Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET)

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Message  Louis Mar 24 Avr 2012, 7:11 am

PROPÉDEUTIQUE

I. RAISON ET FOI (suite)
Du même coup, elle s'imposerait aussi, avec un surcroît de gravité et de risques, à tous ceux qui, dans la famille, ou dans la cité, auraient une responsabilité quelconque dans l'organisation de la famille ou de la cité, dont nous avons vu, dans notre étude de l'Économique et de la Politique, qu'elles devaient être conçues uniquement en fonction du plein et parfait épanouissement de ce qui constitue la fin dernière de l'individu humain.

Si donc cette fin de l'individu humain se trouvait changée, surélevée, transformée, divinisée en quelque sorte, dans l'hypothèse d'une intervention, dans notre monde humain, du monde où règne, inaccessible, jouissant d'un bonheur qui, par nature, n'appartient qu'à Lui, — l'Absolu, l'Être même, l'Acte pur, le Dieu vivant, il s'ensuit que tout devrait se trouver changé — comme orientation finale — surélevé, transformé, divinisé aussi dans la vie de la famille et dans la vie de la cité, de la nation, des nations qui forment le genre humain.

Encore un coup, cette hypothèse est formidable. Pour peu qu'elle prît corps et que nous dussions en reconnaître la réalisation, notre vie humaine tout entière, dans ses pensées et dans son agir moral, s'en trouverait transformée.

Il appartiendra à nos prochaines études de nous renseigner là-dessus.
A suivre : II. LA RELIGION

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Message  Louis Mar 24 Avr 2012, 12:23 pm

PROPÉDEUTIQUE

II. LA RELIGION
Nous précisions, au début de notre dernière étude, le nouveau sujet qui doit nous occuper désormais. Après avoir parcouru dans ses lignes essentielles et exploré en ses points sommets qui commandent tout, le domaine de la raison philosophique, nous étions amenés à nous demander s'il n'y avait pas à parler d'autre domaine de la pensée. Et, tout de suite, dès notre première étude, nous appuyant sur cela même qui avait été exploré par nous, à la lumière de la raison, dans l'ordre des choses ou l'harmonie des êtres, nous n'avions aucune peine à conclure — c'était une conclusion de plein soleil ou d'évidence intellectuelle, — qu'en dehors et au-dessus du monde delà raison, il y avait un monde transcendant, — échappant, par définition, aux prises de notre esprit, où vivaient des êtres, dont la nature, les pensées, les libres vouloirs n'étaient connus naturellement que d'eux-mêmes ; mais qui pouvaient, s'il leur plaisait, nous communiquer, par voie de témoignage, tels ou tels de leurs propres secrets. C'était le monde de la foi.

Mais ce monde de la foi, qui existe à l'état de possibilité pour nous, — existe-t-il aussi à l'état de fait? La question, ainsi posée, revient à se demander si, en fait, de ce monde supérieur et transcendant, qui est celui des formes pures, et, plus encore, de l'Acte pur, — si de ce monde est tombé sur le nôtre, sur notre monde humain, une manifestation ou révélation quelconque, intéressant ou engageant notre foi.

Beaucoup d'excellents esprits ont pensé et se sont persuadé que poser la question c'était la résoudre. A tout le moins, ils ont estimé qu'une donnée constante, universelle et permanente, qui se trouve dans le monde humain, devait obliger tout de suite à confesser ce monde, ce domaine de la foi, comme vérité de fait parmi nous.

La donnée dont je parle est celle que nous pouvons exprimer d'un seul mot, dont je vais préciser le sens : la religion. …

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Message  Louis Mer 25 Avr 2012, 6:28 am

PROPÉDEUTIQUE

II. LA RELIGION (suite)
La donnée dont je parle est celle que nous pouvons exprimer d'un seul mot, dont je vais préciser le sens : la religion.

L'homme, a-t-on dit, est un être essentiellement religieux: on a pu le définir — parodiant la définition philosophique classique — animal religieux— comme on dit animal rationale. Et c'est à ce point qu'un être humain sans religion paraît chose anormale et monstrueuse.

De ce fait, que partout et toujours — si l'on excepte des cas ou des époques extrêmement rares — l'homme manifeste un certain fond de religion, on a aussitôt voulu conclure que l'homme portait en lui, dans ce fond même de religion qui s'y manifestait, la preuve certaine, inéluctable, qu'il existait, au-dessus et en dehors du monde ou du domaine de la raison, ce monde et ce domaine de la foi dont nous nous enquérons désormais.

Il se pourra que certaines manifestations ayant trait à la religion deviennent pour nous une base solide où il nous sera donné d'édifier nos conclusions aboutissant à établir l'existence d'un domaine de la foi.

Et nous aurons à en parler dans notre prochaine étude. Mais, comme il importe, dès ce début, d'éviter la confusion ou l'équivoque qui pourraient égarer notre marche, ou compromettre la solidité de l'édifice intellectuel qu'il s'agit de construire, je me propose de préciser, au regard de l'esprit, le sens de ce mot religion ; et, avant de nous enquérir des religions qui pourraient engager notre foi, rechercher soigneusement si dès qu'on parle de religion, c'est immédiatement la foi qui est en cause, ou s'il n'y aurait pas, au contraire, une acception de la religion, qui s'imposerait même dans le domaine de la raison toute pure.

Hâtons-nous de faire remarquer que le mot religion peut…

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Message  Louis Mer 25 Avr 2012, 12:04 pm

PROPÉDEUTIQUE

II. LA RELIGION (suite)
Hâtons-nous de faire remarquer que le mot religion peut se prendre en deux sens très divers. Parfois, et assez généralement, on entend par religion un ensemble de doctrines ou de pratiques rituelles que certains hommes professent et qui devient pour eux une sorte de lien commun dans l'ordre d'une certaine vie spirituelle qui les distingue des autres hommes et implique certains rapports déterminés avec la divinité.

À prendre ainsi la religion, nous entrerions sur un terrain que je ne veux pas aborder aujourd'hui. Je le réserve pour nos prochaines études.

Un autre sens du mot religion, qui sera, du reste, impliqué dans celui que nous aurons à étudier plus tard, consiste à le prendre selon qu'il se rattache à l'économie des vertus.

De ce chef, — et c'est ainsi que nous l'entendons maintenant — il y a vraiment lieu, pour nous, de nous demander si parler de religion, c'est, du même coup, sortir du domaine de la raison et entrer dans le domaine de la foi.

