Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : V. On s’efforce de faire repasser en France les hospitalières de Saint-Joseph.IV. M. de Queylus est expulsé du Canada.
Mais le même vaisseau qui avait apporté ces lettres à M. de Queylus, datées du 11 mai 1659, en apporta une autre écrite le 14, au nom du roi, en faveur de M. de Laval. Celle-ci dérogeait à la première, et ordonnait d'empêcher les grands-vicaires de Rouen d'exercer aucun pouvoir au nom de ce prélat (1) (*). M. de Queylus fut donc obligé de se désister.
Mais M. de Laval qui déjà avait trouvé mauvais que, d'après les lettres du 11, il eût voulu un instant exercer les pouvoirs de grand-vicaire de l'archevêque, crut qu'il ne devait plus se fier à lui. Se voyant muni lui-même de cette seconde lettre de cachet, il usa de toute autorité à Villemarie (1), et poussa les choses peut-être avec un peu trop de rigueur, en voulant absolument que M. de Queylus quittât le pays. Il obtint même une nouvelle lettre de cachet pour le faire repasser en France, et cette lettre lui fut signifiée par le gouverneur, qui alla, avec un nombre considérable de troupes, l'amener de Villemarie à Québec, ainsi que deux autres ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice (2).
Le départ de M. de Queylus affligea beaucoup la colonie de Villemarie, pour la défense de laquelle il venait de faire des dépenses considérables, en établissant aux deux extrémités du pays les postes de Sainte-Marie et de Saint-Gabriel (1); et Péronne du Mesnil assure qu'il fut aussi regretté par tous les colons de Québec, à cause des largesses qu'il faisait aux pauvres (2). Il partit le 22 octobre 1659 ; et ayant ensuite relâché, il remit à la voile le 26 du même mois (3). Après le départ de M. de Queylus, M. de Laval ordonna aux prêtres de Saint-Sulpice de signer un écrit, par lequel ils s'engageaient à ne reconnaître à l'avenir que sa seule juridiction : ce qu'ils firent aussitôt. Ceux d'entre eux qui restaient à Villemarie étaient M. Souart, M. Vignal, M. Le Maistre et M. Galinier (4).
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(*) Dans une lettre de cachet adressée sur ce sujet à M. d'Argenson, on faisait dire au roi qu'il avait lui-même demandé au pape le titre de vicaire apostolique pour M. de Laval; et c'est de là que M. de La Tour, dans ses Mémoires, a avancé que cette commission avait en effet été sollicitée par la cour de France. Mais ce qu'on fait dire ici au roi est expressément démenti et par ses propres lettres au pape, et par toute la suite des démêlés relatifs à l'érection du siège de Québec. Aussi, dans le projet de bulle pour l'érection de ce siège, les secrétaires du pape ayant donné à M. de Laval le titre de vicaire apostolique , la cour exigea que ce titre y fut supprimé, et que dans les bulles d'érection il ne portât que le titre d'évêque de Pétrée (1), ce qui eut lieu de la sorte.
(1) Archives de la marine, registres des ordres du Roi pour les Indes occidentales, 1669, fol. 166. — Archives étrangères, Rome, t. XXXIX, p. 140.
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(1) Lettre de cachet, du 14 mai 1659 à M. Le vicomte d’Argenson, enregistrée au greffe de Québec, le 14 octob.
(1) Journal des Jésuites. 8 septembre 1659.
(2) Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 729. — Histoire du Montréal, par M. de Belmont.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(2) Archives de la marine, carton 1660, mémoire de Jean Péronne du Mesnil.
(3) Journal des Jésuites.
(4) Archives du séminaire de Villemarie, ordonnance du 3 août 1660.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VI. Diverses tentatives pour établir les Ursulines de Québec à Villemarie.V. On s’efforce de faire repasser en France les hospitalières de Saint-Joseph.
Tel était l'état des choses à Villemarie, lorsque la sœur Bourgeoys arriva avec ses compagnes. La protection du séminaire, dans de pareilles conjonctures, était un faible appui pour elles, aussi bien que pour les sœurs de Saint-Joseph. Ces dernières avaient même eu à essuyer un très-violent orage dès leur arrivée à Québec, M. de Laval et les Pères Jésuites, jugeant plus utile au bien du pays de n'y avoir que des hospitalières du même institut, voulaient installer à Villemarie celles de Québec, et obliger celles de Saint-Joseph à embrasser l'institut des autres ou à repasser en France (1).
L'évêque donna même l'ordre à M. Souart de leur dire de s'en retourner par le même vaisseau qui les avait amenées (2); et elles auraient pris ce parti sans la fermeté de la mère de Brésole, qui refusa constamment, soit de s'unir à l'institut des hospitalières de Québec, soit de repasser en Europe. A la fin, M. de Laval, à qui les associés de Montréal avaient déclaré qu'ils retireraient tous les fonds de l'Hôtel-Dieu, si on voulait donner l'administration de cette maison à d'autres qu'aux sœurs de la Flèche, permit à celles-ci, le 2 octobre, de partir pour Villemarie (3).
Mais M. de la Dauversière étant venu à mourir le 6 novembre suivant (4), et la fondation de ces filles fournie par Mme de Bullion ayant été confondue dans sa succession, qui fut saisie: dès que cette dernière nouvelle arriva à Québec, on revint au dessein de les faire partir pour la France.
Elles y seraient repassées si les citoyens de Villemarie, qui leur étaient tous dévoués, n'eussent adressé , à l'évêque de vives instances, auxquelles il voulut bien avoir égard (5).
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(2) Histoire de l’institution des sœurs de Saint-Joseph, t. ii, p. 132. Ms. de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(3) Histoire du Montréal, ibid. Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, p. 118 — Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie.
(4) Lettre de M. de Fancamp, du 28 avril1660 au père Chaumonot. Archives de l’Hôtel-Dieu de Laflèche.
(5) Lettres de la mère Marie de l’Incarnation Ire partie, lettre CX, . p. 204.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…VI. Diverses tentatives pour établir les Ursulines de Québec à Villemarie.
L'établissement naissant de la sœur Bourgeoys n'était guère plus solide. Lorsque cette sainte fille passa en Canada avec M. de Maisonneuve, en 1653, dans l'intention d'y faire les écoles, nous avons vu qu'on lui offrit d'entrer dans la communauté des Ursulines de Québec. Elle fut à peine arrivée à Villemarie, qu'on voulut y établir ces religieuses.
« L'on nous propose et l'on nous presse de nous établir à Montréal, écrivait la mère Marie de l'Incarnation, le 24 septembre 1654 ; mais nous n'y pouvons entendre, ajoute-t-elle, si nous n'y voyons une fondation, car on ne trouve rien de fait en ce pays, et l'on n'y peut rien faire qu'avec des frais immenses (1). »
Après l'arrivée de la sœur Bourgeoys avec ses compagnes à Villemarie, en 1659, on fit aux Ursulines de nouvelles instances d'aller s'y établir, ce qui, vu l'état où était alors cette colonie naissante, eût rendu inutiles les services de la sœur Bourgeoys et ceux de ses filles, et les eût obligées de repasser la mer.
« On nous presse de nous établir à Montréal, écrivait de nouveau la mère de l'Incarnation ; mais nous ne sommes pas en état de le faire. Monseigneur notre prélat aura l'inspection sur tout cela, quoiqu'il ne soit ici que sous le titre d'évêque de Pétrée et non pas de Québec en Canada (2). »
Le même obstacle qui avait empêché d'établir les Ursulines à Villemarie…
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(1) Lettres de la mère de l’Incarnation, , lettre L , p. 513.
