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Message  Louis Lun 21 Jan 2013, 12:31 pm

XVIII. M. Tronson désire que les sœurs
lui exposent en détail
toutes leurs difficultés sur ces règles.

M. Tronson se soumit alors (2). Mais pour juger avec plus de connaissance de cause des difficultés que proposaient les filles de la Congrégation, il écrivit en ces termes, le 27 mars 1695, à la sœur Barbier, alors supérieure : « Ma chère sœur en
NOTRE-SEIGNEUR , ce que vous me marquez des règlements que vous a donnés Mgr de Québec est fort général. Vous dites qu'il y a plusieurs articles qui ne vous conviennent pas et que vous ne sauriez accepter, et M. de Valens m'en spécifie quelques-uns, dont je ne manquerai pas de parler au prélat. Mais comme il ajoute qu'il y en a encore plusieurs autres qui font de la peine à vos sœurs, j'aurais souhaité que vous, ou lui, m'en eussiez envoyé un mémoire, afin de lui parler en même temps de toutes vos difficultés. Vous pourriez y joindre aussi vos raisons, que je lui exposerai. Si vous me les faisiez savoir cette automne, il y aurait encore du temps pour lui proposer d'adoucir les choses qui vous font peine (1). Je ferai en sorte qu'on ne conclue rien que l'année prochaine, afin qu'on tâche d'éclaircir toutes les difficultés, de manière que personne n'ait sujet de se plaindre (2). »

La sœur Barbier, avec les sœurs Bourgeoys, Charly, Le Moine et Gariépy, qui composaient alors le corps des officières de la Congrégation, lui écrivirent en effet une lettre commune, conforme à sa demande, dont nous rapporterons ici les principales observations.

« Nous vous envoyons avec toute la confiance possible, lui disent-elles, les remarques que nous avons pu faire, sous le bon plaisir de Monseigneur, sur les constitutions que Sa Grandeur nous a laissées. Nous en avons retranché seulement les choses que nous avons reconnu qu'il ne nous serait pas possible d'observer, eu égard à la nature de notre établissement, à notre manière de vie, et aux fonctions de notre institut; et nous avons mis celles qu'une longue expérience nous a fait reconnaître pouvoir être plus convenables, ou nécessaires pour le bon ordre, le maintien et l'avancement de notre petite Congrégation. »

___________________________________________

(2) Lettre de M. Tronson à M. de Saint-Vallier, du 10 mars 1695.
(1) Lettre à la sœur Barbier, du 27 mars 1695.
(2) Lettre de M. Tronson à M. Dollier, du 12 mai 1695.

A suivre : XIX. Observation des sœurs touchant la règle de saint Augustin et les vœux qu'on veut leur imposer.

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Message  Louis Mar 22 Jan 2013, 6:37 am

XIX.Observation des sœurs touchant la règle
de saint Augustin et les vœux qu'on veut leur imposer.

« Pour ce qui est de la règle de saint Augustin, nous ne croyons point qu'elle convienne à notre institut. Par les lettres patentes du roi et par le mandement de Monseigneur l'ancien évêque de Québec, nous sommes établies en communauté, en qualité de filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame , pour l'instruction des jeunes filles, sans que nous puissions à l'avenir prétendre de passer à la vie religieuse. Or nous croyons qu'accepter cette règle de saint Augustin, c'est faire le premier pas pour nous y engager.

« Ainsi nous vous prions de retrancher tous les endroits des constitutions qui font mention de saint Augustin et de sa règle, et supposent assujettissement de notre part à cette règle (1), comme sont aussi les termes de notre bienheureux père saint Augustin , et autres semblables (2). »

« Pour ce qui regarde les engagements que Monseigneur veut que nous prenions, tout ce que nous pouvons accorder à Sa Grandeur sur ce point, après avoir consulté les personnes qui connaissent à fond notre communauté, est de faire des vœux simples à la profession, pour le temps que nous demeurerons dans la Congrégation; et nous ne croyons pas, à raison de notre état, pouvoir nous lier autrement. Cette sorte de vœu n'est point contraire à la nature de notre institut, et on nous a conseillé d'en user de cette manière pour la conservation de notre communauté. Nous vous prions au reste de régler tellement les choses que nous ayons toujours la liberté d'ouvrir la porte de notre petite Congrégation à celles qu'on jugerait à propos de congédier. Nous ne voulons point d'autres chaînes que celles du pur amour.

« Quant à la promesse que Monseigneur veut que toutes les sœurs fassent le jour de leur réception de lui obéir, tout le monde sait assez qu'il a été jusqu'à présent maître absolu dans notre communauté. M. Dollier et M. de Belmont pourraient vous en donner des témoignages certains. Ainsi nous ne nous croyons pas obligées de lui témoigner autrement notre dépendance, qu'en disant que nous sommes sous son autorité et sa juridiction. On sait bien qu'il n'y a pas de communauté qui puisse moins se soustraire à la juridiction des évêques que la nôtre, en qualité de filles de paroisse.

« Nous vous supplions de porter Monseigneur à adoucir ces articles. Nous nous croyons, par la grâce de DIEU , assez liées, et nous espérons qu'il nous fera la grâce de vivre et de mourir dans la même union et charité qui a donné commencement à notre petite communauté.

« Pour ce qui regarde le vœu de stabilité dont M. de Valens vous avait écrit depuis l'année dernière, nous appréhendons que cela ne cause quelque distinction ou partialité parmi nous, à cause qu'il n'y aurait, d'après les constitutions, que celles qui auraient fait ce vœu qui pussent occuper les premières charges (1).

___________________________________

(1) Ibid.
(2) Remarques des sœurs de la Congrégation sur les règles.
(1) Archives de la Congrégation; lettre autographe des sœurs à M. Tronson.

A suivre : XX. Observations touchant les dots, les pensionnaires perpétuelles, les austérités corporelles, la clôture.

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Message  Louis Mar 22 Jan 2013, 11:47 am

XX. Observations touchant les dots,
les pensionnaires perpétuelles,
les austérités corporelles, la clôture.

« Nous prions Monseigneur de nous laisser dans la même liberté, où nous avons été jusqu’a présent, de recevoir chez nous les filles qui se présentent, sans exiger de dot de leur part; notre communauté n'est établie, ce nous semble , que pour servir d'asile aux pauvres filles du pays qui veulent se retirer du monde (2).

« Il est vrai que notre petite Congrégation est pauvre, mais nous avons lieu d'espérer, par l'expérience du passé, que cette pauvreté nous attirera les bénédictions de DIEU. Nous sommes en possession depuis plus de quarante ans, de faire nos fonctions tant dans l'île de Montréal que dans les autres lieux du pays, sans être à charge à personne, vivant de notre industrie et de notre travail... instruisant les filles gratuitement. Quoique jusqu'à présent nous n'ayons reçu que fort peu de chose des sujets qui sont entrés chez nous, l'on voit par expérience que DIEU a béni notre maison. Au lieu que si nous prenons une dot par obligation, cela ne servira qu'à éloigner de notre institut les filles pauvres, quelque désir et quelque capacité qu'elles auraient; et pour celles qui auront le moyen de la fournir, elles entreront dans les maisons religieuses où l'on reçoit les filles par dot ; ce qui serait le vrai moyen de détruire notre établissement dans le pays (1).

