NOTRE-DAME DANS MA VIE
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
Notre-Dame nous apprend à prier dans la joie
4. — Notre-Dame nous unit à la joie de Jésus et à la sienne
Il est difficile de dire les bienfaits de cette prière de louange et d'admiration. La joie qu'y prend l'âme fait grandir son amour. Amour de complaisance qui devient vite un amour de conformité. « Mon Seigneur, apprenez-moi ce que vous voulez que je vous dise », s'écriait sainte Marguerite-Marie. — « Rien, répondit Jésus, si non : mon Dieu, mon unique et mon tout. Vous êtes tout pour moi et je suis toute pour vous ».
C'est une grande grâce de savoir avant tout voir Dieu dans la prière. C'est ainsi que prient les saints. Pour nous, trop souvent nous pensons à nous-mêmes. Les saints commençaient par adorer, par admirer, par louer. Leur prière n'était qu'un chant, qu'un élan du cœur vers la majesté divine. Ils avaient besoin d'exalter Dieu.
Cette prière de louange nous fait vivre dans l'amour. Faites beaucoup d'actes d'amour. «Demeurez dans l'amour ». Dites à Dieu que vous l'aimez. Dites-le-lui à propos de tout, à propos des grâces reçues, des épreuves subies ou à venir, des joies et des souffrances.
Aimez-le pour vous, aimez-le pour tous. Aimez-le en le louant, en l'adorant, en obéissant, en vous donnant sans réserve à sa volonté.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
Notre-Dame nous apprend à prier dans la foi
1. — Jésus s'en va
Les mystères joyeux n'occupent qu'une partie de la vie de Jésus et de Marie. La vie intérieure est une lutte âpre dans une vallée de larmes. Il faut attendre la souffrance. Après une oraison joyeuse, où Dieu se communique visiblement, viendra une période pénible où Dieu semble s'éloigner : Jésus se tait et s'en va. Période redoutable.
La vie de Notre-Dame nous en donne un exemple. Elle connut des jours de véritable agonie lorsque Jésus resta au Temple sans l'avertir. Jésus parti ! Parti en silence ! Il n'avait rien dit, et il l'avait quittée. Il lui semblait qu'elle ne comprenait plus Jésus. C'était là sa pire souffrance, son tourment intérieur. Pourquoi son Fils l'a-t-il abandonnée ? Dieu le Père le lui aurait-il repris, et serait-ce là le glaive annoncé par Siméon ?
Quand elle le trouve, sa réponse paraît dure : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que c'est auprès de mon Père que je dois être ? » Si, elle le sait bien. Mais elle croyait que ce ne serait pas sans elle que son Fils s'occuperait de la gloire de Dieu. Elle ne dit rien, elle ne comprend pas, mais elle tombe dans une angoisse affreuse et connaît une épreuve mystérieuse. Estelle repoussée de Dieu et de son Fils ?
Des épreuves semblables nous sont nécessaires. C'est par la foi que nous avançons vers Dieu. Il ne faut pas espérer que nous continuerons à sentir Jésus dans tous nos exercices pieux, que nous le goûterons dans la communion et que la grâce continuera à nous soutenir de façon presque visible.
Pour nous aussi, un jour, Jésus s'en va. Et tout change dans notre vie. L'intimité divine s'éclipse. La prière nous fatigue. La communion semble ne plus rien donner. Le tabernacle est vide. La pénitence rebute. Autrefois, j'étais entraîné vers les choses divines : aujourd'hui, je ne sens même plus le désir de Dieu. Tout m'entraîne en bas. Les jours passés, quelle ardeur de courir, le cœur brûlant, vers Dieu : aujourd'hui, je traîne, le cœur froid ; pas un acte d'amour ne sort de mon cœur insensible. Ces moments sont décisifs dans la vie spirituelle. L'âme est alors à un tournant important. Il est essentiel de se tenir uni de cœur à la Vierge Marie.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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1. — Jésus s'en va
Observons d'abord que, pour Marie, lorsque Jésus s'éloigne d'elle, le Saint-Esprit poursuit sa sanctification, et que ces trois jours d'angoisse produisirent en elle une élévation immense. Quelquefois, il en est ainsi pour nous. Mais souvenons-nous que ce qu'on appelle sécheresse spirituelle peut être un châtiment de la miséricorde de Dieu. Nous pouvons perdre Jésus par notre faute. Les justes perdent Jésus, parfois, pour leur perfection. Les pécheurs le perdent parce qu'ils l'ont chassé. D'autres parce que leur amour, sans être mort, s'est alangui et attiédi. Il faut d'abord s'humilier : Jésus n'est-il pas parti à cause de votre orgueil, de votre complaisance en vous-même, de votre lâcheté dans la pénitence, de votre dissipation, de la recherche des consolations humaines et amitiés sensibles, des refus de la grâce ? Il est difficile de juger d'où vient l'absence de Jésus : presque toujours il y a de notre faute. Dieu veut le cœur tout entier. Mais ces châtiments que la miséricorde de Dieu inflige à notre tiédeur sont un signe du très grand amour de Dieu pour notre âme et une marque de vocation à la sainteté.
« Apprenez de Marie à chercher Jésus », dit Origène. Il ne faut pas demeurer oisif en cet état, ni se résigner à l'absence de Dieu. Notre-Dame avait le désir ardent de trouver Jésus : elle l'a cherché jusqu'à ce qu'elle l'ait trouvé.
Mais c'est lui qu'il faut chercher. Quelle tristesse si dans ces moments nous commettons l'indélicatesse de chercher les consolations des créatures. Il n'y a qu'une consolation : c'est de le retrouver. Cherchons-le où il est : dans la pénitence, dans les œuvres de charité, dans l'Evangile, dans la prière, dans l'Eucharistie. Vous ne le trouverez jamais dans les plaisirs, même innocents, rarement parmi vos amis. Soyez disposé à le chercher longtemps, s'il le juge bon, et à ne pas retrouver avec lui les con¬solations qu'il vous donnait au commencement de votre vie spirituelle. Les consolations, mêmesdivines, ne sont pas Dieu. Désirez avant tout la vie divine.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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2. — L'oraison de foi
Mais il arrive que la sécheresse soit une épreuve. Dieu semble se retirer de l'âme pour la former au détachement, à l'humilité plus vraie, à la confiance. Il veut la détacher de tout ce qui est sensible et de tout ce qui flatte l'amour-propre. Les faveurs mêmes que Dieu nous donne, dans les débuts de notre vie intérieure, nécessitent cette purification, car la nature s'y mêle et ce que Dieu nous donne saintement, nous le recevons avec plus ou moins d'impureté (1).
C'est une épreuve inévitable. Les âmes ferventes passeront nécessairement par cette purification, car il faut remplacer dans nos rapports avec Dieu l'activité naturelle par une activité surnaturelle, c'est-à-dire développer la fonction des vertus théologales.
Dans ces moments de quasi cécité, accoutumons-nous à voir Jésus dans la foi : sans rien entendre, sans rien sentir, sans espérer une réponse. Pour nous pousser à prier alors, il n'y a que la foi, laquelle sait que Dieu, ce Dieu silencieux, est pourtant là, adorable et aimable.