Dussions-nous étonner certains esprits, nous devons déclarer, de la façon la plus expresse, que parler de religion, au sens que nous disons, n'est point, du même coup, pénétrer dans un domaine nouveau, étranger à celui que nous avons étudié jusqu'ici et qui était celui de la pure raison.

Dans le domaine de la raison toute pure,— et n'aurions-nous pas à parler d'un domaine nouveau surajouté, qui pourra être celui de la foi, — il faudrait encore, de toute nécessité, en vertu des exigences les plus essentielles et les plus imprescriptibles de la seule raison, affirmer, proclamer, revendiquer les droits de la religion, les devoirs qui en résultent, pour l'homme, pour tout homme, du seul fait qu'il est homme, conscient de ce qu'il est, — sans aucun besoin de recourir à une autorité extérieure, imposant ces devoirs du dehors, au nom d'un principe hétérogène à celui de la raison que tout être humain porte au plus intime de lui-même.

On voit tout de suite la portée de cette affirmation; on peut aussi en entrevoir les conséquences….


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Message  Louis Jeu 26 Avr 2012, 7:28 am

PROPÉDEUTIQUE

II. LA RELIGION (suite)
On voit tout de suite la portée de cette affirmation; on peut aussi en entrevoir les conséquences.

Si, en effet, notre proposition est vraie, il s'ensuit qu'il n'y a pas, de soi, à en appeler à un pouvoir religieux quelconque pour établir l'obligation stricte d'une vie intérieure, spirituelle, religieuse, s'imposant à un être humain. Il n'y aura pas à en appeler à une autorité, distincte de la raison et s'ajoutant à elle, ayant besoin, par conséquent, d'être acceptée par la raison et d'être acceptée après enquête, après discussion, après reconnaissance des litres qu'elle invoque pour s'imposer ainsi du dehors. La vie religieuse, spirituelle, intime, profonde, dominant et absorbant, en un sens, tout ce qu'il peut y avoir d'autre vie, de vie extérieure, ou de vie humaine, en quelque sens qu'on l'entende, dans l'homme: cette vie s'impose au nom de la seule raison; par conséquent, à tout être humain, du seul fait qu'il est raisonnable, au point qu'il ne pourra renier cette vie ou s'y soustraire, sans se renier lui-même, sans nier sa propre raison.

Du même coup nous entrevoyons ce qu'aura de monstrueux le fait d'un être humain méconnaissant cette vie religieuse, ou s'y soustrayant pour lui-même; à plus forte raison, s'il travaillait à détourner les autres de cette vie, à les empêcher de la vivre : et quel ne serait pas le degré de sa responsabilité, de sa déraison, de son caractère monstrueux, s'il détournait ainsi de cette vie des êtres humains qu'il aurait pour mission de protéger, de conduire, d'amener à leur vraie vie, à leur perfectionnement défini(ti)f : tel un père de famille, à l'endroit de ses enfants ; tel un chef de cité, ou de nation, ou d'empire, à l'endroit de ses subordonnés. — Et nous le voyons, nous sommes en plein dans le domaine moral qui nous occupait précédemment, quand nous étudiions, du seul point de vue philosophique, l'Éthique, l'Économique, la Politique. — De ce seul point de vue déjà, et sans quitter encore l'ordre ou le domaine de la raison, on entrevoit les conséquences de ce qu'on appelle aujourd'hui le laïcisme.

C'est qu'en effet, la question religieuse…

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Message  Louis Jeu 26 Avr 2012, 11:37 am

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II. LA RELIGION (suite)
C'est qu'en effet, la question religieuse, avant d’être une question de foi, et même si elle ne s'était jamais posée, si elle n'avait dû se poser jamais, comme question de foi, — resterait encore et elle est essentiellement, en tout premier lieu, une question de raison, une question de sagesse philosophique.

Elle appartient à la science morale dans sa triple partie de l'Éthique, de l'Économique, de la Politique. Elle relève de l'ordre même des vertus qui s'imposent à l'individu humain comme tel, ou comme appartenant à la famille, ou comme appartenant à la cité. — La religion est une vertu, une vertu morale, que la raison seule impose à tout être humain, du seul fait qu'il est un être humain, et en quelque état, en quelque condition qu'il se trouve comme tel, pourvu seulement qu'il jouisse de sa raison et qu'il n'ait pas la témérité ou la folie de la nier.

S'il est un principe de raison, dans l'ordre moral, fondé lui-même, nous le savons, sur l'ordre des choses, — qui doive être tenu pour tout premier et indestructible, — c'est bien assurément le principe sur lequel repose la vertu de justice.

Ce principe n'est pas autre que celui qui fait un devoir à l'homme de s'inspirer en tout de ce qui est juste et d'y conformer scrupuleusement sa conduite et son agir moral.

C'est en vertu de ce principe que l'homme est tenu de respecter, en tout et avec une absolue rigueur, l'être et l'avoir de tout être humain distinct de lui et pouvant traiter avec lui d'égal à égal. Sous aucun prétexte, ni pour aucune raison, il n'a le droit d'empiéter sur ce qui est d'autrui. Et si par nécessité ou par utilité il bénéficie de ce qui est le propre d'un autre être humain qui n'a pas d'obligation spéciale à son endroit, il est tenu de récompenser ou de rendre à celui qui lui a fourni une partie de son bien tout cela même qu'il en a reçu.

Dans un ordre de justice plus élevé encore et plus rigoureux, l'être humain…

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Message  Louis Ven 27 Avr 2012, 7:11 am

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II. LA RELIGION (suite)
Dans un ordre de justice plus élevé encore et plus rigoureux, l'être humain, du seul point de vue de la raison philosophique étudiant et fixant les règles imprescriptibles de son agir moral, est tenu de s'acquitter des devoirs que lui imposent ses rapports d'inférieur à supérieur dans l'économie de sa vie de société avec les autres hommes.

Ces rapports d'inférieur à supérieur existent naturellement entre les enfants et les parents, dans la société naturelle qu'est la famille. Et quiconque voudrait soustraire l'enfant à l'obligation sacrée qui en résulte pour lui de traiter toujours son père et sa mère avec le respect que ces rapports exigent, irait contre les prescriptions les plus essentielles du droit naturel.

