lui donna sa plus entière confiance.

_________________________________________________

(3) Ibid.
(4) [i] Histoire du Montréal de
1652 1653.
(1) Histoire du Montréal, ibid.

A suivre VIII. Changement que la grâce opère dans les cent hommes à leur arrivée en Canada.

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Message  Louis Ven 21 Sep 2012, 1:27 pm

VIII. Changement que la grâce opère
dans les cent hommes à leur arrivée en Canada.


Ces deux saintes amies n'eurent pas cependant alors la consolation de se communiquer leurs pensées et leurs vues aussi librement qu'elles l'auraient désiré. Mlle Mance retourna promptement à Montréal, afin d'annoncer elle-même l'arrivée de M. de Maisonneuve et de sa recrue, et laissa la sœur Bourgeoys à Québec, où sa présence était nécessaire pour fournir aux soldats les provisions de chaque jour (1). En arrivant dans cette ville avec les 100 hommes, la sœur eut l'occasion de se convaincre par elle-même des changements merveilleux que la grâce opérait sur la plupart de ceux qui se dévouaient à l'œuvre de Villemarie (2).

Quoiqu'on eût pris toutes les précautions désirables pour former cette recrue d'hommes intègres et vertueux, la sœur, comme on l'a vu, ne jugeait pas qu'ils fussent tous disposés à mourir saintement, lorsque, en arrivant à Saint-Nazaire, le navire avait été sur le point de faire naufrage. Il est même à remarquer que, dès les premiers jours de la traversée, plusieurs de ces hommes, qui n'avaient pas le cœur assez pur, ni l'intention assez droite, pour ne penser que du bien de leur prochain, avaient conçu quelques soupçons sur M. de Maisonneuve, à cause de ses attentions pour la sœur Bourgeoys (3).

Mais lorsqu'ils eurent connu la vertu de l'un et de l'autre, ils n'eurent plus pour eux que de l'estime et de la vénération. Enfin en mettant le pied sur la terre du Canada, ils semblèrent être changés en des hommes nouveaux. « Mlle Mance retourna à Montréal, dit la sœur Bourgeoys, et je restai seule à Québec pour faire fournir les provisions aux soldats, ils étaient doux comme de vrais religieux, ce qui me donnait bien de la joie d'aller avec eux à Villemarie ; et peu de temps après leur arrivée dans ce lieu, ces cent hommes étaient changés comme le linge qu'on a mis à la lessive (1). »

Le séjour de la sœur Bourgeoys à Québec fut plus prolongé qu'elle ne l'aurait désiré, à cause du refus qu'on faisait de donner à M. de Maisonneuve les barques nécessaires pour conduire sa recrue, quoiqu'on lut obligé à lui en fournir. M. de Lauson espérait que par là il les retiendrait à Québec; mais M. de Maisonneuve déclara que ces hommes avaient trop coûté à la compagnie de Montréal pour qu'il en laissât un seul ; et enfin, étant venu à bout de se procurer des barques, il remonta le fleuve Saint-Laurent, faisant passer tout son monde devant lui et marchant le dernier pour ne laisser personne (2).

_____________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 43-44. — Vie de la même, 1818, p.62.
(3) Relation de ce qui s’est passé en la Nouv.– France, de 1642 à 1643, par le Père Vimont, chap. v, p. 5.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
A suivre : IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie…

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Message  Louis Sam 22 Sep 2012, 6:25 am

IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie.
Leur activité pour fortifier cette place. Leur piété.


Ce fut une joie inexprimable à Villemarie de voir arriver M. de Maisonneuve avec sa recrue de cent hommes ; ce n'était de toutes parts qu'actions de grâces qu'on rendait à. DIEU et spécialement à la très-sainte Vierge, aux prières de laquelle on avait attribué jusque-là, avec tant de raison, la conservation si providentielle de cette colonie fondée pour sa gloire (3).

Tous les hommes, à peine arrivés à Villemarie, s'empressèrent de défricher des terres, d'abattre et de scier des arbres, et de préparer, chacun selon son état, avec une activité infatigable, les matériaux nécessaires pour élever promptement des bâtiments en charpente et sortir enfin du fort où la petite colonie était renfermée.

On commença par construire, aux frais des seigneurs, l'église de l'hôpital ; on augmenta de beaucoup le corps de logis de cette maison, auquel on donna quatre-vingts pieds d'étendue (env. 24 m.) sur trente (env. 18 m.) de profondeur (1) ; et pour que MlleMance ne fût plus obligée de l'abandonner par la crainte des Iroquois, et de se retirer dans le fort avec ses malades, on construisit tout auprès deux redoutes, que l'on fournit d'armes et de munitions, afin de s'y défendre en cas d'attaque (2).

Plusieurs d'entre les colons élevèrent pour leur propre usage des maisons auprès de l'hôpital. M. de Maisonneuve fit construire, aux frais des seigneurs, une redoute sur le haut du coteau Saint-Louis, indépendamment d'une autre qui était au-dessous de ce coteau (3); et, pour aider les colons à s'établir ainsi hors du fort, la compagnie de Montréal leur donna à chacun une somme, à condition qu'ils demeureraient toute leur vie dans l'île, tant qu'elle ne serait pas abandonnée par la compagnie , ou qu'ils rendraient cette somme s'ils venaient à la quitter d'eux-mêmes (1).

Enfin…

_________________________________________________

(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Histoire du Montréal, de 1653 à 1654. — Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(2) Archives du séminaire de Villemarie : mémoire de Mlle Mance sur les dépenses faites par les seigneurs, etc.
(3) Ibid. Acte du 2 février 1654 entre M. de Maisonneuve et les sieurs Bondy, Godin et Janot.
(1) Engagements du séminaire de Villemarie, engagements de 1654.

A suivre…

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Message  Louis Sam 22 Sep 2012, 11:10 am

IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie.
Leur activité pour fortifier cette place. Leur piété.
(suite)


Enfin au printemps suivant 1654, Mlle Mance sortit du fort pour occuper les bâtiments de l'hôpital, qu'on n'abandonna plus depuis. La petite colonie était, en effet, si bien unie entre elle, si dévouée au bien commun, elle montrait tant de résolution à se maintenir à Villemarie, qu'elle inspira bientôt de la terreur aux Iroquois, malgré leur grand nombre (2).

Rien de plus touchant que la charité désintéressée et courageuse de ces fervents colons les uns pour les autres. M. de Maisonneuve avait formé parmi eux une compagnie de soldats désignée sous le titre de compagnie de la très-sainte Vierge , qui devaient être toujours dans la disposition de sacrifier leur vie pour conserver celle des autres colons, et qui pour cela faisaient tour à tour la garde auprès des habitations et des champs, où les sauvages avaient coutume de se cacher pour les surprendre.

« M. de Maisonneuve, dit la sœur Bourgeoys, en avait associé soixante-trois, dont le nombre fait neuf fois sept, pour honorer le nombre des années que la très-sainte Vierge a passées comme on croit sur la terre. Tous les dimanches il en marquait pour communier chaque jour de la semaine, et leur faisait une exhortation.