« Pour ce qui regarde la troisième sorte de personnes…

____________________________________________

(2) Archives de la Congrégation; lettre autographe des sœurs à M. Tronson.
(1) Ibid., remarques des sœurs de la Congrégation sur lesrègles.

A suivre …

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Message  Louis Mer 23 Jan 2013, 6:32 am

XX. Observations touchant les dots,
les pensionnaires perpétuelles,
les austérités corporelles, la clôture.


(suite)

« Pour ce qui regarde la troisième sorte de personnes qui pourront être reçues dans notre communauté, en qualité de sœurs associées, ou de pensionnaires perpétuelles, comme est marqué vers la fin de la seconde constitution, il nous a semblé qu'elles ne sauraient nous être que très-incommodes. Monseigneur sait assez l'embarras et les difficultés où nous avons été à l'égard de celles qui étaient déjà entrées chez nous, et qui voulaient se réserver divers privilèges, comme la liberté de se conduire par d'autres que ceux qui ont soin de notre communauté. Si Monseigneur veut absolument que nous en recevions, il lui plaira de marquer dans nos règlements, qu'il ne nous oblige point à leur égard, à d'autres choses que celles qu'on observe dans les autres communautés envers ces sortes de pensionnaires.

« Au sujet des austérités corporelles, il conviendrait mieux de ne prescrire sur les règles à des filles séculières comme nous, aucune mortification ni austérité d'obligation ou en commun; et de laisser à la dévotion de chacune, d'user en son particulier de celles dont elle connaîtra avoir plus de besoin, le tout, par l'avis du confesseur ou directeur, et permission de la supérieure.

« L'article neuvième de la dixième constitution a pour titre : De la clôture; nous n'en avons pas chez nous. Il y a aussi dans le même article certains points qui demandent un peu d'adoucissement, comme quand il est dit : qu'on ne parlera point aux personnes du dehors dans les rues. Il peut survenir quelque cas qui exigera qu'on passe par-dessus cette règle. Il plaira aussi à Monseigneur de retrancher la promesse spéciale d'obéissance qu'il exige de la supérieure nouvellement élue (l).»

_____________________________________________

(1) Lettre autographe. Ibid.

A suivre : XXI. Lettres particulières de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

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Message  Louis Mer 23 Jan 2013, 11:54 am

XXI. Lettres particulières de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

Outre la lettre commune, dont nous venons de donner ces extraits, la sœur Barbier écrivit encore à M. Tronson pour lui faire part de ses réflexions particulières: et enfin la sœur Bourgeoys, de son côté, lui raconta en détail, dans une grande lettre, toutes les circonstances de sa vocation. Elle lui expose avec simplicité et effusion de cœur les divers motifs qui l'avaient portée à établir la Congrégation ; et surtout elle lui fait remarquer que cette institution avait eu pour fin d'honorer la vie voyagère de la très-sainte Vierge, qu'aucune communauté jusque alors ne s'était proposé d'imiter. Mais, par un effet de sa rare humilité, elle ne dit presque rien dans tout ce récit qui puisse donner à entendre qu'elle eût eu plus de part à cet établissement que les premières compagnes qui s'étaient jointes à elle.

« La facilité de vous écrire que vous m'offrîtes l'an passé, lui dit-elle, me donne la liberté de vous faire savoir les motifs qui ont porté à faire l'établissement de la Congrégation à Montréal, et comme j'apprends que vous avez la charité de travailler aux règlements qui doivent y servir, je passe sur ma répugnance pour vous faire savoir les fins de cet institut (1).»

Après avoir donc rapporté, entre autres circonstances de sa vocation, le dessein qu'avait eu M. Jendret de faire honorer à Troyes la vie de Marie par une nouvelle communauté qui n'avait pas réussi, les paroles qu'il lui avait dites en renvoyant en Canada, « que ce que DIEU n'avait pas voulu à Troyes, il le voudrait peut-être à Montréal, » et d'autres particularités semblables, elle conclut ainsi sa lettre: …

___________________________________

(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, lettre autographe de la sœur Bourgeoys.

A suivre…

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Message  Louis Jeu 24 Jan 2013, 6:30 am

XXI. Lettres particulières de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

(suite)


… elle conclut ainsi sa lettre:

« Je crois que pour honorer cet état de la vie voyagère de la sainte Vierge, il faut que les sœurs soient filles de paroisse; qu'elles soient gouvernées par les séminaires, que les derniers sacrements leur soient administrés par l'ordre de la paroisse, qu'elles y aient une sépulture et y soient enterrées ; comme aussi une place pour y assister avec les écolières aux grand'messes , vêpres et saluts , et y communier quelquefois. Qu'elles ne chantent ni grand'messes ni vêpres dans leur église (particulière), mais seulement quelques motets aux messes basses, et aux jours qui seront jugés à propos. Que dans la maison les sœurs soient égales, en sorte que la supérieure, après sa démission, pût être cuisinière ou occupée à tout autre emploi, auquel elle sera trouvée propre ; et la cuisinière être supérieure ou être employée aux gros ouvrages. Le tout pour imiter la vie et les vertus de la sainte Vierge. Tout cela ne m'empêchera pas d'être bien contente de tout ce qui sera fait. C'est tout mon désir que DIEU soit servi dans cette communauté. »

Enfin la sœur Bourgeoys écrivit à M. Tronson une nouvelle lettre, le 30 octobre 1695, pour insister sur quelques articles qui lui avaient paru n'être pas conformes à l'esprit de la Congrégation, tels que l'obligation d'exiger des dots, la rareté des conférences spirituelles, la trop grande attention à conserver la santé des sœurs. Elle lui parlait aussi des récréations, qu'elle désirait qu'on prît toujours dans la maison même, comme on avait fait jusque alors. « Les récréations hors de la maison, lui disait-elle, ne sont guère propres aux filles qui sont au service de DIEU, tant à cause des inconvénients qui en peuvent arriver, que pour le tort que cela peut causer aux missions, où d'ordinaire elles ne sont que deux pour garder la maison. D’ailleurs, les jeunes filles, qui ont déjà peu d'inclination à demeurer chez elles, croiront bien faire en se répandant aussi elles-mêmes au dehors, et c'est ce que nous devons empêcher (1). »

___________________________________________

(1) Lettre autographe de la sœur Bourgeoys , Ibid.

