Aperçus de philosophie thomiste. (COMPLET)

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Message  Louis Ven 10 Fév 2012, 7:13 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE
En remontant les degrés de la perfection dans le domaine de l'être et de la vie, nous sommes arrivés aux confins d'un monde absolument transcendant et qui ne semblait plus avoir rien de commun avec notre monde à nous, avec ce monde des corps qui a été le premier objet de notre étude. Bien plus, si nous ne prenions garde qu'à ce qui constitue le domaine de la raison expérimentale, entendue au sens que nous avons précisé et qui est celui de la science telle qu'on la conçoit de nos jours, ce monde serait pour nous inexistant. Et, aussi bien, pour cette raison ou cette science expérimentale, il n'y a d'existant que ce qui tombe ou peut tomber sous nos sens. Dès lors tout ce qui n'est pas corporel, c'est-à-dire étendu, mesurable, à dimensions, n'est pas. Cela ne relève aucunement de la raison ou de la science. Le mieux qu'on en pourra dire, à supposer que l'on consente à en entendre parler, sera qu'on le tiendra pour une simple hypothèse.

Fort heureusement qu'à côté et au-dessus de la raison qui est le propre de la science expérimentale, nous avons, dès le début de nos recherches, marqué la place et le rôle d'une autre raison non moins légitime dans l'exercice de l'activité humaine : la raison philosophique.

A la lumière de cette raison philosophique…

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Message  Louis Ven 10 Fév 2012, 1:03 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
A la lumière de cette raison philosophique, nous avons découvert, dès notre premier regard jeté sur le monde des corps, cette grande vérité, essentielle entre toutes, et qui, en effet, devait porter tout l'édifice de nos connaissances proprement humaines; savoir qu'en tout être corporel se trouve un double principe essentiel : l'un, que nous avons appelé du nom de matière première ; et l'autre, appelé par nous du nom de forme substantielle. L'union de ces deux principes explique seule, au regard de la raison philosophique, l'être corporel.

Les rapports de ces deux principes entre eux expliquent aussi, et eux seuls, conjointement avec le jeu nécessaire ou l'intervention des deux autres principes ou causes extrinsèques au sujet lui-même, que sont les causes efficiente et finale, les changements ou les transformations que nous constatons dans le monde de la nature.

Le secret de ces transformations ou de ces changements ne peut être perçu que si l'on sait découvrir, au plus intime de tous les êtres corporels qui nous entourent et dont nous faisons partie nous-mêmes, un fond de puissance identique où se succèdent les multiples formes d'être, qui, d'une manière incessante, apparaissent ou disparaissent à la surface de notre globe.

A prendre, dans leurs cadres ou leurs catégories principales, essentielles, constantes, ces êtres multiples, leurs formes doivent être tenues pour un principe d'être essentiel, pour une condition de réalité qui n'est pas simplement une modalité extérieure, accidentelle, affectant un fond de substance identique et seul existant comme tel.

Les divers êtres constatés dans le monde de la nature, à mesure surtout que, nous élevant parmi ces divers êtres, nous sortons du règne minéral, pour atteindre le règne de la vie qui commence avec le végétal ou la plante, doivent être tenus pour des substances distinctes, constituant, chacune, un tout individuel. En chacun de ces êtres individuels, se trouve, portant sur le même fond radical de puissance ou de matière première, qui n'est pas une substance, mais un principe de substance, un autre principe de substance dont le rôle est de tout fixer dans l'être.

Ce principe est la forme…


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Message  Louis Sam 11 Fév 2012, 6:06 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Ce principe est la forme, la forme substantielle. Rien de plus important, pour la raison philosophique, que la connaissance de cette forme.

Nous venons de le dire. C'est elle qui fixe tout dans l'être. Tous les êtres qui sont, ont cela de commun, qu'ils sont. Il faut donc qu'il y ait, en tous, un quelque chose qui expliquera ce quelque chose qui leur est commun à tous, savoir qu'ils sont. Or, ce qui explique ainsi, en tout être qui est, quel que soit d'ailleurs cet être, sans en excepter un seul, qu'il est, c'est ce qui, en lui, a raison d'acte, au sens métaphysique aristotélicien de ce mot. Acte et être s'appellent l'un l'autre : ils ne se séparent pas. Et, précisément, toute forme, quelle qu'elle soit, serait-elle même simplement une forme accidentelle, toute forme a la raison d'acte, au sens que nous venons de dire. Et c'est pour cela que partout où la forme paraît, l'être se trouve.

Mais si la forme est acte, si toute forme est acte, toute forme n'est pas tout acte. Il est des différences dans les formes, ou, si l'on veut, des degrés. Et, même, quand il s'agit des formes substantielles, ces différences ou ces degrés marquent des limites qui sont des limites d'espèces. Chaque forme substantielle porte avec elle un degré de perfection ou d'acte ou d'être, qui fixe dans une espèce déterminée, absolument invariable, l'être auquel appartient celte forme.

Il suit de là que si l'être de tous les êtres qui sont s'explique par un quelque chose qui, en eux, a raison d'acte, ce quelque chose ne sera point nécessairement le même en tous. Il sera même, d'une certaine manière, ou spécifique ou individuelle, différent en tous. Et c'est ce qui expliquera que si, de tous, on peut dire qu'ils sont, on ne pourra dire d'aucun d'eux qu'il soit, avec un autre être quel qu'il soit, une même chose, d'une manière absolue.

