Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET)

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Message  Louis Sam 28 Jan 2012, 1:46 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

VIII. LA PENSÉE (suite)
Ce caractère d'agent moral et responsable joint au caractère d'universalité de sa vie de pensée qui le fonde et l'explique, nous révèle une condition nouvelle de l'être humain qui le distingue absolument de tous les êtres inférieurs à lui.

Les autres êtres du monde de la nature ou des corps, sans en excepter les vivants de vie sensible, sont tous soumis à la destruction. Ils viennent à l'être par voie de génération substantielle, au sens le plus compréhensif ou le plus étendu de ce mot. Et cela veut dire que depuis les tout premiers éléments ou corps simples jusqu'aux animaux les plus parfaits, mais en-deçà de l'homme, les deux principes essentiels qui les constituent ne sont point indissolublement unis.

Tous ces êtres sont soumis à la possibilité et, même, selon des degrés ou des conditions diverses, au fait des transformations substantielles qui font que dans une même matière se succèdent ou peuvent se succéder, à l'indéfini, sous l'action des causes proportionnées d'ordre corporel ou physique dont nous avons parlé, des formes substantielles différentes amenant par leur apparition ou leur disparition des êtres nouveaux qui apparaissent eux-mêmes et disparaissent dans un changement quasi perpétuel à la surface de notre globe.

L'homme lui-même, parce qu'il est, lui aussi, un composé de matière première et de forme substantielle dont l'union est soumise aux fluctuations du monde des éléments et des mixtes, des végétaux et des animaux, n'échappe point, naturellement, à cette loi de la possibilité et du fait de la dissolution atteignant les autres composés. Lui aussi peut voir sa forme substantielle, ou son âme, se séparer de la matière ou du corps qui lui est uni pour constituer avec elle l'être humain. Et cette séparation s'appelle la mort.

Toutefois…

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Message  Louis Dim 29 Jan 2012, 6:31 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

VIII. LA PENSÉE (suite)
Toutefois, à la différence de tous les autres êtres composés de matière el de forme qui peuvent, eux aussi, se dissoudre, il arrive, pour l'homme, que sa forme substantielle demeure en elle-même et subsiste dans son être de substance, après sa séparation d'avec le corps.

Ce privilège, pour l'homme, est une conséquence de la nature même de son âme qui joue ainsi, par rapport au corps, le rôle de forme substantielle.

Il lui appartient en propre d'avoir une opération où le corps n'a point de part formelle ou essentielle, bien qu'il y concoure par mode de préparation matérielle. Celte opération est celle que nous venons d'analyser et qui constitue, comme vie de pensée, la note propre et spécifique de l'être humain. Son objet n'est point limité dans le temps et dans l'espace comme l'objet des facultés qui appartiennent à la vie sensible. Il n'est autre que l'être même, de soi indéterminé et pouvant comprendre tout ce qui est, à quelque titre que cela soit. Par là même, il faut que la faculté intellectuelle ordonnée à cet objet soit au-dessus du temps et de l'espace. Ayant son objet propre qui domine l'être corporel, elle-même doit avoir un être indépendant du corps. Et, par suite, quand le corps disparaît ou quand elle s'en sépare, elle garde son être.

Un indice manifeste de cette permanence dans l'être…

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Message  Louis Dim 29 Jan 2012, 1:03 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

VIII. LA PENSÉE (suite)
Un indice manifeste de cette permanence dans l'être, pour l'âme pensante, après sa séparation d'avec le corps, se trouve en ceci, que l'homme, bien qu'il n'ignore pas qu'il est mortel et qu'un jour son âme se séparera de son corps, a cependant, au-dedans de lui, un désir incoercible de survie. Il a la pensée d'une vie qui ne finit pas ; et il désire, pour lui, cette vie.

Ce désir que l'homme porte en lui et qui lui est naturel, en raison de son âme pensante, se trouve corroboré par les exigences du sens moral.

Nous avons dit que l'homme, toujours en raison de sa vie de pensée, était un agent moral ou responsable, pouvant mériter et démériter. Or, il est manifeste que, parmi les hommes, le mérite et le démérite sont très souvent en raison inverse des avantages ou des pénalités que les hommes reçoivent présentement. Ceux qui agissent bien sont souvent dans la misère ou l'infortune ; et ceux qui agissent mal prospèrent. Une telle inégalité a quelque chose qui révolterait le sens de la justice, s'il n'était pas, au-delà de la vie présente, pour l'homme, une survie où l'inégalité constatée maintenant disparaîtra.

Bien plus, dans cette survie, il faudra, de toute nécessité, que l'homme se retrouve, un jour, au complet; c'est-à-dire qu'après un temps plus ou moins long et dont personne parmi nous ne peut avoir le secret, l'âme, qui survit au corps, devra lui être unie de nouveau, pour reconstituer avec lui le même individu humain qui aura vécu sur cette terre. La nature de l'âme l'exige, puisque étant faite pour ce corps dont elle est, essentiellement, la forme substantielle, si elle en demeurait toujours séparée, une sorte de monstre existerait dans l'œuvre de l'Auteur de la nature ; ce qui est inadmissible. Et, aussi, le corps ayant eu sa part dans le déploiement d'activité humaine, qui constitue, présentement, la vie de mérite ou de démérite, il faut qu'il ait un jour et pour jamais sa part dans la rétribution soit en bien, soit en mal.

Telle nous apparaît, à la lumière de la raison philosophique…

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Message  Louis Lun 30 Jan 2012, 7:00 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

VIII. LA PENSÉE (suite)
Telle nous apparaît, à la lumière de la raison philosophique, en la considérant du simple point de vue sommaire de la hiérarchie des êtres, la vie de la pensée propre à l'homme.

