Les Gloires de Marie (complet)
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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CHAPITRE VIIIEt Jesum benedictum Fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende.
Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIMarie secourt ses serviteurs dans le purgatoire.
(suite)
… Cette Mère compatissante ne dédaigne même pas d'entrer de temps à autre dans cette sainte prison, afin de consoler par sa présence ses enfants affligés. C'est ce que nous assure saint Bonaventure, en appliquant à Marie ce texte sacré : J'ai pénétré dans les profondeurs de l'abîme. Oh ! s'écrie saint Vincent Ferrier, combien Marie se montre prévenante et bonne envers les âmes qui souffrent dans le purgatoire ! par ses soins, leur courage est continuellement relevé et leurs souffrances allégées.
Et quelle autre consolation peuvent-elles avoir dans leurs peines, si ce n'est Marie, et l'assistance de cette Mère de miséricorde ? Aussi sainte Brigitte entendit un jour le Sauveur qui disait à sa Mère : " Vous êtes ma Mère, vous êtes la Mère de miséricorde, vous êtes la consolation de ceux qui sont en purgatoire ". Et, selon une révélation de la bienheureuse Vierge elle-même à la même sainte, comme une parole amie ranime un pauvre malade abandonné sur son lit de douleurs, ainsi ces âmes affligées se sentent toutes consolées, rien qu'à entendre le nom de Marie. Oui, reprend Novarin, le seul nom de Marie, nom d'espérance et de salut que ces bonnes âmes invoquent souvent du fond de leur prison, est déjà pour elles un grand soulagement ; mais les prières que cette tendre Mère adresse ensuite à Dieu, dès qu'elle s'entend invoquer par elles, sont comme une rosée céleste qui vient les rafraîchir dans les vives ardeurs dont elles sont consumées.
Mais Marie ne se borne pas à consoler et à soulager ses serviteurs dans le purgatoire; souvent encore, elle les en retire par son intercession. Le jour de son Assomption glorieuse, comme Gerson l'assure, toute cette prison des âmes demeura vide. C'est ce que confirme Novarin : "D'après des auteurs graves, dit-il, Marie, sur le point de monter au ciel, demanda à son Fils la faculté d'emmener avec elle toutes les âmes qui se trouvaient alors en purgatoire. Depuis lors, continue Gerson, la bienheureuse Vierge est en possession du privilège d'en délivrer ses pieux serviteurs. Saint Bernardin de Sienne affirme la même chose comme indubitable : " Ce pouvoir, ajoute-t-il, elle l'exerce tant par ses prières que par l'application de ses mérites, et cela en faveur de toutes les âmes, mais principalement de celles qui lui furent dévotes. Novarin exprime le même sentiment, à savoir que, par les mérites de Marie, non seulement les peines des âmes du purgatoire sont adoucies, mais encore le temps de leur expiation est abrégé. Une prière d'elle suffit.
Saint Pierre Damien…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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CHAPITRE VIIIEt Jesum benedictum Fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende.
Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIMarie secourt ses serviteurs dans le purgatoire.
(suite)
… Saint Pierre Damien rapporte qu'une femme, nommé Marozie, apparut après sa mort à une de ses amies, et lui apprit que le jour de l'Assomption, elle avait été, par Marie, délivrée du purgatoire avec d'autres âmes, dont le nombre dépassait celui des habitants de Rome. Selon Denis le Chartreux, la même chose arrive à la fête de Noël et à celle de Pâques ; "ces jours-là, assure-t-il, Marie descend dans le purgatoire, accompagnée d'une multitude d'anges, et en retire un grand nombre d'âmes". "Et, ajoute Novarin, j'incline à penser qu'elle fait de même à toutes les fêtes solennelles qui se célèbrent en son honneur ".
On connaît la promesse faite par la Reine du ciel au pape Jean XXII, lorsqu'elle lui apparut et lui ordonna de faire savoir à tous ceux qui porteraient le saint Scapulaire du Carmel, qu'ils seraient délivrés du purgatoire le premier samedi après leur mort. C'est ce que le Pontife lui-même déclara par une Bulle, comme le rapporte le Père Crasset. Cette Bulle fut confirmée par Alexandre V, Clément VII, Pie V, Grégoire XII, et Paul V, lequel dans un Décret de l'an 1613, s'exprime ainsi : " Le peuple chrétien peut croire pieusement que la bienheureuse Vierge assistera de sa continuelle intercession, de ses mérites, de sa protection spéciale, après leur mort, et principalement le samedi, jour qui lui est consacré par l'Église, les âmes des membres de la Confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel, morts en état de grâce, pourvu qu'ils aient porté le Scapulaire en gardant la chasteté selon leur état, et qu'ils aient récité le petit Office de la sainte Vierge, ou, s'ils n'ont pu le réciter, qu'ils aient observé les jeûnes de l'Église et se soient abstenus de manger de la viande les mercredis et les samedis, excepté le jour de Noël ". Et, dans l'office pour la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, on lit également : Selon une croyance pieuse, la sainte Vierge console les confrères du Mont-Carmel dans le purgatoire avec la tendresse d'une mère, et, par son intercession, elle ne tarde pas à les en retirer pour les introduire dans la céleste patrie.
Ces grâces, ces privilèges, pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, les espérer, si nous faisons profession d'une vraie dévotion à cette bonne Mère ? Et si, par un plus tendre amour, nous nous distinguons entre ses serviteurs, pourquoi ne pourrions-nous pas espérer même d'être admis dans le ciel aussitôt après la mort, et sans entrer dans le purgatoire ? Voici du moins ce que la sainte Vierge envoya dire par le frère Abond au bienheureux Godefroi, de l'abbaye de Villers en Brabant : " Dis au frère Godefroi qu'il s'efforce d'avancer dans les vertus ; par là, il se rendra cher à mon Fils et à moi ; et, quand son âme se séparera de son corps, je ne souffrirai pas qu'elle aille en purgatoire, mais je la prendrai et je l'offrirai à mon Fils ".
Enfin, si nous désirons aider de nos suffrages les saintes âmes du purgatoire, ne manquons pas de les recommander à la glorieuse Vierge dans toutes nos prières ; appliquons-leur spécialement le saint Rosaire, qui leur procure un grand soulagement, comme on le verra par l'exemple qu'on va lire.
A suivre : EXEMPLE.
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Louis- Admin
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EXEMPLE.Le père Eusèbe Nieremberg rapporte que, dans une ville d'Aragon, une jeune fille nommée Alexandra, noble et d'une grande beauté, était recherchée avec passion par deux jeunes gens. Ceux-ci, emportés par la jalousie, se prirent un jour de querelle, tirèrent l'épée et se tuèrent l'un l'autre. Outrés de douleur, les parents tournèrent leur ressentiment contre la pauvre demoiselle, cause première d'un si grand malheur, la mirent à mort et lui coupèrent la tête, qu'ils jetèrent dans un puits. A quelque temps de là, saint Dominique passa par la ville, et, par une inspiration divine, il s'approcha du puits et s'écria : " Alexandra, venez dehors ". O prodige ! la tête de la mort apparaît, se place sur le bord du puits, et prie le saint de l'entendre en confession. Il l'entend ; puis, en présence d'une foule immense attirée par cette merveille, il lui donne la communion. Saint Dominique lui commanda ensuite de déclarer comme elle avait obtenu une si grande grâce. Alexandra répondit qu'au moment où on lui avait tranché la tête, elle se trouvait en état de péché mortel, mais que la bienheureuse Vierge lui avait conservé la vie en récompense de sa dévotion à réciter le Rosaire.
Pendant deux jours, la tête demeura ainsi vivante sur le bord du puits, à la vue de tout le monde, après quoi l'âme d'Alexandra s'en alla en purgatoire. Au bout de quinze jours, elle apparut à saint Dominique belle et resplendissante comme une étoile, et lui fit qu'un des principaux moyens de secourir les âmes dans les peines du Purgatoire, c'est de réciter pour elles le rosaire, et qu'en retour, une fois entrées en paradis, elles intercèdent pour ceux qui leur ont appliqué cette puissante prière. Quand elle eut fini de parler, le saint vit cette âme bienheureuse s'élever toute transportée de joie, vers le royaume des élus. (1)
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(1) Le père Van Ketwigh, savant dominicain d’Anvers, dans son excellent ouvrage publié en 1720 sous le titre de Panoplia Mariana, défend contre toute critique ce miracle de saint Dominique. Il prouve au long d'après les meilleures autorités, à la tête desquelles figure le Docteur Angélique, ce que saint Alphonse dit brièvement au paragraphe précédent, savoir, que la Mère de Dieu peut sauver certains pécheurs, même quand ils sont morts en état de damnation, en obtenant que leur jugement demeure suspendu jusqu'à ce qu'ils se soient dûment réconciliés avec Dieu.Le TRADUCTEUR.