Sainte Thérèse de Lisieux connut longtemps cette épreuve. Elle pensait alors à Marie : « Jamais je n'ai si bien compris, dit-elle, la peine amère de la Sainte Vierge et de saint Joseph, cherchant à travers les rues de Jérusalem le divin enfant Jésus. Je me trouvais dans un désert affreux » (2).
L'oraison, en ces circonstances, est douloureuse. L'esprit est impuissant, frappé comme de paralysie. Avant la prière, j'étais recueilli, les lectures pieuses m'émouvaient, elles m'entraînaient à Dieu. Voilà le moment de prier, pensons-nous. Nous essayons de prier, et tout s'évanouit. Tout le fruit des lectures précédentes se dissipe. Tant il est vrai que la contemplation ne vient pas de l'activité de l'intelligence, mais de la pureté, de l'affranchissement des sens, de l'amour.
(1) M. Olier.
(2) Histoire d'une âme, ch. V.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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2. — L'oraison de foi
Parfois l'épreuve est pire. Ces vérités méditées avec tant de joie, voilà que nous ne les comprenons plus. La foi paraît s'être évanouie. « Alors, dit sainte Thérèse, la foi est amortie et comme plongée dans le sommeil aussi bien que les autres vertus. Elle n'est pas morte, car on continue à croire ce qu'enseigne l'Eglise. Mais on dirait que la bouche seule en prononce la formule. D'autre part, on est en proie à un serrement de cœur, à un engourdissement étranges. En cet état, ce que l'âme garde de connaissance de Dieu ressemble à un son vague perçu de loin. Lorsqu'elle entend parler de lui, elle admet ce qui est dit comme chose qu'elle reçoit parce que l'Eglise l'enseigne, mais n'a plus aucun souvenir de ce qu'elle a éprouvé en elle-même ». Le cœur est à sec. « Je suis entré dans votre sanctuaire. Seigneur, pour admirer votre puissance et votre gloire : je m'y suis trouvé comme au désert sans chemin et sans eau ».
La flamme du cœur est tombée. La prière fatigue et ennuie. Cependant cette âme s'applique à prier. Sa prière est sèche ; elle tourne souvent autour de quelques formules : Seigneur, vous êtes saint, je vous adore... Seigneur, vous êtes l'amour infini, je voudrais vous aimer, aidez-moi à vous aimer...
« Seigneur, je crois à votre présence ici, je voudrais vous servir, vous glorifier, mais je ne sais pas le faire. Prenez-moi à votre service, purifiez-moi de mes péchés, faites tout ce que vous voudrez de moi. »
En effet, la volonté de cette âme est à Dieu. Elle n'éprouve pas de la tendresse, comme autrefois, mais, sans qu'elle s'en doute, un amour calme, capable de tout supporter pour Dieu.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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3. — Suivre Notre-Dame
Il faut ici imiter les dispositions de Notre-Dame, en particulier sa résignation. Il fallut souvent que Jésus se séparât d'elle, sans compter la séparation des trois jours au Temple. Il la quitta pour entreprendre sa vie apostolique. Et lorsqu'un jour, elle se présenta pour le voir : « Votre mère vous demande, lui dit-on. — Qui est ma mère ? Celui gui fait la volonté de Dieu ». Parole apparemment dure pour le cœur maternel. Chaque fois que Jésus parle en public de sa mère, cette mère tant aimée, c'est pour meurtrir son cœur de chair, pour briser, en quelque sorte, sa tendresse sensible, si pure pourtant, et la diriger dans la voie de l'amour purement spirituel. Corédemptrice, elle doit ressembler au Rédempteur : que son amour soit aussi séparé.
Ainsi faut-il s'habituer à l'absence sensible de Jésus, à ses duretés apparentes et vivre dans la foi. « Je remercie Jésus, disait sainte Thérèse de Lisieux, de me faire marcher dans les ténèbres ; je suis dans une paix profonde. Volontiers, je consens à marcher toute ma vie religieuse dans ce souterrain obscur où il m'a fait entrer. Je désire seulement que mes ténèbres obtiennent la lumière aux pécheurs ». Après avoir marché de nombreuses années dans cet état, elle disait au moment de la mort : « Je ne me repens pas de m'être livrée à l'amour ».
Gardons la paix. Ce n'est pas bon signe pour une âme de se livrer à la plainte pour cette aridité. La foi est l'unique refuge en ces moments, et d'ailleurs le plus profitable. « Toute vue des choses surnaturelles ne saurait nous aider autant, pour grandir dans l'amour divin, que le plus petit acte de foi vive et d'espérance accompli dans un dénuement complet de toute lumière » (1).
Cherchons-le donc dans la foi et dans le désir persévérant. Si l'esprit est frappé d'une sorte de stupeur, le cœur d'engourdissement, il vous reste l'aspiration profonde de la foi qui est toute tournée vers Dieu ; il vous reste l'affliction de ne pas aimer comme vous le voudriez celui qui est infiniment aimable... Vous pouvez toujours désirer le servir, l'aimer : ce désir est déjà un service et un amour.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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4. — LA prière dans la nuit
Mais même cette prière dans la foi a besoin d'être purifiée.
Il faut suivre encore Notre-Dame. N'a-t-elle pas été la mère d'un enfant indigent, d'un méconnu, d'un exilé, d'un calomnié, d'un condamné? La désolation du Calvaire! Elle y monte, entourée d'une foule qui hurle sa haine. Son Fils souffre épouvantablement : et pourquoi ? Ces hommes semblent ne pas vouloir être sauvés. C'est l'échec de tout. Même les apôtres ont fui. La puissance divine a-t-elle subi une éclipse ? Elle entend la très mystérieuse parole de son Fils du fond de l'abîme : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? »
L'âme qui veut la suivre, Notre-Dame va l'entraîner dans l'abîme de sa désolation, dans la désolation du Christ.
Cette âme va tomber dans un état étrange. Elle subit des secousses intimes qui la bouleversent, elle tombe dans les scrupules, elle est dans l'angoisse ; même dans la prière, le démon l'assaille de tentations affreuses, et elle finit par croire qu'elle est loin de Dieu, qu'elle subit une mauvaise voie et qu'elle sera damnée.
Auparavant, elle avait supporté de grandes douleurs qui venaient de l'extérieur : le monde l'avait blâmée, persécutée ; la maladie l'avait atteinte profondément ; elle avait été déçue de partout. Mais elle se tournait vers Dieu ; et de lui dire : « Mon Dieu, c'est pour vous ! » lui était un soulagement.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
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4. — LA prière dans la nuit
Aujourd'hui encore, elle se tourne vers Dieu. Mais il n'est plus là. Le Dieu de pureté l'a-t-il prise en dégoût ? Elle ressent le dégoût d'elle-même. Cela rappelle l'agonie de Jésus : Jésus s'était chargé de nos fautes et poursuivait le péché sans ménagement dans son humanité. Marie le suivait, à cause de sa maternité spirituelle, et ne voulait pas s'épargner davantage ; elle, la toute pure, s'était aussi chargée du péché de ses enfants et l'expiait. Et voilà que la Pureté infinie se fixe, pour ainsi dire, sur cette âme, entraînée par Marie ; elle la fouille en ses parties les plus profondes ; c'est une lumière qui découvre les replis les plus profonds et dévoile les secrets les plus ignorés. Cette âme se croyait pure ! Elle croyait aimer Dieu !