La différence, nous venons de le dire, viendra de cela même qui, en un sens, est pourtant la raison nous permettant d'affirmer de tous qu'ils sont.

Cet acte, en effet…

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Message  Louis Sam 11 Fév 2012, 11:31 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Cet acte, en effet, qui doit être en chacun d'eux quand ils sont et qui fait qu'ils sont, n'est absolument le même en aucun d'eux.

Dans les êtres du monde de la nature ou des corps, des êtres mobiles, l'acte qui les fait être a raison de forme, et de forme substantielle, quand il s'agit de leur être substantiel, ou de leur être pur et simple. Mais cette forme est d'une qualité telle que l'être qu'elle porte exige, pour être, un co-principe substantiel appelé matière première. Et cette matière a raison de puissance. De telle sorte que l'être qui est est un composé de puissance et d'acte. Tout l'être qu'il a lui vient de sa forme. Mais cette forme n'a de lui donner l'être qu'en impliquant un sujet potentiel où elle est reçue et que d'ailleurs elle actue pour amener par cette actuation l'être du composé qui subsiste.

Tous les êtres du monde des corps en sont là, depuis les éléments en passant par les mixtes et remontant des végétaux et des animaux jusqu'à l'homme. L'homme lui-même en est là, avec ceci pourtant que sa forme aura de porter avec elle un être qu'elle communiquera au corps pour faire que l'homme soit, mais qui ne dépendra pas du corps et qu'elle pourra conserver en elle jusqu'à ce qu'il lui soit donné de le communiquer de nouveau au corps, afin que l'homme, qui n'était plus, la séparation une fois faite, redevienne lui-même après que la réunion de la forme ou de l’âme et du corps sera de nouveau réalisée.

Cette forme humaine…

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Message  Louis Dim 12 Fév 2012, 6:39 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Cette forme humaine, parce qu'elle est ainsi une forme qui a un être indépendant de la matière, bien que faite naturellement pour être unie à une matière proportionnée, nous permet d'entrevoir la possibilité d'autres êtres dont la forme ou l'acte que sera cette forme et l'être qui s'y rattachera ne dira plus aucun rapport d'être ou d'essence à une puissance ou matière quelconque. Les êtres qui seront par cette forme n'auront plus rien de matériel ou de corporel dans leur être. Leur être essentiel sera constitué par leur forme seule.

Mais cet acte ou cette forme et cet être qui leur appartiendra, qui les constituera, pour être indépendant de toute matière ou de toute puissance essentielle, ne laissera pas que de porter avec lui sa limite. Cette limite sera la raison même de la forme qui constitue leur nature et qui est la raison de l'être qu'ils ont. Ils sont, eux aussi, comme étaient tous les êtres que nous avons rencontrés dans le monde de la nature ou des corps. Et ils sont par l'acte ou la forme qui les fait être. Cette forme, ou cet acte, et, par suite, leur être est, sans proportion, chose plus parfaite que tout ce que nous avions rencontré jusque-là. Et, parmi ces êtres d'un monde nouveau, transcendant, la perfection ira progressant et montant toujours, nous l'avons vu, dans la mesure où la forme et l'acte qui les fait être et qui est la mesure de leur être, sera elle-même plus ample, si l'on peut ainsi dire, décrivant un cercle plus compréhensif, portant avec lui plus d'être. Mais, toujours, à quelque degré que nous nous élevions dans cette ascension, nous trouvons des formes ou des actes qui ont, dans leur raison même, de n'être qu'un acte ou une forme à limites déterminées.

Se pourrait-il que cette progression continue en fait indéfiniment et que jamais on ne sorte de cette raison de formes ou d'actes portant avec soi et en soi un être limité? Se pourrait-il que le dernier mot de tout, pour la raison philosophique, se trouvât en ces sortes de formes pures et dans le monde qu'elles constituent?...

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Message  Louis Dim 12 Fév 2012, 12:23 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Se pourrait-il que le dernier mot de tout, pour la raison philosophique, se trouvât en ces sortes de formes pures et dans le monde qu'elles constituent? Assurément non ! Ces formes pures, considérées sous leur raison d'actes d'être, faisant que tels êtres, ces êtres même qu'elles constituent, soient, continuent par en haut, par-dos-sus nos têtes, l'échelle des êtres que nous avons étudiée dans ses degrés par en bas, ou au-dessous de nous, jusqu'aux êtres élémentaires, les premiers à émerger au-dessus du néant. Mais elles font partie de cette échelle des êtres. Elles en constituent les degrés supérieurs; mais des degrés dont la mesure ou la perfection quelque grande qu'elle soit, demeure proportionnée à la mesure ou à la perfection des autres degrés. Elles sont des actes d'être, et elles expliquent que des êtres soient, même des êtres de plus en plus par- faits. Mais ce sont des actes d'être déterminés à un certain degré d'acte ou d'être ; et les êtres qui sont par eux sont tels et tels êtres qu'un nom peut désigner et définir. Quelque parfaits qu'ils soient, leur perfection est limitée.

