LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
PROLOGUE.
1. Dans un discours assez long pour former un premier Livre, discours d'ailleurs très-nécessaire, nous avons réfuté la sotte erreur de ces païens, qui jugent indigne de toute confiance et de tout égard la rédaction de l'Évangile due aux disciples de Jésus-Christ, parce que nous ne montrons aucun écrit venant de Jésus lui-même. Selon eux, Notre-Seigneur a droit aux hommages de la terre, non, il est vrai, comme un Dieu, mais comme un homme doué d'une sagesse bien supérieure à celle des plus célèbres philosophes; seulement, ils voudraient bien aussi le faire passer pour l'auteur de certaines maximes vantées par eux, maximes capables de plaire à des âmes perverses, non de corriger la perversité des lecteurs eu devenant l'objet de leur croyance. Nous avons fait justice de ces billevesées ; voyons donc maintenant dans ce que les quatre évangélistes ont écrit du Sauveur, l'accord que chacun a su garder avec lui-même et avec les trois autres. Il se rencontre des gens plus curieux que capables, qui, après avoir non pas lu d'une manière quelconque, mais étudié avec une application particulière les livres évangéliques, croient y remarquer, en divers endroits des choses incompatibles et contradictoires, et songent moins à en faire un examen sérieux et prudent qu'à les relever avec contention. Nous voulons leur ôter cette pierre d'achoppement pour la foi chrétienne.
Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Tome Vème, Commentaires sur l'Écriture, Bar-le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. p. 114-256.
Les deux premiers livres ont été traduits par M. l'abbé TASSIN, les deux derniers par M. l'Abbé BURLERAUX.
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gras ajoutés.
À suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Sam 14 Jan 2012, 11:20 am, édité 2 fois (Raison : table des matières.)
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE PREMIER. POURQUOI LA GÉNÉALOGIE DE JOSEPH ET NON CELLE DE MARIE:
2. Voici comment débute l'évangéliste saint Matthieu: "Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham (1)." Il montre assez clairement par là qu'il veut parler de la naissance de Jésus-Christ selon la chair ; car c'est en vertu de cette génération que le Christ est le fils de l'homme, comme il s'appelle très-souvent lui-même (1), nous faisant ainsi souvenir de ce que dans sa miséricorde il a daigné devenir pour nous.
Quant à l'éternelle et sublime génération suivant laquelle Jésus-Christ est le fils unique de Dieu, engendré avant toute créature, puisque tout a été fait par lui, elle est tellement ineffable qu'à elles seule conviennent ces paroles du prophète Isaïe : "Qui racontera sa génération (2)". Saint Matthieu expose donc la génération humaine du Sauveur, et prenant ses ancêtres à partir d'Abraham il les conduit jusqu'à Joseph, époux de Marie de qui est né Jésus. En effet, de ce que Marie est devenue mère, sans nul concours de la part de Joseph et en demeurant vierge, l'évangéliste ne pouvait croire pour cela que Joseph dût être considéré comme n'étant pas vraiment l'époux de Marie.
L'exemple de cette chaste union prouve magnifiquement, au contraire, que l'état des fidèles mariés, même dans la condition d'une continence parfaite mutuellement consentie, ne laisse pas d'être un véritable mariage et peut en conserver le nom; il suffit pour cela que les époux demeurent unis par les sentiments de l'âme, quoique leurs corps ne s'unissent pas. Et cette preuve est d'autant plus frappante qu'un fils a pu naître à Joseph et à Marie, en dehors de l'acte charnel dont on ne doit faire usage que pour avoir des enfants. On ne devait pas non plus refuser à Joseph le titre de père de Jésus-Christ, sous prétexte qu'il n'avait pas concouru à la génération du Sauveur; puisque par l'adoption il aurait pu devenir le père d'un enfant qui ne serait même pas né de son épouse.
1 Matt. I, 1.
1 Matt ;VIII, 20 ; IX, 6.
2 Is. LIII, 8.
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gras ajoutés.
À suivre…
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De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE PREMIER. POURQUOI LA GÉNÉALOGIE DE JOSEPH ET NON CELLE DE MARIE:
3. Il est vrai que Jésus-Christ passait pour être le vrai fils de Joseph, engendré de sa chair. Mais cette opinion n'avait pour fondement que l'ignorance où l'on était de la virginité de Marie. "Et Jésus était alors âgé d'environ trente ans, fils de Joseph, comme on le croyait." Ce sont les paroles de saint Luc (3), qui pourtant ne fait pas la moindre difficulté d'appeler à la fois Joseph et Marie parents de Jésus, quand il dit : "L'enfant croissait et se fortifiait ; il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était en lui. Et ses parents allaient chaque année à Jérusalem, au jour solennel de la Pâque."
Dira-t-on par hasard, qu'il est question ici des parents consanguins de Marie plutôt que de Joseph ? Mais que répondre à ce qu'a dit précédemment le même saint Luc : "Et son père et sa mère étaient dans l'admiration des paroles qu'ils entendaient à son sujet (1) ?" L'évangéliste rapporte lui-même que le Christ est né de Marie, sans nul concours de la part de Joseph; en appelant néanmoins Joseph le père de Jésus, il nous autorise donc à le regarder comme le véritable époux de Marie, en dehors du commerce charnel et par le seul lien du mariage ; et d'ailleurs, dès là que son épouse a donné naissance à Jésus-Christ, n'en est-il pas aussi le père à bien meilleur titre que s'il l'avait simplement adopté ? D'où l'on voit clairement que quand saint Luc a dit: "Fils de Joseph, comme on le croyait," il a parlé pour ceux qui croyaient Jésus-Christ issu de Joseph, à la manière des autres hommes.
3 Luc, III, 23.
1 Luc, II, 40, 41, 33.
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À suivre…
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CHAPITRE II. COMMENT JÉSUS-CHRIST EST LE FILS DE DAVID, SANS DEVOIR SA NAISSANCE À JOSEPH FILS DE DAVID.
4. Quand même on pourrait établir que Marie est complètement étrangère au sang de David, la raison pour laquelle Joseph a été justement appelé le père de Jésus-Christ, serait déjà suffisante pour justifier le nom de fils de David donné au Sauveur. A combien plus forte raison ce nom lui convient-il, puisque l'Apôtre [b]saint Paul, en disant que Jésus-Christ descend de David selon la chair (2), nous oblige à reconnaître la parenté de Marie elle-même avec David[b]. Et comme l'Ecriture relève aussi la famille sacerdotale de Marie, dans ce passage où saint Luc déclare qu'elle était parente d'Élisabeth, une des filles d'Aaron (3); on doit admettre sans hésiter, que la chair de Jésus-Christ a été formée tout à la fois du sang des rois et du sang des prêtres ; du reste, l'onction mystique que ces rois et ces prêtres recevaient, chez les Hébreux, cette onction dont le nom Chrisma explique celui de Christ, était, bien des siècles d'avance, une figure manifeste de ce nom divin.
2 Rom. I, 3.
3 Luc, I, 36, 5.
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gras ajoutés.
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De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
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CHAPITRE III. POURQUOI SAINT MATTHIEU ET SAINT LUC DIFFÈRENT ENTRE EUX DANS L'ÉNUMÉRATION DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST.