Mais voilà que la Pureté infinie lui découvre son impureté. Comment oser se tourner vers Dieu désormais ? Pourtant il n'y a que sa miséricorde qui puisse la purifier ! Elle essaye de prier, elle appelle la miséricorde et l'amour, elle proteste qu'elle voudrait aimer. Mais où est-il ce Dieu, ce Dieu pour lequel, tout de même, on est brisé ? Il ne répond plus. En a-t-il assez de cette âme ? Pourtant, c'est pour lui qu'on supporte tant de souffrances. C'est lui qu'on désire. Mais la consolation même qui venait de la douleur s'évanouit ; ce qui paraissait beau, divin dans la douleur a disparu. Il faut souffrir sans élan, sans goût, tout seul ; et souffrir pourquoi ? Se demander si cette douleur même n'offense pas Dieu. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez~vous abandonné ? »
On ne saurait dire la douleur de l'âme dans cette désolation. « Le plus grand supplice de l'âme, dit saint Jean de la Croix, est de croire que Dieu la hait, la délaisse, et la jette pour cela dans les ténèbres » (1). — « Écoute quel sera ton martyre, disait Notre-Dame à sainte Véronique. Tu aimeras, convaincue cependant que tu ignores l'amour. Tu aimeras jusqu'au tourment, persuadée que tu trahis l'amour. On te parlera d'amour, et tu croiras entendre une langue étrangère. Et ton tourment sera l'impossibilité de comprendre et de traduire ton tourment » (2).
(1) Nuit obscure, liv. II, ch. VI.
(2) Désiré des Planches, Le journal de sainte Véronique Giuliani, p. 75. Paris, 1931.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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4. — LA prière dans la nuit
Quel est le but de Notre-Dame ? Purifier ce membre du Christ, le porter au dépouillement absolu, en le privant de tout ce qui le consolait et le réconfortait. C'est bien d'aimer la croix et de vouloir sauver le monde avec le Christ : mais c'est un vrai désordre de se complaire en cette pensée. C'est fini de la douleur, si elle est gâtés par ce ver rongeur. Il est bon que le chrétien éprouve le néant de tout, comme dit saint Jean de la Croix, et qu'il ait le dégoût de lui-même. L'humilité vient, l'humilité vraie, convaincue, celle qui permet à la grâce de s'épanouir pleinement. « L'âme est alors tellement humiliée et assouplie par les difficultés, les tentations, les tribulations de tout genre par lesquelles Dieu l'exerce, qu'elle devient plus douce et plus traitable dans ses rapports avec lui, avec elle-même et le prochain » (1).
En réalité, c'est l'Esprit-Saint qui opère dans l'âme, comme en Notre-Dame pendant les jours de la Passion qui furent l'occasion d'une douleur terrible et d'une sanctification immense. Une grande union s'établit entre Jésus et cette âme qui est entrée dans le mystère de la Passion.
La Bienheureuse Angèle de Foligno vécut ces heures douloureuses : « Impossible de louer Dieu. Impossible de prier. Je ne voyais plus de divin en moi que la volonté absolue de ne pas pécher... Enfin, Dieu eut pitié, et j'entendis ces paroles : « O ma fille et ma bien-aimée, l'amour de Dieu repose en toi ».
Et mon âme cria :
« Comment ferai-je pour vous croire, du fond de mon abîme, quand je me sens abandonnée ? » Il répondit :
« Plus tu te crois abandonnée, plus tu es aimée de Dieu et serrée contre lui... Sache qu'en cet état Dieu et toi vous êtes plus intimes l'un à l'autre que jamais » (2).
(1) S. Jean de la Croix, Nuit obscure, 1. I, c. XIII.
(2) Visions et révélations, ch. I. Hello.[/size]
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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1. — Contre le démon
La tentation est un fait universel. Aucun de nous ne peut espérer échapper à cette loi mystérieuse. C'est même certain que les âmes appelées à la perfection sont tentées avec plus de violence : plus aimées de Dieu, elles excitent une jalousie plus dure de l'ennemi du genre humain ; rendues plus puissantes par des grâces de choix, elles risquent de ravir au démon beaucoup de ses fidèles. C'est d'ailleurs une perte pour le royaume de Dieu que la chute d'âmes ainsi choisies, et cela seul expliquerait le nombre et la violence des tentations qui les assaillent.
Notre-Dame défend ses enfants.
Immaculée, n'est-elle pas le grand adversaire de Satan ? Elle a reçu mandat de lui écraser la tête. Son absolue pureté lui donne une horreur sans nom pour tout ce qui mène au péché.
Mère de Jésus, elle veut le défendre en nous. Quand le démon s'attaque à notre vie surnaturelle, en définitive il s'attaque à Jésus lui-même. C'est la vie du Christ en nous qu'il veut éteindre. Comprenez-vous que la mère de Jésus s'émeuve jusqu'aux entrailles et soit pressée de défendre l'honneur de son Fils ? Car il s'agit de l'honneur de Dieu en nous. Nous sommes les enfants de Dieu, les cohéritiers du Christ, les temples du Saint-Esprit. Cette réalité vivante excite l'atroce haine du démon. C'est le Christ en nous qu'il persécute encore et qu'il voudrait de nouveau crucifier. « Si le monde », qui est mû par le diable, « vous hait, dit Jésus, c'est qu'il me hait le premier ».
Voilà aussi la source de notre force. Nous sommes entrés dans la querelle personnelle du Christ, et tout ce qui est du Christ vient à nous pour nous défendre. Et d'abord la Vierge Marie, qui regarde comme fait à son Fils ce qu'on fait à ses membres.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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1. — Contre le démon
Le mystère de l'Incarnation ne cesse d'être le motif de lutte entre le démon et les hommes. C'est pourquoi Notre-Dame est directement intéressée à cette lutte terrible.
Elle ne nous a pas enfantés dans une douleur si terrible pour nous abandonner à l'ennemi de Dieu. Elle nous fournit la grâce comme principe de résistance, principe actif et inépuisable, qu'elle accommode à nos tentations, à nos faiblesses. Nous savons bien qu'avec cette grâce, tantôt refuge, tantôt vigueur, nulle puissance n'est capable d'arracher une âme à Dieu : « Qui nous séparera de la charité du Christ ?... Dans toutes les épreuves, nous sommes vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni ce qui est en haut, ni ce qui est en bas, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ Notre-Seigneur ».
Notre-Dame n'a-t-elle pas les anges à son service ? « Il y a beaucoup plus de monde avec nous qu'avec eux », disait Elisée à son serviteur effrayé par une foule qui les poursuivait. « Regarde », dit le Prophète, et la montagne du Carmel se couvrit de cavaliers célestes. Ainsi Notre-Dame met le ciel à notre service. Elle est Reine des anges : ce n'est pas un vain titre. Le gouvernement de ses enfants de la terre, elle l'exerce souvent par le moyen des anges, surtout quand il s'agit de combattre les démons.