Or, si de tels êtres sont, si nous constatons, sur toute l'échelle ou la gradation des êtres qui sont, ces actes ou ces formes qui font qu'ils sont, et qui, par leur qualité ou leur perfection dans leur raison d'acte ou de forme, expliquent la diversité des êtres qui sont, n'est-il pas de toute évidence qu'il faut qu'il y ait, hors de toute comparaison et de toute proportion avec ces sortes d'êtres ou d'actes et de formes qui sont tous déterminés et limités dans leur raison d'acte, de forme, d'être, un acte qui fera être ou qui fera que l'être dont il sera l'acte soit, non point dans une catégorie ou avec une limite d'être, quelque haute ou étendue en perfection qu'on la suppose, mais purement et simplement, sans limite aucune dans ce domaine de l'être. Cet acte ne fera pas, comme les autres, qu'un être soit de telle catégorie, de telle espèce. Il fera que l'être dont il sera l'acte soit, simplement ; qu'il soit, sans appartenir à aucune catégorie, à aucune espèce, sans occuper aucun degré dans l'échelle des êtres qui se graduent entre eux selon la perfection de leur acte ou de leur forme.

Puisque les autres actes sont, comment celui-là ne serait-il pas ?...

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Message  Louis Lun 13 Fév 2012, 10:09 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Puisque les autres actes sont, comment celui-là ne serait-il pas ? N'a-t-il pas à être, en raison même de sa perfection absolue et de sa transcendance, un titre souverain, puisque les autres actes, à partir des formes élémentaires en remontant de degrés en degrés jusqu'aux formes pures, qui ne sont tous que des actes limités et toujours imparfaits, quelque parfaits d'ailleurs qu'ils nous apparaissent ou que nous les supposions, existent ou peuvent exister.

Oui, assurément, si les êtres dont les actes ne sont que des formes matérielles sont par ces formes matérielles, si les formes pures font être les êtres transcendants qui ont leur nature constituée par ces formes pures, alors que soit les unes soit les autres de ces formes ne disent qu'un acte limité, fini, — nous concevons que soit un Être dont l'acte n'aura plus la raison de forme portant avec elle un être qu'elle limiterait, mais sera lui-même l'être et le tout de l'Etre dont il sera l'acte, un Être dont l'acte ne fera plus qu'il soit tel être, de telle catégorie, de telle espèce, de tel genre, mais qu'il soit l'Être, l'Être sans limite, sans forme qui le détermine, sans nature ou sans essence qui restreigne son être, l'Être même, l'Être subsistant, l'Acte d'être par excellence, l'Acte pur, l'Absolu.

Cet Être, cet Être subsistant, cet Acte pur, cet Absolu possédera en lui, c'est trop clair, toute perfection.

Tout cela donc…

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Message  Louis Lun 13 Fév 2012, 12:39 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Tout cela donc que nous avons trouvé de perfections disséminées dans les divers êtres, devra se retrouver en Lui, unifié dans l'absolue perfection de son Être. La perfection de l'être, la perfection de la vie, la perfection de la connaissance, la perfection de la pensée seront en lui, mais sans que rien de l'être des êtres qui sont, ou de la vie des vivants, ou de la connaissance à son premier degré de connaissance sensible, ou même de pensée, non seulement dans l'homme, mais jusque dans les formes pures, puisse lui être comparé.

Il est l'Acte. C'est là sa nature. C'est par là qu'Il se distingue de tout. Car si tout ce qui est est acte, de tout ce qui est et qui est acte, Il est le seul à être l'Acte.

Parce qu'Il est l'Acte…

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Message  Louis Mar 14 Fév 2012, 6:39 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)


Parce qu'Il est l'Acte, tout ce qui est acte, à quelque titre que cela soit, devra se retrouver en Lui. Mais parce que rien de ce qui est acte, en dehors de Lui, n'est l'Acte, tout ce qui est autre que Lui est un mélange d'acte et de non-acte ou de puissance. L'acte des êtres matériels a la puissance mêlée à l'acte jusque dans la ligne de l'essence ou de la nature : leur forme, qui est acte en eux, est unie à la matière qui est puissance, et, avec elle, constitue une seule nature. Dans les formes pures, la matière est exclue de l'essence. L'essence est constituée par la forme seule, qui est acte. Mais cette essence, bien que n'ayant pas de puissance dans sa ligne d'essence, a, elle-même, raison de puissance par rapport à l'être qui l'actue.

Celui-là seul qui est l'Acte est en dehors de tout mélange de puissance. Il suit de là que si tout ce qui est en dehors de Lui et qui est acte doit se retrouver en Lui, rien ne se retrouve en Lui selon le mode ou la condition où il existe en soi et au-dehors. De même que les formes pures étaient pures de toute puissance ayant raison de matière, de même l'Être qui est l'Acte est pur de toute puissance, sous quelque raison qu'elle se présente.

Étant ainsi l'Acte…

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Message  Louis Mar 14 Fév 2012, 12:48 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Étant ainsi l'Acte, l'Acte pur qui exclue toute puissance, son agir revêtira une perfection dont rien ne saurait approcher dans l'agir des êtres étudiés jusqu'ici, sans en excepter l'agir des formes pures.

L'agir de ces formes pures, nous l'avons vu, se concentrait tout entier dans la vie de pensée. N'étant pas unies à la matière, elles ne dépendaient en rien, dans leur agir, de la matière ou des corps.

A la différence de l'être humain qui tire, du dehors, par l'entremise de ses sens, l'aliment de sa vie de pensée, les formes pures ont en elles-mêmes, dès le premier instant de leur être, tout ce qui constitue l'aliment naturel de leur vie de pensée. Et, par là, nous l'avons vu aussi, leur vie de pensée est d'une perfection transcendante à l'endroit de la vie de pensée qui convient à l'homme.

