Les Mémoires d'un Anti-Apôtre

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Message  Monique Lun 21 Déc 2009, 8:30 pm

Les Mémoires d'un Anti-Apôtre




Où il est démontré comment une Eglise Universelle devrait chanter la gloire de l'homme

(...) Pendant toutes ces longues semaines, les cheveux noirs ne m'invitèrent pas à revenir dans l'atelier. Je rageais, quand un jour je croisai celle que je considérais comme étant mienne, dans les couloirs de l'Université. Elle avait décidé de suivre des cours d'art ancien. Elle s'arrêta pour me dire qu'elle préparait une réponse à mon projet de nouveau catéchisme, en espérant pouvoir en discuter tout gentiment avec moi. Discuter, discuter... Je n'avais pas l'habitude de rencontrer le moindre obstacle sur les chemins où je lançais mes idées... Mais je lui répondis que le plaisir de la revoir me tenait trop fortement pour que je n'accepte pas son désir de discussion. Cependant, je me promis de lui dire qu'une femme vraiment amoureuse adopte, sans même s'en rendre compte, toutes les opinions de l'homme que son cœur a choisi.

Ce jour-là, je lui dis seulement que je travaillais au sacrement d'Eucharistie, afin de compléter le nouveau Catéchisme que je lui avais envoyé. Elle eut un soupir, puis des larmes dans les yeux, enfin se sauva sans rien me répondre.

A la question qu'est-ce que l'Eucharistie ? tout enfant catholique doit donc répondre : « L'Eucharistie est un sacrement qui contient réellement et substantiellement le Corps, le Sang, l'Ame et la Divinité de Jésus-Christ, sous les apparences du pain et du vin. » Rien que cela ! ! ! Alors, là, il s'agit de travailler sérieusement. Non pas que cette croyance ne puisse être combattue, mais il faut être prudent et ne pas attaquer de front.

Cette soi-disant « présence réelle du Christ sous les apparences du pain et du vin » doit être attaquée par des moyens détournés. Si on l'attaque de face, ils se révolteront. Rien ne serait plus dangereux, car il est bien connu que la persécution exalte la foi. Il faut donc passer sous silence l'expression « présence réelle » et mettre en lumière tout ce qui peut détruire ou affadir cette conviction. Il est donc de première nécessité de réformer complètement les paroles de la Messe et même il sera bon de supprimer l'usage du mot lui - même et de le remplacer soit par celui de « Cène » ou celui d'« Eucharistie » (par exemple).

La rénovation de la messe doit minimiser l'importance de ce qu'ils appellent la consécration et doit donner à la communion une apparence beaucoup plus banale.

Il y a là un travail de longue haleine qui ne doit négliger aucun détail. Ainsi, pour commencer, il faut remarquer que le prêtre sacrificateur tourne le dos au public et semble parler directement à un Dieu invisible, un Dieu cependant représenté par le grand crucifix qu'il a en face de lui.



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Message  Monique Mar 05 Jan 2010, 7:04 pm

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Où il est démontré comment une Eglise Universelle devrait chanter la gloire de l'homme

Ce prêtre est donc à la fois le choisi de Dieu et le représentant de la foule qui le regarde. Il donne une impression de puissance, mais aussi de séparation. Il sera bon de faire sentir que les paroissiens se sentent un peu perdus, un peu isolés, un peu abandonnés et qu'ils seraient tout heureux si le prêtre voulait bien se rapprocher d'eux.

Quand cette idée aura fait son chemin, nous offrirons la possibilité d'abandonner l'autel surélevé et de le remplacer par une petite table absolument nue où le prêtre se tiendra face au peuple. En plus, la partie du culte qui concerne proprement l'Eucharistie et qui nécessite donc cette table, sera écourtée au maximum et la partie enseignement de la Parole de Dieu sensiblement allongée.