Comme la grâce est la source de la joie, Notre-Dame nous met à même de combattre la tentation par la joie. L'esprit de joie est une très grande force contre la tentation. Car, en définitive, la joie, c'est de l'amour, c'est l'épanouissement de l'âme dans la possession de Dieu. « Seigneur, qui te regarde, dit David, est débordant d'allégresse ». Si bien que le moyen le plus simple de triompher de la tentation n'est pas de nous agiter, de discuter les artifices du tentateur, mais d'adhérer de toute notre volonté à Celui qui vit en nous et qui, plus que nous-mêmes, tient à sauver la vie qu'il nous communique. « Marches en Jésus-Christ, enracinés en lui, édifiés sur lui, affermis dans la foi » (Col., II, 6). La tentation elle-même devient source de joie. C'est un combat livré et gagné pour le règne de Dieu. Et vous avez les joies de la victoire. C'est pourquoi saint Jacques disait : « Lorsque vous serez tenté, estimez que c'est une joie ».
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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2. — Contre les créatures
Souvent aussi les créatures sont un obstacle à notre vie chrétienne. Il n'est pas rare qu'elles s'opposent à l'accomplissement de la volonté de Dieu : sans le vouloir, souvent ; parfois, tout à fait consciemment.
Notre-Dame en a souffert beaucoup. Sa vie est pleine de l'opposition des créatures : l'indifférence des gens de Bethléem la réduit à enfanter dans une grotte ; la haine d'Hérode la fait fuir dans la terreur ; ses compatriotes de Nazareth veulent précipiter son Fils dans un précipice ; les Pharisiens, les chefs du peuple, et combien d'autres, en combattant son Fils jusqu'à la mort, l'ont fait passer par des heures affreuses.
Notre-Dame sait donc ce qu'est l'opposition des créatures à l'œuvre de Dieu. Songez à l'accueil réservé à son Fils, à la torture de son cœur quand elle voyait le Créateur fait homme par amour, non seulement méconnu par son peuple, mais proprement détesté et poursuivi par une haine inexpiable.
La réponse de Notre-Dame ? Toujours la même : la réponse de l'amour maternel. Ces hommes qui détestaient Jésus, elle les aimait, elle eût voulu souffrir toutes les tortures pour leur enlever cette haine, pour leur montrer Jésus. Et c'est bien pour eux aussi qu'elle livra son Fils au Calvaire. Elle voulait les sauver.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
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2. — Contre les créatures
C'est une leçon d'amour. Notre-Dame nous enseigne une chose difficile : savoir souffrir par le prochain. Quand la souffrance nous vient directement de Dieu, il est assez ordinaire que nous l'acceptions : l'Eglise nous a si souvent répété que nous devons porter la croix avec le Christ que nous la prenons avec patience. La difficulté est bien plus grande lorsque la croix nous est offerte par le prochain. Nous n'aimons pas que le prochain soit entre Dieu et nous. Les coups de Dieu, nous les supportons, mais non pas les coups de Dieu par les hommes.
Rares les chrétiens qui ont assez de foi et surtout assez d'humilité pour reconnaître dans la main du prochain la main de Dieu. Dans les infortunes qui nous viennent directement des hommes, même les plus dévots ne voient souvent que la manifestation d'un mauvais caractère, de basses jalousies, de soupçons injustifiés, l'ingratitude, et même la méchanceté. Qui sait voir la justice et l'amour de Dieu se servant de la créature pour le bien de ses enfants ? C'est là qu'on peut reconnaître l'humilité vraie des serviteurs de Dieu, tellement est profonde cette répugnance à souffrir par le prochain.
Seuls les humbles l'acceptent. Il faut être près de la sainteté pour comprendre que le prochain tienne la place de Dieu dans notre purification. Parfois l'épreuve est pire encore.
Non seulement les ennemis de Dieu se mettent en travers de votre voie, mais les gens de bien se dressent contre vous : des séparations très dures, des incompréhensions, l'interprétation sévère de vos actes, le blâme public, votre zèle signalé comme nuisible, vos projets combattus comme dangereux. « L'une des plus grandes peines de cet exil, disait saint Pierre d'Alcantara à sainte Thérèse, est la contradiction des gens de bien ». N'a-t-on pas vu les cinq théologiens chargés d'examiner les manuscrits de sainte Thérèse déclarer, tous les cinq, que ce qu'elle écrivait venait du démon, et la jeter dans une angoisse terrible ? Par combien d'évêques le grand apôtre de Marie, le bienheureux Grignion de Montfort, fut-il interdit ? Un saint Alphonse de Liguori est chassé de la congrégation qu'il vient de fonder. Ne croyez pas que ces épreuves soient si rares. Combien de fidèles et de prêtres qui ont organisé une œuvre, et avec quel cœur, sont mis de côté comme ayant perdu l'esprit de cette œuvre ? Que d'apôtres dont les intentions sont chaque jour calomniés !
Un regard sur Notre-Dame les rassure. Elle a aussi marché dans cette voie. Ne fut-elle pas la mère d'un méconnu, d'un calomnié, d'un homme traqué par les savants du temps, par les chefs des prêtres ? Plus encore, ce Fils tant aimé ne la quitte-t-il pas, quand il a douze ans, quand il a trente ans, ne la traite-t-il pas avec une apparente indifférence : « Qui est ma mère ? celui qui fait la volonté de Dieu ».
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
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2. — Contre les créatures
Ce que cherchait Jésus, c'était d'entraîner sa mère au comble du détachement de la pauvreté spirituelle. Lui a été le pauvre absolu. Sa pauvreté matérielle fut grande, plus grande encore sa pauvreté spirituelle. Il vit détaché de tout, et meurt abandonné de ses disciples, rejeté par son peuple, déshonoré par une condamnation publique, sans sa puissance qui l'abandonne, et même sans forme humaine qui disparaît sous les tortures.
Ainsi veut-il vivre dans son corps mystique. Il faut que ses membres vivent des béatitudes, de l'amour de la pauvreté, de la douceur, de la miséricorde, des persécutions, de l'abandon à la Providence, du détachement de tout et de lu vie même. « Ils manquent de tout, dit saint Paul, mais ils possèdent toutes choses ». Ces désintéressés, ces pauvres spirituels « possèdent déjà le royaume de Dieu ».
Les oppositions des créatures sont permises de Dieu afin de purifier leur zèle et leur amour. Nous n'avons que trop tendance à mêler des préoccupations personnelles à notre désir de glorifier Dieu. L'opposition des créatures nous aide à nous sanctifier.
Les créatures imposent au serviteur de Dieu une souffrance plus profonde encore. C'est peut-être la plus terrible qu'ait éprouvée Notre-Dame. Elle commença à l'endurer à la Présentation. Elle offre son Fils pour le salut du monde. Sans doute les hommes vont-ils se précipiter vers ce Sauveur ? Siméon lui répond : « Votre fils est posé pour la ruine de beaucoup ». Jésus, la beauté et l'amour, une occasion de chute ! Il vient pour nous sauver, mais il n'est pas reçu : « des siens ne voulurent pas de lui». Quelle affreuse surprise pour le cœur maternel ! Elle dure toute sa vie ; les prêtres ne veulent pas de ce Christ, la foule est trompée, et même, à la dernière heure, ce larron impénitent, pour lequel Marie priait, et qui meurt cependant dans le blasphème. Mourir près de la croix de salut, à côté du Dieu sauveur, et être perdu ! Jésus souffre-t-il pour rien ?