(2) Ibid . p. 542.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VII. Danger que court la colonie de Villemarie de succomber aux attaques des Iroquois…VI. Diverses tentatives pour établir les Ursulines de Québec à Villemarie. (suite]
Le même obstacle qui avait empêché d'établir les Ursulines à Villemarie, lorsque la sœur Bourgeoys y arriva la première fois, c'est-à-dire le manque de ressources pécuniaires, ne permit pas non plus d'exécuter ce dessein en 1659; car l'évêque de Pétrée, ayant renoncé à ses biens de patrimoine avant de venir en Canada, n'était pas en état de les aider.
« On peut dire avec vérité, écrivait encore la mère de l'Incarnation, que notre prélat a l'esprit de pauvreté. Il ne fera rien pour accroître son revenu, il est mort à tout cela. Peut-être (sans faire tort à sa conduite) s'il ne l'était pas tant, tout en irait mieux; car on ne peut rien faire ici sans le secours du temporel. Mon sentiment particulier est que, si nous souffrons en Canada pour nos personnes, ce sera plutôt par la pauvreté que par le glaive des Iroquois (1). »
Une considération bien digne de remarque, et qui montre manifestement que le dessein de DIEU était d'établir la sœur Bourgeoys à Villemarie, préférablement à toute autre communauté, pour l'instruction des enfants, c'est que, tandis que les Ursulines jugeaient leur établissement impossible dans ce lieu, faute de ressources temporelles, la sœur Bourgeoys, en venant jeter les fondements du sien, s'était dépouillée de tout avant de partir de Troyes. Elle ne voulut avoir, comme elle l'écrivait elle-même, ni blanc ni maille, et ne porta avec elle qu'un petit paquet de linge sous son bras (1). Bien plus, lorsqu'à son second voyage à Paris, en 1659, l'un des associés de la compagnie de Montréal lui offrit une riche fondation pour s'établir, elle et ses filles, à Villemarie, elle la refusa, comme nous l'avons raconté, afin de ne fonder son œuvre que sur DIEU seul, et de pratiquer constamment la pauvreté parfaite qu'elle lui avait vouée.
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(1) Ibid. lettre CXe, du 17 septemb. 1660, p. 203.
(1) lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
Dernière édition par Louis le Dim 14 Oct 2012, 3:19 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : le (*)VII. Danger que court la colonie de Villemarie
de succomber aux attaques des Iroquois.
Résolution magnanime de dix-sept Montréalistes.
Cependant les épreuves que les filles de la Congrégation et celles de Saint-Joseph eurent à essuyer pour s'établir, étaient peu de chose, comparées aux craintes journalières de voir la petite colonie de Villemarie succomber aux attaques continuelles des Iroquois. L'expérience montra même qu'elle eût succombé infailliblement, sans le renfort qu'elle reçut à l'arrivée de MM. Vignal et Le Maistre (2).
Comme jusque alors la colonie avait été peu nombreuse, et que les barbares faisaient aux colons une cruelle guerre jusqu'à la porte de leur maison, M. de Maisonneuve s'était contenté de se tenir sur la défensive. Mais, après l'arrivée de ce dernier renfort, on résolut pour la première fois, en 1660, d'aller les attaquer, pour leur inspirer à eux-mêmes de la terreur (3) ; et la générosité de ceux qui se dévouèrent dans cette occasion, justifia de nouveau le dessein que s'étaient proposé, en 1641, les premiers associés de Montréal, de pourvoir, par cet établissement, à la défense et à la conservation de Québec et de toute la colonie française.
La sœur Bourgeoys indique elle-même en peu de mots cette action de courage : « M. Daulac, dit-elle, assembla seize ou dix-sept hommes des plus généreux pour aller attaquer les sauvages, et à dessein d'y donner leur vie, si c'était la volonté de DIEU ; mais ils furent trahis et tous tués (1). »
Le trait de valeur que la sœur rappelle ici est sans contredit le plus mémorable de l'histoire militaire du Canada. On ne voit rien chez les Romains ni chez les Grecs de plus magnanime ni de plus audacieux que le dévouement de ces généreux athlètes, qui, au nombre de dix-sept, firent tête d'abord à trois cents, puis à huit cents Iroquois pendant huit jours, et inspirèrent tant de terreur pour le nom de Montréal, en sacrifiant si noblement leur vie, que par leur mort ils sauvèrent tout le Canada (2) (*).
(*) Nous rapporterons ici en abrégé ce trait de valeur chrétienne, tant pour l'édification et l'admiration du lecteur…
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(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(3) Histoire du Montréal, de 1659 à 1660.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. Danger que court la colonie de Villemarie
de succomber aux attaques des Iroquois.
Résolution magnanime de dix-sept Montréalistes. (suite:*)
(*) Nous rapporterons ici en abrégé ce trait de valeur chrétienne, tant pour l'édification et l'admiration du lecteur que pour suppléer a une omission de l'historien de la Nouvelle-France, qui semble l'avoir ignoré, quoique cette action eût déjà été racontée fort au long dans les Lettres de Marie de l'Incarnation et dans les Relations de la Nouvelle-France (1).
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(1) Lettres de la mère Marie de l’Incarnation Ire partie, lettre LVIII . p. 548 et suiv.. — Relation de ce qui s’est passé, etc., ès années 1659 et 1660, chap. IV , p. 72 et suiv.I. Résolution héroïque des dix-sept Montréalistes.
Ces braves et généreux Montréalistes, après s'être préparés à leur sacrifice par la réception des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, en faisant serment en la présence des saints autels de ne point accepter de quartier, et de se battre jusqu'au dernier souffle de vie; après avoir fait leur testament et reçu le dernier adieu de leurs concitoyens, remontent le fleuve Saint-Laurent, tous résolus d'affronter l'ennemi et de répandre leur sang pour la religion et le salut de leur patrie (1).
Ils étaient à peine partis, qu'un chef huron et un chef algonquin, alliés aux Français, arrivèrent malheureusement à Villemarie, avec des sauvages formant un parti de guerre composé de quatre Algonquins et de quarante Hurons. Ces deux chefs avaient eut entre eux un défi sur la bravoure, et étaient venus dans l'intention de se joindre aux Montréalistes contre les Iroquois, sachant, que c'était à Villemarie que se faisaient les coups de valeur. Là, ayant bientôt appris le départ des dix-sept braves, ils s'adressèrent à M. de Maisonneuve pour qu'il leur permît d'aller se joindre à eux. Il fit tout ce qu'il put pour les en empêcher, se défiant de leur bravoure; enfin il crut devoir céder à leurs instances, et leur remit une lettre pour Daulac, à qui il marquait de ne pas trop compter sur eux, lui donnant même l'option de ne pas les admettre dans son parti. Daulac les reçut cependant.
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(1) Récit de M. Dollier de Casson, Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : II. Les dix-sept Montréalistes résistent pendant huit jours aux attaques…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Les dix-sept Montréalistes résistent pendant huit jours aux attaques
de 300 et de 800 Iroquois, et sacrifient généreusement leur vie.[suite du *]
Les dix-sept Montréalistes, à peine arrivés au Long-Sault, aperçoivent l'avant-garde des Iroquois, et se jettent dans un petit retranchement de pieux qu'ils trouvent là par hasard, et qui avait été fait précédemment par des Algonquins. Aussitôt ils sont investis par trois cents Iroquois, qu'ils repoussent avec une vigueur incroyable dans toutes leurs attaques et avec une perte énorme de la part des assaillants.
Ceux-ci, irrités de se voir tuer tant de monde, dépêchent un canot aux îles Richelieu, où étaient cinq cents des leurs. Le dessein de ces deux armées était de tomber sur les Trois-Rivières, puis sur Québec, et enfin de venir attaquer Villemarie, pour éteindre par là le nom français dans le Canada.