Il est bien connu que les catholiques sont d'une ignorance révoltante en ce qui concerne la Bible, aussi cette modification de la conduite de la Messe leur paraîtra-t-elle légitime. Je ne dis pas qu'ils seront heureux d'entendre de longs extraits de la Bible, car bien souvent ils n'y comprendront rien, mais il n'est pas nécessaire qu'ils comprennent, du moins tant que des prêtres vraiment socialistes n'auront pas été formés.

Chaque texte composant l'Ordinaire de la Messe sera soigneusement comparé avec les textes en usage chez les Anglicans et les Luthériens, afin de promouvoir soit un texte unique, soit de préférence des variantes susceptibles d'être reçues par ces trois religions.

Quand les catholiques verront des protestants venir communier à leurs messes, sans s'être convertis, ils n'auront plus la moindre confiance dans leur antique « présence réelle ». On leur expliquera que cette Présence n'existe qu'autant qu'elle est crue. Ainsi ils se sentiront les créateurs de toute leur religion et les plus intelligents sauront en tirer les conséquences qui s'imposent.



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Message  Monique Mer 06 Jan 2010, 6:56 pm

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Où il est démontré comment une Eglise Universelle devrait chanter la gloire de l'homme

Pour atténuer encore la notion de « présence réelle » du Christ, il faudra renoncer à tout décorum. Plus de riches vêtements brodés, plus de musique dite sacrée, notamment plus de chant grégorien, mais une musique à inventer dans le style du jazz ; plus de signes de croix, ni de génuflexions, des attitudes dignes et sévères.

En plus, il faudra que les fidèles se déshabituent de se mettre à genoux et cela sera même absolument défendu pour la Communion. Rapidement, il faudra donner l'hostie dans la main, afin que toute notion de sacré soit effacée. Il ne sera pas mauvais de permettre à certains (à désigner d'avance) de communier sous les deux espèces, comme les prêtres... car ceux qui ne recevront pas le vin seront terriblement jaloux et donc tentés de tout envoyer promener (ce qu'il faut espérer).

Afin de désacraliser le culte, le prêtre sera invité à dire toute la Messe en langue vulgaire et surtout à réciter les paroles de la consécration comme un récit, ce qu'elles sont en réalité. Il ne devra surtout pas prononcer les mots : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » comme s'il prenait réellement la place du Christ qui les prononça. Que chacun sente bien qu'il s'agit là d'un récit.

Quand nous aurons réussi à présenter différents textes simplifiés et humanisés, il sera bon de remettre en mémoire, pour l'édification des générations futures, ce que furent certaines prières de la Messe dite de Saint Pie V qui contribuèrent à maintenir les foules dans un obscurantisme médiéval.

Ainsi l'offertoire est un modèle du genre ; il dit : « Recevez, ô Père Saint, Dieu éternel et Tout-Puissant, cette Hostie sans tache que je vous offre, moi, votre indigne serviteur, à vous qui êtes mon Dieu vivant et vrai, pour mes innombrables péchés, offenses et négligences ; pour tous les assistants et pour tous les chrétiens vivants et morts, afin qu'elle profite à mon salut et au leur pour la vie éternelle. »

Qui dit mieux ?

Je propose que tous les monastères travaillent à la fabrication de plusieurs offertoires, ainsi que des autres prières de la Messe. Et, puisqu'il s'agit d'offrir du pain, il me paraîtrait judicieux de dire tout simplement : « Nous apportons ici ce pain, fabriqué de main d'homme et qui doit servir à la nourriture des hommes ».

De toutes façons, les mots qui tendent à présenter cette cérémonie comme sacrée doivent être supprimés. Je ne donnerai qu'un exemple : Dans l'ancienne Messe, on a toujours dit : « Jésus prit du pain dans ses mains saintes et vénérables »... Le mot « saintes » devant disparaître de notre vocabulaire, on ne parlera pas des mains saintes et vénérables, on dira : « prit du pain, le bénit », etc.. Ceci est un bon exemple de l'esprit dans lequel ce travail doit se poursuivre. Pour ma part, je n'ai pas le temps pour le moment, mais je donnerai aussi une ou plusieurs messes de mon crû. Cependant, c'est surtout un travail de moine.