5. Saint Matthieu, en descendant de David à Joseph, et saint Luc, en remontant de Joseph à David, ne donnent pas les mêmes ancêtres à Jésus-Christ (1). Mais c'est une difficulté qui n'a point d'importance: il est facile de la résoudre en faisant réflexion que Joseph a pu avoir un père adoptif, avec celui qui l'avait engendré (2). Car c'était un antique usage, même chez le peuple de Dieu, d'adopter des enfants pour les rendre siens, sans leur avoir donné naissance. En laissant de côté, comme étrangère à ce peuple, la fille de Pharaon qui adopta Moïse, nous voyons Jacob lui-même adopter, dans les termes les plus clairs, ses petits-fils, nés de Joseph: "Maintenant donc, dit-il, les deux fils que tu as eus avant mon arrivée près de toi en ce pays, Éphraïm et Manassés, seront à moi comme Ruben et Siméon. Pour les autres que tu peux avoir dans la suite, ils seront à toi (3)."
C'est même de là qu'il y eut douze tribus en Israël, sans compter celle de Lévi attachée au service du temple : car il y en avait treize en la comptant, puisque Jacob avait eu douze fils. L'Évangéliste saint Luc a donc nommé comme père de Joseph, non celui qui l'avait engendré mais celui qui l'avait adopté, et il a voulu rappeler les aïeux de ce père adoptif en remontant la suite des générations qui le séparaient de David. En effet, dès là que saint Matthieu et saint Luc, tous deux également véridiques, suivent nécessairement, l'un la ligne des ascendants de Joseph, et l'autre la ligne des ancêtres de son père adoptif, lequel des deux a dû tracer cette dernière généalogie, sinon l'évangéliste qui, en faisant connaître le père de Joseph, évite de dire qu'il a engendré son fils ? Dire que Joseph a été engendré par un homme dont il n'était pas issu, paraît moins convenable que de l'appeler le fils de quelqu'un qui l'avait adopté. Pour l'évangéliste saint Matthieu, en disant : "Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob," et en conservant ce terme engendra, jusqu'à ce qu'il vienne à Jacob père de Joseph, dont il dit également: "Jacob engendra Joseph;" il montre d'une manière assez expresse qu'il a suivi la ligne des ancêtres directs de Joseph, et a nommé le père qui l'avait non pas adopté mais engendré.
1 Matt, I, 1-16 ; Luc, III, 22-38.
2 Rét. II, 16.
3 Gen. XVIII. 5, 6.
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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CHAPITRE III. POURQUOI SAINT MATTHIEU ET SAINT LUC DIFFÈRENT ENTRE EUX DANS L'ÉNUMÉRATION DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST.
6. Toutefois, même dans le cas où saint Luc aurait dit que Joseph fut engendré par Héli, cette expression ne devrait nullement nous empêcher de croire que l'un des deux évangélistes a mentionné le père proprement dit, et l'autre le père adoptif. Car la raison ne s'offense pas qu'on dise de quelqu'un qu'il a engendré non de sa chair mais par la charité celui dont il est devenu le père au moyen de l'adoption. C'est de la sorte que Dieu en nous donnant le pouvoir d'être ses enfants, ne nous a pas donné sa nature, ne nous a pas engendrés de sa propre substance comme son Fils unique, mais nous a adoptés par amour.
Et si l'Apôtre saint Paul fait de ce terme un fréquent usage (1), on doit comprendre que c'est précisément dans le but de ne pas confondre avec nous le Fils unique, qui existe avant toute créature et par qui toute chose créée a reçu l'être, qui seul est de la substance du Père et lui est égal en tout dans sa divinité. Ce fils unique, l'Apôtre dit qu'il a été envoyé pour revêtir notre nature dans le sein d'une femme et devenir semblable à nous, afin de nous rendre participants de sa divinité par l'adoption, en se rendant lui-même participant de notre mortalité par amour.
Voici en effet comme parle Saint Paul: "Quand est venu le temps marqué, Dieu a envoyé son Fils formé d'une femme et assujetti à la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi et nous faire recevoir le bienfait de l'adoption en qualité d'enfants (2)." Et cependant nous lisons dans l'Ecriture que nous sommes nés de Dieu, quand elle veut nous apprendre qu'étant déjà hommes, nous avons reçu de pouvoir devenir enfants de Dieu, et de le devenir par grâce non par nature: car si nous avions ce titre par nature, nous l'aurions eu de tout temps. Après avoir dit, en effet, que "le Verbe a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu à ceux qui croient en son nom", saint Jean ajoute aussitôt, "que ceux-là ne sont pas nés du sang, ni des désirs de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu lui-même."
Ainsi, ceux qui sont devenus enfants de Dieu en vertu de l'adoption dont parle saint Paul, ceux-là sont désignés dans le même discours comme étant nés de Dieu. Et pour nous faire voir plus clairement à quelle grâce est dû ce bienfait: "Le Verbe s'est fait chair, dit-il, et il a habité parmi nous (3)" ; comme s'il disait : Est-il étonnant que ceux qui étaient chair soient devenus enfants de Dieu, quand le Fils unique qui était le Verbe éternel s'est fait chair pour eux ? Il faut, sans doute, remarquer cette grande différence qu'en devenant les enfants de Dieu nous sommes changés à notre avantage, mais que le Fils de Dieu en devenant le fils de l'homme ne l'a été d'aucune sorte à son détriment, et n'a fait que prendre une nature inférieure pour l'unir à la sienne.
Saint Jacques dit encore: "Dieu nous a volontairement engendrés par la parole de la vérité, afin que nous fussions comme les prémices de ses créatures (1)." Cet apôtre ne veut pas nous laisser entendre par les mots : "Dieu nous a engendrés," que nous devenons ce que Dieu est lui-même ; et c'est pourquoi il nous déclare, de manière à fixer nos doutes, que l'effet de cette adoption est de nous conférer une certaine prééminence sur la création.
1 Rom. VIII. 15; 11, 4.
2 Gal. IV, 4, 6.
3 Jean, I, 12-14 .
1 Jacq. I,18.
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CHAPITRE III. POURQUOI SAINT MATTHIEU ET SAINT LUC DIFFÈRENT ENTRE EUX DANS L'ÉNUMÉRATION DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST.
7. L'évangéliste saint Luc ne s'éloignerait donc pas de la vérité, quand il dirait du père adoptif de Joseph, qu'il l'a engendré. Car en sa qualité de père adoptif, Héli a donné à Joseph une naissance : s'il ne l'a pas fait naître comme homme, il l'a fait naître comme fils. C'est ainsi que Dieu après nous avoir créés comme hommes nous a engendrés comme enfants. Quant au Fils unique, non seulement il a été engendré pour être Fils, ce que n'est pas le Père; mais il l'a été aussi pour être Dieu, ce que le Père est également.
Toutefois il est évident que si l'évangéliste saint Luc avait comme saint Matthieu employé le mot engendra, on ne pourrait nullement connaître qui des deux a parlé du père adoptif, et du père proprement dit; de même encore, si aucun deux n'avait usé de ce terme, et que l'un eût dit Joseph fils d'Héli, et l'autre, fils de Jacob, on ne verrait pas davantage lequel a voulu nommer le père dont Joseph était issu, ou le père adoptif. Mais, comme nous lisons dans saint Matthieu : "Jacob engendra Joseph" et dans saint Luc: "Joseph qui fut fils d'Héli," la différence même des expressions nous montre clairement quel a été le dessein de chacun.
Ainsi, tout homme religieux qui pensera plutôt devoir recourir à toute sorte d'hypothèse que de supposer menteur un Évangéliste, tout homme de ce caractère verra sans effort, je le répète, comment un seul personnage a pu avoir deux pères : et certainement ceux contre lesquels est dirigé ce discours le verraient facilement eux-mêmes, s'ils n'aimaient mieux contester que d'ouvrir les yeux à la lumière.