A suivre : XXII. Réponse de M. Tronson…


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Message  Louis Jeu 24 Jan 2013, 12:10 pm

XXII. Réponse de M. Tronson.
Son estime singulière pour la personne
et les lumières de la sœur Bourgeoys.

Ces lettres de la sœur Bourgeoys édifièrent beaucoup M. Tronson, et lui inspirèrent une nouvelle estime pour cette sainte fondatrice, dont elles lui découvraient de plus en plus les grâces et l'esprit. Il lui répondit le 7 avril de l'année suivante 1696 :

« Ma bonne sœur, j'ai vu, par vos deux lettres de l'année dernière, la conduite de la divine Providence sur vous, et la grâce que NOTRE-SEIGNEUR vous a faite de vouloir se servir de vous pour établir les filles de la Congrégation à Montréal. C'est un institut que nous ne saurions qu'estimer beaucoup, puisqu'il ne peut être que d'une très-grande édification et très-utile à la gloire de DIEU. Nous en connaissons les fruits, et nous savons les bénédictions que DIEU y donne, par les choses qu'on nous en mande tous les ans. Ainsi nous serons ravis de profiter de toutes les occasions qui se présenteront pour y augmenter la ferveur et y conserver toujours le même esprit.

« J'ai embrassé avec joie celle que vous me donnez de parler à Mgr de Québec sur les constitutions qu'il vous a données. Je lui ai exposé vos difficultés, qui me paraissent raisonnables, et je crois qu'il y fera attention. Au moins, il convient déjà qu'il n'a point voulu vous faire religieuses, ni vous obliger à faire des vœux solennels, car ce serait changer entièrement votre institut ; et il ne tiendra pas à moi que vous n'ayez satisfaction sur tout le reste (1). »

Rien ne montre mieux l'estime singulière que M. Tronson faisait de la sœur Bourgeoys , et son respect profond pour ses vertus éminentes et pour les lumières qu'elle avait reçues de DIEU, sur son institut, que sa réponse à M. Caille, supérieur de la Congrégation, au sujet des nouvelles règles.

« Pour la sœur Bourgeoys, lui disait-il confidemment, elle a beaucoup de grâce, et elle mérite assurément qu'on l'estime et que l'on ait beaucoup d'égard à ses vues sur ce qui concerne son institut. Celle que DIEU lui donne de recevoir des filles sans dot, marque un très-grand et très-saint désintéressement. Je l'ai exposée à Mgr de Québec, aussi bien que toutes les autres difficultés que l'on fait sur ses constitutions. Je ne sais pas encore ce qu'il fera là-dessus; mais je puis bien vous dire que si j'en suis cru, il y fera beaucoup de changements, et déférera plus qu'il n'a fait aux intentions de l'institutrice. Je crois qu'elle ne lui avait pas assez fait connaître ce qui la blessait. Car comme, pour ne pas faire de peine au prélat, on a paru se soumettre à ses règles, il s'est persuadé qu'on n'y ferait pas de difficultés (1). »


______________________________________________________

(1) Lettre à la sœur Bourgeoys, du 7 avril 1696.
(1) lettre de M. Tronson à M. Caille, du 24 avril 1696.

A suivre : XXIII. A la prière de M. Tronson M. de Saint-Vallier…

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Message  Louis Ven 25 Jan 2013, 6:37 am

XXIII. A la prière de M. Tronson
M. de Saint-Vallier modifie
ses règlements pour la Congrégation.

M. de Saint-Vallier comprit, en effet, que, comme il n'appartient qu'à DIEU de créer de nouveaux instituts dans son Église, lui seul aussi peut leur donner l'esprit particulier qui doit en être la vie, et la forme qui doit les distinguer entre eux. Voulant donc faire servir son autorité à seconder les desseins de DIEU sur la Congrégation, il réforma les règles qu'il avait d'abord proposées, et les adapta aux vues de la fondatrice. Il crut cependant procurer plus efficacement le bien de l'institut en se contentant de modifier, ou même en laissant subsister quelques-uns des articles que les sœurs avaient signalés dans leur requête.

Ce fut peut-être pour engager M. de Saint-Vallier à se relâcher sur ces points, que les sœurs écrivirent encore à M. de Turmenie, dont on a déjà parlé. Du moins cet ecclésiastique eut alors plusieurs entretiens avec M. Tronson à Issy (1), pendant que M. de Saint-Vallier, selon toutes les apparences, y vaquait aux exercices de la retraite spirituelle (2). Quelque temps après, M. Tronson écrivait à M. de Turmenie que si les sœurs de la Congrégation avaient de nouvelles difficultés à proposer, il en conférât avec M. Leschassier, qui le remplaçait à Paris.

« Il en parlera au prélat d'aussi bon cœur que je pourrais le faire moi-même, disait-il ; et si vous jugez ensuite qu'il soit de quelque utilité que je lui expose moi-même leurs peines, je vous marquerai volontiers un jour, lorsque le temps ne sera pas si rude, pour en conférer ensemble. Mais je dois vous dire par avance que je n'ai pas assez d'expérience pour préférer mon sentiment à ce que juge un évêque chargé par son ministère de leur communauté, surtout pour de certaines choses qu'il croit nécessaires pour le bon ordre de la maison (1). »

Cette sage modération fut la ligne de conduite…

__________________________________________

(1) Journal de M. Tronson, par M. Bourbon, 8 juin 1696.
(2) Lettre de M. Tronson à M. de Saint-Vallier, du 6 juin 1696.
(1) Lettre à M. de Turmenie, du 7 février 1697.

A suivre…

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Message  Louis Ven 25 Jan 2013, 12:27 pm

XXIII. A la prière de M. Tronson
M. de Saint-Vallier modifie
ses règlements pour la Congrégation.


(suite)

Cette sage modération fut la ligne de conduite que tint M. Tronson dans les conférences qu'il eut avec M. de Saint-Vallier sur cette affaire. Il crut devoir insister sur les points qu'il jugeait essentiels à l'esprit de l'institut, et respecter les sentiments du prélat à l'égard de plusieurs autres de moindre importance.

« Je vous envoie, écrivait-il à M. Dollier, les règlements que Mgr de Québec avait faits pour les filles de la Congrégation , et que vous trouverez bien adoucis. Comme mes incommodités ne me permettent pas de faire réponse aux bonnes sœurs, vous m'obligerez de le leur témoigner en leur faisant voir les mémoires que je vous envoie, et d'assurer particulièrement la sœur Bourgeoys et la supérieure, que leur intérêt me sera toujours en grande recommandation. Il me semble que dans l'état où sont les règlements, il y a certains articles qui ne leur doivent faire présentement nulle peine. Quant aux autres, Mgr de Québec croit avoir de bonnes raisons pour les laisser comme ils sont. Si les sœurs y ont encore quelque peine, elles pourront lui exposer elles-mêmes les raisons qu'elles ont d'y souhaiter quelque adoucissement (1). »


(1) Lettre de M. Dollier, du 21 avril 1697.

A suivre : XXIV. Les sœurs de la Congrégation acceptent les nouvelles règles.


