Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET)

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Message  Louis Ven 30 Mar 2012, 12:07 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
Ce pouvoir souverain, quel est-il et quel peut-il être? sous quelle forme se présente-t-il et peut-il se présenter?

Nous connaissons la réponse de Jean-Jacques Rousseau. Le souverain n'est jamais et ne peut être que l'être collectif de tous les contractants du pacte social. D'un mot, le souverain, c'est le peuple, entendant, par là, l'ensemble ou l'addition de toutes les unités civiques ou de toutes les voix qui constituent la cité ou la nation. C'est au peuple, et au peuple seul, qu'appartient la puissance législative. Mais la puissance exécutive ou le gouvernement ne saurait jamais lui appartenir. Ceci est toujours le fait de particuliers, qui seront simplement les ministres du souverain. Le souverain ne s'occupe jamais du particulier, qui n'est point du ressort de la loi : tous les actes du souverain ne peuvent être que des lois.

L'unique souverain est le peuple; et il ne peut jamais se dépouiller de sa souveraineté : tout dépositaire particulier ne fait que gouverner en son nom, et il est révocable à merci. Le fondement de cette doctrine est toujours le sophisme de la volonté générale. Pour Rousseau, la volonté générale, seule souveraine, ne peut se traduire que par le corps du peuple.

« Le souverain, n'étant formé que des particuliers qui le composent, n'a ni ne peut avoir d'intérêt contraire au leur; par conséquent, la puissance souveraine n'a nul besoin de garant envers les sujets, parce qu'il est impossible que le corps veuille nuire à tous ses membres ; et nous verrons ci-après, qu'il ne peut nuire à aucun en particulier. Le souverain, par cela même qu'il est, est toujours tout ce qu'il doit être. » (Contrat social, I, ch. VII.)

Disons nettement que nous touchons ici au point central de l'équivoque mortelle inaugurée par Rousseau…

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Message  Louis Sam 31 Mar 2012, 7:42 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
Disons nettement que nous touchons ici au point central de l'équivoque mortelle inaugurée par Rousseau et qui est à la base de tout le droit politique moderne.

Du seul fait, disait Rousseau, que la cité est constituée, il n'y a plus, parmi les membres de la cité, de volonté particulière ; il n'y a que la volonté générale.

Et il suit de là, ajoutait-il, qu'aucun particulier n'a le droit de commander, en son nom. Seul le corps de la cité a ce droit : les particuliers, quels qu'ils soient, ne font que présider à l'exécution du commandement ou de la loi qui émane du seul souverain, le corps social; eux n'ont raison que de ministres.

Ces deux propositions, entendues comme il convient, peuvent avoir et ont, en effet, un sens excellent.

« Dès que la cité est constituée, il n'y a plus, pour les membres de la cité, de volonté particulière; mais seulement la volonté générale ».

Cela est très vrai, si l'on veut dire que nulle volonté particulière ne doit vouloir le bien particulier, au préjudice du bien général. Mais il demeure que chaque volonté particulière garde son libre jeu, et c'est même en voulant son bien particulier, en harmonie avec le bien général, qu'elle concourt à ce bien général.

« Il suit de là qu'aucun particulier n'a le droit de commander, mais seulement le corps social ».

Cela est vrai encore, si l'on veut dire que nul de ceux qui commandent ne doit se proposer son bien particulier, ou un bien particulier comme tel, mais le seul bien de ceux à qui il commande : et, s'il s'agit du souverain, le seul bien de tous; mais, précisément, ce bien de tous ne peut être obtenu que s'il est quelqu'un qui commande, et qui, en commandant, plie les volontés particulières à rechercher le bien commun. — Toute la question sera de trouver le meilleur mode de quelqu'un qui commande, pour obtenir ce résultat qui est de plier les volontés de tous à réaliser le bien commun.

Le bien de la cité ne peut être que…



Dernière édition par Louis le Mar 03 Avr 2012, 4:25 pm, édité 1 fois (Raison : Balise pour « femer » la citation.)

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Message  Louis Sam 31 Mar 2012, 1:37 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
Le bien de la cité ne peut être que si toutes les volontés conspirent à ce bien. Naturellement, elles ne le font pas. Il faut les y amener par la loi : qui montre à tous le bien commun à poursuivre ; et qui contraigne, au besoin, ceux dont le mauvais vouloir compromettrait ce bien.

Ceci est le propre d'un vouloir supérieur qui commande avec autorité , c'est-à-dire par droit de commander et ayant la force de contraindre à obéir , s'il est des volontés rebelles.

Ce droit de commander peut venir : ou de Dieu qui l'aura donné par intervention positive ; ou de la nature de la société : tel le régime populaire, à défaut de tout autre ; ou d'une convention, ou contrat, ou constitution, fixant par ceux qui en ont le droit, le peuple par exemple, que la cité aura tel mode de régime : aristocratique ou monarchique; ou par acceptation.

L'autorité, la vraie, — c'est la volonté de la raison ! ou plutôt la volonté du supérieur, qui commande, qui intervient au nom de la raison, au nom de Dieu, devant qui toute raison particulière et toute volonté particulière doit s'incliner !

Mais cela même nous met directement en présence du problème que pose la question qui nous occupe…

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Message  Louis Dim 01 Avr 2012, 12:10 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
L'autorité, la vraie, — c'est la volonté de la raison ! ou plutôt la volonté du supérieur, qui commande, qui intervient au nom de la raison, au nom de Dieu, devant qui toute raison particulière et toute volonté particulière doit s'incliner !

Mais cela même nous met directement en présence du problème que pose la question qui nous occupe. Ce problème est bien, en ce moment, le plus actuel, le plus aigu aussi, et, en même temps, le plus universel qui soit parmi les hommes.

Or, le croira-t-on, si nous disons qu'il a été posé, par saint Thomas, au XIIIe siècle, avec une netteté et une crudité qui serait à rendre jaloux le philosophe de Genève lui-même?

— Traitant de la vertu d'obéissance, saint Thomas débute par un article qu'il énonce en ces termes : Si l' homme est tenu d'obéir à l'homme?

— Jean-Jacques Rousseau et tous les théoriciens modernes qui dépendent de lui disent : non, à moins que, par un libre pacte, il n'ait lui-même aliéné sa volonté propre dans une volonté générale, qui, seule, a le droit de commander, mais qui a ce droit au sens le plus absolu, en vertu même de la renonciation des volontés particulières qui ont substitué à la leur cette volonté générale.

— Saint Thomas répond : oui, dans la mesure où la volonté d'un homme est inférieure à la volonté d'un autre homme.

Et voilà bien l'abîme qui sépare les deux doctrines…

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Message  Louis Dim 01 Avr 2012, 1:44 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
Et voilà bien l'abîme qui sépare les deux doctrines. — Pour Jean-Jacques et les modernes, la société humaine n'est composée que d'individus égaux, dont aucun n'a sur l'autre aucune supériorité de volonté, si ce n'est dans la mesure où il est ministre de la volonté générale, qui n'est jamais la volonté d'un homme ou d'un individu humain, mais la résultante de toutes les volontés particulières qui se sont fondues en elle.