A suivre : PRIÈRE.
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Louis- Admin
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Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIMarie secourt ses serviteurs dans le purgatoire.
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PRIÈRE.O Reine du ciel et de la terre, ô Mère du Souverain Seigneur de l'univers, ô Marie la plus grande, la plus élevée des créatures, il est vrai que, sur la terre, il en est beaucoup dont vous n'êtes ni aimée ni connue ; mais, dans le ciel, combien de millions d'anges et de bienheureux vous aiment et vous louent sans cesse ! Ici-bas même, combien d'âmes heureuses brûlent d'amour pour vous, et sont toutes éprises de votre bonté ! Ah ! puissé-je vous aimer aussi, ma très aimable Souveraine ! puissé-je ne penser qu'à vous servir, à vous louer, à vous honorer, et à vous gagner tous les cœurs. Vous avez gagné, par votre beauté, le coeur d'un Dieu; vous l'avez, pour ainsi dire, arraché du sein de son père éternel, pour se faire homme et votre Fils ; et moi, misérable vermisseau, je ne vous aimerais pas ? Ah ! ma très douce Mère, je veux vous aimer, et vous aimer beaucoup, et je veux faire tout ce qui sera en mon pouvoir pour amener aussi les autres à vous aimer. Agréez donc, ô Marie, agréez le désir que j'ai de vous aimer, et secondez mes efforts pour y parvenir.
Je sais que votre Dieu regarde d'un œil de complaisance ceux qui vous aiment; après sa propre gloire, il ne désire rien tant que la vôtre, il veut vous voir honorée et aimée de tous. C'est de vous, ô ma Reine, que j'espère toute ma félicité : c'est vous qui devez m'obtenir le pardon de tous mes péchés, et ensuite la persévérance ; c'est vous qui devez m'assister à l'heure de ma mort ; c'est vous qui devez me retirer du purgatoire ; c'est vous, enfin, qui devez me conduire en paradis. Toutes ces grâces, ceux qui vous aiment les attendent de vous, et moi aussi je les espère, moi qui vous aime de tout mon coeur et par-dessus toutes choses après Dieu.
A suivre : III. Marie conduit ses serviteurs en paradis.
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Louis- Admin
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Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIIMarie conduit ses serviteurs en paradis.
Oh ! le beau signe de prédestination, que la dévotion à Marie ! La sainte Église, appliquant à cette divine Mère les paroles de l'Ecclésiastique, lui fait dire pour la consolation de ses serviteurs : J'ai cherché en tout mon repos, et je fixerai mon séjour dans l'héritage du Seigneur. – Heureux donc, s'écrie le cardinal Hughes en commentant ce texte ; heureux celui en qui Marie aura trouvé son repos ! La sainte Vierge, parce qu'elle aime tous les hommes, s'efforce de faire régner dans tous les cœurs la dévotion envers elle-même ; mais beaucoup ne veulent pas la recevoir, ou ne la conservent pas ; heureux celui qui la reçoit et la conserve ! – Je demeurerai dans l'héritage du Seigneur, c'est-à-dire, selon le docte cardinal, dans le coeur de ceux qui sont l'héritage du Seigneur. – l'héritage du Seigneur, c'est-à-dire, qui sont destinés à le louer éternellement dans les cieux. – La bienheureuse Vierge continue de parler ainsi, dans le passage cité de l'Ecclésiastique : Celui qui m'a créée a reposé dans mon tabernacle ; il m'a dit : Habite en Jacob, prends Israël pour héritage, et enracine-toi dans mes élus ; ce qui signifie : Mon créateur a daigné venir reposer dans mon sein ; il a voulu que j'habite dans le coeur de tous les élus, dont Jacob fut la figure et qui sont mon héritage ; il a décrété que la dévotion et la confiance envers moi s'enracineraient dans le coeur de tous les prédestinés.
Ah ! combien de bienheureux qui ne seraient pas au ciel à l'heure qu'il est, si Marie ne les y avait introduits par sa puissante intercession ! C'est la réflexion du Cardinal Hughes à propos de cet autre verset de l'Ecclésiastique : J'ai fait briller dans les cieux une lumière inextinguible. Il y a au ciel autant de lumières éternelles qu'il y a eu sur la terre de serviteurs de Marie.
Saint Bonaventure dit que la porte du ciel s'ouvrira devant tous ceux qui se confient en la protection de Marie. Aussi, la dévotion à cette auguste Mère est appelée, par saint Éphrem, la clef qui ouvre les portes de la céleste Jérusalem. Et le dévot Louis de Blois lui parle en ces termes : Grande Reine, c'est à vous que sont confiés les trésors et les clefs du royaume des cieux. – Nous devons donc lui répéter avec saint Ambroise : Ouvrez-nous, ô Marie, les portes du paradis, car vous en avez les clefs, ou plutôt, comme le proclame la sainte Église, vous êtes vous-même la Porte du ciel.
Pour le même motif…
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Louis- Admin
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CHAPITRE VIIIEt Jesum benedictum Fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende.
Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIIMarie conduit ses serviteurs en paradis.
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… Pour le même motif, l'Église appelle encore Marie l'Étoile de la mer : Ave Maris Stella ! car, dit saint Thomas, comme les navigateurs se dirigent vers le port par le moyen des étoiles, ainsi les chrétiens sont guidés vers le paradis par le moyen de la bienheureuse Vierge.
Pour le même motif encore, elle est appelée, par saint Fulgence, l'Échelle du ciel, parce que par elle Dieu est descendu du ciel sur la terre, afin que par elle aussi les hommes méritent de monter de la terre au ciel : " Vous avez été remplie de grâces, ô Marie, s'écrie saint Anastase le Sinaïte, afin de devenir pour nous la voie du salut, et l'échelle par où nous puissions arriver à la céleste patrie ".
Enfin, et toujours pour la même raison, Marie est proclamée par saint Bernard et par Jean le Géomètre, le noble char qui transporte ses pieux serviteurs au ciel. Et saint Bonaventure lui tient ce langage : " Heureux ceux qui vous connaissent et vous louent ô Mère de Dieu ! car vous connaître, c'est avoir trouvé le chemin de l'immortalité ; et publier vos vertus, c'est marcher dans la voie du salut éternel ".
On lit dans les chroniques franciscaines, que le frère Léon vit un jour une échelle rouge, au sommet de laquelle se tenait Jésus-Christ, et une échelle blanche, au haut de laquelle se tenait Marie. Plusieurs voulaient monter par l'échelle rouge ; mais, après avoir fait quelques degrés, ils tombaient ; ils recommençaient de nouveau, et ils tombaient de nouveau. Alors, saint François les engagea à prendre la voie de l'échelle blanche, et par là ils arrivèrent heureusement ; car la bienheureuse Vierge leur tendit la main ; ils entrèrent ainsi sans obstacle en paradis.
Un auteur demande quel est celui qui se sauve, qui parvient à régner dans le ciel ? et il répond : Ceux-là se sauvent et arrivent certainement au royaume des cieux, pour qui la Reine de miséricorde offre à Dieu ses prières. Et Marie l'affirme elle-même lorsqu'elle dit : Par moi règnent les rois. Par l'effet de mon intercession, les âmes règnent d'abord sur la terre, le temps de leur vie mortelle, en dominant leurs passions ; et elles viennent régner éternellement dans le ciel, dont les habitants, suivant l'expression de saint Augustin, sont autant de rois : Quot cives, tot reges. En un mot, Marie est la Maîtresse du ciel, puisqu'elle y commande à son gré et y fait entrer ceux qu'elle veut, comme le dit Richard de Saint-Laurent, en lui appliquant ces paroles de l'Écriture : J'exerce ma puissance dans Jérusalem. Et de fait, ajoute l'abbé Rupert, comme elle est la Mère du Roi du paradis, il est juste qu'elle soit Reine du paradis, et que tout l'empire de son Fils lui soit soumis.