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Message  Louis Sam 26 Jan 2013, 6:33 am

XXIV. Les sœurs de la Congrégation acceptent les nouvelles règles.

Mais le jugement de M. Tronson leur servit à toutes de règle de conduite dans l'acceptation pure et simple qu'elles firent de leurs constitutions au mois de juin 1698. Car M. de Saint-Vallier étant allé à Montréal, et les ayant assemblées plusieurs fois pour les leur expliquer, toutes s'empressèrent à l'envi de donner des marques de leur joie et de leur satisfaction parfaite. Enfin, le 24 du même mois, les règles furent solennellement acceptées et signées de toute la communauté en la manière suivante :

« Nous acceptons avec toute sorte de respect et de soumission les règlements qui nous ont été donnés par Mgr l'illustrissime et révérendissime évêque de Québec ; et après les avoir lus et examinés plusieurs fois, nous les avons jugés très-propres pour le bien de notre communauté , et sommes dans la résolution de les pratiquer avec toute l'exactitude possible. En foi de quoi nous avons signé, à Montréal, le 24 juin 1698 (2). »

Le lendemain on mit à exécution l'article des règles qui prescrivait les vœux simples de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et d'instruction des petites filles. M. de Saint-Vallier, s'étant rendu dans la chapelle de la Congrégation, assisté de M. Dollier de Casson et de M. Glandelet, vicaires généraux, ainsi que de MM. de Valens, Geoffroy, Mériel, Prist et de Villermola, prêtres de Saint-Sulpice, il adressa aux sœurs une exhortation sur l'excellence des vœux et sur la manière de les observer fidèlement. Ensuite il commença le saint sacrifice, et après qu'il eut communié, il reçut les vœux de toutes les sœurs professes. Elles les prononcèrent l'une après l'autre, immédiatement avant de recevoir la sainte communion, et en présence du très-saint Sacrement, que l'évêque tenait entre ses mains. Dès ce moment, pour se conformer aux nouvelles règles, les sœurs ne furent plus désignées chacune que sous le nom de quelque saint ou de quelque sainte, ou même de quelque mystère. Le nom qui échut à la sœur Bourgeoys fut celui du Saint-Sacrement, et la sœur Barbier, alors supérieure, fut désignée sous le nom de l'Assomption (1).

En exécution des mêmes règles, les sœurs procédèrent peu après à l'élection d'une nouvelle supérieure pour conduire la Congrégation pendant l'espace de six ans…

____________________________

(2) Vie de la sœur Barbier.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 157-158-159.

A suivre…


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Message  Louis Sam 26 Jan 2013, 1:29 pm

XXIV. Les sœurs de la Congrégation acceptent les nouvelles règles.

(suite)

En exécution des mêmes règles, les sœurs procédèrent peu après à l'élection d'une nouvelle supérieure pour conduire la Congrégation pendant l'espace de six ans ; elles choisirent la sœur Marguerite Lemoine, dite du Saint-Esprit.

Enfin, le mardi 1er juillet, elles se réunirent de nouveau à la chapelle, où elles prononcèrent le vœu de stabilité, quoique les nouvelles règles leur laissassent une entière liberté pour s'imposer cet engagement (1).

La sœur Bourgeoys goûtait la plus douce consolation, voyant ainsi l'accomplissement de ses désirs dans l'approbation solennelle de son institut; et, semblable au saint vieillard Siméon, elle n'avait plus rien à désirer sur la terre. Après qu'elle en eut témoigné à DIEU sa juste et vive reconnaissance, elle se prosterna humblement aux pieds de M. de Saint-Vallier, en présence de toutes ses sœurs, et le pria instamment de lui accorder une grâce : ce fut de pouvoir passer le reste de sa vie dans l'obéissance, et d'être exclue pour toujours de toute voix passive dans les élections, comme aussi de toute charge dans la communauté. Touché de son humilité, le prélat voulut bien accéder à sa demande, à condition cependant qu'elle aurait toujours voix active dans les élections (2).

Enfin, M. de Saint-Vallier, pour achever l'œuvre qu'il avait si heureusement commencée à Villemarie, désira de faire contracter les mêmes engagements aux sœurs de la Congrégation qui exerçaient leur zèle à Québec, dans l'île d'Orléans et au Château-Richer. Dans ce dessein, il désira qu'on lui remît une copie de l'acte d'acceptation des nouvelles règles, signées de chacune des sœurs de Villemarie ; et de retour à Québec, il convoqua les sœurs missionnaires, qui les acceptèrent à leur tour le 4 août de la même année. Le lendemain il reçut leurs vœux dans la chapelle du séminaire de cette ville (1).

___________________________________

(1) Ibid., p. 160-161.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 164-165.
(1) Ibid., p. 162-163-164.

A suivre : XXV. Satisfaction de M. Tronson après l'acceptation des règles.

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Message  Louis Dim 27 Jan 2013, 6:54 am

XXV.Satisfaction de M. Tronson après l'acceptation des règles.

M. Tronson, informé de la satisfaction avec laquelle les sœurs avaient accepté leurs règles et contracté leurs engagements, écrivit à M. de Valens pour lui en témoigner sa joie (2). La nouvelle supérieure, la sœur du Saint-Esprit, lui avait aussi écrit, soit pour lui faire part de son élection, soit pour le remercier des peines qu'il avait prises au sujet des règles. M. Tronson lui répondait le 30 mars 1699 :

« J'ai reçu votre lettre du mois d'octobre, qui m'apprend que Mgr de Québec vous a fait faire des vœux simples, et vous a donné des règles que vous avez reçues avec plaisir, et dont vous êtes toutes bien contentes, et vous me mandez que je n'y ai pas peu contribué. J'en suis bien aise pour l'amour de vous, et je loue DIEU de ce qu'il s'est bien voulu servir de moi pour rendre ce bon office à votre communauté, que j'aime et que j'estime.

« Si je n'écrivis pas l'année dernière à aucune de vous, ce n'est pas faute de bonne volonté. Il fallait que je fusse incommodé dans ce temps-là, comme je le suis toujours, et souvent à ne pouvoir écrire. Je manque, malgré moi, à faire des réponses, ce qui me mortifie, aussi bien que ceux qui les attendent. Mais il faut tâcher de faire un bon usage de ces privations par une soumission parfaite à la Providence. Je salue la sœur Bourgeoys, et me recommande bien à vos prières, aux siennes, et à celles de toute la communauté (1). »

_________________________

(2) Lettre à M. de Valens du 15 avril, 1699.
(1) Lettre à la supérieure de la Congrégation , du 30 mars 1699.

A suivre : XXVI. Faveurs spirituelles que M. de Saint-Vallier accorde aux sœurs de la Congrégation.

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Message  Louis Dim 27 Jan 2013, 11:42 am

XXVI. Faveurs spirituelles que M. de Saint-Vallier
accorde aux sœurs de la Congrégation.

Pendant le séjour que M. de Saint-Vallier fit à Villemarie, à l'occasion que nous venons de dire, les sœurs de la Congrégation, voyant la bonne volonté que ce prélat leur témoignait, lui demandèrent pour leur communauté diverses grâces spirituelles, qu'il leur accorda très-volontiers, par un mandement du 1er juillet, après en avoir conféré avec M. Dollier de Casson.

