Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
CHAPITRE VI.
LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT UNE MISSION
A LA MONTAGNE DE MONTRÉAL
POUR LA SANCTIFICATION DES FILLES SAUVAGESSES.
LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT UNE MISSION
A LA MONTAGNE DE MONTRÉAL
POUR LA SANCTIFICATION DES FILLES SAUVAGESSES.
I. Pendant plus de 30 ans, on n’avait pu attirer
des sauvages dans l’île de Montréal pour les y instruire.
L'un des motifs qui avaient attiré la sœur Bourgeoys en Canada, était le désir de travailler à la conversion des sauvages, par l'éducation chrétienne de leurs enfants. Mais pendant plus de vingt ans son zèle pour leur sanctification était resté comme sans exercice, les sauvages ne venant pas se fixer dans l'île de Montréal. Tout ce qu'elle avait pu faire pour eux se bornait à l'éducation de quelques petites filles sauvages données par leurs parents à M. de Maisonneuve ou à M. de Courcelle, comme on l'a déjà raconté.
Ce n'est pas qu'on eût négligé d'attirer les sauvages à Montréal: dès la fondation de Villemarie on avait adressé à Dieu de ferventes prières pour leur conversion. Lorsque M. de Maisonneuve eut porté sur la Montagne, en 1642, la croix dont nous avons parlé, « les personnes qui pouvaient quitter l’habitation, dit la sœur Bourgeoys, allaient faire des neuvaines à dessein d'obtenir de DIEU la conversion des sauvages, et que ceux-ci vinssent avec soumission pour être instruits. Mlle Mance, entre autres , était du nombre ; mais tous ces gens-là n'ont point vu l'effet de leurs prières (1). »
L'humeur indépendante de ces barbares, leur amour pour la vie libre et errante, les guerres dont le pays n'avait cessé d'être le théâtre, avaient en effet rendu inefficaces tous les mouvements qu'on s'était donnés pour les arrêter à Montréal; et lorsque Mlle Mance mourut, ce qu'arriva l'année 1673 (1), on n'avait point encore vu de sauvages se fixer dans cette ile. Ce fut ce qui engagea les prêtres de Saint-Sulpice, après que M. de Laval les eut autorisés en 1668 à se livrer à l'instruction des sauvages, d'aller établir sur les bords du lac Ontario, une mission dont le siège principal fut fixé à Kenté. M. de Bretonvilliers fit des dépenses considérables pour cet établissement, et y envoya, entre autres missionnaires, M. Trouvé, M. de Fénelon, M. de Cicé (2).
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1] Registres de la paroisse de Villemarie, sépultures, 1673.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ad calcem.— Lettre de M. de Bretonvilliers, du 17 mars 1676 ; archives du séminaire de Paris.
A suivre : II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.
Dernière édition par Louis le Mer 28 Nov 2012, 3:38 pm, édité 1 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.
Mais après une expérience de plus de dix ans on demeura convaincu que le fruit de ces missions errantes se réduisait presque à rien, et que pour travailler utilement à la conversion des sauvages, il fallait d'abord les rendre sédentaires et les attirer auprès des Français (3). Les PP. Jésuites formèrent dans ce dessein une mission sauvage à la Prairie de la Madeleine, vis-à-de Villemarie, de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent (4). Peu après, quelques sauvages iroquois et d'autres ayant témoigné le désir de se fixer dans l'Ile de Montréal, les ecclésiastiques de Saint-Sulpice commencèrent pour eux, en 1676, un établissement à la Montagne, qui de cette sorte « fut le premier lieu de cette île, » comme le fait remarquer la sœur Bourgeoys, « où les sauvages vinrent pour être instruits (1). » Enfin, la désunion s'étant mise parmi les chefs des sauvages de la Prairie de la Madeleine, plusieurs quittèrent cette mission pour se joindre à ceux de la Montagne, de l'avis des PP. Jésuites et de M. Dudouyt, grand-vicaire du diocèse (2) et la mission de la Prairie fut transférée au Sault Saint -Louis (*).
Dès que M. Tronson eut appris l'établissement de la mission de la Montagne, il écrivit de ne rien négliger pour gagner d'abord le cœur des enfants (1), et d’ouvrir pour eux des écoles.
« M. Colbert, disait-il, approuve extraordinairement votre dessein pour l'établissement de petites écoles de sauvages ; il est persuadé qu'on ne saurait rien faire de plus utile. C'est une œuvre où il faut s'appliquer tout de bon, et à quoi il faudra donner tout ce que l'état de la maison pourra permettre. Ainsi n'épargnez rien pour l'instruction de ces enfants. Vous voyez combien tout cela vous oblige à supprimer les missions du lac Ontario, que M. Colbert croit d'ailleurs être très-peu fructueuses. Je dînai chez lui il y a quelques jours, et il me dit la grâce de me bien écouter sur toutes nos affaires (1). »
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(3) Premier établissement de la Foi, par le P. Le Clercq, t. II. P. 80. — Lettre de M. Tronson à M. Mariette, du 23 avril 1678.
(4) Relation de ce qui s’est passé en la Nouvelle-France, les années, 1670 et 1671, par le P. Dablon, chap. VI. p. 40
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Lettre de M. Tronson.
(1) Lettre de M. Tronson à M. Bailly, du 22 avril 1678.
(1) Lettre à M. de Casson, du 14mars 1679, ibid.
A suivre : l’explication du (*)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.( explication du * )
(*) Le témoignage si formel de la sœur Bourgeoys, qui recule le commencement de la mission de la Montagne jusque après la mort de Mlle Mance, arrivée en 1673, ne peut se concilier avec ce que M. Montgolfier a écrit sur l'époque de la formation de cet établissement. Il l'a fixée à l'année 1657, fondé en cela sur un catalogue manuscrit des ecclésiastiques du séminaire de Villemarie, composé au plus tût en 1777, rempli d'erreurs et d'anachronismes touchant les commencements de cette maison; et peut-être aussi sur un passage des Annales de la sœur Morin, où elle a supposé, par erreur, que cette mission existait déjà en 1669. M. Noiseux, dont l'inexactitude et la hardiesse sont assez connues (1), s'est imaginé que la mission de la Montagne avait été établie longtemps auparavant par les Récollets; il a même inventé à ce propos un conte assez mal ourdi sur le père Poulain , qu'il travestit en missionnaire de la Montagne, en défigurant entièrement l'histoire de ce religieux (2); il fait aussi un récit de même aloi au sujet de M. Galinier, à qui il fait bâtir, en 1658, une chapelle à la Montagne, en ajoutant qu'elle fut bénite le 13 juin 1659. Cet écrivain, persuadé sans doute que les sources de l'histoire ecclésiastique du Canada étaient taries, aura cru qu'au défaut de monuments il pouvait s'abandonner à une sorte d'inspiration pour la reproduire. Du moins nous ne pouvons expliquer autrement la confiance avec laquelle il accumule tant de récits controuvés.
Ces écrivains auraient été plus réservés dans leurs conjectures, et n'auraient pas supposé qu'il existât dès lors une mission de sauvages à la Montagne de Montréal, s'ils avaient considéré que, pendant plus de vingt ans, les premiers colons de Villemarie n'eurent presque pas la liberté de sortir de leur ville, à cause de la guerre cruelle que les Iroquois leur faisaient jusqu'aux portes de leurs maisons. Ce fut pour ce motif qu'en 1662 on donna à plus de soixante Montréalistes l'usage de diverses portions de terre du domaine des seigneurs, avec promesse de leur faire des concessions plus éloignées de la ville, lorsque la paix serait rendue au pays (1). Les registres de la mission de la Montagne, qui ne commencent qu’en l'année 1680, auraient pu aussi leur faire soupçonner la nouveauté de cet établissement; car il y est expressément marqué que les actes des baptêmes conférés aux sauvages pendant les trois années précédentes, savoir, 1677, 1678 et 1679, avaient été inscrits dans les registres de la paroisse de Villemarie, ce qui indique assez que cette mission n'avait été établie que vers l'année 1677. Les registres de Villemarie qui commencent en 1642, ne font d'ailleurs aucune mention de la Montagne avant les trois années qu'on vient d'indiquer. Enfin ces écrivains n'auraient pas supposé que les prêtres de Saint-Sulpice dirigèrent cette mission depuis leur établissement à Villemarie, s'ils avaient su que M. de Laval ne leur permit de travailler à la sanctification des sauvages qu'en l’année 1668 (2).