Par ses prières, par son puissant secours…
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Louis- Admin
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CHAPITRE VIIIEt Jesum benedictum Fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende.
Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIIMarie conduit ses serviteurs en paradis.
(suite)
… Par ses prières, par son puissant secours, cette divine Mère nous a ouvert l'entrée du céleste royaume ; seulement ne mettons pas d'obstacle à notre bonheur. Celui donc qui sert Marie, et pour qui Marie intercède, est aussi sûr d'aller en paradis, ajoute l'abbé Guéric que s'il y était déjà. Selon la remarque de Richard, " être au service de Marie et faire partie de sa cour, c'est le plus grand honneur auquel nous puissions aspirer ; car, servir la Reine du ciel c'est déjà régner dans le ciel ; et être assujetti à ses lois, c'est la plus haute liberté. Par contre, point de salut pour ceux qui refusent de la servir ; car, privés des secours de cette auguste Mère, ils sont par là même abandonnés de son Fils et de toute la cour céleste."
Louée soit à jamais la bonté infinie de notre Dieu, qui a daigné nous donner Marie pour avocate dans le ciel, afin qu'en sa double qualité de Mère du Juge et de Mère de miséricorde, elle plaide par ses prières toujours efficaces, la grande affaire de notre salut. Cette pensée est de saint Bernard. Et le moine Jacques, compté parmi les Pères grecs, dit que Dieu a fait de Marie comme un pont de salut, à l'aide duquel nous pouvons franchir la mer agitée de ce monde et arriver à l'heureux port du paradis. Écoutez donc, ô peuples qui désirez arriver au ciel, s'écrie saint Bonaventure ; servez, honorez Marie, et vous obtiendrez sûrement la vie éternelle.
Ceux mêmes qui ont mérité l'enfer, ne doivent pas perdre l'espoir de parvenir à la vie bienheureuse, à condition d'être dorénavant les serviteurs fidèles de cette grande Reine. – "O Marie, lui dit saint Germain, les pécheurs ont cherché Dieu par votre entremis, et ils sont sauvés." Richard de Saint-Laurent observe que, d'après saint Jean, la glorieuse Vierge est couronnée d'étoiles : Sur son front brillait un diadème de douze étoiles ; tandis que, d'après les Cantiques, sa couronne est composée de bêtes féroces, de lions, de léopards. N'y a-t-il pas là une contradiction ? Non, répond Richard ; par la faveur et l'intercession de Marie, les bêtes féroces ou les pécheurs se transforment en étoiles du paradis, et forment sur la tête de cette Reine de miséricorde, une couronne plus glorieuse pour elle que ne sauraient tous les astres du firmament.
Voici ce que nous lisons…
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Louis- Admin
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(suite)
… Voici ce que nous lisons dans la vie de la servante de Dieu, soeur Séraphine de Capri. Étant un jour en prière pendant la neuvaine de l'Assomption de la très sainte Vierge, elle lui demanda la conversion de mille pécheurs, et elle craignit ensuite d'avoir demandé trop ; mais la Mère du Sauveur lui apparut et la reprit de cette vaine appréhension, en lui disant : " Pourquoi crains-tu ? ne suis-je pas assez puissante pour obtenir de mon Fils le salut de mille pécheurs ? Cela est déjà fait, les voilà ". Alors elle la conduisit en esprit dans le paradis, où elle lui montra des âmes sans nombre, qui avaient mérité l'enfer, et qui, sauvés par son intercession, jouissaient de la béatitude éternelle.
Il est vrai qu'en cette vie nul ne peut être assuré de son salut : Nul ne sait s'il est digne d'amour ou de haine ; mais toutes choses demeurent incertaines jusqu'au siècle à venir. Toutefois, à la question du psalmiste : Seigneur, qui sera reçu dans votre tabernacle ? qui sera sauvé ? Saint Bonaventure répond : " Nous tous, pécheurs, baisons les traces des pieds de Marie, prosternons-nous à ses pieds sacrés, tenons-les embrassés, et ne la laissons point aller qu'elle ne nous ait bénis ; car sa bénédiction sera pour nous un gage certain du bonheur céleste ".
O grande Reine, s'écrie saint Anselme, dites seulement que vous voulez notre salut, et nous ne pourrons manquer d'être sauvés. Saint Antonin ajoute que les âmes protégées par Marie se sauvent nécessairement.
Selon la remarque de saint Idelphonse, la sainte Vierge a eu raison de prédire que tous les générations la proclameraient Bienheureuse : Beatam me dicent omnes generationes, puisque c'est par elle que tous les élus parviennent à l'éternelle béatitude. De là, cette exclamation de saint Méthode : " Vous êtes, ô Mère de Dieu, le commencement, le milieu et la fin de notre félicité ". – Il dit : Le commencement, parce que Marie nous obtient le pardon de nos péchés ; le milieu, parce qu'elle nous obtient la persévérance dans la grâce ; la fin, parce qu'à la mort elle nous obtient le paradis. – De là encore ces belles paroles de saint Bernard à Marie : " Par vous, le ciel a été rempli, par vous l'enfer a été dépeuplé (1) ; par vous, les ruines du paradis ont été relevées ; par vous, en un mot, la vie éternelle a été accordée à une multitude de malheureux qui s'en étaient rendus indignes.
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(1) L'enfer a été dépeuplé, c'est-à-dire : l'enfer a perdu une multitude d'âmes qui, sans vous, y seraient tombés.
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Mais ce qui doit surtout…
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Louis- Admin
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Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIIMarie conduit ses serviteurs en paradis.
(suite)
… Mais ce qui doit surtout nous faire attendre avec une inébranlable confiance le bonheur céleste, c'est la magnifique promesse faite par Marie elle-même à ceux qui l'honorent, et spécialement à ceux qui, par leurs discours et leurs exemples, s'efforcent de la faire connaître et honorer aussi des autres : Ceux qui travaillent pour moi, ne tomberont pas dans le péché ; ceux qui me font connaître, auront la vie éternelle. Heureux donc, s'écrie saint Bonaventure, heureux ceux qui savent mériter les bonnes grâces de Marie ! Ils sont reconnus d'avance par les habitants de la céleste Jérusalem pour les compagnons de leur gloire ; et quiconque porte la marque de serviteur de Marie, a déjà son nom inscrit au livre de vie.
Que sert-il après cela, de nous embarrasser de la question tant agitée dans l'école : si la prédestination à la gloire précède ou suit la prévision des mérites, et de nous demander avec inquiétude si nous sommes inscrits, oui ou non, au livre de vie ? – Pourvu que nous soyons de vrais serviteurs de Marie, et que nous obtenions sa protection, nous serons certainement du nombre des élus ; car, saint Jean Damascène nous l'assure, Dieu n'accorde la dévotion envers sa sainte Mère qu'à ceux qu'il a résolu de sauver. Cela paraît conforme à ce que le Seigneur révéla expressément par l'organe de saint Jean : Quiconque sera victorieux, j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu. Celui qui doit vaincre et se sauver, portera donc écrit sur son coeur le nom de la cité de Dieu ; et quelle est cette cité de Dieu, sinon Marie, comme l'explique saint Grégoire à propos de ce passage de David : On a dit de vous des choses glorieuses, ô cité de Dieu !
On peut donc très bien dire…
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Louis- Admin
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(suite)
… On peut donc très bien dire, en empruntant les expressions de saint Paul : A ce signe le seigneur reconnaît ceux qui sont à lui. Ce signe est la dévotion à Marie ; celui qui en est marqué, Dieu le reconnaît comme l'un des siens. Aussi Pelbert affirme que la dévotion à la Mère de Dieu est le signe le plus assuré qu'on fera son salut. Et Alain de la Roche dit que l'habitude d'honorer souvent la sainte Vierge par la récitation de la salutation angélique, est une très grande marque de prédestination. Il en dit autant de la fidélité à réciter chaque jour le saint Rosaire. Ce n'est pas tout, et les privilèges et les faveurs réservés aux serviteurs de la divine Mère ne se bornent pas à la vie présente ; dans le ciel encore, ils sont honorés d'une manière particulière, assure le père Nieremberg, et, à certaines marques distinctives et d'un éclat extraordinaire, on reconnaîtra en eux les familiers de la Reine du Ciel et les gens de sa cour : Tous ceux de sa maison, dit le sage, sont munis d'un double vêtement.