Ayant fait entendre de loin aux sauvages Hurons, renfermés avec Daulac dans le petit retranchement, que cinq cents Iroquois étaient en marche pour venir les attaquer, et qu'ils fussent à se rendre incontinent, la frayeur se mit parmi ces sauvages alliés, comme l'avait craint M. de Maisonneuve. Ils sautèrent par-dessus les pieux, et se rendirent lâchement aux Iroquois, à qui ils apprirent que les Français renfermés dans ce retranchement n'étaient qu'au nombre de dix-sept, ce que les autres refusaient de croire. Le cinquième jour de ce siège si vigoureusement soutenu, arrivent les cinq cents Iroquois, qui d'abord remplissent tout de leurs cris, selon leur coutume. Le petit retranchement est alors investi par près de huit cents hommes, qui donnent avec furie de toutes parts sur les assiégés, mais avec des pertes si considérables que durant trois jours ils sont contraints de lâcher pied à chacune de leurs attaques.
Enfin, le huitième jour, ils étaient sur le point de se retirer…
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Les dix-sept Montréalistes résistent pendant huit jours aux attaques
de 300 et de 800 Iroquois, et sacrifient généreusement leur vie. (suite) [suite du *]
…Enfin, le huitième jour, ils étaient sur le point de se retirer, dans la persuasion que les Français étaient en très-grand nombre, lorsque, ayant interrogé de nouveau les transfuges, et apprenant d'eux que les Français n'étaient réellement que dix-sept, ces huit cents Iroquois, pour éviter la honte qui reviendrait à leur nation, d'avoir lâché pied devant dix-sept Montréalistes, prennent la résolution de périr tous, plutôt que d'abandonner ce siège. Ils s'avancent donc tête baissée sur le retranchement, et malgré le feu que les assiégés ne cessaient de faire sur eux et qui leur abattait un grand nombre d'hommes, ils gagnent enfin la palissade et occupent eux-mêmes les meurtrières, en s'efforçant d'arracher les pieux. Alors Daulac charge un gros mousqueton jusqu'à son embouchure, pour le jeter au milieu des ennemis; mais une branche d'arbre l'ayant fait tomber dans le retranchement, il y éclata au milieu des assiégés, dont plusieurs furent tués ou estropiés. Après quoi les Iroquois firent brèche, de toutes parts.
Néanmoins, fidèles jusqu'à la mort à leur généreux serment, nos invincibles athlètes se défendent comme autant de lions; si l'on arrache un pieu, quelqu'un d'eux saute à l'instant à la place, le sabre ou la hache à la main, tuant et massacrant tout ce qui se présente. Enfin, les Iroquois ayant renversé la porte du retranchement, le reste des Montréalistes, l'épée d'une main et le couteau de l'autre, se mettent à frapper de toutes parts avec tant de furie que l'ennemi perdit la pensée de faire des prisonniers.
A suivre : III. Les dix-sept Montréalistes sauvent Québec et tout le Canada par leur audace et par le généreux mépris qu'ils avaient fait de la vie.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
Fin du (*)III. Les dix-sept Montréalistes sauvent Québec
et tout le Canada par leur audace et
par le généreux mépris qu'ils avaient fait de la vie.
[suite du *]
Après cet affreux carnage, les Iroquois, reconnaissant par eux-mêmes que les assiégés n'avaient été qu'au nombre de dix-sept, se dirent les uns aux autres que si dix-sept Français, n'ayant pour toute défense qu'un petit retranchement de pieux, qu'ils avaient trouvé par hasard sur leur chemin, avaient tué tant d'Iroquois et soutenu les assauts d'une si grande multitude avec tant de vigueur pendant huit jours, la prudence ne permettait pas d'aller les attaquer dans leurs propres postes, où ils seraient en état de tuer tous leurs agresseurs. Là-dessus, au lieu de poursuivre leur route, ils renoncent à leur plan de guerre et retournent dans leur pays.
Dès qu'on apprit à Québec l'affaire du Long-Sault et le dessein qu'avaient eu d'abord les Iroquois de tomber sur cette habitation, la frayeur fut si grande, qu'on renferma tout le monde dans le château, jusqu'aux religieuses et aux Jésuites. On exposa le saint Sacrement, on fit des processions, et l'on s'attendait aux derniers malheurs (1).
« Nous nous sommes vus à la veille que tout était perdu, écrivait de Québec, le 17 septembre 1660, la mère de l'Incarnation. Et en effet, cela serait arrivé si l'armée iroquoise qui venait ici, et qui nous eût trouvés sans défense, n'eut rencontré dix-sept Français et quelques sauvages chrétiens. C'est une chose admirable de voir la providence et la conduite de DIEU sur ce pays, qui sont tout à fait au-dessus des conceptions humaines. Lorsque nous devions être détruits, ceux qui étaient partis pour prendre des Iroquois ont été pris eux-mêmes et immolés pour tout le pays. Il est certain que sans cette rencontre nous étions perdus sans ressource, parce que personne n'était sur ses gardes, ni même en soupçon que les ennemis dussent venir. Aussi la nouvelle de leur retraite dans leur pays a fait cesser la garde dans tous les lieux, excepté dans les forts ; et tout le monde commence à respirer, car il y avait cinq semaines qu'on n'avait point eu de repos, ni de jour, ni de nuit, tant pour se fortifier que pour se garder (2). »
M. Dollier de Casson, après avoir raconté toutes les circonstances de l'affaire du Long-Sault, fait aussi de son côté cette réflexion : « On peut dire que ce grand combat a sauvé le pays, qui sans cela était perdu suivant la créance commune. Ce qui me fait dire que quand l'établissement de Montréal n'aurait eu que cet avantage d'avoir sauvé le pays dans cette rencontre, et de lui avoir servi de victime publique en la personne de ses dix-sept enfants, qui y ont perdu la vie, il doit être tenu pour considérable à toute la postérité, si jamais le Canada devient quelque chose, puisqu'il l'a ainsi sauvé dans cette occasion, sans parler des autres rencontres semblables (3). »
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(1) Lettres de la mère Marie de l’Incarnation IIre partie, lettre LVIII.
(2) Ibid. Ire partie, lettre CX . p. 205. — IIre partie, lettre LVIII, p. 555, etc..
(3) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : VIII. Cruautés des Iroquois. Massacre de M. Le Maistre.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IX. La face de M. Le Maistre…VIII. Cruautés des Iroquois. Massacre de M. Le Maistre.
II n'est pas de notre objet d'entrer dans le détail de cette guerre cruelle, qui remplit de deuil toute la colonie de Villemarie ; mais nous ne pouvons nous dispenser d'en rapporter ici quelques traits que la sœur Bourgeoys rappelle elle-même dans ses Mémoires.
Elle raconte que dix-sept hommes furent pris dans une circonstance, et qu'environ douze autres, qui travaillaient dans les terres du nommé Lavigne, furent aussi emmenés par ces barbares dans leur pays, à la réserve de trois qui furent tués sur la place.
Ce fut apparemment dans cette dernière circonstance qu'arriva ce qu'elle rapporte au sujet de trois Iroquois qui moururent de leurs blessures à l'Hôtel-Dieu, et auxquels on crut devoir donner le baptême quelques instants avant leur mort (1).
« M. Souart, dit-elle, les avait recommandés aux prières, et on les enterra au cimetière ; mais les chiens découvrirent la fosse pour les manger. Le matin on la recouvrit et on la chargea de bois. Néanmoins ces animaux renversèrent tout pour achever de les manger. Enfin on recouvrit la fosse de grosses pierres, mais les corps de ces trois Iroquois furent découverts pour la troisième fois : ce qui donnait de la terreur et faisait penser que c'était un châtiment de DIEU (2). »
La sœur Bourgeoys parle aussi des circonstances de la mort de M. Le Maistre, prêtre de Saint-Sulpice et économe du séminaire de Villemarie. Le 29 août 1661, après avoir célébré la sainte messe, cet ecclésiastique, étant allé avec quatorze ou quinze domestiques du séminaire à la ferme de Saint-Gabriel, où l'on faisait alors la moisson, fut tué à coups de fusil par une troupe d'Iroquois cachés en embuscade pendant qu'il était en sentinelle pour avertir les serviteurs du danger que l'on soupçonnait (3).