Quand les soldats montaient la garde, c'était toujours avec des prières; et s'ils avaient quelque devoir religieux à remplir, on les conduisait pour cela à l'église; ils y faisaient leurs dévotions et quelques prières dont ils paraissaient fort contents (1). »

_______________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1653 à 1654.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : x. La sœur Bourgeoys n'a d’abord aucun enfant à instruire…


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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 6:46 am

X. La sœur Bourgeoys n'a d’abord aucun enfant à instruire.
M. de Maisonneuve lui donne le soin de sa maison.


Dans l'état ou était encore la colonie, la sœur Bourgeoys ne pouvait guère avoir occasion d'exercer son zèle pour l'éducation chrétienne des enfants, car jusque alors on avait eu soin de n'envoyer à Montréal que des célibataires ; et il y avait eu à peine quelques mariages depuis l’établissement de la colonie. Mais cette année M. de Maisonneuve ayant permis à ses soldats de s'établir (2), il y eut quatorze mariages (3) ; ce qui faisait espérer que dans peu d'années la sœur Bourgeoys aurait des enfants à instruire et à former.

Une autre cause qui avait empêché de sentir jusque alors le besoin d'une institutrice, c'est que tous les enfants français, nés à Villemarie, depuis l’établissement de cette colonie, étaient morts en bas âge. « On a été environ huit ans, dit la sœur Bourgeoys, sans pouvoir garder d'enfants à Montréal; ce qui donnait bonne espérance, puisque DIEU prenait les prémices. La première qui est restée vivante fut Jeanne Loysel, que l'on me donna à quatre ans et demi, et qui a été élevée et a demeuré à la maison jusqu'à son mariage avec Jean Bourdon. Jean Desroches est venu après Jeanne Loysel (1). »

En attendant que la sœur pût se rendre utile aux enfants, M. de Maisonneuve lui donna le soin de sa maison et le maniement de tous ses intérêts domestiques, dont il s'occupait si peu lui-même ; car il vivait dans un esprit de désintéressement comparable à celui du religieux le plus fervent. Elle demeura ainsi, les quatre premières années de son séjour à Villemarie (2), dans le fort où résidait M. de Maisonneuve (3).

Il la considérait cependant non comme une servante, mais comme une personne d'une vertu éminente que DIEU lui avait donnée pour l'aider à travailler à son salut par la pratique des plus hautes maximes de la perfection, dont elle lui donnait d'ailleurs des exemples si touchants dans sa propre personne.

________________________________________

(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, année 1654.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph par la sœur Morin.
(3) Archives du séminaire de Villemarie, actes divers. — Lettres de M. Tronson.
A suivre : XI. La sœur Bourgeoys aide M. de Maisonneuve…


Dernière édition par Louis le Dim 23 Sep 2012, 12:00 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 11:51 am

XI. La sœur Bourgeoys aide M. de Maisonneuve à s'avancer dans la perfection.


Ce fut par les conseils de cette sainte fille, que M. de Maisonneuve soutint constamment ce beau caractère de parfait désintéressement, dont il avait toujours fait profession, depuis son arrivée en Canada. N'y étant venu que pour procurer les intérêts de DIEU, il ne chercha jamais les siens propres, quoiqu'il l'eût pu par des voies très-légitimes (1), et laissa à tous les gouverneurs un grand exemple de détachement, qui malheureusement n'a presque point eu d'imitateurs.

Par les conseils de la sœur Bourgeoys, il pratiqua, dans la place de gouverneur de Villemarie, la pauvreté évangélique la plus entière et la plus généreuse, se privant lui-même de tout pour soulager les colons, se contentant d'un seul domestique, et aimant à se vêtir d'habits très-simples, tels que le capot gris, alors à l'usage des hommes du commun.

Ce fut encore sur les sages avis de la sœur que, pour ne mettre aucune borne à sa perfection, il voua à DIEU une chasteté perpétuelle. Ayant éprouvé quelques peines d'esprit dont il s'était ouvert à l'un des PP. Jésuites qui desservaient l'église de l'hôpital, celui-ci lui avait conseillé de se marier; mais M. de Maisonneuve éprouvait des répugnances insurmontables pour le mariage. Il fit part de son embarras à la sœur Bourgeoys, qui lui conseilla au contraire de faire vœu de chasteté perpétuelle. Le Père Jérôme Lalemant, qu'il consulta là-dessus, approuva l'avis de la sœur; et M. de Maisonneuve, ayant prononcé ce vœu, se trouva depuis délivré de toutes ses peines (2).

__________________________________________________

(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
A suivre : XII. Origine du pèlerinage de la montagne.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 5:52 am

XII. Origine du pèlerinage de la montagne.


Peu de temps après son arrivée à Villemarie, la sœur Bourgeoys, saintement empressée de procurer la sanctification de la colonie, contribua par la ferveur de son zèle au rétablissement d'un lieu de dévotion et de pèlerinage, que la piété de M. de Maisonneuve avait érigé à une demi-lieue de la ville, la première année de son séjour dans l'île de Montréal, et dont il est à propos de rappeler ici l'occasion.

En 1642, après que la petite colonie eut construit, sur le bord du fleuve Saint-Laurent, un fort de pieux pour s'y mettre à l'abri des insultes des sauvages, le fleuve s'enfla tellement vers la fin de décembre, que la nuit de la veille de Noël on craignit qu'il n'entraînât dans sa furie le fort lui-même et tout ce qu'il renfermait pour la subsistance des colons. Dans cette extrémité, M. de Maisonneuve, ayant réuni sa petite troupe, fit au nom de tous un vœu à DIEU, par lequel il s'obligea d'aller planter une croix de bois sur la montagne de Montréal. Les eaux néanmoins ne laissèrent pas de croître encore et de remplir le fossé du fort ; mais dès qu'elles mouillèrent le seuil de la porte, elles s'arrêtèrent et se retirèrent enfin. M. de Maisonneuve, qui s'était empressé de faire construire la croix, se mit en devoir d'exécuter son vœu le jour de l'Épiphanie 1643 (1).

« Il la porta lui-même sur la montagne, dit la sœur Bourgeoys ; ce qui n'était pas une petite charge, par le chemin escarpé de cette montagne, comme il l'était alors. Les autres (qui l'accompagnaient) portaient les pièces de bois pour le piédestal. On y fit un autel où le Père (du Perron) dit la sainte Messe. Depuis ce temps les personnes qui pouvaient quitter l'habitation, allaient y faire des neuvaines, à dessein d'obtenir la conversion des sauvages et de les voir venir avec soumission pour être instruits. Il se rencontra un jour que de quinze ou seize personnes qui y étaient allées, pas une ne pouvait servir la sainte Messe. Mlle Mance fut obligée de la faire servir par Pierre Gadois, qui était un enfant, en lui aidant à prononcer les réponses. Tout cela se faisait avec bien de la piété (1). »

Tels furent l'origine et le but du pèlerinage à la montagne.