La même obligation, plus impérieuse encore d'une certaine manière ou sous un certain jour, existe dans les rapports d'inférieur à supérieur, entre les membres d'une même patrie à l'endroit de ceux qui personnifient ou représentent cette patrie qui est la leur.

Et, aussi bien, une même vertu préside à l'accomplissement de ce double devoir sacré entre tous, qui est celui des enfants dans la famille et des citoyens dans la patrie. On l'appelle la vertu de piété, fleur par excellence de la vertu de justice.

Un même principe commande tous ces devoirs : celui-là même que nous avons déjà formulé et qui veut qu'on rende à autrui ce qui lui est dû, dans la mesure même où cela lui est dû.

Si quelqu'un voulait mettre en doute ce principe, si seulement un tel principe pouvait être discuté parmi les hommes, il n'y aurait plus de vie humaine possible. — Mais qu'on veuille remarquer que si l'évidente nécessité de ce principe s'impose à tous avec une clarté aveuglante, quand il s'agit des rapports des hommes entre eux, — sa vérité, sa nécessité absolue ne s'impose pas moins à la saine raison, notamment à la raison du sage, de celui qui a pour office de bien voir lui-même et de faire voir autour de lui, — quand il s'agit des rapports de l'agent moral qu'est l'être humain avec d'autres êtres que les êtres humains ses semblables, si ces autres êtres existent, ayant des droits, eux aussi, imprescriptibles eu égard aux êtres humains.

Bien plus, si ces autres êtres, distincts des êtres humains, étaient des êtres supérieurs, des êtres qui auraient encore plus de droit que n'en peuvent avoir les autres êtres humains avec lesquels l'agent moral qu'est l'être humain se trouve en contact, il est bien évident que le principe de justice dont nous parlons s'imposerait avec une force plus grande encore.

Et qu'en serait-il donc s'il s'agissait des droits d'un être souverain, de l'Être par excellence, de l'Être premier, absolu, indépendant, de qui dépendraient tous les autres êtres, notamment, et à titre particulièrement profond, intime, l'être humain? N'est-il pas, ici surtout, de toute évidence que le principe de justice aurait une rigueur qui dépasserait à l'infini la rigueur qu'il peut avoir et dont nous avons dit la nécessité, quand il s'agit des rapports des hommes entre eux ?

Or, il en est ainsi….

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Message  Louis Ven 27 Avr 2012, 12:51 pm

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II. LA RELIGION (suite)
Or, il en est ainsi. Nous savons, par nos études philosophiques ; nous avons vu, à la clarté de la raison la plus pure, que dans le monde du réel, parmi les êtres qui sont, — au-dessus de nous qui constituons le règne humain, où une forme, encore unie à la matière, émerge cependant au-dessus d'elle et vit d'une vie transcendante de pensée, d'amour, de liberté, qui domine sans proportion le monde de la matière et des autres degrés de la vie dans la matière, — devait se trouver, se trouvait en effet, exigé par l'harmonie des êtres, un monde qui nous dépasse, qui ne dépend pas de nous, mais de qui nous dépendons, qui peut avoir action sur nous et qui doit l'avoir, en effet, soit en bien, soit en mal, selon nos propres dispositions à son endroit; — mais, plus encore, au-dessus de ce monde des formes pures, devait se trouver, se trouvait, en effet, dans le monde du réel, — un Être souverain, absolu, infini, l'Être même, l'Acte pur, l'Indépendant, le Nécessaire, Celui qui ne peut rien recevoir, mais qui peut donner et qui donne en effet, qui donne à tout ce qui est tout ce qui le fait être, tout ce qu'il a.

Dès lors, n'est-il pas de toute évidence qu'un devoir s'impose…

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Message  Louis Sam 28 Avr 2012, 6:46 am

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II. LA RELIGION (suite)
Dès lors, n'est-il pas de toute évidence qu'un devoir s'impose, un devoir de justice, que dis-je? plus qu'un devoir de justice, un devoir sacré, un devoir de religion, auquel ne pourra manquer ou se soustraire un être humain quelconque, sans se mettre au ban de l'honnêteté la plus imprescriptible : le devoir de reconnaître le bienfait reçu, tout le bienfait reçu, et ce bienfait n'excluant rien comprend tout, puisqu'il n'est aucun bien, en quelque être qui soit, qui n'ait sa première source, sa première cause en Dieu, et qui ne doive, par suite, remonter jusqu'à lui en hommage de gratitude?

Il y a aussi qu'en dehors même de cette considération de bien reçu et de reconnaissance qui en est la suite nécessaire, — au-dessus de cette considération encore secondaire, une autre considération plus essentielle, plus première, si l'on peut ainsi dire, impose un nouvel aspect du devoir sacré de la religion qui l'emporte sur celui que nous venons de marquer. L'excellence de l'Etre divin, sa gloire, sa majesté, par elle-même, exigent, de la part de tout être raisonnable, le mouvement qui est au premier chef le mouvement de la vertu de religion : et c'est le mouvement de l'âme prosternée devant la Majesté divine, l'adorant, se vouant à son service de gloire.

Le culte de Dieu, intérieur et extérieur, la prière précédée elle-même de la dévotion, la louange, le zèle pour promouvoir tout ce qui a trait à l'honneur de Dieu, — tel est le premier des devoirs, pour tout être humain, ayant l'usage de sa raison, au nom de cette raison s'éclairant elle-même de ses tout premiers principes.

La question religieuse n'est donc pas, de soi, une question de foi. Elle est une question de raison….

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Message  Louis Sam 28 Avr 2012, 11:39 am

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II. LA RELIGION (suite)
La question religieuse n'est donc pas, de soi, une question de foi. Elle est une question de raison. L'individu humain qui la méconnaît, qui s'y soustrait, qui la renie, ne va pas, de soi, contre une obligation surajoutée à sa nature et imposée du dehors. Il pèche contre ce qu'il y a de plus essentiel dans le droit naturel. Il se rend indigne de vivre parmi les êtres humains. Il se met au ban de la société humaine, beaucoup plus que celui qui ne respecterait aucun droit : l'homicide, l'adultère, le parricide même sont moins indignes que lui.

Cela est vrai de tout individu humain comme tel. Que dire de l'individu humain qui a une responsabilité de chef, chef de famille, chef de cité, et qui manque à ce devoir, qui, par son exemple, fait que les autres y manquent, — qui déclare ne pas reconnaître ce devoir, et du même coup, jette le discrédit sur ceux qui veulent y être fidèles!