— L'expression de cette volonté générale est ce qu'on appelle la loi. Il suit de là que l'homme n'obéit jamais à l'homme, qu'il n'obéit qu'à la loi.

— Fort bien, mais la loi, qui l'a faite et qu'est-elle sous sa raison même de loi? Ici encore, ici toujours, ici plus que jamais, il importe de ne pas s'arrêter à la sonorité des mots ou à l'emphase avec laquelle on les prononce, mais d'aller au fond, à la chose qu'ils signifient.

Qu'est-ce donc que la loi? — On nous répond : L'expression de la volonté générale. Et cette volonté générale, qu'est-elle? La délégation des volontés particulières qui ont abdiqué en sa faveur. Mais où se trouve-t-elle? comment s'exprime-t-elle? a-t-elle une règle, une norme qui légitime son expression, qui fasse que cette expression est juste : — car, enfin, toute expression de cette volonté générale est-elle de soi essentiellement juste ; ou peut-elle quelquefois ne pas l'être ?

Sortons de l'équivoque et allons au fond des choses. Alors, la loi nous apparaîtra : un ordre de la raison, en vue du bien commun, porté par celui ou ceux qui ont le soin de la communauté, et manifesté aux intéressés.

On le voit : la loi est en fonction de la cité…

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Message  Louis Lun 02 Avr 2012, 6:53 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
On le voit : la loi est en fonction de la cité. Elle est essentiellement un ordre, un ordre de la raison, une prescription sous forme de commandement exprès, et qui oblige, qui oblige universellement, dans la cité, tous ceux qui ont quelque rapport à l'objet prescrit par cette loi, — Il faut donc, pour qu'elle soit juste, que son objet soit raisonnable, en harmonie avec la saine raison. — S'il ne l'était pas, quelle que pût être la volonté qui l'édicterait, s'agirait-il de la volonté de tous sans exception, — une telle prescription n'en serait pas moins inique; et elle ne mériterait jamais le nom de loi : tel, par exemple, le cas d'une cité où tous les citoyens, même réunis en assemblée générale, ordonneraient l'abolition de tout culte de Dieu, ou le divorce détruisant le foyer.

Mais, il ne suffit pas, pour que la loi soit juste, qu'elle soit un ordre de la raison, ou qu'elle prescrive une chose en harmonie avec la raison. Il faut encore que la fin de cet ordre soit le bien commun. La loi ne peut pas se proposer le bien d'un individu, comme tel, ni le bien d'une famille ; ou d'un groupe d'individus, d'un groupe de familles. C'est le bien de tous, ou plutôt de l'ensemble, le bien de la cité, comme telle, que la loi doit se proposer. Elle est, en effet, directement en fonction de la cité. Et c'est dans la mesure où elle promeut le bien de l'ensemble, le bien de la cité, qu'elle est ce qu'elle doit être, sous sa raison de loi : car si toute loi doit être une prescription ou un ordre de la raison, tout ordre de la raison n'est pas une loi : l'ordre de la raison n'acquiert la raison de loi que s'il est pour le bien de l'ensemble. C'est là sa fin, sa raison d'être.

Mais cela encore ne suffît pas…

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Message  Louis Lun 02 Avr 2012, 1:56 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
Mais cela encore ne suffît pas. Il faut que cet ordre de la raison en vue du bien de l'ensemble émane de l'autorité légitime. Et nous voici, de nouveau, en face du problème essentiel d'où tout dépend dans la cité. Quelle est cette autorité qui doit intervenir? Qui est-ce donc qui a le droit de faire la loi? Mais c'est le supérieur; tranchons le mot : le souverain.

Il faut donc qu'il y ait un souverain, un supérieur, dans toute communauté d'êtres humains réunis en société. Sans souverain, sans supérieur, la société ne peut même pas se concevoir. Car la loi elle-même dépend de ce souverain, de ce supérieur : au point qu'elle n'est que par lui. Si tout autre que le souverain, que le supérieur, s'arrogeait le droit de faire une loi, — s'agirait-il, d'ailleurs, de quelqu'un qui ordonnerait une chose sage ou selon la raison et même en vue du bien commun, il n'en demeurerait pas moins que son acte serait sans valeur, sans autorité, qu'il ne constituerait pas une loi, qu'on n'aurait pas à lui obéir.

Par conséquent, le dernier mot de tout se ramènera ici à une question de supériorité et d'infériorité. Seul, un supérieur a le droit de commander; seul le supérieur souverain a le droit de commander en forme de loi : et nul, jamais, n'est tenu d'obéir qu'à celui ou à ceux qui ont autorité sur lui, c'est-à-dire qui ont, par rapport à lui, la raison de supérieur. Et qu'on le remarque bien, de supérieur, dans la raison même de volonté. L'obéissance implique essentiellement la subordination, la soumission d'une volonté inférieure à une volonté supérieure.

Il faut donc, de toute nécessité, pour l'existence de la cité, une autorité, et une autorité souveraine, — c'est-à-dire une volonté supérieure.

Cette volonté supérieure ne doit pas être confondue avec la volonté générale de Rousseau : car la volonté générale de Rousseau n'est qu'une pure abstraction.

Et…

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Message  Louis Mar 03 Avr 2012, 7:04 am

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IX. L'AUTORITE. — LA LOI (suite)
…la volonté générale de Rousseau n'est qu'une pure abstraction. Et s'il est vrai que, dans l'ordre spéculatif, une abstraction peut commander ou régir la raison ; dans l'ordre pratique, il faut une volonté devenue tangible qui puisse s'imposer et, au besoin, contraindre. Il faut une volonté d'homme, incarnée en des êtres humains.

C'est à cette volonté d'homme qu'on obéit; non à sa propre volonté : puisque aussi bien, même si notre volonté était contraire, il faut qu'elle se soumette.

— Mais d'où vient à une volonté d’homme le droit de s'imposer à d'autres volontés? d'où lui vient sa qualité de volonté supérieure? Rousseau dit : Aucune volonté d'homme n'est supérieure; elle n'est que ministre de la loi, expression de la volonté générale. — Ici encore, abstraction pure. — Et quand le sophiste ajoute que la volonté générale — seule souveraine — commande en vertu du droit que lui ont conféré les volontés particulières, librement aliénées à son profit et au leur — c'est encore de la pure abstraction : il raisonne dans le droit abstrait : c'est-à-dire que toute volonté droite doit, en effet, se considérer d'autant plus libre qu'elle se soumet à la droite raison.