Comme la Messe ne sera plus que la Cène, elle ne sera plus un acte d'adoration, mais un acte de fraternisation. Elle ne remerciera plus pour des bienfaits illusoires, elle n'offrira plus un pardon qu'elle est bien incapable de donner, elle ne demandera rien au mystère de l'inconnu, mais tout à l'homme.
L'Eglise universelle serait donc enfin entièrement à la gloire de l'homme, elle exalterait sa grandeur, sa force, sa virilité. Elle encenserait ses droits et chanterait ses victoires.



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Message  Monique Sam 09 Jan 2010, 6:29 pm

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Où les cheveux noirs écrivent une lettre digne d'un obscurantisme à la fois médiéval et romantique

Quand j'eus terminé mes travaux sur ce premier catéchisme, je reçus, une longue lettre des cheveux noirs. Une lettre stupéfiante, elle disait ceci :

Je vous remercie de la confiance que vous me témoignez et qui m'incite à vous ouvrir mon cœur tout grand. Que dit-il ce cœur ?... qu'il vous aime... et vous le savez... vous ne le savez que trop.
Il me semble que votre cœur désire me voir partager toutes vos idées, mais moi je n'ai pas cette prétention, je veux seulement vous crier : casse-cou.

Lisez, lisez, je vous prie, ne vous fâchez pas avant d'avoir tout lu, avant d'avoir médité... Bien sûr, vous pensez avoir raison aussi fortement que moi, mais je vous dis : relisez l'Histoire, l'Eglise est immortelle, vous perdez votre temps, vous perdez vos forces. On ne lutte pas contre Dieu.

Si vous vouliez seulement méditer ceci : ce n'est pas parce que vous ne croyez pas en Dieu qu'il n'existe pas. Cela devrait vous être facile, car vous le pensez bien en sens contraire. Vous vous imaginez que Dieu ne peut pas exister du simple fait que je crois en Lui. Il est vrai que croire ou ne pas croire n'a en définitive aucune puissance. Mais, mon chéri, tout ce qui vit autour de vous vous crie la présence de Dieu.

Avez-vous fabriqué la graine, avez-vous fabriqué les lois ? Existe-t-il un seul brin d'herbe qui soit votre œuvre et donc votre propriété ?... Votre personne même ne vous appartient pas... vous n'avez pas demandé à vivre et ne possédez rien que vous n'ayez reçu.

Même si vous réussissiez à créer cette bizarre Eglise sans Dieu, vous n'auriez pas gagné, car Dieu ne serait pas diminué. En aucune façon, vous ne pouvez le diminuer, ni bien entendu le tuer. Je pleure de vous voir engagé dans cette guerre puérile. Ce Dieu que vous voulez effacer est partout, Maître de tout. Par Lui seul, vous vivez ; par Lui seul, vous continuez de vivre.

Vous arriverez peut-être à ébranler son Eglise, cela s'est vu plusieurs fois depuis 2.000 ans... mais toujours elle s'est relevée plus belle et plus forte. L'Eglise de Jésus - Christ, darling, a les promesses de la Vie éternelle, elle sait et vous le crie par ma bouche que la Trinité Sainte ne l'abandonnera jamais et que toutes les attaques qu'elle pourra subir ne sont que des épreuves qui doivent permettre de purifier la foi. Beaucoup d'âmes, mon chéri, céderont peut-être à la tentation d'entrer dans une Eglise toute humaine et qui brassera toutes les croyances jusqu'à les rendre méconnaissables, mais l'Eglise catholique restera debout. Si vous la persécutez, elle se cachera, mais son âme restera toujours debout.