Sainte Marie-Madeleine de Pazzi vit un jour sur la mer une nacelle où s'étaient réfugiés tous les serviteurs de Marie, qui faisait elle-même l'office de pilote et les conduisait sûrement au port. Cette vision apprit à la sainte qu'au sein des périls de la vie présente, les protégés de Marie échappent au naufrage du péché et de la damnation, guidés qu'ils sont par elle vers le port du paradis. Hâtons-nous donc d'entrer dans cette heureuse nacelle, en méritant la protection de Marie, et là, tenons-nous assurés de parvenir au royaume céleste, puisque l'Église chante : Sainte Mère de Dieu, tous ceux qui participeront aux joies célestes, habitent en vous et vivent sous votre tutelle.
A suivre : EXEMPLE
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Louis- Admin
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(suite)
EXEMPLE.Césaire raconte qu'un cistercien, grandement dévot à Notre-Dame, désirait une visite de cette Reine bien-aimée, et lui en faisait continuellement la demande. Étant sorti, une nuit, au jardin, comme il regardait le ciel, en adressant d'ardents soupirs à celle qu'il brûlait de voir, il en vit tout à coups descendre une vierge éclatante de beauté et de lumière, qui lui dit :
" Thomas, voudrais-tu m'entendre chanter ? – Certainement ", répondit-il.
Aussitôt elle se mit à chanter, mais d'une voix si douce que le pieux moine se croyait en paradis. Après cela, elle disparut à ses yeux, non sans le laisser bien en peine de savoir qui elle était.
Mais voilà qu'on se trouve en présence d'une autre jeune vierge non moins belle, qui lui fit aussi entendre son chant. Il ne put s'empêcher de lui demander qui elle était.
Elle répondit : " Celle que tu viens de voir, c'est Catherine ; moi je suis Agnès. Nous sommes toutes les deux martyres de Jésus-Christ, et notre Reine nous a envoyées te consoler. Rends grâce à Marie, et prépare-toi à une plus grande faveur ".
Cela dit, elle disparut comme la première ; mais le religieux conçut dès lors l'espérance de voir enfin ses vœux exaucés. Il ne fut pas trompé dans son attente ; car, peu après, il aperçut une grande lumière et sentit son coeur se remplir d'une joie toute nouvelle ; et voilà qu'au milieu de cette lumière lui apparaît la Mère de Dieu environnée d'anges, et surpassant immensément en beauté les deux martyres.
Elle lui dit : " Mon cher serviteur et mon fils, j'ai agréé tes hommages et exaucé tes prières : tu as désiré me voir ; me voici, et, de plus, je veux aussi te faire entendre mon chant ". Et la glorieuse Vierge chante, et, ravi hors de lui-même par la mélodie de ses accents, le dévot religieux tomba la face en terre.
Les Matines sonnèrent, et les moines se réunirent ; ne voyant point le frère Thomas, ils le cherchèrent d'abord dans sa cellule, puis dans d'autres endroits ; finalement, étant allés voir au jardin, ils le trouvèrent là comme mort. Le supérieur lui ordonna de dire ce qui était arrivé ; alors, revenant à lui par la force de la sainte obéissance, il raconta toutes les faveurs qu'il avait reçues de la divine Mère.
A suivre : PRIÈRE.
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Louis- Admin
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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CHAPITRE VIIIEt Jesum benedictum Fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende.
Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.MARIE, NOTRE SALUT.IIIMarie conduit ses serviteurs en paradis.
(suite)
PRIÈRE.O Reine du paradis, Mère du saint amour ! puisque vous êtes entre toutes les créatures la plus aimable, la plus aimée de Dieu, et sa première amante, ah ! daignez consentir à être aimé du pécheur le plus ingrat et le plus misérable qui soit sur la terre, mais qui, se voyant délivré de l'enfer par votre intercession et comblé de vos bienfaits sans aucun mérite de sa part, s'est épris d'amour pour vous. Je voudrais, s'il m'était possible, faire comprendre à tous les hommes qui ne vous connaissent pas, combien vous êtes digne d'être aimée, afin de les amener tous à vous aimer et à vous honorer. Je voudrais même mourir pour l'amour de vous, en défendant votre virginité, votre dignité de Mère de Dieu, votre immaculée conception, si, pour défendre ces glorieuses prérogatives de votre personne sacrée, il me fallait mourir.
O Mère chérie, agréez cette expression de mes sentiments, et ne permettez pas qu'un de vos serviteurs qui vous aime, devienne jamais l'ennemi de votre Dieu, que vous aimez tant ! Ah ! malheureux, voilà ce que j'étais autrefois, quand j'offensais mon divin Maître. Mais alors, ô Marie, je ne vous aimais pas, et je ne me souciais guère d'être aimé de vous ; à cette heure, au contraire, je ne désire rien tant, après la grâce de Dieu, que de vous aimer et d'être aimé de vous. Mes fautes passées ne m'empêchent pas d'espérer cette faveur ; car, je le sais, ô ma douce et gracieuse Souveraine, vous ne dédaignez pas d'aimer même les plus misérables pécheurs dont vous vous voyez aimée ; au contraire, jamais vous ne vous laissez vaincre en amour par personne. Ah ! Reine tout aimable, je veux aller vous aimer en paradis : là, prosterné à vos pieds, je connaîtrai mieux combien vous êtes aimable, et combien vous avez contribué à mon salut ; et ainsi, je vous aimerai d'un plus grand amour, et je vous aimerai éternellement, sans crainte de jamais cesser de vous aimer. O Marie, j'espère avec une entière confiance d'être sauvé par votre secours. Priez Jésus pour moi ; cela suffit ; c'est à vous de me sauver ; vous êtes mon espérance. J'irai donc toujours chantant :O mon unique espoir, sainte Vierge Marie,
A vous de me conduire à l'éternelle vie.
A suivre : Chapitre IX : Clémence et Bonté de Marie.
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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CHAPITRE IXO clemens, o pia!
O clémente, ô bonne.CLÉMENCE ET BONTÉ DE MARIE.Combien sont grandes la clémence et la bonté de Marie.
Pour exprimer la merveilleuse bonté de Marie envers nous, pauvres enfants d'Ève, saint Bernard l'appelle la véritable " terre promise où coulent le lait et le miel ". Selon saint Léon, on devrait la nommer, non pas simplement Reine miséricordieuse, mais la miséricorde en personne, tellement ses entrailles maternelles surabondent de tendresse. Telle était également la pensée de saint Bonaventure. Voyant d'un côté Marie devenue Mère de Dieu en faveur des malheureux et investie de l'office de leur départir les grâces ; songeant d'un autre côté à sa vive sollicitude pour eux tous, et à l'extrême compassion qu'elle leur porte, et qui semble ne lui plus laisser qu'un désir, celui de subvenir à leurs besoins ; le saint disait qu'en présence de la bienheureuse Vierge, il oubliait presque la justice divine, pour ne plus voir que la divine miséricorde dont elle est toute remplie. Voici ce passage plein d'onction : " Oui, auguste Souveraine, quand je vous regarde, je ne vois plus que miséricorde ; car c'est pour les misérables que Dieu vous a faite sa Mère et vous a confié la charge de faire miséricorde ; il n'est pas une misère qui vous trouve indifférente ; vous êtes tout enveloppée de miséricorde ; vous semblez n'avoir à coeur que de faire miséricorde ".
Telle est en un mot, la bonté du coeur compatissant de Marie, que, selon le mot de l'abbé Guéric, il ne peut cesser un instant de produire pour nous des fruits de bonté. Eh ! s'écrie saint Bernard, que pourrait-il jaillir d'une source de bonté, sinon de la bonté ?
Voilà pourquoi Marie…
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CHAPITRE IXO clemens, o pia!
O clémente, ô bonne.CLÉMENCE ET BONTÉ DE MARIE.Combien sont grandes la clémence et la bonté de Marie.