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(1) Registres de la paroisse de Villemarie juin 1662.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Histoire du Montréal, de 1660 à 1661.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. La face de M. Le Maistre est empreinte
sur un mouchoir, après sa décollation.
« M. Le Maistre, écrit la sœur, eut la tête coupée par les sauvages le jour de la Décollation de saint Jean-Baptiste, proche de Montréal, et l'on rapporta qu'on avait vu sur son mouchoir, dans lequel les sauvages avaient emporté sa tête, les traits de son visage empreints si fortement qu'on pouvait le reconnaître.
Quelque temps après, comme je me disposais pour aller en France, j'eus la pensée de m'assurer de ce fait, afin que si on me demandait si cela était véritable, je susse ce que je pouvais en dire. Je fus donc trouver Lavigne que l'on avait ramené du pays des Iroquois, car il avait été pris, et les sauvages lui avaient même arraché un doigt. Il me dit que cela était bien véritable (qu'il en était assuré), non pour l'avoir entendu dire, mais pour l'avoir vu ; qu'il avait promis tout ce qu'il avait pu aux sauvages pour avoir ce mouchoir, les assurant que quand il serait à Montréal il ne manquerait pas de les satisfaire, ce que, cependant, ils ne voulurent pas accepter, disant que ce mouchoir était pour eux un pavillon pour aller en guerre (et qu'il les rendrait invincibles). » (1 ?)
Les Hospitalières de Saint-Joseph, dans une lettre qu'elles écrivaient à leurs sœurs de la Flèche, racontaient le même prodige, et avec des circonstances nouvelles, qui en certifient de plus en plus la vérité : « Lorsque ces barbares, disaient-elles, eurent décapité M. Le Maistre, tous les traits de son visage demeurèrent empreints sur ce mouchoir, en sorte que plusieurs des nôtres qui étaient prisonniers dans leur pays le reconnurent parfaitement ; ce que nous ont dit plusieurs fois M. de Saint-Michel, M. Cuillerier, personnes dignes du foi, ainsi qu'un Père jésuite, qui était prisonnier d'une nation plus éloignée, et qui nous a assuré que les sauvages lui avaient parlé de cette merveille comme d'une chose extraordinaire. Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'il n'y avait pas de sang au mouchoir, et qu'il était très-blanc. Il paraissait dessus comme une cire blanche très-fine qui représentait la face du serviteur de DIEU. Les sauvages s'entredisaient les uns aux autres que cet homme était un grand démon; ce qui veut dire parmi eux un homme excellent et tout esprit. Ils en conçurent ensuite une si grande crainte, qu'ils vendirent le mouchoir aux Anglais. Le Père jésuite fit tout son possible pour l'acheter; mais il ne put y réussir, les sauvages ayant menacé les Anglais de les détruire s'ils le lui donnaient (1). »
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche, lettre sur la mort de M. Le Maistre.
A suivre : X. Massacre de Saint-Père…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
X. Massacre de Saint-Père. Circonstance remarquable.
La sœur Bourgeoys parle aussi d'un autre prodige non moins étonnant arrivé en la personne de Jean de Saint-Père, homme d'une piété solide, d'un esprit vif et d'un grand sens. Il fut tué à coups de fusil, avec Nicolas Godé son beau-père et Jacques Noël leur serviteur, pendant qu'ils couvraient leur maison à la pointe Saint-Charles, près de Villemarie. Les Iroquois ayant coupé la tête de Saint-Père pour l'emporter chez eux, ils entendirent qu'elle leur parlait en très-bon iroquois, quoique le défunt n'eût jamais parlé cette langue durant sa vie. Bien plus, elle leur faisait jour et nuit ces reproches et d'autres semblables : « Tu nous tues, tu nous fais mille cruautés, tu veux nous anéantir : tu n'en viendras pas à bout. Vous avez beau faire, nous serons un jour vos maîtres et vous nous obéirez (1). »
« Les sauvages, dit la sœur Bourgeoys, ayant emporté la tête de Saint-Père pour avoir sa belle chevelure, on rapporta, peu de jours après, que cette tête parlait aux sauvages. M. Cuillerier, qui avait été pris et était dans leur pays, a assuré que cela était vrai. D'autres ont assuré aussi que la tête parlait et que les sauvages l'ont entendue plus d'une fois. Après ce meurtre on saisit quelques-uns des sauvages qu'on amena au fort. Les deux enfants de Saint-Père vinrent prier de ne leur point faire de mal, et leur apportèrent quelques vivres (2). »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1657 à 1658.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XI. M. Vignal est massacré…
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XI. M. Vignal est massacré et mangé par les Iroquois.
M. Le Maistre avait été massacré le 29 août 1661, et sa mort avait rempli de deuil la petite colonie de Villemarie; mais avant que deux mois se fussent écoulés, un autre prêtre de Saint-Sulpice fut cruellement massacré par les Iroquois, le 25 octobre. Cet ecclésiastique, M. Guillaume Vignal, que M. Souart avait nommé pour remplacer M. Le Maistre dans la charge d'économe du séminaire, était allé dans une petite île, appelée alors l'île à la Pierre, avec plusieurs serviteurs, afin d'y prendre des moellons, pour achever la construction de la maison du séminaire. Il désira d'y retourner le lendemain, et demanda à M. de Maisonneuve la permission d'y mener des hommes.
D'ordinaire, on n'allait pas deux jours de suite travailler dans le même lieu, à cause des embuscades que les Iroquois dressaient de tous côtés pour surprendre les travailleurs ; aussi M. de Maisonneuve ne permit-il qu'avec peine à M. Vignal de retourner à l'île à la Pierre, et envoya M. Brigeart, son secrétaire, homme brave et courageux, pour commander en cas d'attaque.
Ce que M. de Maisonneuve avait craint arriva. Des Iroquois qui étaient cachés dans cette île firent feu sur eux ; ils blessèrent et firent prisonniers M. Brigeart et M. Vignal et en tuèrent plusieurs autres. Mais voyant que M. Vignal, qu'ils avaient percé de part en part, était trop blessé pour faire le voyage de leur pays, ils le brûlèrent et le mangèrent (1).
« Nous nous flattions, écrivaient les sœurs de Saint-Joseph, de posséder longtemps M. Vignal, qui nous avait été donné pour supérieur ; mais le bon DIEU en a disposé autrement, et lui a fait éprouver le même sort qu'à M. Le Maistre. Non contents de l'avoir tué , les Iroquois firent rôtir sa chair et la mangèrent. C'étaient des circonstances bien douloureuses pour ses amis, mais particulièrement pour nous, qui en sommes vivement affligées (2). »
Quant à M. Brigeart, par un raffinement de cruauté inouïe, les Iroquois eurent soin de le bien traiter et de le guérir entièrement de ses blessures pour lui faire endurer ensuite, dans leur pays, les plus horribles tourments (3).
« Les sauvages, dit la sœur Bourgeoys, le firent souffrir à leur volonté avec toutes les cruautés qu'ils se purent imaginer ; mais sa patience, son amour pour DIEU, et la joie qu'il témoignait de souffrir pour lui, drainaient de l'admiration tant aux sauvages qu'aux Français qui avaient été pris auparavant (4). »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1661 à 1662.
(2) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de la Flèche.
(3) Histoire du Montréal. Ibid.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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XII. DIEU préserve les sœurs de la Congrégation
et celles de Saint-Joseph de tomber entre les mains des Iroquois.
Tels étaient les dangers auxquels se voyaient exposées les sœurs de Saint-Joseph et la sœur Bourgeoys avec ses filles, durant les premières années qui suivirent leur arrivée à Villemarie.
