Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Mar 20 Nov 2012, 2:34 pm

CHAPITRE V

TROISIÈME VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE.
TENTATIVES QU’ELLE FAIT EN VAIN
POUR OBTENIR L’APPROBATION DES RÈGLES
DE SON INSTITUT.

I. Les nouvelles maîtresses venues de France en 1672
sont reçues sœurs de la Congrégation.


Pour ne pas interrompre l'histoire de la construction de Notre-Dame de Bon-Secours, que nous venons de raconter, nous avons omis un fait important qui eut lieu dans cet intervalle: l'érection de la Congrégation en communauté par M. de Laval (*). On a vu déjà que la sœur Bourgeoys, dans son second voyage de France, après avoir obtenu des lettres patentes du roi, qui l'autorisaient, elle et ses sœurs, à vivre en communauté et à former des établissements en Canada , présenta à M. de Laval, alors à Paris, les six nouvelles compagnes qu'elle amenait avec elle, et que ce prélat voulut bien agréer. Lorsque ces filles eurent fait pendant deux ans à Villemarie l'essai de leurs nouvelles fonctions , la sœur Bourgeoys, qui les jugeait très-propres à la seconder dans son œuvre, voyant que M. de Laval était toujours retenu à Paris, écrivit à M. de Bernières, grand-vicaire à Québec , pour lui demander si elle pouvait les recevoir définitivement comme sœurs de la Congrégation avant l'arrivée de l'évêque, ou si elle devait différer leur réception jusqu'à son retour.

« Quoiqu'on puisse faire l'un et l’autre, lui répondit M. de Bernières, je pense néanmoins qu'il sera plus à propos de différer jusqu'à l'arrivée de monseigneur. Comme il m'a écrit de vous et de votre Congrégation, pour laquelle il témoigne bien de l’affection, il sera bon que lui-même règle toutes choses, et qu'il vous fasse connaître ses intentions. J'espère que le tout réussira pour la gloire de Dieu, le bien des âmes et votre consolation. J'y contribuerai de ma part en tout ce qui me sera possible (1). »

En effet, M. de Laval, étant revenu en Canada, fit sa visite pastorale à Villemarie au mois de juin 1676 (2), et reçut sans doute lui-même ces sœurs que nous voyons, en 1678, composer, avec les anciennes le corps de la Congrégation de Notre-Dame (1).

____________________________________
(*) Nous avons dit qu'au mois de mai 1669, ce prélat, étant allé à Villemarie, permit par écrit à la sœur Bourgeoys et à ses compagnes d'exercer leurs fonctions de maîtresses d'école. Ce fut peut-être dans cette occasion qu'il visita leur maison pour la première fois, et reçut lui-même deux sœurs dans la communauté, comme la sœur Bourgeoys le rapporte dans ses Mémoires. Elle ajoute cependant que l'une d’elles, la sœur Hioux, fut la première reçue en forme , ce qui pourrait faire douter si cette réception en forme n'eut pas lieu après que M. de Laval eut érigé en communauté les filles de la Congrégation, en 1676, ainsi que nous le dirons bientôt.
____________________________________
(1) Archives de la Congrégation, lettre du 4 novembre 1674.
(2) Registre de la paroisse de Villemarie, baptêmes 1er juin 1676.
(1) Registres des délibérations, requête des sœurs à M. de Laval, pour l’union de Bon-Secours à la paroisse, 1678.

A suivre : II. La sœur Bourgeoys obtient de M. de Laval la confirmation de la Congrégation.

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Message  Louis Mer 21 Nov 2012, 6:10 am

II. La sœur Bourgeoys obtient de
M. de Laval la confirmation de la Congrégation.


Cependant cette communauté, érigée depuis cinq ans par lettres patentes du roi, n'avait point encore reçu la sanction de l'autorité épiscopale. Ce fut ce qui détermina la sœur Bourgeoys à profiter de l'occasion de cette visite pour demander au prélat qu'il daignât en confirmer l’établissement. Elle le pria en même temps de donner à la Congrégation des règlements pour la diriger dans ses emplois, et d'approuver la communauté des sœurs en qualité de filles séculières (2), titre qui tendait à exclure les vœux solennels de religion, et surtout l'obligation de garder la clôture , qu'elle jugeait être tout à fait incompatible avec les fonctions de son institut (3). M. de Laval reçut avec bonté sa demande ; et, de retour à Québec, il adressa aux fidèles un mandement entièrement conforme aux désirs de la sœur Bourgeoys. Après y avoir rappelé la permission qu'il lui avait donnée, à elle et à ses compagnes , le 20 mai 1669 , ainsi que les lettres du roi de 1671 , il conclut en ces termes :

« Sachant qu'un des plus grands biens que nous puissions procurer à notre Église , et que le moyen le plus efficace pour conserver et augmenter la piété dans les familles chrétiennes, est l'instruction et la bonne éducation des enfants ; connaissant d'ailleurs la bénédiction que Notre-Seigneur a donnée jusqu'à présent à la sœur Bourgeoys et à ses compagnes dans les fonctions des petites écoles, où nous les avions employées ; et voulant favoriser leur zèle et contribuer de tout notre pouvoir à leur pieux dessein :

Nous avons agréé l'établissement de la sœur Bourgeoys et des filles qui se sont unies avec elle , ou qui y seront admises à l'avenir ; leur permettant de vivre en communauté en qualité de filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame , observant les règlements que nous leur prescrivons ci-après, et de continuer les fonctions de maîtresses d'école, tant dans l'ile de Montréal qu'aux autres lieux où nous et nos successeurs jugerons à propos de les envoyer; sans qu'elles puissent néanmoins, à l'avenir, prétendre de passer à la vie religieuse: ce qui serait contre notre intention et la fin que nous nous sommes proposée, de subvenir, par ce moyen, à l'instruction des enfants des paroisses de la campagne, conformément aux lettres patentes à elles accordées par Sa Majesté (1). »


_____________________________________

(2) Mandement de M. de Laval, du 6 août 1676, archives de l’archevêché de Québec.Archives de la Congrégation. Actes de Basset notaire à Villemarie, 19 septembre 1676.
(3) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Mandement, ibid.

A suivre : III. Règlements provisoires observés jusque alors dans la Congrégation.



Dernière édition par Louis le Mer 21 Nov 2012, 3:20 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 21 Nov 2012, 11:25 am

III. Règlements provisoires observés jusque alors dans la Congrégation.


Si la sœur Bourgeoys demanda à M. de Laval de donner lui-même à sa communauté les règles qu'il jugerait les plus propres à la fin de cet institut, ce n'est pas que la Congrégation, déjà établie depuis vingt ans, n'en eût eu aucun jusque alors. Sachant, au contraire, que sans règlements elle ne pourrait se maintenir dans la ferveur ni dans la fidélité à sa vocation, la sœur Bourgeoys avait eu soin, de concert avec les ecclésiastiques du séminaire, de lui en tracer qui fussent adaptés à son esprit et à ses emplois.

Depuis la formation de la communauté en 1659, on suivait ces règlements provisoires, en attendant que l'expérience eût fait connaître plus en détail ce que Dieu demandait du nouvel institut ; et l'on espérait qu'après un essai suffisant qu'on aurait fait de ces règles, M. de Laval y ferait toutes les modifications qu'il jugerait convenables, et les rendrait obligatoires par une solennelle approbation (1). C'était ce que la sœur Bourgeoys avait en vue en s’adressant à ce prélat en 1676 pour lui demander des règles, et ce que lui-même semblait avoir promis dans ses lettres d'établissement. Cependant, quoiqu'il prît la chose en grande considération, et que d'autres ecclésiastiques, à Québec et ailleurs, s'en occupassent aussi (2), plusieurs années se passèrent sans qu’il mit ce projet a exécution ; et enfin, au commencement de l'année 1679, il partit de nouveau pour Paris, où le rappelaient les affaires de son diocèse (1).

_____________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Montgolfier.
(2) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Rémy, 5 novembre 1679.
(1) Journal de M. Tronson par M. Bourbon, 18 avril 1679.

A suivre : IV. Motifs qui déterminent la sœur Bourgeoys à son troisième voyage en France.