(suite)
Voilà pourquoi Marie elle-même se dit : Pareille à un bel olivier qui croît dans les champs. De l'olivier il ne sort que de l'huile, symbole de miséricorde ; et des mains de Marie il ne tombe que grâces et miséricordes. On pourrait donc, avec le vénérable Louis du Pont, appeler le coeur de Marie la source de l'huile, puisqu'il est la source de miséricorde. Ainsi, lorsque nous recourons à cette tendre Mère pour lui demander l'huile de sa bonté, nous n'avons pas à craindre qu'elle ne nous réponde par un refus, comme firent les vierges prudentes aux vierges folles, en alléguant l'insuffisance de leur provision. Non, l'huile de miséricorde ne saurait lui manquer ; car elle en est toute remplie, selon la remarque de saint Bonaventure. Aussi la sainte Église la proclame-t-elle, non pas seulement Vierge prudente, mais Vierge très prudente ; c'est nous donner à entendre, dit Hughes de Saint-Victor, qu'elle est assez riche de grâce et de bonté pour nous en pourvoir tous abondamment, sans courir le risque de la voir jamais s'épuiser : " O pleine de grâce, vous en êtes tellement pleine, que le monde entier peut aller puiser en vous et s'enrichir de votre surabondance ; les vierges prudentes prirent de l'huile dans leurs vases pour entretenir leurs lampes ; mais vous, qui êtes la Vierge très prudente, vous avez pris avec vous un vase inépuisable, et d'où l'huile de la miséricorde déborde et suffit à tenir enflammées les lampes de tous les mortels."
Mais pourquoi, dans le texte que nous expliquons, est-il dit de ce bel olivier qu'il se trouve au milieu des champs ? Pourquoi pas plutôt dans un jardin entouré de murs ou de haies ? C'est, répond Hughes de Saint-Victor, afin que tous puissent aisément le voir et s'en approcher, pour en obtenir le remède dont ils ont besoin. – Saint Antonin confirme cette belle pensée. " Quand un olivier est exposé dans un champ ouvert à tout le monde, observe-t-il, chacun peut aller en cueillir les fruits ; ainsi en est-il de Marie : tous les hommes, justes et pécheurs, peuvent recourir à elle pour avoir part à ses bontés ". Oh ! continue le saint, combien de sentences, de châtiments, la bienheureuse Vierge a su faire révoquer par ses charitables prières, en faveur des pécheurs qui ont recours à elle ?" – " Et quel refuge plus assuré pour nous que le sein compatissant de Marie ? Là, le pauvre a un asile, le malade y puise des remèdes et l'affligé des consolations ; dans la perplexité on y trouve des conseils, et dans le délaissement un appui ". Ainsi parle le dévot Thomas a Kempis.
Que nous serions à plaindre…
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(suite)
Que nous serions à plaindre, si nous n'avions pas cette Mère de miséricorde, si attentive et si empressée à nous secourir dans nos misères ! Où la femme manque, dit l'Esprit-Saint, l'indigent souffre et gémit. Par cette femme, saint Jean Damascène entend Marie, sans laquelle nous sommes tous infirmes et souffrants. C'est bien dit, car, Dieu ayant décrété qu'aucune grâce ne s'accordera qu'à la prière de Marie, là où cette prière n'intervient pas, il n'est nul espoir de miséricorde ; ainsi le Seigneur lui-même l'a-t-il déclaré à sainte Brigitte.
Mais qui sait ? peut-être Marie ne voit pas nos misères, ou les voit sans compassion. Gardons-nous de cette pensée : bien mieux que nous-mêmes elle les voit et elle est loin d'y être insensible. " Entre tous les saints, il n'en est aucun qui compatisse comme elle à nos maux ", dit saint Antonin. Aussi, " partout où elle aperçoit des souffrances, elle y court avec les remèdes de sa grande miséricorde ". Cette pensée de Richard de Saint-Laurent est confirmée en ces termes par Mendoza : " Oui, ô Vierge bénie et notre Mère, vous répandez à pleines mains vos bienfaits là où vous rencontrez nos besoins ".— Et ce charitable office, notre bonne Mère ne cessera jamais de le remplir ; c'est elle qui nous l'assure ; Je ne cesserai jusqu'au siècle futur, de remplir mon ministère en présence du Seigneur dans la sainte demeure. Paroles que le cardinal Hughes commente ainsi : " Je ne cesserai pas, jusqu'à la fin du monde, de secourir les hommes dans leurs besoins, et de prier pour les pécheurs, afin qu'ils se sauvent et qu'ils soient préservés du malheur éternel ".
Au rapport de Suétone, l'empereur Titus était si désireux d'accorder ses faveurs à qui les lui demandait que, si parfois il n'avait pas eu l'occasion d'accorder quelque grâce, il disait tout contristé : Diem perdidi, ce jour est un jour perdu pour moi, puisque je l'ai passé sans faire de bien à personne. — Vraisemblablement, Titus parlait ainsi plus par vanité, ou par recherche ambitieuse de l'estime du monde que par un sentiment d'humanité. Il n'en est pas ainsi de notre Reine Marie ; si jamais un de ses jours se passait sans être signalé par aucun bienfait, elle dirait aussi : J'ai perdu ma journée ; mais elle le dirait uniquement parce qu'elle est pleine de charité et animée du désir de nous faire du bien. Ce désir va si loin que, selon Bernardin de Bustis, il surpasse notre avidité à recevoir ses bienfaits. Aussi, ajoute le même, jamais nous ne recourrons à elle sans lui trouver les mains pleines de miséricorde et de libéralité.
Marie a été figurée par…
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Marie a été figurée par Marie a été figurée par Rébecca, dont on sait l'histoire. Comme le serviteur d'Abraham lui demandait un peu d'eau à boire : Buvez, Seigneur, lui répondit-elle ; de plus je vais puiser de l'eau en assez grande quantité pour abreuver tous vos chameaux. Ce trait inspire au dévot saint Bernard les paroles suivantes qu'il adresse à la Vierge : Auguste Reine, le vaisseau de vos miséricordes déborde de toutes parts ; versez donc, non seulement au serviteur d'Abraham, mais aussi à ses chameaux. C'est-à-dire : Vous êtes pleine de bonté et plus libérale que Rébecca ; aussi, non contente de faire sentir les effets de votre immense miséricorde au serviteur d'Abraham, qui représente les fidèles serviteurs de Dieu, vous en faites encore part aux bêtes de somme, qui sont la figure des pécheurs. D'un autre côté, Rébecca donna plus qu'on lui demandait, et Marie donne toujours plus qu'on ne lui demande. La libéralité de Marie, dit Richard de Saint-Laurent, ressemble à celle de son Fils, dont les largesses vont toujours au-delà de nos requêtes, et qui, pour cette raison, est appelé par saint Paul un Dieu riche de grâces, et prodigue de ses dons à l'égard de tous ceux qui le prient. De là cette prière d'un pieux auteur à Marie : " Vierge sainte, daignez prier vous-même pour moi ; car vous solliciterez les grâces pour moi avec bien plus de dévotion que je ne saurais le faire, et vous m'obtiendrez beaucoup plus que je ne saurais demander ".
Les Samaritains ayant refusé de recevoir Jésus-Christ et sa doctrine, saint Jacques et saint Jean dirent au divin Maître : " Seigneur, voulez-vous que nous commandions au feu du ciel de descendre sur eux et de les dévorer ? " Mais le Sauveur répondit : Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. C'est-à-dire : Mon esprit n'est que miséricorde et douceur ; car je suis venu du ciel pour sauver les pécheurs, et non pour les punir ; et vous demander leur perte Quoi ! du feu, des châtiments ! taisez-vous, ne me parlez plus de châtiments ; ce n'est pas là mon esprit. – Or, l'esprit de Marie étant entièrement conforme à celui de son Fils, nous ne pouvons douter de son inclination à user de miséricorde ; elle-même disait un jour à sainte Brigitte : " On m'appelle la Mère de miséricorde ; c'est avec raisons, ma fille, car la miséricorde de mon Fils m'a rendue compatissante et douce envers tout le monde ". C'est dans ce sens que saint Bernard interprète la vision où Marie fut montrée à saint Jean revêtue du soleil : " Céleste Reine, dit le saint Docteur, vous revêtez le soleil, et le soleil vous revêt " ; vous avez revêtu le Verbe divin de la chair humaine, et à son tour il vous a revêtue de sa puissance et de sa miséricorde.