Car il n'y avait plus de sécurité pour personne : cette ville naissante étant alors sans clôture, les Iroquois se tenant cachés dans des buissons et des broussailles plusieurs jours de suite, pour surprendre ceux qui viendraient tant soit peu à s'écarter de leurs maisons. D'ailleurs, comme on avait toujours l'espérance d'attirer ces barbares à la foi chrétienne par les bons traitements qu'on leur faisait, on les laissait s'approcher des maisons et entrer même dans la ville : condescendance dont ils se servirent, dans plus d'une circonstance, pour massacrer cruellement ceux qui étaient sans défiance à leur égard (1).
«On avait logé une fois des Hurons chrétiens et d'autres dans un hangar, dit la sœur Bourgeoys, et on y logea avec eux quelques sauvages iroquois, sans s'en défier (car ils étaient venus comme pour négocier la paix). Mais pendant la nuit les Iroquois massacrèrent les autres, à la réserve de deux petites filles qui s'échappèrent. C'était une pitié de voir ces pauvres gens massacrés d'une étrange façon (2). »
Enfin, ce fut par une attention toute particulière de la divine Providence qu'aucune des sœurs de Saint-Joseph, ni de celles de la Congrégation, ne tomba jamais entre les mains de ces barbares, malgré les tentatives qu'ils firent pour exercer sur elles leur cruauté. Ils allaient quelquefois se cacher auprès des maisons, pendant la nuit, pour fondre sur ceux qui viendraient à en sortir, sachant qu'alors ils ne pourraient être secourus par leurs voisins. C'est ainsi qu'ils en usèrent à l'égard des sœurs de la Congrégation, s'introduisant la nuit dans la cour de leur maison, et se cachant dans de grandes herbes appelées moutardes. Ils se cachèrent pareillement dans la cour des sœurs de Saint-Joseph, plus exposées que les autres à sortir la nuit pour le service des malades ; enfin ils tendirent les mêmes embûches à Mlle Mance, qui demeurait dans une maison à part.
« NOTRE-SEIGNEUR , dit la sœur Morin, ôtait à ces barbares la connaissance du mal qu'ils auraient pu nous faire par bien d'autres endroits ; car il leur eût été fort aisé de nous prendre si DIEU le leur avait permis ; très-assurément sa providence nous gardait et sa puissance nous défendait (1). »
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(1) Histoire du Montréal etc.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.
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XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.
A ne considérer les choses que selon la sagesse humaine, l'établissement des trois communautés à Villemarie ne pouvait être plus chancelant. Des quatre ecclésiastiques que M. de Queylus avait laissés au séminaire au moment de son expulsion du Canada, deux avaient été massacrés par les sauvages. Les filles de Saint-Joseph ne pouvaient obtenir de M. de Laval d'être érigées en communauté, non plus que les sœurs de la Congrégation, qui se voyaient d'ailleurs menacées d'être remplacées par des Ursulines. La colonie elle-même était exposée chaque jour à être dissipée et ruinée par les attaques continuelles des Iroquois.
Enfin, l'état précaire du séminaire, l'unique soutien des deux autres communautés, devait faire concevoir encore pour l'avenir de nouvelles alarmes; car, après le massacre de M. Le Maistre , et trois jours seulement avant celui de M. Vignal, M. de Queylus, ayant reparu en Canada, fut obligé, par M. de Laval, alors très-puissant à la cour, de quitter de nouveau ce pays (*).
Il y était venu pour exécuter une commission qu'il avait reçue du saint-siège, d'ériger canoniquement une cure à Villemarie, et d'en être le premier curé (1) : ce que M. de Laval jugeait apparemment pouvoir nuire à son autorité épiscopale. Quoi qu'il en soit, la droiture des intentions de ce prélat; la pureté de ses vues et l'ardeur de son zèle doivent excuser tout ce qu'il y aurait eu d'excessif dans sa conduite à l'égard de M. de Queylus ; car il ne voulait que le bien de son Église, et lorsqu'il jugeait qu'une mesure était propre à y procurer la plus grande gloire de DIEU , il en poursuivait l'exécution avec une fermeté et une vigueur qui trouvent peu d'exemples. « Notre prélat, écrivait la mère Marie de l'Incarnation, est très-zélé et inflexible; zélé pour ce qu'il croit devoir augmenter la gloire de DIEU, et inflexible pour ne point céder en ce qui y est contraire. Je n'ai point encore vu de personne tenir si ferme que lui en ces deux points (1). »
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(1) Archives du séminaire de Paris, assemblée du 1er juillet 1661.
(1) ) Lettres de la mère de l’Incarnation, lettre XC, du 17 septembre 1660, p. 203.
A suivre : le ( *)
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XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.suite:(*).
I. M. de Queylus obtient à Rome le pouvoir d'ériger une cure à Villemarie, et d'en être le premier curé.
(*) Après le premier retour de M. de Queylus en France, les associés de Montréal considérèrent que la résolution où était M. de Laval de ne pas le souffrir en Canada, exposait l'œuvre de Montréal à être abandonnée et à se ruiner d'elle-même. Car il n'y avait que cet ecclésiastique et M. de Bretonvilliers, son supérieur, qui pussent en soutenir la dépense. Pour l'y faire rentrer, ils eurent la pensée de s'adresser au pape, comme au supérieur immédiat du Canada, alors administré par un vicaire apostolique. Jusque-là l'état chancelant de la colonie de Villemarie n'avait pas permis d'y faire ériger canoniquement une cure, quoiqu'on y eût toujours administré les sacrements. On songea donc à demander au souverain Pontife l'érection d'une cure qui serait administrée par M. de Queylus, et l'on assura un fonds pour la doter. M. de Fancamp avait donné pour cette fondation 2,000 livres (1), M. de Queylus en offrit 6,000 et M. de Bretonvilliers 18,000 (2).
Mais M. de Queylus, s'étant rendu à Rome pour négocier cette affaire, fut étrangement surpris, en y arrivant , d'apprendre qu'on y eût écrit contre lui des lettres assez peu bienveillantes, où l'on allait même jusqu'à l'accuser d'être janséniste, qualification qu'on donnait aussi à l'archevêque de Rouen, quoique pourtant les sectaires, de leur côté , traitassent alors ce prélat d'inquisiteur et de persécuteur (3).
Une si étrange imputation n'aurait pas été reçue à Rome si M. de Queylus y eût été connu comme il l'était en France, où par ses travaux il s'était acquis les éloges et les applaudissements des évêques et de tout le clergé (4).
Mais, dans cette ville, la calomnie dont nous parlons, quelque mal ourdie qu'elle fut, prévint si fort les esprits contre sa personne, qu'on ne voulut pas d'abord l'écouter. Il serait même reparti de Rome sans avoir pu se justifier, s'il n'eût trouvé dans cette cour un ami puissant, qui prit hautement sa défense. Ce fut le cardinal Bagni, ancien nonce en France, qui était pénétré de vénération pour la mémoire de M. Olier, son ami, et qui professait une estime singulière pour le séminaire de Saint-Sulpice et pour M. de Queylus lui-même. Il se fit le garant de sa foi auprès du pape, et montra que cette inculpation était une injurieuse et grossière calomnie (5).
Non-seulement M. de Queylus fut traité par la cour romaine avec les égards que méritaient ses travaux pour l'Église et le rare détachement dont il donnait l'exemple au clergé, il reçut encore du saint-siège des lettres patentes pour ériger canoniquement une cure à Villemarie, et en être lui-même le premier curé (6).
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(1) Acte de Gauthier, notaire à Paris, du 19 avril 1657.
(2) Acte de Marreau, notaire à Paris, du 18 août 1660.
(3) Histoire ecclésiastique du XVIIe siècle, t. V, année 1660, ch. 18, p. 172, ch. 19, p. 278. année 1661, ch. XVII, p. 403, t. VI, p. 48-117-137.