Mais il ne s'agit pas de cela, quand nous nous enquérons de la volonté supérieure qui régit la cité. Il s'agit, ici, d'une volonté d'homme, ayant le droit de commander ou de faire la loi, et pouvant s'imposer à toutes les volontés qui relèvent de son pouvoir. — D'où vient ce pouvoir, à une volonté d'homme? Toujours de Dieu et uniquement : de façon immédiate, si c'est la volonté souveraine; de façon médiate, si c'est une volonté de supérieur subalterne. — En obéissant à toute volonté de supérieur légitime, c'est à Dieu que l'on obéit. — S'y soustraire, c'est se soustraire à l'ordre divin,

Tout régime juste vient de Dieu, quelle qu'en soit la forme, pourvu qu'elle soit légitime.

Nous nous en occuperons dans notre prochaine étude…
A suivre : X. LES FORMES DE RÉGIME

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Message  Louis Mar 03 Avr 2012, 12:41 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

X. LES FORMES DE RÉGIME
La cité nous est apparue, à la lumière de la saine raison, comme le prolongement naturel, requis par la nature même de l'être humain, de la famille, première société naturelle, absolument nécessaire, à la venue de l'individu humain et à son premier perfectionnement. Elle est un milieu humain nouveau, spécifiquement distinct, d'essence supérieure, formé par le groupement de familles et d'individus divers dont la diversité même, quasi infinie dans ses modalités, est la condition essentielle qui motive la cité, et qui sera, mise en valeur par le groupement lui-même que constituera la cité, la raison de son excellence, amenant ce rayonnement du bien de chaque individu et de chaque famille, accru d'ailleurs, dans des proportions sans mesure, par leur vie en commun, qui s'appelle par excellence le bien commun, et où chacun trouvera le moyen idéal de réaliser, selon ses modalités et ses possibilités propres, la perfection suprême requise par la nature de l'individu humain.

Pour que ce milieu soit et réalise pleinement sa fin, voulue par la nature, il ne suffira pas que les familles ou les individus se trouvent groupés; le seraient-ils d'ailleurs par un pacte ou contrat social plus ou moins chimérique. Bien plus, dans la mesure même où leur nombre et leur diversité croîtra, croîtront aussi, naturellement, étant donnée la complexité de l'être humain, les passions, les instincts, les intérêts du moment, les causes ou les occasions de heurt, de rivalité, de lutte, de désordre : au point que s'il n'était un moyen naturel d'y porter remède, au lieu du paradis rêvé, ce nouveau milieu serait un enfer.

Quel sera ce remède naturel? — La direction de la volonté générale ! répond le droit public moderne formé à l'école de Jean-Jacques Rousseau.

Fort bien ! mais qu'est-ce à dire ? — La volonté unanime ? La volonté collective? La volonté de la majorité?

Non pas : puisque…

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Message  Gérard Mar 03 Avr 2012, 3:27 pm


Le Père Pègues dans son "Aperçu de philosophie Thomiste donne comme définition du "Bien commun" "la vie en commun" de la société :
"....leur vie en commun, qui s'appelle par excellence le bien commun "
affraid

Or, il me semble qu'un "aperçu de philosophie thomiste" devrait être basé sur la philosophie de Saint Thomas.
Pour rappel voici la définition du "Bien Commun " Par Saint Thomas :

BIEN COMMUN selon saint Thomas :
Si donc la vie présente, le bien-être et la rectitude morale qu'elle comporte ont pour fin la béatitude céleste, il appartient en conséquence à la fonction royale de procurer le bien commun de la multitude, suivant une méthode capable de lui faire obtenir la béatitude céleste ; c'est à dire qu'il doit prescrire ce qui y conduit et, dans la mesure du possible, interdire ce qui y est contraire.

BIEN COMMUN selon le catéchisme politique du père ARGOS Théologien de référence d’Ecône.
QUESTION 20 –« Qu’est-ce que le bien commun ?
Le bien commun est la valeur objective qui mobilise la tendance socialisante de l’homme et est à l’origine de la société.
Le bien commun a les caractéristiques suivantes :
· Il est désiré et voulu par le grand nombre.
· Il peut être obtenu par l’action conjointe du grand nombre, c’est à dire par une action sociale.
· C’est enfin un bien qui contente le grand nombre.
On l’appelle commun pour cette triple relation simultanée au grand nombre.
Quelqu’il soit concrètement, il change dans chaque société. Il change de telle sorte que, grâce à lui, on peut déterminer et spécifier la société. »

Le père Argos ne donne pas une définition du bien commun, mais il nous explique que c’est ce qui est commun au grand nombre dans une société qui fait le bien commun de cette société et le Père Pègues affirme quant à lui que c'est "la vie en commun"
Ainsi toutes les sociétés ont poursuivi le bien commun même les plus perverties. Le bien commun serait alors la même chose que la volonté du grand nombre ou identique à toute vie en socité "la vie en commun"telle nommée par le Père Pègues.

Si l'on veut d’ailleurs que la République française ou la majorité des Etats actuels réalisent le bien commun, on ne peut pas définir le Bien commun comme étant « une méthode capable de faire obtenir la béatitude céleste … à la multitude ; c'est à dire un gouvernement qui doit prescrire ce qui y conduit et, dans la mesure du possible, interdire ce qui y est contraire. » sinon on serait obligé de constater que la République n’a réalisé que le contraire du bien commun. Alors qu’est-ce qu’on fait pour légitimer la République d’après le principe qu’un gouvernement légitime doit assurer le bien commun ? Eh bien la solution est facile on trouve des théologiens comme le père Argos ou le Père Pègues qui affirment que "le bien commun actuel" n’est pas le bien commun défini par la tradition ! affraid

Cependant, Beaucoup plus proche de nous la définition du Bien Commun a été réaffirmé par Léon XIII dans Rerum novarum de léon XIII :
« Sans nul doute, le bien commun dont l'acquisition doit avoir pour effet de perfectionner les hommes est principalement un bien moral. »

Il est donc absolument INDISCUTABLE que le Père Argos et le Père Pègues (et ils ne sont pas les seuls) disent N'IMPORTE QUOI pour définir "le Bien commun".... Sans doute pour faire en sorte que l'on puisse dire que tous les Etats maçons ont assuré ce "Bien commun"...et avec leur définition ça colle si on s'en tient à la VRAIE définition du Bien Commun définit par Saint Thomas et par Léon XIII, tous deux dans le même sens, on est obligé de reconnaitre qu'il n'y a jamais eu un Etat maçon qui a assuré "Le Bien Commun" et s'ils ont assuré quelque chose c'est "Le mal commun.
Voilà donc comment ils ont fait pour assurer le Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ en maintenant les Etats maçons...ils suffit de dire ou ce qui est la même chose, de laisser croire que les Etats maçons assurent "Le Bien commun" comme autrefois les Etats catholiques et HOP ! Tout va très bien Madame la Marquise...tout va très bien !