_________________________________________________________

(1) Relation de ce qui s’est passé en la Nouv. France en 1642 et 1643, par le Père Vimont. chap. XI, p. 198, 199, 200.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIII. La sœur Bourgeoys rétablit la croix du pèlerinage de la montagne.


Dernière édition par Louis le Lun 24 Sep 2012, 2:45 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 1:16 pm

XIII. La sœur Bourgeoys rétablit la croix du pèlerinage de la montagne.


Avant que la sœur Bourgeoys arrivât en Canada et durant sa traversée, M. de Maisonneuve lui avait souvent parlé de ce lieu de dévotion, en lui promettant de l'y faire conduire lorsqu'ils seraient à Villemarie. Toutefois, durant l'absence de M. de Maisonneuve, les Iroquois l'avaient entièrement ruiné, sans que ceux de Villemarie, qui n'osaient plus sortir de leur fort, en eussent connaissance. « Quand je fus arrivée, dit la sœur Bourgeoys, M. de Maisonneuve, pour s'acquitter de la promesse qu'il m'avait faite de me mener sur la montagne, détacha trente hommes qui m'y accompagnèrent. Mais les sauvages avaient ôté la croix (1). »

Quel regret pour la sœur de ne plus retrouver de traces de ce monument si vénéré ! Animée d’une sainte ferveur, elle prend sur-le-champ la résolution de le rétablir. De retour à Villemarie, elle excite le zèle des ouvriers, et, de l'avis de M. de Maisonneuve, il est résolu qu'on ira de nouveau sur la montagne pour y planter une croix selon les vues et sous la direction de la sœur.

« Je fus destinée pour cela, dit-elle; j'y menai Minime (fervent chrétien et charpentier très-habile) (2) avec quelques autres hommes, et nous y fûmes trois jours de suite. La croix fut plantée ainsi qu'une palissade de pieux pour la clore. Mais l'on ne put plus y retourner ; car il survint des empêchements de la part des Iroquois, qui se cachaient dans le bois pour surprendre nos travailleurs (3). »

______________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
(3) Écrits autographes, etc.
A suivre : XIV. Charité de la sœur Bourgeoys à l’égard des colons de Villemarie.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 8:00 pm

XIV. Charité de la sœur Bourgeoys à l’égard des colons de Villemarie.


Le choix que fit M. de Maisonneuve de la sœur Bourgeoys pour présider au rétablissement de ce monument, et l'empressement des pieux colons à exécuter les désirs de cette sainte fille, montrent assez la grande considération dont elle jouissait déjà dans la colonie, et l'ascendant que sa vertu lui donnait sur tous les esprits. Il eût été difficile en effet qu'il en fût autrement à l'égard de la sœur Bourgeoys : sa charité, qui semblait la multiplier elle-même, la faisait être toute à tous pour les gagner tous à JESUS-CHRIST, et l'on était sûr de la trouver partout où il y avait quelque bien à faire. On la voyait visiter et servir les malades, consoler les affligés, instruire les ignorants, blanchir le linge et raccommoder gratuitement les hardes des pauvres et des soldats, ensevelir les morts et se dépouiller en faveur des nécessiteux des choses qui lui étaient le plus nécessaires.

Nous avons raconté qu'au moment de rembarquement, M. Lecoq avait voulu lui donner un lit pour son usage ; mais elle ne le conserva pas longtemps, et sembla ne l'avoir accepté que pour en disposer elle-même en faveur des nécessiteux.

Durant un hiver très-rude, un soldat tout transi de froid vint implorer sa charité, en lui représentant qu'il n'avait pas sur quoi se coucher pour se garantir du froid pendant la nuit. La sœur Bourgeoys, accoutumée à regarder comme un fardeau insupportable tout ce qu'elle avait en propre, ne balance pas un instant : elle va chercher son matelas et le lui donne aussitôt. Peu de temps après, un autre soldat, désireux de partager lui-même la bonne fortune de son camarade, vint trouver la sœur pour lui exposer aussi sa misère : celui-ci obtint la paillasse. Deux autres, sans savoir que la sœur se dépouillait ainsi elle-même, étant venus à leur tour pour implorer sa charité, elle leur donna les deux couvertures. Personne, dit-on, ne se présenta pour avoir l'oreiller, qu'elle eût donné volontiers ; car elle savait se passer de tout. Ainsi dépouillée, elle prenait plaisir à coucher sur le plancher, qui était son lit le plus ordinaire, malgré la rigueur de la saison ; se croyant bien dédommagée de ses sacrifices lorsqu'à ce prix elle pouvait soulager les autres.

Enfin, elle était à l'égard de tous, dans cette nouvelle colonie, comme une mère commune, la consolation de l'affligé, le soutien du faible et de l'indigent (1).

______________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 66-67. — Vie de la même, par M. Ronsonet, p. 55.
A suivre : Chapitre IV. Établissement du séminaire Saint-Sulpice. La sœur Bourgeoys commence ses écoles et jette les fondements de l’église Notre-Dame de Bon Secours.

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Message  ROBERT. Mar 25 Sep 2012, 11:10 am

Louis a écrit:
XIV. Charité de la sœur Bourgeoys à l’égard des colons de Villemarie.


... Durant un hiver très-rude, un soldat tout transi de froid vint implorer sa charité, en lui représentant qu'il n'avait pas sur quoi se coucher pour se garantir du froid pendant la nuit. La sœur Bourgeoys, accoutumée à regarder comme un fardeau insupportable tout ce qu'elle avait en propre, ne balance pas un instant : elle va chercher son matelas et le lui donne aussitôt. Peu de temps après, un autre soldat, désireux de partager lui-même la bonne fortune de son camarade, vint trouver la sœur pour lui exposer aussi sa misère : celui-ci obtint la paillasse. Deux autres, sans savoir que la sœur se dépouillait ainsi elle-même, étant venus à leur tour pour implorer sa charité, elle leur donna les deux couvertures. Personne, dit-on, ne se présenta pour avoir l'oreiller, qu'elle eût donné volontiers ; car elle savait se passer de tout. Ainsi dépouillée, elle prenait plaisir à coucher sur le plancher, qui était son lit le plus ordinaire, malgré la rigueur de la saison ; se croyant bien dédommagée de ses sacrifices lorsqu'à ce prix elle pouvait soulager les autres.



Cet exemple de la charité de la Sœur Marguerite Bourgeois

me fait penser à celle de Saint Thomas de Villeneuve

qui couchait dans un lit qui ne lui appartenait plus.

.
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Message  Louis Mar 25 Sep 2012, 3:31 pm

CHAPITRE IV

ÉTABLISSEMENT DU SÉMINAIRE SAINT-SULPICE À VILLEMARIE.
LA SŒUR BOURGEOYS COMMENCE SES ÉCOLES,
ET JETTE LES FONDEMENTS
DE L’ÉGLISE NOTRE-DAME DE BON SECOURS.