Or, le voilà bien, le laïcisme ! Quel crime contre la justice ! dans l'ordre même de la raison. Et faudra-t-il s'étonner si tous les autres droits sont foulés aux pieds parmi les hommes, quand une fois les droits de Dieu que la raison proclame avec tant de rigueur se trouvent méconnus?

Ces droits que la raison proclame et qui portent avec eux un premier code explicite de religion naturelle ou philosophique se distinguent, nous venons de le voir, de tout code de religion qui pourra s'imposer dans l'ordre surnaturel. Et, par suite, on ne saurait invoquer la religion comme telle et ses manifestations parmi les hommes, pour conclure, sans autre enquête, à l'existence du monde surnaturel distinct du monde de la raison et s'ajoutant à lui.

Nous aurons à voir, prochainement, s'il n'est pas certaines manifestations d'ordre religieux parmi les hommes qui déborderaient le cadre des manifestations que la raison toute seule justifie et explique.

A suivre : III. LES RELIGIONS POSITIVES

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Message  Louis Dim 29 Avr 2012, 6:32 am

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III. LES RELIGIONS POSITIVES
S'il est vrai, indubitablement, qu'un monde de la foi peut exister pour nous, ce n'est point par la simple manifestation des actes intérieurs ou même extérieurs ayant trait à la religion que nous pouvons établir le fait de son existence.

La religion, comme telle, ne relève pas nécessairement du monde de la foi : elle peut appartenir au monde de la raison. Dans l'ordre de la raison toute pure, la nécessité de la religion s'impose. Elle s'impose au même titre que la vertu de justice. Elle est du même ordre, avec cette différence seulement que la simple vertu de justice a quelque chose de moins rigoureux et de moins profond, comme obligation ou comme dette.

La religion s'impose à la raison du sage avec plus de rigueur que la simple justice. Ses devoirs, ses obligations revêtent un caractère sacré qui lui appartient en propre. Et pour que l'homme y soit tenu, il n'est nullement requis que se soit produite une intervention positive, surnaturelle, pouvant intéresser ou engager notre foi. Seule, la raison philosophique y suffît.

Mais si le mouvement de l'âme vers Dieu, sous forme de dévotion, sous forme de prière, sous forme d'adoration, sous forme de louange, peut s'expliquer par la seule nature de l'être humain, par la place qu'il occupe dans la hiérarchie des êtres, par la raison de sa dépendance à l'endroit de l'Être souverain que la raison elle-même découvre et proclame exister au sommet de cette hiérarchie, — il se pourra cependant que certaines formes de ce mouvement de l'âme humaine vers Dieu ou vers les êtres qui nous sont supérieurs par nature, débordent ce cadre de la pure raison.

Si, par exemple, le mouvement de l'âme humaine vers Dieu, vers les êtres du monde des esprits, avait pour fondement ou invoquait comme principe, non plus la simple subordination des êtres et la hiérarchie des natures que la raison philosophique démontre, mais quelque intervention particulière, positive, qui se serait produite de ce monde des esprits, ou de ce monde divin, à l'égard ou en faveur de notre monde à nous, dans ce cas, nous ne parlerions plus de religion au sens purement philosophique de ce mot et selon que nous en parlions dans notre dernière étude.

Pour établir la légitimité, la nécessité de la religion au sens purement philosophique, il suffît de la seule raison…

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Message  Louis Dim 29 Avr 2012, 12:01 pm

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III. LES RELIGIONS POSITIVES (suite)
Pour établir la légitimité, la nécessité de la religion au sens purement philosophique, il suffît de la seule raison. Tout être doué de raison, s'il ne renie pas cette raison en ce qu'elle a de plus essentiel, est obligé de la reconnaître, de l'accepter. Pour établir ce devoir, cette obligation, il n'est besoin de rien supposer en dehors du seul fait de l'être qui est le nôtre dans l'ordre même des choses.

Au contraire, s'il s'agit de la religion se présentant sous la forme nouvelle dont nous parlons, il ne sera plus possible d'en appeler à la seule considération philosophique de cet ordre des choses et de notre place dans la hiérarchie des êtres. Il faudra, ici, des titres spéciaux, des titres surajoutés, des titres d'ordre positif, des titres de fait. Il faudra établir, il faudra prouver qu'en effet il y a eu intervention, intervention positive, survenue dans notre monde humain et provenant de ce monde supérieur des formes pures ou de l'Acte pur que nous savons, par la raison, exister au-dessus de nous.

La raison toute seule démontre, nous l'avons dit, la possibilité de ces interventions. Mais, à ne considérer que la nature des choses, elle ne dit rien du fait positif ou de l'existence de cette intervention se produisant, en quelque sorte, hors cadre, ou en dehors de l'intervention ou plutôt de l'action naturelle et normale qu'accuse la marche ordinaire du monde.

Si donc il est un mouvement religieux ou une manifestation de ce mouvement qui revendique, pour se justifier, ces sortes d'interventions positives et qui repose sur elles, le premier devoir de la raison, ici, sera de demander des titres, de demander des preuves, ou, ce qui revient au même, de contrôler le fait invoqué de ces manifestations extraordinaires, surajoutées, d'ordre nouveau et positif.

Et l'on voit, tout de suite, comment se pose le problème des religions positives…

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Message  Louis Lun 30 Avr 2012, 7:38 am

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III. LES RELIGIONS POSITIVES (suite)
Et l'on voit, tout de suite, comment se pose le problème des religions positives. Ce n'est plus la question de la religion tout court. Cette question de la religion tout court est d'ordre strictement philosophique. Le problème des religions positives, si, en fait, il se présente plusieurs religions positives, sera d'un autre ordre. Assurément, ici encore, la raison devra intervenir. Et son rôle sera de tout premier ordre. C'est à elle qu'il appartiendra de tout étudier, de tout contrôler et de se prononcer en dernier ressort. Mais la matière de son étude et de son jugement ne sera plus la même. La conclusion surtout, si elle arrive à conclure, sera d'un ordre nouveau. Elle n'aboutira plus à quelque chose qui rentre dans le domaine de la raison et qui ne se mesure, pour nous, qu'aux limites de cette raison. Elle aboutira ou pourra aboutir à quelque chose qui portera avec soi sa propre mesure; que la raison n'aura qu'à accepter, même si elle ne peut le comprendre : car elle l'acceptera sur la foi, sur l'intervention d'êtres supérieurs à elle, qui, par conséquent, nous le disions dans notre dernière considération et la raison le démontre, pourront dire des choses, révéler des conseils, affirmer des desseins, des vouloirs qui dépassent, sans proportion aucune, ce qui est du domaine de notre raison.