Pour paraphraser la définition Thomiste à la réalité de l'actualité :
Les Etats maçons ont procuré "le mal commun" de la multitude, suivant une méthode capable de lui faire obtenir l'enfer éternel ; c'est à dire qu'ils ont prescrit ce qui y conduit et, dans la mesure du possible, ils ont interdit ce qui y est contraire.
Et si l'on paraphrase la définition de Léon XIII sur la manière d'agir des Etats maçons...ça donne cela !
« Sans nul doute, le mal commun des sociétés démocratiques et maçonnes dont l'acquisition doit avoir pour effet de pervertir les hommes est principalement un mal moral....et pas des moindres ! »

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Message  Gérard Mer 04 Avr 2012, 1:51 am

Si l'on en reste à l'individu, il est clair que s'il est catholique sa foi est parfaite, parfaite dans le sens qu'elle colle parfaitement à la foi de l'Eglise puisqu'il croit TOUT ce que l'Eglise enseigne.
Cependant, cet individu catholique peut bien faire partie de la majorité des catholiques adultes...qui vont en enfer...parce qu'ils n'ont presque RIEN Fait de ce qu'ils ont cru!

Maintenant si on regarde d'une manière universelle la Vérité enseignée par l'Eglise, elle est aussi parfaite et même bien plus parfaite que celle de l'individu catholique puisqu'elle est infaillible.
Cependant, cette Vérité infaillible a été plus ou moins appliquée...même dans les Etats Catholiques....l'exemple des plus frappant est le refus de l'application du Concile de Trente par les gouvernements de Catherine de Médicis et de ses fils pourris.

Il me semble sur ce forum que l'on se satisfait pleinement que la Vérité infaillible ait été dite et semble-t-il peu importe qu'elle ait été appliquée ou non. Et aujourd'hui même où s'est installé universellement le Règne social universel du démon, il me semble entendre chanter "Cocorico" parce que toute la Vérité a DEJA été dite et qu'il suffirait de la redire pour renverser le Règne universel du Démon et retrouver le Règne social de J-C.

Le seul débat que je vois sur ce forum et qui intéresse quelques personnes, c'est le débat sur le NNazisme...les uns pensent que par ce gouvernement s'est faite la reconquête du Règne social de J-C et les autres, infiniment plus aveuglés encore, pensent que ce sont les Etats qui ont combattu le NNazisme qui ont été les acteurs de la reconquête du Règne social de J-C...Il faut reconnaître que ces derniers ont le vent de Rome dans les voiles puisque le NNazisme a été condamné dans la même semaine avec le Communisme intrinsèquement pervers (si donc le second était intrinsèquement pervers, le premier tombait inévitablement sous la sentence minimale de "pervers) et que JAMAIS les Etats maçons n'ont été même suspectés par Rome...ce qui semble faire d'eux les bons élèves du Règne social de J-C !

Mais effectivement si tout a été dit et que l'on en conclut que parce que tout a été dit, tout a été fait...il n'y a plus qu'à redire ce qui a été dit et ce qui semble parfait c'est que tout ce qui a été dit était et demeure infaillible...donc il n'y aurait qu'à redire ce qui a été dit et SURTOUT ne pas s'inquiéter de ce qui a été fait...ou pas fait de ce qui a été dit.

Solution :
TOUS les textes en lignes et si ce qui est infaillible n'est pas suffisant et bien on rajoute TOUT ce qui a reçu une approbation, imprimatur et Nihil obstat !
Et SURTOUT, SURTOUT, dans ce qui a été dit d'infaillible...il faut TOUT regarder comme si TOUTES ces vérités infaillibles avaient été appliquées.

En fait TOUT devrait être parfait...le seul problème (mais je pense que ce n'est pas un problème pour la plupart) c'est que l'on est arrivé AVEC TOUTE CETTE PERFECTION THEORIQUE... au Règne universel du Démon que TOUS, nous ne pouvons QUE constater aujourd'hui !

Mais il semble qu'il pourrait y arriver ENCORE PIRE !
C'est si quelqu'un voulait regarder EN FACE et constater que presque RIEN de ce qui a été dit n'a été fait par ceux qui ont si bien dit !

Un constat même des meilleurs papes contemporains, c'est celui de Saint Pie X qui affirme que son autorité ne dépasse pas les limites de sa chambre (donc même pas sur les prélats qui sont à sa cour).
Si Saint Pie X constate cet échec cuisant, il ne dit pas qu'il a une quelconque intention de reconquérir son pouvoir perdu ! Vous conviendrez que ce pape comme tous les autres ont toutefois parfaitement rappelé la juridiction universelle du pape sur toute l'Eglise comme une vérité infaillible et indiscutable.
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Message  gabrielle Mer 04 Avr 2012, 7:38 am

Bonjour!

Pourrais-je avoir la référence de Saint Thomas. ( merci)

Le Christ règne malgré ses ennemis... n'a-t-il pas dit : le prince de ce monde va être jeté dehors...

Le saint Roi David: Le Seigneur a règné du haut de la croix...( ou du bois, ma mémoire défaille Embarassed )

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Message  Louis Mer 04 Avr 2012, 11:12 am

gabrielle a écrit:Bonjour!

Pourrais-je avoir la référence de Saint Thomas. ( merci)

Le Christ règne malgré ses ennemis... n'a-t-il pas dit : le prince de ce monde va être jeté dehors...

Le saint Roi David: Le Seigneur a règné du haut de la croix...( ou du bois, ma mémoire défaille Embarassed )


A propos du saint Roi David (Ps 95, 10):

Vieux Missel (1951), Samedi in albis a écrit:
Dícite in géntibus: quia Dóminus regnávit a ligno.

Dites parmi les nations: le Seigneur a régné par le bois.

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Message  Louis Mer 04 Avr 2012, 11:17 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Fort bien ! mais qu'est-ce à dire ? — La volonté unanime ? La volonté collective? La volonté de la majorité?

Non pas : puisque tout cela peut être une volonté particulière ou de parti, destinée, au contraire, à ruiner la cité. — La volonté générale, c'est la volonté qui n'a de vouloir que pour le bien commun ou l'intérêt général, qui ne veut le bien particulier que pour autant qu'il se retrouve dans le bien commun ou le bien de l'ensemble.

Ainsi comprise, Aristote et saint Thomas l'ont connue, cette volonté générale! Elle ne date point de Rousseau! L'usage qu'en a fait ce dernier, au contraire, n'a servi qu'à créer l'équivoque à laquelle s'est laissé prendre le monde moderne dans son droit social.