Ce fut de pouvoir faire célébrer tous les ans, dans leur chapelle, une grand'messe le jour de la Visitation, fête patronale de leur institut; d'y avoir l'exposition du très-saint Sacrement pendant tout ce jour, et en outre d'y chanter le salut aux sept principales fêtes de la très-sainte Vierge. Jusque alors les sœurs n'avaient vu qu'avec peine, que, lorsqu'on apportait le saint viatique à quelqu'une d'entre elles, le peuple, qui suivait NOTRE-SEIGNEUR par dévotion, entrât dans leur maison et jusque dans leurs chambres, ce qui troublait le silence et le recueillement de la communauté.

Elles demandèrent donc qu'il leur fût permis, dans ces circonstances, de prendre le saint viatique à leur chapelle ; ce que M. de Saint-Vallier leur accorda, de l'avis de M. Dollier de Casson, en ajoutant qu'elles pourraient y prendre aussi les saintes huiles pour les sœurs malades (1).

__________________________________

(1) Archives de la Congrégation, Mandement du 1er juillet 1698.

A suivre : XXVII. M. de Saint-Vallier visite Mlle Le Ber.


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Message  Louis Lun 28 Jan 2013, 6:26 am

XXVII.M. de Saint-Vallier visite Mlle Le Ber.

Ce fut aussi dans cette circonstance que M. de Saint-Vallier eut occasion de voir pour la première fois Mlle Le Ber (2), et d'admirer la vertu et la vie tout angélique de cette sainte recluse. Deux Anglais qui se trouvaient alors à Villemarie, et qui connaissaient la famille Le Ber, témoignèrent au prélat le désir de la voir dans sa solitude ; il voulut bien les y conduire lui-même, espérant que la vue de cette fille de grâce ferait sur leur cœur une salutaire impression.

Ils furent en effet extraordinairement frappés de voir la plus riche fille du Canada dans un si pauvre réduit.

L'un d'eux, qui était ministre protestant, lui demanda pourquoi elle se condamnait à un tel genre de vie, tandis qu'elle pouvait jouir dans le monde de tant de commodités et de douceurs. Elle lui répondit que c'était une pierre d'aimant qui l'avait attirée là, et la tenait séparée de tout le reste.

L'autre, voulant savoir quelle était donc cette pierre d'aimant, Mlle Le Ber ouvrit alors la petite fenêtre par où elle recevait la sainte communion , et, se prosternant du côté du tabernacle:

« Voilà, lui dit-elle, ma pierre d'aimant; c'est la personne adorable de NOTRE-SEIGNEUR , véritablement et réellement présent dans la sainte Eucharistie, qui me retient dans ce lieu. »

Là-dessus elle se mit à lui parler de cet auguste mystère avec une foi si vive, un zèle si ardent, et des paroles si embrasées par la ferveur de son amour pour DIEU, que ce ministre en parut tout étonné. Étant ensuite retourné dans son pays, il racontait souvent les circonstances de cette visite, et ne parlait de Mlle Le Ber que comme d'une sorte de prodige qui avait fait sur lui une grande impression, n'ayant rien vu, disait-il, de si extraordinaire dans tout le Canada (1).

________________________________________________________

(2) Vie de la sœur Bourgeoys. 1818, p. 156.
(1) Vie de Mlle Le Ber, par M. Montgolfier.

A suivre : Chapitre IV. Conduite de Dieu sur la Congrégation, dans la résolution qu’Il inspire à la sœur Bourgeoys de mettre par écrit les lumières qu’elle avait reçues sur son institut, et les circonstances principales de sa vie.


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Message  Louis Lun 28 Jan 2013, 12:16 pm

CHAPITRE IV.

CONDUITE DE DIEU SUR LA CONGRÉGATION ,
DANS LA RÉSOLUTION QU'IL INSPIRE A LA SOEUR BOURGEOYS
DE METTRE PAR ÉCRIT
LES LUMIÈRES QU'ELLE AVAIT REÇUES SUR SON INSTITUT,
ET LES CIRCONSTANCES PRINCIPALES DE SA VIE.

I. DIEU envoie à la sœur Bourgeoys
des peines intérieures qui l'obligent à mettre par écrit
les lumières qu'elle avait reçues sur son institut.

La sœur Bourgeoys semblait avoir accompli les desseins de DIEU sur elle, en fondant l'institut de la Congrégation: la communauté était formée, la maison avait été construite, diverses missions étaient établies, les règles venaient d'être solennellement approuvées. Mais pour qu'il ne manquât rien à cet institut de ce qui pouvait le mettre en recommandation dans l'Église, il fallait encore que la sœur Bourgeoys laissât par écrit les vues sublimes que DIEU lui avait communiquées sur cet établissement et les circonstances si merveilleuses de sa vocation à Villemarie.

Toutefois, comment déterminer une âme si pénétrée de sa bassesse à découvrir tant de précieuses faveurs, dont la publicité ne pouvait qu'attacher à son nom une sorte de vénération religieuse? Pour qu'elle pût se résoudre à un tel oubli d'elle-même, il ne fallait rien de moins qu'une sorte d'obligation de conscience et une impérieuse nécessité, et ce fut le moyen dont DIEU sembla se servir pour contraindre l'humilité de sa servante à ce sacrifice. Du moins, il permit que vers la fin de sa vie elle éprouvât des peines intérieures, qui l'obligèrent à mettre par écrit, et les lumières qu'elle avait reçues de DIEU sur son institut, et les circonstances de sa vie les plus étonnantes, que nous avons racontées jusqu'ici dans cet ouvrage.

Heureuses peines, qui ont eu de si utiles résultats ! Heureuses pour l'Église, à qui elles ont procuré de si précieux écrits; plus heureuses pour la sœur Bourgeoys elle-même, puisqu'elles ont été le moyen dont DIEU s'est servi pour mettre le dernier sceau à l'œuvre de sa sanctification ! C'est ce qui paraîtra par la nature de ces peines, que nous allons exposer en reprenant d'abord les choses de plus haut.

A suivre : II. La sœur Bourgeoys avait introduit dans la Congrégation le dépouillement réel, pour imiter la vie des apôtres.

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Message  Louis Mar 29 Jan 2013, 6:42 am

II. La sœur Bourgeoys avait introduit dans la Congrégation
le dépouillement réel, pour imiter la vie des apôtres.

On a vu que la Congrégation, suscitée de DIEU pour aider à la formation de l'Église de Villemarie par l'exercice du zèle apostolique, reçut, dans la personne de sa sainte fondatrice, une participation de l'esprit communiqué à la très-sainte Vierge et aux apôtres dans le cénacle. Cet esprit inspira à la sœur Bourgeoys le désir et la résolution ferme et invariable de prendre la conduite des apôtres pour modèle de la sienne.

A leur imitation, elle quitta tout pour suivre la voix de DIEU ; et comme JESUS-CHRIST avait fait à ses apôtres le commandement de n'avoir ni or, ni argent, et de se contenter d'une seule tunique (1), la sœur Bourgeoys, uniquement appuyée sur la Providence de DIEU et sur l'assistance de Marie, entra de cœur et d'effet dans ce parfait dépouillement, et y fit entrer aussi, par la ferveur de ses exemples, ses premières compagnes.