Elle est au sommet des perfections constatées dans le monde des corps. Tout ce que nous avions rencontré jusqu’ici en fait de perfection ascendante dans le monde matériel en était une préparation. Ici encore, avec l'homme, nous sommes dans le monde des corps ou des êtres composés substantiellement de matière et de forme. L'homme porte en lui, dans sa nature, les degrés de perfection qui nous étaient apparus dans le monde des éléments ou des corps simples, dans le monde des mixtes, dans le monde des végétaux, dans le monde des animaux. Par son corps, il porte une matière qui est montée de perfection en perfection ou de disposition en disposition, à travers tous ces degrés ; et l'âme, principe de vie, qui est unie à ce corps à titre de forme substantielle, a fixé la matière du corps en tous ces degrés de perfection, mais surélevés par elle, au point que tout cela est au service de sa vie propre, qui la distingue spécifiquement de tout le reste : la vie de la pensée.

Par cette vie de la pensée, elle n'est plus renfermée dans le monde de la matière ou des corps, bien que son point de départ et de contrôle, en ce qui est de la perception du monde réel, demeure toujours, même dans cette vie de pensée, le monde matériel. De ce chef, elle participe à l'imperfection de la vie ou du mouvement vital qui nous est apparue dans la vie de la plante et dans la vie de l'animal. Mais, si la vie de l'animal avait, sur la vie de la plante, la perfection que nous avons marquée, de s'achever ou de se parfaire au-dedans du vivant, l'homme, dans sa vie de pensée, l'emporte, à son tour, sur l'animal en ce que sa vie ou son mouvement vital se parfait et s'achève en une seule et même faculté, en cette faculté qui la spécifie et qui s'appelle l'intelligence, ou, encore, la raison.

Par là, par cette vie, qui est la sienne propre, l'homme…

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Message  Louis Lun 30 Jan 2012, 1:42 pm

VIII. LA PENSÉE (suite)
Par là, par cette vie, qui est la sienne propre, l'homme, bien qu'appartenant au monde matériel ou des corps, dépasse ce monde-là et appartient, d'une certaine manière, à un monde complètement nouveau. Tous les êtres que nous avions rencontrés jusqu'ici étaient des êtres composés. Leur nature comprenait deux principes essentiels, matière première et forme substantielle, dont l'union constituait l'être qui subsistait en eux et par eux, mais qui pouvait aussi cesser d'être du seul fait de leur séparation.

Nous avons vu que l'homme lui-même se range parmi ces êtres. Et, en raison de cela, il appartient, lui aussi, au monde de l'être mobile. Mais, par le sommet de son âme, il émerge de ce monde-là. Et, en s'étudiant lui-même, il découvre la possibilité et le fait d'un être qui subsiste en dehors de la matière, qui, par suite, n'est plus un être corporel, ou un être mobile. Cet être subsistant en lui-même, tel que l'homme le découvre en s'étudiant lui-même, n'est pas un être complet dans l'ordre spécifique, puisque tel qu'il le connaît en connaissant son âme, il voit que cette âme fait partie essentielle d'un tout qui n'est pas autre que l'homme lui-même, être corporel. Mais, bien qu'incomplet dans l'ordre spécifique, il a son être indépendant du corps. Il est subsistant en lui-même. Il continue d'exister, quand le corps est séparé de lui. Il révèle donc la possibilité et le fait d'un être qui n'est plus en lui-même un être mobile. D'où la découverte du monde de l'être tout court. Avec la vie de la pensée, nous sortons du monde de l'être mobile pour entrer dans le monde de l'être.

C'est, proprement, le monde métaphysique qui se révèle à nous.

Nous allons essayer d'entrevoir la perfection de vie qui est celle de ce monde métaphysique.

A suivre : IX. LA PENSÉE PURE

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Message  Louis Mar 31 Jan 2012, 6:07 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE
De degrés en degrés, nous nous sommes élevés, dans notre étude philosophique des êtres qui nous entourent ou que nous sommes nous-mêmes, jusqu'à la vie de la pensée. Elle nous est apparue comme le privilège ou l'apanage exclusif de l'être humain, parmi tous les êtres qui se rencontrent dans le monde des corps. Les corps célestes eux-mêmes, quels que soient leur éclat, leurs proportions, leur nombre, ne dépassent point, selon qu'ils tombent sous nos sens et que notre raison peut les connaître, les limites du règne minéral. Aucune trace de vie ne nous apparaît en eux. La vie ne se manifeste, pour nous, que sur notre globe terrestre, ou dans notre atmosphère, ou au sein des mers.

Cette vie, qui se manifeste sur notre terre, est elle-même en dépendance étroite du règne minéral. Elle relève, en effet, de la matière. A prendre ce mot dans son sens radical et selon qu'il désigne l'un des deux principes substantiels de l'être corporel, la matière fait partie essentielle, non pas seulement des minéraux, mais encore de tous les vivants du monde de la nature, sans en excepter le plus élevé, l'homme, en qui se trouve la vie de la pensée. Et cette matière commune à tous les êtres du monde de la nature sur notre terre est identique en son dernier fond. Elle n'a, comme telle, qu'une raison de puissance substantielle, apte à recevoir successivement toutes les formes substantielles qui fixent et portent avec elles, les communiquant à la matière, sous l'action des causes proportionnées à cet effet, les divers degrés d'êtres substantiels qui constituent la hiérarchie du monde de la nature : minéraux, végétaux, animaux, homme.

L'union de ces deux principes qui sont la matière, puissance substantielle, et la forme, acte d'être substantiel, est la raison de l'être constaté par nous dans tous les êtres qui sont autour de nous. Aucun d'eux n'est ni ne peut être que par cette union. Que leurs deux principes soient unis, ces êtres sont. Que leurs deux principes soient séparés, ils ne sont plus. La raison d'être, pour eux, se trouve rivée nécessairement à cette union. Mais, par là, par cette union, ils sont du domaine de l'être.

Ce domaine de l'être ne nous apparaît d'abord que dans les limites ou avec le caractère du monde corporel. Et le monde corporel, nous l'avons vu, n'est pas autre que l'ensemble des êtres à dimensions, composés des deux principes essentiels que nous venons de rappeler, susceptibles, dans le milieu qui est le nôtre, des transformations qui nous permettent de suivre la matière, en son ascension graduée, depuis les premiers éléments, à travers tous les mixtes du règne minéral, jusqu'aux végétaux, jusqu'aux animaux, jusqu’à l'homme.