Et, en effet, la loi — expression de la volonté générale — qui, pour Rousseau, était toujours juste, sans possibilité d'injustice, et à laquelle tous, sans aucun recours possible, sont tenus d'obéir, n'étant, du reste, tenus d'obéir qu'à elle, non à un homme ou à des hommes, quels qu'ils puissent être, — cette loi se confond avec la saine raison elle-même, qui n'est point la raison de tel individu humain ou de tels individus humains, mais la raison en soi, comme la volonté générale était la volonté en soi, toujours juste, comme la raison est toujours saine. Or, nous le savons bien, la loi, dans le droit social moderne, n'est pas cela ; c'est la prescription formulée par la majorité, — à laquelle, sans aucun recours possible, sont soumis tous les particuliers.

Voilà donc la volonté générale et la loi identifiées à la majorité et aux prescriptions de cette majorité ; tour de passe effroyable, que Rousseau lui-même aurait dû désavouer.

Sa volonté générale et sa loi, mais ce n'est pas autre chose, entendues en leur sens premier et vrai, que la volonté ou les volontés dont le vouloir est réglé par la vertu de justice — de justice légale ou générale !

Encore est-il qu'il y a ici, dans le langage de Rousseau…

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Message  Louis Mer 04 Avr 2012, 2:14 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Sa volonté générale et sa loi, mais ce n'est pas autre chose, entendues en leur sens premier et vrai, que la volonté ou les volontés dont le vouloir est réglé par la vertu de justice — de justice légale ou générale !

Encore est-il qu'il y a ici, dans le langage de Rousseau, une confusion déplorable, elle-même nid et occasion de l'équivoque transformée en premier principe de droit moderne. Elle consiste à dire que la loi est l'expression de la volonté générale. Non ! car la volonté générale doit être la volonté de tous, — de ceux qui font la loi et de ceux qui obéissent à cette loi. — Ce n'est pas de la volonté générale, comme telle, que la loi, même la vraie loi, la loi toujours juste, la loi parfaite, sera l'expression. C'est de la volonté générale de ceux qui, dans la cité, ont de faire la loi : — et ce n'est point sous la raison de volonté qu'ils feront la loi, comme telle, ce sera sous la raison de prudence : prudence, nous aurons à le dire dans notre prochaine étude, qui ne sera qu'en eux et non en ceux qui doivent obéir: ceux-ci devant en avoir une autre spécifiquement distincte.

Lors donc que nous cherchons le moyen naturel, voulu par la nature, de remédier aux causes de désordre inhérentes aux éléments humains qui doivent constituer, par leur groupement, la cité, ce n'est pas à la volonté générale qu'il faut en appeler. La volonté générale est l'idéal qu'il faut réaliser ; ce n'est pas le moyen. Rousseau a confondu le but et le moyen.

Le moyen dont il s'agit, c'est bien une volonté, puisque nous nous enquérons des conditions du groupement d'êtres humains, et qu'il s'agit de mouvoir ces êtres humains, comme tels, c'est-à-dire comme êtres raisonnables; donc, en agissant sur leur volonté : non par mode de conseil, ou par mode de persuasion, ou par mode de prière, comme il arrive d'égal à égal, ou d'inférieur à supérieur ; mais par mode de loi, par mode de commandement : avec force coactive, droit et possibilité de contrainte par le châtiment, si la volonté ne se soumet pas ; — donc selon qu'il arrive de supérieur à inférieur.

Et voilà bien le mot que nous cherchions : ce n'est point la volonté générale qui régit la cité; c'est la volonté supérieure; la volonté du supérieur.

Oui, mais…

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Message  Gérard Jeu 05 Avr 2012, 2:07 am

gabrielle a écrit:Bonjour!

Pourrais-je avoir la référence de Saint Thomas. ( merci)

Le Christ règne malgré ses ennemis... n'a-t-il pas dit : le prince de ce monde va être jeté dehors...

Le saint Roi David: Le Seigneur a règné du haut de la croix...( ou du bois, ma mémoire défaille Embarassed )


Il s'agit du "De Regno" attribué à St Thomas d'Aquin.

Vous dites, chère Gabrielle :
Le Christ règne malgré ses ennemis... n'a-t-il pas dit : le prince de ce monde va être jeté dehors...

Que le Christ ait la puissance de Régner sur le démon et sur tous ses ennemis, cela ne fait aucun doute. Alors que Saint Pierre sort l'épée, il lui dit qu'il pourrait sur le champ commander à 12 légions d'anges de le délivrer !
De même que le Christ règne "en droit" malgré ses ennemis, c'est une autre évidence.

Mais faut-il oublier que le Christ veut règner par l'amour et que ce soit nos volontés libres qui se soumettent à nous...régner de cette manière sur les individus comme sur les sociétés...Or, si l'on regarde cet aspect, actuellement le Christ ne règne pas sur le monde mais c'est le démon et ses suppôts qui ont réussi à établir leur règne universel sur la terre.

D'autre part, la spiritualité chrétienne nous OBLIGE à demander à Dieu ce Règne effectif de J-C sur la terre :
Tout d'abord, selon la prière que J-C a composé pour nous à l'adresse de son Père :
"Que votre Règne arrive"
"Que votre Règne arrive"...dans le sens que Sa volonté soit faite...puisque c'est de cette mention qu'est suivie la demande du Règne de J-C.
Est-ce que la Volonté de Dieu se réalise sur la terre...et si elle se réalisait indépendamment de nous pourquoi alors J-C nous demande d'en faire la requête à son Père.
De même les prières liturgiques, les rogations, les antiennes liturgiques nous obligent à demander la paix pour l'Eglise et son exaltation.
L'Eglise est-elle dans la paix et l'exaltation au point que nous n'ayons rien à demander à Dieu sur ce sujet-là...et d'ailleurs pourquoi ces prières ?

Je suis vraiment désolé de votre attitude sur ce sujet, chère Gabrielle et je vous donne comme seule excuse l'erreur commune sur ce sujet.
En effet des auteurs ecclésiastiques patentés ont voulu surlégitimer l'impossible légitimation des Etats maçons qui installaient sous leurs yeux le règne du démon et ils ont travaillé alors à ce sophisme :
"Le Christ règne en droit ...donc Il règne en fait "(et ils ont cru pouvoir rigoler de la puissance dont s'emparaient les Etats maçons qui ont fini à les bouffer tout cru et c'est nous qui en avons payé les pots cassés.

Pour exemple du sophisme dont je viens de parler, je donne un ouvrage qui a été nommé pompeusement " : Catéchisme des droits divins dans l’ordre social"
par le Père A. Philippe, C SS. R. Jésus-Christ Maître et Roi ! :


Jésus-Christ fit-il connaître les intentions de la Trinité au sujet de son pouvoir royal ?

Jésus-Christ avec une majesté toute divine, devant le monde entier et devant tous les siècles, déclara : « Tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la terre. » Remarquez que le pouvoir dont Il parle Lui a été donné, il n’existe donc plus sur la terre d’autre pouvoir que celui du Christ. Le pouvoir des Rois, des princes, de toute autorité constituée est le pouvoir du Christ. C’est ce qui explique la parabole de Saint Paul : « Non est potestas nisi a Deo »Voici la genèse du pouvoir. Tout pouvoir vient de Dieu et ne peut venir que de Lui. Tout pouvoir a été confié au Christ ; donc tout pouvoir passe par le Christ et vient du Christ.