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Message  Louis Jeu 22 Nov 2012, 5:32 am

IV. Motifs qui déterminent la sœur Bourgeoys à son troisième voyage en France.


Comme son dernier voyage en France s'était prolongé beaucoup au delà du terme qu'il s'était proposé en partant, la sœur Bourgeoys, qui éprouvait cette année quelques peines d'esprit, résolut de faire elle-même ce voyage. Ce qui la détermina à l'entreprendre, ce fut, d'un côté, l'espérance de trouver par ce moyen quelque soulagement à ses peines, et de l’autre, la facilité qu'elle aurait, soit de consulter, sur divers points de ses règlements, des personnes d'expérience qui avaient établi des instituts semblables au sien, soit aussi d'en conférer avec M. de Laval, et de le prier d'approuver les règlements qu'il jugerait plus convenables. Elle eut encore un autre motif : jusque alors elle n'avait reçu à la profession aucune fille née en Canada, et n'ayant pour aides que des compagnes venues de France, elle désirait d'amener avec elle de nouvelles associées pour suffire aux besoins du pays, qui augmentaient de jour en jour.

« En 1679, dit-elle, Mme Perrot (femme de M. le gouverneur de Villemarie) avait besoin d'aller en France. Je m'offris, avec le consentement de nos sœurs, pour l'accompagner, me servant du prétexte de nos règles et de Mgr de Laval qui était pour lors à Paris. Mais c'étaient plus mes peines d'esprit qui me faisaient entreprendre ce voyage, en ayant une très-grande de voir que les choses n'étaient pas comme je voulais (1). »

______________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : V. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la supériorité…

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Message  Louis Jeu 22 Nov 2012, 1:20 pm

V. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la supériorité.
La très-sainte Vierge est élue supérieure perpétuelle de la Congrégation.


Ce furent peut-être ces peines qui lui inspirèrent la résolution qu'elle prit alors de se démettre de sa charge de supérieure, sa profonde humilité ne lui permettant pas de douter que toute autre qu'elle ne la remplit d'une manière bien plus utile à la communauté. Avant donc de descendre à Québec pour s'embarquer, elle prit les arrangements qu'elle jugea nécessaires au bon gouvernement pendant son absence ; et ayant assemblé ses sœurs, elle leur proposa de faire parmi elles l'élection d'une autre supérieure en sa place. A peine leur eut-elle fait cette proposition, que toutes, comme d'une seule voix et sans s'être rien communiqué auparavant entre elles, s'écrièrent qu'elles choisissaient la très-sainte Vierge pour leur première supérieure, leur institutrice, leur fondatrice et leur bonne mère pour le temps et pour l'éternité ; et qu'elles priaient la sœur Bourgeoys de continuer à gouverner la Congrégation en la place et sous la protection de cette mère commune.

Alors la sœur Bourgeoys, se prosternant avec toute la communauté devant l'image de Marie, lui adressa sur-le-champ la prière suivante (1) :

« O très-sainte Vierge, voici la plus petite troupe de vos servantes qui se sont consacrées au service de DIEU sous votre conduite ! Elles souhaitent de vous suivre comme des filles bien nées suivent leur mère et leur maîtresse, et elles vous regardent comme leur chère institutrice et leur première supérieure, dans l'espérance que notre bon DIEU agréera notre élection, et vous donnera le domaine de cette petite communauté, qui est votre ouvrage. Nous n'avons rien qui soit digne d'être présenté à DIEU ; mais nous espérons obtenir par votre moyen les grâces nécessaires pour notre salut et la perfection de notre état. Vous savez mieux nos besoins et ce que nous devons vous demander, que nous ne le connaissons nous-mêmes ; ne nous refusez pas votre assistance. Aidez-nous par vos puissantes intercessions à recevoir les lumières et les grâces du SAINT-ESPRIT, afin de pouvoir travailler à la bonne éducation des filles et des écolières dont nous sommes chargées par notre profession. Sur toutes choses nous vous demandons, ô notre Dame et mère, que toutes les filles qui seront à l'avenir dans cette communauté, aussi bien que toutes les personnes qui contribueront à leur avancement spirituel, soient du nombre de vos élus ; afin qu'en votre compagnie nous puissions louer notre bon Dieu dans l'éternité bienheureuse (1). »


_________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 148.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 148, 149.

A suivre : VI. Avant son départ de Québec, la sœur écrit à M. Remy sur l’objet de son voyage.


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Message  Louis Ven 23 Nov 2012, 6:53 am

VI. Avant son départ de Québec,
la sœur écrit à M. Remy sur l’objet de son voyage.


La sœur Bourgeoys s’étant rendue à Québec pour l'embarquement, qui devait avoir lieu dans les premiers jours de novembre de cette année 1679, M. Remy, prêtre du séminaire, alors supérieur de la Congrégation, lui envoya les règlements de cette communauté, qu'apparemment on avait achevé de transcrire, ou que peut-être on avait complétés depuis son départ de Villemarie. Elle lui répondit le 5 novembre :

« Monsieur et très-cher père, j'ai reçu le paquet où sont les lettres, les règlements et le reste. Je remercie DIEU des bons soins que notre évêque prend pour notre petite communauté, et je le remercie aussi de ce qu'il inspire toutes ces personnes pour notre règlement ; car, étant conduite de cette façon, je ne doute point que le tout ne soit selon la sainte volonté de Dieu, et que la sainte Vierge ne nous accorde son secours, tant en cette rencontre qu'en toute les autres (2).

« La sœur Bourgeoys, qui avait obtenu divers certificats des autorités civiles et ecclésiastiques du Canada, lorsqu’elle était allée solliciter des lettres patentes, crut devoir en demander encore dans cette occasion, où il s'agissait de faire approuver les règlements de son institut. Elle en écrivait en ces termes à M. Remy :

« Pour les certificats, j'ai eu celui de M. de Bernières, celui de M. le procureur général. Ce dernier certificat a bien fâché M. le comte de Frontenac, disant que M. le procureur général ne pouvait pas en donner de cette nature, n'étant pas sur les lieux. Pour le Père D..., il m'a dit qu'il ne pouvait le donner qu'à notre désavantage, c'est-à-dire qu'il nuirait plutôt que de servir. Je tâcherai de faire en toutes choses ce que vous avez la charité de me marquer, et je garde vos lettres pour me servir d'instruction.

« Je vous remercie de…

______________________

(2) Archives de la Congrégation, lettre de la sœur Bourgeoys, du 5 novembre 1679.

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Message  Louis Ven 23 Nov 2012, 11:41 am

VI. Avant son départ de Québec,
la sœur écrit à M. Remy sur l’objet de son voyage.
(suite)



« Je vous remercie de tout le soin que vous prenez et prendrez d'offrir et de faire offrir à Dieu toutes nos petites entreprises. Je vous prie aussi de me permettre de remercier ici M. le curé Bailly (*), M. Barthélémy, M. Frémont et M. Seguenot, de la charité qu'ils ont eue pour nous. Je les prie de nous la continuer à la sainte messe. Je n'ai point écrit à M. Dollier, quoiqu'il m'ait fait l'honneur de m'écrire en m'envoyant une lettre. La sienne ne demandait point de réponse ; mais je ferai autant que je pourrai ce qu'il m'a ordonné. Je suis allée ce matin avec Mme Perrot au navire pour le transport de ses effets et de ses hardes, croyant que l'on devait s'embarquer; mais on nous a dit que ce ne serait que mardi. On pourrait bien encore reculer, en sorte que je ne puis pas vous dire le jour du départ. Ce sera quand il plaira à DIEU (1). »

Comme elle l'avait prévu, le départ fut encore différé, ce qui lui donna l'occasion d'écrire à M. Remy , le 11 novembre : « Celle-ci est pour vous remercier de toutes les lettres que vous avez la charité de m'écrire, et que je conserve toutes pour me servir d'instruction. Je ne sais s'il se trouvera encore quelqu'un, cet automne, pour porter la présente. Pour la réception des filles vous pourrez faire comme vous le jugerez à propos et attendre l'arrivée des règles. Je ne dois rien retarder; mais c'est un prétexte pour différer celles que vous jugerez à propos de retarder. Je vous supplie, mon très-cher père, d'avoir encore un peu de patience, comme vous avez eu depuis tant de temps ; et j'espère que vous verrez du changement ; c'est ce que j'attends de la miséricorde de mon DIEU. Je vous remercie de toutes les bénédictions que vous me souhaitez et que vous demandez pour moi (1). »

_________________________
(*) La sœur Bourgeoys donne à M. Bailly la qualité de curé, parce qu'il était chargé alors de la conduite de la Mission sauvage nouvellement établie à la Montagne.
_________________________
(1) Archives de la Congrégation, ibid.
(1) Ibid., lettre de la sœur Bourgeoys, du 11 novembre 1679.

A suivre : VII. Voyage de la sœur Bourgeoys de la Rochelle à Paris.

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Message  Louis Sam 24 Nov 2012, 5:59 am

VII. Voyage de la sœur Bourgeoys de la Rochelle à Paris.


Enfin on mit à la voile et on arriva heureusement à la Rochelle. Voici comment la sœur Bour Bourgeoys raconte son voyage de cette ville à Paris.