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gras ajoutés.
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CHAPITRE IV. SUR LE NOMBRE DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU ET SELON SAINT LUC.
8. On a fait cependant la remarque subtile que saint Matthieu, dont le travail avait pour but de montrer la royauté de Jésus-Christ, a nommé, outre Jésus-Christ lui-même, quarante hommes en exposant la suite des générations. Avouons qu'il fallait un lecteur bien attentif et bien appliqué pour observer ce détail dont nous devons maintenant nous occuper et que nous essaierons de faire comprendre. Le nombre quarante signifie le temps présent, durant lequel il nous faut être ici-bas gouvernés par Jésus-Christ, suivant la règle d'une discipline rigoureuse ; discipline dont parle saint Paul quand il dit que "Dieu flagelle tous ceux qu'il reçoit au nombre de ses enfants (1)," et que, pour entrer dans le royaume du ciel, nous devons suivre la voie des tribulations (2); discipline que désigne aussi cette verge de fer dont parle ainsi le Psaume: "Vous les gouvernerez avec une verge de fer", après avoir dit : "Pour moi, il m'a établi Roi sur Sion, sa montagne sainte." Et en effet l'usage de cette verge est appliqué au gouvernement des bons eux-mêmes, car il est dit à leur sujet : "Voici l'heure où le jugement doit commencer par la maison de Dieu : ET S'IL COMMENCE PAR NOUS, QUELLE SERA LA FIN DE CEUX QUI NE CROIENT PAS À L'EVANGILE DE DIEU ? et si le juste est à peine sauvé, où seront le pécheur et l'impie (3) ?"C'est du pécheur et de l'impie qu'il s'agit dans les paroles suivantes du Psaume : "Vous les briserez comme un vase d'argile (4)." Ainsi la même règle qui sert à conduire les justes a pour effet de briser les méchants. Or, il est également parlé des uns et des autres à raison de la communauté de foi et de sacrements qui les unit sur la terre.
1 Héb, XII, 6.
2 Act. XIV, 21.
3 I Pierre, IV, 17, 18.
4 Ps. II, 9.
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gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE IV. SUR LE NOMBRE DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU ET SELON SAINT LUC.
9. Que le nombre quarante soit le symbole du temps de peine et de travail pendant lequel nous avons à combattre contre le démon sous le sceptre de Jésus-Christ, c'est ce que déclarent même la Loi et les Prophètes en exprimant l'humiliation de l'âme par un jeûne de quarante jours dans la personne de Moise et d'Elie (5). C'est ce que nous déclare aussi l'Évangile, par le jeûne du Seigneur lui-même, qui, durant les quarante jours où il se priva de nourriture, fut encore tenté du démon (6) : et sans aucun doute, il voulait, par là, nous présenter dans la chair mortelle qu'il a daigné prendre de nous, l'image de la tentation à laquelle nous sommes assujettis tout le temps de cette vie. De plus, le divin maître après sa résurrection, ne voulut demeurer visiblement avec ses disciples sur la terre que l'espace de quarante jours (1). Il continua, durant cet intervalle, à paraître dans leur société, à partager leur existence, à prendre avec eux les aliments de la vie mortelle, quoique déjà la mort n'eût plus d'empire sur lui : afin de faire comprendre, par ces quarante jours, qu'il accomplirait au moyen d'une présence invisible, ce qu'il avait promis en disant : "Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation du siècle (2)." Mais pour nous persuader que le nombre quarante est le symbole de cette vie temporelle et terrestre, la raison qui se présente tout d'abord, quoique peut-être il y en ait une autre plus profonde, c'est que le temps qui forme nos années court dans quatre saisons différentes et que le monde lui-même a quatre côtés dont l'Ecriture fait quelque fois mention sous les noms des quatre vents: l'Orient, l'Occident, l'Aquilon et le Midi (3). Or dans quarante il y a quatre fois dix; et la série des dizaines est terminée quand le nombre s'en élève de une à quatre.
5 Ex. XXXIV, 28; III Rois, XIX, 8.
6 Matt. IV, 1, 2.
1 Act. I, 3.
2 Matt. XXVIII, 20.
3 Zach. XIV, 4.
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gras ajoutés.
À suivre…
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CHAPITRE IV. SUR LE NOMBRE DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU ET SELON SAINT LUC.
10. Donc, comme l'Évangéliste saint Matthieu avait pour but de nous montrer le Christ Roi qui vécut en ce monde et partagea la vie terrestre et mortelle des hommes afin de nous gouverner au milieu des peines et du travail de la tentation, il a nommé quarante hommes en commentant par Abraham. C'est, en effet, de la nation des Hébreux que le Christ est venu selon la chair ; de cette nation que Dieu avait distinguée des autres en éloignant Abraham de son pays et de sa parenté (4) ; afin que la désignation du peuple d'où le Messie devait sortir, précisât davantage les oracles et les prophéties dont il était l’objet. Après avoir exposé la suite de quarante générations et nommé le Sauveur, saint Matthieu se résume, il est vrai, en disant que d'Abraham à David il y a quatorze générations ; de David jusqu'à l'époque de la transmigration des Juifs à Babylone, encore quatorze, et enfin le même nombre depuis cette époque, jusqu'à la naissance de Jésus-Christ (5) mais alors il n'additionne pas les trois séries pour dire que toutes les générations sont au nombre de quarante-deux.
C'est qu'un même personnage a été compté deux fois ici, savoir Jéchonias, avec lequel la ligne des ancêtres de Jésus-Christ fait comme un détour dans les nations étrangères, au moment où les Juifs quittent leur pays pour se rendre à Babylone. De même, quand une ligne abandonne sa direction et, pour aller d'une autre côté, fléchit en forme d'angle, on compte deux fois la pointe de l'angle qui termine la première direction et commence la seconde.
Ce fait annonçait déjà que le Christ passerait en quelque sorte de Jérusalem à Babylone, c'est-à-dire des Juifs aux gentils, et serait comme la pierre angulaire des uns et des autres, devenus fidèles. Dieu exprimait alors en figure et préparait la réalité à venir. Car le nom même de Jéchonias, en qui nous voyons l'image prophétique d'un tel mystère, signifie préparation de Dieu. Ainsi, il n'y a pas quarante-deux générations, quoique ce nombre soit le produit de trois fois quatorze : mais à cause d'un personnage deux fois compté, on en trouve seulement quarante-et-une, si l'on y comprend Jésus-Christ lui-même qui préside en Roi au nombre quarante, c'est-à-dire à notre vie temporelle et terrestre, pour la gouverner.
4 Gen. XII, 1, 2.
5 Matt. I, 17.
gras, italiques et souligné ajoutés.
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CHAPITRE IV. SUR LE NOMBRE DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU ET SELON SAINT LUC.
11. Comme saint Matthieu voulait représenter le Christ venant ici-bas participer à notre mortalité, il a rappelé, en descendant depuis Abraham jusqu'à Joseph et jusqu'à la naissance de Jésus Christ lui-même, les générations dont nous venons de parler : et cela dès le début de son Évangile. Mais saint Luc, dont le dessein était de faire ressortir particulièrement le caractère sacerdotal du Sauveur venu pour expier les péchés des hommes, trace une généalogie qui va, non en descendant mais en remontant ; et ce n'est pas dès le commencement de son récit, mais après le baptême du divin Maître, quand une voix du ciel a fait connaître le Fils de Dieu et que Jean-Baptiste lui a rendu témoignage en disant : "Voici celui qui efface les péchés du monde (1)."