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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2. — Contre les créatures
Qui nous dira la peine des apôtres devant l'obstination des hommes ? Les serviteurs de Dieu s'obstinent, eux aussi, poussés par cette soif des âmes, à prêcher l'amour du Sauveur, ils y dépensent leur vie, les contemplatifs intercèdent, les pénitents s'immolent.
Mais il est des heures où ils ne voient que la procession innombrable des incroyants et des baptisés qu'attire l'abîme de l'enfer. L'apostolat, la prière seraient-ils vains ?
Pourtant, ils ne regrettent rien, pas plus que Notre-Dame, au pied de la croix, ne regrettant ni une angoisse, ni un tourment, ni une goutte de sang. Car elle y voyait la gloire de Dieu et les âmes.
Que cherche Notre-Dame ? A nous jeter dans l'abandon à Dieu. A savoir reconnaître Dieu partout et à l'aimer partout, en particulier dans le prochain servant sa volonté souveraine. « Dieu veut vous sanctifier », dit saint Paul.
Il ne travaille qu'à cela parce que tous ses desseins se rattachent au grand mystère du Christ, à la formation du Christ mystique, dont Marie est la mère. Parce qu'elle est la coopératrice de Dieu dans cette formation des saints, elle me persuade que cette volonté de Dieu qui me veut humiliée, contredit par le prochain, est une volonté inspirée par l'amour paternel.
M.V. Bernadot, O.P. 1939.
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3. — Contre nous-mêmes
Hélas ! le démon et les créatures ne sont pas le plus dangereux adversaire de notre vie chrétienne ; c'est nous, car nous sommes pécheurs et portés au péché. Et c'est peut-être sur ce point que la bonté de Notre-Dame se fait sentir plus fortement.
Dieu a pour le péché une haine inexprimable. Qu'on se souvienne de l'agonie de Jésus. Notre-Dame eut du péché une connaissance surnaturelle extrêmement profonde. Sa foi si haute lui en révélait l'horreur. Sa sainteté et sa conception immaculée l'opposaient radicalement au péché. Au jour de la Passion, sa maternité spirituelle la plongea dans une douleur sans nom.
Que voyait-elle ? D'un côté son Fils, que l'amour du Père et l'amour des hommes entraînaient à se livrer à la souffrance afin d'anéantir le péché, de nous introduire dans le royaume de l'amour et de remettre au Père l'Eglise purifiée de toute souillure, sainte comme une fiancée.
De l'autre côté, nous-mêmes, les frères du Christ, ses propres enfants qui, comme l'avait annoncé Siméon, montrions le fond des cœurs, et nous refusions à profiter de son sang. Jésus mourant pour nous sauver : et cependant Notre-Dame, prévoit, parmi ses enfants, des enfants aimés, encore des damnés. Le pécheur si obstiné qu'il se dresse contre la croix et s'efforce à ce que le Rédempteur souffre pour rien.
Je ne crois pas qu'on puisse comprendre la douleur intérieure de Notre-Dame au Calvaire. En face de l'amour infini, elle était accablée par la masse hideuse, gigantesque des péchés du monde entier, masse qui se dressait devant Dieu, pour l'outrager et comme pour l'attaquer, et qui, en réalité, arrivait ce jour-là à submerger son Fils et à le plonger dans une angoisse si horrible qu'il mourut en poussant le cri mystérieux : « Mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? »
Cependant, son amour n'était pas découragé. Elle était mère. Elle s'associa jusqu'au bout à la Passion, descendant avec son Fils au fond de l'abîme. Elle alla jusqu'à la fin de la douleur et de l'amour. Mère, elle devait tenter l'impossible, même en dépit de leur rejet de l'amour infini, pour sauver les enfants qu'elle engendrait ce jour-là.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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3. — Contre nous-mêmes
C'est au pied de la croix qu'elle a été pour nous tous la mère de miséricorde et qu'elle a acquis cette puissance terrible contre le péché. Puissions-nous expérimenter cette puissance ! La détestation profonde du péché est une des premières grâces que Notre-Dame obtient à ceux qui se livrent à son influence maternelle. « Si Dieu nous donnait à choisir pour nous-mêmes l'un de ces dons si grands et si extraordinaires qu'il a accordés à ses saints, nous ne pourrions mieux faire que de demander cette haine vive et puissante du péché qu'ont ressentie quelques-uns d'entre eux. C'est un don qui est à la racine de toute perfection et qui forme la vigueur surnaturelle de toute persévérance. C'est à la fois la plus sûre et la plus efficace de toutes les grâces spéciales. Or, la dévotion aux douleurs de la Sainte Vierge nous est d'un grand secours, tant pour acquérir comme une habitude cette haine du péché que pour mériter cette haine comme une grâce. La désolation causée par le péché dans le cœur de la mère immaculée... nous remplit d'horreur, de pitié, d'indignation et de remords » (1).
Pour nous aider à entrer dans ce sentiment, Notre-Dame nous montre son Fils. C'est sa mission. Elle montre l'Agneau de Dieu, son Fils pénitent dans une vie humiliée, de travail, de mépris, recherchant l'ignominie, « se saturant d'opprobres », « l'homme de douleurs ». Et cela pour mes péchés : « Il a été blessé pour nos iniquités, et il fut broyé pour nos crimes ».
(1) Faber, Le pied de la croix, p. 77. Téqui.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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3. — Contre nous-mêmes
La Bienheureuse Angèle de Foligno raconte qu'elle demanda à Notre-Dame ce qui serait le plus agréable au Seigneur. Notre-Dame l'exauça. « Une compassion me fut donnée, dit-elle, sur Jésus et sur Marie, plus efficace qu'auparavant. Et tout ce que je faisais de plus grand m'apparut petit ; et je conçus le désir d'une pénitence plus énorme. Mon cœur fut enfermé dans la Passion du Christ, et l'espérance me fut donnée de mon salut par cette Passion ». Le Sauveur lui apparaissait crucifié, montrant ses plaies, sa flagellation, ses horribles douleurs.
« Il disait : c'est pour toi, pour toi que j'ai souffert. Alors tous mes péchés m'étaient présents à la mémoire ; je compris que l'auteur de la flagellation, c'était moi. Je compris quelle devait être ma douleur. Il continuait toujours, étalant sa Passion devant moi, et disant : « Que veux-tu faire pour me « récompenser ?» Je pleurais, je sanglotais à ce point que je vis mes larmes brûler ma chair ».
Le souvenir de nos péchés et de la miséricorde qui nous a pardonnés doit entretenir en nous une douleur constante. Parce qu'il avait revêtu la ressemblance du péché, Jésus vécut dans la confusion devant son Père. La vie de Marie, mère du Christ humilié, s'écoula dans la pénitence et la douleur. Les saints éprouvent cette douleur intensément. Saint Vincent Ferrier, avant d'entrer dans les villes qu'il évangélisait au milieu des miracles, se prosternait sur la poussière des routes et suppliait Dieu avec larmes de ne pas punir la ville à cause du pécheur qui y entrait.