Pouvez-vous déduire de là que Jésus-Christ exerce un pouvoir vrai sur toute société ?

La réponse de cette question est nettement affirmative. D’abord comme dit Léon XIII, l’autorité appartient essentiellement à toute société. Sans autorité pas de société. Toute société est régie par l’autorité. Etablissez un rapprochement entre ces vérités et vous aboutirez à la conclusion suivante : l’autorité qui se rencontre dans une société ou dans un pays est donnée par Jésus-Christ ; elle relève et dépend de Jésus-Christ. Donc cette autorité est nécessairement de telle nature qu’elle devra être soumise au Christ. Par le fait même, Jésus-Christ est le vrai roi des sociétés, dont l’autorité Lui appartient.


Il est facile de déduire de l'enseignement du Père A. Philippe :
Petit UN :
« Tout pouvoir vient de Dieu et ne peut venir que de Lui. Tout pouvoir a été confié au Christ ; donc tout pouvoir passe par le Christ et vient du Christ. »
Petit DEUX :
« Sans autorité pas de société. Toute société est régie par l’autorité »
Petit TROIS :
« l’autorité qui se rencontre dans une société ou dans un pays est systématiquement donnée par Jésus-Christ...même quand le premier dogme de ces société consiste à affirmer que leur pouvoir ne leur vienne surtout pas de Dieu »
Petit QUATRE :
« Jésus-Christ est le vrai roi des sociétés, dont l’autorité Lui appartient. »

Dorénavant on devrait dire ainsi le Pater :
Notre Père qui êtes au Cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre Règne arrive….
oh pardon, mon Dieu, je viens de commettre une erreur, avec cette vision politique… votre Règne est arrivé. Oui, vos ennemis règnent comme jamais où jadis vous avez régné et la plupart de vos partisans estiment que vous n’avez jamais si bien régner sur le monde.

CONCLUSION

Toutes les autorités qui s’exercent et tous les gouvernements sont légitimes. Elles exercent toutes un pouvoir qui leur est donné par Jésus-Christ et ainsi hier, comme aujourd’hui, comme demain avec l’Antéchrist « Jésus-Christ est le vrai roi des sociétés ». Il n’y a plus rien à désirer de ce côté-là, on est rentré dans la béatitude. « Que Votre volonté soit faite au Ciel comme elle se réalise déjà sur la terre…Ainsi soit-il. »

Je suis vraiment désolé si vous ne comprenez pas une chose si simple !

Il faudrait regarder la position de Saint Thomas sur ce même sujet (et qui, évidemment n'a rien à voir)... sur le pouvoir éventuel des infidèles et des apostats sur les fidèles mais mon post serait trop long !
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Message  Louis Jeu 05 Avr 2012, 6:35 am

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Oui, mais quelle sera cette volonté supérieure, ayant le droit et le pouvoir de commander, de se faire obéir.

C'est, évidemment, la volonté souveraine; en dernier ressort, la volonté du souverain.

Très bien ; mais ce souverain quel est-il? Ici encore nous avons trouvé Rousseau et son équivoque néfaste. Le souverain, disait-il, c'est le peuple, c'est le corps des particuliers formant la collectivité. — Ce souverain se justifie par lui-même :

« il n'a nul besoin de garant envers les sujets : parce qu'il est impossible que le corps veuille nuire à tous ses membres ; et il ne peut nuire à aucun en particulier. Le souverain, par cela seul qu'il est, est toujours tout ce qu'il doit être ».

Où sommes-nous? Dans l'abstrait? dans le concret? — Dans l'abstrait, le corps social, assimilé à un corps physique, doit nécessairement vouloir le bien de ses membres, devant vouloir son bien qui n'est autre que celui de ses membres.

Mais où est la volonté de ce corps social? Le corps social n'est que le groupement d'êtres voulants particuliers ; ce n'est pas un tout substantiel; c'est un groupement de tout particuliers, ayant, chacun, sa volonté pour soi. La volonté pour le corps, n'existe nulle part ; elle ne peut exister que dans les individus eux-mêmes, dont la volonté particulière aura été sublimée, par la vertu de justice légale, à vouloir le bien de l'ensemble.

Cette volonté ainsi sublimée existe-t-elle, de soi, et par soi, dans tous les individus? — Elle n'existe, par soi et de soi, en dehors de la vertu qui la fait telle, dans aucun.

Il faut donc sortir de la chimère d'un souverain idéal — qui serait toujours tout ce qu'il doit être.

Ce souverain n'existe pas….


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Message  Louis Jeu 05 Avr 2012, 12:17 pm

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Ce souverain n'existe pas. Le souverain réel doit être cherché parmi les êtres réels voulants. Où sera-t-il? où pourra-t-il être? où sera-t-il bon qu'il soit? où sera-t-il mieux qu'il soit?

Voilà la question.

Il sera en toute volonté pouvant s'imposer aux volontés qui ne sont pas la sienne, étant supérieure par rapport à elles, celles-ci lui étant inférieures : elle ayant le droit, le pouvoir de commander; les autres ayant le devoir d'obéir.

Mais comment ou en vertu de quel droit cette volonté pourra-t-elle s'imposer aux autres et les faire obéir?

Comment? en vertu de quel droit? Mais en vertu de sa supériorité Supériorité de raison? Il le faudrait; mais cela ne sera pas toujours. Ce serait l'idéal, dont il n'est possible que d'approcher. Et, d'ailleurs, la supériorité de raison ne suffirait pas. II faut, pour commander, une supériorité de force, sans quoi le commandement sera vain; et ne pourra être qu'un désir, ou un conseil.

Il faut une supériorité de force : où sera-t-elle ? et qui l'aura?

Comme il s'agit du fait, nous ne pouvons pas en appeler, ici, aux principes. Il faut voir ce qui est, ce qui a été. Or, comment existe, comment a existé, parmi les hommes, dans les cités ou les nations, la supériorité de force qui fait qu'une volonté humaine a pu ou peut commander, en souveraine, aux autres volontés, et se faire obéir?

Cette supériorité a existé et existe encore et pouvait, en effet, exister de multiples manières, ou sous des formes multiples….

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Message  Louis Dim 08 Avr 2012, 12:13 pm

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Cette supériorité a existé et existe encore et pouvait, en effet, exister de multiples manières, ou sous des formes multiples.

Elle pouvait exister, par définition, et elle a existé, en effet, elle existe encore sous une triple forme — que nous pouvons considérer, chacune à l'état pur, si l'on peut ainsi s'exprimer, ou à l'état mixte.