Or, l'Évangéliste en remontant la suite des générations ne s'arrête pas à Abraham, et il arrive jusqu'à Dieu, avec qui nous sommes réconciliés par la rémission et l'expiation de nos fautes. C'est encore à bon droit qu'il s'attache à l'origine d'adoption, parce que nous devenons enfants de Dieu par adoption, en croyant au Fils de Dieu, et l'idée d'une génération charnelle marque plutôt le Fils de Dieu devenant pour nous le Fils de l'homme.
Du reste, que saint Luc en disant Joseph fils d'Héli n'ait pas voulu faire entendre que Joseph était né de ce personnage, mais bien, que celui-ci l'avait adopté, l'Évangéliste en donne la preuve suffisante dans les derniers mots de sa généalogie. Il appelle, en effet, Adam lui-même fils de Dieu, parce que, sorti des mains de Dieu, le premier homme fut placé comme un fils dans le Paradis, en vertu d'une grâce que le péché lui fit perdre peu après.
1. I Jean I, 29.
gras ajoutés.
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CHAPITRE IV. SUR LE NOMBRE DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU ET SELON SAINT LUC.
12. Ainsi donc la généalogie selon saint Matthieu nous indique que Notre-Seigneur Jésus-Christ a pris sur lui nos péchés, et celle de saint Luc, qu'il en a consommé l'expiation. C'est pourquoi l'un présente la suite des générations en descendant, et l'autre en remontant. Ce que nous disons s'accorde bien avec le langage de l'Apôtre saint Paul. Quand il déclare que Dieu a envoyé son propre Fils revêtu d'une chair semblable à celle qui est sujette au péché, il montre Jésus-Christ se chargeant de nos iniquités; et quand il ajoute ces paroles : "Afin de condamner par le péché commis contre lui, le péché qui régnait dans notre chair," il fait voir le même Sauveur expiant nos crimes (1).
Aussi, l'Évangéliste saint Matthieu, à partir de David, poursuit la ligne des ancêtres du Messie, par Salomon, avec la mère duquel David se rendit coupable (2); tandis que saint Luc remonte au même patriarche par Nathan, prophète dont Dieu se servit pour lui annoncer le pardon de son péché (3). Le nombre que présente la généalogie tracée par saint Luc offre encore lui-même le signe très certain d'une entière rémission. Comme Jésus-Christ, toujours innocent, n'a joint aux iniquités des hommes qu'il a prises en sa chair, aucune iniquité personnelle, le nombre des noms, dans saint Matthieu, s'arrête à quarante sans comprendre Jésus-Christ. Mais le Sauveur nous a fait participer à la justice divine, nous a unis à lui et à son Père, en expiant nos fautes et en nous purifiant de toute souillure, pour réaliser ce que dit l'Apôtre : "Celui qui demeure attaché au Seigneur est un même esprit avec lui (4) :" et c'est pour cela que le nombre des noms dans saint Luc comprend Jésus-Christ par qui l'énumération commence, et Dieu par qui elle se termine. On trouve alors le nombre soixante-dix-sept, qui marque une rémission complète et un entier oubli de tous les péchés. Notre Seigneur a déclaré lui-même d'une manière évidente la mystérieuse signification de ce nombre, en disant qu'il faut pardonner les offenses, non pas sept fois, mais soixante-dix-sept fois (1).
1 Rom. VIII, 3.
2 II Rois, XI, 14.
3 ib. XII, 1-14 ; 11 Rétr. ch. 16.
4 I Cor. VI, 17.
1 Matt. XVIII, 22
gras ajoutés.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE IV. SUR LE NOMBRE DES ANCÊTRES DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU ET SELON SAINT LUC.
13. On verra, du reste, si l'on veut y regarder de plus près, que le rapport de ce nombre avec la rémission de tout péché n'est pas sans fondement. Car le nombre dix apparaît, dans les dix préceptes de la Loi, comme étant celui de la justice et de la sainteté. Or, le péché est la transgression de la loi ; et certainement la transgression d'une loi qui se compose de dix préceptes est convenablement figurée par le nombre onze : de là, l'ordre de faire onze couvertures de crin ou cilices pour le tabernacle (2); qui peut, en effet, douter que le cilice ait une signification relative au péché ?
Ainsi, parce que toute la suite du temps se divise en semaines ou espaces de sept jours, c'est avec raison que le nombre soixante-dix-sept, produit de sept fois onze, exprime la masse de tous les péchés. Mais nous voyons aussi dans le même nombre la rémission pleine et entière des péchés: car la chair de notre pontife, à qui ce nombre commence, dans le récit de saint Luc, nous purifie de nos souillures, et Dieu, à qui il se termine, nous reçoit en grâce par l'Esprit-Saint. Et c'est au baptême de Jésus-Christ, baptême dont l'Évangéliste prend occasion pour faire son énumération, que l'Esprit-Saint apparut en forme de colombe (3).
2 Ex. XXVI, 7.
3 Luc, III, 23.
gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
14. Après avoir fait le dénombrement des générations, saint Matthieu continue en ces termes: "Or voici de quelle sorte arriva la naissance de Jésus-Christ : Comme Marie sa mère, était fiancée à Joseph; avant qu'ils eussent été ensemble, elle se trouva grosse ayant conçu de l'Esprit-Saint." Il ne dit pas comment s'est opéré le mystère ; et saint Luc, après avoir parlé de la conception de Jean, l'expose ainsi : "Dans le sixième mois de la grossesse d'Élisabeth, l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une Vierge qui était fiancée, à un homme de la maison de David, nommé Joseph : et cette vierge s'appelait Marie. Et l'ange étant entré dans le lieu où elle était lui dit : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre toutes les femmes. Marie l'ayant vu fut troublée de ses paroles, et se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l'ange lui dit : Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu : voici que vous allez concevoir dans votre sein, et vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père : il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin. Alors Marie dit à l'ange : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d'homme? Et l'ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu."
Et le reste, qui n'appartient plus à l'objet dont il s'agit présentement. Saint Matthieu, pour tout ce détail, a donc dit de Marie qu’ "elle se trouva grosse, ayant conçu du Saint-Esprit". Mais quoique saint Luc ait exposé ce que ne raconte pas saint Matthieu, il n'existe nulle contradiction entre l'un et l'autre, puisque tous deux déclarent que Marie a conçu de l'Esprit-Saint ; on n'en peut voir non plus dans le silence que garde saint Luc sur ce qui vient ensuite dans le récit de saint Matthieu. Cet Évangéliste continue ainsi : "Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la quitter secrètement. Mais comme il était dans cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse; car ce qui est en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus, car ce sera lui qui sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés. Or tout ceci s'est fait, pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces termes : Voici qu'une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, ce qui signifie: Dieu avec nous. Joseph s'étant donc éveillé fit ce que l'ange du Seigneur avait ordonné et prit son épouse avec lui. Et il ne l'avait point connue quand elle enfanta son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus. Comme donc Jésus était né à Bethléem, ville de Juda, au temps du Roi Hérode... "et le reste.
gras et italiques ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
15. Saint Matthieu et saint Luc disent également que Jésus-Christ est né dans la ville de Bethléem. Mais saint Luc expose comment et pour quel motif Joseph et Marie s'y rendirent, tandis que saint Matthieu n'en parle pas. Au contraire saint Luc ne dit rien des Mages venus d'Orient, et saint Matthieu continue son récit par la narration de ce fait : "Voici, dit-il, que des Mages vinrent d'Orient à Jérusalem, et ils demandaient: Où est le Roi des Juifs, nouvellement né ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l'adorer." Ceci étant arrivé à la connaissance du Roi Hérode" il en fut troublé," et le reste, jusqu'à l'endroit où il est écrit que ces Mages "ayant reçu en songe l'avertissement de ne point retourner vers Hérode, revinrent dans leur pays par un autre chemin." Sur tout cela saint Luc a gardé le silence, comme saint Matthieu le garde sur plusieurs autres faits racontés par saint Luc, savoir que le Seigneur fut couché dans une crèche, qu'un ange annonça aux bergers sa naissance, qu'une grande multitude de l'année céleste se joignit à l'ange pour louer Dieu, que les bergers se rendirent à Bethléem et reconnurent la vérité des paroles de l'ange, et que le jour où l'enfant fut circoncis, il reçut un nom.