Car la marque de cette Eglise est la soumission à une Révélation venue du Ciel. Son domaine particulier est différent de celui auquel vous avez accoutumé. Son domaine est surnaturel et saint, peu lui importe que nous soyons intelligents où pas. Vous, mon pauvre chéri, vous êtes trop intelligent.

En plus, vous avez subi un choc dans votre enfance, je ne vous demande pas lequel. N'avez-vous pas atteint l'âge où vous pouvez regarder le passé d'une âme sereine ?... Il me semble qu'inconsciemment vous cherchez à vous venger. Est-ce une attitude noble ?...



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Message  Monique Sam 09 Jan 2010, 6:39 pm

Vous avez été un jeune garçon très pieux jusqu'à quatorze ans, m'avez-vous dit, alors, tout ce que ma lettre vous demande de méditer, vous le connaissez. Si encore vous étiez né dans l'athéisme, je comprendrais que vous ne puissiez pas saisir que le domaine de la foi est d'une autre essence... Je crains que votre haine de Dieu et de son Eglise ne soit la preuve que vous n'êtes pas un révolté tout court, mais un révolté croyant. On dit que ce sont les plus acharnés.

Mais je vous plains de tout mon cœur, car vous avez perdu d'avance et je n'ai pas peur, pas peur du tout. Vous pourriez peut-être gagner un certain nombre d'âmes à vos doctrines perverses, peut-être même une partie du clergé (encore que je ne puisse y croire) mais jamais vous ne gagnerez toutes les âmes, bien au contraire, vous fortifierez les saints. Mais oui, mon pauvre ami très cher, en attaquant l'Eglise de Dieu, vous n'êtes qu'un jouet dans les mains du Tout-Puissant. Vous vous croyez fort, vous ne l'êtes que dans la mesure où Dieu le permet. Craignez le jour où le Seigneur dira : « Cela suffit, j'ai entendu les prières de ceux qui souffrent et j'ai décidé de les réconforter en détruisant mes ennemis. »... L'ennemi de Dieu risque de l'être pour toute l'éternité, à son grand désespoir, mais il sera trop tard.

Vous agissez comme si la Sainte Eglise n'avait pas plus de force qu'une institution humaine, mais nous, nous tenons dans nos mains de quoi renverser toutes les montagnes de l'univers. Même en nous tuant, vous ne détruirez pas les forces qui sont notre apanage?)

Quand vous êtes près de moi, quand vous êtes loin de moi, le Christ est entre nous deux, je lui parle, il vous regarde, ô comme il vous regarde ! Comment pourrait-il en être autrement, je lui parle de vous jusque dans mes rêves.

Vous vous croyez libre, vous vous croyez fort. Quelle erreur est la vôtre ! Même si je devais mourir aujourd'hui, soyez bien certain que je continuerais à lutter contre votre liberté, du moins contre l'usage que vous en faites... et j'opposerais à la force que vous pensez représenter la force même de Dieu.

Ne souriez pas, mon grand chéri, non, ne souriez pas, rappelez-vous plutôt votre enfance... vous verrez que vous la connaissez très bien, cette force invisible mais combien redoutable... et aussi combien aimable...

Mon cœur et mon âme sont les détenteurs de forces inépuisables et indestructibles, pensez-y calmement, éloignez de votre esprit tout ce que la passion qui vous habite peut vous dicter... ne soyez pas volontairement sourd ni volontairement aveugle, ce n'est pas une attitude digne d'un homme de cœur... mais voilà, vous avez tourné votre cœur vers un amour qui est fondé sur la haine, la haine de Dieu.

Ne savez-vous pas que la haine n'est bien souvent que le cri d'un amour déçu ?
Pour moi, je suis certaine que Dieu vous aime d'un amour particulier et qu'il vous attend avec sa coutumière patience.