Au reste, d'après le système imaginé par M. Noiseux, …
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(1) Relations des Jésuites, etc., ouvrage traduit de l’anglais ; Montréal, 1850, in-12, p. 69-70.
(2) Premier établissement de la Foi, par le P. Le Clercq, p. 153 et suiv., p. 206 et suiv., p. 219 et suiv..
(1) Archives du séminaire de Villemarie, année 1662.
(2) Archives de la marine suprà.
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.
(suite de l'explication du *)
(*) Au reste, d'après le système imaginé par M. Noiseux, la mission de la Montagne aurait été dirigée successivement par les Récollets, puis par les Jésuites, et en troisième lieu par les prêtres du séminaire de Saint-Sulpice. Mais il est certain que les Récollets en énumérant leurs missions diverses dans les écrits qu'ils ont publiés sur le Canada, n'ont jamais fait mention d'une mission qu’ils eussent eue à la Montagne de Montréal. Au contraire, l'un d'eux, le P. Le Clercq, rapporte, au sujet de cette même mission, que les ecclésiastiques de Saint-Sulpice, après avoir abandonné l'établissement qu'ils avaient formé en 1668 à Kenté, « s'appliquèrent alors à un nombre de familles huronnes et iroquoises que l'on attirait peu à peu dans l'île, et qui, ajoute-t-il, forment aujourd'hui un village chrétien à un quart de lieue de Villemarie (1). »
Les RR. PP. Jésuites, dans leurs Relations de la Nouvelle-France , n’ont pas dit un seul mot qui fit même soupçonner l'existence prétendue de cette mission.
Enfin, M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, qu'il termine à l'année 1672, n'en a pas parlé non plus, quoiqu'il n'ait rien omis de ce qui concernait la mission des prêtres de Saint-Sulpice à Kenté, et qu'il ait rapporté une multitude d'autres particularités moins importantes.
Ajoutons que M. de Bretonvilliers, dans une lettre très-étendue qu'il écrivit en 1675 aux ecclésiastiques du séminaire de Villemarie, ne dit pas un mot de la mission de la Montagne, quoiqu’ il leur parle en détail de toutes les œuvres dont ils étaient alors chargés au Canada (2).
Si l'on ne trouve aucune trace de l'existence de cette mission jusqu’en l'année 1675 inclusivement, les monuments du temps expliquent nettement la raison de ce silence, puisqu’ils nous apprennent qu'elle ne fut commencée que l'année suivante 1676. C'est ce que démontrent une multitude de lettres de M. Tronson, écrites les années 1677, 1678 et suivantes, à l'occasion de cet établissement. On y voit que la crainte de ne pouvoir suffire aux dépenses de cette nouvelle mission et à celle de Kenté, le portait à abandonner cette dernière, dont les fruits se réduisaient d'ailleurs presque à rien (1). Nous pourrions ajouter ici un grand nombre d'autres témoignages qu'il est inutile de produire (2). Nous nous bornerons à indiquer celui de M de La Salle, de l'année 1678 (3); celui de M. de Frontenac, gouverneur général du Canada, de l'année 1679 (4); celui de M. de Belmont, qui assista en quelque sorte à la naissance de cette mission. Dans une requête à l'intendant, ce dernier fixe l'origine de la mission de la Montagne à l’année 1676 (5), et il en met la fondation à l'année suivante, parce que ce fut alors que, sur la réponse de M. Tronson, le séminaire se chargea de pourvoir à cette bonne œuvre, et que le roi assigna une gratification pour aider à la soutenir. « En 1680, dit M. de Belmont dans ce dernier écrit, il y avait deux missions auprès de Montréal, l'une du Sault (Saint-Louis) , fondée par le R. P. Frémin, et une autre à la Montagne, fondée en 1677 (6). » Tous ces témoignages justifient, comme on le voit, ce que la sœur Bourgeoys atteste de son côté, savoir : que Mlle Mance , décédée en 1673, ne vit point l'établissement de la mission de la Montagne.
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(1) Premier établissement de la Foi, , t. II. p. 80-81
(2) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, lettres de M. Tronson, Canada. t. I.
(1) Ibid, tom. I.
(2) L’État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, p. 68. — Histoire de l’Amérique Septentrionale, par de la Potherie t. I, p. 343.
(3) Archives de la marine, Canada, t. III. , 10 octobre 1678.
(4) Ibid. lettre de M. de Frontenac au roi, du 6 novemb. 1679.
(5) Archives du séminaire de Villemarie.
(6) Bibliothèque royale, ms. Supplément français, 1265.
A suivre : III. La sœur Bourgeoys établit à la Montagne une école pour les sauvagesses…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IV. L’école de la Montagne est la première…III. La sœur Bourgeoys établit à la Montagne
une école pour les sauvagesses. Gratification du roi.
Le désir de M. Tronson était que les ecclésiastique du séminaire prissent le soin des garçons, et les sœurs de la Congrégation celui des filles; et M. Colbert, entrant tout à fait dans ses vues, obtint du roi pour les sœurs une gratification annuelle de 1,000 livres (1).M. de Belmont, alors diacre, qui avait renoncé généreusement au monde et à ses honneurs, dans le dessein de se consacrer à la mission de Villemarie (2), fut chargé en 1680 de l'école des garçons, commencée l'année précédente (3), et la sœur Bourgeoys envoya pour celle des filles deux sœurs de la Congrégation. Dès son arrivée, M. de Belmont fit construire à ses dépens une chapelle (4) sous le titre de Notre-Dame des Neiges, ainsi que le village de la Montagne, formé d'abord de cabanes d'écorce disposées dans un certain ordre régulier (5); et ce fut dans ces cabanes que les sœurs de la Congrégation se logèrent et commencèrent l'exercice de leurs fonctions (6). De cent soixante sauvages qui composaient la mission au commencement, il n'y en avait guère que la moitié qui eussent reçu le baptême (7). C'étaient pour les sœurs, aussi bien que pour les missionnaires, un motif puissant de redoubler leurs prières, afin d'obtenir la conversion des autres, ce que DIEU daigna leur accorder peu après. Il arriva même que comme les sauvages se trouvaient heureux dans cette mission, où ils étaient fort bien traités, leur nombre augmenta en peu de temps, d'autres sauvages venant se joindre aux premiers (1); et qu'enfin la mission devint assez considérable, et fut même une protection et une défense assurée pour Villemarie dans la guerre que les Iroquois infidèles firent peu après à la colonie (2) (*). Telle fut l'origine de la première école ou mission pour les petites sauvagesses établie dans la Nouvelle-France._____________________________________(*) Lorsqu'il n'y avait encore que cent soixante sauvages dans cette mission, l'école de M. Belmont était composée de vingt-trois garçons, dont tous ceux qui étaient baptisés portaient le surplis à l'église, y chantaient et faisaient la fonction d'acolytes et de thuriféraires (1). M. Tronson félicitait en ces termes M. de Belmont de ces heureux commencements :
« Il n'y a rien de plus beau que le récit que vous me faites de la magnificence de votre église et de ses ornements. J'en ai fait lecture à plusieurs qui souhaiteraient surtout entendre le Gloria le Credo, le Sanctus, l'Agnus Dei et les vêpres en sauvage (2). Puisque la Providence vous a fait trouver un luth à Montréal, vous pouvez en jouer à l'église, et vous en servir comme d'un moyen pour porter à la dévotion (3) Vous pourrez avoir les orgues que vous avez demandés (4). Quelques-uns de nos messieurs se sont étonnés que vous avez fait clore un cimetière, parce qu'ils s'imaginaient qu'on ne mourait point en Canada, tant ils avaient ouï dire que l'air y est bon (5). »
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(1) Lettre de M. Tronson, Clermont, lettre à M. Baudrand du 19 janvier 1682.