Toutefois…

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Message  Louis Mer 15 Fév 2012, 6:02 am

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X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Toutefois, quelque parfaite que soit cette vie de pensée pure qui est le propre des formes pures, elle ne laisse pas que de demeurer encore en-deçà de la perfection absolue dans l'ordre de la vie. La vie, nous l'avons appris de saint Thomas et nous l'avons noté dès que nous en avons rencontre le premier degré dans la plante, est, essentiellement, un mouvement par le dedans : motus ab intrinseco. D'où nous avons conclu que la perfection de la vie consistait dans le degré d'intimité qui caractérise ce mouvement par le dedans qui est sa note spécifique.

Et, en effet, à mesure que nous montions dans l'échelle des êtres doués de vie, nous constations une plus grande intimité de ce mouvement par le dedans.

C'est ainsi qu'à la différence de la plante où le mouvement vital dépendait du dehors à son début, et, à son terme, aboutissait de nouveau au dehors, l'animal avait son mouvement vital qui se terminait au-dedans du sujet. Toutefois, il demeurait imparfait en ce qu'il supposait au-dedans du sujet une multiplicité de facultés et que le fruit vital passait de l'une dans les autres.

Déjà dans l'homme, cette imperfection disparaissait, car sa vie de pensée s'achevait en une seule faculté de perception qui était l'intelligence. Mais le fruit vital s'y trouvait cependant imparfait en raison de son origine sensible par voie d'abstraction ; ce qui entraînait, pour l'homme, dans sa vie de pensée, cette autre imperfection essentielle, qu'il lui fallait plusieurs actes pour prendre pleinement possession de son objet, et que, dans cette multiplicité d'actes, se glissait, pour lui, la possibilité du mal souverain de la vie de pensée, qui est l'erreur.

Les formes pures…

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Message  Louis Mer 15 Fév 2012, 2:46 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Les formes pures, elles, n'avaient plus cette imperfection dans leur vie de pensée. Outre que l'objet ou l'aliment de leur vie de pensée n'avait point, pour elles, à être abstrait du monde sensible, qu'elles le portaient en elles dès le premier instant de leur cire, et en raison même de cela, elles n'avaient pas à s'y prendre à plusieurs reprises et par une succession d'actes pour tenir sous leur regard de pensée l'objet dont elles devaient vivre. C'est d'un coup d'œil et par un seul acte, par voie d'intuition directe et infaillible qu'elles en avaient la pleine et parfaite possession. Et, de ce chef, leur vie de pensée était, sans proportion, plus parfaite que celle de l'être humain.

Elle demeurait encore, cependant, elle aussi, marquée d'une imperfection radicale. Quelque intime que fût leur mouvement vital, il impliquait encore une certaine multiplicité intérieure et une certaine dépendance à l'endroit d'une cause extérieure.

Ces formes pures, en effet, bien qu'elles soient acte, ne sont point l'Acte…

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Message  Louis Jeu 16 Fév 2012, 6:56 am

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X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Ces formes pures, en effet, bien qu'elles soient acte, ne sont point l'Acte. L'acte qu'elles sont est un acte qui ne s'explique point par lui-même. Il n'est qu'une participation de l'Acte. Et, pour autant, il dépend nécessairement, comme de sa cause qui le produit, de l'Acte subsistant. Bien qu'elles soient acte, et non puissance, dans la ligne de leur essence, elles demeurent puissance dans la ligne de leur être qu'elles doivent recevoir de l'Acte qui est l'Être même.

Si elles ne sont pas leur être, elles seront encore moins leur agir. Et il faudra même pour leur agir une puissance qui lui soit proportionnée et qui se distingue de leur essence proportionnée directement à leur être.

Non seulement il faudra que se trouve en elles cette multiplicité d'essence et d'être, de faculté et d'agir. Mais, dans leur agir lui-même, dans leur acte de pensée, elles présenteront cette autre multiplicité, que l'objet de leur agir se distinguera de cet agir. Même quand cet objet est leur propre substance, s'il est vrai qu'elles l'atteignent immédiatement et directement, leur agir est d'ordre accidentel, tandis que leur essence est d'ordre substantiel.

Quant aux autres objets de leur vie de pensée, il faut qu'elles portent en elles, distinctes de leur essence, de leur faculté et de leur agir, les similitudes intellectuelles de tous ces objets; similitudes dont la présence en elles ne peut s'expliquer que par l'action productrice d'une cause extérieure : non point d'ordre sensible, comme pour nous ; mais d'ordre transcendant et qui n'est pas autre en réalité que l'Acte ou l'Être subsistant, cause première de tout dans la ligne des actes participés.

Enfin, le terme ou le fruit vital de leur agir, dans leur vie de pensée, est nécessairement distinct de leur être, de leur faculté, des similitudes des objets et de l'agir.

Si donc la vie de pensée pure est sans comparaison plus intime que la vie de pensée propre à l'être humain, elle est loin de l'intimité absolue…

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Message  Louis Jeu 16 Fév 2012, 2:48 pm

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X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Si donc la vie de pensée pure est sans comparaison plus intime que la vie de pensée propre à l'être humain, elle est loin de l'intimité absolue. D'autant qu'à toutes les multiplicités que nous venons de noter dans la ligne de la connaissance devraient s'ajouter encore les multiplicités correspondantes dans la ligne du vouloir qui suit cette connaissance.

Mais toutes ces imperfections encore inhérentes même à la vie de pensée pure qui est le propre des formes pures vont disparaître sans qu'il en reste plus rien, dans la vie de pensée qui est le propre de l'Acte pur, de l'Être subsistant.