D'abord, à l'étal pur. — Une première forme est celle qui consiste dans la volonté de tous, c'est-à-dire de toutes les unités civiques qui composent le corps social, cité ou nation. Sous cette forme, la volonté souveraine n'est pas autre que la volonté de tous, non pas selon qu'on les considère distincts ou séparés, mais selon qu'ils se trouvent groupés et formant actuellement un tout s'exprimant et agissant en commun. Il est évident qu'en pareil cas, les individus pris à part sont inférieurs à ce tout, et que le tout a la force de contraindre les particuliers à obéir.

Une autre forme est celle qui consiste dans la volonté de quelques-uns. Ici, ce n'est pas de soi, qu'une telle volonté pourra être souveraine ; c'est par un concours de circonstances pouvant varier à l'infini : services rendus; richesses; occasion ; ou même choix de la multitude, qui renonce à son droit primordial, estimant que l'autre mode lui sera plus utile et servira mieux le bien commun, loi suprême de tout dans la cité.

Une autre forme encore pourra exister. Elle consistera dans la volonté d'un seul. Comme pour la forme précédente, celle-ci n'existera pas de soi. Mais elle aura pu être amenée par des circonstances très variées, dont quelques-unes se ramèneront à celles que nous venons de signaler pour la constitution de la forme précédente.

Il se pourrait d'ailleurs que soit pour cette forme de souveraineté, soit pour les précédentes, sa constitution ou son institution du début fût une sorte d'usurpation : dans ce cas, elle n'aurait rien de légitime à son début. Mais, par la suite, il se pourrait qu'elle devînt légitime; et, pour peu qu'elle dure, il sera fatal qu'il en soit ainsi : car ne serait-ce que par lassitude, sinon par reconnaissance pour les services rendus, ou encore par une sorte d'intérêt plus ou moins avouable et avoué, la volonté des subordonnés, qui, d'abord, n'aurait fait que subir le joug, ne pouvant se secouer, finira par accepter et y consentir.

Mais, ici, de nouveau, J.-J. Rousseau nous arrête et nous déclare que…

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Message  Louis Dim 08 Avr 2012, 2:17 pm

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Mais, ici, de nouveau, J.-J. Rousseau nous arrête et nous déclare que jamais le peuple ne peut renoncer à sa souveraineté; que cette renonciation, si elle se produisait, serait illégitime, invalide, inefficace.

Et ici, encore, ici toujours, c'est le sophisme et l'équivoque.

Le peuple ne peut renoncer à sa souveraineté. — Si cela veut dire qu'il ne peut pas cesser d'être la raison de la souveraineté, c'est-à-dire que le pouvoir souverain n'a de raison d'être que pour promouvoir le bien du peuple, entendu au sens du bien commun, ou du bien de l'ensemble dans la cité ou la nation ; c'est très vrai. C'est vrai, aussi, en cet autre sens, que la première forme de souveraineté et la dernière, qui demeure toujours comme ressource suprême et de soi ordonnée par la nature même du corps social dont il s'agit, — c'est la forme populaire, ou la forme constituée par les volontés de tous, au sens que nous avons expliqué.

Mais ce ne serait plus vrai — et ce serait une erreur néfaste, — si l'on voulait dire que cette forme de souveraineté est la seule légitime, et qu'elle demeure toujours, même quand les autres formes sont supposées existantes.

La raison de la souveraineté, nous l'avons dit, est la nécessité de promouvoir le bien commun ; et la souveraineté consiste dans le pouvoir d'agir, en les mouvant, sur les autres volontés par mode de loi ou de commandement efficace.

Il se pourra, nous l'avons dit…


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Message  Louis Lun 09 Avr 2012, 8:07 am

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Il se pourra, nous l'avons dit, que cette souveraineté s'établisse, au début, d'une manière illégitime ; — et ce sera toutes les fois qu'en s'établissant, elle dépossédera une souveraineté préexistante, sans que cette souveraineté préexistante ait démérité. Remarquons, du reste, que même la souveraineté populaire pourra être, de ce chef, une usurpation. — Mais il se pourra, au contraire, que son établissement, sous quelque forme qu'il se produise, soit parfaitement légitime. Tel le cas d'une abdication de la part de la souveraineté préexistante : qu'il s'agisse de la souveraineté populaire ou démocratique; ou de la souveraineté aristocratique ; ou de la souveraineté monarchique.

Tout souverain qui abdique cesse, par le fait même, d'être souverain; — et ne peut plus, de lui-même, si des circonstances nouvelles ne légitiment son acte, reprendre la souveraineté, en aurait-il le moyen ou la possibilité et la force brutale. S'il le fait, il usurpe.

Bien plus, quand il abdique, même en faveur d'un autre souverain, quelle qu'en soit la forme : démocratie, aristocratie, monarchie; il ne passe pas son pouvoir à un autre : son pouvoir ou plutôt le pouvoir souverain qu'il détenait ou qu'il détient n'est pas à lui. Il n'en est que le sujet ou le dépositaire. Ce pouvoir vient de plus haut : il vient de la nature; de l'auteur de la nature; de Dieu. En abdiquant, le dépositaire du pouvoir souverain ne fait que céder la place : le pouvoir qui descendait sur lui, descend sur le nouveau dépositaire qui le remplace. Dès lors, il n'a plus aucun droit de reprendre cette place, à moins qu'il n'y soit ramené par des circonstances qui légitiment son retour.

Voilà les conditions du pouvoir souverain, de son existence, de sa légitimité.

Quant à ses diverses formes, nous venons de voir qu'elles se ramènent à trois….

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Message  Louis Lun 09 Avr 2012, 12:38 pm

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Quant à ses diverses formes, nous venons de voir qu'elles se ramènent à trois. Chacune d'elles, à l'état pur, est, de soi, parfaitement légitime. Elles le seraient, aussi, combinées entre elles, comme il faut qu'elles le soient de toute nécessité, dès qu'il s'agit d'une société dont les membres sont plus nombreux, plus divers, plus complexes. II est évident qu'en pareil cas, le pouvoir de faire la loi et de gouverner devra se hiérarchiser et se répartir en des sujets multiples et divers.

Une seule volonté, en effet, — qu'elle soit celle d'un monarque, ou d'une aristocratie, ou même du peuple groupé en démocratie, — ne saurait, par elle seule, tout ordonner dans une société tant soit peu étendue. Il faut que sous la volonté souveraine et participant son autorité, des volontés subalternes aient une certaine autorité de gouvernement et qu'elles concourent, par mode de régime, à promouvoir le bien commun, trop complexe et trop vaste, pour que la volonté du souverain y suffise.

Ce régime mixte, qui sera nécessairement celui de toute cité formant un État indépendant de quelque importance, ou plus encore, de ces groupements de cités et de provinces qui constituent les Etats à forme de nations, pourra et devra même être appelé, de son vrai nom, une république : entendant, par ce mot, le régime où plusieurs et même un peu tous, bien qu'à des degrés et selon des modes très divers, sont appelés à participer à la gestion du bien public.