Encore est-il que dans ce nouveau domaine des interventions toujours possibles d'un monde supérieur au monde humain, qu'il s'agisse du monde des formes pures, ou plus encore, du monde de l'Acte pur, la question du fait même de ces interventions peut se présenter sous un double jour ou sous un double aspect…

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Message  Louis Lun 30 Avr 2012, 12:05 pm

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Encore est-il que dans ce nouveau domaine des interventions toujours possibles d'un monde supérieur au monde humain, qu'il s'agisse du monde des formes pures, ou plus encore, du monde de l'Acte pur, la question du fait même de ces interventions peut se présenter sous un double jour ou sous un double aspect.

Un premier mode, un premier aspect serait ou pourrait être celui d'une intervention se produisant ou se réalisant, se manifestant au-dedans de l'être même qui doit se prononcer sur la réalité de cette intervention. Et, par exemple, en l'intérieur d'un être humain, de sa conscience, en l'intime de l'un de nous, de chacun de nous.

Assurément et à considérer la chose en soi, elle est possible. Ici encore la raison le démontre. La possibilité d'une intervention des formes pures ou de l'Acte pur en l'intime de l'être humain est à ce point plausible, qu'il semblerait presque qu'à devoir se produire c'est ainsi qu'il faudrait qu'elle se produisît en effet. Puisqu'il s'agit de formes pures ou d'esprits purs, ou même du Roi de ce monde des purs esprits, qui est Lui-même au sommet de la pureté des natures spirituelles, ne semble-t-il pas qu'à devoir se communiquer à nous qui sommes apparentés à ce monde des esprits par le sommet de notre nature, c'est-à-dire, par notre propre esprit ou par notre intelligence et par notre volonté, c'est directement à notre esprit et à notre volonté qu'ils devraient se communiquer : et, par suite, leur action devrait être tout intime ou se produire au-dedans de nous, dans notre propre conscience, en ce qu'elle a de plus immatériel, de plus spirituel, de plus intime, donc de plus individuel.

Oui, il semblerait qu'il devrait en être ainsi. Et d'aucuns ont paru le croire. Ou, du moins, ils ont paru argumenter comme s'il en était ainsi, comme s'il devait en être ainsi. C'est là peut-être le fondement de ce qui est appelé l'apologétique de l'immanence, voulant établir la réalité du monde surnaturel ou du monde de la foi sur la constatation en nous, en chacun de nous, de cette action au plus intime de nous-même, par voie d'illumination intellectuelle ou par voie d'attraction mystérieuse, mais sentie et perçue au-dedans de nous, d'agents supérieurs à nous qui appartiennent au monde des purs esprits.

Il ne s'agirait que de rares privilégiés…

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Message  Louis Mar 01 Mai 2012, 6:50 am

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Il ne s'agirait que de rares privilégiés, nous n'aurions aucune raison de nous inscrire en faux contre une telle règle ou un tel critère à l'effet d'établir la réalité d'un monde supérieur à celui de la raison. — Et nous aurons peut-être l'occasion de constater qu'il en a été ainsi de fait.

Mais où la règle pécherait contre la condition de notre nature humaine, à considérer cette nature laissée à elle seule, c'est si l'on voulait établir cette règle comme la seule à pouvoir exister parmi nous. Bien au contraire, il semble que les conditions de notre nature exigent que cette intervention d'un monde supérieur au nôtre, si elle se produit, doit se produire sous forme de manifestation extérieure.

L'être humain, en effet, n'est pas seulement esprit; il n'est pas esprit pur, ou forme pure : il est esprit uni à un corps, il est forme spirituelle, mais unie à la matière. Et, dès lors, il lui est connaturel d'être instruit par mode d'action extérieure, ou d'intervention se produisant au dehors, agissant sur ses sens, et, par là, atteignant son esprit. — De plus l'être humain est d'une nature telle, nous l'avons vu dans nos études philosophiques, qu'il est fait pour vivre en société, pour arriver par voie de formation sociale à sa perfection. Il faudra donc, si une intervention se produit, qu'elle se fasse de telle sorte que par l'action d'une élite, de quelques sujets de choix elle se communique ou se transmette aux autres, à la multitude, soit dans l'ordre des temps, soit dans l'ordre géographique.

Et, en effet, c'est bien ainsi que se présente le problème ou la question des interventions dont nous parlons, appelées à fonder une religion d'ordre nouveau, qui ne relève plus seulement de la raison ou de la philosophie, mais qui relèvera du domaine de la foi.

Qui donc, aujourd'hui, parmi les hommes…

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Message  Louis Mar 01 Mai 2012, 11:56 am

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III. LES RELIGIONS POSITIVES (suite)
Qui donc, aujourd'hui, parmi les hommes se flatterait d'avoir été favorisé d'une intervention positive, surnaturelle, personnelle, établissant pour lui, et pour lui seul, par un phénomène de conscience qui n'aurait aucun lien social avec le reste des hommes, une religion qui ne relèverait que de lui? En est-il un seul qui ait été favorisé d'une intervention du monde des formes pures ou du monde de l'Acte pur, au point d'engager toute sa vie dans un domaine supérieur à celui de la raison, avec la certitude absolue — équivalant à la certitude des tout premiers principes et la dépassant même (car il faudrait cela, au témoignage de saint Thomas) — qu'il possède des vérités d'un ordre transcendant, dont il est le seul à avoir la propriété parmi les êtres humains?

Poser la question, c'est la résoudre.

Par contre, nous savons tous, ici, — et, du même coup, nous entrons en plein dans le domaine nouveau que nous entreprenons d'explorer — nous savons tous que, parmi les hommes, il est des êtres humains — individus ou collectivités et groupements plus ou moins nombreux, plus ou moins cohérents entre eux ou discordants et opposés, qui se flattent d'être les dépositaires de faits ou de doctrines qu'ils font remonter à des interventions positives d'un monde supérieur au monde humain.