« Etant à la Rochelle, je quittai Mme Perrot, et je parlai de mes peines à un capucin qui me remit mon esprit en peu de temps. On me conseilla de prendre le carrosse jusqu'à Paris, à cause des gens qui étaient avec les rouliers (et avec lesquels j'aurais dû me trouver en allant en charrette). J'avais donc pensé à faire de la dépense en prenant le carrosse. Mais le père Fremin, un autre père, M. Prévost et tous les autres voyageurs l'avaient loué à un peu meilleur marché. Par leur faveur, je couchais pour peu de chose dans les auberges. Je portais ce que j'avais de reste de mon souper et je mangeais dans le carrosse, quoique ces Messieurs, qui vivaient en communauté, me pressassent assez de manger avec eux, ce que j'ai toujours refusé. Je restais tout le jour dans le carrosse et n'en sortais que pour le gîte. (Comme nous avions trois prêtres avec nous et qu'ils célébraient le saint sacrifice tous les jours, où j'avais le bonheur d'assister), il fallait se lever fort matin pour dire les trois messes avant que de partir, ce qui fit peut-être que je fus un peu malade.

Le lendemain de mon arrivée à Paris, je couchai chez M[lle de Bellevue , où je demeurai quelques jours. Mais aussitôt que M. de Turmenie (qui était chargé de nos affaires) eut appris mon arrivée, il m'envoya une chaise à porteur avec deux hommes, et fit préparer une chambre, où il me fit traiter comme si j'eusse été sa propre sœur. J'y restai jusqu'au rétablissement de ma santé, et après je fus loger aux Filles de la Croix, rue Saint-Antoine (1). »

Les Filles de la Croix, dont la sœur Bourgeoys parle ici, dirigeaient les écoles dans les campagnes et les hameaux. Elles avaient été établies d'abord à Vaugirard, près Paris, par Marie Luillier, dame de Villeneuve, d'après les conseils que lui avait donnés autrefois saint François de Sales, son ancien directeur ; et elles furent appelées Filles de la Croix à cause des traverses sans nombre qu'elles eurent à essuyer pour s'établir.

Comme M. Olier et ses ecclésiastiques avaient eu part à la formation de l'institut de ces filles (1), il est naturel de penser que ceux du séminaire de Villemarie engagèrent la sœur Bourgeoys à prendre son logement chez elles, afin d'avoir leur avis sur ses règlements.


_________________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de M. Olier, t. I, p. 307-360.

A suivre : VIII. M. de Laval n’approuve pas le voyage de la sœur pour ses règlements...


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Message  Louis Sam 24 Nov 2012, 3:16 pm

VIII. M. de Laval n’approuve pas le voyage de la sœur
pour ses règlements, et lui défend d’emmener
des compagnes avec elle.



Mais le voyage de la sœur Bourgeoys n'eut pas tout le succès qu'elle s'en était promis. Elle était dans l'espérance de faire approuver les règles de la communauté par M. l'évêque de Québec, et d'emmener avec elle de nouvelles compagnes ; et DIEU permit qu'elle vît toutes ses espérances s'évanouir presque à son arrivée.

« Je vais, écrit-elle, pour saluer Mgr de Laval, et lui faire connaître les motifs de mon arrivée. Il me dit que j'avais mal fait d'entreprendre le voyage pour nos règles, et qu'il ne trouvait pas à propos que j'emmenasse des filles pour nous aider à Montréal (2) (*). »

Cette réponse, et surtout la défense d'emmener à Villemarie de nouvelles maîtresses, pourrait autoriser à penser, avec le premier historien de la sœur, que ce prélat avait déjà quelque pensée d'incorporer les sœurs de la Congrégation aux Ursulines de Québec (1), comme nous verrons bientôt qu'il leur en fit la proposition. Mais un pareil dessein ne saurait se concilier avec les sentiments qu'il avait témoignés dans ses lettres d'établissement de la Congrégation données trois à quatre ans auparavant, à moins de supposer qu'il eût entièrement changé de vues à l'égard de cette communauté. Peut-être ne défendit-il à la sœur Bourgeoys d'emmener de nouvelles compagnes à Villemarie, que par la crainte qu'elles ne pussent y subsister.

___________________________________
(*) M. Montgolfier, dans sa Vie de la sœur Bourgeoys, a fait une étrange confusion en racontant les circonstances de ce voyage. Il écrit que la sœur l'avait entrepris par le conseil de M. de Laval alors à Québec (1); que sur ces entrefaites ce prélat se démit de son siège (2), et qu'en conséquence elle trouva à Paris, M. de Montigny de Saint-Vallier, qui venait, dit -il, d'être nommé second évêque de Québec. Enfin, ce qu'on a peine à comprendre, il donne ce récit controuvé comme tiré en partie des écrits de la sœur Bourgeoys (3).

Mais M. de Montigny, évêque de Québec, qu'elle alla trouver à. Paris en 1680, ne pouvait être M. de Saint-Vallier, nommé évêque de Québec cinq ans après le retour de la sœur en Canada, et qui, d'ailleurs, ne portait pas le nom de Montigny. C'était M. de Laval lui-même, réellement appelé de Montigny, et que, du reste, la sœur nomme expressément dans le passage de ses Mémoires cité plus haut. Elle ajoute encore:

« Après avoir parlé à Monseigneur, je vais trouver Mme de Miramion , pour la prier de me servir en cette occasion. Elle en demanda la permission à M. son supérieur, et ensuite à Monseigneur de Laval, pour retrancher et ajouter à nos règles ce qu'elle trouverait à propos ; mais... elle ne pouvait donner du mécontentement à Monseigneur (1). »

__________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 117.
(2) Ibid., p. 118-119.
(3) Ibid., p. 120.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

___________________________________
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 74.

A suivre : IX. Mme de Miramion s’entremet sans succès auprès de M. de Laval pour les règlements de la Congrégation.


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Message  Louis Dim 25 Nov 2012, 6:15 am

IX. Mme de Miramion s’entremet sans succès auprès de
M. de Laval pour les règlements de la Congrégation.


Quoi qu'il en soit, sans être découragée par ce refus, la sœur espéra que M. de Laval se rendrait plus facile sur l'article de ses règlements, si elle faisait intervenir quelque personne connue avantageusement pour son expérience et qui put inspirer toute confiance au prélat. Elle alla donc chez les filles de Sainte-Geneviève, et se présenta à leur supérieure, pour lui apprendre le sujet de son voyage et les difficultés qu'elle éprouvait (1).

C’était Marie Bonneau de Rubelle, veuve de Beauharnois de Miramion, institutrice de la communauté de la sainte Famille, réunie ensuite à celle des filles de Sainte-Geneviève, dont elle avait pris le nom. Comme les sœurs de Sainte-Geneviève ne faisaient point de vœux et se livraient gratuitement à l'instruction des jeunes filles (2), la sœur Bourgeoys crut avec raison que Mme de Miramion serait capable d'apprécier, mieux que personne, le genre de vie qui convenait aux filles de la Congrégation de Villemarie; et que le grand crédit que ses vertus et ses œuvres lui avaient acquis à la cour et dans toute la capitale, joint à son expérience, serait une puissante recommandation auprès de M. de Laval, en faveur des règles qu'elle aurait elle-même revues et approuvées. Elle lui remit donc les règlements qu'elle avait apportés du Canada , la priant de demander à M. de Laval la permission d'y ajouter elle-même tout ce qu'elle jugerait convenable, et d’en retrancher ce qui lui paraîtrait peu praticable ou superflu (1). Mme de Miramion accueillit avec bonté la sœur Bourgeoys, lui promit de la servir en tout ce qui dépendrait d'elle, et se rendit chez M. de Laval. Mais cette démarche n'eut d'autre effet, que de faire comprendre à la sœur Bourgeoys, que les moments de Dieu n'étaient pas encore venus ; car le prélat ne parut pas désirer que Mme de Miramion s'occupât de ces règles (2) (*)

________________________
(*) Cependant M. de Laval, dans son séjour à Paris, prit connaissance des règles des Filles de la Croix el de celles des Filles de Sainte-Geneviève, pour en tirer ce qui pourrait convenir aux sœurs de la Congrégation. C'était ce qu'écrivait en 1710, à Mme de Maintenon, la sœur Charly, alors supérieure.