I. M. de Maisonneuve passe en France pour prier
M. Olier d’envoyer de ses ecclésiastiques à Villemarie.

Nous avons dit que le dessein de DIEU dans la fondation de Villemarie, était de répandre dans cette colonie l'esprit de la sainte famille par trois communautés, auxquelles donneraient naissance trois personnes, qui devaient participer, chacune selon sa vocation spéciale, à l'esprit de JESUS, de Marie et de saint Joseph. Pour préparer de loin l'exécution de ce dessein, DIEU avait inspiré aux premiers associés de Montréal la résolution d'y établir trois communautés : l'une d'ecclésiastiques séculiers, l'autre de filles pour l'instruction des enfants, et la troisième de sœurs hospitalières pour le soulagement des malades.

Mais l'état chancelant de la colonie, toujours en guerre avec les Iroquois, et sans cesse exposée à être dissipée et ruinée par ces barbares, n'avait pas permis, durant les quinze premières années, de donner commencement à ce dessein, quoique déjà M. Olier eût établi en France une communauté de prêtres séculiers, et M. de la Dauversière une communauté d'hospitalières , dont ils devaient former l'un et l'autre un établissement à Villemarie.

Mlle Mance, dans un voyage qu'elle avait fait à Paris en 1649, avait beaucoup pressé M. Olier d'y envoyer enfin de ses ecclésiastiques. D'autres personnes fixées dans cette colonie écrivaient de leur côté à M. Olier une multitude de lettres pour lui faire aussi les mêmes instances (1), et avec d'autant plus de raison que les membres de la compagnie de Montréal avaient toujours témoigné ne vouloir établir dans le pays que des ecclésiastiques de son séminaire (2).

De plus, les RR. PP. Jésuites, qui s'étaient efforcés jusque alors de desservir la petite colonie de Villemarie, désiraient eux-mêmes d'en être déchargés. Etant sans fondation dans ce lieu, et n'y ayant reçu de la compagnie que deux arpents de terre, comme le reste des colons (3), avec leur entretien (4), ils avaient représenté plusieurs fois qu'ils ne pouvaient le desservir au préjudice de leurs missions sauvages (5); et, dans l'impossibilité de suffire à tout, ils s'étaient vus obligés plusieurs fois de laisser sans missionnaire l'habitation de Montréal (6).

Enfin Mlle Mance et M. de Maisonneuve, apprenant chaque année que M. Olier était toujours malade et en danger de perdre la vie, crurent, en 1655, qu'il ne fallait plus différer d'obtenir de lui des ecclésiastiques (1). Dans ce dessein, après avoir nommé M. Lambert-Closse gouverneur du pays en son absence (2), M. de Maisonneuve partit lui-même pour aller solliciter M. Olier, et le faire solliciter encore par les associés de Montréal, sans faire connaître cependant à personne en Canada le motif de son voyage (3).

_________________________________________________

(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice, à Paris ; assemblée du 31 mars 1663.
(2) Histoire du Canda, par M. de Belmont. Manuscrit de la Biblioth. Royale. Suppl. français , 1265.
(3) Premier établissement de la Foi dans la Nouvelle-France, par le P. Le Clercq, 1691, t. II, p. 52.
(4) Ibid. p. 48.
(5) Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(6) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1655 à 1656.
(1) Histoire du Canada, ibid.
(2) Archives du séminaire de Villemarie, île de Montréal, nº 544, acte du 25 août 1655.
(3) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : II. M. Olier nomme quatre ecclésiastiques pour Villemarie…

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 6:31 am

II. M. Olier nomme quatre ecclésiastiques pour Villemarie;
il prend des mesures pour y établir
les sœurs de Saint-Joseph, et meurt.


Arrivé à Paris, M. de Maisonneuve, après l'avoir informé de tout ce qui concernait la colonie, réitère ses instances et le prie de se ressouvenir d'une lettre que Mlle Mance lui avait écrite l'année précédente, pour l'avertir qu'il était temps d'exécuter enfin tous les beaux projets qu'il avait toujours faits pour Villemarie, et d'y envoyer sans délai des prêtres de son séminaire (4). Tous les membres de la compagnie de Montréal faisant de leur côté les mêmes instances, M. Olier, qui avait déjà adressé beaucoup de prières à DIEU pour ce dessein, crut y reconnaître clairement sa volonté (5), et s'empressa d'y donner les mains. Il nomma donc quatre ecclésiastiques pour cette mission, M. Gabriel de Queylus, abbé de Loc-Dieu, docteur en théologie ; M. Souart, bachelier en droit-canon, M. Galinier et M. d'Allet (6).

Comme d'ailleurs il ne doutait pas que le moment ne fût venu de fixer aussi à Villemarie la communauté naissante des hospitalières de Saint-Joseph, formée à la Flèche par M. de la Dauversière, il signa, conjointement avec tous les associés de Montréal, un acte d'engagement pour donner à ces filles la conduite de l'Hôtel-Dieu de Villemarie, dès que la compagnie aurait fait construire les bâtiments nécessaires pour les recevoir. M. de Maisonneuve signa lui-même ce contrat (1) et partit avec les ecclésiastiques de Saint-Sulpice pour s'embarquer à Saint-Nazaire (*).

On eut lieu d'admirer la conduite de la divine Providence dans le dessein qu'elle avait inspiré à M. de Maisonneuve d'aller solliciter M. Olier; car les ecclésiastiques de Saint-Sulpice ne seraient point partis pour Villemarie, non plus que les sœurs de Saint-Joseph, s'il eût différé son voyage, M, Olier étant mort cette année, le 2 avril I657, avant qu'ils eussent mis à la voile (1). Il est même à remarquer que ces ecclésiastiques seraient vraisemblablement revenus sur leurs pas en apprenant cette nouvelle, si M. Olier n'eût déclaré avant sa mort que DIEU demandait ce voyage de leur part, et qu'ils devaient le continuer (2), quelque obstacle qu'ils y rencontrassent.

_____________________________________________

(4) Ibid.
(5) Archives du séminaire de Paris ; assemblée du 31 mars 1663.
(6) Histoire du Montréal, ibid. — Histoire du Canada, ibid.
(1) Actes de Chaussières, notaire à Paris, 31 mars 1656.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
(2) Mémoire de M. d’Aillet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, in-4º, p. 725.
A suivre : (*) …

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 12:13 pm

II. M. Olier nomme quatre ecclésiastiques pour Villemarie;
il prend des mesures pour y établir
les sœurs de Saint -Joseph, et meurt.
(suite : le *)


(*) Il existe au dépôt de la marine, à Paris, un mémoire anonyme sur le Canada (1), où le Père de Charlevoix a puisé pour la composition de son Histoire de la Nouvelle-France. L'auteur de ce mémoire, qui écrivait lorsque M. de Saint-Vallier était prisonnier en Angleterre (2), c'est-à-dire plus de soixante ans après la fondation de Montréal, se montre fort peu instruit des commencements de cette colonie, qu'il fixe mal à propos à l'an 1640. Il ajoute que depuis cette année jusqu'en 1659, d'autres missionnaires que les RR. PP. Jésuites furent chargés de la desservir.