Ces êtres humains, individus ou collectivités, se présentent aux autres êtres humains et sollicitent leur adhésion à la doctrine qu'ils enseignent ou aux faits dont ils l'autorisent. Ce n'est pas au nom de la raison qu'ils se présentent, et qu'ils sollicitent l'adhésion des humains. Si c'était au nom de la raison, ils ne seraient que des philosophes. C'est au nom d'une autorité supérieure à la raison. Et voilà pourquoi ils se présentent comme apôtres ou comme ministres d'une religion, d'une religion qui n'est plus d'ordre philosophique, qui est d'ordre surnaturel ou positif, s'ajoutant à la raison et s'imposant à la raison sans que la raison puisse ou doive la juger, la contrôler, que la raison n'a qu'à accepter au nom de l'autorité même qui la lui impose.

N'est-ce pas ainsi que le problème se pose? N'est-ce pas ainsi que la question se présente ?...

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Message  Louis Mer 02 Mai 2012, 6:34 am

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N'est-ce pas ainsi que le problème se pose? N'est-ce pas ainsi que la question se présente ?

Nous ne devons pas encore, pour le moment, fixer notre attention sur le phénomène ou le fait que nous verrons être le plus saillant dans cet ordre d'êtres humains, individus ou collectivités, se disant devant les autres hommes et se présentant à eux comme les mandataires d'une autorité supérieure au monde humain, à la raison humaine laissée à elle seule; et se donnant ainsi comme les dépositaires d'un enseignement, d'une doctrine, qui ne relève pas de la raison, qui doit, par définition, s'imposer à elle, au nom de la même autorité supérieure. Mais, d'ores et déjà, nous pouvons et nous devons nous demander quelle conduite à tenir devra être la nôtre à l'endroit des représentants ou de ceux qui se disent être les mandataires d'une telle autorité supérieure, les dépositaires de ces révélations.

Qu'il s'agisse de l'agent moral qu'est l'être humain, — considéré comme individu, — ou comme chef de famille — ou comme chef de cité, — quelle attitude devra être la sienne, du point de vue de la raison philosophique?

Ignorer ? dédaigner? repousser? combattre? — étudier? approuver? embrasser? favoriser?

Combattre ou repousser; ou accepter et embrasser et favoriser, — sur la seule donnée du fait ou du phénomène de celui ou de ceux qui affirment, — serait absolument déraisonnable. Car il s'agit de manifestations, qui, par elles-mêmes, ne sont pas du domaine de la raison; — au sujet desquelles, par conséquent, la raison toute seule, et sans autre examen, ne peut avoir de jugement positif, soit au sens de l'affirmation, soit au sens de la négation.

Mais, sans aller jusqu'à repousser et combattre, ou accepter et embrasser et favoriser, — ne pourrait-on pas se contenter de dédaigner? Est-il besoin de prendre garde à tout ce qui peut se dire ou se faire ou se présenter ou se proposer parmi les êtres humains! — Pour dédaigner ainsi, il faudrait — a priori — être très sûr que ce dont il s'agit demeure sans importance. Dans ce cas, en effet, qu'on s'en occupe ou qu'on ne s'en occupe pas est chose assez indifférente; et l'on peut accepter l'un ou l'autre, alternativement, au gré de ses caprices ou de ses loisirs.

Est-ce le cas, ici?...

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Message  Louis Mer 02 Mai 2012, 12:00 pm

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Est-ce le cas, ici? — Nous savons qu'une intervention de mondes supérieurs au monde humain est possible. — Si, d'aventure, elle était une réalité, des conséquences de la dernière gravité pourraient engager ce qui nous touche au plus intime : notre esprit, notre cœur, notre vie, notre avenir, que sais-je !

On lisait, ces jours derniers, dans le cycle des rites liturgiques de l'Église catholique, la page que voici :

Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu, en une ville de la Galilée qui avait nom Nazareth, vers une vierge fiancée à un homme, du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la Vierge était Marie.

Et étant entré chez elle, l'ange lui dit :

— Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes.

Ce qu'ayant entendu, Marie fut troublée au sujet de la parole de l'ange et elle se demandait quelle pouvait bien être cette salutation.

L'ange lui dit :

— Ne craignez pas, Marie ; car vous avez trouvé grâce auprès de Dieu. Et voici que vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils ; et vous l'appellerez du nom de Jésus. Il sera grand; et II sera appelé Fils du Très-Haut. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et li régnera sur la maison de Jacob pour les siècles ; et son règne n'aura point de fin.

Marie dit à l'ange :

— Comment sera ceci, puisque je ne connais point d'homme?

L'ange répondit et lui dit :

— L'Esprit-Saint descendra sur vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé Fils de Dieu. — Et voici qu'Elizabeth, voire parente, elle aussi a conçu un fils, dans sa vieillesse ; et ce mois-ci est le sixième pour elle qui était appelée stérile. C'est qu'il n'y a d'impossible, auprès de Dieu, aucune parole.

Marie dit à l'ange :

— Voici la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait selon votre parole.
Et l'ange repartit d'auprès d'elle.

La teneur de cette page…

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Message  Louis Jeu 03 Mai 2012, 6:02 am

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III. LES RELIGIONS POSITIVES (suite)
La teneur de cette page nous met en présence d'un récit, du récit d'un fait où nous est marquée, de la manière la plus expresse, la plus précise, l'intervention du monde des esprits et du monde divin dans notre monde humain. C'est un message qui est porté aux hommes de la part de Dieu. Et quel message !

Évidemment, il y aurait déraison à traiter un tel fait par le dédain. — La plus élémentaire prudence demande ici qu'on s'informe, qu'on voie, qu'on se rende compte, et qu'au besoin on étudie !

Ce devoir est imposé en saine morale humaine, par les lois de l'Éthique, à tout individu humain qui a l'usage de sa raison. Il l'est plus encore, par les lois de l'Économique et de la Politique, à tous ceux qui participent, d'une manière quelconque, à la raison de chef, dans la société domestique qu'est la famille, ou dans la société plus étendue et plus parfaite qu'est la cité ou la nation.