Ici, tout se fond et s'identifie dans l'unité la plus transcendante, la plus absolue. Nous n'avons plus à supposer une…

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Message  Louis Ven 17 Fév 2012, 7:05 am

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X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Ici, tout se fond et s'identifie dans l'unité la plus transcendante, la plus absolue. Nous n'avons plus à supposer une essence qui se distingue de l'être et qui ait par rapport à cet être la raison de puissance. L'essence et l'être s'identifient en Celui qui est l'Être, l'Acte.

En Lui, non plus, nous n'aurons à supposer des facultés d'agir s'ajoutant à l'essence et disant, à un agir accidentel surajouté à l'être, l'ordre que l'être disait à l'essence. Étant l'Acte, l'Être, Il a, Il est, par Lui-même, tout; et Il l'est substantiellement, sans qu'il soit possible que rien jamais ait raison d'accident ou d'être accidentel surajouté, venant compléter ce qui manquerait à la substance préjacente. Il n'est rien, en effet, qui puisse manquer à Celui qui est, par Lui-même, l'Acte, l'Être.

Dès lors, son agir ne se distinguera pas de son être, n'ayant pas à actuer une faculté qui se distinguerait de l'essence. Nul objet, non plus, ne saurait être conçu comme reçu en Lui d'une cause quelconque ayant pu ou dû agir sur Lui. Car étant l'Être, l'Acte, Il ne saurait être en puissance à rien recevoir.

Il porte donc en Lui tout l'objet de son agir. Et cet objet n'est pas autre que Lui-même, rien, en Lui, ne pouvant être distinct de Lui-même. D'où il suit que le terme aussi de cet agir ou le fruit vital de la vie de pensée qui est la sienne ne sera pas autre, non plus, que Lui-même, que ce qu'Il est Lui-même, l'Être, l'Acte.

Nous avons donc ici une vie de pensée…

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Message  Louis Ven 17 Fév 2012, 1:16 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Nous avons donc ici une vie de pensée où tout s'identifie à Celui qui vit de cette vie, et qui, à ce titre, peut et doit être dit non pas seulement vivant, et vivant de la vie la plus parfaite, mais le Vivant par excellence, la Vie elle-même, la Vie à son degré le plus parfait, qui est la vie de la pensée, en son mode le plus parfait, qui est et qui doit être appelée de son vrai nom : la Pensée subsistante.

Tout, ici, est lumière, la Lumière. Tout est vue, vue de l'esprit, tout est vision, vision intellectuelle, cette vision qui fait pénétrer au plus intime de ce qui est, pour en prendre possession lumineuse, pour se l'assimiler, pour s'en pénétrer soi-même. Et c'est encore trop peu dire. Tout est la Vision, la Vision subsistante, la Vision où l'être est vie de la pensée, la vie de la pensée, et où la vie de la pensée amène avec elle une vie affective, une vie d'amour, qui s'identifie, dans sa réalité, au même Acte, au même Être, où tout et tout, dans l'ordre de l'acte, de l'être, de la vie, de la pensée et de l'amour, subsiste à l'état pur.

Cet Acte pur qui est la Pensée subsistante et qui porte en Lui toutes choses à l'état de Vision et de Vision d'amour, est, par Lui-même, par sa Vision et son Amour, par son Acte, la raison et la cause de tout dans ce domaine de l'être, de la vie, de la pensée que nous avons essayé d'explorer à la lumière de la raison philosophique.

Toute forme ou tout acte qui fait que quelque chose est, depuis les formes pures jusqu'aux formes élémentaires, dérive, descend de Lui…

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Message  Louis Sam 18 Fév 2012, 6:31 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Toute forme ou tout acte qui fait que quelque chose est, depuis les formes pures jusqu'aux formes élémentaires, dérive, descend de Lui. Les formes pures, dans leur être ne dépendant point de la matière, ne sauraient venir à l'être par une action qui les tirerait en quelque sorte de la puissance de la matière. Parce qu'elles subsistent en elles-mêmes, il faut que leur être vienne directement et immédiatement de l'Être subsistant qui l'aura produit par voie de création. Il en sera de même de la forme humaine qui est, elle aussi, subsistante en elle-même, bien qu'elle soit faite pour informer la matière qui lui est proportionnée et qui unie à elle constitue l'être humain venu par voie de génération naturelle, quand une fois cette nature aura été instituée par l'action souveraine de l'Être subsistant.

Les autres formes, en descendant depuis la forme humaine jusqu'aux formes des éléments, viendront toutes, elles aussi, de l'action première de l'Être souverain qui est Acte pur. Car elles sont acte, elles aussi ; et tout acte vient de l'Acte. Mais l'Acte les produit, une fois institué le cours des causes naturelles, par le concours ordonné de ces diverses causes. Formes pures et agents physiques proportionnés interviennent dans la genèse de toutes les formes naturelles qui se succèdent dans un même fond de matière première et y constituent, unies à celte matière, selon qu'elle se trouve proportionnée à chacune d'elles, les divers êtres du monde de la nature ou des corps.

Habitant au milieu de ce monde des corps, dont il est, par sa nature intellectuelle, le suprême ornement et le roi, l'homme…


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Message  Louis Sam 18 Fév 2012, 12:47 pm

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Habitant au milieu de ce monde des corps, dont il est, par sa nature intellectuelle, le suprême ornement et le roi, l'homme, par la vertu de cette nature intellectuelle, a le privilège de pouvoir transformer, au-dedans de lui, dans son esprit, en principes de lumière et en aliment de vie intellectuelles, toutes les formes qui donnent à chaque être individuel du monde de la nature son être ou sa nature spécifique. Par cette transformation, l'être humain rejoint, d'une certaine manière, l'être intellectuel idéal que chacun des êtres de la nature possède au sein de l'Être subsistant d'où est descendue la forme même qui les fait être ce qu'ils sont.