De même saint Matthieu ne dit rien de tout ce que raconte saint Luc au sujet de la purification de Marie et de la présentation de Jésus-Christ dans le temple de Jérusalem, ni au sujet des paroles que firent alors entendre le vieillard Siméon et Anne la prophétesse, quand, remplis de l'Esprit-Saint, ils eurent connu le Sauveur.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
16. De là on désire avec raison savoir le temps où se sont accomplies les choses omises par saint Matthieu et rapportées par saint Luc, et celles que raconte saint Matthieu et dont saint Luc ne parle pas. Car le premier, poursuivant son discours, nous apprend encore qu'après le retour des Mages en Orient, d'où ils étaient venus, Joseph fut averti par un ange de fuir en Égypte avec l'enfant, pour le soustraire à la mort dont Hérode le menaçait ; qu'ensuite Hérode ne trouvant pas cet enfant fit mourir tous les autres âgés de deux ans et au-dessous; qu'Hérode étant mort, Joseph revint d'Égypte et qu'ayant appris l'élévation d'Archélaüs sur le trône de Judée à la place de son père, il se rendit à Nazareth ville de Galilée pour y habiter avec Jésus et Marie. Autant de faits que saint Luc ne relève pas.
On ne peut sans doute prétendre qu'il y a contradiction entre les deux Évangélistes parce que l'un dit ce que l'antre tait, ou qu'une chose rapportée par celui-ci est omise par celui-là. Mais on veut savoir en quel temps a pu arriver ce que saint Matthieu nous apprend de la sainte famille fuyant en Égypte, puis revenant de ce pays après la mort d'Hérode, pour habiter désormais la ville de Nazareth, où saint Luc la fait retourner lorsque se trouvent accomplies, à l'égard de l'enfant, dans le temple de Jérusalem, toutes les prescriptions de la loi du Seigneur.
Or, il faut ici reconnaître et bien constater, pour résoudre d'un seul coup toute les difficultés semblables et prévenir le trouble et l'embarras dont elles pourraient encore devenir la matière, que chaque Évangéliste a joint ensemble les différentes parties de son récit de manière à lui donner l'apparence d'une narration complète où rien n'est omis. En taisant ce qu'il ne veut pas dire, il unit de telle sorte ce qu'il veut dire à ce qu'il a dit, que les choses racontées paraissent avoir été faites de suite. Mais quand l'un rapporte des choses dont l'autre ne parle pas, l'ordre des deux récits considéré avec soin fait voir l'endroit où celui qui les a omises a pu les passer, en liant ce qu'il avait dessein de dire à ce qu'il avait dit précédemment, comme si tout se suivait sans aucun fait intermédiaire.
Ainsi, c'est dans le lieu de son récit où il nous représente les Mages retournant par un autre chemin, selon l'avertissement du Ciel, que saint Matthieu a passé ce qui, au rapport de saint Luc, s'est accompli dans le temple au sujet du Seigneur, et les paroles de Siméon et d'Anne ; comme c'est après avoir rapporté ces derniers détails que saint Luc lui-même omet la fuite en Égypte racontée par saint Matthieu, pour mentionner tout de suite le retour de la sainte famille à Nazareth.
gras ajoutés
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
17. Si l'on veut, pour ce qui regarde la Nativité, la première et la seconde enfance du Sauveur, réunir les deux récits en complétant l'un par l'autre, voici l'ordre qu'on peut suivre : "La naissance de Jésus-Christ arriva de cette sorte (1). Au temps d'Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre, nommé Zacharie, de la famille d'Abia, et sa femme, de la race d'Aaron, s'appelait Élisabeth. Ils étaient tous deux justes devant Dieu, et ils marchaient dans la voie de tous les commandements et de toutes les ordonnances a du Seigneur d'une manière irrépréhensible. Ils n'avaient point d'enfant, parce que Élisabeth était stérile et qu'ils étaient déjà tous deux avancés en âge.
Or Zacharie, faisant sa fonction de prêtre devant Dieu dans le rang de sa famille: il arriva par le sort, selon ce qui s'observait entre les prêtres, que ce fut à lui d'entrer dans le temple du Seigneur pour y offrir des parfums. Cependant toute la multitude du peuple était dehors faisant sa prière à l'heure où ces parfums étaient offerts. Et un ange du Seigneur lui apparut se tenant debout à la droite de l'autel des parfums. Zacharie le voyant, fut troublé et la frayeur le saisit. Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée, et Élisabeth ton épouse t'enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jean. Tu en seras dans la joie et dans le ravissement, et plusieurs se réjouiront aussi de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira point de vin, ni rien de ce qui peut enivrer, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère. Il convertira plusieurs des enfants d'Israël au Seigneur, leur Dieu. Et il marchera devant lui dans l'esprit et la vertu d'Elfe, pour réunir les cœurs des pères avec leurs enfants, pour rappeler les incrédules à la prudence des justes, et préparer ainsi au Seigneur un peuple parfait.
Zacharie répondit à l'ange : Comment saurai-je que cela arrivera ? Car je suis déjà vieux et ma femme est avancée en âge. Sur quoi l'ange lui dit : Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette heureuse nouvelle. Or dans ce moment tu vas devenir muet et tu ne pourras plus parler jusqu'au moment où ceci arrivera, parce que tu n'as point cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps.
Cependant le peuple attendait Zacharie et il s'étonnait qu'il demeurât si longtemps dans le temple. Mais étant sorti, il ne pouvait leur parler et ils reconnurent qu'il avait eu dans le temple quelque vision; car il ne s'expliquait à eux que par signe, et il demeura muet. Or, quand les jours de son ministère furent accomplis, il retourna dans sa maison. Quelque temps après, Élisabeth sa femme conçut et elle se tenait cachée durant cinq mois, disant c'est ainsi que le Seigneur en a usé avec moi, quand il m'a regardée pour me tirer de l'opprobre où j'étais devant les hommes !
Or, comme elle était dans son sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph; et cette vierge s'appelait Marie. L'ange étant entré dans le lieu où elle était, lui dit: Je vous salue, pleine de grâce; le Seigneur est avec vous; vous êtes bénie entre toutes les femmes. Marie l'ayant vu, fut troublée de ses paroles et se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l'ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous allez concevoir dans votre sein, et vous enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il règnera éternellement sur la maison de Jacob et son règne n'aura point de fin.