Une assertion si ouvertement démentie par toute la suite des registres de la paroisse de Villemarie et par les relations du Canada, décèle assez l'ignorance de l'auteur sur ce qui concerne Montréal. Il n'est pas étonnant après cela que, confondant diverses circonstances de la vie de M. de Queylus, il le fasse venir en Canada quelques années après 1640, avec des pouvoirs de grand vicaire de Rouen, en ajoutant qu'il fut alors obligé de retourner en France (sa commission n'ayant pas été reconnue); mais qu'en 1657 il revint paisiblement avec plusieurs ecclésiastiques de Saint-Sulpice. Ce premier voyage est une pure déception de l'anonyme, qui le confond avec celui de 1657, et qui prend ce dernier pour celui de 1668, dont il sera parlé dans la suite. Il est à regretter que le Père de Charlevoix (1) ait donné trop de créance aux récits de cet anonyme, et que d'autres écrivains aient mentionné aussi ce prétendu voyage sur la foi du Père Charlevoix (2). Ce Père n'en a pas fixé la date, que l'auteur du mémoire n'avait pas déterminée lui-même. Mais un écrivain moderne, qui semble écrire l'histoire en se jouant, a jugé à propos de faire venir M. de Queylus en Canada l'an 1644 (3), et lui a même assigné un compagnon de voyage (4).

________________________________________________________
(1) Carton 64, 1.
(2) Ibid.
(1) Histoire de la Nouvelle-France, t. 1, p. 340.
(2) Mémoires sur M. de Laval (par M. de La Tour), p. 10 — Histoire du Canada, par M. Garneau, t. 1, p. 343. — Histoire du Canada, par M. Bourbourg, t. 1, p. 80.
(3) Liste des prêtres du Canada, 1834, p. 3.
(4) Manuscris de M. Noiseux.
A suivre : III. M. de Queylus est nommé grand vicaire du Canada par l’archevêque de Rouen. Arrivée des prêtres de M. Olier à Villemarie.

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 6:13 am

III. M. de Queylus est nommé grand vicaire du Canada
par l’archevêque de Rouen.
Arrivée des prêtres de M. Olier à Villemarie.


Ces ecclésiastiques, étant à Saint-Nazaire en attendant le moment de l’embarquement, s’adressèrent à l'archevêque de Rouen pour obtenir de ce prélat les pouvoirs nécessaires à l'exercice du saint ministère à Villemarie ; car, depuis que les Français avaient repris possession du Canada, c'était de ce prélat que les Jésuites résidants dans ce pays avaient reçu tous leurs pouvoirs de juridiction (*).

Il leur en accorda donc de semblables à ceux qu'il donnait à ces Pères (1); et de plus, comme dans les lettres de grand-vicaire qu'il accordait au supérieur de la maison de Québec (2), il avait déjà mis pour condition expresse que ces pouvoirs cesseraient, lorsqu'il enverrait en Canada quelque ecclésiastique séculier avec les pouvoirs de vicaire général (3), il voulut donner ces mêmes pouvoirs à M. de Queylus, qu'il établit ainsi son grand-vicaire par ses lettres du 22 avril 1657 (4).

En effet, le navire qui portait les ecclésiastiques de Saint-Sulpice et M. de Maisonneuve étant arrivé à Québec le 29 juillet suivant, le Père Dequen, qui avait exercé jusque alors les pouvoirs de vicaire général de l'archevêque de Rouen, reconnut M. de Queylus pour seul grand-vicaire, ce que firent aussi le Père Poncet et les autres Jésuites résidants à Québec (1).

À l'arrivée de ces quatre ecclésiastiques parmi eux, les colons de Montréal firent éclater une joie proportionnée aux prières instantes qu'ils avaient faites à M. Olier pour les obtenir (2). Mlle Mance surtout, qui avait si vivement pressé leur arrivée, s'empressa de leur offrir pour les loger une chambre de l'Hôtel-Dieu, qui leur servit tout à la fois de salle, de dortoir, de réfectoire et de cuisine, jusqu'à ce qu'ils eussent fait construire pour leur usage une maison connue depuis sous le nom de séminaire. Ils lui annoncèrent une nouvelle qui fut pour elle et pour tous les colons un grand sujet de joie, savoir que les sœurs de Saint-Joseph partiraient de France pour aller servir les malades, aussitôt que les bâtiments destinés pour elles seraient en état de les recevoir (3).


(*) On exposera dans l'Histoire de la Colonie de Villemarie les preuves de ce fait, que le Père de Charlevoix semble avoir ignoré, et que M. de La Tour a entièrement défiguré dans ses Mémoires sur M. de Laval.
________________________________________________

(1) Archives de l’Archevêché de Rouen, registre in-folio, du 26 mars 1657 au 17 mai 1660, fol. 7.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (par la mère Juchereau), p. 56.
(3) Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, in-4º, p. 726. — Manuscrit du frère Léonard Augustin, Bibliothèque royale ; Supplément français, 1628, in-folio, p. 17.
(4) Archevêché de Rouen, ibid. , fol. 7.
(1) Mémoire de M. d’Allet. ib. — Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (par la mère Juchereau), p. 110-111. — Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1656 à 1657.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles dans une étable,…

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 11:54 am

IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles
dans une étable, qui lui est donnée par les seigneurs.


Enfin, après l'arrivée de ces ecclésiastiques, la sœur Bourgeoys commença elle-même l'exercice de ses fonctions de maîtresse d'école. Elle quitta alors la maison de M. de Maisonneuve, et alla habiter une pauvre étable que celui-ci lui offrit au nom des seigneurs, avec un terrain adjacent, et qui fut le seul local dont il pût disposer dans ces circonstances (1).

C'était là qu'elle devait former sa communauté, destinée à répandre dans la colonie l'esprit et les vertus de la très-sainte Vierge. On eût dit que pour donner à la sœur Bourgeoys des rapports de ressemblance plus parfaits et plus touchants avec cette sainte Mère, DIEU voulût qu'en entrant dans l'exercice des fonctions de sa vocation, elle n'eût à Villemarie d'autre logement que celui que Marie avait trouvé à Bethléem; et que ce lieu, qui rappelait si bien l'étable où son divin Fils avait voulu naître dans le monde, fût aussi le berceau de cette nouvelle société.

« Quatre ans après mon arrivée, écrit la sœur Bourgeoys, M. de Maisonneuve voulut me donner une étable de pierre pour en faire une maison, et y loger celles qui feraient l'école. Cette étable avait servi de colombier et de loge pour les bêtes à cornes. Il y avait un grenier au-dessus où il fallait monter par une échelle, par dehors, pour y coucher. Je la fis nettoyer, j'y fis faire une cheminée et tout ce qui était nécessaire pour loger les enfants. J'y entrai le jour de Sainte-Catherine (25 novembre 1657). Ma sœur Marguerite Picaud (qui a été ensuite Mme la Montagne) demeurait alors avec moi, et là je tâchai de recorder le peu de filles et de garçons capables d’apprendre (1) (*). »

Le désir des associés de Montréal était de…

___________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 58.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.