Cette Reine est donc si…
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(suite)
Cette Reine est donc si clémente et si bonne que, quand un pécheur vient réclamer son assistance, elle ne commence point par examiner ses mérites, assure le même saint, ni s'il est digne ou non d'être exaucé ; mais elle exauce quiconque se présente. Voilà pourquoi, remarque saint Hildebert, elle est dite belle comme la lune. Elle éclaire et aide les plus indignes pécheurs, comme cet astre répand ici-bas sa douce et bienfaisante lumière sur les êtres les plus vils. D'autre part, bien que la lune emprunte au soleil toute sa lumière, elle la distribue en bien moins de temps que lui ne distribue la sienne : ce qu'il fait en un an, remarque un auteur, elle le fait en un mois. Et, selon saint Anselme, nous obtenons parfois plus promptement le secours du ciel en invoquant le nom de Marie qu'en invoquant le nom de Jésus. Hugues de Saint-Victor ajoute que, si nos péchés nous font craindre de nous approcher de Dieu, Majesté infinie et offensée par nous, du moins nous ne devons pas hésiter d'aller à Marie, en qui nous ne trouvons rien de redoutable. Sans doute, elle est sainte, elle est immaculée, elle est Reine de l'univers, elle est Mère de Dieu ; mais enfin elle est revêtue de la même chair que nous ; comme nous elle est enfant d’Adam.
En un mot, dit saint Bernard, en Marie tout est grâce et bonté ; comme Mère de miséricorde, elle se fait tout à tous ; et, dans sa grande charité, elle s'est rendue débitrice à l'égard des justes et des pécheurs ; elle ouvre à tous le sein de sa miséricorde, afin que tous viennent y puiser. De même donc que le démon rôde sans cesse, cherchant quelqu'un à qui il puisse donner la mort, ou, selon le mot de saint Pierre, qu'il puisse dévorer, ainsi, remarque Bernardin de Bustis, Marie est sans cesse à la recherche d'âmes à qui elle puisse, au contraire, donner la vie et le salut.
Nous devons d'ailleurs être…
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(suite)
Nous devons d'ailleurs être persuadés avec saint Germain que la protection de Marie est plus étendue et plus puissante que nous ne pouvons l'imaginer. " Et d'où vient, demande le Père Pelbart, que le Seigneur, qui, dans l'ancienne loi, punissait avec tant de rigueur les moindres fautes, use à présent de tant de miséricorde envers les plus grands coupables ? Dieu le fait, répond-il, pour l'amour de Marie et en considération de ses mérites ". Ah ! s'écrie saint Fulgence, depuis combien de temps le monde ne serait-il pas abîmé, si Marie ne l'avait soutenu par son intercession. Mais nous pouvons, dit Arnauld de Chartres, nous présenter à Dieu avec assurance et en espérer tous les biens, maintenant que le Fils est notre Médiateur auprès du Père, et que la Mère intercède pour nous auprès du Fils. En effet, comment le Père n'exaucerait-il pas son Fils, lui montrant les plaies qu'il a souffertes pour les pécheurs ? Et comment le Fils n'exaucerait-il pas sa Mère, lui montrant le sein qui l'a nourri ? Et saint Pierre Chrysologue assure, avec une énergie remarquable, que cette Vierge unique, ayant logé le Seigneur dans son chaste sein, en exige, pour prix de l'hospitalité qu'elle lui a donnée, la paix du monde, le salut de ceux qui étaient perdus, et la vie de ceux qui étaient morts.
Oh ! s'écrie l'abbé de Celles, combien de pécheurs qui mériteraient d'être condamnés par la justice de Dieu, sont sauvés par la miséricorde de Marie ! Car elle est le trésor de Dieu et la trésorière de toutes les grâces ; de sorte que notre salut est entre ses mains. Recourons donc toujours à cette auguste Mère de miséricorde, avec le ferme espoir d'être sauvés par son intercession ; car elle est, comme l'appelle Bernardin de Bustis, notre salut, notre vie, notre espérance, notre conseil, notre refuge, notre secours. Selon saint Antonin, Marie est ce trône de la grâce devant lequel l'Apôtre nous exhorte à nous présenter avec confiance, afin d'obtenir la divine miséricorde et tous les secours nécessaires à notre salut. Et sainte Catherine de Sienne avait coutume de l'appeler " la dispensatrice de la divine miséricorde ".
Concluons par la belle et touchante exclamation de saint Bernard sur ces paroles : " O clémente, ô bonne, ô douce Vierge Marie ! " Voici comment il s'exprime : " O Marie ! vous êtes clémente envers les misérables, bonne envers ceux qui vous prient, douce envers ceux qui vous aiment. Vous êtes clémente envers les pénitents, bonne envers ceux qui font des progrès, douce envers ceux qui sont arrivés à la perfection. Vous montrez votre clémence en nous préservant des châtiments, votre bonté en nous dispensant les grâces, votre douceur en vous donnant à ceux qui vous cherchent. "
A suivre : EXEMPLE.
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(suite)
EXEMPLE
Le père Charles Bovio rapporte qu'à Dormans, en Champagne, un homme marié entreprenait un commerce criminel avec une femme. Son épouse, indignée de cette conduite, ne faisait qu'appeler les châtiments de Dieu sur les deux coupables. Un jour entre autres, elle alla dans une église, devant l'autel de la sainte Vierge, pour demander justice contre celle qui lui avait ravi l'affection de son mari. Or, la femme pécheresse avait coutume de venir prier aussi devant cet autel, et y récitait chaque jour un Ave Maria. Une nuit, la divine Mère apparut en songe à l'épouse affligée ; celle-ci ne l'eut pas sitôt vue, qu'elle se mit à répéter son invocation ordinaire : " Justice, ô Mère de Dieu ! justice ! " Mais Marie lui répondit : " Quoi ! justice ! c'est à moi que tu demandes justice ? adresse-toi pour cela à quelque autre ; moi, je ne puis faire justice ". Ensuite, elle ajouta : " Sache que cette pécheresse me récite chaque jour certaine prière, et je ne puis souffrir qu'aucune personne qui récite cette prière soit châtiée pour ses péchés ".
Lorsqu'il fit jour, cette pauvre femme se rendit entendre la messe dans l'église susdite ; et, comme elle en sortait, elle rencontra celle qui lui causait tant de peine. Dès qu'elle l'aperçut, elle se mit à l'injurier, la traitant de sorcière, qui, par ses enchantements, était venue à bout d'ensorceler la sainte Vierge elle-même.
" Taisez-vous, lui cria-t-on alors ; que dîtes-vous là ?
– Et pourquoi me tairais-je ? répondit-elle ; ce que je dis, n'est que trop vrai ; cette nuit, la sainte Vierge m'est apparue ; et, comme je lui demandais justice, elle m'a répondu qu'elle ne pouvait me satisfaire, à cause d'une prière que cette scélérate lui récite tous les jours."
Là-dessus, on demanda de celle-ci quelle était la prière qu'elle récitait à la Mère de Dieu ; elle répondit que c'était l'Ave Maria.
Mais, apprenant que la bienheureuse Vierge, pour cette simple dévotion, usait envers elle d'une si grande miséricorde, elle alla immédiatement se jeter aux pieds de son image ; et là en présence de tout le monde, elle demanda pardon du scandale qu'elle avait causé, et fit vœu de continence perpétuelle. De plus, s'étant revêtue d'un habit religieux, et s'étant construit une petite cellule dans le voisinage de cette église, elle s'y renferma, et persévéra dans les exercices de la pénitence jusqu'à sa mort.
A suivre : PRIÈRE.
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CHAPITRE IXO clemens, o pia!
O clémente, ô bonne.CLÉMENCE ET BONTÉ DE MARIE.Combien sont grandes la clémence et la bonté de Marie.
(suite)
PRIÈRE
Ô Mère de miséricorde, puisque vous êtes si compatissante, et que vous avez un si grand désir de nous faire du bien, à nous, misérables pécheurs, et de nous accorder ce que nous vous demandons, moi, le plus misérable de tous les hommes, je viens implorer votre bonté ; daignez m'exaucer. Que d'autres vous demandent tout ce qu'ils voudront, santé, biens et avantages temporels ; pour moi, ô Marie, je vous demande ce que vous-même désirez trouver en moi, ce qui est le plus conforme et le plus agréable à votre très saint coeur. Vous êtes si humble ; obtenez-moi donc l'humilité et l'amour des mépris. Vous avez été si patiente dans les peines de cette vie ; obtenez-moi la patience dans les contrariétés. Vous êtes si remplie d'amour pour Dieu ; obtenez-moi le don du saint et pur amour. Vous êtes toute pleine de charité pour le prochain ; obtenez-moi la charité envers tous, et surtout envers ceux qui me sont opposés. Vous fûtes toujours unie à la volonté de Dieu ; obtenez-moi une entière conformité à toutes les dispositions de la providence qui me concernent.