S'y soustraire, y faillir serait impardonnable.
A suivre : IV. LE TÉMOIN CATHOLIQUE

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Message  Louis Jeu 03 Mai 2012, 12:23 pm

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IV. LE TÉMOIN CATHOLIQUE
Nous avons vu comment se pose la question de la foi, dans l'économie de nos disciplines humaines. — S'il s'agit de la possibilité, pour nous, d'un monde nouveau, dans l'ordre de nos connaissances, distinct du monde de la raison qui est naturellement le nôtre, nous avons dit qu'au regard du philosophe, du sage, instruit de la hiérarchie des êtres et de leur mode propre de connaître, aucun doute ne se présentait : c'est l'évidence du plein soleil.

La question de fait ou de l'existence de ce monde nouveau s'ajoutant pour nous à celui de la raison ne s'impose pas de soi. Et le fait, par exemple, que l'homme vit naturellement ou normalement d'une vie s'épanouissant en vie de religion, soit intérieure, soit extérieure, n'entraîne pas comme conséquence qu'il existe pour nous un monde ou un domaine supérieur à celui de la raison et relevant de la foi : la raison toute seule prescrit, exige impérieusement une vie de religion pour l'homme.

Mais il se pourra que certains modes de religion…

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Message  Louis Ven 04 Mai 2012, 6:23 am

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IV. LE TÉMOIN CATHOLIQUE (suite)
Mais il se pourra que certains modes de religion existant parmi les hommes posent devant nous la question de fait ou de l'existence de ce monde nouveau de la foi, qui nous occupe. Si, par exemple, des êtres humains, isolés ou groupés, se présentent à nous et se donnent comme ayant mission de nous transmettre, non pas au nom de la raison, mais au nom d'une autorité supérieure à la raison, — et qui ne peut être, nous le savons, par l'étude de la hiérarchie des êtres, que l'autorité des formes pures, ou, plus encore, de l'Acte pur, intervenant, d'une façon spéciale ou extraordinaire, dans notre monde humain, —un enseignement reçu d'en haut, — ici, la question pourra se poser, elle se posera même nécessairement — selon le caractère ou le sérieux ou l'importance des messagers ou des mandataires qui se présenteront, — de savoir ce qu'il en est de la réalité ou de la vérité du mandat, de la mission, qu'ils revendiquent.

Les repousser a priori et sans autre enquête ou information, serait déraisonnable; puisque nous savons, par la raison, qu'un mandat de cette sorte n'est pas impossible. — D'autre part, s'il existait, s'il était vrai, il pourrait avoir pour l'être humain, comme individu, comme chef de famille, comme chef de cité ou de nation, des conséquences d'une portée immense, engageant son esprit, son cœur, sa vie, son avenir. — Il faut donc s'enquérir : l'individu le doit pour lui-même; le chef de famille le doit pour les siens; le chef de cité, de nation, que ce chef soit la multitude elle-même, ou une élite, ou un seul, le doit pour les membres de la cité, de la nation. On peut même dire, et il faut le dire — du point de vue de la raison la plus saine, — qu'il n'est pas de devoir plus sacré, plus impérieux que celui-là.

Mais comment procéder dans cette enquête, dans cette étude; comment s'y prendre pour se faire une conviction, une conviction décisive; si tant est qu'il soit possible d'arriver à se faire cette conviction?

La première chose à faire est de…

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Message  Louis Ven 04 Mai 2012, 12:40 pm

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IV. LE TÉMOIN CATHOLIQUE (suite)
La première chose à faire est de bien s'assurer qu'il s'agit d'un message, d'un mandat, d'une mission. Si, en effet, il ne s'agissait que d'une théorie, d'une doctrine élaborée et proposée par des penseurs humains, la manière de procéder serait tout autre. Il faudrait examiner cette doctrine, cette théorie elle-même, pour autant qu'elle paraîtrait digne de quelque attention à son premier énoncé. Mais, ce faisant, nous ne sortirions pas du domaine de la raison.

— Et maintenant, il s'agit d'autre chose : il s'agit d'une intervention sortant du cadre des choses naturelles, de l'intervention du monde des formes pures ou de l'Acte pur communiquant au monde humain un enseignement théorique ou pratique pour lequel sera demandé à l'être humain une adhésion qui ne sera plus de l'ordre des adhésions qu'il donne dans le domaine de sa raison toute pure, qui sera une adhésion supérieure, une adhésion de foi, lui faisant admettre ce qui sera dit ou enseigné, non point parce qu'il le voit, mais parce que des êtres supérieurs à lui, qui le voient, le lui font dire.

On le voit, toute la question se ramène ici à une question d'autorité : l'autorité de ceux-là mêmes qui apportent cette doctrine, cet enseignement.

Y a-t-il vraiment quelqu'un qui se présente parmi les hommes et qui affirme avoir mandat, avoir mission de transmettre aux hommes un enseignement, une doctrine, un message, venu d'en haut, du monde des formes pures, du monde de l'Acte pur, et qui sollicite, qui exige de leur part une adhésion de foi ?

Ce quelqu'un existe-t-il? Si, en effet, il n'existe personne se présentant de la sorte, la question du monde de la foi, quant à son existence, pour nous, ne se poserait pas. Nous n'aurions qu'à rester dans le monde de la raison.

Ce quelqu'un existe-t-il?

Aurons-nous besoin, pour nous assurer de ce point…

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Message  Louis Sam 05 Mai 2012, 6:48 am

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Ce quelqu'un existe-t-il?

Aurons-nous besoin, pour nous assurer de ce point, d'aller loin et de faire de nombreuses, de multiples recherches : soit dans le temps, par l'étude de l'histoire; soit dans l'espace, en parcourant les divers pays du globe? Cette double recherche pourrait ne pas manquer d'intérêt, et nous apporter, en effet, des renseignements positifs sur la question qui nous occupe.

Mais est-ce nécessaire?

Si là où nous sommes, actuellement, tout près de nous, autour de nous, le messager, le mandataire, l'apôtre dont il s'agit se présente à nous, s'il vit au milieu de nous, notre enquête pourra s'en trouver grandement simplifiée et facilitée. Il se pourrait, absolument parlant, que le mandataire en question ne se trouvât qu'en un seul point du globe; ou qu'il n'eût existé qu'à un moment de l'histoire, et qu'il fallût aller, par soi ou par d'autres, quérir auprès de cet unique mandataire la vérité ou renseignement dont il serait le dépositaire. Mais avouons que dans ces conditions l'enquête eût été difficile.