Et puisque, pour le moment, vous ne voulez pas prier ce Dieu de bonté, je prends votre place et c'est en votre nom que, mille fois par jour, j'offre au Seigneur Tout - Puissant les mérites de son Fils, ceux de la Très Sainte Vierge Marie, de tous les Saints connus et inconnus... J'offre avec joie et confiance tout le long du jour et même pendant mon sommeil...

Vous voulez transformer la Messe, la réduire à un repas communautaire... Quelle dérision ! Des messes, mais nous en avons offert déjà quelques milliards depuis la première du Jeudi Saint ; des messes, mais il en monte en encens d'adoration au moins une toutes les secondes, si bien que tout le long de la journée, je m'unis à ces adorables sacrifices où le Fils s'offre à nouveau pour le salut du monde... Je m'unis et m'offre à Lui, moi qui suis toute petite... il semble que cette offre soit dérisoire, tellement je ne suis « rien » à côté de Lui. Bien sûr, je ne suis rien... chacun d'entre nous le sait bien, et ceux qui ne le savent pas sont bien à plaindre... C'est là, je crois, la grande différence entre croyants et incroyants. Les croyants offrent ce qu'ils ont reçu et qui est immense, les autres désirent seulement régner, ou commander ou découvrir, ou dominer... ou même détruire...

Quand je m'offre avec Lui au Saint Sacrifice de la Messe, j'offre ainsi tout ce qu'il m'a donné, je lui fais cadeau de ses propres dons et charités en hommage de joyeuse reconnaissance... Si vous saviez tous les échanges amoureux qui se font entre le Ciel et nous... vous seriez écrasé de frayeur car vous pourriez mesurer la dérision de vos actions. Je ne puis que pleurer et ces larmes même je les offre comme des perles précieuses...

Vous avez souffert et vous vous êtes révolté. Si vous aviez regardé un crucifix et si vous aviez supplié humblement le Seigneur de vous accorder sa Paix et la force de pardonner, vous auriez éprouvé une telle douceur que spontanément, vous auriez remercié pour la douleur qui vous fut gracieusement accordée. Car cette douleur était un cadeau bienfaisant, Dieu vous traitait comme sa vigne chérie et vous taillait afin que vous donniez du fruit (n'est-il pas certain que la vigne ne se taille jamais elle-même ?...)
Mais quels fruits va donner l'œuvre que vous avez entreprise ?... des fruits d'amertume, de solitude et de désespoir...

Croyez-vous que je sois seule à lutter contre vous ? non, mais mes prières sont écoutées et transmises par l'immense cortège de ceux qui ont atteint le paradis. Ne souriez pas, car l'immortalité de l'âme est la seule chose qu'en vous, vous ne pourrez jamais détruire. L'immortalité de l'âme... pesez bien ces mots, car ils veulent très précisément dire que la mort n'existe pas. Il faudrait que chaque maison eût ces mots gravés en lettres dorées sur les murs de la salle commune. Au lieu de craindre la mort, ou simplement d'en détester l'idée, il faudrait savoir qu'elle n'existe pas et que cela est infiniment plus grave.

Je préférerais que vous ne m'aimiez jamais sur cette terre, plutôt que de vous savoir pour toute l'éternité en ce lieu où les larmes ne tarissent jamais...

Car, moi, je vous aime.



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Message  Monique Lun 11 Jan 2010, 6:50 pm

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Où le sacrifice d'une douce amie paraît être noyé dans un torrent qui s'apprête à renouveler la face de l'Eglise

Je ne répondis à la lettre insensée des cheveux noirs que par une recrudescence de zèle anti-apostolique.

A cette époque, où nous approchions de la fin de cette stupide guerre, je préparai un grand nombre d'attaques pour lesquelles j'envisageais une victoire complète en trente ans maximum. Et je rêvais à l'année 1974 où je pensais pouvoir fêter la naissance de cette Eglise Universelle et sans Dieu.