« Les apôtres, écrivait-elle, sont allés sans bourse, ni doubles robes, se confiant en DIEU qui les a nourris là où il n'y avait point de vivres. Les filles de la Congrégation vont faire l'école sans aucune assurance de leur vie, avec le moins de hardes qu'elles peuvent, laissant le soin de leurs besoins entre les mains de la sainte Vierge, et elles ne manquent jamais du nécessaire (2). »

______________________________________________________

(1) Évangile selon saint Matthieu, ch. x, v. 9-10.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : III. Le précepte du dépouillement réel fait aux apôtres n'était que pour un temps.

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Message  Louis Mar 29 Jan 2013, 1:07 pm

III. Le précepte du dépouillement réel
fait aux apôtres n'était que pour un temps.

Toutefois, le dépouillement extérieur prescrit par le Sauveur à ses apôtres, lorsqu'il les envoya en mission dans les bourgades de la Judée, ne devait pas être perpétuel. Le détachement intérieur est de tous les temps et de toutes les circonstances, il s'étend même à tous les chrétiens, quoiqu’il soit plus strictement ordonné aux prédicateurs de la foi ; mais le précepte fait aux apôtres de n'avoir ni or, ni argent, ni souliers, et de se contenter d'un seul vêtement, n'était que pour un temps, selon la remarque de saint Jean Chrysostome.

« Nous voyons en effet, ajoute ce saint docteur, que, malgré ce précepte, saint Pierre ne laissait pas d'avoir des souliers, puisque l'ange lui ordonna de s'en chausser lorsqu'il le tira de prison ; et saint Paul avait plusieurs vêtements, puisqu'il recommande à Timothée, dans une de ses Épîtres, de lui apporter avant l'hiver le manteau qu'il avait laissé à Troade chez Carpus (1).

« Ce précepte n'aurait pu être perpétuel, à moins que DIEU ne se fût engagé à faire des miracles chaque jour, pour assister ses apôtres. Car s'ils n'eussent eu chacun qu'une seule tunique, quel parti auraient-ils pris lorsqu'il eût été nécessaire de la laver? Seraient-ils restés renfermés dans la maison ? Et si le service du prochain les eût appelés au dehors, se seraient-ils montrés sans vêtement, contre toute décence? Quelle messéance que saint Paul, par exemple, lui qui parcourait tout l'univers pour opérer tant d'œuvres éclatantes, eût été contraint, faute d'un vêtement, de demeurer renfermé !

« De plus, s'il eût été trempé par la pluie, serait-il resté renfermé de nouveau en attendant qu'il eût fait sécher sa robe? Et l'hiver, pendant les glaces et les frimas, il eût donc fallu qu'il tremblât et gardât le silence? Car ne pensez pas que les apôtres eussent des corps de diamant. Écoutez ce que saint Paul dit à Timothée : Usez d'un peu de vin, à cause de vos fréquentes maladies (1); et encore, écrivant aux Philippiens : J'ai jugé nécessaire de vous envoyer votre apôtre, car il a été malade jusqu’à la mort (2).

« Les apôtres et les hommes apostoliques étaient par conséquent exposés comme nous à toutes sortes de maladies. Si donc le précepte de ce dépouillement réel et effectif eût été perpétuel, DIEU aurait été dans l'obligation de faire tous les jours des miracles pour leur venir en aide ».

« Aussi…

_____________________________________________

(1) Seconde Épître à Timothée, chap. IV, v. 13.
(1) 1re Epître à Timothée, chap. V, v. 23.
(2) Epître aux Philippiens, chap II, v. 25-26-27.

A suivre…

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Message  Louis Mer 30 Jan 2013, 6:25 am

III. Le précepte du dépouillement réel
fait aux apôtres n'était que pour un temps.


(suite)

« Aussi JESUS-CHRIST donne-t-il clairement à entendre que ce précepte n'avait été fait que pour un temps, lorsqu'il adresse à ses apôtres cette question, rapportée par saint Luc : Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans besace, sans ceinture, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? De rien, lui répondent-ils (3). Maintenant donc, reprend le Sauveur, que celui qui a une bourse la prenne avec lui, et que celui qui a une besace en fasse de même. Il est donc manifeste qu'en leur parlant de la sorte, il leur disait équivalemment : Désormais procurez-vous toutes ces choses.

NOTRE-SEIGNEUR voulut cependant leur imposer ce précepte pour un temps, afin de les convaincre de sa puissance à les assister, et de leur donner ainsi pour l'avenir une assurance ferme en sa Providence, qui pourrait les faire subsister de la même sorte, quand tous les autres moyens viendraient à leur manquer à la fois (*). »

______________________
(*) « Au reste, ajoute saint Jean Chrysostome, si DIEU n'a pas voulu que leurs vêtements et leurs chaussures se conservassent miraculeusement comme ceux des Israélites dans le désert, si, au contraire, il les a soumis à toutes les nécessités communes de la vie, et leur a même refusé les biens extérieurs qu'il a donnés à tant d'autres avec abondance, c'est pour l'amour de ceux à qui il les envoyait. Car il donnait par là à ceux-ci la consolation d'assister de leur superflu ceux qui leur apportaient les richesses de la grâce , et il observait en cela la conduite qu'il avait tenue lui-même en descendant sur la terre , puisque, possédant tous les biens, il s'est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté. »
________________________________________

(3) Evangile selon saint Luc, ch. XXII , v. 35-36.

A suivre : IV. Le dépouillement réel, pratiqué par les filles de la Congrégation, ne pouvait être perpétuel dans cet institut.

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Message  Louis Mer 30 Jan 2013, 10:48 am

IV.Le dépouillement réel,
pratiqué par les filles de la Congrégation,
ne pouvait être perpétuel dans cet institut.

Telles sont les réflexions de saint Jean Chrysostome sur le précepte dont nous parlons (1).

La même conduite que DIEU avait suivie envers les apôtres, il voulait la garder aussi à l'égard de la Congrégation. En appelant la sœur Bourgeoys à jeter les fondements de cet institut, il lui inspira ce dégagement parfait que les apôtres firent d'abord paraître, et dont elle-même nous a montré les effets à son départ de Troyes, et dans toute la suite de sa vie.

Cette sainte fondatrice et ses premières compagnes faisaient leurs voyages ordinairement à pied, elles ne mangeaient leur pain qu'à la sueur de leur visage, et employaient même les nuits au travail, pour n'être à charge à personne. Dans leur communauté et dans leurs missions, elles n'avaient que les meubles les plus indispensables, les habits les plus communs, la nourriture la plus grossière ; elles couchaient sur la paille, et se réduisaient en tout à la manière de vivre des plus pauvres habitants des campagnes.

Une vie si austère, visiblement autorisée de DIEU, par les bénédictions sans nombre qu'il répandait sur les travaux de la Congrégation, n'était pas cependant la vie commune que sa sagesse voulait qu'on y pratiquât : ce dépouillement effectif ne devant pas y être perpétuel, non plus que dans le collège apostolique. Tant que les sœurs avaient été en petit nombre, il avait été facile de maintenir parmi elles ces pratiques de mortification ; mais à mesure que la communauté devint plus nombreuse, on comprit qu'une vie si austère ne pouvait convenir à tous les tempéraments, et l'on remarqua que les santés même les plus robustes en étaient sensiblement affaiblies. On jugea donc qu'il était nécessaire de se fixer à un genre de vie plus proportionné aux forces et à la qualité du plus grand nombre, et ce fut ce qui donna lieu dans la sœur Bourgeoys aux peines dont nous allons parler (1).