(*) La sœur Bourgeoys nous apprend qu'elle commença à réunir des enfants, pour les instruire à son école, le jour de Sainte-Catherine, 25 novembre 1657. C'est ce que confirment les registres de la paroisse. On y voit qu'auparavant elle n'était pas considérée comme institutrice de la jeunesse: ainsi, dans un acte de baptême, du 30 septembre 1657, elle est désignée simplement sous le titre de fille usant de ses droits (1), au lieu que l'année suivante elle est qualifiée dans les mêmes registres, fille maîtresse d’école (2).

(1) Registres des Baptêmes, 30 sept. 1657.
(2) Ibid. , 1658.


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Légende : La sœur Bourgeoys inspire
aux enfants de Villemarie la piété envers la
très Sainte Vierge.

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 6:14 am

IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles dans une étable,
qui lui est donnée par les seigneurs
(suite)


Le désir des associés de Montréal était de mettre la sœur Bourgeoys en pleine possession de cette maison, afin qu'elle ne pût y être troublée dans la suite ; c'est pourquoi M. de Maisonneuve lui en fit donation en leur nom par un acte en forme, le 28 janvier 1658. On voit par cet acte que le bâtiment en pierre, donné à la sœur Bourgeoys, avait trente-six pieds de long (env. 11 m.) sur dix-huit de large (env. 5,5 m.), et qu'il était accompagné d'un terrain de quarante-huit perches (792 pieds ou env. 238 m.), destiné sans doute aux récréations des maîtresses et des enfants :

« La présente concession, ajoute-t-on, faite pour servir à l'instruction des filles de Montréal audit Villemarie, tant pendant le vivant de ladite Marguerite Bourgeoys qu'après le décès d'icelle à perpétuité (2). »

Mais comme la maison et le terrain étaient en face de l'enclos de l'Hôtel-Dieu, sur la rue Saint-Paul, M. de Maisonneuve mit pour condition à la donation, que si la sœur Bourgeoys, ou celles qui lui succéderaient, venaient à se fixer dans un autre local plus commode pour leur fonction, l'Hôtel-Dieu pourrait prendre la maison et le terrain, en en payant le prix, d'après l'estimation qui en serait faite par des experts (1).

__________________________________

(2) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, acte du 22 janvier 1658.
(1) Ibid. — Archives de la Congrégation, acte de Basset, notaire, du 26 septem. 1690.
A suivre : V. Elle commence la CONGRÉGATION EXTERNE. Elle élève la première iroquoise qui ait reçu le baptême.


Dernière édition par Louis le Ven 28 Sep 2012, 2:33 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 11:21 am

V. Elle commence la CONGRÉGATION EXTERNE.
Elle élève la première iroquoise qui ait reçu le baptême.


Dans cette pauvre étable la sœur Bourgeoys commença donc à exercer gratuitement ses fonctions en faveur des petites filles et des petits garçons de Villemarie, dont elle fut ainsi la première institutrice et l'apôtre. Il y avait dans le pays quelques filles qui n'étaient plus en âge de venir à l'école ; la sœur voulut étendre sa charité sur elles en les réunissant aussi dans cette maison pour les animer toutes à la piété et les exciter à la ferveur. Dans ce dessein elle établit, sur le modèle de ce qu'elle avait vu pratiquer à Troyes, la Congrégation externe, qu'elle commença le jour de la Visitation (2 juillet de l'année 1658), comme nous le raconterons avec plus de détails dans la suite (2); ce qui insensiblement fit appeler du nom de Congrégation la maison où elle les réunissait ainsi. Ce fut cette même année, et dans la maison de la Congrégation, qu'elle reçut et qu'elle forma à la piété la première fille iroquoise à qui on ait conféré le baptême.

« Dans le temps où je commençai la congrégation séculière, rapporte-t-elle, une femme iroquoise avait une petite fille d'environ neuf mois, quelle négligeait assez. Marguerite Picaud, qui demeurait avec moi, me pressait de la demander, ce que le P. Lemoine et M. Lemoyne trouvaient impossible d'obtenir. Mais M. Souart, prêtre du séminaire qui exerçait les fonctions de curé à Villemarie, offrit un collier de porcelaine de 30 francs, et quelques autres choses qu'on donna à la mère, et elle consentit à céder sa fille (1). »

La femme iroquoise dont parle ici la sœur Bourgeoys s'appelait Teonnhetharay , ce qui signifie il y a des pins ; et son mari, qui était Agneronon, se nommait Totinataghe , qui veut dire les deux villages. Elle était venue à Villemarie au retour de la chasse avec d'autres sauvages iroquois, et éprise par l'appât du modeste présent qu'on lui offrit, elle donna volontairement son enfant à M. de Maisonneuve, qui l'accepta pour en disposer comme de sa propre fille. Enfin, quatre jours après, cette femme iroquoise confirma et renouvela la donation qu'elle avait faite de sa fille, avec promesse de ne jamais la redemander (2).

___________________________________________________

(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie, 4 août 1658.
A suivre : VI. Baptême de cette jeune Iroquoise ; sa sainte mort. Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 6:54 am

VI. Baptême de cette jeune Iroquoise; sa sainte mort.
Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys.


L'enfant fui baptisée le dimanche 4 août 1658, fête de Notre-Dame des Neiges, et nommée pour cela Marie des Neiges. M. de Maisonneuve voulut être son parrain, et la marraine fut Élisabeth Moyen, femme de M. Lambert Closse, major de la garnison de Villemarie (1).

La sœur Bourgeoys, à qui l'enfant fut remise, ajoute, dans le récit qu'elle fait de cet événement : « La mère consentit à faire perdre son lait à l'enfant ; elle prenait garde cependant qu'elle fût bien soignée. Nous voulions la donner à une nourrice, mais l'enfant ne voulut jamais de son lait, et riait quand on lui en présentait. Le P. Lemoine a assuré que c'était la première baptisée des Iroquois. Peu de temps après que j'eus cette enfant j'allai en France, et durant mon absence elle fut mise chez la petite Lacroix. Le père de l'enfant, qui vint à Montréal, voulut ravoir sa fille; mais il ne put pas découvrir où elle était, et fut contraint de s'en retourner sans l'avoir. Cette enfant est morte à six ans dans notre maison (2). »

Elle mourut en effet le 19 août 1663 (3). M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, ajoute les détails suivants :

« La petite sauvagesse nommée Marie des Neiges; qui promettait beaucoup, mourut à la Congrégation, chez la sœur Bourgeoys, qui l'avait élevée depuis l'âge de dix mois avec des soins et des peines bien considérables, dont elle a été payée par la satisfaction que l'enfant lui donnait. A cause de l'amitié qu'on portait à cette enfant, on a voulu ressusciter son nom par une autre petite sauvagesse à laquelle on a donné le même nom au baptême. Cette deuxième étant aussi décédée, on en a pris ensuite une troisième à laquelle on a encore donné le nom de Marie des Neiges. Si celle-ci ne meurt pas plus criminelle que les deux autres, toutes trois, après avoir demeuré ici-bas dans la Congrégation de Montréal, auront l'honneur d'être, j'espère, au ciel pour toute l'éternité, dans cette congrégation qui suit l'Agneau (1) immaculé avec des prérogatives toutes spéciales (2). »

___________________________________

(1) Ibid.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, 19 août 1663.
(1) Apocalypse, XIV , 4.
(2) Histoire du Montréal, de[/i] 1662 à1663.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 12:09 pm

VII. La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements
de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours.