Ma haine pour le surnaturel me donnait non seulement du génie, mais des forces presque incroyables pour mon double travail. Car il ne faut pas oublier que j'étudiais la théologie et qu'il était très important que j'eusse d'excellentes notes. En fait, j'étais le meilleur en tout, ce qui me faisait rire et me renforçait dans ma conviction qu'un Dieu qui ne se donne pas la peine de défendre ses vrais fidèles n'existe pas.

Avec la conviction la plus ardente, je lançai des ordres concernant la liberté de chaque individu, liberté qui doit lui être accordée dès qu'il sait marcher et parler. Il est scandaleux, vraiment affreusement scandaleux, que les parents s'arrogent le droit d'obliger les enfants à suivre tous les dimanches la cérémonie de la Messe.

Il est non moins scandaleux qu'ils les inscrivent au catéchisme sans leur demander leur avis. Il en découle que ces pauvres petits se croient obligés de communier même quand ils préféreraient aller jouer. Et que dire du baptême qui leur est imposé au berceau! ! !

C'est là que commence le vrai scandale. Je préconisai une énergique campagne d'information de la jeunesse. Que tous s'y dévouent, à l'église, au catéchisme, à l'école, à la radio, afin que tous les enfants du monde soient informés de leur droit absolu de dire « non » à leurs parents quand ils veulent faire d'eux des petits chrétiens hypocritement obéissants.

Heureux le jour où des milliers d'enfants diront ouvertement et joyeusement : — « Moi, je ne suis pas chrétien, je ne crois pas en Dieu. Je ne suis pas aussi naïf que mes parents qui sont de vieux bons à rien. »



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Message  Monique Mar 12 Jan 2010, 7:22 pm

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Où le sacrifice d'une douce amie paraît être noyé dans un torrent qui s'apprête à renouveler la face de l'Eglise

Cependant, je brûlais du désir de revoir les cheveux noirs, et ce vœu fut exaucé sans que j'eusse à supplier humblement.

Un samedi où le soleil brûlait avec une ardeur toute juvénile, je fonçai comme un bolide jusqu'à l'atelier où les cheveux noirs m'attendaient.

Je faillis trembler et il s'agissait tout simplement de dessiner mes mains qui, paraît-il, sont admirables. Vraiment, les femmes ont des idées absurdes, mais charmantes.

Quand il y eut assez de dessins, ma douce ennemie m'expliqua que mes mains étaient parlantes et qu'elles étaient certainement destinées à de grandes choses. J'en étais presque confus, car la vérité avait un goût de mort et de meurtre.

Nous nous séparâmes avec une difficulté tragique. « A samedi, à samedi », disions-nous, comme si cet espoir devait être inscrit dans une mémoire prophétique, comme si nous y devions trouver l'unique planche de salut, comme si nous voulions renverser à l'avance tous les obstacles... Renverser les obstacles ! ! ! Et moi qui avais tout simplement oublié que ce samedi-là nous entrions en retraite, nous qui devions recevoir les Ordres dans quelques jours.

Je dus donc écrire une petite lettre aux cheveux noirs en inventant un mensonge plausible. Mais j'aurais voulu pouvoir ajouter en toute simplicité que je me rendrais prochainement à Rome et que j'espérais qu'elle viendrait m'y retrouver. Mais comment oser parler de simplicité quand tout me criait que j'allais entrer dans un esclavage bien pire que celui que je venais de subir pendant ces six ans de séminaire ? A Rome, je serais pris dans l'engrenage de la Ville dite éternelle, je serais pris, mais me consolerais en me rappelant que j'étais en réalité le grain de sable qui doit enrayer la machine, l'enrayer si bien qu'elle ne puisse jamais être réparée.

J'entrai donc en retraite pour me préparer à l'ultime cérémonie qui ferait de moi un prêtre pour l'éternité. Comme je ne crois pas à l'éternité, je ne souffris pas de cette perspective. C'était un mauvais moment à passer, comme chez le dentiste, donc pour une juste cause. L'important est d'avoir la foi et la mienne valait la leur, que dis-je, la mienne surpassait la leur car elle n'était pas infantile, ni pleine de frousse et de terreurs.