Rien de plus important pour notre vie spirituelle que la constance de cette douleur d'avoir péché. Tous nos progrès en dépendent.
Ce n'est pas que nous devions sans cesse penser à chacun de nos péchés passés : la prudence nous demande de les oublier. Mais il faut se souvenir que nous sommes pécheurs. Le fait d'avoir été pécheur, ne fût-ce qu'une fois, devrait nous tenir dans la confusion. L'esprit de Gethsémani devrait être sur nous. « disait David : mon Dieu, purifiez-moi davantage ». Songeons au jugement que le Verbe incarné portait sur son humanité si pure, uniquement parce qu'elle était chargée des péchés du monde et qu'il se livrait à la croix. « Il n'est pas d'office, écrivait Ernest Psichari, où je ne verse d'abondantes larmes devant le Maître que j'ai si longtemps crucifié ».
C'est Marie qui nous donne la grâce de cette sainte confusion devant Dieu. « Je suis la mère de l'amour et de la crainte », dit-elle. « Pénitence ! Pénitence ! » disait-elle à Lourdes. A la Salette, elle apparaît tout en larmes, pleurant sur nos misères. C'est elle qui nous introduit dans l'humilité, dans la vraie prière, et crée en notre âme le besoin constant de réparer, d'aimer et d'exalter Dieu.
(1) Bse Angèle de Foligno, Visions et révélations, p. 49. Hello.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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4. — Mère de miséricorde
De tout temps les chrétiens ont donné ce nom à Notre-Dame pour indiquer l'une des qualités essentielles de son amour maternel. La miséricorde est la compassion pour la misère d'autrui. « Nous avons, dit l'Ecriture (Hebr., II, 12), un pontife miséricordieux et fidèle pour expier les péchés du peuple. Par cela même qu'il a subi la souffrance et l'épreuve, il est puissant à secourir ceux qui sont éprouvés ». Il faut en dire autant de la mère du Pontife qui a souffert avec lui « la souffrance et l'épreuve » et que son cœur porte à soulager nos misères.
La miséricorde est la manifestation la plus éclatante de la puissance et de la bonté de Dieu. C'est la puissance, quand elle est bonne, qui se donne le plus généreusement, le plus intimement. Cela seul expliquerait pourquoi Notre-Dame est si miséricordieuse : ainsi, à la fois, elle a pitié de nous et elle exalte Dieu. Saint Augustin nous dit qu'il est plus glorieux pour Dieu de transformer un pécheur en juste que d'avoir créé le ciel et la terre : « le bien de la grâce vaut plus que tout l'univers ». Ainsi l'une des principales fonctions de la maternité de Notre-Dame est la conversion des pécheurs.
Mère de miséricorde, elle l'est pour nous avoir donné le Sauveur, pour avoir formé cette humanité faite pour nous racheter. Le Rédempteur, c'est son grand don. « Parmi les terreurs qui me poursuivent, dit saint Anselme, dans la crainte qui me glace, ô Souveraine très clémente, quelle médiatrice invoquerai-je avec plus de ferveur que celle dont les entrailles ont porté la réconciliation du monde ? Quelle intercession obtiendra plus facilement la grâce d'un criminel comme moi, que la prière de celle qui a nourri de son lait l'universel vengeur de tous les crimes et le miséricordieux auteur du pardon ? »
Notre-Dame est faite pour les pécheurs. « Elle est devenue mère de Dieu, dit Richard de Saint-Victor (1), pour une fin de miséricorde ». Une inépuisable abondance coule de son cœur sur les pécheurs. Tous les chrétiens le sentent profondément. Près d'elle, le plus misérable, pour peu qu'il désire sortir de sa souillure, sent sourdre en lui la confiance, la sécurité, comme aux pieds de sa mère. Le Christ nous l'a donnée pour le pardon.
Aux jours de nos plus tristes écarts, nous pouvons continuer à la prier : « priez pour nous, pauvres pécheurs ». A quelque bas-fond qu'ils descendent, le souvenir de la Vierge reste comme une bouée de sauvetage à laquelle se raccrochent les misérables.
L'Eglise la nomme : miroir de justice, de la sainteté divine, mais aussi : refuge des pécheurs.
(1) Richard de Saint-Victor, In Cant., c. 39.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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4. — Mère de miséricorde
(1) Mgr Gay, Conf. aux mères chrétiennes, 41e conf.Son amour maternel l'incline vers eux ; elle voit sur eux le sang de son Fils ; elle voudrait les incorporer à Jésus. Sa miséricorde couvre tous les membres du Christ : les justes, parce qu'ils lui sont unis ; les pécheurs, pour qu'ils s'y unissent.
Il suffit de se souvenir du Calvaire pour avoir une idée de sa miséricorde unique. Quelle affreuse torture ! L'amour la livrait à Jésus, mais aussi aux bourreaux. Elle était la mère de l'un et des autres. Tous ceux qui poursuivaient Jésus, cette foule qui réclamait sa mort, qui vociférait et qui crucifiait, c'étaient ses enfants ! Elle les avait conçus à l'Incarnation, elle les enfantait dans son martyre ; pour eux, elle avait un amour de mère, d'une mère qui aime toujours.
« Dans son âme plus que crucifiée, impossible de découvrir la moindre trace d'indignation, la plus petite ombre d'irritation. Elle ne fait pas appel à la justice de Dieu et ne souhaite pas qu'il se venge. Si elle invoquait la justice, ce serait sur elle-même. Elle voit tout, mais ne regarde qu'une chose, à savoir que Jésus, son amour, se livre présentement à cette justice bénie, qu'il s'y livre avec la douceur d'un agneau. Et elle s'y livre tout entière avec lui et comme lui. Quant à désirer un châtiment quelconque pour les auteurs, quels qu'ils soient, des forfaits qui sont la cause, l'occasion et l'enveloppe de ce grand sacrifice, elle n'en a ni le besoin, ni la pensée, ni même la tentation. Cela n'appartient ni à sa fonction ni à son caractère. Partout, toujours, mais au Calvaire surtout, elle est « femme », la mère, la Vierge clémente, l'avocate des pécheurs, la mère de miséricorde » (1).
Cette miséricorde si grande, Notre-Dame l'a au ciel dans son ultime perfection. C'est elle qui inspire sa perpétuelle prière : « Qui pourrait, dit saint Bernard, mesurer la longueur et la largeur, la hauteur et la profondeur de votre miséricorde, ô Vierge bénie ? Par sa longueur, elle assistera jusqu'aux derniers jours, tous ceux qui l'imploreront. Par sa largeur, cette miséricorde remplit la terre. Sa hauteur monte jusqu'à la cité d'en-haut pour en réparer les pertes. Sa profondeur descend jusqu'aux abîmes pour rendre à la liberté ceux qui étaient assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort, car par vous le ciel a été rempli, l'enfer vidé, les ruines de la Jérusalem céleste relevées, la vie chrétienne rendue aux misérables en qui l'avait tuée le péché» (1).