Mais le zèle de la sœur Bourgeoys pour la sanctification de la colonie naissante de Villemarie ne se bornait pas aux enfants et aux jeunes filles, il s'étendait à tous les colons. Un désir ardent qu'elle éprouvait, c'était de mettre de plus en plus en honneur parmi eux et d'accroître, autant qu'elle le pourrait, la dévotion envers la très-sainte Vierge; et ce désir lui inspira la pensée de lui élever, à une petite distance de la ville, une chapelle qui fût tout à la fois un lieu de pèlerinage et une sauvegarde pour le pays. De leur côté, les associés de Montréal, dès la formation de leur société, avaient résolu aussi de dédier à Marie la première chapelle qui serait bâtie dans cette île; ce qui faisait dire à M. Olier, avant l'établissement de la colonie : « Il me vient souvent à l'esprit que la miséricorde de DIEU me fera cette grâce de m'envoyer au Montréal en Canada, ou l'on doit bâtir la première chapelle à DIEU sous le titre de la très-sainte Vierge, et que je serai le chapelain de cette divine Dame (1). »

Mais quelque empressement que témoignassent les associés de Montréal pour élever ce monument de leur dévotion envers Marie, la construction en fut longtemps retardée par suite des hostilités des Iroquois ; en sorte que pendant bien des années il n'y eut à Villemarie qu'une simple chapelle en charpente. DIEU voulait sans doute que la sœur Bourgeoys, spécialement suscitée pour répandre cette dévotion dans la colonie, réalisât elle-même leur pieux dessein, et dans cette vue il lui inspira la résolution de jeter les fondements de l'édifice avant même que les ecclésiastiques de Saint-Sulpice fussent arrivés à Montréal. Car, pendant qu'ils se préparaient à partir de France avec M. de Maisonneuve, au printemps de l'année 1657, elle s'était adressée au R. P. Pijart qui desservait alors la colonie, et avait obtenu de lui la permission de bâtir la chapelle dont nous parlons. Munie de cette approbation :

« J'excitai, écrit-elle, le peu de personnes (qu'il y avait alors à Montréal) à ramasser des pierres, et je demandais quelques journées pour cette chapelle à ceux pour qui je faisais quelque travail (d’aiguille). On charria du sable, et les maçons s'offrirent. Le Père Pijard la nomma Notre-Dame de Bon-Secours; le Père Lemoine mit la première pierre, et M. Closse (qui tenait la place de gouverneur en l'absence de M. de Maisonneuve), fit graver sur une lame de cuivre l'inscription nécessaire; enfin, les maçons commencèrent (1) » et posèrent les fondements.

_____________________________

(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. I, p. 73-74
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VIII. M. de Queylus fait suspendre la construction de la chapelle…

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 6:04 am

VIII. M. de Queylus fait suspendre la construction
de la chapelle en attendant son retour à Villemarie.


La sœur se proposait de reprendre ces travaux à l'automne de la même année. Sur ces entrefaites arrivèrent les ecclésiastiques de Saint-Sulpice, conduits par M. de Maisonneuve; et ce fut alors que la sœur Bourgeoys commença ses écoles, comme nous l'avons raconté. Lorsque le temps de la reprise des travaux fut venu, elle excita de nouveau le zèle des colons pour cette sainte œuvre. M. de Maisonneuve, jaloux d'y contribuer de sa part, « fit abattre des arbres pour la charpente, et aidait lui-même à le traîner hors du bois (1). »

Toutefois, la sœur qui aurait pu s'autoriser de la permission déjà donnée par le Père Pijart, voulut, avant de passer outre, avoir aussi l'autorisation expresse de M. de Queylus, comme exerçant dans le pays les fonctions de grand-vicaire. Il se trouvait alors à Québec, où il était descendu au commencement du mois de septembre 1657 (2), avec le Père Poncet, à l'occasion d'un différend survenu entre ce Père et le Père Dequen, son supérieur (3).

La sœur lui écrivit donc pour connaître son intention sur cette bâtisse. M. de Queylus, qui n'avait guère fait qu'un mois de séjour à Villemarie, et avait peut-être ignoré jusque alors le projet de la sœur, lui écrivit de suspendre l'ouvrage jusqu'à son retour (4).

La prudence semblait demander qu'il en usât de la sorte : il était venu lui-même en Canada dans l'intention d'effectuer enfin le dessein des associés de Montréal, en bâtissant en pierre et en dédiant à la très-sainte Vierge la première église qui serait construite dans cette île, et dont M. de Bretonvilliers, successeur de M. Olier, voulait faire tous les frais.

Ce dessein de M. Queylus était si connu à Québec, que la mère de l'Incarnation croyait qu'on l'exécutait déjà l'année suivante, puisqu'elle écrivait que M. de Bretonvilliers avait entrepris de bâtir une très-belle église à Montréal (1), quoique cependant cette bâtisse n'ait été commencée que longtemps après, comme nous le dirons dans la suite. M. de Queylus jugea donc convenable de concerter le dessein de la sœur Bourgeoys avec celui des associés de Montréal, afin de rendre plus utiles au bien de la colonie les deux édifices projetés; et lui écrivit qu'en attendant son retour à Villemarie, elle suspendît la construction de cette église.

__________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Écrits des Jésuites, etc.
(3) Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 727.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Lettre de la mère Marie de l’Incarnation, IIe partie, p. 542.
A suivre : IX. La sœur prend la résolution de passer en France…

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 12:20 pm

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.


Quelque désir qu'eût la sœur de voir son ouvrage bientôt achevé, elle se soumit sans peine à ce délai, dans l'espérance que M. de Queylus ne tarderait pas à revenir à Villemarie, comme on le croyait alors. Mais avant son retour un autre motif décida encore la sœur Bourgeoys à suspendre sa bâtisse ; savoir le désir d'accompagner Mlle Mance, qui forma alors le dessein de faire un voyage à Paris.

Se voyant en possession du terrain et de la maison donnés à perpétuité pour servir aux écoles, et considérant qu'elle n'avait que Marguerite Picaud pour la seconder, elle s'offrit pour accompagner Mlle Mance, afin d'aller chercher à Troyes, parmi ses anciennes compagnes, des filles zélées qui l'aidassent à instruire les enfants (2) (*).

Elle partit en effet ; mais ce voyage, et ensuite les troubles survenus dans le pays, furent cause que la construction de Notre-Dame de Bon-Secours demeura longtemps suspendue, comme nous le raconterons dans la suite.