En un mot, vous êtes la plus sainte de toutes les créatures ; ô Marie, rendez-moi saint. L'amour ne vous manque point, vous pouvez et vous voulez me procurer tous les biens ; la seule chose donc qui puisse m'empêcher de recevoir vos grâces, c'est, ou ma négligence à vous invoquer, ou mon peu de confiance en votre intercession ; mais, ces deux dispositions essentielles, la fidélité à vous invoquer et la confiance en vous, c'est vous-même qui devez me les obtenir, et c'est à vous que je les demande, c'est de vous que je les veux, c'est de vous que je les espère, et je les attends de vous avec assurance, ô Marie, ma Mère, mon espérance, mon amour, ma vie, mon refuge, mon secours et ma consolation ! Amen.
A suivre : Chapitre X : DOUCEUR DU NOM DE MARIE.
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CHAPITRE XO dulcis Virgo Maria
O douce Vierge Marie.DOUCEUR DU NOM DE MARIE.Combien le nom de Marie est doux pendant la vie et à la mort.
L'auguste nom de la Mère de Dieu, le nom de Marie, n'est pas d'origine terrestre ; il ne fut pas, comme les autres noms, inventé par l'esprit des hommes ; il ne lui fut pas donné par libre choix : descendu du ciel, il lui fut imposé par un décret divin ; ainsi l'attestent saint Jérôme, saint Épiphane, saint Antonin et d'autres auteurs.
" Le nom de Marie, dit saint Pierre Damien, fut tiré du trésor de la Divinité ". Oui, ô Marie, ajoute Richard de Saint-Laurent, votre nom sublime et admirable est sorti du trésor de la Divinité ; les trois personnes de la Trinité sainte vous l'ont donné d'un commun accord, ce nom qui éclipse tous les noms après celui de votre Fils ; elles l'ont rempli de tant de majesté et de puissance que, quand il est prononcé, il faut que tout se prosterne pour le vénérer, au ciel, sur la terre et dans les enfers ". Mais, sans parler des autres prérogatives que le Seigneur a voulu attacher au nom de Marie, considérons ici combien il l'a rendu doux aux serviteurs de cette céleste Reine, soit pendant la vie, soit à l'heure de la mort.
Premièrement, le nom de Marie est doux à ses serviteurs pendant leur vie. Le saint anachorète Honorius le trouvait plein de tout ce qu'il y a de douceur et de suavité en Dieu ; et, pour le glorieux saint Antoine de Padoue, ce nom avait les mêmes charmes que saint Bernard trouvait dans celui de Jésus. " Le nom de Jésus, avait dit Bernard, le nom de Marie, reprenait Antoine, est une joie au coeur de ses pieux serviteurs, un miel sur les lèvres, une mélodie pour leurs oreilles ". Le vénérable Juvénal Ancina, évêque de Saluces, goûtait, en prononçant le nom de Marie, une douceur sensible telle, dit son historien, qu'il s'en léchait les lèvres. On lit la même chose d'une femme de Cologne : " Je ne prononce jamais le nom de Marie, assurait-elle à l'évêque Massilius sans que mon palais soit flatté d'une saveur supérieure à celle du miel ". Massilius adopta sa pratique et expérimenta la même douceur.
Lors de l'Assomption de la Vierge, les anges demandèrent à trois reprises quel était son nom ; on peut le conclure de ces trois passages des Cantiques : " Quelle est celle-ci qui mont du désert comme un nuage d'encens ? – Quelle est celle-ci qui s'avance comme une aurore naissante ? – Quelle est celle-ci qui s'élève du désert, nageant dans les délices ? " Pourquoi, se demande Richard, pourquoi les anges répètent-ils tant de fois leur question : Quelle est celle-ci ?. . . C'est sans doute, répond-il, afin d'entendre répéter le nom de Marie, tant ce nom résonne délicieusement à l'oreille des anges eux-mêmes.
Mais ce n'est pas de cette douceur sensible que j'entends parler ici : il n'est pas donné à tous de la sentir ; je veux parler d'une douceur spirituelle, d'un sentiment salutaire de consolation, d'amour, de joie, de confiance et de force, que le nom de Marie inspire communément à ceux qui le prononcent avec dévotion.
L'abbé Francon dit à ce sujet :…
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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CHAPITRE XO dulcis Virgo Maria
O douce Vierge Marie.DOUCEUR DU NOM DE MARIE.- Combien le nom de Marie est doux pendant la vie et à la mort.
(suite)
L'abbé Francon dit à ce sujet : " Après le saint nom de Jésus, le nom de Marie est si fécond en biens de tout genre, que, ni sur la terre, ni dans le ciel, on n'entend prononcer aucun nom qui remplisse les âmes dévotes d'autant de grâces, de consolation et d'espérance. En effet, continue le même auteur, le nom de Marie renferme je ne sais quoi d'admirable, de doux et de divin, qui fait qu'il ne peut retentir dans un coeur aimant sans l'embaumer d'une odeur de sainte suavité. Et voici, dit-il en finissant, la merveille de cet auguste nom : mille fois répété, il paraît toujours nouveau à ceux qui aiment Marie, aussi bien que le plaisir avec lequel ils l'entendent ".
Le bienheureux Henri Suso avait bien fait, lui aussi, l'expérience de cette douceur du nom de Marie. En le prononçant, il se sentait, disait-il lui-même, pénétré de confiance et enflammé d'amour ; aussi, versant des larmes de joie et transporté hors de lui-même, il eut voulu que le coeur lui bondît de la poitrine jusque sur les lèvres ; car, assurait-il, ce nom si doux, si cher, se liquéfiait au fond de son âme comme un rayon de miel. Après quoi, il s'écriait : " O nom plein de suavité ! O Marie ! que devez-vous donc être vous-même, si votre nom seul est déjà si aimable et si gracieux ? "
De son côté, saint Bernard, s'adressant à sa bonne Mère, lui disait, en ces termes pleins de tendresse, la flamme dont il brûlait pour elle : " O grande, ô clémente, ô admirable Marie ! ô Vierge très sainte et digne de toute louange, combien doux et aimable est votre nom ! On ne peut le prononcer sans se sentir embrasé d'amour et pour vous et pour Dieu ; il suffit même que ce nom se présente à la pensée de ceux qui vous aiment, pour accroître beaucoup leur amour et les consoler ". – Ah ! si les richesses consolent les pauvres, en les tirant de leur misère, ajoute Richard de Saint-Laurent, combien plus, ô Marie, votre nom nous console dans nos peines, car, bien mieux que les richesses de la terre, il adoucit les angoisses de la vie présente !
En un mot, ô Mère de Dieu, votre nom est tellement rempli, comme le dit saint Méthode, de grâces et de bénédictions divines, que, comme l'affirme saint Bonaventure, on ne saurait le prononcer dévotement sans en tirer quelque bien. Quelque endurci que puisse être un pécheur, eût-il même perdu toute confiance en Dieu, qu'il vous nomme seulement, ô Vierge pleine de bonté ; et, ajoute le pieux Idiot, telle est la vertu de votre nom qu'il sentira sa dureté s'amollir d'une manière merveilleuse ; car c'est vous qui faites revivre les pécheurs à l'espérance du pardon et de la grâce.
Votre doux nom, dit à son tour saint Ambroise…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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O douce Vierge Marie.DOUCEUR DU NOM DE MARIE.- Combien le nom de Marie est doux pendant la vie et à la mort.