Sainte Brigitte raconte qu'elle vit la mère de Dieu sollicitant de son Fils des grâces en faveur d'un bandit qui avait conservé quelques craintes du jugement de Dieu : « Bénie soyez-vous, mère bien-aimée, répondit le Seigneur... Vos paroles ont pour moi la douceur du vin le plus délicieux. Elles me sont agréables au delà de tout ce qui se peut imaginer... Bénie soit votre bouche, bénies soient vos lèvres d'où procède toute miséricorde envers les malheureux pécheurs. C'est justement qu'on vous appelle Mère de miséricorde. Vous l'êtes en vérité : car vous ne dédaignez aucune misère et vous inclinez mon cœur à la pitié. Demandez ce que vous voulez : ni votre charité ni vos demandes ne seront frustrées » (1).
« Aussi, je le crois, dit Hugues de Saint-Victor, elle exerce au ciel perpétuellement cet office de miséricorde en faveur du genre humain devant la face du Père et devant son Fils ».
(1) S. Bernard, De Assumpt., serm. 4.
(1) Révélations, lib. VI, cap. XXIII.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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1. — Dieu nous appelle à la sainteté
« Dans le Christ Dieu nous a élus, dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui. Dans son amour, selon le bon plaisir de sa volonté, il nous a prédestinés à être ses fils adoptifs, par Jésus-Christ, à la louange de sa gloire » (Eph., I, 4).
Voilà notre vocation. Dieu nous appelle à participer à sa sainteté par l'adoption filiale dans le Christ. C'est ce que saint Paul appelait « le grand mystère », « l'économie du mystère caché en Dieu depuis les siècles », le mystère du grand Christ.
Nous savons par la foi le secret de la vie intime de Dieu : le Père a un Fils, égal à lui ; tous deux sont unis dans une étreinte d'amour infini d'où procède l'Esprit-Saint... La béatitude du Père, c'est d'avoir un Fils, « la splendeur de sa gloire », dit saint Paul.
Mais voilà que Dieu étend sa paternité : il partage sa béatitude avec ses créatures, tirées du néant, mais que sa pure bonté élève jusqu'à lui : il en fait ses enfants. « Il nous incorpore au royaume de sa vie sainte et de son amour filial» (Col., III, 12). C'est la grâce inouïe de l'adoption filiale : il nous adopte en son Fils bien-aimé. Ce que, de toute éternité, le Père voyait avec une infinie complaisance, c'était cette Humanité unie au Verbe qui ferait s'épanouir la sainteté et l'amour, non seulement dans le Christ Rédempteur, mais dans chacun de ceux que le Rédempteur s'unirait : le Verbe incarné menant sa vie d'adoration et d'amour en lui-même et dans les enfants adoptifs. Quel étonnant amour ! « Voyez donc si le Père vous aime, dit saint Jean (I, III, 1), il vous appelle et vous êtes ses enfants ».
Pratiquement la sainteté consiste à devenir les enfants de Dieu dans le Christ: «s. Ceux que Dieu a connus d'avance, il les a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils» (1). Le Verbe s'est incarné « pour nous faire participer à l'adoption filiale» (2). Il nous communique la vie du Père et nous fait entrer dans la famille divine. Il mène devant nous la vie de fils ; à nous de l'imiter. Tout notre effort doit être de s'unir à Jésus pour participer par lui à sa vie filiale. Il n'y a pas d'autre moyen d'aller à Dieu : « Personne ne parvient au Père sinon par moi » (3).
Devenir des fils de Dieu en Jésus.
(1) Rom., VIII, 29.
(2) Gai., IV, 5.
(3) Jean, XIV, 6.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
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2. — Appel à la maternité
Puisqu'il s'agit de devenir fils de Dieu, faisons appel à Marie, mère du premier-né. Sa fonction souveraine, c'est la maternité. Fille du Père, Mère du Verbe, Épouse de l'Esprit, n'a-t-elle pas tout ce qu'il faut pour nous introduire dans la famille de Dieu ? Elle est la reine du royaume de la grâce.
Nous lui demandons de prolonger en nous sa maternité : elle a formé la tête du Christ mystique, qu'elle veuille bien former les membres. L'Incarnation inaugurée dans son sein, qu'elle lui donne l'extension que Dieu attend ; qu'elle veille sur la croissance des membres du Christ comme elle a veillé sur la croissance du Chef ; qu'elle continue en nous à être la mère du Christ.
Ces enfants qu'elle a conçus à l'Incarnation et engendrés au Calvaire, il s'agit maintenant de les amener à la perfection de leur vie, et, comme dit saint Paul (Eph., IV, 13), « à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ ». Tout ce que Dieu veut de nous, Notre-Dame peut le réaliser.
Sa maternité correspond à la paternité de Dieu. Tous nos espoirs de sainteté reposent sur la maternité de Notre-Dame. Elle possède, pour nous la donner, cette « plénitude de Dieu » dont parfait saint Paul (Eph., III, 15). Vous pouvez aspirer à entrer, comme elle, dans l'ombre du Père et dans l'action de l'Esprit-Saint, et il naîtra de vous le Saint, qui sera appelé le Fils de Dieu.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
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3. — Notre-Dame nous unit aux mystères du Christ
La durée historique des mystères est passée : leur vertu demeure. « Le Christ était hier, dit saint Paul, il demeure aujourd'hui, il vit pour les siècles ». Pourquoi « a-t-il aimé l'Eglise et s'est-il livré pour elle » ? Pour la sanctifier. Il l'a fait durant sa vie terrestre par les mystères de son humanité : il le fait aujourd'hui encore par ces mêmes mystères, réalités toujours agissantes, sanctificatrices. Les mystères sont une réalité éternelle.
« Leur vertu ne passe jamais, dit Bérulle, ni l'amour ne passera jamais avec lequel ils ont été accomplis. L'esprit, l'état, la vertu, le mérite du mystère est toujours présent. L'esprit de Dieu, pour lequel ce mystère a été opéré, l'état intérieur du mystère extérieur, l'efficace et la vertu qui rend ce mystère vif et opérant en nous, cet état et disposition vertueuse, le mérite par lequel il nous a acquis à son Père et mérité le ciel, la vie et soi-même ; même le goût actuel, la disposition vive par laquelle Jésus a opéré ce mystère, est toujours vif, actuel et présent à Jésus. Tellement que s'il était nécessaire, ou s'il était agréable à Dieu, son Père, il serait tout prêt à pâtir et à accomplir de nouveau cette œuvre, cette action, ce mystère. Cela nous oblige à traiter les choses et mystères de Jésus, non comme choses passées et éteintes, mais comme choses vives et présentes, et même éternelles, dont nous avons à recueillir un fruit précieux et éternel » (1).
On ne saurait dire combien il est utile à l'âme de se tenir, de façon consciente, unie à ces mystères de Jésus, canaux que la grâce emprunte pour vivifier le monde. C'est la grâce du rosaire. Le rosaire est le moyen par lequel Notre-Dame nous unit aux mystères toujours présents de son Fils, à l'action vivifiante de son humanité. Il lui est aisé de nous faire entrer dans ce monde béni des mystères du Christ. Ils s'accomplirent devant elle ; plus encore, avec sa coopération. Elle y a pris une part active ; ce sont des faits de son histoire personnelle en même temps que de sa mission maternelle. Elle en a saisi l'économie merveilleuse et le rapport de chacun d'eux avec la sanctification de ses enfants. Elle en connaît la fécondité pour en avoir été comblée.