(2) Ibid., Canada, lettre à M. De Belmont, du 6 juin 1682.
(3) Ibid., lettre au même, 1686.
(4) Ibid., lettre au même, du 15 avril 1685.
(5) Ibid., 6 juin 1682._____________________________________(1) Lettre à M. de Belmont, du 30 mai 1681, ibid.
(2) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, p. 68-69.
(3) Lettre de M. de M. Tronson à M. Dollier de Casson, 20 mars 1680.
(4) Lettre de M. de M. Tronson à M. Ranuyer du , 25 mai 1681.
(5) Lettre à M. de Belmont, du 6juin 1682.
(6) Vie de la sœur Marie Barbier.
(7) Lettre de M. Tronson, Clermont, lettre à M. Baudrand du 19 janvier 1682.
(1) Lettre de M. de M. Tronson à M. de Belmont du ,13 mars 1683. — Registres de la mission de la Montagne, dénombrement de 1683.
(2) Archives de la marine, dépêches des gouverneurs et des intendants.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IV. L’école de la Montagne est la première
qu’on ait formée pour les sauvagesses. Pensionnaires et externes.
M. Du Chesneau, intendant du Canada, qui visita cette même année la mission de la Montagne, faisait remarquer au ministre, dans le mémoire qu'il lui adressait le 13 novembre 1681, que c'était en effet la seule où l'on s'occupât de l'instruction des petites filles sauvages.
« Dans la mission de la Montagne, disait-il, dans celle du Sault de la prairie de la Madeleine (c'est-à-dire du Sault Saint-Louis), dans celles de Sillery et de Lorette, les seules bourgades sauvages que nous ayons, on a commencé à montrer à lire et à écrire aux jeunes garçons. Dans celle de la Montagne de Montréal, les filles de la Congrégation s’appliquent à l'instruction des petites filles, et les font travailler en couture (1). »
Pour affermir et développer davantage le bienfait de l'éducation dans ces enfants, la sœur Bourgeoys voulut que les sœurs gardassent auprès d'elles, comme pensionnaires, celles qui montraient plus de dispositions à la vertu, afin qu'étant soustraites par ce moyen à l'influence de leurs parents, elles pussent s'appliquer avec moins d'obstacle aux exercices de la piété, et s'accoutumassent plus aisément à notre manière de vivre. Elle espérait d'ailleurs que ces enfants, étant une fois formées, contribueraient efficacement par leurs bons exemples à aider les sœurs à la formation des autres.
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(1) Archives de la marine, Canada, mémoire de M. Du Chesneau du 13 novembre 1681.
A suivre : V. Éloge de l’école de la Montagne.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Éloge de l’école de la Montagne.
Charmé de ces heureux commencements, M. Tronson écrivait à M. de Belmont, le 30 mai 1681 : « Ce vous est un grand secours d'avoir les filles de la Congrégation pour instruire les petites sauvagesses. Pour les 1,000 livres que le roi leur donne, elles peuvent les employer à l'entretien de leurs pensionnaires, soit que ces enfants demeurent à la Montagne, soit qu'elles restent à Montréal: cette gratification leur étant accordée en général pour leur donner moyen de travailler à l'éducation des filles sauvages, sans qu'il y ait aucune condition dans le don que Sa Majesté leur en fait.
Ainsi, comme elles peuvent travailler dans l'un et dans l'autre de ces lieux à l'éducation de ces petites sauvagesses, elles peuvent aussi ou partager cette somme, ou l'appliquer tout entière an lieu où elles verront que les besoins sont plus grands (1). »
Les gouverneurs généraux et les intendants du Canada ne manquaient pas, dans le séjour qu'ils faisaient chaque année à Villemarie, de visiter la mission de la Montagne; et toujours, dans leurs dépêches au ministre, ils faisaient l'éloge du zèle et de l'application des sœurs à instruire les filles de cette mission. M. de Meulles, qui succéda à M. Du Chesneau en qualité d'intendant, écrivait en 1683 à M. de Seignelay, devenu ministre de la marine depuis la mort de M. Colbert, son père :
« MM. de Saint-Sulpice ont fait deux classes pour instruire les petits sauvages de la Montagne. Dans l'un que les garçons, qu'ils instruisent eux-mêmes. Deux filles de la Congrégation sont chargées de la seconde, où sont les filles. Elles ont soin de leur enseigner leur croyance, de les faire chanter à l'église, de leur apprendre à lire, à écrire (*), à parler français, et tout ce qui convient aux filles. Si sa Majesté voulait accorder un petit fonds de 5 ou 600 livres pour les sauvagesses de la Montagne, on pourrait leur apprendre à faire des bas à l'aiguille ou du point de France. Elles sont naturellement très-adroites. On les mettrait en état de gagner quelque chose, et de s'en servir pour s'habiller. On pourrait de ce petit fonds de 5 ou 600 livres leur acheter quelques petits habits à la française, et les accoutumer à s'en servir. Leurs habits sont ce que je leur ai trouvé de plus vilain. Mais on m'a répondu à cela qu'on n'avait pas le moyen de leur faire la moindre libéralité (1). »
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(1) lettre de M. de M. Tronson à M. de Belmont, du , 30 mai 1681.
(1) Archives de la marine, Canada, lettre de M. de Meulles du 4 novembre 1683.
A suivre : explication du (*).
Dernière édition par Louis le Sam 01 Déc 2012, 3:24 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Éloge de l’école de la Montagne.
(explication du *)
(*) Dans les registres de la mission de la Montagne on lit encore les noms de plusieurs des premières élèves de la Congrégation, signés par elles-mêmes comme marraines, ou comme contractant mariage. Françoise Tegaien, âgée de treize ans, signa elle-même l'acte de son propre baptême, qui eut lieu en 1683.
Parmi les sauvagesses que la sœur Bourgeoys avait élevées, nous pouvons nommer entre autres Marie Aouendea, fille de Thierry Hoandoron, le même qui, avant sa conversion, tua M. Le Maistre (1), prêtre de Saint-Sulpice, le jour de la Décollation de saint Jean-Baptiste, 1661, comme on l'a déjà raconté.
Ce sauvage, dont M. Le Maistre obtint sans doute la conversion par son intercession auprès de DIEU, fut ensuite baptisé par le Père Frémin (2) ; et, assuré de trouver dans les prêtres du séminaire autant de bienfaiteurs et des pères, il alla se mettre sous leur conduite à la mission de la Montagne. Ils lui témoignèrent en effet une sincère et généreuse charité, jusque-là qu'ayant fait instruire et élever une de ses filles, ils la marièrent avec un des serviteurs du séminaire nommé Abraham Boté, natif de Dieppe en Normandie, connu parmi les sauvages sous le nom de Sourakoua (1). On voit par les registres de la paroisse de Villemarie qu'une autre fille de Thierry Hoandoron fut baptisée le 5 septembre 1678 (2).
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(1) Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté ; M. Le Maistre.
(2) Registres de la Mission de la Montagne ; dénombrement.
(1) Ibid., 14 octobre 1680.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie ; Baptêmes 5 septembre 1678.
A suivre : VI. La sœur Bourgeoys est chargée par le roi d’élever toutes les petites sauvagesses de la Montagne…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys, d’abord effrayée par les difficultés…VI. La sœur Bourgeoys est chargée par le roi d’élever toutes
les petites sauvagesses de la Montagne. Nouvelle gratifications du roi.
Jusque alors le gouvernement avait placé un petit nombre de filles sauvages chez les religieuses Ursulines de Québec. Mais quelque soin que ces religieuses apportassent à les former et à les instruire, elles avaient la douleur de voir leurs efforts presque sans résultats.