Toutefois, dans l'interruption aussi bien que dans l'entreprise de cette bâtisse, on ne saurait méconnaître la conduite de la divine Providence.

____________________________________
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre: le (*)

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 6:04 am

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
(suite : le *)


(*) Quoique nous n'ayons point eu dessein de relever dans cette Vie toutes les inexactitudes de ceux qui ont écrit avant nous sur la sœur Bourgeoys, nous ne pouvons cependant nous dispenser de donner ici un éclaircissement sur les motifs de l'interruption de la bâtisse de Bon-Secours, que nous venons d'exposer, et qui ne s'accordent pas entièrement avec les récits qu'on a déjà publiés sur ce sujet, d'après M. Ransonet, le premier historien de la sœur. Cet écrivain, trop peu fidèle dans les citations qu'il prétend faire des écrits de la sœur Bourgeoys, s'est donné la liberté de les abréger et de les exprimer en d'autres termes, sans prendre garde qu'il en altérait quelquefois notablement le sens; et c'est ce qui est arrivé au sujet du récit qu'elle fait de la suspension de cette bâtisse. M. Ransonet lui fait dire ces paroles : M. de Queylus, ayant été instruit de mon dessein, EN EMPÊCHA L'EXÉCUTION. Alors je fis un voyage en France (1).

M. Montgolfier, qui commente d'ordinaire M. Ransonet, a conclu de là et a écrit dans sa Vie de la sœur Bourgeoys que M. de Queylus, en arrivant à Montréal, DÉFENDIT à la sœur de continuer l'ouvrage (2); et enfin, l'auteur du Manuel du Pèlerin de Bon-Secours (3), qui devait regarder ces deux écrivains comme bien fondés dans leur récit, s'est contenté de dire, sans nommer toutefois M. de Queylus : IL FALLUT CÉDER A L'ORAGE.

Mais M. Ransonet…

____________________________________________

(1) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 62.
(2) Vie de la sœur, 1818, p. 71
(3) Manuel du Bon-Secours, p. 13.
A suivre…

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 3:53 pm

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
(suite : le *)


(*) … Mais M. Ransonet n'a donné lieu à ces jugements que parce qu'il a substitué aux paroles de la sœur Bourgeoys d'autres paroles de sa façon, qu'il a cependant accompagnées de guillemets, quoique ces signes soient la marque d'une citation littérale. Car, au lieu de ces paroles qu'il donne comme les expressions de la sœur : M. de Queylus, ayant été instruit de mon dessein, EN EMPÊCHA L'EXÉCUTION; alors je fis un voyage en France ; la sœur Bourgeoys dit en propres termes, ainsi que nous le lisons dans ses mémoires autographes : « J'ai écrit à M. de Queylus pour cette bâtisse. Il fit tout arrêter jusqu'à son arrivée à Montréal; et avant son arrivée je m'offris pour accompagner Mlle Mance en France, afin d'avoir des filles pour les écoles (1). » Ainsi, d'après la sœur Bourgeoys elle-même, la suspension des travaux de Bon-Secours eut deux causes : d'abord l'absence momentanée de M. de Queylus, qui jugeait à propos qu'un attendit son retour avant de les reprendre; et en second lieu, la résolution que la sœur prit d'elle-même de passer en France avant que M. de Queylus fût de retour à Villemarie.

M. Montgolfier semble supposer de plus que le dessein de la sœur Bourgeoys, en reprenant cette bâtisse, était de se procurer un local pour ses écoles (2). Mais, outre que ce local, à la distance où il était alors de la ville, et surtout dans un temps où rien n'était encore pavé à Montréal, n'aurait pu être fréquenté par les enfants pendant une partie considérable de l'année, il est certain que le dessein de la sœur Bourgeoys était de procurer non une école aux enfants, mais un lieu de pèlerinage aux citoyens de Villemarie.

D'ailleurs, lorsqu'elle songea à la reprise de cette bâtisse, elle avait déjà reçu des seigneurs la maison de l'Étable avec un terrain adjacent de quarante-quatre perches (726 pieds ou env. 218 m.), destiné aux-écoles : elle avait fait approprier la maison à ce dessein, et enfin elle y réunit des enfants, pour la première fois, le jour de Sainte-Catherine 1657, comme elle nous l'apprend elle-même. Nous faisons ici cette dernière remarque pour montrer quelle a été la véritable destination de Notre-Dame de Bon-Secours.

___________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Ibid. , p. 71,
A suivre : IX. La sœur prend la résolution de passer en France. Motifs de la Providence dans l'entreprise et dans l'interruption de Bon-Secours. : suite et fin.

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Message  ROBERT. Lun 01 Oct 2012, 4:20 pm

.

Vos nombreux dossiers, cher Louis, traitant notamment de Mère d'Youville,

de Jeanne Mance, de Marguerite Bourgeois et de Jeanne Le Ber,

me rappellent les Fondations de Sainte Thérèse d'Avila.

.
ROBERT.
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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 5:42 am

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
(suite et fin)


On a vu que trois communautés devaient répandre dans la colonie de Villemarie la dévotion envers la sainte famille : le séminaire de Saint-Sulpice, la dévotion envers NOTRE-SEIGNEUR ; la congrégation, celle envers Marie; et l'Hôtel-Dieu, la dévotion envers saint Joseph. En inspirant donc à la sœur Bourgeoys le dessein de cette chapelle, et en voulant que les RR. PP. Jésuites en approuvassent la construction durant les derniers mois qu'ils restèrent à Villemarie, DIEU voulut donner d'avance des indices manifestes de la vocation spéciale de la sœur à propager le culte de Marie, que ce lieu de pèlerinage contribua tant en effet à accroître dans le pays ; et en permettant que les prêtres du séminaire fussent la première cause de l'interruption de cet édifice, il voulut montrer que le zèle pour Marie, dont brûlait la sœur Bourgeoys, ne venait point de quelque impulsion qu'elle eût reçue de ces ecclésiastiques , et que la fin spéciale des trois communautés était son propre ouvrage, et non un dessein que les hommes eussent concerté.

Il sembla de plus qu'il eût permis cette longue interruption de la construction de Bon-Secours, qui dura quatorze à quinze ans, pour donner aux anciens associés de Montréal la joie de contribuer par eux-mêmes à la construction de cette première chapelle, selon le dessein qu'ils en avaient eu dès la formation de leur société. Car nous verrons que non-seulement ils fournirent à la sœur Bourgeoys les premiers fonds nécessaires pour la bâtir, ainsi que la statue miraculeuse de Marie qui devait y être exposée à la vénération des fidèles, mais que même la première pierre de l'édifice fut posée au nom du plus ancien des associés de Montréal. La sœur Bourgeoys fut donc ainsi l'instrument dont DIEU se servit pour exécuter leur pieux dessein, puisque, comme elle-même nous l'apprend : « La première église (de pierre) qui a existé à Villemarie est Notre-Dame de Bon-Secours. »

A suivre : DEUXIÈME PARTIE : ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION. FRUIT DE CET INSTITUT.



Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 2:46 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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