L'être de tous ces êtres…

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Message  Louis Mar 31 Jan 2012, 12:10 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
L'être de tous ces êtres est un être complexe. Il comprend deux principes essentiels, qui, par leur union, forment la substance de ces êtres. De cette substance découlent, pour eux, des propriétés qui s'en distinguent et s'y ajoutent, ayant, chacune, la raison d'un nouvel être accidentel. Cet être accidentel pourra être multiple, tandis que l'être substantiel demeure nécessairement un. Dans son unité réelle, il pourra cependant revêtir une multiplicité de raison qui nous permettra de dire en toute vérité qu'à lui seul et dans sa réalité unique il équivaut à des réalités multiples, dans l'ordre d'être même substantiel, pouvant se trouver et se trouvant, en effet, parmi les divers êtres qui composent le monde de la nature. C'est ainsi, pour prendre tout de suite l'exemple le plus parfait, que l'être substantiel humain, demeurant parfaitement un dans chacun des êtres humains où il se trouve, ne laisse pas que de correspondre à tous les degrés d'êtres substantiels inférieurs à lui, qui existent séparément dans ces divers êtres inférieurs. Tout ce qui est dans l'être substantiel du minéral, du végétal, de l'animal, se trouve uni et fondu dans le seul être substantiel humain.

Encore est-il qu'il importe souverainement de remarquer que…

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Message  Louis Mer 01 Fév 2012, 6:46 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Encore est-il qu'il importe souverainement de remarquer que tous ces divers êtres qui sont, dans le monde de la nature, s'ils ont des formalités diverses qui expliquent leur diversité, quelle que soit d'ailleurs la formalité propre de chacun d'eux, ou d'une extrême simplicité et au degré infime de la perfection, comme dans les éléments, ou, au contraire, enrichie de toutes les perfections propres aux formalités d'ordre inférieur qui se retrouvent en elle d'une façon suréminente, comme dans l'être humain, conviennent cependant en ceci, commun à tous, qu'ils sont. Avec la formalité propre à chacun d'eux, ou plutôt dans cette formalité propre, quelle qu'elle soit, ou très simple ou très riche, on trouve cette autre formalité commune, qui est la formalité d'être. À la base du minéral, à la base du végétal, à la base de l'animal, à la base de l'homme, quand nous les rencontrons étant eux-mêmes — minéral, végétal, animal, homme — parmi les êtres de ce monde de la nature, nous trouvons, commune à tous, cette formalité, qu'ils sont.

Voilà donc le fond par où tous se rejoignent.

Ce fond, quel est-il? qu'est-ce qui l'explique? quelle en est la raison, du point de vue philosophique, dont le propre est d'aller précisément au dernier fond des choses.

Poser la question n'est pas autre chose qu'aborder…


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Message  Louis Mer 01 Fév 2012, 2:10 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Poser la question n'est pas autre chose qu'aborder ex professo, le domaine par excellence de la philosophie, quand il ne s'agit plus seulement de la philosophie de la nature, mais de la philosophie tout court, ou encore, pour garder le mot d'Aristote et de saint Thomas, de la philosophie première. Cette philosophie première est appelée du nom de Métaphysique, comme la philosophie de la nature est appelée du nom de Physique. Elle a pour objet, non plus seulement l'être mobile, comme cette dernière; mais l'être, tout court. Et parce que l'être mobile lui-même implique, par définition, l'être, il s'ensuit que la considération du philosophe de la nature, quand elle est achevée, cède le pas et ouvre le champ à la considération du philosophe tout court.

C'est à ce dernier qu'il appartient de s'enquérir, jusque dans l'être mobile, de la raison d'être, qui constitue son objet propre, l'objet de la philosophie première ou de la métaphysique.

En faisant office de philosophes de la nature et en parlant de matière et de forme, de matière première et de forme substantielle; en étudiant, sur toute l'échelle des êtres corporels, cette matière et cette forme, dans leurs multiples rapports, selon qu'ils résultent des transformations qui conduisent la matière des formes élémentaires à la forme humaine, nous avons répondu aux questions que l'esprit se pose et doit se poser devant le monde de l'être mobile. Mais nous n'avons pas résolu, nous n'avons pas abordé les questions que l'esprit se pose et doit se poser, à considérer un être quelconque, — et tous les êtres, y compris ceux du monde des corps ou les êtres mobiles, peuvent, doivent même, en fin de compte, être considérés sous ce jour, — sous le jour ou la raison d'être.

Qu'est-ce donc qui fait qu'un être est, et que tout être qui est, est?...

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Message  Louis Jeu 02 Fév 2012, 6:00 am

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Qu'est-ce donc qui fait qu'un être est, et que tout être qui est, est?

La question, pour nous, doit se poser, d'abord, au sujet de ces mêmes êtres, que nous avons étudiés jusqu'ici sous leur raison d'êtres mobiles; puisque, à vrai dire, ce sont les seuls que nous connaissons d'abord, naturellement.

Nous avons vu ce qu'il fallait pour qu'ils soient les êtres mobiles qu'ils sont, en effet, comme en témoigne tout ce que nos sens constatent dans le monde de la nature au milieu duquel nous vivons et auquel nous appartenons nous-mêmes. Mais si nos sens témoignent, irréfragablement, que ces êtres sont des êtres mobiles, c'est-à-dire des êtres à dimensions, avec toutes les modifications ou les changements qui les
affectent, d'où la raison philosophique a dégagé la grande doctrine de la matière et de la forme et des transformations substantielles, ils témoignent aussi, non moins irréfragablement, qu'ils sont, dans la mesure même où ils sont, sous leur raison d'êtres mobiles. Il faut donc que la raison philosophique, couronnant son étude, s'enquière, à leur sujet, de ce qui les fait être, de ce qui fait qu'ils sont.