______________________________________________________

(1) Commentaire de saint Jean Chrysostome sur l'Epître aux Philippiens, ch. II. Homélie ix, p.270 272-273.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 139.

A suivre : V. Les adoucissements apportés au dépouillement réel…

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Message  Louis Jeu 31 Jan 2013, 6:57 am

V. Les adoucissements apportés au dépouillement réel
sont l'occasion de peines intérieures pour la sœur Bourgeoys.

Dès que l'on commença à proposer des adoucissements à la règle primitive, la sœur, toute charitable qu'elle était envers ses compagnes, eut bien de la peine à goûter ce langage, craignant d'ouvrir, sous ce prétexte, la porte au relâchement (2). Cette même crainte donna lieu d'abord aux peines d'esprit qu'elle éprouva lorsqu'elle vit s'élever la grande maison, qui fut incendiée dans la suite ; et plus tard à d'autres semblables peines qui la déterminèrent à repasser en France en 1679, comme nous l'avons raconté. Ces peines augmentèrent encore après qu'elle eut été délivrée des frayeurs que lui avaient inspirées les révélations prétendues de la sœur Tardy.

« En 1694, rapporte-t-elle, j'eus une vue qui fit disparaître toutes mes peines ; mais peu de temps après, revinrent celles de ma négligence et du peu de fermeté que j'avais eue pour faire avancer mes sœurs. Je voudrais bien réparer toutes ces fautes, mais je n'en vois aucun moyen. J'ai pourtant bien envie de retourner par le bon chemin : les remords de ma conscience me troublent. Je dois donc remédier à ces relâchements qui favorisent notre nature. La première règle ne s'observe pas, et je crois que si j'eusse eu un peu de vigilance et de fermeté, nous aurions suivi mon premier dessein. Il me semble que NOTRE-SEIGNEUR me retire ses grandes grâces à cause de mes fautes.

« La ferme de la Pointe-Saint-Charles a brûlé sans savoir d'où venait cet accident. Quelques personnes m'ont dit que c'était notre bon DIEU qui l'avait ainsi ordonné pour en faire une croix de providence, et nous faire rentrer dans notre première façon de vie simple, plus conforme à la vie de la sainte Vierge. Il y eut un temps où on ne faisait pas de pain comme celui qu'on vend chez les boulangers, et toute la communauté, aussi bien que les hommes de service, avait le même pain, sans distinction de bis et de blanc. Les malades et les infirmes étaient traités du mieux possible dans la maison, sans chercher ailleurs des soulagements, et on se privait de ce dont on pouvait se passer, sans user de tant de recherches. L'infirmerie est fort bien aujourd'hui, et mieux qu'il ne nous convient : il faut que tout y soit propre, les linges fins ; enfin il n'y paraît aucune pauvreté.

« Quand Mgr de Laval fit sa première visite dans cette maison, il fut fort content de ne trouver à tous nos lits que des paillasses et des couvertures , sans draps. Mais à présent cela ne contente point. Les missions étaient sur ce pied dans le commencement où l'on devait imiter les apôtres et travailler pour n'être à charge à personne, et cela réussissait. Présentement, il faut des matelas et des draps et beaucoup d'ustensiles; vivre d'une autre manière que les gens simples, et avoir toutes les commodités que n'ont pas les personnes de la campagne. On ne croit pas, dit-on, qu'on puisse faire mieux dans ce temps-ci ; que coucher durement peut engendrer bien des infirmités.

« On me dit à moi-même que je dois conserver ma santé, être bien couchée, bien nourrie, me mettre en état d'éviter les maladies et les infirmités ; et en même temps j'entends une voix plus ancienne et plus forte, tant dans la lecture des livres approuvés et dans les paroles et les instructions de NOTRE-SEIGNEUR , que dans ma propre expérience, qui me dit : Pourquoi je me défierais de la Providence de DIEU, qui m'a si heureusement conduite depuis plus de cinquante ans? Car c'a été par son inspiration que j'ai commencé, non une vie austère dans les déserts, mais une petite vie simple et proportionnée à ma condition de pauvre fille (1). »

___________________________________

(2) Ibid., p. 140.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VI. Dans cet état de peines, la sœur Bourgeoys…

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Message  Louis Jeu 31 Jan 2013, 12:15 pm

VI. Dans cet état de peines,
la sœur Bourgeoys
vit retirée à l'écart. Ses occupations.

Lorsque la sœur Bourgeoys tomba dans les peines dont elle décrit ici le sujet, elle était l'une des conseillères qu'on avait données à la sœur Barbier, alors supérieure (1). Comme elle avait déjà atteint sa 75e année, et que dans cet état d'épreuves tout ce qu'elle voyait dans la maison, qui n'était pas conforme à cette grande austérité de vie, augmentait ses peines, on jugea convenable qu'elle gardât l'infirmerie, où la sœur Crolo était alors obligée de rester.

« Pendant près de quatre ans, dit-elle, j'ai demeuré à l'infirmerie, m'occupant à quelque peu de couture. J'y couchais et j'y mangeais pour tenir compagnie à ma sœur Crolo, qui ne pouvait descendre au réfectoire ; et c'était fort rarement que j'allais à l'église, car la sainte messe se disait alors dans la maison. Je ne sortais pas, ni ne parlais à aucune de mes sœurs; tout cela, comme on me disait, à cause de mon grand âge. Pendant ce temps, je parlai d'aller en France, ce qui ne réussit pas; mais j'avais toujours dans la pensée que DIEU demandait de cette communauté plus de perfection que je n'y en voyais. Quand, par quelque rencontre, je faisais là-dessus quelque réflexion, on me disait de ne pas m'en mettre en peine et que je ne répondrais de rien à ce sujet (2). »

________________________________________

(l) Lettre commune des sœurs à M. Tronson, de l'année 1695.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII. Ces peines de la sœur Bourgeoys sont très-utiles aux sœurs de la Congrégation.

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Message  Louis Ven 01 Fév 2013, 6:22 am

VII. Ces peines de la sœur Bourgeoys
sont très-utiles aux sœurs de la Congrégation.

On ne saurait méconnaître la sagesse de la conduite divine sur la Congrégation, dans les peines mêmes dont elle voulut que la sœur Bourgeoys fût éprouvée, sur la fin de sa longue carrière. Le dépouillement extérieur dans lequel elle avait formé ses premières compagnes, surpassait les forces communes, et ne pouvait, par conséquent, persévérer à ce degré parmi les sœurs. DIEU voulut donc leur mettre sous les yeux cette persévérance ferme et constante de la fondatrice dans la voie étroite, et cet état de peines continuelles causées par les justes tempéraments que le soin de leur santé demandait, afin de leur apprendre à ne s'accorder que ceux qui leur seraient absolument indispensables, sans préjudice toutefois du dépouillement intérieur nécessaire à tous les chrétiens.