Mais c'est surtout dans la pensée de chacune des formes pures que se retrouve, à l'état de forme idéale, la forme ou l'acte de tous les êtres qui sont constitués en eux-mêmes, dans le monde qu'est l'univers, par cette forme qui les fait être et qui est dérivée en eux, comme il a été dit, du foyer ou de la source de tout acte et de toute forme, l'Être subsistant, l'Acte pur.

Et c'est ainsi que de ce sommet de toutes choses, de cet Océan de tout être et de toute perfection, qui contient en lui-même, à l'état pur, toute perfection et tout être, dérivent, dans tout l'univers, depuis que cet univers existe, en une sorte de ruissellement d'actes substantiels ou accidentels, toutes les formes, tous les actes d'être, qui font exister chacun de ces êtres en eux-mêmes avec tout ce qui constitue leur être ; et, simultanément, autant de fois qu'il existe de formes pures dans le monde métaphysique, en un ruissellement de formes de lumière, dans chacune des formes pures, toutes ces mêmes formes hiérarchisées qui constituent l'ensemble des êtres de l'univers.

Arrivée à ce sommet des choses et quand elle a vu…


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Message  Louis Dim 19 Fév 2012, 6:56 am

PHYSIQUE ET MÉTAPHYSIQUE

X. LA PENSÉE SUBSISTANTE (suite)
Arrivée à ce sommet des choses et quand elle a vu, au sujet de l'Être, de l'Acte, de la Pensée subsistante, et des rapports de tous les êtres entre eux ou de tous ces êtres avec l'Être pur, ce que nous venons de préciser, la raison philosophique est parvenue au terme de son enquête. Elle pourra s'appliquer indéfiniment à revoir et à mieux voir ce qui vient d'être dit. Elle ne pourra prétendre ni à voir quelque chose en dehors de cette hiérarchie des êtres ni à voir, en eux-mêmes, soit les êtres que sont les formes pures, soit, à plus forte raison, l'Être ou l'Acte qui est au sommet de tout.

Ce double monde, des formes pures et de l'Acte pur, n'est point naturellement le nôtre, qui n'est que le monde de la nature ou des corps, selon qu'il appartient à l'être humain d'y déployer sa vie physique, sensible, intellectuelle et morale. Nous aurons à nous demander, plus tard, ce qu'il en serait de certaines possibilités ou même de certains faits d'une importance extrême pour nous, au sujet de ce que nous appellerons des interventions, dans notre monde humain, du monde des formes pures, ou du monde de l'Acte pur.

Mais, sans aborder encore ces questions, d'un si haut intérêt, qui pourront ouvrir, pour nous, un monde nouveau dans l'ordre de nos connaissances, il nous reste à examiner, dans l'ordre incontesté de la pure raison philosophique, ce que doit être l'agir moral humain.

Après avoir vu, par notre raison, l'ordre des choses, il nous faut, maintenant, étudier et établir, par notre raison, l'ordre dans notre agir moral.

Ce sera l'objet de nos prochaines études.

A suivre : ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I — LA FIN DE L'HOMME

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Message  Louis Dim 19 Fév 2012, 1:36 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I. LA FIN DE L'HOMME
Dès le début de nos études, nous nous étions mis à l'école d'un Maître dont nous avons pu apprécier, à chaque pas que nous faisions, la sûreté doctrinale. Il nous avait été, du reste, désigné par l'autorité même de l'Église que Dieu a constituée tout exprès pour veiller parmi les hommes à l'enseignement de la vérité profonde.

Or, tout récemment, de nouveaux actes ont été accomplis par l'Église en faveur de ce Maître vraiment unique, à l'occasion et en raison du VIe centenaire de sa canonisation, faite en 1323, par Jean XXII, quand les Papes étaient à Avignon.

Sa Sainteté le Pape Pie XI, actuellement régnant, a publié une Encyclique adressée à tout l'univers catholique pour l'inviter à célébrer comme il convient une date si précieuse. Dans la partie où elle traite de l'enseignement du saint Docteur, en donnant comme un résumé de cet enseignement, il se trouve que cette Encyclique consacre le programme même de nos études et la pensée qui nous a amenés à les entreprendre.

Le Souverain Pontife approuve et encourage de toute son autorité le zèle des intelligences même du dehors à rechercher, pour en vivre, le pur froment de la vérité que renferment les écrits de Thomas d'Aquin. Et, faisant allusion à ce qui se passa autrefois, en Egypte, lors de la disette universelle, quand il était dit, à tous ceux qui avaient faim et venaient demander le pain matériel destiné à faire vivre leur corps : Allez à Joseph, ITE AD JOSEPH ; le Souverain Pontife ne craint pas d'adresser aux affamés spirituels de l'heure présente cette invitation solennelle : ITE AD THOMAM, Allez à Thomas.

Avant cette invitation si émouvante, le Souverain Pontife avait donné un aperçu de la richesse de cet enseignement du saint Docteur. Il avait parlé du philosophe et du théologien, caractérisant d'un mot le domaine spécial qui est respectivement le leur; et il avait dit la maîtrise souveraine de saint Thomas dans chacun de ces deux domaines.