Il est vrai qu'un premier regard superficiel pourrait faire croire qu'en ayant, au sujet de ces êtres mobiles, la raison de leur être comme tels, c'est-à-dire comme êtres mobiles, on a, du même coup, la raison de leur être pur et simple.

Puisqu'ils sont des êtres mobiles, ils ne sauraient être sans être des êtres mobiles. Et donc, semble-t-il, nous avons la raison de leur être, par le seul fait que nous avons leur raison d'êtres mobiles.

Conclure ainsi serait confondre la science du philosophe de la nature avec la science du philosophe tout court; ce serait confondre la Physique, au sens aristotélicien de ce mot, avec la Métaphysique.

Or, une distance infinie les sépare…

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Message  Louis Jeu 02 Fév 2012, 2:31 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Or, une distance infinie les sépare. C'est pour les avoir confondues que les anciens philosophes naturalistes s'étaient mis dans l'impossibilité de rien discerner comme réalités en dehors du monde matériel. Si, en effet, ce qui explique l'être mobile explique l'être tout court, il s'ensuit que tout être devra se confondre avec l'être mobile. Et, du même coup, se trouve ruinée toute Métaphysique distincte de la Physique.

Il faut donc, avec le plus grand soin, discerner par la raison philosophique, dans les êtres mobiles eux-mêmes, ce qui explique qu'ils sont, distinctement de ce qui explique qu'ils sont ce qu'ils sont, c'est-à-dire des êtres mobiles.

Dès là qu'il s'agit d'être, pour tout être qui est, il s'agit d'acte, au sens aristotélicien de ce mot. L'acte se prend ici, en effet, pour le fait d'être, ou, plus exactement, pour cela même qui fait être, non pas au sens de cause efficiente, produisant l'être en un sujet distinct de l'être qui agit; mais au sens de cause formelle, ou de principe portant l'être avec soi, et, si l'on suppose un co-principe potentiel, communiquant cet être à ce co-principe. Par où l'on voit que, pour tout être qui est, ce qui expliquera qu'il est, sera ce qui en lui a raison d'acte ou de forme.

Et donc, si tous les êtres qui sont, quelle que soit leur différence par rapport à ce qu'ils sont, conviennent en ce qu'ils sont, c'est en raison d'un certain acte qui les actuel. L'acte, voilà le dernier mot de tout, quand il s'agit d'être. L'être se mesure à l'acte, toujours à prendre ce mot dans son sens métaphysique aristotélicien.

Nous pouvons maintenant préciser…

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Message  Louis Ven 03 Fév 2012, 8:21 am

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IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Nous pouvons maintenant préciser, dans les êtres mobiles étudiés jusqu'ici, ce qui explique leur raison d'êtres mobiles, et ce qui explique leur raison d'êtres, ou ce qui fait qu'ils sont, distinctement de ce qui fait qu'ils sont ce qu'ils sont. Ils sont, parce qu'il y a en eux un certain acte. Ils sont ce qu'ils sont, c'est-à-dire des êtres mobiles, parce que l'acte qui est en eux est un acte mêlé de puissance. Et ils sont d'autant plus mobiles, c'est-à-dire soumis au changement et à des changements d'autant plus profonds, qu'en eux la puissance est davantage mêlée à l'acte. Comme, aussi, ils sont d'autant plus êtres, c'est-à-dire élevés dans la hiérarchie du réel ou de la perfection, qu'ils ont plus d'acte, ou une forme plus élevée au-dessus de la matière qui est puissance pure.

De là vient que, dans cette hiérarchie, l'être humain occupe la première place en excellence et en dignité. Sa forme, en effet, ou son acte, bien qu'en fonction de la matière qui doit lui être unie essentiellement pour constituer l'être humain, domine cette matière ou cette puissance, au point que l'être qu'elle lui communique et qu'elle porte avec elle ne dépend pas de cette matière ou de cette puissance pour subsister. Elle porte avec elle assez d'être, elle est assez en acte, pour ne pas dépendre de cette matière ou de cette puissance dans le fait d'être. Et voilà pourquoi, même unie à la matière, elle a une opération qui lui appartient en propre. Il est vrai qu'unie à la matière elle exerce naturellement cette opéra- tion avec le concours de la matière d'ailleurs organisée à cette fin. Mais, considérée en elle-même, cette opération est abstraite de toute participation organique. Elle est purement immatérielle.

Voilà donc…

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Message  Louis Ven 03 Fév 2012, 12:21 pm

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IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Voilà donc, jusque dans le monde physique, dans le monde de la nature ou des corps, dans le monde des êtres mobiles, un être, l'être humain, qui est par un principe d'être émergeant au-dessus de ce monde sensible, matériel, physique, mobile, corporel. Ce principe d'être fait tout ensemble, dans l'homme, qu'il est, qu'il est corporel, qu'il est vivant, qu'il est sentant, qu'il est pensant. Il lui donne d'être pensant, mais d'être pensant, en dépendance de la sensation, de la vie végétative, de l'être corporel. En lui, se trouve une perfection d'être absolument transcendante, dont nous avons essayé de dire la splendeur. Toutefois cet être transcendant, se traduisant ou se manifestant par la vie de la pensée, est un être limité dans sa perfection, même dans sa perfection d'être pensant, à cause ou en raison de la puissance mêlée à son acte. L'homme, en effet, est un être mobile. Son acte ou sa forme, qui le fait être, n'est point, par nature et essentiellement, indépendant de la puissance ou de la matière. Elle est faite elle-même pour être unie à la puissance et à la matière. L'être qu'elle porte avec elle est fait pour subsister naturellement conjoint à une puissance et à une matière qu'elle doit actuer, à l'effet de constituer le tout qui s'appelle l'homme.