Et sous ce nom, commun à tous, on pourra comprendre, en les distinguant par la note spécifique de l'une des trois formes de souveraineté à l'état pur, les divers régimes qui se partageront les goûts des divers peuples.

On pourra avoir, en effet, la république monarchique, où le pouvoir souverain résidera en la personne d'un seul; la république aristocratique, où le pouvoir souverain résidera en la personne morale d'une élite; la république démocratique, où le pouvoir souverain résidera en la personne morale que constituent réunies et groupées, sous forme de corps délibérant, toutes les unités civiques de la cité. Il est aisé de voir que la démocratie à l'état pur, ou même la république démocratique n'est possible que dans une société peu étendue, peu complexe, formant un état de minime importance, à tout le moins un État dont les unités civiques, devant se grouper en corps délibérant pour constituer le souverain, demeurent en nombre très limité.

Ce qu'on est convenu d'appeler le régime parlementaire, tel qu'il s'est pratiqué ou se pratique dans la plupart des États modernes, est, à vrai dire, un régime de république aristocratique : le véritable souverain, en effet, celui qui fait la loi et gouverne n'est pas autre que le Parlement, composé d'un groupe d'unités civiques, qui sont censées représenter ou présenter ce qu'il y a de meilleur dans le corps social auquel ces unités appartiennent.

Le système d'élection qui préside à la détermination de ces unités, surtout quand il est à base de suffrage universel, donne lieu à la fiction ou à l'illusion d'un gouvernement ou d'un régime démocratique, où le peuple est censé souverain et se gouverner lui-même. Il fallait cette fiction pour sauver le dogme de la volonté générale ou du peuple souverain, tel que le droit public moderne l'a emprunté à Rousseau.

Nous avons dit, expliqué et légitimé la première des conditions, la condition indispensable au bien de la cité…

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Message  Louis Mar 10 Avr 2012, 5:52 am

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X. LES FORMES DE RÉGIME (suite)
Nous avons dit, expliqué et légitimé la première des conditions, la condition indispensable au bien de la cité : celle d'une autorité, d'un pouvoir souverain, d'un pouvoir de commandement, qui assure l'existence même de la cité ; et nous avons vu sous quelles formes cette autorité, ce pouvoir pouvait se présenter.

Mais pour qu'en effet il procure le bien de la cité, il ne suffît pas qu'il soit, ou même qu'il soit légitime, quelle que soit d'ailleurs sa forme : monarchique, aristocratique, ou populaire. Il faut encore, il faut surtout qu'il s'exerce comme il convient, et que ses fruits de paix soient assurés. — Nous verrons, dans notre prochaine étude, à quelles conditions il peut en être ainsi.

A suivre : XI. LES GOUVERNÉS

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Message  Louis Mar 10 Avr 2012, 11:31 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

XI. LES GOUVERNÉS
Dans nos trois dernières considérations, poursuivant notre étude philosophique de l'agir moral humain et de ses conditions essentielles, nous avons parlé de cette condition excellente entre toutes, où l'individu humain doit trouver le moyen normalement le plus parfait que la nature elle-même a voulu lui donner, pour atteindre, à son plus haut degré, la perfection pure et simple qui constitue sa fin dernière. Cette condition n'est pas autre que la vie commune appelée du nom de cité.

Nous avons vu ce qu'elle est, de quels éléments elle se compose, ce qu'il faut, de toute nécessité, pour qu'elle dure et qu'elle réalise la fin sublime qui est la sienne, sous quelle forme peut ou doit exister ou s'exercer l'autorité qui constitue cette condition essentielle de salut pour la cité.

Or, à chacun de nos pas, dans notre étude, nous avons rencontré, sur notre chemin, les théories et les formules du sophiste d'autant plus néfaste qu'il est plus séduisant, qui est le père du droit social moderne : J.-J. Rousseau.

Quand il s'est agi de la formation de la cité, nous l'avons entendu en appeler au pacte ou contrat social.

Quand il s'est agi de fixer la condition essentielle de salut pour la cité, il nous a parlé de la volonté générale .

Et quand nous avons voulu préciser la forme d'exercice pour cette condition de salut, il nous a parlé du seul souverain qui est le peuple .

Le côté néfaste de ces trois formules est dans l'équivoque impliquée ou suggérée par elles. Car…

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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET) - Page 14 Empty Re: Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET)

Message  Louis Mer 11 Avr 2012, 6:56 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

XI. LES GOUVERNÉS (suite)
Le côté néfaste de ces trois formules est dans l'équivoque impliquée ou suggérée par elles. Car, s'il est vrai qu'elles pourraient avoir un sens légitime, si leur auteur lui-même semble ne les prendre ou ne les utiliser parfois que dans ce sens légitime; d'autres fois et à quelques lignes d'intervalle il paraît les entendre dans un autre sens, qui semble s'imposer d'autant plus qu'en dehors de ce sens, elles ne servent à rien dans le dessein poursuivi par l'auteur et qu'en effet il a été, on peut dire, unanimement et uniquement, perçu et entendu par tous les disciples du sophiste et par tous les tenants du droit social moderne qui se recommandent de son nom.

Dire, en effet, que la cité n'existe que parce que, en vertu d'un pacte, ou d'un contrat, tous les membres qui la composent se sont engagés à renoncer à leur volonté propre, ou à la gestion indépendante de leur propre vie, pour ne plus avoir qu'une volonté commune ou générale, qui est la volonté du bien de tous ou de l'ensemble, dans laquelle chacun retrouve d'une façon plus excellente la volonté de son bien propre totalement aliénée dans la volonté du bien général;

— que, par suite, et en vertu de ce contrat ou de ce pacte, il n'y a plus, dans la cité, de place légitime que pour la volonté générale, laquelle, seule, doit tout diriger, et dirige tout, par définition ou par essence, dans le sens de l'équité ou de la justice la plus parfaite, sans possibilité d'injustice ou d'erreur;

— que, dès lors, nul, dans la cité, n'abdique en faveur d'un autre, mais que tous sont au même titre, et dans le sens de la plus absolue et de la plus parfaite liberté, les arbitres de leur propre destin : se commandant tous à eux-mêmes; et nul ne commandant aux autres : mais tous et chacun, souverains, de la souveraineté la plus parfaite et qui se justifie par elle-même, qui est toujours nécessairement tout ce qu'elle doit être par le seul fait qu'elle est, puisque c'est le corps même de tous les particuliers ou individus qui en sont les membres, dont tous et chacun n'ont et ne peuvent avoir d'autre volonté que la volonté générale, seule reine de la cité :

— n'est-ce pas dire chose souverainement vraie, souverainement excellente, et qui fait battre de bonheur et d'aise, à son seul énoncé, tout cœur et tout esprit susceptibles de vérité et de bien?

Oui, si l'on entend tout cela dans le sens de…

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