Pour la philosophie, voulant en marquer les frontières et comme les départements divers, il empruntait à saint Thomas lui-même la division que le saint Docteur a tracée dans son prologue de l'Éthique d'Aristote, II rappelait, avec le saint Docteur, que le propre de la raison est l'ordre : rationis est ordinare.

Ordre à établir dans les actes mêmes de la raison; et nous avons la Logique.

Ordre à contempler dans les choses où il ne dépend pas de nous ; et c'est la Physique, au sens aristotélicien de ce mot, avec la Métaphysique.

Ordre à établir dans l'agir moral humain; et l'on a, pour l'individu, l’Éthique ; pour la famille, l’Économique ; pour la cité, la Politique.

Nous le connaissons ce programme magnifique. Chacun des termes qui l'énoncent nous est maintenant familier. — Déjà, nous avons vu la Logique; et, aussi, la Physique et la Métaphysique.

Maintenant, nous abordons l'Éthique, devant être suivie de l'Économique et de la Politique. — Tout cela vu à la lumière de la raison, sous la conduite de ses deux représentants les plus autorisés : Aristote et saint Thomas d'Aquin.

Quelle joie de suivre une roule si sûre et d'explorer un domaine si riche, dont les fruits de lumière embaument toute notre vie !

Nos précédentes études avaient eu pour objet l'ordre des choses….

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Message  Louis Lun 20 Fév 2012, 6:24 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I. LA FIN DE L'HOMME (suite)
Nos précédentes études avaient eu pour objet l'ordre des choses. Nous nous étions appliqués à saisir l'harmonie des êtres : depuis les confins du néant jusqu'à l'Acte pur. Cette étude, nous l'allons voir tout de suite, porte avec elle sa justification, sa raison d'être : elle est une fin par elle-même. C'est dire que nous ne devons pas la considérer comme « classée », et comme si nous ne devions pas y revenir. Bien au contraire.

Mais, pour mieux y revenir, pour mieux l'entendre, pour en jouir plus pleinement, il nous faut momentanément la suspendre, ou plutôt la compléter par une autre étude, qui en est aussi la préparation : l'étude de notre agir moral, de l'ordre à établir dans les actes de notre volonté libre : à considérer chacun de nous comme individu humain ; ou comme membre de la famille; ou comme membre de la cité. — Éthique, Économique, Politique. C'est le domaine que nous abordons. — Il est plus important que jamais.

Il est vrai que ce n'est pas encore avec toute la plénitude des lumières; et, par suite, nous ne pourrons donner aux questions qui s'y poseront pour nous la solution la plus haute. — C'est en philosophes, non en théologiens, que nous abordons l'étude de l'agir moral humain. Et, seul, le théologien est à même d'établir la science parfaite de cet agir moral. Lui seul, en effet, connaît, par les lumières d'en-Haut que nous aurons à étudier plus tard, la fin pure et simple de l'être humain. Et, nous l'allons rappeler dès maintenant, toutes les règles de l'agir moral humain dépendent de la fin qui est celle de l'être humain. Cependant, même du seul point de vue de la raison, qui est celui du philosophe, nous aurons, tout de suite, de magnifiques clartés. Et ces clartés ne disparaîtront pas, quand nous y joindrons plus tard les lumières de la foi. Les deux s'harmoniseront merveilleusement. Nous ne pourrons même jouir pleinement des lumières de la foi, que si nous avons présentes à nos esprits les clartés de la raison. A ce titre, l'étude que nous abordons nous devrait être bien chère.

Mais il y a plus en ce moment…

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Message  Louis Lun 20 Fév 2012, 12:16 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I. LA FIN DE L'HOMME (suite)
Mais il y a plus en ce moment. Que d'esprits qui vivent en dehors des lumières de la foi, à commencer par les esprits qui sont le plus écoutés dans le monde! — Et, parmi ces esprits, qui ne reconnaissent que les clartés de la raison : que de ténèbres, en ce moment, sur ces questions les plus vitales!— Pour les individus, le matérialisme jouisseur; — pour les familles, la théorie et la pratique du divorce, de l'union libre, de la fantaisie à outrance; — pour les cités, les peuples, les nations : l'anarchie, le soviétisme, le communisme, le socialisme. Où en sommes-nous, où en est-on, en ce moment, dans tout l'univers, de la connaissance et de la pratique des vérités les plus essentielles, du point de vue même de la seule raison naturelle, pour l'agir moral de l'individu humain comme tel, et comme membre de la famille, et comme membre de la cité !

Quel sujet d'études plus important, à l'heure actuelle, que celui-là?

Dans ce nouveau domaine de notre étude philosophique, nous devons commencer par ce qui forme l'objet de l'Éthique; c'est-à-dire par l'étude de l'ordre à établir dans l'agir moral humain, à considérer l'individu humain en lui-même.

Dès là qu'il est question d'ordre à établir, à établir dans l'agir moral humain, à considérer l'individu humain en lui-même, il est manifeste que ce qui se présente à nous, dès l'abord, c'est la fin même de l'individu humain dans ses actions à lui. — Tout agir, en effet, est commandé par la fin qu'on y poursuit.

Et je sais bien qu'ici, tout de suite, une légion de savants et de penseurs, c'est-à-dire de représentants attitrés de la raison, entend nous arrêter. Nous parlons de fin, de fin qui commanderait notre agir, et d'où, par conséquent, nous voudrions tout faire dépendre dans notre étude de l'agir moral humain. — Or, ces représentants de la raison nous disent que la fin n'existe pas, que le concept même de fin ou de cause finale est une illusion, une chimère; que, dans tous les ordres d'action, sans en excepter nos actions à nous, tout va se succédant au hasard, sans qu'on puisse nulle part établir ou trouver une raison de finalité.