(suite)
Votre doux nom, dit à son tour saint Ambroise, est un baume qui répand l'odeur de la grâce ; ah ! que ce baume de salut descende au fond de nos âmes ! Voici donc ce que le saint vous demandait par ces paroles, ô Marie, et ce que nous vous demandons après lui : faites que nous pensions souvent à invoquer votre nom avec amour et confiance ; car c'est là, sinon un signe de la présence de la grâce divine en nous, du moins un gage de son prochain retour. Il en est bien ainsi, car, ô Marie, selon la pensée de Ludolphe de Saxe, " le souvenir de votre nom console les affligés, remet dans la voie du salut ceux qui en sont sortis, et fortifie les pécheurs contre la tentation du désespoir. "
" De même donc que, par ses cinq plaies, Jésus-Christ a préparé le remède à tous les maux du monde ; ainsi, par la vertu de son très saint nom composé de cinq lettres, Marie ménage chaque jour aux pécheurs, observe Pelbart, la rémission de leur faute ". Voilà pourquoi il est dit dans les cantiques sacrés : Votre nom est comme une huile répandue ; paroles qu'Alain de l'Isle commente ainsi : " L'huile guérit les malades, répand une odeur agréable, et nourrit la flamme ; et le nom de Marie guérit les pécheurs, réjouit les âmes, et les embrase du divin amour." Aussi, Richard de Saint-Laurent exhorte tous les pécheurs à invoquer ce nom assez puissant à lui seul pour les délivrer de tous les maux ; car il n'est point de maladie si funeste, assure-t-il, qui ne cède aussitôt à sa vertu salutaire.
D'autre part, au témoignage de Thomas A-Kempis " les démons redoutent à tel point la Reine du ciel, que, si quelqu'un vient à prononcer son nom, ils fuient incontinent loin de lui, comme on fait pour échapper aux atteintes de la flamme ". Et, d'après une révélation de la bienheureuse Vierge elle-même à sainte Brigitte, il n'est pas en cette vie de pécheur, si froid, si étranger soit-il à l'amour divin, qui ne puisse forcer l'esprit malin à s'éloigner, à la seule condition d'invoquer le saint nom de Marie avec le bon propos de se convertir. Une autre fois, revenant sur le même sujet, Marie disait à la même sainte : " Tous les démons révèrent mon nom et le redoutent ; et, rien qu'à l'entendre, ils relâchent au plus vite l'âme qu'ils tenaient déjà entre leurs griffes ". Par contre, pendant que les anges rebelles s'éloignent des pécheurs qui invoquent le nom de Marie, les bons anges se rapprochent davantage des âmes justes qui le prononcent dévotement ; c'est ce qu'a dit encore Notre-Dame à sainte Brigitte.
Selon saint Germain, comme la respiration est un signe de vie, ainsi la répétition fréquente du nom de Marie est un signe, ou que déjà la grâce vit en nous, ou qu'elle y revivra bientôt ; car ce nom puissant a la vertu d'attirer en ceux qui l'invoquent, le secours de Dieu et la vie.
Enfin, Richard de Saint-Laurent dit que…
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Louis- Admin
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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O douce Vierge Marie.DOUCEUR DU NOM DE MARIE.- Combien le nom de Marie est doux pendant la vie et à la mort.
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Enfin, Richard de Saint-Laurent dit que ce nom admirable est comme une forte tour où le pécheur qui s'y réfugie est à l'abri de la mort, où les plus désespérés trouvent une défense sûre et le salut. Mais, continue le même, cette tour céleste ne préserve pas seulement les pécheurs du châtiment qui leur serait dû ; elle protège encore les justes contre les assauts de l'enfer ; et, après le nom de Jésus, aucun nom n'est secourable aux hommes, aucun n'est salutaire à l'égal du grand nom de Marie.
Notamment, c'est chose universellement reconnue, et dont les serviteurs de Marie font tous les jours l'expérience, que son nom puissant donne la force de vaincre les tentations contre la chasteté. Sur ces paroles de saint Luc : " Et le nom de cette Vierge est Marie ", le même Richard observe que l'évangéliste a joint ensemble le nom de Marie et celui de Vierge, pour nous donner à entendre que le nom de cette Vierge très pure ne va jamais sans la chasteté. De là, cette sentence de saint Jean Chrysostôme : " Ce nom béni est indice de chasteté ". C'est-à-dire : celui qui doute s'il n'a pas consenti à une tentation impure, mais qui se souvient en même temps d'avoir invoqué le nom de Marie, qu'il se rassure, il n'a pas blessé la sainte vertu ; cette invocation même en est un signe certain.
Puisqu'il en est ainsi, soyons fidèle à suivre le sage conseil de saint Bernard : " Dans les périls, dans les difficultés, dans les perplexités, pensez à Marie, dit-il, invoquez Marie ; que son nom ne quitte jamais vos lèvres, qu'il soit constamment dans votre coeur ". Oui, toutes les fois que nous sommes en danger de perdre la grâce de Dieu, pensons à Marie, invoquons le nom de Marie, conjointement avec celui de Jésus ; car ces deux noms ne doivent jamais se séparer. Que ces deux noms si doux et si puissants ne s'éloignent jamais de notre coeur ni de nos lèvres ; ils nous donneront la force de ne pas succomber et de vaincre toutes les tentations.
Admirables sont les faveurs promises par Jésus-Christ à ceux qui sont dévots au nom de Marie ; sainte Brigitte les apprit de la bouche du Sauveur lui-même s'entretenant avec sa sainte Mère : " Quiconque, lui disait-il, invoquera votre nom avec confiance et avec le propos de s'amender recevra trois grâces signalées, savoir : un parfait repentir de ses péchés, la grâce d'en faire pénitence avec la force de parvenir à la perfection, et finalement la gloire céleste. Car, ô ma Mère, ajouta le divin Sauveur, vos paroles me sont si douces et si agréables, que je ne puis vous refuser aucune de vos demandes ".
Saint Éphrem va jusqu'à dire que…
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Re: Les Gloires de Marie (complet)
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Saint Éphrem va jusqu'à dire que " le nom de Marie est la clef du ciel " pour ceux qui l'invoquent dévotement. Saint Bonaventure a donc raison de proclamer Marie le Salut de tous ceux qui l'invoquent : O salus te invocantium ! comme si c'était une même chose d'invoquer le nom de Marie et d'obtenir le salut éternel. Et, en effet, Richard de Saint-Laurent nous assure que, par l'invocation de ce nom si saint et si doux, nous acquérons une grâce surabondante en cette vie et un sublime degré de gloire en l'autre.
Concluons par cette exhortation de Thomas a Kempis : " Voulez-vous donc, mes frères, être consolés dans toutes vos peines, recourez à Marie, invoquez Marie, recommandez-vous à Marie ; réjouissez-vous avec Marie, pleurez avec Marie, priez avec Marie, marchez avec Marie, cherchez Jésus avec Marie, désirez enfin vivre et mourir avec Jésus et Marie. Par ce moyen, ajoute-t-il, vous avancerez toujours dans la voie du Seigneur ; car Marie priera volontiers pour vous, et le Fils exaucera certainement sa Mère ".
Le saint nom de Marie est donc pour ses serviteurs pendant leur vie la source de bien des douceurs et de grâces bien précieuses ; il nous reste à voir combien plus doux encore il leur devient au dernier moment, en rendant leur mort tranquille et sainte.
Le Père Sertorius Caputo de la Compagnie de Jésus, engageait tous ceux qui doivent assister un mourant, à lui répéter fréquemment le nom de Marie ; prononcé à l'heure, disait-il, ce nom de vie et d'espérance suffit à lui seul pour mettre en fuite tous les démons et fortifier les mourants dans toutes leurs angoisses. Avec non moins de zèle, saint Camille de Lellis recommandait à ses religieux d'exciter souvent les moribonds à invoquer les noms de Jésus et de Marie. Après avoir lui-même suggéré toujours cette sainte pratique aux autres, il apprit par sa propre expérience combien elle est douce et salutaire à l'heure de la mort. En ce moment suprême, raconte l'auteur de sa vie, il prononçait avec tant de tendresses les noms, si chers à son coeur, de Jésus et de Marie, que les flammes dont il était consumé, se communiquaient aux assistants. Enfin, les yeux amoureusement fixés sur les images de Jésus et de Marie, le front serein et les bras en croix, il expira dans une paix céleste, en invoquant encore ces doux noms, qui furent les dernières paroles de sa vie.
Jésus ! Marie ! . . . est-il prière plus courte que celle-là ? et pourtant, remarque Thomas A-Kempis, autant elle est facile à retenir, autant elle est douce à méditer, et elle est une puissante sauvegarde contre tous les ennemis de notre salut.
Heureux, s'écriait saint Bonaventure…
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