Alors Marie dit à l'ange : Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d'homme. Et l'ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Voilà que votre cousine Élisabeth a elle-même conçu un fils dans sa vieillesse; et c'est ici le sixième mois de celle qu'on appelle stérile; parce qu'il n'y a rien d'impossible à Dieu. Alors Marie lui dit : Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ; et l'ange s'éloigna. à suivre…
1 Matt. I,18
À suivre…
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CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
17. (suite). Aussitôt après, Marie partit et se rendit en hâte au pays des montagnes, en une ville de Juda. Et étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Élisabeth. Dès qu’Élisabeth entendit la voix de Marie qui la saluait, son enfant tressaillit dans son sein, et elle-même fut remplie du Saint-Esprit. Alors elle s'écria d'une voix forte : Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni. D'où me vient ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne vers moi? Car votre voix n'a pas plus tôt frappé mes oreilles, lorsque vous m'avez saluée, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. Que vous êtes heureuse d'avoir cru, parce que les choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur s'accompliront ! Alors Marie reprit : Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur; parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante; et voici que désormais toutes les générations m'appelleront bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, lui dont le nom est saint, et dont la miséricorde se répand d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de bon bras ; il a dissipé ceux qui s'enflaient d'orgueil dans les pensées de leur coeur; il a renversé les grands de leurs trônes, et il a élevé les petits ; il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et renvoyé vides ceux qui étaient riches; il a pris en sa protection Israël, son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, selon la promesse qu'il en avait donnée à nos pères, à Abraham et à sa postérité dans tous les siècles.
Or Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle retourna en sa maison (1).
— Elle se trouva grosse, ayant conçu du Saint-Esprit. Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer, résolut de la quitter secrètement. Mais, comme il était dans cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse ; car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus ; car ce sera lui qui sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés. Or tout ceci s'est fait pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces termes: Voici qu'une Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. Joseph s'étant donc éveillé fit ce que fange du Seigneur lui avait ordonné et prit son épouse avec lui; et il ne l'avait point connue (2).
Cependant le temps auquel Élisabeth devait accoucher arriva, et elle mit au monde un fils. Ses parents et ses amis ayant appris que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde sur elle, l'en félicitaient. Et le huitième jour, étant venu pour circoncire l'enfant, ils le nommaient Zacharie, du nom de son père. Mais la mère prenant la parole: Non, dit-elle, il sera appelé Jean. Ils lui répondirent: Il n'y a personne dans votre famille qui porte ce nom. En même temps ils firent signe au père pour lui demander comment il voulait qu'on le nommât. Le père s'étant fait apporter des tablettes, écrivit : Jean est son nom. Et tous demeurèrent dans l'étonnement. Car aussitôt la bouche de Zacharie s'ouvrit, sa langue se délia et il parlait en bénissant Dieu.
Tous ceux qui habitaient les lieux voisins furent remplis de crainte, et le bruit de ces merveilles se répandit dans tout le pays des montagnes de Judée. Tous ceux qui les entendirent les conservèrent dans leur cœur, et ils disaient : Que penses-tu que sera cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie son père, fut rempli de l'Esprit-Saint, et prophétisa en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple ; de ce qu'il nous a suscité un puissant Sauveur, dans la maison de David son serviteur; selon la parole qu'il avait donnée, par la bouche de ses saints prophètes qui ont vécu dans les siècles passés, de nous délivrer de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent, pour exercer sa miséricorde envers nos pères et se souvenir de son alliance sainte: selon le serment par lequel il a juré à Abraham notre père de nous accorder la grâce de le servir sans crainte, étant délivrés des mains de nos ennemis et marchant devant lui dans la sainteté et la justice tous les jours de notre vie.
Pour toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut : car tu marcheras devant le Seigneur et tu prépareras ses voies; afin d'enseigner à son peuple la science du salut, pour la rémission de ses péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le Soleil levant est venu d'en haut nous visiter; afin d'éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et les ombres de la mort, et de diriger nos pieds dans le chemin de la paix. à suivre…
1 Luc, I, 5-36.
2 Matt. I, 18-25.
À suivre…
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CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
17. (suite). Cependant l'enfant croissait et se fortifiait en esprit : et il demeurait dans le désert jusqu'au jour où il devait paraître devant le peuple d'Israël. Or il arriva qu'en ce même temps, on publia un édit de César Auguste pour faire le dénombrement des habitants de toute la terre. Ce premier dénombrement se fit par Cyrus, gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire enregistrer chacun dans la ville dont il était. Alors Joseph partit aussi de la ville de Nazareth, qui est en Galilée, et vint en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, pour se faire enregistrer avec Marie son épouse qui était enceinte. Pendant qu'ils étaient là, arriva le temps où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie. Or il y avait aux environs des bergers qui passaient la nuit dans les champs, veillant tour-à-tour à la garde de leurs troupeaux. Et tout-à-coup, un ange du Seigneur se présenta à eux, et une clarté céleste les environna, et ils furent saisis d'une grande frayeur.
Mais l'ange leur dit : Ne craignez point; car je viens vous apporter une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici la marque à laquelle vous le reconnaîtrez : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. Au même instant, il se joignit à l'ange une grande troupe de l'armée céleste louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Après que les anges se furent retirés dans le ciel, les bergers se dirent l'un à l'autre : Passons jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, et ce que le Seigneur nous a fait connaître. S'étant donc hâtés d'y aller, ils trouvèrent Marie et Joseph avec l'enfant couché dans une crèche. Et l'ayant vu, ils reconnurent la vérité de ce qui leur avait été dit touchant cet enfant. Et tous ceux qui entendirent, admirèrent ce qui leur avait été rapporté par les bergers. Or, Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur. Et les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils avaient entendu et vu, selon qu'il leur avait été dit.
Le huitième jour, quand l'enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom que l'ange lui avait donné avant qu'il fût conçu dans le sein de sa mère (1). Ensuite voici que des Mages vinrent d'Orient à Jérusalem, et ils demandèrent : Où est le roi des Juifs nouvellement né ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l'adorer. Ceci étant arrivé à la connaissance du roi Hérode, il en fut troublé, et avec lui toute la ville de Jérusalem. Ayant donc assemblé tous les princes des prêtres et les scribes du peuple, il s'informait près d'eux, du lieu où devait naître le Christ. Ils lui dirent que c'était à Bethléem de Juda, selon ce qui avait été écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es pas la moindre entre les principales villes de Juda : car de toi sortira le chef qui doit conduire mon peuple d'Israël. Alors Hérode ayant appelé les mages en secret, s'enquit d'eux avec soin du temps auquel l'étoile leur était apparue ; et, les envoyant à Bethléem, il leur dit : Allez, informez-vous exactement de cet enfant, et lorsque vous l'aurez trouvé, donnez-m'en la nouvelle, afin que j'aille aussi moi-même l'adorer. Ayant entendu le roi, les mages partirent, et l'étoile qu'ils avaient vue en Orient, se montra de nouveau et allait devant eux, jusqu'à ce qu'étant arrivée au des sus du lieu où était l'enfant, elle s'y arrêta. La voyant reparaître ils furent transportés de joie ; et lorsqu'ils entrèrent dans la maison qu'elle leur marquait, ils trouvèrent l'enfant avec Marie sa mère, et se prosternant ils l'adorèrent ; puis ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent pour présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ensuite, ayant reçu en songe l'avertissement de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Quand ils furent repartis (1), les jours de la purification de Marie étant accomplis, selon la a loi de Moïse, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur ; suivant qu'il est écrit dans la loi divine, que tout mâle qui naîtra le premier sera consacré au Seigneur ; et pour donner ce qui devait être offert en sacrifice, comme il est écrit dans la même loi, deux tourterelles ou deux petits de colombes. Or, il y avait alors à Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon. Il attendait la consolation d'Israël, et le Saint-Esprit était en lui. Et il lui avait été révélé par le Saint-Esprit qu'il ne mourrait point, sans avoir vu auparavant le Christ du Seigneur. Cet homme vint donc au temple par le mouvement de l'Esprit de Dieu, et comme les parents de l'enfant Jésus l'y portaient afin d'accomplir à son égard les prescriptions de la loi; il le prit lui-même entre ses bras et bénit Dieu en disant : C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez mourir en paix votre serviteur, selon votre parole ; puisque mes yeux ont vu le Sauveur que vous nous donnez, et que vous destinez pour être exposé à la vue de tous les peuples, comme la lumière qui éclairera les nations, et la gloire de votre peuple Israël. Et le père et la mère de Jésus admiraient ce que l'on disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, la mère de l'enfant : Celui-ci est établi pour la ruine et la résurrection de plusieurs dans Israël, et pour être en butte à la contradiction et votre âme même sera percée d'un glaive, afin que soient découvertes les pensées de plusieurs cachées au fond de leur cœur. Il y avait aussi une prophétesse nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser : elle était fort avancée en âge ; elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, et elle était demeurée veuve jusqu'à quatre-vingt quatre ans elle ne s'éloignait point du temple, servant Dieu jour et nuit dans les jeûnes et dans les prières. Étant donc survenue à la même heure, elle se mit aussi à louer le Seigneur, et à parler de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël.à suivre…