« Les boissons perdent nos pauvres sauvages chrétiens: les hommes, les femmes, les garçons et les filles même, disait déjà en 1662 la mère de l'Incarnation. Ils sont pris tout aussitôt et deviennent comme furieux. Il suit de là des meurtres, des brutalités monstrueuses et inouïes. Nous avons fait voir à nos filles sauvages externes venant à nos classes, le mal où elles se précipitent en suivant l'exemple de leurs parents: depuis elles n'ont pas remis le pied chez nous. (1). »
Il paraît que les pensionnaires sauvagesses que les Ursulines élevaient dans leur couvent, ne leur donnaient guère plus de satisfaction. Du moins, en 1683, M. de Meulles écrivait à M. de Seignelay : « Rien n'est plus inutile que de mettre les sauvagesses aux Ursulines, parce que l'austérité dont les religieuses font profession n'accommode nullement un esprit sauvage. Aussi est-il vrai qu'aussitôt que les sauvagesses sont sorties de chez ces religieuses, elles passent d'une extrémité à l'autre (2). »
M. de Seignelay, convaincu de son côté que la vie cloîtrée ne pouvait pas convenir à ces enfants, résolut de ne confier qu'à la sœur Bourgeoys toutes celles de la mission de la Montagne, et répondit à M. de Meulles, le 10 avril de l'année suivante, que le roi ne voulait pas qu'elles fussent envoyées à Québec. Pour procurer à la sœur Bourgeoys les moyens de les former, il obtint du roi, non-seulement les 500 livres que M. de Meulles avait demandées (1), mais encore une nouvelle gratification de 2,000 livres, dont 1,000 pour acheter de la laine et du fil, afin d'apprendre à ces enfants à filer, à tricoter, à faire du point et autres ouvrages; et 1,000 pour l'entretien des ouvrières qui leur apprendraient ainsi à travailler (2). Toutes ces sommes devaient être remises à la sœur Bourgeoys pour qu'elle les employât selon sa sagesse (3). Enfin, M. de Seignelay fit passer de France en Canada trois femmes pour apprendre aux filles sauvages de la Montagne à tricoter, et trois autres pour leur apprendre à filer et à faire de la dentelle (4).
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(1) Lettres de la mère de l’Incarnation II e partie, lettre LXIII, p. 531.
(2) Archives de la marine ; Canada, lettre de M. de Meulles, du 4 novembre 1683.
(1) Ibid., registre des dépêches, 1683 ; lettre à M. de Meulles, du 10 avril 1684.
(2) Ibid., registre des expéditions, année 1685, folio 40.
(3) Lettres de M. Tronson : lettre à M. de Belmont, 1686.
(4) Registre des dépêches, 1683, fol. 19.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. La sœur Bourgeoys, d’abord effrayée par les
difficultés de cette œuvre, l’entreprend ensuite
avec confiance au secours de DIEU.
Cependant, loin de s'applaudir de la protection qu'elle recevait ainsi du monarque, la sœur Bourgeoys fut alarmée à la vue du fardeau qu'elle allait s'imposer en se voyant chargée à l'avenir de toutes les petites sauvagesses de cette mission. Elle craignait de n'avoir pas d'autre résultat de leur part que ceux qu'avaient obtenus jusque alors les Ursulines; c'était du moins ce que lui représentaient plusieurs personnes recommandables, et entre autres M. Le Ber, pour la dissuader de se charger d'un tel fardeau. Outre l'école de la Montagne, la sœur Bourgeoys en avait ouvert une autre en 1683 à la mission du Sault Saint-Louis, où elle avait envoyé deux sœurs (1).
Mais cet établissement ne se soutint pas; et peut-être que les inconvénients qu’elle craignait pour la Montagne avaient pour fondement le peu de succès qu'elle avait eu au Sault Saint-Louis. Quoi qu'il en soit, M. Tronson, pour la fortifier, écrivait en ces termes à M. de Belmont le 25 mars 1686 : « On ne serait pas ici de l'avis de M. Le Ber, et sa proposition ne serait pas approuvée à la cour. Car on veut qu'on francise, autant que l'on pourra, les sauvagesses aussi bien que les sauvages ; et cela ne se peut qu'en les faisant aller à l'école ou en les mettant en pension. Il me semble qu'en ne les prenant pas si jeunes, ne les gardant pas si longtemps, et ne les tenant point si serrées, on remédierait aux grands inconvénients qu'il propose ; et la sœur Bourgeoys n'en sera plus effrayée, si elle écoute vos raisons (1). »
Cette digne fondatrice ne s'était laisser aller d'abord à ces sentiments de crainte que par un effet de sa sincère et profonde humilité. Mais elle comprit bientôt que cette mission, où elle trouvait enfin la facilité de travailler à la sanctification des filles sauvages, était une œuvre que la Providence avait spécialement réservée à la Congrégation, de préférence à toute autre communauté.
Dans l'invitation qui lui était faite de la part du roi, elle vit l'entier accomplissement du dessein...
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(1) Archives de la marine, lettre de M. de Meulles au marquis de Seignelay, 4 novemb. 1683.
(1) Lettres de M. Tronson ; Canada 25 mars 1686.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. La sœur Bourgeoys, d’abord effrayée par les
difficultés de cette œuvre, l’entreprend ensuite
avec confiance au secours de DIEU.
(suite)
Dans l'invitation qui lui était faite de la part du roi, elle vit l'entier accomplissement du dessein qu'avaient formé autrefois les religieuses de Troyes, et qu'elles avaient exprimé sur l'image donnée par elles à M. de Maisonneuve avant son départ de France : image qui, dès le moment où elle l'avait vue pour la première fois en Canada, l'avait remplie de surprise et lui avait paru être un indice de sa vocation spéciale à Villemarie (1).
Enfin, elle ne put s'empêcher de considérer cette occasion d'exerce son zèle en faveur des filles sauvages, comme l'effet des prières ferventes que les premiers colons de Villemarie avaient faites pendant si longtemps sur cette même Montagne,
« à dessein d'obtenir conversion des sauvages et de les voir venir avec soumission pour être instruits. C'est en effet le premier lieu, écrit-elle, où ils sont venus, et même les filles sauvagesses, pour être instruits par les sœurs de la Congrégation; ce qui, ajoute-t-elle, a rapport à l'image que la sœur de M. de Maisonneuve, religieuse de la Congrégation de Troyes, avait donné à celui-ci avant son départ, autour de laquelle était écrit en lettres d'or :«Sainte mère de DIEU, pure vierge au cœur loyal,
Gardez-nous une place dans votre Montréal (2).»
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(1) Lettres autographes de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VIII. Les sauvagesses de la Montagne commencent à adopter…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII. Les sauvagesses de la Montagne commencent
à adopter l’usage de vêtements convenables.
Plusieurs désirent d’être sœurs de la Congrégation.
La sœur Bourgeoys embrassa donc cette œuvre avec confiance, et bientôt la bénédiction dont ses travaux furent couronnés, justifia pleinement les espérances qu'on avait conçues de son zèle. L'un des premiers fruits de sa sollicitude à l'égard de toutes ces jeunes sauvagesses, ce fut de leur inspirer l'amour du travail. Elles apprirent à filer la laine, à tricoter des bas; et enfin elles quittèrent leurs couvertures, qui jusque alors avaient été leur unique vêtement (*), et s'habillèrent d'une manière plus décente.
C'était ce que désirait M. Tronson. « Si vous pouvez introduire dans votre mission l'usage des jupes pour les sauvagesses, écrivait-il à M. de Belmont en 1685, et celui des caleçons pour les enfants sauvages, et faire venir les uns et les autres à la mode, vous vous rendrez illustre. Car je ne pense pas que l'on y puisse rien introduire de plus utile et qui ait plus de suites (1). »
Non-seulement toutes les filles sauvagesses adoptèrent l'usage de nos vêtements et s'appliquèrent aux petits ouvrages qu'on leur apprenait, mais plusieurs embrassèrent avec ferveur les exercices de piété qu'elles voyaient pratiquer à leurs maîtresses, et conçurent même le dessein d'entrer dans leur institut, ce qui était encore sans exemple chez les Iroquoises.