Il est trop évident qu'une telle forme, un tel principe d'être ne saurait être le dernier mot de tout dans le domaine de l'être. Si, dans le domaine de l'être mobile, elle marque le point sommet de la perfection ; dans le domaine de l'être, elle demeure essentiellement imparfaite. Elle implique, en effet, essentiellement, un rapport à la puissance qui doit lui être unie et qui la limite dans sa raison d'acte. L'être qu'elle est appelée à constituer est un être, qui, dans son être, dans sa nature, est un composé de puissance et d'acte. Il est un composé de matière et de forme.

Au-dessus de lui, dans le domaine de l'être…


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Message  Louis Sam 04 Fév 2012, 6:31 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Au-dessus de lui, dans le domaine de l'être, nous concevons une possibilité d'acte ou de forme, qui n'aura aucun mélange de matière ou de puissance conjointe quant au fait de subsister. Si la forme unie à la matière est principe d'être et amène la subsistance des êtres matériels ou mobiles, combien plus la forme indépendante de toute matière pourra être principe d'être et constituera, comme nature complète, dans sa subsistance parfaite, l'être idéal dont elle sera la forme ou le principe d'être !

L'être que sera cet être constitué, dans sa nature, par la forme subsistante, sera un être d'autant plus parfait qu'il sera pur de toute matière ou de toute puissance affectant sa nature. Il sera un être de forme pure. Dès lors, nui lien de dépendance ne le rivera à la puissance de la matière. Il n'aura pas à voir sa forme unie à la matière pour être. Et, par suite, il ne cessera jamais d'être par une séparation de matière et de forme, comme il arrive pour les êtres mobiles du monde des transformations substantielles. Il sera, essentiellement, à l'abri de toute dissolution, de toute destruction, de tout ce qui, pour nous, est la mort.

De même, pour sa venue à l'être, il ne présupposera point une série de transformations dont il ne serait que le terme final après une succession ascensionnelle plus ou moins prolongée, comme c'est le cas de l'être humain. Son être ne sera pas le fruit ou le résultat d'une ascension de la matière, puisque sa nature est totalement constituée par une forme indépendante et pure de toute matière. Cette forme viendra à l'être, non par éduction directe ou indirecte de la puissance qui lui serait unie et dans laquelle il faudrait que normalement elle subsiste, comme il arrive pour la forme de l'être humain. Elle viendra d'en-Haut, sans aucun rapport d'origine avec les êtres inférieurs du monde matériel.

Nous n'aurons donc pas à rechercher…


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Message  Louis Sam 04 Fév 2012, 2:39 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Nous n'aurons donc pas à rechercher ou à supposer en ces êtres, formes pures, les divers degrés ou les diverses formalités d'être que nous avons vus se superposer, parmi les êtres du monde des corps, depuis les éléments jusqu'à l'homme. Leur forme, étant libre de toute matière, n'a pas à actuer une matière préjacente à qui elle communiquerait, par degrés, toutes les perfections distribuées séparément dans la diversité des êtres inférieurs. A la différence de la forme de l'être humain qui portait, en elle, à l'état de pureté ou d'unité suréminente, la multiplicité des formes inférieures, suppléant, par sa vertu, à leurs formalités diverses, la forme des êtres immatériels n'aura, comme telle, ou sous sa raison de forme, aucun rapport à la matière. Elle appartient à un autre monde. Son être ou plutôt l'être du sujet dont elle constitue la nature n'est plus du monde des corps, ou du monde des êtres mobiles, du monde physique. Il est du monde des êtres immatériels, du monde des êtres qui sont purs de toute matière dans leur être, qui, par suite, ne sont qu'êtres, non êtres mobiles, et qui constituent, proprement, le monde métaphysique.

Ces êtres-là dépassent, en perfection, sans proportion aucune, les êtres du monde des corps. Il s'ensuit qu'ils posséderont en eux, suréminemment, toutes les perfections qui nous sont apparues comme apportées par les diverses formes des êtres corporels, à la seule réserve que ces perfections existent indépendamment de la puissance qu'est la matière. Telle, en plus de la perfection d'être, commune à tout ce qui est, la perfection qui s'est manifestée à nous dans l'ordre de la vie : non point la vie à son premier degré, qui est celui de la plante, ni même à son second degré, qui est celui de l'animal; mais la vie de la pensée, que nous avons vue dans l'homme.

Toutefois…

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Message  Louis Dim 05 Fév 2012, 6:23 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Toutefois, cette vie de la pensée, bien que du même genre ou d'ordre strictement intellectuel, n'aura point, dans les êtres qui sont des formes pures, les caractères ou les conditions qu'elle a dans l'être humain.

Dans l'être humain, nous l'avons vu, même la vie de la pensée dépendait, en quelque manière, dans son exercice et dans ses conditions, des conditions de la matière ou du corps auquel la forme de l'être humain se trouve unie essentiellement. D'elle-même ou en elle-même, cette forme, quoique immatérielle et capable de produire l'acte de penser, n'avait aucune détermination à l'endroit de cet acte. Aucun objet de pensée n'est en elle de par sa nature, ou l'accompagnant par le seul fait qu'elle existe. Tous ses objets de pensée doivent lui venir du dehors par l'entremise des sens extérieurs et intérieurs qui sont liés à des organes corporels. Ils lui viennent par le procédé d'abstraction en vue duquel se trouve inhérente à la forme humaine une faculté spéciale que nous avons désignée sous le nom d'intellect agent. Quand, une fois, par le procédé d'abstraction, de l'image sensible a été dégagée, dans ses traits généraux ou essentiels, l'idée de l'objet perçu par les sens, cette idée s'imprime dans l'entendement réceptif et y devient principe formel de l'opération intellectuelle. À partir de ce moment, commence la vie de la pensée dans l'homme. Mais cette vie demeure toujours conditionnée par sa première origine. Il y a même ceci, nous l'avons vu, et ce n'est, du reste, qu'une conséquence du procédé d'abstraction naturel à l'être humain dans toute sa vie pensante, qu'il faut rapprocher les unes des autres ces notions, abstraites successivement et en allant du plus général au déterminé spécifiquement, pour arriver à une connaissance de moins en moins imparfaite. De là ces actes de jugement et de raisonnement qui rendent si lente, si pénible parfois, la vie pensante de l'être humain. C'est encore la nécessité de ces divers actes qui amène pour l'homme la possibilité d'erreur dans ce domaine de sa vie pensante.