1 Luc, I, 57 ; II, 1-21.
1 Matt. II, 1-13.
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
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CHAPITRE V. ACCORD DE SAINT MATTHIEU ET DE SAINT LUC AU SUJET DE LA CONCEPTION ET DES PREMIÈRES ANNÉES DE JÉSUS-CHRIST.
17. (fin) Après qu'ils eurent accompli tout ce qui était ordonné par la loi du Seigneur (1), voici qu'un ange du Seigneur apparut à Joseph au milieu de son sommeil et lui dit : Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, fuis en Égypte et demeures-y jusqu'à ce que je te dise d'en sortir : car Hérode cherchera l'enfant pour le faire mourir. Joseph s'étant levé prit l'enfant et sa mère durant la nuit et se retira en Égypte, où il demeura jusqu'à la mort d'Hérode. Cette retraite arriva pour accomplir la parole que le Seigneur avait dite par le prophète : J'ai rappelé mon Fils de l'Égypte. Alors Hérode voyant que les mages l'avaient trompé, entra dans une extrême colère : il envoya tuer à Bethléem et dans tous les pays d'alentour, tous les enfants âgés de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s'était enquis exactement des mages.
Alors s'accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie en ces termes: On a entendu dans Rama une voix lamentable, des pleurs et de grands cris: c'est Rachel pleurant ses enfants et ne voulant point recevoir de consolation parce qu'ils ne sont plus.
Or, après la mort d'Hérode, un ange apparut la nuit à Joseph qui était en Égypte, et lui dit : Lève-toi, prends l'enfant et sa mère et retourne dans la terre d'Israël ; car ceux qui cherchaient l'enfant pour lui ôter la vie sont morts. Joseph s'étant donc levé prit l'enfant avec sa mère et s'en vint dans la terre d'Israël. Mais apprenant qu'Archélaüs régnait en Judée à la place d'Hérode son père, il craignit d'y aller, et sur un avertissement céleste qu'il reçut pendant qu'il dormait, il se retira dans la Galilée et vint demeurer dans la ville appelée Nazareth, avec Jésus, afin que cette prédiction des prophètes fut accomplie : Il sera appelé Nazaréen (1).
Cependant l'enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était en lui. Or son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem pour la fête de Pâque. Et lorsqu'il fut âgé de douze ans, ils y allèrent selon leur coutume au temps de la fête. Quand les jours de la solennité furent passés, lorsqu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus demeura à Jérusalem, sans que son père et sa mère s'en aperçussent ; et pensant qu'il était avec quelqu'un de la compagnie, ils marchèrent durant un jour ; et le soir, ils le cherchaient parmi leurs parents et parmi ceux de leur connaissance. Mais ne l'ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour l'y chercher. Et trois jours après, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l'entendaient étaient surpris de sa sagesse et de ses réponses. Lors donc qu'ils le virent, ils furent remplis d'admiration, et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi avez vous agi de la sorte envers nous ? Voilà que nous vous cherchions tout affligés, votre père et moi. Il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois à ce qui regarde le service de mon Père ? Mais ils ne comprirent point ce qu'il leur disait. Il s'en alla ensuite avec eux et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or, sa mère conservait toutes ces choses en son coeur. Et Jésus croissait en sagesse en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes (2)."
1 Luc, II, 22-39.
1 Matt. II, 13-23.
2 Luc, II, 40-62.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VI. ÉPOQUE DE LA PRÉDICATION DE JEAN-BAPTISTE.
18. Vient ensuite ce qui a rapport à la prédication de Jean; et c'est un point que fait ressortir chacun des quatre évangélistes. En effet, saint Matthieu, après avoir écrit les dernières paroles que j'ai citées de lui, après avoir rappelé ce témoignage d'un prophète : "Il sera appelé Nazaréen," continue ainsi son Évangile : "En ces jours Jean-Baptiste vint prêcher au désert de Judée (1)." Et saint Marc qui n'a rien dit de la Nativité, ni de la première ni de la seconde enfance du Seigneur, prend son récit à la prédication même de Jean Car voici comme il débute : "Commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Ainsi qu'il est écrit dans le prophète Isaïe : Voilà que j'envoie mon ange devant ta face, et marchant devant toi, il te préparera le chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; rendez droits ses sentiers. Jean était dans le désert, baptisant et prêchant un baptême de pénitence pour la rémission des péchés, etc (2)." Saint Luc, lui aussi, après ces mots : "Jésus croissait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes," parle aussitôt de la prédication de Jean, et il dit : "La quinzième année de l'empire de Tibère César, Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, Philippe, son frère, de l'Iturée et du pays de Trachonite, et Lysanias, d'Abilène ; Anne et Caïphe étant grands-prêtres, le Seigneur fit entendre sa parole à Jean, fils de Zacharie, dans le désert, etc (3)." Et l'Apôtre saint Jean, qui domine de si haut les trois autres évangélistes, après avoir parlé du Verbe, Fils de Dieu, engendré avant tous les siècles de la création, puisque tout a été fait par lui, rappelle immédiatement la prédication et le témoignage de Jean- Baptiste: "Il y eut, dit-il, un homme envoyé de Dieu, qui s'appelait Jean (4)."
Considérons maintenant l'accord des quatre récits de l'Évangile, au sujet du saint précurseur. Je n'entends pas ici exposer en détail et réunir toutes les paroles, comme je l'ai fait un peu plus haut, quand il s'est agi des commencements du Christ né de Marie. J'ai ramené à une seule narration ce qu'en disent saint Matthieu et saint Luc , pour montrer même aux esprits les moins exercés, qu'il n'y a pas la moindre contradiction entre les deux évangélistes et que l'un, en rappelant ce que l'autre tait ou en taisant ce que l'autre rappelle, n'empêche nullement de recevoir comme vrai ce que présente le récit de chacun.