M. de Lacroix de Saint-Vallier, nommé à l'évêché de Québec, en remplacement de M. de Laval, qui s'était démis de son siège, arriva cette année 1685 en Canada, en qualité de vicaire général. Il visita l'école des sœurs à la Montagne, et dans la relation de son voyage, qu'il publia peu après, il rendit ainsi compte de l'état de leur mission :
« Les filles de la Congrégation, répandues en divers endroits de la colonie, ont surtout, dans la mission de la Montagne, une école d'environ quarante filles sauvages, qu'on habille et et qu'on élève à la française. On leurr apprend en même temps les mystères de la foi, le travail des mains, le chant et les prières de l'Eglise, non-seulement en leur langue, mais encore dans la nôtre, pour les faire peu à peu à notre air et à nos manières. On voit plusieurs de ces filles qui, depuis quelques années, ont conçu le dessein de se consacrer tout à fait à DIEU avec les sœurs de la Congrégation, dont elles suivent déjà fidèlement les règles et les observances. Mais on n'a pas encore jugé à propos de leur faire contracter aucun engagement, et on ne leur permettra qu’après les avoir longtemps éprouvées. (1) »_______________________________
(*) Les sauvages s'enveloppaient dans des couvertures qui leur servaient de robes et même de lit, comme le remarquait, en 1641, le Père Vimont (1). (1): Relation de 1640 et 1641, p. 47._______________________________(1) Lettre à M. de Belmont, du 15 avril 1685.
(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1638, in-8º, p. 67.
A suivre : IX. État de la mission de la Montagne décrit par M. de Saint-Vallier.
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IX. État de la mission de la Montagne décrit par M. de Saint-Vallier.
Les habitants de ce village sont des Iroquois et des Hurons, non-seulement bien convertis, mais parfaitement fervents, qui ont été assemblés et cultivés par le zèle et les soins de MM. de Saint-Sulpice. On y vit comme dans un cloître; et toutes les vertus s'y pratiquent selon les règles de la plus haute perfection évangélique. Il y a presque toujours quelqu'un qui prie dans la chapelle ; on n'y voit jamais parler personne ; et plusieurs s'en interdisent l'entrée pour des fautes fort légères dont ils se punissent volontairement eux-mêmes, en se tenant, par esprit d'humilité et de pénitence, à la porte. Ils ont tous une merveilleuse application à conserver leur innocence. Ils n'ont pas moins de soin de se tenir partout dans une grande récollection; et après qu'ils ont parlé à DIEU dans l'oraison avec une simplicité charmante, ils font retentir les cabanes et les champs de cantiques spirituels, durant le temps de leur travail et de leurs occupations domestiques. Quand ils sont les uns avec les autres, ils s'entr'animent à la vertu par la sainteté de leur conversation, et ils exercent entre eux en toute occasion une charité continuelle (1) (*).
M. de Belmont a un soin particulier de la jeunesse. Il se décharge des filles sur les maîtresses d'école que les sœurs de la Congrégation envoient dans ce village; et il sert lui-même de maître pour toutes choses à l'égard des jeunes garçons. Il ne se contente pas de leur apprendre la doctrine chrétienne et la manière de bien vivre, il leur enseigne aussi à parler le français et à chanter le plain-chant et la musique, selon qu'ils ont de la voix. Les uns ont appris sous lui à être tailleurs, les autres sont devenus cordonniers, d'autres tourneurs ; et il y en a même de maçons, qui ont déjà bâti de leurs propres mains de petites maisons à l’européenne (1). »_____________________________(*) M. de Saint-Vallier composa à Paris son ouvrage de l'État présent de l'Église du Canada, et demanda aux ecclésiastiques de Saint-Sulpice de cette ville, des mémoires sur Villemarie et sur la mission sauvage de la Montagne. M. Tronson nous apprend qu'on n'en eut pas à lui offrir (1); de sorte que M. de Saint-Vallier se contenta de rendre compte des impressions qu'il avait éprouvées en visitant cette mission. Mais il faut avouer que dans son court séjour en Canada il n'eut pas le temps de connaître à fond l'état des missions. Du moins, si un grand nombre de sauvages étaient tels qu'il les dépeint, il est certain que tous ne donnaient pas les mêmes sujets de consolation à leur missionnaire, et que, parmi ceux de la Montagne en particulier, il s'en trouvait alors qui les affligeaient par leur penchant à la boisson et par leurs rechutes dans ce malheureux vice (2).
(1) Lettre à M. de Belmont, avril 1688.
(2) Lettre de M. Tronson au même._____________________________(1) Ibid., p 86-70-71.
(1) Ibid., p. 72-73.
A suivre : X. Barbe Attontinon, Iroquoise, est reçue sœur de la Congrégation.
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A suivre : XI. Thérèse Gannensagouas, Iroquoise, sœur de la Congrégation. Ses vertus.X. Barbe Attontinon, Iroquoise, est reçue sœur de la Congrégation.
Mais le fruit le plus précieux que produisit la mission de la Montagne fut sans contredit la vie édifiante de deux vertueuses Iroquoises, qui se donnèrent à DIEU sans partage, en embrassant l'institut des sœurs de la Congrégation. L'une d'elles, appelée Marie-Barbe Attontinon, née au village d'Onnontagué (2). « Elle fut baptisée à la Montagne, dit la sœur Bourgeoys, et vint ensuite à la maison pour entrer en communauté. Elle y a été reçue, a pris l'habit, et a fait les promesses comme on les faisait pour lors. Elle y a demeurée douze ans, et est morte bien chrétiennement (3), » âgée d'environ trente-cinq ans. Elle fut inhumée le 29 novembre 1691, à l'église paroissiale de Villemarie, dans le caveau de la chapelle de l'Enfant-Jésus, qui servait dès lors à la sépulture des sœurs de la Congrégation (4).
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(2) Registres de la paroisse de Villemarie, inhumations, 29 novembre 1691.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(4) Registres de la paroisse de Villemarie, ibid.
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XI. Thérèse Gannensagouas, Iroquoise, sœur de la Congrégation. Ses vertus.
L'autre, qui était de Tsonnonthouan, s'appelait Gannensagouas, nom qui veut dire en iroquois: Elle prend le bras. Elle fut l'une des premières élèves des sœurs de la Congrégation à la Montagne, où elle reçut avec le baptême le nom de Marie-Thérèse, le 28 juin 1681 (5), à l'âge de quatorze ans. Après quatre ans de séjour dans cette mission, et lorsqu'elle eut été admise au nombre des sœurs, elle fut envoyée par la sœur Bourgeoys à la Montagne, pour y faire l'école aux petites sauvagesses. M. Belmont a fait ce court éloge de la sœur Gannensagouas:
« Elle fut mise chez les sœurs de la Congrégation établies à la Montagne, parmi les filles sauvages, que le roi a la bonté d'y entretenir pour y être instruites, et excella sur toutes les autres, principalement par sa modestie. Après qu'elle eut demeuré plusieurs années à cette école de vertu, où elle apprit la langue française ainsi qu'à lire et à écrire, elle demanda à être sœur ; et comme elle avait suffisamment témoigné qu'elle renonçait à toutes les prétentions de mariage, elle fut reçue pour être maîtresse d'école, charge dont elle s'acquitta avec toute sorte de perfection jusqu'à l'âge de vingt-sept ans. Les vertus qui brillaient le plus en elle étaient la modestie, le silence et la mortification corporelle. On dit qu’elle ne regarda jamais aucun homme en face; on avait peine à lui faire mettre des bornes à ses pratiques d'austérité (1). »
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(5) Registres de la mission de la Montagne : Baptêm., 28 juin 1681
(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris : éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté.