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Message  Monique Mer 13 Jan 2010, 8:16 pm

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Où le sacrifice d'une douce amie paraît être noyé dans un torrent qui s'apprête à renouveler la face de l'Eglise

(...) Quand j'entrai dans la chapelle, j'étais parfait de modestie et d'humilité. Ces vertus sont faciles à jouer quand un orgueil secret et plus haut placé en est le soutien.

Je marchais d'un pas glissant, les yeux baissés, quand un cri étouffé, des exclamations et un désordre certain se firent entendre sur ma gauche. Normalement, je n'aurais pas dû regarder. Mais je désobéis à ma conscience (je veux dire à celle qu'on m'avait fabriquée et que je manipulais avec amusement). Je vis des jeunes hommes soulever une jeune fille évanouie. La mantille était tombée et les longs cheveux noirs étaient défaits et traînaient sur le sol de la chapelle. En relevant les yeux pour les détourner de ce spectacle, je croisai le regard acéré du professeur qui me servait de boîte aux lettres. Que faisait-il là ? Etait-ce lui qui avait amené les cheveux noirs ?

Dans ce bref échange de regards, il me sembla lire en cet homme un cruel triomphe. Je me promis de savoir la vérité et de la faire payer très cher à celui qui avait commis cette infamie.

Heureusement, l'étudiant vint me saluer, il était mon seul ami. Je le mis brièvement au courant et le chargerai d'enquêter Je voulais savoir, je voulais tuer ; je voulais crier, me défendre et la défendre, surtout la défendre, mais ; il était trop tard, à tout jamais trop tard. Si encore j'avais eu le courage de lui dire tout moi-même, elle aurait peut-être accepté de souffrir en silence et de m'aimer en cachette...

Je préparai un voyage aux U.S.A. où je voulais visiter les plus importantes sectes protestantes, afin de voir comment les manœuvrer. Juste avant mon départ, l'étudiant vint en courant m'apprendre la nouvelle qui pouvait me faire le plus souffrir : l'entrée des cheveux noirs au Carmel ! Elle y était pour moi, elle s'y ferait couper la chevelure pour moi, elle prierait toute sa vie pour moi, elle serait derrière des grilles pour moi.

En tout cas, je me jurai de faire ouvrir et vider tous les monastères du monde, et plus particulièrement les monastères contemplatifs.

Je lançai une campagne très ardente contre lès grilles et je fis même envoyer des suppliques au Pape par l'intermédiaire de religieuses très naïves. Je fis observer que les grilles avaient été nécessaires pour garder les jeunes filles mises de force au couvent par leurs parents. C'est pour les empêcher de fuir, et aussi de correspondre, que les grilles étaient doubles et renforcées par des volets de bois plein. Je fis tout pour obtenir que ce vestige d'un emprisonnement soi-disant divin fût aboli. Je mis en avant le sens de l'honneur chez les vierges consacrées afin qu'elles aient le saint désir de rester librement cloîtrées dans des maisons ouvertes à tous les vents. Par la suite, j'allai beaucoup plus loin, en suppliant les religieuses de retourner dans ce monde qui avait si besoin de leur présence. Je les persuadai même qu'elles feraient beaucoup plus de bien en ne paraissant pas ce qu'elles étaient. Il se trouva des écrivains assez subtils pour pondre des bouquins entiers sur ce sujet, avec un luxe de vocabulaire vraiment admirable.

Je luttai aussi avec acharnement pour que cesse la coutume barbare de raser la tête des moniales. Je mis en avant le fait certain que toutes ces têtes rasées rendaient ces pauvres filles ridicules quand elles devaient se rendre en clinique pour une quelconque opération. J'insistai sur les jeunes vocations qui se perdaient bêtement à cause de ces coutumes d'un autre âge.