« Monseigneur de Laval, dit-elle, voulant nous donner des règles proportionnées à notre institut, consulta les Filles de la Croix et celles de Mme de Miramion, et tira d'elles les règlements principaux qu'elles pratiquaient , pour en prendre ce qui pourrait nous convenir. Mais il se démit de son évêché sans avoir pu nous prescrire des règles (1). »

Il fit plus encore. Malgré le refus qu'il avait fait à la sœur Bourgeoys, il paraît qu'il pria lui-même Mme de Miramion de lui donner par écrit ses observations sur les règles que la sœur lui avait soumises. Du moins c'est ce qu'on doit conclure d'une lettre de M. Glandelet à la sœur Charly, où il lui parle en ces termes : « Il m'est tombé entre les mains un papier qui contient quelques remarques de Mme de Miramion sur vos règles, ensuite de la demande que lui en avait faite feu M. l'ancien (évêque de Québec), lorsqu'il avait la conduite de cette église (2). »

__________________________

(1) Archives de la Congrégation, lettre de la sœur Charly, octob. 1710.
(2) Ibid., lettre de M. Glandelet à la sœur du S.-Sacrement.

________________________
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2 Essai sur l’influence de la religion en France pendant le XVIIe siècle t. II, p. 86-71-72.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Ibid.

A suivre : X. La sœur Bourgeoys, par obéissance à M. de Laval…

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Message  Louis Dim 25 Nov 2012, 1:18 pm

X. La sœur Bourgeoys, par obéissance à M. de Laval,
n’emmène aucune compagne avec elle. Louis Frin.


Toujours soumise aux ordres de la divine Providence, qu'elle adorait dans ceux de ses supérieurs, la sœur Bourgeoys, jugeant qu'un plus long séjour eu France serait inutile à sa communauté et à elle-même, songea à repartir par les premiers vaisseaux, dès que la navigation serait ouverte. A Paris elle visita M. Tronson, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, qui conçut dès lors pour elle une estime singulière, dont ses lettres nous offriront bientôt des témoignages très-remarquables. La sœur Bourgeoys, fidèle à observer la défense que lui avait faite M. de Laval d'emmener avec elle des coopératrices, se contenta d'engager par contrat, au service de la Congrégation, le nommé Louis Frin, le même que dans son précédent voyage elle avait trouvé chez M. de Maisonneuve, et où probablement il était resté jusqu'à la mort de ce dernier, arrivée le 10 Septembre de l'année 1676 (1). Les sœurs, qui avaient déjà connu Louis Frin à Montréal, désiraient de l'attacher à leur maison ; et dans ce dessein elles avaient donné par écrit une déclaration pour autoriser la sœur Bourgeoys à faire un contrat d'engagement avec lui (2). C'était sans doute pour témoigner, dans la personne du serviteur, leur reconnaissance envers M. de Maisonneuve, son charitable maître et leur bienfaiteur insigne.
___________________________________

(1) Registres de l’état civil de Paris, paroisse Saint-Étienne-du-Mont, du 10 septemb. 1676.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XI. La sœur traverse la mer. Sa confiance en DIEU dans le danger que court l’équipage.


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Message  Louis Lun 26 Nov 2012, 6:55 am

XI. La sœur traverse la mer. Sa confiance en DIEU
dans le danger que court l’équipage.


Le voyage de la sœur Bourgeoys en France eut un autre avantage, ce fut de lui offrir l'occasion d'exercer pour la quatrième fois sa sollicitude maternelle à l’égard d'un certain nombre de vertueuses filles destinées pour la colonie de Montréal, et dont plusieurs furent envoyées par le séminaire de Saint-Sulpice (1).

Le départ eut lieu à la Rochelle. Cette année, les Anglais s'étant rendus maîtres de l’Acadie pour la cinquième fois (2), la guerre se trouvait comme déclarée entre la France et l'Angleterre, et la traversée devenait d'autant plus périlleuse qu'il n y avait aucune artillerie, ni autres défenses humaines dans le vaisseau. On était à peine au milieu de la route lorsque le capitaine vint à découvrir quatre navires anglais, dont il estimait que le moindre était de 36 pièces de canons. Sur-le-champ il se met à crier : « Ma sœur Bourgeoys, nous sommes perdus ! Mettez-vous en prière avec toutes vos filles. »

Mais la plupart, frappées elles-mêmes de terreur et tout éplorées, n'avaient ni le mouvement ni la force de prier DIEU. Dans leur trouble et leur désolation, s'adressant à la sœur Bourgeoys : « Ma sœur, disent-elles, nous allons être prises ; qu'allons-nous devenir? » La sœur, sans être émue, leur dit d'un air riant : « Si nous sommes prises, nous irons en Angleterre ou en Hollande, et là nous trouverons DIEU, comme partout ailleurs. »

Le calme et la paix qu'elle fit paraître ayant rassuré tout le monde, on se mit en prière, et comme ce jour-là était un dimanche, un prêtre, qui était dans le navire, ne laissa pas de se préparer à dire la sainte messe, quoiqu'on vît ces vaisseaux s'approcher avec un bon vent. Mais en moins de deux heures on les perdit de vue, en sorte qu'après la sainte messe on chanta un Te Deum en action de grâces. Le capitaine du navire, charmé de la vertu de la sœur Bourgeoys, voulait absolument la faire manger à sa table ; ce qu'elle refusa toujours. Il ne laissait pas cependant de lui envoyer ordinairement ce qu'il avait de meilleur; et c'était pour elle autant d'occasions d'exercer la charité en faveur des personnes du vaisseau qui pouvaient avoir besoin de ces sortes d'adoucissements (1 ) (*).

___________________
(*) L'histoire de cette traversée, écrite par la sœur Bourgeoys elle-même, ne se trouve plus aujourd'hui dans les papiers qui nous restent d'elle, et nous l'avons empruntée à M. Montgolfier. Il l'a rapportée au second voyage de la sœur, en 1671 ; mais nous avons cru devoir la placer à son troisième sous l'année 1680, soit à cause de plusieurs particularités de ce dernier voyage que M. Montgolfier a mêlées mal à propos à l'histoire du second, ainsi que le prouvent les écrits autographes de la sœur; soit à cause de la guerre qui régnait alors entre la France et l'Angleterre , circonstance qui ne peut s'accorder avec le voyage de 1671, tandis qu'elle se concilie très bien avec son dernier voyage.
_____________________________________

(1) Lettres de M. Tronson, lettre à M. Dollier, 22 avril 1680.
(2) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, p. 463.
(1) Histoire de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 110.


A suivre : XII. Depuis ce voyage la sœur reçoit un grand nombre de filles dans sa communauté.



Dernière édition par Louis le Lun 26 Nov 2012, 3:18 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 26 Nov 2012, 12:21 pm

XII. Depuis ce voyage la sœur reçoit un grand nombre de filles dans sa communauté.


Ce fut le dernier des voyages que la sœur Bourgeoys fit en France. Dans les deux précédents elle amena avec elle de zélées compagnes, à qui elle sut communiquer son esprit de ferveur. Si dans le troisième elle n'eut pas cette consolation, c'est que Dieu voulait se montrer l'unique soutien d'un institut qui était son ouvrage ; car, dès son retour à Villemarie, elle admit à la profession la sœur Marie Barbier, la première fille de Villemarie qui soit entrée en communauté (1), et dans le recensement de l’année suivante nous trouvons les noms de six autres sœurs qui avaient été reçues après elle. Ce furent les sœurs Marie Denis, Madeleine Bourbault, Marie Charly, Françoise Lemoyne, Catherine Charly, Catherine Bony, toutes formées par la sœur Bourgeoys et élevées par elle dès l'âge le plus tendre. Les sœurs de la Congrégation étaient alors au nombre de dix-huit (2).
__________________________

(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
(2) Archives de la marine, Canada, recensement de 1681.

A suivre : XIII. Après l’incendie de la Congrégation M. de Laval veut unir cette communauté aux Ursulines…

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Message  Louis Mar 27 Nov 2012, 9:30 am

XIII. Après l’incendie de la Congrégation M. de Laval
veut unir cette communauté aux Ursulines,
craignant qu’elle ne s’éteignit par défaut de sujets.


Trois ans après le voyage dont nous venons de parler, on eut lieu d'admirer de nouveau les soins de la bonté divine pour la conservation de cet institut. La maison des sœurs fut consumée par un furieux incendie, comme nous le dirons dans la suite ; et cet événement, qui les réduisit au dénûment le plus entier, semblait devoir ruiner leur société pour toujours (1).