A cela nous répondons…


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Message  Louis Mar 21 Fév 2012, 6:39 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I. LA FIN DE L'HOMME (suite)
A cela nous répondons, dès l'abord, aussi, et d'un seul mot, que cette objection est contraire au bon sens, au sens commun, parmi les hommes; et que, par suite, elle n'est qu'une illusion, une chimère de la raison s'entortillant elle-même dans les replis de vaines subtilités ou de pures apparences verbales.

La réalité des choses, inéluctable, est tout autre. — Je vais me promener dans la campagne. Je trouve un groupe de soldats ou de jeunes gens occupés à des exercices de tir. Si quelqu'un vient me dire que ces soldats ou ces jeunes gens n'ont pas de but dans les actes de tir qu'ils accomplissent, qu'ils agissent au hasard et que leurs actes n'ont aucune raison de finalité, comment voulez-vous que je prenne ce quelqu'un au sérieux et que je discute avec lui? Il aurait beau vouloir me prouver son dire et m'apporter pour cela des apparences de raison, j'en conclurai simplement qu'on peut déraisonner parfaitement avec des apparences de raison.

Que si au fait patent du témoignage de mes sens, je voulais joindre une raison, une raison toute d'évidence, je la trouverais en ceci, qu'il est essentiel à tout être raisonnable d'agir pour une fin, attendu que l'objet propre de la raison c'est l'ordre : rationis est ordinare; — et que l'ordre, dans l'agir, consiste précisément dans le fait de poser un acte en vue d'une fin, d'un but, qu'on se propose. — C'est, à ce point, vrai, que même les êtres inférieurs à l'homme et qui n'ont pas en eux-mêmes la raison, agissent, eux aussi, en vue d'une fin ou d'un but qui leur est marqué. — La seule différence, et elle est grande, c'est qu'ils agissent ainsi pour une fin sans la connaître sous sa raison de fin et sans s'y déterminer eux-mêmes, tandis que l'homme la connaît, se la fixe et s'y meut de lui-même.

Tout être humain agit donc et doit agir pour une fin.

Cette fin, quelle sera-t-elle? quelle est-elle? quelle faut-il qu'elle soit?...

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Message  Louis Mar 21 Fév 2012, 12:32 pm

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I. LA FIN DE L'HOMME (suite)
Cette fin, quelle sera-t-elle? quelle est-elle? quelle faut-il qu'elle soit?

C'est la question primordiale, la question capitale, qui doit être tranchée avant toute autre, dans l'étude de l'ordre à établir dans l'agir moral de l'individu humain.

Mais, ici encore, ici, de nouveau et tout de suite, nous nous trouvons en présence d'une autre légion de penseurs ou de savants, c'est-à-dire de représentants officiels de la raison humaine, qui veulent nous imposer une méthode. Et, hier encore, ils étaient les maîtres dans nos écoles officielles d'enseignement moral : supérieur; secondaire; et primaire. — Ce sont les tenants de la morale indépendante. Ils entendent, par là, non pas seulement l'établissement d'une science morale, en dehors de toute donnée de la doctrine catholique : ce qui s'expliquerait, s'ils n'appartiennent pas à l'Église; — ou même en dehors de toute doctrine révélée surnaturelle : ce qui s'expliquerait encore, s'ils n'ont aucune foi, ou même s'ils veulent simplement établir la science morale, du seul point de vue de la raison ou de la philosophie ; — mais ils vont jusqu'à entendre, par là, l'établissement d'une science morale, en dehors de toute métaphysique, comme ils disent eux-mêmes, si tant est qu'ils n'aillent point jusqu'à exclure tout acte et toute donnée de la raison qui observe, ne voulant, pour tout fonder, dans cet ordre de la science morale, qu'un pur acte de ce qu'ils appellent la raison pratique, au sens kantien de ces mots, l'impératif catégorique, le devoir pour le devoir.

Je réponds : Le devoir…

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Message  Louis Mer 22 Fév 2012, 6:06 am

ÉTHIQUE, ÉCONOMIQUE, POLITIQUE

I. LA FIN DE L'HOMME (suite)
Je réponds : Le devoir n'est qu'un vain mot, si, aux yeux d'une raison qui observe, il ne peut être justifié. Rien d'aveugle ne saurait conduire, parmi des êtres sensés. Si cet impératif prétendu ne peut être justifié aux yeux de la raison, — au nom même de la raison, je la déclare tyrannique, déraisonnable, inacceptable. Je n'en veux à aucun prix.

Oui, sans doute possible, toute morale humaine, pour être acceptable, doit reposer sur la raison et sur la raison qui voit, qui observe, qui connaît; non sur une raison qui n'en est plus une, dès là qu'on la transforme en instinct aveugle qui ne peut rendre raison de lui-même.

D'un mot, toute science morale doit reposer sur une autre science, sur la science de l'homme; et la science de l'homme, qu'est-elle autre chose que cette science, scrutée par nous dans nos précédentes études, et que nous avons appelée, avec Aristote, de ces noms immortels : la Physique et la Métaphysique.

Aussi bien, comme la lumière, immédiatement, nous éclaire !

La fin de l'homme est sa perfection dernière. C'est donc une action : car être serait moins qu'agir.

Mais quelle action ?...

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