Comment se faire une idée de l'union de Marie à Jésus en ces mystères ? Dieu faisait en elle une opération ineffable, rappelant le mystère de la vie intime de la Trinité. « Jésus, dit Bérulle, la tire en unité avec lui et la tire hors d'elle-même et de ses actions intérieures, pour être vivante en lui et portant ses aspirations saintes par une sorte d'impression douce, élevée, puissante et ravissante la mère en son Fils, la Vierge en Jésus ». Toute sa vie était de contempler le Verbe incarné. « Le propre de la Vierge est d'être attentive à la vie intérieure et spirituelle de son Fils et d'être une pure capacité de Jésus, remplie de Jésus» (1).
Elle nous fait entrer dans ce monde de mystères par la foi. Le contact vital avec Jésus s'établit par la foi, qui est l'ouverture de notre intelligence aux richesses cachées du Christ ; il se consomme dans la charité. Parce que les apôtres croyaient à Jésus, le Père les aimait : « Mon Père vous aime parce que vous m'aimez et que vous croyez en moi ». Cette foi attire la grâce, elle fait « jaillir dans nos cœurs les sources de l'eau vive » (2) ; par elle, nous accédons à la filiation divine.
(1) Bérulle, Œuvres, Migne, p. 1052.
(1) Bérulle, Œuvres, pp. 497, 501.
(2) Jean, VII, 38.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
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3. — Notre-Dame nous unit aux mystères du Christ
Or, Notre-Dame est nommée par l'Eglise : Virgo fidelis, la Vierge de la foi. La foi à la parole de l'ange, qui lui annonça pourtant un mystère inouï, la fait entrer dans le mystère du Christ, ce mystère que Dieu tenait, dit saint Paul, caché depuis des siècles. Ces secrets si nouveaux sur la Trinité, sur l'Incarnation, sur le Corps mystique, d'où les tient-elle, sinon de la parole de l'envoyé de Dieu ? « Bienheureuse parce que tu as cru », lui dit sa cousine. En s'inclinant par la foi, elle entre dans l'accomplissement des plus grands desseins de Dieu. Le Verbe va vivre en elle à cause de sa foi. Tout son amour pour son Fils repose sur cette foi inébranlable que Dieu fit pourtant passer par des épreuves terribles. Sa foi pure, simple, en fait la servante du Seigneur.
« Que le Christ établisse par la foi sa demeure en vos cœurs enracinés que vous serez, fondés dans la charité» (1). Cette foi, cette charité nous lient au Christ et font que ces mystères qu'il a vécus pour nous achèvent de devenir nôtres. Comme dit saint Paul, « à cause du grand amour avec lequel il nous a aimés. Dieu, qui est riche en miséricorde, nous a rendus vivants Par le Christ, il nous a ressuscites en lui, il nous a fait asseoir dans les cieux avec Jésus-Christ, afin de montrer, dans les siècles à venir, par la bonté qu'il manifeste en Jésus-Christ, les infinies richesses de sa grâce » (2). Nous revivons tous les mystères de Jésus : « Cloués à la croix avec lui, ensevelis avec lui, co-ressuscités avec lui. En revivant les mystères de Jésus, nous «devenons conformes à l'image du Fils de Dieu ».
« O Jésus, vivant en Marie, venez et vivez en vos serviteurs, dans l'esprit de votre sainteté, dans la plénitude de votre force, dans la perfection de vos voies, dans la vérité de vos vertus, dans la communion de vos mystères dominant toute puissance adverse, dans votre Esprit, pour la gloire de votre Père » (3).
(1) Eph., III, 27.
(2) Eph., II, 4-7.
(3) M. Olier.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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Re: NOTRE-DAME DANS MA VIE
Notre-Dame nous unit au sacrifice du Christ
1. — L'union de Notre-Dame au sacrifice du Christ
Jésus a vécu la croix devant les yeux. Il a toujours marché vers le Calvaire. Sauveur du monde, l'idée de son sacrifice ne l'a pas quitté une minute. Si l'on veut comprendre sa vie, il faut la considérer à la lumière de sa mort. Dès son entrée dans le monde, il dit à Dieu : « Vous n'avez voulu ni sacrifice ni oblation, mais vous m'avez donné un corps... me voici ». Ce sacrifice, d'abord offert dans le sein de Marie, va se poursuivre durant trente-trois ans, jusqu'à ce que Jésus dise : « Tout est consommé ».
Et Notre-Dame ? Comme Jésus, elle est vouée à la croix. Sa grâce de la maternité divine l'exigeait, et aussi son amour unique. Parce qu'elle est mère de Dieu, elle reçoit une grâce singulière qui dépasse, et de beaucoup, tous les dons reçus par les autres enfants adoptifs : une grâce d'affinité, qui la fait « entrer, comme dit Cajétan, dans les confins de la divinité ». C'est là que Notre-Dame trouve sa croix. Elle ressemblera le plus étroitement possible au Rédempteur ; sa grâce de première fille adoptive la modèle sur Jésus, et particulièrement dans son penchant à la croix. Elle est première dans la croix, parce qu'elle est première en la grâce.
Et aussi parce qu'elle est première dans l'amour. « Quand l'amour est sans borne, dit saint Albert le Grand, sans borne aussi est la douleur » (1). « Il n'y a pas d'amour comparable à celui de Marie, dit Richard de Saint-Laurent, aussi nulle douleur n'égala sa douleur » (2). Son martyre est venu de l'excès de son amour.
Jésus l'associe à son terrible secret. Il n'était pas possible que Jésus vécût dans la dure prévision du Calvaire, et que Marie menât, à côté, une vie tranquille. L'amour qui les unissait réclamait cette union. C'est par amour que Jésus a associé Marie à sa douloureuse destinée. Son sacrifice, sa Passion, c'était le sommet de sa vie : l'amour voulait qu'il y entraînât Notre-Dame. Elle était sa mère : séparée de sa douleur, aurait-elle été autre chose qu'un instrument ?
D'ailleurs, si Jésus n'eût pas pris les devants et offert à Marie la participation à son sacrifice, Marie l'eût demandé d'un désir si humble et si ardent que son amour l'eût obtenu. Si elle souhaitait de suivre Jésus partout, c'était surtout là où il devait souffrir. Elle voulait boire, comme disait Jésus, la même coupe. Pour Marie, le plus grand don de Jésus, c'était sa propre compassion. Cette compassion qui lui permettait de souffrir avec lui, de s'immoler avec lui, de glorifier Dieu, et d'exercer sa maternité pour les hommes. N'était-elle pas d'ailleurs le principe de la Passion, comme le laisse entendre saint Augustin, quand elle donna à son Fils cette nature qui, seule, lui permettrait de souffrir ?
(1) S. Albert le Grand, Super missus, q. 78.
(2) Richard de Saint-Laurent, In Cant., c. XXVI.
M.V.Bernardot, O.P. 1939.
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