Je m'attaquai aux costumes antiques et solennels, si lourds en été et si peu efficaces en hiver. Je suggérai que toutes les Règles et Constitutions fussent révisées soigneusement, de préférence par des hommes, (les femmes ont une certaine tendance à l'exagération dans la générosité).

Mais, quand je contemplais l'universalité de mon travail, je butais sur un obstacle silencieux, quoique si petit en face du Cosmos... un modeste et très secret Carmel d'où je ne reçus jamais aucune lettre. Il y avait d'un côté le monde, et de l'autre, cette prison. Moi, je commandais à l'un, mais j'étais quand même prisonnier de l'autre.



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Message  Monique Jeu 14 Jan 2010, 7:27 pm

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Où le sacrifice d'une douce amie paraît être noyé dans un torrent qui s'apprête à renouveler la face de l'Eglise

Mon travail fonctionnait sur un rythme assez monotone quand des rumeurs concernant l'ouverture possible d'un Concile universel vinrent exciter mon zèle. J'appris que des schémas étaient en voie de préparation par ordre du Pape. Je fis comprendre à mes supérieurs qu'une partie peut-être définitive allait se jouer. Je fus alors nommé au poste le plus élevé. Le monde entier dépendait de moi et mes crédits étaient pratiquement illimités. Je finançai les revues de gauche, ainsi qu'un grand nombre de journalistes, qui firent un excellent travail par la suite.

Tout mon espoir reposait principalement sur des contre-schémas dont j'avais suggéré l'élaboration par le truchement de théologiens très avancés et très audacieux. Je pense que l'ambition les guidait, c'est le plus puissant des moteurs.

Je réussis à me procurer des copies de tous les schémas officiels, je veux dire commandés par le Pape. Ils étaient, pour moi, catastrophiques. Absolument catastrophiques, et je pèse mes mots. Encore, à l'heure actuelle, plusieurs années après la fin du Concile, j'en ai froid dans le dos (expression idiote que j'emploie par paresse). Supposez que ces schémas soient édités et largement répandus, et tout mon travail serait à reprendre à zéro (ou presque).

Enfin, grâce à mon zèle, et surtout à l'argent que je répandis comme s'il était inépuisable, les schémas modernistes (oh ! très timidement modernistes, dois-je avouer) furent apportés en cachette au Concile et présentés avec audace afin de remplacer les officiels auxquels on reprochait de ne pas avoir été élaborés dans une pleine liberté, la sainte liberté des enfants de Dieu (comme ils disent).

Ce tour de passe-passe remplit toute l'Assemblée d'une telle stupéfaction qu'ils ne s'en sont pas encore remis et ne s'en remettront jamais. Ce qui prouve que l'audace est toujours payante. N'est-ce pas ce que disait Danton ?

Cependant, je ne suis pas satisfait. Non, ce Concile ne fut pas ce que j'espérais. Il faut attendre Vatican III. Là, ce sera la victoire complète. Mais pour Vatican II, je ne sais pas ce qui s'est passé. On aurait dit qu'un démon invisible venait stopper toutes les tentatives de modernisation juste au moment où elles seraient devenues efficaces. Etrange et rageant !

Heureusement que, depuis lors, on a trouvé l'astuce qui consiste à s'abriter derrière l'« esprit du Concile » pour lancer toutes sortes de nouveautés réjouissantes. Cette expression : « l'esprit du Concile » est devenue pour moi l'atout-maître. Je coupe et je surcoupe, ou bien je lance l'atout-maître qui ramasse les petits cœurs perdus, les petits trèfles désargentés et les petits piques désarmés.

Mais ce n'est qu'à Vatican III que je pourrai me présenter avec un marteau et des clous, non pas pour clouer Dieu sur sa Croix, mais bien pour le clouer dans son cercueil.


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Marie Carré
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