Rien de semblable dans la vie de pensée qui est le propre des formes pures…

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Message  Louis Dim 05 Fév 2012, 12:00 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Rien de semblable dans la vie de pensée qui est le propre des formes pures.

Ici, nulle dépendance à l'endroit d'une matière ou d'un corps dont les organes devraient servir ces formes dans leur acte de pensée. Nulle dépendance, non plus, et en raison même de cela, à l'endroit du monde des corps ou des êtres distincts de ces formes pures pour aller puiser en eux leurs objets de pensée. Ces objets de pensée leur sont naturels, en ce sens qu'elles les portent avec elles et en elles du seul fait qu'elles existent. Ils doivent être, ils sont, de toute nécessité, dans l'ordre naturel, innés en elles. Et, parce qu'ils sont innés, qu'ils n'ont pas été puisés au-dehors par un procédé d'abstraction qui les aurait amenés d'une façon successive, graduée, étagée, si l'on peut ainsi dire, comme pour nous, allant du plus général au plus déterminé dans les raisons d'être, ils sont en elles, du premier coup, dans leur absolue perfection. Chacun d'eux porte avec lui toute la raison d'être dont il est susceptible ou qui le spécifie et l'actue soit en général, soit spécifiquement, soit même individuellement et avec toutes les particularités de son être. De là, pour ces formes pures, dans leur acte de pensée, une perfection absolue, leur faisant, en quelque sorte, épuiser leur objet, d'un seul coup, et rendant impossible, pour elles, dans l'ordre de leur connaissance naturelle, jusqu'à l'ombre même d'une erreur. Leur vie de pensée s'épanouit en pleine lumière.

Quel éblouissement! Et quelle perfection de vie pensante, comparée à la nôtre, qui cependant, et à très juste titre, nous apparaissait si belle, si transcendante, à l'endroit des degrés inférieurs de vie étudiés jusque-là! Ici, en effet, le caractère essentiel de la vie, qui nous est apparu et ne nous a plus quittés depuis le premier degré, se retrouve, mais à un degré de transcendance que même la vie de la pensée dans l'homme laisse si loin derrière lui.

Nous l'avons vu dès notre premier pas…


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Message  Louis Lun 06 Fév 2012, 6:29 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Nous l'avons vu dès notre premier pas dans le domaine de la vie ou notre première rencontre du premier degré de vie qui est celui de la plante ou du végétal, la vie se définissait par cette admirable parole de saint Thomas : « un mouvement par le dedans : motus ab intrinseco ». D'où nous pouvions conclure, tout de suite, que la perfection de la vie se mesurerait nécessairement à l'intimité du mouvement qui la caractérise.

Dès le premier degré, cette intimité existait ; sans quoi, nous n'eussions pas été dans le domaine de la vie. Mais elle n'était que partielle, si l'on peut ainsi dire. La vie de la plante consistait bien, en son centre, dans un mouvement intime ou intérieur. Mais ce mouvement dépendait du dehors, à son début, et, dans son terme, aboutissait aussi au dehors. De là son imperfection essentielle dans l'ordre de la vie.

Au second degré, qui est celui de l'animal comme être sentant, la vie nous apparaissait déjà plus intime. Le mouvement qu'elle constitue s'achevait au-dedans de l'être sentant, mais elle gardait l'imperfection première de dépendre du dehors dans son commencement. Et, même, dans son évolution, ce mouvement impliquait, dans le sujet où il s'achevait, une série de facultés se transmettant de l'une à l'autre le premier fruit vital venu du dehors.

Au troisième degré, qui est celui de l'homme, l'intimité devenait, sans comparaison, plus profonde. Ce n'était plus seulement dans le sujet lui-même que demeurait et s'achevait le mouvement vital. C'était encore dans la même faculté. Une seule faculté personnifiait ou concentrait tout le mouvement vital en ce qu'il avait de formellement humain. La vie de la pensée, qui spécifiait l'homme, se déroulait tout entière, en ce qu'elle avait de propre ou de spécifique, dans la seule faculté intellectuelle. Toutefois, dans ce qu'on pourrait appeler son préambule ou ses préparatifs, elle présupposait toute l'économie de la vie sentante et demeurait conditionnée par elle, même dans son fonctionnement propre et essentiel. Non seulement, dans cette vie pensante propre à l'homme, l'idée présupposait l'image et n'en était qu'une sorte d'émanation abstraite ou intellectuelle; mais encore, il fallait, pour que cette idée fût pleinement perçue, qu'elle demeurât toujours en dépendance ou en fonction de l'image. Si, donc, la vie pensante, dans l'homme, était, sans proportion, plus intime, et, par suite, plus parfaite, que tous les degrés de vie constatés jusque-là, elle ne laissait pourtant pas que de garder le caractère d'imperfection qui lui venait d'une origine étrangère à la pensée elle-même.

Dans la vie des formes pures…

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Message  Louis Lun 06 Fév 2012, 1:17 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Dans la vie des formes pures, toutes ces imperfections constatées jusqu'ici disparaissent. Avec elle, nous avons une intimité presque absolue. Tout le mouvement vital se déploie dans l'unique faculté intellectuelle qui caractérise ces formes pures; et s'y déploie en parfaite indépendance de tout principe subalterne ou extérieur qui aurait pour mission de fournir à ces formes pures l'aliment de leur pensée en agissant sur elles du dehors. L'aliment de leur pensée, de leur vie intellectuelle, est inhérent à leur nature. Elles le portent avec elles. Elles n'ont point à le puiser en quelque être ou sujet qui leur serait juxtaposé.