(4) Assemblée du clergé de France, de 1656, p. 629, p. 1060.
(5) Archives du séminaire de Paris, assemblées du 10 janvier et du 11 février 1661.
(6) Ibid, assemblée du 1erjuillet 1661.
A suivre : II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
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XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.
[suite:*]
II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
De retour à Paris au mois de février 1661, il se disposa à repasser en Canada; mais M. de Laval étant toujours persuadé que le bien de la religion exigeait qu'on l'en tînt éloigné, avait obtenu une nouvelle lettre de cachet qui faisait défense à M. de Queylus de sortir de France (1). On sait que l'usage de ces lettres, accordées par les officiers du roi, et souvent à son insu, donnait lieu alors à des abus qui tournaient au mépris de l'autorité royale ; car, par ces lettres signées quelquefois en blanc, on ordonnait ou on défendait au nom du roi tout ce qu'on voulait; et ce qu'il y avait de plus étrange, c'est qu'il n'était pas rare de voir les parties opposées produire chacune de leur côté des lettres contradictoires qu'elles se procuraient par intrigue. Aussi trois ans après, lorsque le roi prit connaissance par lui-même des affaires, défendit-il à ses officiers d'accorder de ces sortes de lettres qu'après un ordre exprès de sa part. Écrivant à M. le duc de Créquy, au sujet de l'érection du siège de Québec, il lui disait : « Comme il ne s'expédie plus, en quelque manière que ce soit, aucune lettre de cachet que par mon ordre et avec une entière connaissance de cause, je désire que vous y ayez le même égard qu'aux lettres que je vous écris; et vous ne courrez pas risque, comme il est arrivé ci-devant à d'autres, de recevoir deux ordres contraires dans une même affaire (2). »
Muni des pouvoirs qu'il venait de recevoir du saint-siège, M. de Queylus allait donc s'embarquer pour Villemarie. Mais les personnes qui prenaient en France le soin des affaires de M. de Laval, ne manquèrent pas de lui signifier avant son embarquement la lettre de cachet obtenue contre lui (3). Toutefois sachant l'abus qu'on faisait alors de ces sortes de lettres, il ne crut pas devoir s'abstenir d'aller à Montréal, dont il était l'un des seigneurs propriétaires, et où d'ailleurs il allait remplir une commission que le saint-siège lui avait donnée.
Il partit donc, arriva incognito (1) à Québec le 3 août 1661 (2); et au lieu d'aller directement à Villemarie, il voulut saluer auparavant M. de Laval, et lui faire part de l'objet de son voyage. Le prélat, croyant apparemment que l'érection d'une cure à Villemarie serait nuisible à son autorité, engagea M. de Queylus à ne pas entreprendre ce voyage avant l'arrivée des premiers vaisseaux, dans l'espérance peut-être d'y trouver quelque nouvelle lettre de cachet, que ses agents auraient obtenue pour faire repasser M. de Queylus en France.
Celui-ci lui représenta que sa demande lui paraissait trop sévère…
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(1) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de cachet à M. Queylus, du 27 février 1660. — Archives du séminaire de Paris, assemblée du 23 mars 1660.
(2) Archives du ministère des affaires étrangères, Rome, 1161, lettre du roi à M. de Créquy, du 17 oct. 1664, pièce 123.
(3) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de M. de Laval à M. d’Argenson, du 5 août 1661.
(1) Histoire du Montréal, etc., de 1660 à 1661.
(2) Journal des Jésuites.
A suivre…
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XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada. suite: *
II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
Celui-ci lui représenta que sa demande lui paraissait trop sévère; et M. d’Argenson, gouverneur général, fit à l'évêque les mêmes représentations. Néanmoins, le lendemain, le prélat écrivit à M. de Queylus pour lui défendre, sous peine de désobéissance, de sortir de Québec ( 3 ), et à M. d'Argenson pour le prier d'user de contrainte contre lui s'il aillait sortir ( 4 ). Ce gouverneur, qui estimait M. de Queylus et ne s'était porté que malgré lui à l'exécution des ordres donnés en 1659 pour le conduire avec une escorte de Villemarie à Québec ( 5 ), sachant aussi d'ailleurs l'abus trop ordinaire des lettres de cachet, alla à l'instant trouver l'évêque pour lui représenter de nouveau la rigueur d'une telle mesure, et s'excusa d'y donner lui-même les mains. Tout cela n'empêcha pas M. de Laval d'écrire encore le lendemain deux autres lettres, l'une à M. d'Argenson, pour le presser de nouveau de lui donner secours, ajoutant que les intérêts des majestés divine et humaine lui en faisaient une obligation ( 6 ); l'autre à M. de Queylus, pour lui défendre, sous peine de suspense encourue par le seul fait, d'entreprendre ce voyage, déclarant que cette lettre tiendrait lieu de trois monitions ( 7 ). Enfin le lendemain, ayant appris que M. de Queylus était parti dans la nuit, il le déclara suspens ( 8 ).
Si l'on ne connaissait la piété sincère de M. de Laval , on aurait lieu d'être étonné qu'en sa qualité de vicaire apostolique il ait voulu empêcher M. de Queylus d'exécuter une commission que le saint-siège même lui avait donnée, et qu'il se soit servi pour cela de la lettre de cachet obtenue contre lui. Quoi qu'il en soit, M. de Queylus n'en fut pas moins contraint de quitter de nouveau le pays, sans avoir mis à exécution sa commission, et partit de Québec le 22 octobre de la même année ( 1 ).
Nous avons dit plus haut que M. de Queylus…
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( 3 ) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de M. de Laval à M. de Queylus du 4août 1661.
( 4 ) Ibid., lettre à M. d’Argenson, du 4 août 1661.
( 5 ) Mémoire de M. D’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 729.
( 6 ) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de M. de Laval à M. d’Argenson, du 5 août 1661.
( 7 ) Ibid., lettre à M. de Queylus, du 5 août 1661.
( 8 ) Ibid., lettre du 6 août 1661.
( 1 ) Journal des Jésuites.
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XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.
(suite: *)
II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
Nous avons dit plus haut que M. de Queylus, à l'occasion de ces démêlés, fut accusé de jansénisme contre toute raison. C'est cependant d'après cette calomnie, rapportée simplement par M. de la Tour dans ses Mémoires sur M. de Laval (2), que l'auteur de l'Esquisse de la Vie du même prélat, publiée en 1845, a affirmé que M. de Queylus s'était compromis en Canada par ses doctrines (3); et que, tout récemment encore, le dernier historien du Canada n'a pas craint d'avancer que le reproche de jansénisme fait à M. de Queylus était peut-être un peu fondé (4). II est à regretter que la disette de monuments historiques relatifs à ces temps anciens, qu'on ressent plus en Canada qu'ailleurs, expose à tomber dans ces sortes de méprises les écrivains, d'ailleurs les mieux intentionnés.
Jamais imputation ne fut plus dénuée de fondement que l'attribution de jansénisme aux prêtres de Saint-Sulpice, qui furent au contraire, de tous les ecclésiastiques séculiers, ceux qui contribuèrent le plus à faire condamner cette hérésie, comme le savent très-bien ceux qui connaissent l'histoire de ce temps, et comme d'ailleurs on en voit la preuve dans la Vie même de M. Olier (5). Il est vrai qu'à la distance où l'on est en Canada, on peut être excusé en faisant de ces sortes de méprises sur les événements qui se sont passés en Europe. C'est sans doute aussi ce qui justifie un prédicateur trop ardent qui, peu après la première expulsion de.M.de Queylus, s'emporta dans la chaire des Trois-Rivières contre ces mêmes ecclésiastiques et contre M. de Bretonvilliers, leur supérieur, jusqu'à les accuser d'être jansénistes, et même à leur donner une qualification si étrange que nous n'osons presque la rapporter; car il les appela : Prêtres de l'Antéchrist (1). S'il les traita de la sorte, ce fut par l'excès d'un zèle mal éclairé; car nous ne pouvons penser, comme l'insinue trop gratuitement le dernier historien du Canada, que, l'inculpation de jansénisme faite aux prêtres de Saint-Sulpice ait eu pour motif « l'espoir d'abaisser l'influence croissante du séminaire de Montréal (2). »
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(2) Mémoires sur la Vie de M. de Laval, liv. I, p. 20.