Si, au contraire, le mandataire en question est là au milieu de nous, tout se simplifie merveilleusement. Rien ne sera plus facile que de nous rendre compte. Et chacun de nous le pourra; il le pourra par lui-même, directement, sans intermédiaire. On le voit, l'avantage sera inappréciable.

Or, pour nous, il en est ainsi. Et l'on peut dire, proportion gardée, qu'il en est ainsi pour tous les êtres humains adultes qui vivent actuellement sur la surface du globe.

Il est un mandataire, un messager qui existe partout, en ce moment, qui est, on peut le dire, à la portée immédiate ou quasi immédiate de tous les êtres humains sur la surface du globe. Je m'occupe du mandataire le plus saillant pour nous, le plus manifeste, le plus connu comme tel. S'il en est d'autres, distincts de lui, d'une autre nature ou d'un autre caractère, je ne m'en occupe pas pour le moment. Je vais au plus manifeste pour nous, à celui dont nul n'ignore l'existence, le caractère, la mission ou le mandat revendiqué par lui. C'est le prêtre de l'Église catholique, ou pour parler plus nettement encore, et avec le nom qui sera immédiatement reconnu par tous : le curé !

Le curé !...

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Message  Louis Sam 05 Mai 2012, 12:03 pm

364
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Le curé ! A-t-on suffisamment pris garde à ce que contient de donnée première pour nous, sur la grande question qui nous occupe, — la question de l'existence d'un monde de la foi, s'ajoutant au monde de la raison, — la présence, au milieu de nous, de cet homme, non pas à l'état de souvenir, ou à l'état de relique, mais vivant, vivant de la vie de chacun de nous, de la vie des plus humbles, et, en un sens très vrai, de la vie des plus grands, — vivant au milieu de nous, actuellement, sur notre terre, non pas sur un seul point du globe, où il faudrait aller le trouver, mais partout, chez nous, sur tous les points du globe, parmi les nations civilisées et jusque chez les sauvages les plus inaccessibles, se disant lui-même fait pour tous — pour tous les êtres humains sans exception, enfants ou adultes, ouvriers et patrons, paysans et habitants des villes, ignorants et savants, roturiers ou plébéiens et nobles ou dirigeants, sujets et souverains, peuples et rois, — se présentant à tous, au même titre, comme envoyé de Dieu, de l'Acte pur, du Roi des formes pures et de toute la nature, — envoyé par Lui, son mandataire, son messager, son apôtre, son ministre, — se disant chargé, par Lui, d'office — c'est sa raison d'être, toute sa raison d'être, son unique raison d'être — d'enseigner une doctrine, d'imposer des préceptes, de présider à la pratique d'un culte, où la raison pourra bien trouver à s'exercer — et nous aurons à dire comment, — mais qui ne sont point proposés au nom de la raison, ni au nom de la raison de cet homme qui se donne comme chargé de les transmettre, ni au nom de la raison d'autres hommes quels qu'ils soient ou puissent être, mais, uniquement, au nom et sur la parole, sur l'autorité de Celui qui l'envoie, lequel, nous l'avons dit — et cet homme le proclame très haut, inlassablement, — n'est pas autre que le Roi de tout ce qui est, cet Acte pur, auquel — notre raison nous l'a montré — sont suspendus le ciel et toute la nature.

Et cet homme est unique, à part, tout à fait à part. Il n'a point son semblable parmi les autres hommes. Et cet homme est unique, à part, tout à fait à part. Il n'a point son semblable parmi les autres hommes. Il est donc facile à reconnaître, sans possibilité de méprise ou de confusion. D'autres hommes peuvent avoir un certain air lointain de lui ressembler. Ils ne lui ressemblent pas. Aucun autre ne propose un enseignement précis comme lui; n'impose une loi comme celle qu'il impose; ne préside à un culte comme celui auquel il préside. Il en est d'autres qui, de très loin, sembleront présenter ou donner quelque chose d'analogue. Mais, dès qu'on les interroge, ils balbutient, ils hésitent, ils doutent, ils semblent ne pas trop savoir ce qu'ils se disaient avoir mission de transmettre. Bien plus, l'autorité…

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Message  Louis Dim 06 Mai 2012, 6:49 am

PROPÉDEUTIQUE

IV. LE TÉMOIN CATHOLIQUE (suite)
…Bien plus, l'autorité de leur mandat n'a rien de précis ou de sûr dans leur revendication. Ils ne savent pas trop ou paraissent ne pas trop savoir au nom de qui ils se présentent. S'il en est qui revendiquent une mission d'en-haut, venant d'une autorité supérieure à la raison, ils ne savent pas trop ou ne peuvent dire comment ils l'auraient reçue et de qui ils l'auraient reçue : de Dieu, directement? Il serait difficile d'en trouver un seul qui le prétende actuellement sur terre ; de Dieu par intermédiaire? Il serait impossible de confirmer leur dire, si tant est qu'il en soit qui osent l'affirmer, d'une manière précise.

Le prêtre catholique, au contraire, le curé, nous l'avons dit, revendique très haut et sans jamais varier, son mandat, un mandat divin, un mandat reçu de Dieu, non certes directement et individuellement ou personnellement, sans rap¬port aucun avec des intermédiaires humains : mais il précise ses intermédiaires, et chacun peut contrôler son dire, son affirmation. Il dit, en effet, tenir son mandat de Dieu par l'intermédiaire ou l'entremise d'un autre homme, qui existe, lui aussi, présentement, au milieu des autres hommes.

Cet homme s'appelle l'évêque. Lui aussi est partout, moins nombreux, moins multiplié que le précédent; mais aussi bien n'a-t-il pas, comme le curé, à être en contact immédiat avec tous les êtres humains, puisque c'est par le curé qu'il l'est. Et chaque curé, dans le monde entier, est en rapport immédiat avec lui. C'est de lui que le curé tient tout : son être même de curé, la doctrine qu'il enseigne, la loi qu'il impose, le culte auquel il préside. Il n'a rien qu'il ne tienne de l'évêque : et si, en quoi que ce soit, il se séparait de lui, ou lui était opposé, il cesserait d'être lui-même, il n'aurait plus aucun mandat.

Aussi bien est-ce par l'évêque que le curé est ce qu'il est : partout identique à lui-même, quelque divers, quelque multiples que puissent être les individus humains qui le représentent ou en qui il se concrète.

Et si vous l'interrogez encore…

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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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