M. de Laval, jugeant que jamais elles ne pourraient se relever de cette catastrophe, proposa alors à la sœur Bourgeoys de s'agréger aux Ursulines de Québec (2). Bien qu'elle fût très-soumise à ses supérieurs, et que même, au témoignage de M. Desmaizerets, grand-vicaire de M. de Laval, la sœur Bourgeoys excellât surtout en obéissance envers eux (3), elle crut néanmoins être obligée, dans cette circonstance, de représenter avec beaucoup de respect à ce prélat,

que le bien qu'elle se proposait de faire avec ses filles, n'était pas compatible avec les règles d'un autre institut, et notamment avec celles d'une communauté cloîtrée.

Que ce serait détruire entièrement les vues qu'elle croyait lui avoir été inspirées de DIEU.

Que d'ailleurs la très-sainte Vierge, à qui la Congrégation était spécialement consacrée, avait souvent montré, par des marques non équivoques, que cet établissement lui était très-agréable.

Qu'outre l'instruction des jeunes filles qu'elle se proposait de procurer, elle avait encore en vue la perfection et le salut de plusieurs vierges chrétiennes, qui, sans le secours de cet institut, ne trouveraient pas le moyen de se donner entièrement à DIEU.

Qu'on trouvait dans toutes les conditions des filles recommandables par leurs vertus et par leurs talents, mais que plusieurs, peu favorisées des biens de la fortune, et faute de pouvoir payer une dot, qu'on exigeait partout ailleurs, ne pouvaient être reçues en religion.

Que son intention était d'ouvrir à ces sortes de personnes la porte de la Congrégation ; et qu'elle faisait si peu de cas des richesses, qu'elle irait prendre sur ses épaules une fille qui, n'ayant pas même de quoi se vêtir, aurait d'ailleurs une bonne volonté et une vraie vocation (1).

M. de Laval, qui avait toujours eu une très-grande estime pour la vertu de la sœur Bourgeoys (2), et qui songeait alors à se démettre de ses fonctions en demandant au roi un coadjuteur, ne crut pas devoir insister, et abandonna l'avenir de la Congrégation à la divine Providence.

_______________________________________

(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in-8º, p. 64-65.
(2)Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 123.
(3) Ibid., p. 175.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 123-124.— Vie par M. Ransonet, p. 73-74.
(2) Vie de la sœur, 1818, p. 175.

A suivre : XIV. Ce fut après l’incendie que la sœur reçut le plus de sujets…

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Message  Louis Mar 27 Nov 2012, 3:16 pm

XIV. Ce fut après l’incendie que la sœur reçut le plus de sujets.
Avis qu’elle leur donnât en les recevant.


Mais loin que cet incendie dût détourner les jeunes personnes d'entrer dans la Congrégation, et procurer ainsi, comme on l'avait craint, la ruine de cet institut, ce fut surtout après cet accident qu'on les vit s'y présenter en plus grand nombre. Car l'année même où M. de Saint-Vallier, successeur de M. de Laval, arriva en Canada et fit sa première visite à la Congrégation, la sœur Bourgeoys avait déjà reçu en tout plus de quarante sœurs, à qui, dit-elle, je n’ai jamais promis autre chose que pauvreté et simplicité (1). Il est à remarquer en effet que lorsqu'elle donnait l'habit à quelque fille pour la recevoir dans sa communauté, elle avait coutume de lui dire plusieurs fois, dans cette occasion solennelle : « Ma chère sœur, soyez toujours petite, humble et pauvre (2). »

« Toute fille qui demande à être reçue dans cette communauté, » disait- elle à ses postulantes, « doit se résoudre à quitter les principes du monde. Elle doit encore se quitter elle-même, rompre son humeur, ses méchantes habitudes et ses inclinations ; se défaire de l'attachement à ses parents, à ses amis et à tout ce qui peut occuper inutilement l'esprit. Je lui déclare qu'on pourra l'employer aux offices les plus bas ; la mettre en mission avec une sœur qui sera chargée de la contrarier en tout ; la faire taire pour faire parler une petite fille ; en un mot l’humilier et la mortifier sans aucun ménagement. Qu'elle craigne, quand elle sera reçue, d'être infidèle à DIEU, à qui elle se sera donnée. Qu'elle obéisse promptement en toutes choses aux personnes à qui elle se sera soumise. Qu'elle soit pauvre de cœur. Que ses paroles, ses gestes, sa démarche ne sentent pas la dissipation ni la légèreté ; mais que partout elle se conduise avec modestie, retenue et dévotion. Qu'elle mortifie ses sens. Qu'elle évite les entretiens qui ne seront pas nécessaires, et qu'elle tâche de marcher toujours en la présence de Dieu (1). »

… Jusqu'ici nous avons raconté ce que le zèle de la sœur Bourgeoys lui inspira en faveur des jeunes personnes de la colonie de Villemarie. Nous parlerons dans les chapitres suivants des missions qu'elle entreprit hors de cette ville, et d'abord de la mission sauvage de la Montagne.

_____________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 103.
(1) Vie de la sœur, etc., p. 71-72.
A suivre : CHAPITRE VI. LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT UNE MISSION A LA MONTAGNE DE MONTRÉAL...

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Message  Louis Mer 28 Nov 2012, 6:53 am

CHAPITRE VI.

LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT UNE MISSION
A LA MONTAGNE DE MONTRÉAL
POUR LA SANCTIFICATION DES FILLES SAUVAGESSES.

I. Pendant plus de 30 ans, on n’avait pu attirer
des sauvages dans l’île de Montréal pour les y instruire.


L'un des motifs qui avaient attiré la sœur Bourgeoys en Canada, était le désir de travailler à la conversion des sauvages, par l'éducation chrétienne de leurs enfants. Mais pendant plus de vingt ans son zèle pour leur sanctification était resté comme sans exercice, les sauvages ne venant pas se fixer dans l'île de Montréal. Tout ce qu'elle avait pu faire pour eux se bornait à l'éducation de quelques petites filles sauvages données par leurs parents à M. de Maisonneuve ou à M. de Courcelle, comme on l'a déjà raconté.

Ce n'est pas qu'on eût négligé d'attirer les sauvages à Montréal: dès la fondation de Villemarie on avait adressé à Dieu de ferventes prières pour leur conversion. Lorsque M. de Maisonneuve eut porté sur la Montagne, en 1642, la croix dont nous avons parlé, « les personnes qui pouvaient quitter l’habitation, dit la sœur Bourgeoys, allaient faire des neuvaines à dessein d'obtenir de DIEU la conversion des sauvages, et que ceux-ci vinssent avec soumission pour être instruits. Mlle Mance, entre autres , était du nombre ; mais tous ces gens-là n'ont point vu l'effet de leurs prières (1). »

L'humeur indépendante de ces barbares, leur amour pour la vie libre et errante, les guerres dont le pays n'avait cessé d'être le théâtre, avaient en effet rendu inefficaces tous les mouvements qu'on s'était donnés pour les arrêter à Montréal; et lorsque Mlle Mance mourut, ce qu'arriva l'année 1673 (1), on n'avait point encore vu de sauvages se fixer dans cette ile. Ce fut ce qui engagea les prêtres de Saint-Sulpice, après que M. de Laval les eut autorisés en 1668 à se livrer à l'instruction des sauvages, d'aller établir sur les bords du lac Ontario, une mission dont le siège principal fut fixé à Kenté. M. de Bretonvilliers fit des dépenses considérables pour cet établissement, et y envoya, entre autres missionnaires, M. Trouvé, M. de Fénelon, M. de Cicé (2).

__________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1] Registres de la paroisse de Villemarie, sépultures, 1673.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ad calcem.— Lettre de M. de Bretonvilliers, du 17 mars 1676 ; archives du séminaire de Paris.


A suivre : II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.


Dernière édition par Louis le Mer 28 Nov 2012, 3:38 pm, édité 1 fois

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Message  Louis Mer 28 Nov 2012, 2:29 pm

II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.


Mais après une expérience de plus de dix ans on demeura convaincu que le fruit de ces missions errantes se réduisait presque à rien, et que pour travailler utilement à la conversion des sauvages, il fallait d'abord les rendre sédentaires et les attirer auprès des Français (3). Les PP. Jésuites formèrent dans ce dessein une mission sauvage à la Prairie de la Madeleine, vis-à-de Villemarie, de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent (4). Peu après, quelques sauvages iroquois et d'autres ayant témoigné le désir de se fixer dans l'Ile de Montréal, les ecclésiastiques de Saint-Sulpice commencèrent pour eux, en 1676, un établissement à la Montagne, qui de cette sorte « fut le premier lieu de cette île, » comme le fait remarquer la sœur Bourgeoys, « où les sauvages vinrent pour être instruits (1). » Enfin, la désunion s'étant mise parmi les chefs des sauvages de la Prairie de la Madeleine, plusieurs quittèrent cette mission pour se joindre à ceux de la Montagne, de l'avis des PP. Jésuites et de M. Dudouyt, grand-vicaire du diocèse (2) et la mission de la Prairie fut transférée au Sault Saint -Louis (*).