(3) Esquisse de la Vie de M. de Laval, 1845, p. 17.
(4) Histoire du Canada, de son église et de ses missions, 1852, t. I, p. 90.
(5) Vie de M. Olier, t. II, p.135 et suiv.
(1) Archives du royaume, mémoire k. 1286, p. 49.
(2) Histoire du Canada ib. p. 91.
Fin du (*)
A suivre : XIV. La compagnie de Montréal se dissout. Le séminaire de Saint-Sulpice lui succède.
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A suivre : XV. Le respect pour M. Olier détermine le séminaire à ne point abandonner l'œuvre de Montréal.XIV. La compagnie de Montréal se dissout.
Le séminaire de Saint-Sulpice lui succède.
Cependant, après le second renvoi de M. de Queylus en France, la résolution où était M. de Laval de ne pas souffrir qu'il retournât en Canada, jeta dans le découragement tous les associés de Montréal, réduits alors au nombre de sept ou huit. Se voyant chargés de dettes considérables, et obligés encore à des dépenses énormes pour soutenir cette œuvre, qui ne leur avait attiré que des sujets continuels de peine et de contradiction ; désespérant d'ailleurs de trouver des membres qui voulussent la continuer à l'avenir avec le désintéressement parfait dont ils avaient fait profession jusque alors : ils résolurent de dissoudre enfin leur société, et proposèrent au séminaire de Saint-Sulpice de prendre lui seul la propriété de l'île et toutes les charges et les dettes de l'œuvre de Montréal (1).
Cette proposition de leur part eut pour motif le zèle bien connu et la charité généreuse de plusieurs membres de ce séminaire, qui jouissaient d'une grande fortune, et conservaient le plus grand respect pour les desseins qui avaient été chers à M. Olier. La vénération pour la mémoire de leur fondateur ne permit pas, en effet, à ces ecclésiastiques de laisser périr l'œuvre de Villemarie, et leur fit fermer les yeux sur toutes les charges et les dépenses énormes que l'acceptation qu'ils allaient faire devait attirer sur eux (*).
Ils furent donc substitués à la compagnie de Montréal, par contrat du 9 mars 1663 (1). Mais cette acceptation, qui les rendait seuls seigneurs de l'île, au lieu de donner plus de consistance au séminaire et de faciliter l'établissement des deux autres communautés, sembla exposer au contraire toute la colonie de Montréal à une entière dissolution; car M. de Laval, qui était venu à Paris sur ces entrefaites, ayant refusé absolument de consentir au retour de M. de Queylus à Villemarie, sans donner même aucune espérance pour l'avenir, M. de Bretonvilliers assembla son conseil pour prendre enfin un parti définitif sur le sort de la colonie (2)._____________________________________________
(*) Sans entrer dans le détail des charges qui rendaient alors cette œuvre extrêmement onéreuse, comme il sera dit plus amplement dans l'Histoire de la colonie de Montréal, nous nous contenterons de faire remarquer que d'une part les terres défrichées ne rapportaient que cent écus de rente par an, et que, de l'autre, les seuls gages de trente-deux serviteurs, nécessaires pour procurer aux ecclésiastiques de la maison les choses les plus indispensables à la vie dans un pays nouveau, s'élevaient chaque année à 9,600 livres.
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(1) Premier établissement de la Foi, par le P. LeClercq, t. II, p. 54. — Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 239. — Mémoire de M. Tronson sur le séminaire de Villemarie.— Annales de l’Hôtel-Dieu, par la sœur Morin.
(1) Édits concernant le Canada, t. I, p. 81.
(2) Archives du séminaire de Paris, assemblées du 18 janvier et du 15 mars 1663.
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XV. Le respect pour M. Olier détermine le séminaire
à ne point abandonner l'œuvre de Montréal.
Jusque alors le séminaire n'y avait contribué que pour accomplir les ordres que M. Olier croyait avoir reçus de DIEU. M. de Bretonvilliers demanda donc à l'assemblée de décider à la pluralité des voix si les oppositions de M. de Laval ne devaient pas être regardées comme une marque certaine de l'improbation que DIEU donnait aux travaux du séminaire en Canada, et s'il n'était pas à propos d'abandonner entièrement l'œuvre de Villemarie. Dans ces circonstances, le désistement du séminaire eût entrainé la ruine des deux autres communautés et celle de la colonie ; aussi M. de Fancamp écrivait-il aux sœurs de Saint-Joseph de repasser en France si les ecclésiastiques du séminaire venaient à quitter Montréal (1).
L'assemblée, considérant donc les suites de la délibération qu'elle allait prendre, fut unanimement d'avis qu'auparavant chacun de ses membres vaquerait pendant trois jours à la prière, pour qu'il plût à NOTRE-SEIGNEUR de faire connaître sa volonté sur une affaire si importante, et qu'ensuite on se réunirait de nouveau pour la conclure à la pluralité des voix (2).
Enfin, le 31 mars 1663, qui fut le jour de la conclusion, ils convinrent tous que puisque l'œuvre de Villemarie avait été entreprise suivant les desseins de M. Olier, et après beaucoup de prières pour connaître la volonté de DIEU, le séminaire de Saint-Sulpice ne devait la détruire que dans la dernière extrémité, et lorsqu'il serait évident que DIEU en demanderait la suppression. Ils ajoutèrent que, n'ayant pas encore des marques assez manifestes de sa volonté pour la rompre, il fallait la conserver en attendant; et qu'ainsi on écrirait aux ecclésiastiques qui étaient à Villemarie de continuer leurs travaux comme par le passé (3).
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(2) Archives du séminaire de Paris, assemblée du 15 mars.
(3) Ibid., assemblée du 31 mars.
A suivre : XVI. On ôte au séminaire la justice de l’île de Montréal et le droit d’en nommer le gouverneur. Humilité de M. de Maisonneuve.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. On ôte au séminaire la justice de l’île de Montréal
et le droit d’en nommer le gouverneur. Humilité de M. de Maisonneuve.
Le séminaire de Saint-Sulpice n'eut pas plutôt succédé aux droits et aux charges de la compagnie de Montréal, qu'il se vit exposé à de nouvelles épreuves. Elles eurent pour cause le zèle de M. de Laval à établir dans le pays l'autorité du roi, dont il était de fait le premier représentant depuis l'érection du conseil souverain de Québec (1). Par des lettres patentes de 1644, le roi avait donné aux associés de la compagnie de Montréal la justice de cette île, alors déserte, et le droit d'y nommer tel gouverneur qu'il leur plairait (2). M. de Laval, de concert avec M. de Mésy, qu'il avait choisi pour gouverneur général du Canada, ignorant peut-être l'existence de ces lettres patentes, ou se persuadant que les clauses de l'érection du conseil souverain les avaient annulées, ôta au séminaire la justice de l'Ile le 28 septembre de cette année 1663, et créa à sa place une sénéchaussée royale, en nommant un nouveau juge, un procureur du roi et un greffier (3). Enfin, on ôta aussi au séminaire le droit d'en nommer le gouverneur, et M. de Maisonneuve reçut de nouveaux pouvoirs pour Montréal, avec cette clause, qu'ils cesseraient quand M. de Mésy le jugerait convenable (4) (*).
M. de Maisonneuve eut même à essuyer de la part de M. de Mésy bien des sujets d'humiliation qu'il reçut toujours avec la patience, la douceur et l'humilité d'un fervent chrétien.