Du même coup, elles n'ont rien à acquérir, selon l'ordre naturel, en ce qui touche à leur vie de pensée. Dès le premier instant de leur être, elles portent tout, en elles, à l'état de lumière, jouissant à chaque instant, comme il leur plaît, de l'avoir intellectuel qu'elles possèdent parfait et pour jamais inaliénable.

A cette perfection dans l'ordre de la lumière, s'en joint une autre, qui lui correspond, dans l'ordre des mouvements affectifs inséparable de toute vie de connaissance. Nous les avions trouvés déjà, ces mouvements affectifs, dans le degré de vie qui est celui de l'animal. Avec une perfection plus haute, nous les avons trouvés aussi dans la vie propre à l'être humain. Seulement, en lui, ils devaient s'harmoniser avec les mouvements affectifs d'ordre sensible, puisque le propre de l'être humain est de vivre d'une vie de pensée conditionnée par la vie de sensation qu'elle présuppose et dont elle est normalement tributaire.

Le voisinage de ces deux vies et des mouvements affectifs…

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Message  Louis Mar 07 Fév 2012, 6:18 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Le voisinage de ces deux vies et des mouvements affectifs qui leur correspondent amène, dans l'homme, un état de vie affective qui lui appartient absolument en propre. Les êtres inférieurs à lui n'ont tous qu'un seul genre de mouvements affectifs. Et nous ne parlons ici que de l'animal; car il est le seul, des êtres inférieurs à l'homme, en qui se trouvent des mouvements affectifs surajoutés à ce qui, dans les êtres non doués de connaissance, porte le nom d'appétit naturel.
L'animal, dans l'économie de sa vie sensible, est susceptible de tous les mouvements affectifs qui se rattachent à cette vie et que nous avons vus se ramener aux onze passions. Quand ces mouvements se trouvent en lui, causés par un acte quelconque de connaissance sensible, sa nature d'animal se déploie selon l'ordre qui est le sien; et, comme cet ordre est le seul dans lequel sa nature d'animal ait à se déployer, tout est bien en lui, tout est dans l'ordre qui convient.

Pour l'homme, il n'en va plus de même. Les mouvements affectifs d'ordre sensible sont en lui et lui conviennent selon sa nature; mais il n'y a pas, dans sa nature, que ces mouvements affectifs d'ordre sensible. En lui se trouvent, dans une sphère plus haute, les mouvements affectifs que commande sa connaissance intellectuelle ou sa vie de pensée. Et cette vie de pensée, nous l'avons dit, est celle qui spécifie son être. C'est elle qui lui marque sa place distincte, le séparant de tous les êtres inférieurs à lui, avec lesquels il communique cependant par toutes les virtualités que porte en elle, dans sa formalité supérieure, sa forme propre d'être humain. Dès lors, il est de toute évidence que ce qui doit dominer, en lui, selon l'ordre requis par sa nature, ce sont les mouvements affectifs d'ordre intellectuel; et les mouvements affectifs d'ordre sensible doivent toujours demeurer subordonnés et soumis. Mais, dans cette même nature d'être humain, qui est la sienne, il se trouve que la partie sensible est la première intéressée ou mise en activité par son contact immédiat avec les réalités du dehors, d'où provient, nous l'avons vu, tout l'aliment de la vie de l'homme, même en ce qui est de sa vie pensante. Il suit de là que les mouvements affectifs d'ordre sensible sont de nature à prendre les devants dans la vie affective de l'être humain ; et à les prendre de telle sorte que les mouvements affectifs d'ordre intellectuel courront risque d'en être troublés dans leur jeu normal. D'où la possibilité de désordre dans la vie affective de l'être humain, tel que sa nature nous le présente.

Cette possibilité de désordre dans sa vie affective, inhérente à la nature même de l'être humain, en raison des deux genres de mouvements affectifs qui se trouvent en lui n'existera point dans la nature des formes pures…

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Message  Louis Mar 07 Fév 2012, 12:05 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Cette possibilité de désordre dans sa vie affective, inhérente à la nature même de l'être humain, en raison des deux genres de mouvements affectifs qui se trouvent en lui n'existera point dans la nature des formes pures.

Parce qu'elles sont des formes pures, elles n'ont, dans leur être, nous l'avons vu, aucun lien de dépendance à l'endroit du monde matériel. Et parce qu'elles sont, dans leur être, indépendantes de toute matière, leur agir non plus ne saurait, nous l'avons vu aussi, dépendre de cette même matière. Il est totalement d'ordre intellectuel.

Il s'ensuit que nous n'aurons point à supposer, en elles, comme dans l'être humain, un ordre de facultés sensibles avec les mouvements affectifs proportionnés. Dans les formes pures, en raison même de leur nature de formes pures, il n'y a et ne peut y avoir que les mouvements affectifs d'ordre intellectuel.

Et nous voyons, par là…

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Message  Louis Mer 08 Fév 2012, 5:55 am

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IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Et nous voyons, par là, ou nous entrevoyons à quel degré de perfection ou de sublimité se trouve la vie qui est la leur. C'est, au sens le plus formel ou le plus absolu, une vie de pensée pure. Tout est pur, en elles; c'est-à-dire sans mélange de matière. Leur être est pur; et c'est ce qu'exprime le nom même dont nous les appelons, quand nous les nommons des formes pures. Leur agir est pur aussi. Car il se mesure à leur être; et, puisque dans leur être ils ne dépendent pas de la matière, ils ne sauraient non plus en dépendre dans leur agir. Aucune action ou influence du monde extérieur corporel sensible n'est requise pour que s'exerce leur acte de pensée. Ils en portent en eux tous les éléments ou toutes les conditions. Cet acte de pensée est émis ou produit par la seule faculté intellectuelle, qui est une propriété de leur nature de formes pures. L'objet de cet acte, quand il s'agit de son objet naturel, est toujours présent au-dedans de la faculté qui doit le saisir et en vivre intellectuellement. Il est là, sans aucune dépendance à l'endroit d'objets extérieurs à la faculté intellectuelle qui auraient pour mission d'actuer cette faculté en imprimant en elle leur similitude ou leur ressemblance. Elles portent cette similitude, cette ressemblance, innée en elles, en parfaite harmonie avec tout ce qui est en dehors d'elles, mais sans que la présence ou l'utilisation de cette similitude, de cette ressemblance, implique ou exige une action quelconque de ce qui est ainsi en dehors d'elles se produisant en elles et les amenant à agir dans leur vie de pensée. Leur pensée est pure, absolument pure de toute action du monde extérieur sur elle. A la pureté de cet acte de pensée correspond une pureté égale dans l'acte de vouloir. Car cet acte, dans l'ordre naturel, est toujours en harmonie avec l'acte de pensée inaccessible à l'erreur. Aucun mouvement affectif d'ordre inférieur ou sensible ne saurait troubler, en elles, la pureté parfaite de leur vouloir.