Cet exemple, tel que je l'ai donné ou tel qu'on peut le donner si l'on voit un ordre meilleur, suffit pour faire sentir à tout homme que dans les autres endroits semblables les choses peuvent se traiter comme dans celui-là.
1 Matt. III, I.
2 Marc I. 1, 4.
3 Luc, III, l-2
4 Jean, I. 6
gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VI. ÉPOQUE DE LA PRÉDICATION DE JEAN-BAPTISTE.
19. Maintenant donc, comme je viens de le dire, voyons au sujet de Jean-Baptiste, l'accord des quatre auteurs des récits évangéliques. Saint Matthieu continue ainsi: "Or dans ces jours, Jean-Baptiste vint prêcher au désert de Judée." Saint Marc ne dit pas "dans ces jours," parce qu'il n'avait raconté précédemment aucun événement contemporain, qui lui permit d'user de cette formule. Saint Luc a marqué d'une manière plus précise par le nom des puissances terrestres, les temps de la prédication et du baptême de Jean, quand il a dit: "La quinzième année de l'empire de Tibère César, Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, Philippe, son frère, de l'Iturée et du pays de Trachonite et Lysanias, d'Abilène; Anne et Caïphe étant grands-prêtres, le Seigneur fit entendre sa voix à Jean, fils de Zacharie, dans le désert."
Ne croyons pas cependant que saint Matthieu ait voulu désigner l'époque où tous ces hommes exerçaient leur autorité, en disant: "Dans ces jours." On doit appliquer son expression à un espace de temps beaucoup plus étendu; car aussitôt qu'il nous a montré Jésus-Christ de retour d'Égypte après la mort d'Hérode , et sans aucune doute, le fait a eu lieu pendant la première ou la seconde enfance du Sauveur; autrement l'on ne pourrait justifier les paroles de saint Luc au sujet de sa présence et de sa conduite dans le temple de Jérusalem, à l'âge de douze-ans (1)) aussitôt, dis-je, qu'il nous a fait voir dans la personne de l'enfant Jésus, l'accomplissement de cet oracle : "J'ai rappelé mon Fils d'Égypte," saint Matthieu arrive à la prédication de Jean et dit aussitôt: "Dans ces jours, Jean-Baptiste vint prêcher au désert." Ce n'est pas qu'il entende seulement les jours de l'enfance de Jésus; il désigne toutes les années écoulées depuis la Nativité jusqu'au temps de la prédication et du baptême de Jean-Baptiste, c'est-à-dire jusqu'au temps où nous voyons le Christ dans l'âge de la jeunesse, puisque le Sauveur était né la même année que le précurseur, et que, du reste, l'Évangile nous le présente comme ayant trente ans environ quand il fut baptisé par lui.
1 Luc, II, 41-50.
gras ajoutés
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VII. DES DEUX HÉRODES.
20. Saint Luc rapporte qu'Hérode était tétrarque de Galilée quand Jésus-Christ, alors dans l'âge de la jeunesse, reçut le baptême de Jean (1) ; et saint Matthieu, que Jésus-Christ encore enfant quitta l'Égypte pour revenir en son pays après la mort d'Hérode. Plusieurs veulent trouver ici l'objet d'une difficulté sérieuse. Pour affirmer la vérité des deux passages, il faut, sans doute, reconnaître qu' il y a eu deux Hérodes. Comme aux yeux de tout le monde la chose est très possible, quel n'est pas l'aveuglement de ces hommes qui ne cherchent qu'à calomnier la vérité de l'Évangile, quand la moindre réflexion leur ferait voir qu'il s'agit de deux personnages appelés du même nom ? C'est de quoi l'on trouve partout des exemples. Il est certain, en effet, que ce dernier Hérode était fils du premier; comme Archélaüs, que saint Matthieu place sur le trône de Judée après la mort de son père, à l’époque du retour d'Égypte (2); comme Philippe que saint Luc représente comme le frère du tétrarque Hérode et tétrarque lui-même de l'Iturée (3).
Aussi bien le premier Hérode qui cherchait à faire mourir l'enfant Jésus avait le titre de roi: quant à l'autre, son fils, il n'avait que celui de tétrarque; c'est-à-dire qu'il était gouverneur de l'une des quatre provinces formées alors de l'ancien royaume.
1 Luc. III,1-21
2 Matt. II, 19-22.
3 ib . 10-22.
gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VIII. RETOUR A NAZARETH.
21. On voudra peut-être voir encore une autre difficulté. D'après saint Matthieu Joseph revenant d'Égypte n'osa aller en Judée avec l'enfant, parce qu'un fils d'Hérode, Archélaüs, y régnait à sa place. Mais comment peut-il aller en Galilée, où, d'après le récit de saint Luc, régnait le tétrarque Hérode, un autre fils de ce tyran ? La question suppose qu'il s'agit du même temps. Mais le temps dont parle saint Luc n'est plus celui où Joseph craignait pour l'enfant Jésus: les choses avaient tellement changé de face que la Judée n'était plus sous le sceptre d'Archélaüs, et qu'elle obéissait à Ponce-Pilate, qui n'était pas roi mais gouverneur des Juifs: alors les fils d'Hérode l'ancien administraient sous l’autorité de Tibère César, non un royaume mais une tétrarchie. Il est clair que cette révolution n'avait pas encore eu lieu quand Joseph, craignant Archélaüs, roi de Judée, se transporta avec l'enfant dans la province de Galilée, où, du reste, était située Nazareth sa ville natale.
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gras ajoutés.
À suivre…
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Re: LIVRE SECOND. DE L'INCARNATION A LA CÈNE. NUL DÉSACCORD ENTRE LES ÉVANGÉLISTES (SAINT AUGUSTIN) - TABLE DES MATIÈRES.
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LIVRE SECOND.
De l'Incarnation à la Cène. Nul désaccord entre les quatre Évangélistes
Par Saint Augustin.
CHAPITRE IX. MOTIFS DE PRÉFÉRENCE POUR LE SÉJOUR A NAZARETH.
22. Veut-on nous faire encore une nouvelle objection, et nous demander comment saint Matthieu a dit que les parents de l'enfant Jésus se rendirent avec lui en Galilée, parce que la crainte d'Archélaüs les détourna d'aller en Judée: quand ils ont plus vraisemblablement fixé leur séjour dans cette province par la raison que leur ville était Nazareth de Galilée, comme le déclare saint Luc ? Mais il faut comprendre que Joseph ayant ouï en Égypte, durant son sommeil, ces paroles de l'Ange: "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et retourne dans la terre d'Israël", n’y vit tout d'abord un ordre de se rendre en Judée; et sans doute par la terre d'Israël il put entendre, avant tout, le pays dont Jérusalem était le centre.
Ensuite, ayant appris l'élévation d'Archélaüs sur le trône d'Hérode son père, il voulut d'autant moins s'exposer aux poursuites du tyran, qu'il pouvait considérer la Galilée comme étant aussi la terre d'Israël, puisque les habitants de cette province étaient aussi des Israëlites.
On peut cependant résoudre encore cette objection d'une autre manière . Les parents de Jésus-Christ purent croire que Jérusalem, à cause du temple du Seigneur, était le seul séjour où il leur convint de s'établir avec cet enfant, dont les oracles célestes leur apprenaient tant de merveilles: et alors ils devaient, au retour d'Égypte, fixer leur demeure, s'ils n'eussent redouté la présence du fils d'Hérode, dont l'ordre divin ne leur enjoignait pas de mépriser les menaces .
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gras ajoutés.
À suivre…
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