« Mon expérience m'apprend, écrivait la sœur Bourgeoys, qu'on prend avec facilité les aises du corps ; la nature se les accorde quelquefois avec quelques petits scrupules, qui se passent en un moment, spécialement quand nous sommes invitées à nous donner les commodités par condescendance à autrui, ou par quelques paroles qui nous flattent et qu'on nous dit pour nous y engager. Mais après avoir été quelque temps dans cette vie molle et relâchée, lorsqu'il s'agit de retourner à la petite vie, à la vie étroite, il faut de grands efforts. Alors notre ennemi ne manque point à venir au secours de notre pauvre nature, qui ne dit jamais : c'est assez; et ensuite la nature en vient elle-même à des recherches souvent nuisibles, trouvant aisément nécessaire ce qui la flatte et lui plaît (1).»

Il convenait que la sœur Bourgeoys, suscitée pour donner naissance à la Congrégation, pût servir à jamais de modèle de ferveur à toutes ses filles. Aussi la sagesse de DIEU voulut qu'en acceptant avec une entière soumission d'esprit et de cœur toutes les mitigations raisonnables, que la nécessité avait obligé d'apporter à la règle primitive, et que M. de Saint-Vallier avait autorisées par ses nouveaux règlements, cette digne fondatrice ne laissât pas de persévérer jusqu'à la fin de ses jours dans son premier genre de vie. Rien n'eût été en effet plus pernicieux à la Congrégation, qu'une conduite différente de la part de la sœur Bourgeoys. Elle eût introduit comme infailliblement le relâchement dans l'institut, en faisant considérer comme la mesure exacte de la perfection des sœurs, ce qui n'était qu'une pure condescendance à la faiblesse humaine.

Enfin les peines si vives qu'elle endura dans l'état d'épreuves dont nous parlons, étaient sans doute ordonnées de DIEU, pour qu'elle obtînt, par ses mérites et par sa ferveur, à toutes les sœurs de la Congrégation , la grâce de garder inviolablement le dépouillement intérieur, et de ne jamais excéder dans les petits adoucissements, que leur faiblesse et l'assujettissement à leurs pénibles emplois, rendent nécessaires.

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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent…

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Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.  - Page 14 Empty Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

Message  Louis Ven 01 Fév 2013, 12:06 pm

VIII. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à mettre par écrit
ses vues sur la perfection de son institut.

Un autre effet que DIEU voulait en retirer, tant pour l'édification de l'Église que pour le bien de la Congrégation, ce fut d'obliger la sœur Bourgeoys, par ces épreuves, à mettre par écrit toutes les circonstances admirables de sa vocation en Canada, et les lumières qu'elle avait reçues de lui sur l'excellence, la perfection et l'esprit de son institut.

« Depuis longtemps, écrit-elle, il me semblait que NOTRE-SEIGNEUR demandait quelque chose de cette communauté; mais la nuit du 3 au 4 juillet 1697, je me suis sentie pressée par une très-forte pensée qui me vint à l'esprit, et il me semblait qu'on me faisait connaître qu'il fallait que je fusse le Jonas de la Congrégation, pour avertir cette maison de ses manquements, au risque d'être jetée dans la mer. Me sentant donc extraordinairement pressée, je m'offris de tout mon cœur pour faire la volonté de DIEU, et j'en fus louée.

Je me contentai alors de me proposer de demander avis sur ce que je devais faire ; mais la nuit du 5 au 6 octobre, cette pensée me revint aussi violemment que la première fois. Alors je me déterminai à faire ce que je pourrais pour correspondre fidèlement par la suite. Je m'en ouvris à M. Caille, notre supérieur, et à M. de Valens, et ils me dirent de parler de ces choses à notre supérieure. Je lui fis un billet de ce que je voyais pour lors.

Enfin, quelques jours après, j'ai été fort pressée par la crainte d'être infidèle, et je me suis résolue, de l'avis de ces Messieurs, de marquer par écrit ce qui me semble nécessaire. Je me suis donc servie de ma plume, dans l'espérance qu'en faisant mon possible, la miséricorde de DIEU me délivrera du châtiment que mon peu de fidélité méritait, après avoir tant de fois réitéré la promesse d'embrasser la volonté de DIEU, au moindre signe que j'en pourrais connaître (1).

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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : IX. Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent...


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Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.  - Page 14 Empty Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

Message  Louis Sam 02 Fév 2013, 6:22 am

IX. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à mettre par écrit
les circonstances les plus merveilleuses de sa vie.

Après ce préambule, la sœur Bourgeoys commence par raconter en détail les grâces dont DIEU l'avait prévenue dès son enfance, pour l'appeler à la perfection ; toutes les circonstances de sa vocation pour le Canada ; la manière dont elle connut M. de Maisonneuve ; son premier voyage à Paris et de là à Montréal; le commencement de ses écoles ; son second voyage en France, et la bénédiction que DIEU répandit sur toutes les démarches qu'elle fit pour s'associer ses premières compagnes; la manière dont elle vivait à Villemarie ; son troisième voyage en France : en un mot, elle raconte presque tout ce que nous avons rapporté d'elle dans cet ouvrage, lorsque nous avons cité ses propres écrits.

Ainsi, un fruit précieux de ses rudes épreuves fut de nous procurer, sans qu'elle y songeât, sa vie écrite par elle-même à l'âge de 78 ans ; vie dont nous aurions ignoré les merveilles, si DIEU n'eût mis son cœur comme sous le pressoir, par les peines dont nous parlons. Car ce furent ces peines qui, malgré sa grande répugnance à parler d'elle-même, la firent se résoudre enfin à être, comme elle le dit, le Jonas de la Congrégation, en révélant tout ce que DIEU avait fait jusque alors en sa faveur pour la rendre un instrument digne d'exécuter ses desseins, et l'élever à une perfection éminente.

Lorsqu'elle était ainsi occupée à écrire, elle fit, en 1698, les exercices de la retraite spirituelle ; et ce qui montre de plus en plus la pureté des motifs qui la dirigeaient dans ce travail, elle se proposa pour l'une des fins de cette retraite, de tâcher de découvrir, dit-elle, s'il n'y a point d'autre intention qui me fait parler, que la pure gloire de DIEU. Je prie sa bonté de me le faire connaître par qui il lui plaira, de la manière et dans le temps qu'il ordonnera, à quoi je me soumets de tout mon cœur (1). »

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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : X. Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent à décrire les qualités...


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Message  ROBERT. Sam 02 Fév 2013, 2:13 pm

Louis a écrit:
IX. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à mettre par écrit
les circonstances les plus merveilleuses de sa vie.

...le Jonas de la Congrégation..
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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : X. Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent à décrire les qualités...


Preuve de plus, s'il en est besoin, que les figures de l'Ancien Testament,

trouvent toujours leur alter ego,, si l'on peut s'exprimer ainsi, dans le Nouveau...

.
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