A suivre : XII. Notice sur Thoronhiongo, grand-père de Thérèse. Sa piété.
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XII. Notice sur Thoronhiongo,
grand-père de Thérèse. Sa piété.
Mais, pour mieux faire connaître la sœur Marie-Thérèse, il ne sera pas hors de propos d'ajouter ici un mot sur son grand-père, François Thoronhiongo, qui l'avait amenée, en 1677, de Tsonnonthouan au village naissant de la Montagne, et qui d'ailleurs est digne, par son mérite personnel, d'un éloge particulier. Il était Huron de nation, et avait été instruit et baptisé par le père de Brébeuf, cet illustre martyr de la Compagnie de Jésus, qui fut brûlé par les Iroquois lorsqu'ils saccagèrent les missions hurones. François Thoronhiongo avait été comme esclave à Tsonnonthouan, le plus grand village des Iroquois. Il y garda sa religion, comme un autre Tobie, avec une fidélité parfaite; et par sa probité et sa piété, qui le firent admirer de ces barbares, il passa pour un saint parmi eux.
Selon la coutume de cette nation, il fut regardé comme libre après la mort de ses maîtres; et alors, pour prier DIEU en paix, il quitta Tsonnonthouan, et alla à la mission iroquoise de la Montagne, conduisant avec lui sa petite-fille Gannensagouas, âgée de dix ans, et un fils marié, le seul qui lui restait. François s'y distingua bientôt par son respect pour les prêtres, par sa dévotion à l'église, et par sa charité envers les pauvres sauvagesses âgées, dont il bâtissait et raccommodait les cabanes.
Le trait suivant peut donner une idée de la piété de ce bon vieillard. Un jour qu'il commençait à raccommoder la porte d'écorce d'une cabane, ayant fait réflexion qu'il avait donné trois coups d'alène avant d'avoir fait le signe de la croix et d'avoir offert son action à DIEU, il s'écria incontinent: « Ah ! que je suis misérable! voilà trois coups d'alène perdus; j'ai oublié de les offrir au maître de ma vie (1). »
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(1) éloges de quelques personnes, etc., notice sur François Thoronhiongo.
A suivre : XIII. Thoronhiongo, devenu aveugle, prie tous les jours pour la conversion de son fils.
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XIII. Thoronhiongo, devenu aveugle,
prie tous les jours pour la conversion de son fils.
Un homme si profondément religieux ne pouvait que goûter la plus douce consolation en voyant les progrès que sa petite-fille Thérèse, faisait chaque jour dans la piété, sous la conduite des sœurs de la Congrégation. Mais il avait aussi le cœur abreuvé d'amertume par la conduite de son fils, qui vivait en libertin, et semblait ne faire aucun compte des instructions que lui donnaient les missionnaires. Enfin, ce qui mit le comble à son affliction, ce fils, qu'on n'avait pu disposer au baptême, quitta la mission, abandonna sa femme, qu'il laissa enceinte, et retourna chez les Tsonnonthouan.
Peu de temps après, sa femme mit au monde un fils, et dans la suite François Thoronhiongo étant devenu aveugle, cet enfant le conduisit chaque jour l'après-dîner à l'église, et l'y laissait jusqu'au soir. C'était là que ce saint aveugle répandait son cœur devant DIEU en discours extatiques, et le priait avec ardeur pour la conversion de son fils :
« SEIGNEUR, disait-il, je ne regrette point la perte de mes yeux: il n'y a rien de beau au monde, et je te verrai bientôt. Je ne regrette point ma pauvreté: tu sais que c'est chez toi que j'ai amoncelé mes richesses. SEIGNEUR, c'est mon fils que je regrette ; il n'a point d'esprit. SEIGNEUR ne le jette point au feu qui ne s'éteint pas. »
DIEU exauça ce saint vieillard de la manière la plus étonnante, et voulut, par cet exemple qui semble tenir du prodige, montrer aux nouveaux chrétiens de la Montagne qu'une prière humble et persévérante obtient tout de sa bonté.
A suivre : XIV. Thoronhiongo obtient, par la ferveur de ses prières, la conversion de son fils.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…XIV. Thoronhiongo obtient, par la ferveur
de ses prières, la conversion de son fils.
Au mois de mars 1690, le petit-fils de François Thoronhiongo, qui était en âge de porter les armes, fut enrôlé dans un parti de guerre moitié français et moitié sauvage, commandé par M. de Beaucourt, et le 21 avril suivant, François Thoronhiongo mourut âgé de plus de cent ans. Or, à l'époque de cette mort, le parti de guerre dont nous parlons vint à découvrir, au bout du Sault Saint-François, sur une rivière appelée Kentsage, une troupe de Tsonnonthouans, parmi lesquels se trouvait le fils même de François Thoronhiongo. L'attaque fut violente, et la défense vigoureuse.
On combattit si vaillamment de part et d'autre que le chef de chacun des deux partis fut tué ; mais enfin, après bien des massacres, les ennemis ayant été défaits, le petit-fils de François Thoronhiongo fit prisonnier un sauvage Tsonnonthouan, qu'il lia et qu'il amena comme esclave au village de la Montagne. C'était son propre père, qu'il n'avait jamais connu. Quelle ne fut pas la surprise du prisonnier, lorsque, arrivé à Villemarie, il se vit conduire par son vainqueur au village de la Montagne, d'où il s'était enfui depuis tant d'années, et enfin dans la cabane même qu'il avait habitée auparavant ?
La mère du jeune guerrier reconnaît aussitôt son mari, le fils reconnaît son père; et à l'instant ce n'est qu'un cri de joie et d'admiration dans tout le village. Les anciens, accourus à la cabane, reconnaissent tous le prisonnier. On le délie, et on lui déclare qu'il n'est point esclave. Les missionnaires sont au comble de la joie de voir ainsi ramenée au bercail une brebis si longtemps perdue.
Ce fortuné captif ne venait en effet à la mission que pour y recevoir le baptême…
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(1) éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, ibid.
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XIV. Thoronhiongo obtient, par la ferveur
de ses prières, la conversion de son fils.
(suite)
Ce fortuné captif ne venait en effet à la mission que pour y recevoir le baptême. Il arrivait tout malade de fatigues d'un chemin fait dans les neiges; et la maladie augmentant, on se mit en devoir de l'instruire pour le baptiser. Mais les missionnaires eurent lieu d'admirer encore ici l'effet des prières de son vertueux père ; car le malade, qui avant sa fuite de la mission avait montré si peu de zèle pour être instruit, et qui depuis avait vécu dans tous les excès ordinaires aux barbares adonnés à l'idolâtrie, se trouva alors comme éclairé surnaturellement. Il se souvint de toutes les prières chrétiennes et de son catéchisme; en sorte que, averti du danger où il était de sa vie, il demanda lui-même le baptême, et le reçut dans de grands sentiments de componction et de piété (*).
On lui parla de DIEU pendant trois heures, au bout desquelles il expira, laissant tous les sauvages remplis d'admiration pour une conduite si extraordinaire et si miséricordieuse, et d'une ferme confiance au crédit dont jouissait devant DIEU son bienheureux père, prières duquel chacun était convaincu devait une si sainte mort (1). Aussi, comme la vie de François Thoronhiongo avait été d'une si grande édification pour toute la mission, et qu'il avait fréquenté l'église avec tant d'assiduité, M. de Belmont fit exhumer son corps du cimetière où il avait d'abord été enterré (1), et le fit placer dans l'église même, avec cette inscription qu'on mit sur sa tombe :ICI REPOSENT
LES RESTES MORTELS
DE
FRANÇOIS THORONHIONGO
HURON ,
BAPTISÉ PAR LE RÉVÉREND
PÈRE BRÉBOEUF.