Dès que M. Tronson eut appris l'établissement de la mission de la Montagne, il écrivit de ne rien négliger pour gagner d'abord le cœur des enfants (1), et d’ouvrir pour eux des écoles.

« M. Colbert, disait-il, approuve extraordinairement votre dessein pour l'établissement de petites écoles de sauvages ; il est persuadé qu'on ne saurait rien faire de plus utile. C'est une œuvre où il faut s'appliquer tout de bon, et à quoi il faudra donner tout ce que l'état de la maison pourra permettre. Ainsi n'épargnez rien pour l'instruction de ces enfants. Vous voyez combien tout cela vous oblige à supprimer les missions du lac Ontario, que M. Colbert croit d'ailleurs être très-peu fructueuses. Je dînai chez lui il y a quelques jours, et il me dit la grâce de me bien écouter sur toutes nos affaires (1). »

____________________________________________

(3) Premier établissement de la Foi, par le P. Le Clercq, t. II. P. 80. — Lettre de M. Tronson à M. Mariette, du 23 avril 1678.
(4) Relation de ce qui s’est passé en la Nouvelle-France, les années, 1670 et 1671, par le P. Dablon, chap. VI. p. 40
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Lettre de M. Tronson.
(1) Lettre de M. Tronson à M. Bailly, du 22 avril 1678.
(1) Lettre à M. de Casson, du 14mars 1679, ibid.

A suivre : l’explication du (*)


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Message  Louis Jeu 29 Nov 2012, 6:17 am

II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.

( explication du * )


(*) Le témoignage si formel de la sœur Bourgeoys, qui recule le commencement de la mission de la Montagne jusque après la mort de Mlle Mance, arrivée en 1673, ne peut se concilier avec ce que M. Montgolfier a écrit sur l'époque de la formation de cet établissement. Il l'a fixée à l'année 1657, fondé en cela sur un catalogue manuscrit des ecclésiastiques du séminaire de Villemarie, composé au plus tût en 1777, rempli d'erreurs et d'anachronismes touchant les commencements de cette maison; et peut-être aussi sur un passage des Annales de la sœur Morin, où elle a supposé, par erreur, que cette mission existait déjà en 1669. M. Noiseux, dont l'inexactitude et la hardiesse sont assez connues (1), s'est imaginé que la mission de la Montagne avait été établie longtemps auparavant par les Récollets; il a même inventé à ce propos un conte assez mal ourdi sur le père Poulain , qu'il travestit en missionnaire de la Montagne, en défigurant entièrement l'histoire de ce religieux (2); il fait aussi un récit de même aloi au sujet de M. Galinier, à qui il fait bâtir, en 1658, une chapelle à la Montagne, en ajoutant qu'elle fut bénite le 13 juin 1659. Cet écrivain, persuadé sans doute que les sources de l'histoire ecclésiastique du Canada étaient taries, aura cru qu'au défaut de monuments il pouvait s'abandonner à une sorte d'inspiration pour la reproduire. Du moins nous ne pouvons expliquer autrement la confiance avec laquelle il accumule tant de récits controuvés.

Ces écrivains auraient été plus réservés dans leurs conjectures, et n'auraient pas supposé qu'il existât dès lors une mission de sauvages à la Montagne de Montréal, s'ils avaient considéré que, pendant plus de vingt ans, les premiers colons de Villemarie n'eurent presque pas la liberté de sortir de leur ville, à cause de la guerre cruelle que les Iroquois leur faisaient jusqu'aux portes de leurs maisons. Ce fut pour ce motif qu'en 1662 on donna à plus de soixante Montréalistes l'usage de diverses portions de terre du domaine des seigneurs, avec promesse de leur faire des concessions plus éloignées de la ville, lorsque la paix serait rendue au pays (1). Les registres de la mission de la Montagne, qui ne commencent qu’en l'année 1680, auraient pu aussi leur faire soupçonner la nouveauté de cet établissement; car il y est expressément marqué que les actes des baptêmes conférés aux sauvages pendant les trois années précédentes, savoir, 1677, 1678 et 1679, avaient été inscrits dans les registres de la paroisse de Villemarie, ce qui indique assez que cette mission n'avait été établie que vers l'année 1677. Les registres de Villemarie qui commencent en 1642, ne font d'ailleurs aucune mention de la Montagne avant les trois années qu'on vient d'indiquer. Enfin ces écrivains n'auraient pas supposé que les prêtres de Saint-Sulpice dirigèrent cette mission depuis leur établissement à Villemarie, s'ils avaient su que M. de Laval ne leur permit de travailler à la sanctification des sauvages qu'en l’année 1668 (2).

Au reste, d'après le système imaginé par M. Noiseux, …

______________________________________

(1) Relations des Jésuites, etc., ouvrage traduit de l’anglais ; Montréal, 1850, in-12, p. 69-70.
(2) Premier établissement de la Foi, par le P. Le Clercq, p. 153 et suiv., p. 206 et suiv., p. 219 et suiv..
(1) Archives du séminaire de Villemarie, année 1662.
(2) Archives de la marine suprà.

A suivre…

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Message  Louis Jeu 29 Nov 2012, 12:22 pm

II. Commencement de la mission de la Montagne en 1676.

(suite de l'explication du *)


(*) Au reste, d'après le système imaginé par M. Noiseux, la mission de la Montagne aurait été dirigée successivement par les Récollets, puis par les Jésuites, et en troisième lieu par les prêtres du séminaire de Saint-Sulpice. Mais il est certain que les Récollets en énumérant leurs missions diverses dans les écrits qu'ils ont publiés sur le Canada, n'ont jamais fait mention d'une mission qu’ils eussent eue à la Montagne de Montréal. Au contraire, l'un d'eux, le P. Le Clercq, rapporte, au sujet de cette même mission, que les ecclésiastiques de Saint-Sulpice, après avoir abandonné l'établissement qu'ils avaient formé en 1668 à Kenté, « s'appliquèrent alors à un nombre de familles huronnes et iroquoises que l'on attirait peu à peu dans l'île, et qui, ajoute-t-il, forment aujourd'hui un village chrétien à un quart de lieue de Villemarie (1). »

Les RR. PP. Jésuites, dans leurs Relations de la Nouvelle-France , n’ont pas dit un seul mot qui fit même soupçonner l'existence prétendue de cette mission.

Enfin, M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, qu'il termine à l'année 1672, n'en a pas parlé non plus, quoiqu'il n'ait rien omis de ce qui concernait la mission des prêtres de Saint-Sulpice à Kenté, et qu'il ait rapporté une multitude d'autres particularités moins importantes.

Ajoutons que M. de Bretonvilliers, dans une lettre très-étendue qu'il écrivit en 1675 aux ecclésiastiques du séminaire de Villemarie, ne dit pas un mot de la mission de la Montagne, quoiqu’ il leur parle en détail de toutes les œuvres dont ils étaient alors chargés au Canada (2).

Si l'on ne trouve aucune trace de l'existence de cette mission jusqu’en l'année 1675 inclusivement, les monuments du temps expliquent nettement la raison de ce silence, puisqu’ils nous apprennent qu'elle ne fut commencée que l'année suivante 1676. C'est ce que démontrent une multitude de lettres de M. Tronson, écrites les années 1677, 1678 et suivantes, à l'occasion de cet établissement. On y voit que la crainte de ne pouvoir suffire aux dépenses de cette nouvelle mission et à celle de Kenté, le portait à abandonner cette dernière, dont les fruits se réduisaient d'ailleurs presque à rien (1). Nous pourrions ajouter ici un grand nombre d'autres témoignages qu'il est inutile de produire (2). Nous nous bornerons à indiquer celui de M de La Salle, de l'année 1678 (3); celui de M. de Frontenac, gouverneur général du Canada, de l'année 1679 (4); celui de M. de Belmont, qui assista en quelque sorte à la naissance de cette mission. Dans une requête à l'intendant, ce dernier fixe l'origine de la mission de la Montagne à l’année 1676 (5), et il en met la fondation à l'année suivante, parce que ce fut alors que, sur la réponse de M. Tronson, le séminaire se chargea de pourvoir à cette bonne œuvre, et que le roi assigna une gratification pour aider à la soutenir. « En 1680, dit M. de Belmont dans ce dernier écrit, il y avait deux missions auprès de Montréal, l'une du Sault (Saint-Louis) , fondée par le R. P. Frémin, et une autre à la Montagne, fondée en 1677 (6). » Tous ces témoignages justifient, comme on le voit, ce que la sœur Bourgeoys atteste de son côté, savoir : que Mlle Mance , décédée en 1673, ne vit point l'établissement de la mission de la Montagne.