« II était sans pareil en constance dans l'adversité, dit la sœur Morin. Ce qui aurait été de nature à attrister ou à mettre en colère l'homme du monde le plus modéré, ne servait qu'à le réjouir; s'estimant heureux dans ses disgrâces, à cause de son grand esprit de foi. Vraiment, on ne pouvait jamais savoir qu'il eût quelque sujet de chagrin. Il visitait dans ces circonstances la mère de Brésole, supérieure de Saint-Joseph, et la sœur Bourgeoys, pour se réjouir de ses disgrâces; car, de leur côté, ces saintes filles le félicitaient de ses peines et lui en témoignaient leur satisfaction d'une manière toute chrétienne. Il en faisait de même à l'égard de M. Souart, supérieur du séminaire. Pendant cette persécution, qui dura deux ans, M. de Maisonneuve ne perdit jamais rien de sa belle humeur, ni ne se plaignit point des procédés si durs de M. de Mésy à son égard, les souffrant toujours avec le silence et l'humilité d'un fervent novice (1). »______________________________(*)M. Souart présenta au conseil souverain les lettres patentes du roi qui donnaient la justice et le gouvernement aux seigneurs; mais comme il ne put en fournir qu'une copie, l'original se trouvant au séminaire de Saint-Sulpice de Paris, on n'y eut aucun égard.
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(1) Édits concernant le Canada, t. I, table.
(2) Édits,, t. I, table. — Archives de la marine, Canada, t. I.
(3) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, commission donnée à Basset, du 28 septembre 1663. — Archives du séminaire de Villemarie, arrêt du 18 octobre 1663, etc.
(4) Ibid., commission donnée à M. de Maisonneuve, le 23 octobre 1663.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin..
A suivre : XVII. M. de Maisonneuve est destitué du gouvernement de Villemarie et renvoyé en France.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. M. de Maisonneuve est destitué
du gouvernement de Villemarie et renvoyé en France.
Enfin, au mois de juin 1664, M. de Mésy nomma le sieur de Latouche gouverneur de Montréal à la place de M. de Maisonneuve (2), « et fit commandement à celui-ci, dit la sœur Morin, de retourner en France, comme étant incapable de la place et du rang de gouverneur qu'il tenait ici ; ce que j'aurais peine à croire, ajoute-t-elle, si une autre que la sœur Bourgeoys me l'avait assuré.
Il prit le commandement de M. de Mésy comme un ordre de la volonté de DIEU, et repassa en France, non pour s'y plaindre du mauvais traitement qu'il recevait et revenir triomphant, comme il aurait pu le faire s'il l'eut voulu ; mais pour y vivre petit et humble et comme un homme du commun, n'ayant qu'un seul valet qu'il servait plus qu'il n'en était servi (3). » Il se retira à Paris, où le séminaire de Saint-Sulpice lui fit une pension jusqu'à sa mort (4).
Au départ de M. de Maisonneuve, l'affliction fut générale à Villemarie. La sœur Bourgeoys surtout, et les personnes les plus clairvoyantes, ne purent s'empêcher d'éprouver les regrets les plus amers en voyant, dit M. Dollier, « leur père et leur très-cher gouverneur les quitter cette fois pour toujours, et les laisser dans d'autres mains, dont ils ne devaient pas espérer le même concours ni la même vigueur pour l'éloignement des vices , qui y ont pris depuis ce temps leur naissance et leur accroissement, avec beaucoup d'autres misères et disgrâces (1). »
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(2) Archives du séminaire de Villemarie, commission donnée au sr de Latouche, le 21 juin 1664.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin..
(4) Lettre de M. Tronson à M. Souart, du 5 avril 1677.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1664 à 1665.
A suivre : XVIII. Les trois communautés de Villemarie donnent naissance…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Les trois communautés de Villemarie
donnent naissance à la confrérie de la sainte Famille.
Tous ces événements devaient retarder beaucoup le solide établissement du séminaire, de la Congrégation et de l'Hôtel-Dieu à Villemarie. Toutefois, ces trois communautés, destinées à y répandre l'esprit de la sainte Famille, ne laissèrent pas d'accomplir déjà le dessein de DIEU au milieu même de ces difficultés, en donnant naissance , par leur concours simultané et par le moyen du Père Chaumonot, jésuite, à une dévotion qui s'étendit bientôt dans tout le Canada, et qui est encore aujourd'hui une source abondante de bénédictions. Ce fut l'établissement de la confrérie de la sainte Famille (2), institution qui eut pour but d'offrir aux familles chrétiennes les exemples de JÉSUS , Marie et Joseph , pour former leur conduite sur ce modèle : les hommes se proposant d'imiter saint Joseph, les femmes la très-sainte Vierge, et les enfants l'enfant JÉSUS. « En 1663, dit la sœur Bourgeoys, la sainte Famille a commencé. J'en ai signé l'acte, ce qu'ont fait aussi la mère Macé, la sœur Crolo , Mlle Mance (1). »
Nous donnerons de plus amples détails sur cette dévotion dans l'Histoire de l'Hôtel-Dieu de Villemarie. M. de Laval la prit fort à cœur ; il voulut même que le premier établissement canonique s'en fit à Québec, dans sa cathédrale, et permit alors à M. Souart de recevoir enfin les vœux simples de la sœur Morin, qui était venue de Québec en 1660 se joindre aux trois hospitalières de Saint-Joseph envoyées par M. de la Dauversière, leur fondateur.
« Je ne manquerai pas, » écrivait M. de Laval à M. Souart, en lui envoyant cette permission, « de demander à toute la sainte Famille de recevoir le sacrifice parfait et entier de cette bonne sœur (2). »
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(2) Vie du R. P. Chaumonot, écrite par lui-même. — Lettre circulaire sur le Père Chaumonot, par le père Dablon, du 28 février 1693 ; Bibliothèque royale, Supplément français, 1282 in-folio.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Archives de l’Hôtel-Dieu de Villemarie, lettre du 5 novembre 1664.
A suivre : XIX. Réception de la sœur Morin parmi les hospitalières de Saint-Joseph.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…XIX. Réception de la sœur Morin
parmi les hospitalières de Saint-Joseph.
À la réception de la sœur Morin, les hospitalières étant incapables de chanter l'office dans leur chapelle, qui servait alors d'église paroissiale, la sœur Bourgeoys, avec les sœurs Raisin et Hioux, les remplacèrent avec joie dans cette cérémonie. Car il y avait une union très-étroite entre les unes et les autres ; ce qui fait dire à la sœur Morin :
« Nos premières mères lièrent avec la sœur Bourgeoys et ses filles une amitié toute sainte : elles étant filles de la très-sainte Vierge, qu'elles ont choisie pour protectrice et pour mère ; et nous filles de saint Joseph, son époux, ce qui nous fait enfants adoptifs de la même sainte Famille et unies par une même société (1). »
A l'occasion de cette réception, tons les amis des hospitalières de Saint-Joseph firent paraître une vive allégresse, considérant la permission que venait de donner M. de Laval comme une sorte de reconnaissance authentique de leur établissement, qui leur avait été contesté jusque alors, et qui en effet ne le fut plus depuis. Ce prélat, quoique charmé des fruits que produisaient à Villemarie les travaux de la sœur Bourgeoys et ceux de ses compagnes, ne crut pas cependant devoir approuver encore d'une manière officielle l'institut naissant de la Congrégation , le genre de vie de ces filles , sans vœux de religion et sans clôture, n'étant pas goûté de tout le monde à Québec, et quelques-uns désirant qu'elles se fussent unies à un institut déjà existant, plutôt que d'en former un nouveau à Villemarie (2).
Les sœurs de Saint-Joseph n'étaient pas elles-mêmes entièrement rassurées sur ce dernier point…
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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