Il fut, par sa piété et par sa piété et par sa probité, l'exemple des chrétiens et l'admiration des infidèles; il mourut âgé d'environ 100 ans, le 21 avril 1690._________________________(*) Le Père Frémin, dans une lettre insérée à la Relation des années 1669 et 1670, parle avec beaucoup d'éloges de François Thoronhiongo (1). Mais il paraît que sa mémoire ne l'a pas toujours servi dans les récits qu'il fait sur ce vertueux Huron, puisqu'il assure que François n'ayant plus qu'un enfant au monde, et ce fils étant allé en guerre, il l'avait confessé avant son départ (2). Ce Père aura confondu ici quelque autre sauvage avec François Thoronhiongo. Car il est bien certain que si, vers l'année 1669, ce vieillard n'avait plus qu'un seul fils, ce fils était le même qui, encore païen, suivit son père à la mission de la Montagne en 1677, et qui, en 1690, avait lui-même un fils en état d'aller à la guerre avec M de Beaucourt.
_________
(1) Relation des missions aux Iroquois, des années 1669 et 1670, chap. ix, p. 291 et suiv.
(2) Ibid., p. 294._________________________(1) éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, ibid.
(1) Registres de la Montagne, sépultures 21 avril 1690.
A suivre : XV. Mort de Thérèse Gannensagouas.
Dernière édition par Louis le Ven 07 Déc 2012, 1:13 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XV. Mort de Thérèse Gannensagouas.
Ce ne fut pas un petit sujet de joie pour l'heureuse Gannensagouas de voir de ses yeux les effets des prières de son saint aïeul, et d'avoir été témoin de la mort si consolante de son oncle. Elle ne leur survécut pas longtemps, ayant été atteinte peu après d'une maladie de langueur qui la conduisit insensiblement au tombeau. Son grand amour pour la modestie la porta, dans les moments qui précédèrent sa mort, à prier les sœurs de la Congrégation, ses compagnes, de l'enterrer après son décès dans ses pauvres petits habits, sans la dépouiller. Elle mourut en odeur de sainteté à la Montagne, le 25 novembre 1695, âgée de 28 ans, et fut inhumée comme grand-père dans l'église de la mission (1). Cette église ayant été démolie longtemps après, on transporta les restes de cette sainte fille avec ceux de son aïeul dans la tour du fort de la Montagne, qui sert maintenant de chapelle, et on mit au-dessus l'inscription suivante, qu'on y voit encore aujourd'hui, ainsi que celle de son aïeul que nous avons rapportée :ICI REPOSENTAprès avoir exercé pendant treize ans l'office de maîtresse d'école la Montagne, elle mourut en réputa vertu, âgée de 28 ans, le 23 novembre 1695 (*).
LES RESTES MORTELS
DE
MARIE-THÉRÈSE GANNENSAGOUAS
DE LA
CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME.___________________________________(*) On voit dans les registres de la Montagne la signature de la sœur Thérèse Gannensagouas qui y paraît plusieurs fois comme marraine. Nous la reproduisons ici, tant pour illustrer la mémoire de cette sainte fille, que pour honorer celle de la sœur Bourgeoys, aux prières et au zèle de laquelle on est redevable, après DIEU, de la vie sainte qu'a menée cette admirable Iroquoise.(1) Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, ibid.
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A suivre : XVI. Les sœurs missionnaires logées d’abord dans leurs cabanes. Leur grand esprit de mortification.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. Les sœurs missionnaires logées d’abord
dans leurs cabanes. Leur grand esprit de mortification.
Les sœurs de la Congrégation, comme nous l’avons dit, étaient alors logées dans des cabanes d'écorce, et quelque incommodes que fussent ces pauvres réduits, leur grand esprit de mortification les leur faisait trouver encore trop au gré de la nature. On peut en juger par les réflexions que fait la sœur Marie Barbier, parlant d'elle-même :
« En 1685, dit-elle, on délibéra de m'envoyer à la Montagne, et on me fit partir pour cette mission. On m'y avait préparé, selon le goût qu'on me connaissait, une cabane pour coucher : elle était tout entourée d'image, et d'ENFANTS JESUS. Tout était d'une propreté extraordinaire, et rien n'y manquait. Je regardai de tous côtés, le cœur pénétré de douleur, sans rien dire, sinon à DIEU, à qui je fis cette prière : Mon DIEU ce n'est pas le lieu que vous m'avez destiné, j'y suis trop bien voulez-vous me perdre ? Plutôt mourir que d'être si à mon aise!
Je n'y couchai qu'une nuit, la communauté ayant changé de sentiment, et voulant m'envoyer à l'île d'Orléans. On m'envoya donc quérir à la Montagne par la sœur Anne, dont je devais être la compagne. Elle me dit en entrant : Ma sœur, DIEU ne vous veut point ici. Il faut souffrir toutes sortes de privations. Cette cabane, que je vois si bien ornée, me fait mal au cœur pour vous. Il faut souffrir pendant la vie, et c'est ce que DIEU demande de vous. C'était répondre entièrement à mon attrait. La compagne que je devais avoir à la Montagne, parut sensiblement mortifiée de ce changement, auquel elle ne s'attendait pas. Elle me conseilla de faire d'humbles représentations ; mais je lui répondis que je voulais obéir, et que ce serait une grande miséricorde que DIEU me ferait, si je devais mourir de fatigue et de privation à l'île d’Orléans. Je retournai ainsi à la communauté pour m'embarquer deux jours après (1). »
Ce récit si naïf donne une juste idée de la ferveur, de l'esprit de pauvreté et de l'amour de la mortification qui que la sœur Bourgeoys avait su inspirer à ses filles; car les cabanes d'écorce qu'on avait eu soin de faire disposer pour elles, étaient tout ce qu'on peut imaginer de plus pauvre et de plus rustique ; d'ailleurs assez mal fermées, et par conséquent très-incommodes dans les grands froids de l’hiver.
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(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
A suivre : XVII. Fortifications faites au village de la Montagne…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. Fortifications faites au village de la Montagne.
Les sœurs se logent dans deux tours du fort.
Les ecclésiastiques missionnaires n'étaient pas logés d'une manière plus commode dans les commencements. Comme la Mission augmentait, il fallut augmenter aussi le nombre de missionnaires, et les petits bâtiments qu'on avait élevés pour eux étant insuffisants, ils furent contraints de faire servir à leur usage une petite pièce qui servait d'étable auparavant. Enfin, dans l'extrême danger que la Mission courut de la part des Iroquois infidèles, très-irrités contre ceux qui avaient embrassé la foi, M. de Belmont fit construire en 1685 un fort de pieux pour mettre le village à l'abri des attaques des ennemis.
« J'aurais été bien aise, lui écrivait M. Tronson, de voir le plan de votre village et de votre fort à quatre bastions, autour de la chapelle. Vous avez bien fait d'allonger votre bâtiment. Il faut au reste que votre âne soit un âne de condition, puisque son appartement, dont vous avez agrandi votre maison, sert maintenant de réfectoire et de salle de récréation à la communauté (1). »
On fit encore quelques autres ouvrages de fortification les années suivantes (2), en sorte que jamais les ennemis, quelque nombreux qu'ils fussent, ne purent pénétrer dans le village de la Mission. Tous ces ouvrages étaient construits en bois.
Mais l'année 1694, le village et l'église, ainsi que le fort, ayant été incendiés par l'imprudence d'un sauvage de la Mission, tombé en ivresse (1), M. de Belmont fit construire à ses frais le fort de pierre dont on voit encore des restes aujourd'hui, et donna aux sœurs de la Congrégation l'usage de deux tours, l'une pour s'y loger, et l'autre pour y faire leurs écoles (2). Ce fut là qu'elles demeurèrent et exercèrent leurs fonctions jusqu'à ce que la Mission eût été transférée au Sault-au-Récollet , comme nous le raconterons dans la suite de cet ouvrage.
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. de Belmont , 1686.
(2) Lettres du même , 1688 et 1692.
(1) Histoire de la guerre des Iroquois, par M. de Belmont.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 116.