_______________________________________

(1) Premier établissement de la Foi, , t. II. p. 80-81
(2) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, lettres de M. Tronson, Canada. t. I.
(1) Ibid, tom. I.
(2) L’État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, p. 68. — Histoire de l’Amérique Septentrionale, par de la Potherie t. I, p. 343.
(3) Archives de la marine, Canada, t. III. , 10 octobre 1678.
(4) Ibid. lettre de M. de Frontenac au roi, du 6 novemb. 1679.
(5) Archives du séminaire de Villemarie.
(6) Bibliothèque royale, ms. Supplément français, 1265.

A suivre : III. La sœur Bourgeoys établit à la Montagne une école pour les sauvagesses…

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Message  Louis Ven 30 Nov 2012, 7:40 am

III. La sœur Bourgeoys établit à la Montagne
une école pour les sauvagesses. Gratification du roi.


Le désir de M. Tronson était que les ecclésiastique du séminaire prissent le soin des garçons, et les sœurs de la Congrégation celui des filles; et M. Colbert, entrant tout à fait dans ses vues, obtint du roi pour les sœurs une gratification annuelle de 1,000 livres (1).M. de Belmont, alors diacre, qui avait renoncé généreusement au monde et à ses honneurs, dans le dessein de se consacrer à la mission de Villemarie (2), fut chargé en 1680 de l'école des garçons, commencée l'année précédente (3), et la sœur Bourgeoys envoya pour celle des filles deux sœurs de la Congrégation. Dès son arrivée, M. de Belmont fit construire à ses dépens une chapelle (4) sous le titre de Notre-Dame des Neiges, ainsi que le village de la Montagne, formé d'abord de cabanes d'écorce disposées dans un certain ordre régulier (5); et ce fut dans ces cabanes que les sœurs de la Congrégation se logèrent et commencèrent l'exercice de leurs fonctions (6). De cent soixante sauvages qui composaient la mission au commencement, il n'y en avait guère que la moitié qui eussent reçu le baptême (7). C'étaient pour les sœurs, aussi bien que pour les missionnaires, un motif puissant de redoubler leurs prières, afin d'obtenir la conversion des autres, ce que DIEU daigna leur accorder peu après. Il arriva même que comme les sauvages se trouvaient heureux dans cette mission, où ils étaient fort bien traités, leur nombre augmenta en peu de temps, d'autres sauvages venant se joindre aux premiers (1); et qu'enfin la mission devint assez considérable, et fut même une protection et une défense assurée pour Villemarie dans la guerre que les Iroquois infidèles firent peu après à la colonie (2) (*). Telle fut l'origine de la première école ou mission pour les petites sauvagesses établie dans la Nouvelle-France.
_____________________________________
(*) Lorsqu'il n'y avait encore que cent soixante sauvages dans cette mission, l'école de M. Belmont était composée de vingt-trois garçons, dont tous ceux qui étaient baptisés portaient le surplis à l'église, y chantaient et faisaient la fonction d'acolytes et de thuriféraires (1). M. Tronson félicitait en ces termes M. de Belmont de ces heureux commencements :

« Il n'y a rien de plus beau que le récit que vous me faites de la magnificence de votre église et de ses ornements. J'en ai fait lecture à plusieurs qui souhaiteraient surtout entendre le Gloria le Credo, le Sanctus, l'Agnus Dei et les vêpres en sauvage (2). Puisque la Providence vous a fait trouver un luth à Montréal, vous pouvez en jouer à l'église, et vous en servir comme d'un moyen pour porter à la dévotion (3) Vous pourrez avoir les orgues que vous avez demandés (4). Quelques-uns de nos messieurs se sont étonnés que vous avez fait clore un cimetière, parce qu'ils s'imaginaient qu'on ne mourait point en Canada, tant ils avaient ouï dire que l'air y est bon (5). »

_______________________________

(1) Lettre de M. Tronson, Clermont, lettre à M. Baudrand du 19 janvier 1682.
(2) Ibid., Canada, lettre à M. De Belmont, du 6 juin 1682.
(3) Ibid., lettre au même, 1686.
(4) Ibid., lettre au même, du 15 avril 1685.
(5) Ibid., 6 juin 1682.

_____________________________________
(1) Lettre à M. de Belmont, du 30 mai 1681, ibid.
(2) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, p. 68-69.
(3) Lettre de M. de M. Tronson à M. Dollier de Casson, 20 mars 1680.
(4) Lettre de M. de M. Tronson à M. Ranuyer du , 25 mai 1681.
(5) Lettre à M. de Belmont, du 6juin 1682.
(6) Vie de la sœur Marie Barbier.
(7) Lettre de M. Tronson, Clermont, lettre à M. Baudrand du 19 janvier 1682.
(1) Lettre de M. de M. Tronson à M. de Belmont du ,13 mars 1683. — Registres de la mission de la Montagne, dénombrement de 1683.
(2) Archives de la marine, dépêches des gouverneurs et des intendants.
A suivre : IV. L’école de la Montagne est la première…


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Message  Louis Ven 30 Nov 2012, 11:20 am

IV. L’école de la Montagne est la première
qu’on ait formée pour les sauvagesses. Pensionnaires et externes.


M. Du Chesneau, intendant du Canada, qui visita cette même année la mission de la Montagne, faisait remarquer au ministre, dans le mémoire qu'il lui adressait le 13 novembre 1681, que c'était en effet la seule où l'on s'occupât de l'instruction des petites filles sauvages.

« Dans la mission de la Montagne, disait-il, dans celle du Sault de la prairie de la Madeleine (c'est-à-dire du Sault Saint-Louis), dans celles de Sillery et de Lorette, les seules bourgades sauvages que nous ayons, on a commencé à montrer à lire et à écrire aux jeunes garçons. Dans celle de la Montagne de Montréal, les filles de la Congrégation s’appliquent à l'instruction des petites filles, et les font travailler en couture (1). »

Pour affermir et développer davantage le bienfait de l'éducation dans ces enfants, la sœur Bourgeoys voulut que les sœurs gardassent auprès d'elles, comme pensionnaires, celles qui montraient plus de dispositions à la vertu, afin qu'étant soustraites par ce moyen à l'influence de leurs parents, elles pussent s'appliquer avec moins d'obstacle aux exercices de la piété, et s'accoutumassent plus aisément à notre manière de vivre. Elle espérait d'ailleurs que ces enfants, étant une fois formées, contribueraient efficacement par leurs bons exemples à aider les sœurs à la formation des autres.

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(1) Archives de la marine, Canada, mémoire de M. Du Chesneau du 13 novembre 1681.

A suivre : V. Éloge de l’école de la Montagne.


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Message  Louis Sam 01 Déc 2012, 6:54 am

V. Éloge de l’école de la Montagne.


Charmé de ces heureux commencements, M. Tronson écrivait à M. de Belmont, le 30 mai 1681 : « Ce vous est un grand secours d'avoir les filles de la Congrégation pour instruire les petites sauvagesses. Pour les 1,000 livres que le roi leur donne, elles peuvent les employer à l'entretien de leurs pensionnaires, soit que ces enfants demeurent à la Montagne, soit qu'elles restent à Montréal: cette gratification leur étant accordée en général pour leur donner moyen de travailler à l'éducation des filles sauvages, sans qu'il y ait aucune condition dans le don que Sa Majesté leur en fait.

Ainsi, comme elles peuvent travailler dans l'un et dans l'autre de ces lieux à l'éducation de ces petites sauvagesses, elles peuvent aussi ou partager cette somme, ou l'appliquer tout entière an lieu où elles verront que les besoins sont plus grands (1). »

Les gouverneurs généraux et les intendants du Canada ne manquaient pas, dans le séjour qu'ils faisaient chaque année à Villemarie, de visiter la mission de la Montagne; et toujours, dans leurs dépêches au ministre, ils faisaient l'éloge du zèle et de l'application des sœurs à instruire les filles de cette mission. M. de Meulles, qui succéda à M. Du Chesneau en qualité d'intendant, écrivait en 1683 à M. de Seignelay, devenu ministre de la marine depuis la mort de M. Colbert, son père :

« MM. de Saint-Sulpice ont fait deux classes pour instruire les petits sauvages de la Montagne. Dans l'un que les garçons, qu'ils instruisent eux-mêmes. Deux filles de la Congrégation sont chargées de la seconde, où sont les filles. Elles ont soin de leur enseigner leur croyance, de les faire chanter à l'église, de leur apprendre à lire, à écrire (*), à parler français, et tout ce qui convient aux filles. Si sa Majesté voulait accorder un petit fonds de 5 ou 600 livres pour les sauvagesses de la Montagne, on pourrait leur apprendre à faire des bas à l'aiguille ou du point de France. Elles sont naturellement très-adroites. On les mettrait en état de gagner quelque chose, et de s'en servir pour s'habiller. On pourrait de ce petit fonds de 5 ou 600 livres leur acheter quelques petits habits à la française, et les accoutumer à s'en servir. Leurs habits sont ce que je leur ai trouvé de plus vilain. Mais on m'a répondu à cela qu'on n'avait pas le moyen de leur faire la moindre libéralité (1). »

________________________________________

(1) lettre de M. de M. Tronson à M. de Belmont, du , 30 mai 1681.
(1) Archives de la marine, Canada, lettre de M. de Meulles du 4 novembre 1683.