Telle est la vie de la pensée pure…

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Message  Louis Mer 08 Fév 2012, 3:13 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Telle est la vie de la pensée pure, apanage des formes pures, qui doivent venir, dans l'échelle des êtres, immédiatement au-dessus de nous, êtres humains, dont la vie spécifique et propre, comme êtres humains, quelque parfaite qu'elle soit, sous sa raison de vie de pensée, demeure à une distance en quelque sorte infinie de la vie de pensée propre aux formes pures. Nous occupons le faîte du monde de la nature ou des êtres mobiles, des êtres physiques, corporels. Et, déjà, par le sommet de notre être, par cette vie de la pensée qui nous appartient en propre dans le monde de la nature, nous émergeons au-dessus de ce monde physique. Notre tête plonge dans un monde transcendant auquel nous appartenons aussi, d'une certaine manière. Car le principe formel de notre être, notre forme substantielle, bien qu'exigeant nécessairement, pour la perfection de l'être spécifique humain, son union à la puissance essentielle qu'est la matière, est déjà d'une qualité telle, dans l'ordre des formes substantielles, qu'elle porte en elle, pouvant le garder toute seule, l'être qu'elle communique à la matière ou au corps. Si elle n'est pas, au sens parfait et proprement spécifique, une forme pure, elle est cependant une forme qui peut subsister sans la matière et qui, même dans la matière, subsiste indépendamment de cette matière, ayant, par suite, une vie propre, qui est, précisément, sa vie de pensée. A ce titre, elle n'est déjà plus du monde des corps ou des êtres mobiles, matériels ; elle est du monde des esprits, du monde des formes pures, du monde proprement métaphysique.

Et c'est elle qui nous permet d'entrevoir les splendeurs de cet autre monde…


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Message  Louis Jeu 09 Fév 2012, 6:55 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Et c'est elle qui nous permet d'entrevoir les splendeurs de cet autre monde, où se trouvent des êtres qui n'ont plus rien, dans leur être, de la puissance de la matière, et qui sont, au sens plein, au sens parfait, au sens total, ce qu'est partiellement l'être humain, dans sa partie la plus haute, des formes pures.

Avec ces formes pures et en elles s'épanouit un nouveau degré de vie qui garde, sans doute, le trait commun, essentiel à toute vie, d'être un mouvement par le dedans, mais qui possède ce caractère dans un degré de perfection insoupçonné jusque-là. Ici, la perfection est tellement transcendante que la vie, la vie même de la pensée, déjà rencontrée dans l'être humain, apparaît comme d'un autre ordre. Tout ce qui, dans l'être humain, en était le côté préalable ou comme le préambule, savoir l'économie de la vie sensible et de ses facultés de perception, disparaît. Ce n'est plus par en bas ou du dehors et par voie ascensionnelle d'une matière prérequise que s'explique la perfection de cette vie. Elle s'explique en quelque sorte par elle-même. Elle a au-dedans d'elle-même tout ce qu'elle requiert pour s'épanouir selon tout le degré de perfection qui est le sien dans l'ordre naturel.

Cette vie de pensée, qui est toute de pensée pure…


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Message  Louis Jeu 09 Fév 2012, 1:21 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

IX. LA PENSÉE PURE (suite)
Cette vie de pensée, qui est toute de pensée pure, admettra, dans la sphère de sa pureté, et en montant toujours de degrés en degrés dans la perfection, une possibilité de progression indéfinie. La perfection, ici, se mesurera tout entière, au degré d'être que portera avec elle chaque forme pure subsistante. Et parce que le degré d'être que porte avec elle toute forme pure subsistante n'est conditionné que par elle, nullement par une puissance de matière qui le limiterait, il s'ensuit que la perfection ascendante de ces formes pures n'aura d'autre limite que ces formes pures elles-mêmes. Chacune d'elles épuisera sa propre perfection spécifique, cette perfection ne pouvant être distribuée ou participée en des individus que distinguerait, dans les limites de cette même espèce, la division d'une matière où la forme se trouverait reçue. Chaque forme pure est individuée par elle-même; et, par suite, absolument unique.

Mais, dans la sphère ou le domaine ou le monde des formes pures, ces formes pures, constituant chacune le tout de son espèce, pourront se multiplier dans les proportions mêmes où pourront aller, montant toujours vers le terme qu'aucune d'elles ne saurait atteindre, les degrés de perfection qui se rattachent essentiellement à la notion d'être. Car, de tout être, quel qu'il soit, dont on peut dire qu'il est tel être, ou qu'il a telle forme d'être, quelque pur d'ailleurs que soit cet être, ou plutôt quelque pure que soit, à l'endroit de toute puissance de matière, la forme de cet être, il n'en demeure pas moins qu'il a son être limité aux proportions de cette forme.

Et de tout être limité, quelque élevé ou quelque parfait qu'on le suppose, à l'Être sans limite, subsistant en lui-même, ou non reçu en une forme, la distance demeurera toujours infinie.

Mais nous devons maintenant fixer notre regard sur ce dernier sommet de toutes choses, le seul qui expliquera tout pour notre raison philosophique.

A suivre : X. LA PENSÉE SUBSISTANTE

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