A suivre : Chapitre VII. La sœur Bourgeoys établit diverses missions françaises.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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A suivre : II. Succès des missions françaises établis par la sœur Bourgeoys.
CHAPITRE VII.
LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT DIVERSES MISSIONS FRANCAISES
LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT DIVERSES MISSIONS FRANCAISES
I. La sœur Bourgeoys devait travailler surtout
à la sanctification des jeunes filles canadiennes.
Sa dévotion au mystère de la Visitation.
La sanctification des sauvages, l'unique but que DIEU proposa aux fondateurs de Villemarie pour les déterminer à cette grande œuvre, n'était pas cependant le motif principal que sa sagesse avait eu en vue, comme l'a fait voir l'extinction graduelle de la plupart de ces nations errantes. Son dessein était surtout de porter, par cette colonie, la foi catholique dans cette partie du Nouveau-Monde, qui bientôt devait être peuplée d'autres colonies entachées des erreurs des derniers temps. Pour y fixer le flambeau de la vérité, il inspira la pensée de l'établissement de Villemarie, destiné à jeter d'abord un si grand éclat par la sainteté de ses premiers citoyens, et à retracer dans ces pays nouveaux la ferveur de la piété de l'Église primitive. C'est pourquoi la sœur Bourgeoys, appelée de DIEU à concourir à ce dessein, exerça plus spécialement son zèle à l'égard des enfants des colons français, par les missions qu'elle établit dans les principales paroisses. Se proposant encore ici, conformément à sa vocation, de retracer la conduite de la très-sainte Vierge, elle aimait à offrir aux sœurs missionnaires, pour modèle de leur zèle, celui que Marie avait déployé dans le mystère de la Visitation.
« C'est de Marie, dit M. Olier, que tous les états et toutes les dignités de l'Église apprennent la perfection et les maximes de leur conduite; c'est dans le mystère de la Visitation que les missionnaires doivent puiser la grâce de leur état. Marie n'a pas sitôt conçu et formé NOTRE-SEIGNEUR en elle, qu'elle va le former dans le cœur de saint Jean, son précurseur. Elle accomplit sa mission avec amour et vitesse, oubliant sa faiblesse, son âge, sa délicatesse; animée du zèle de son fils et de l'amour de le faire connaître, elle court par les montagnes, annonçant JESUS- CHRIST dans son admirable apostolat, dont tous les pas portent la paix et l'Evangile. En partant ainsi avec zèle, sans provisions, sans sac, sans bourse, sans compagnie, pour annoncer JESUS-CHRIST, elle fit la première ce que firent ensuite les apôtres à son exemple, lorsque, après la réception du SAINT-ESPRIT, ils coururent par tout le monde, pour faire connaître le Fils de DIEU; car le premier en chaque genre est la règle des autres (1). »
L'Esprit de DIEU, dont la sœur Bourgeoys était remplie, lui découvrait les mêmes vues sur ce mystère, jusque-là qu'elle donna la Visitation pour fête principale à son institut.
« La visite que la sainte Vierge fit à sainte Élisabeth, écrit-elle, a été l'occasion du plus grand des miracles, en procurant à saint Jean sa purification du péché originel et sa sanctification, ainsi que celle de sa famille; et c'est sur ce modèle que les sœurs doivent faire leurs missions, dans le dessein de contribuer à la sanctification de tous les enfants (1) . »
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(1) Écrits autographes de M. Olier.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : II. Succès des missions françaises établis par la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Succès des missions françaises établis par la sœur Bourgeoys.
L'expérience montra en effet que la dévotion singulière de la sœur Bourgeoys pour la Visitation n'avait pu lui être inspirée que par l'Esprit de DIEU, qui voulait lui faire trouver dans ce mystère une source féconde et abondante de grâces pour la sanctification de cette nouvelle Eglise. Car rien ne contribua tant au bien des âmes, que les diverses missions qu'elle établit. M. de Meulles, intendant du Canada et témoin des fruits étonnants que produisaient les sœurs missionnaires de la Congrégation partout où elles étaient répandues, écrivait en 1683 au ministre de la marine :
«Vous ne sauriez croire, Monseigneur, combien les filles de la Congrégation font de bien en Canada. Elles instruisent toutes les jeunes filles de tout côté dans la dernière perfection. Si on en pouvait disperser en beaucoup d'habitations, elles feraient un bien infini. Cette sorte de vie est tout à fait à estimer et vaut beaucoup mieux que si elles étaient renfermées. Elles sont d'une sagesse exemplaire et en état d'aller partout, et par ce moyen d'instruire toutes les filles qui seraient demeurées toute leur vie dans une très-grande ignorance (1). »
M. de Saint-Vallier, dans la visite qu'il fit en qualité de grand vicaire, rendait lui-même ce témoignage à leur vertu et à leur zèle : « Outre les petites écoles que les filles de la Congrégation tiennent chez elles pour les jeunes filles de Montréal, et outre les pensionnaires françaises et sauvages qu'elles élèvent dans une grande piété : de la maison de la Congrégation sont sorties plusieurs maîtresses d'école qui se sont répandues en divers autres endroits de la colonie, où elles font des catéchismes aux enfants et des conférences très-touchantes et très-utiles aux autres personnes de leur sexe qui sont plus avancées en âge. Il n'y a point de bien qu'elles aient entrepris dont elles ne soient venues à bout (2). »
« En formant l'établissement de la Congrégation, si utile à toute la colonie, la sœur Bourgeoys et ses compagnes, écrivait la mère Juchereau, ont élevé une des plus florissantes communautés du Canada, de laquelle la bonne odeur se répand dans tout le pays, et qui fait un très-grand bien dans les paroisses où elles ont des missions qu'elles entretiennent avec un soin , une ferveur et une régularité édifiantes (1). »
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(1) Archives de la marine, lettre de M. de Meulles à M. de Signelay, du 4 nov. 1683.
(2) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in-8º, p. 65-66.
(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec p. 120.
A suivre : III. Premières missions. Esprit de pauvreté et de mortification des sœurs missionnaires.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
III. Premières missions. Esprit de pauvreté
et de mortification des sœurs missionnaires.
Nous connaissons bien peu de choses des premières missions établies par la sœur Bourgeoys. Les guerres survenues ensuite dans le pays et les ravages des Iroquois ayant dû interrompre ces missions, il n'en est resté presque aucun souvenir. On dit que les premières furent établies dans l'île de Montréal (2); et il paraît qu’en 1676 la sœur Bourgeoys en avait déjà formé hors de cette île. Car M. de Laval, dans ses lettres d'établissement de la Congrégation données le 6 août de cette année, semble le supposer ainsi, en disant que la sœur Bourgeoys et ses compagnes s'étaient employées depuis plusieurs années à élever gratuitement les petites filles dans l'île de Montréal et autres lieux (3). Il désigne probablement ici la mission des paroisses de Champlain et de Batiscan, dont M. de Meulles faisait l'éloge à M. de Seignelay le 4 novembre 1683 (4), et qui fut ensuite interrompue.
Quoi qu'il en soit, on comprend assez les privations que les sœurs missionnaires avaient à endurer pour subsister dans les paroisses nouvelles, où l'on manquait encore de toutes les commodités de la vie. La sœur Bourgeoys nous apprend en effet que dans leurs premières missions elles n'avaient ni draps, ni lits, ni matelas; qu'elles manquaient de beaucoup d'ustensiles et ne vivaient pas d'une autre manière que les plus pauvres gens de la campagne ; qu'enfin, à l'imitation des apôtres, elles travaillaient de leurs mains pour n'être à charge à personne et exercer leurs fonctions gratuitement. Elle ajoute : « et tout cela réussissait (1).
Il eût été difficile que DIEU ne…
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(2) Mémoire particulier des sœurs de la Congrégation.
(3) Archives des sœurs de la Congrégation. — Archives de l’Archevêché de Québec.
(4) Archives de la marine, lettre de M. de Meulles, du 4 novemb. 1683.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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