A suivre : explication du (*).


Dernière édition par Louis le Sam 01 Déc 2012, 3:24 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 01 Déc 2012, 12:16 pm

V. Éloge de l’école de la Montagne.
(explication du *)



(*) Dans les registres de la mission de la Montagne on lit encore les noms de plusieurs des premières élèves de la Congrégation, signés par elles-mêmes comme marraines, ou comme contractant mariage. Françoise Tegaien, âgée de treize ans, signa elle-même l'acte de son propre baptême, qui eut lieu en 1683.

Parmi les sauvagesses que la sœur Bourgeoys avait élevées, nous pouvons nommer entre autres Marie Aouendea, fille de Thierry Hoandoron, le même qui, avant sa conversion, tua M. Le Maistre (1), prêtre de Saint-Sulpice, le jour de la Décollation de saint Jean-Baptiste, 1661, comme on l'a déjà raconté.

Ce sauvage, dont M. Le Maistre obtint sans doute la conversion par son intercession auprès de DIEU, fut ensuite baptisé par le Père Frémin (2) ; et, assuré de trouver dans les prêtres du séminaire autant de bienfaiteurs et des pères, il alla se mettre sous leur conduite à la mission de la Montagne. Ils lui témoignèrent en effet une sincère et généreuse charité, jusque-là qu'ayant fait instruire et élever une de ses filles, ils la marièrent avec un des serviteurs du séminaire nommé Abraham Boté, natif de Dieppe en Normandie, connu parmi les sauvages sous le nom de Sourakoua (1). On voit par les registres de la paroisse de Villemarie qu'une autre fille de Thierry Hoandoron fut baptisée le 5 septembre 1678 (2).

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(1) Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté ; M. Le Maistre.
(2) Registres de la Mission de la Montagne ; dénombrement.
(1) Ibid., 14 octobre 1680.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie ; Baptêmes 5 septembre 1678.

A suivre : VI. La sœur Bourgeoys est chargée par le roi d’élever toutes les petites sauvagesses de la Montagne…

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Message  Louis Dim 02 Déc 2012, 6:54 am

VI. La sœur Bourgeoys est chargée par le roi d’élever toutes
les petites sauvagesses de la Montagne. Nouvelle gratifications du roi.


Jusque alors le gouvernement avait placé un petit nombre de filles sauvages chez les religieuses Ursulines de Québec. Mais quelque soin que ces religieuses apportassent à les former et à les instruire, elles avaient la douleur de voir leurs efforts presque sans résultats.

« Les boissons perdent nos pauvres sauvages chrétiens: les hommes, les femmes, les garçons et les filles même, disait déjà en 1662 la mère de l'Incarnation. Ils sont pris tout aussitôt et deviennent comme furieux. Il suit de là des meurtres, des brutalités monstrueuses et inouïes. Nous avons fait voir à nos filles sauvages externes venant à nos classes, le mal où elles se précipitent en suivant l'exemple de leurs parents: depuis elles n'ont pas remis le pied chez nous. (1). »

Il paraît que les pensionnaires sauvagesses que les Ursulines élevaient dans leur couvent, ne leur donnaient guère plus de satisfaction. Du moins, en 1683, M. de Meulles écrivait à M. de Seignelay : « Rien n'est plus inutile que de mettre les sauvagesses aux Ursulines, parce que l'austérité dont les religieuses font profession n'accommode nullement un esprit sauvage. Aussi est-il vrai qu'aussitôt que les sauvagesses sont sorties de chez ces religieuses, elles passent d'une extrémité à l'autre (2). »

M. de Seignelay, convaincu de son côté que la vie cloîtrée ne pouvait pas convenir à ces enfants, résolut de ne confier qu'à la sœur Bourgeoys toutes celles de la mission de la Montagne, et répondit à M. de Meulles, le 10 avril de l'année suivante, que le roi ne voulait pas qu'elles fussent envoyées à Québec. Pour procurer à la sœur Bourgeoys les moyens de les former, il obtint du roi, non-seulement les 500 livres que M. de Meulles avait demandées (1), mais encore une nouvelle gratification de 2,000 livres, dont 1,000 pour acheter de la laine et du fil, afin d'apprendre à ces enfants à filer, à tricoter, à faire du point et autres ouvrages; et 1,000 pour l'entretien des ouvrières qui leur apprendraient ainsi à travailler (2). Toutes ces sommes devaient être remises à la sœur Bourgeoys pour qu'elle les employât selon sa sagesse (3). Enfin, M. de Seignelay fit passer de France en Canada trois femmes pour apprendre aux filles sauvages de la Montagne à tricoter, et trois autres pour leur apprendre à filer et à faire de la dentelle (4).

____________________________________

(1) Lettres de la mère de l’Incarnation II e partie, lettre LXIII, p. 531.
(2) Archives de la marine ; Canada, lettre de M. de Meulles, du 4 novembre 1683.
(1) Ibid., registre des dépêches, 1683 ; lettre à M. de Meulles, du 10 avril 1684.
(2) Ibid., registre des expéditions, année 1685, folio 40.
(3) Lettres de M. Tronson : lettre à M. de Belmont, 1686.
(4) Registre des dépêches, 1683, fol. 19.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys, d’abord effrayée par les difficultés…

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Message  Louis Dim 02 Déc 2012, 1:10 pm

VII. La sœur Bourgeoys, d’abord effrayée par les
difficultés de cette œuvre, l’entreprend ensuite
avec confiance au secours de DIEU.


Cependant, loin de s'applaudir de la protection qu'elle recevait ainsi du monarque, la sœur Bourgeoys fut alarmée à la vue du fardeau qu'elle allait s'imposer en se voyant chargée à l'avenir de toutes les petites sauvagesses de cette mission. Elle craignait de n'avoir pas d'autre résultat de leur part que ceux qu'avaient obtenus jusque alors les Ursulines; c'était du moins ce que lui représentaient plusieurs personnes recommandables, et entre autres M. Le Ber, pour la dissuader de se charger d'un tel fardeau. Outre l'école de la Montagne, la sœur Bourgeoys en avait ouvert une autre en 1683 à la mission du Sault Saint-Louis, où elle avait envoyé deux sœurs (1).

Mais cet établissement ne se soutint pas; et peut-être que les inconvénients qu’elle craignait pour la Montagne avaient pour fondement le peu de succès qu'elle avait eu au Sault Saint-Louis. Quoi qu'il en soit, M. Tronson, pour la fortifier, écrivait en ces termes à M. de Belmont le 25 mars 1686 : « On ne serait pas ici de l'avis de M. Le Ber, et sa proposition ne serait pas approuvée à la cour. Car on veut qu'on francise, autant que l'on pourra, les sauvagesses aussi bien que les sauvages ; et cela ne se peut qu'en les faisant aller à l'école ou en les mettant en pension. Il me semble qu'en ne les prenant pas si jeunes, ne les gardant pas si longtemps, et ne les tenant point si serrées, on remédierait aux grands inconvénients qu'il propose ; et la sœur Bourgeoys n'en sera plus effrayée, si elle écoute vos raisons (1). »

Cette digne fondatrice ne s'était laisser aller d'abord à ces sentiments de crainte que par un effet de sa sincère et profonde humilité. Mais elle comprit bientôt que cette mission, où elle trouvait enfin la facilité de travailler à la sanctification des filles sauvages, était une œuvre que la Providence avait spécialement réservée à la Congrégation, de préférence à toute autre communauté.

Dans l'invitation qui lui était faite de la part du roi, elle vit l'entier accomplissement du dessein...

_________________________________

(1) Archives de la marine, lettre de M. de Meulles au marquis de Seignelay, 4 novemb. 1683.
(1) Lettres de M. Tronson ; Canada 25 mars 1686.



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