Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Ven 06 Sep 2013, 6:14 am


Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.


(suite)
« Vous me demandez ce que c'est que l'Église : l'Église, c'est Jésus-Christ répandu et communiqué, c'est Jésus-Christ tout entier, c'est Jésus-Christ homme parfait, Jésus-Christ dans sa plénitude.

« Comment l'Eglise est-elle son corps et en même temps son épouse ? Il faut adorer l'économie sacrée avec laquelle le Saint-Esprit nous montre l'unité simple de la vérité par la diversité des expressions et des figures.

« C'est l'ordre de la créature de ne pouvoir représenter que par la pluralité ramassée l'unité immense dont elle est sortie; ainsi, dans les ressemblances sacrées que le Saint-Esprit nous donne, il faut remarquer en chacune le trait particulier qu'elle porte, pour contempler dans le tout réuni le visage entier de la vérité révélée ; après il faut passer toutes les figures pour connaître qu'il y a dans la vérité quelque chose de plus intime que les figures, ni unies ni séparées, ne nous montrent pas, et c'est là qu'il se faut perdre dans la profondeur du secret de Dieu, où l'on ne voit plus rien, si ce n'est qu'on ne voit pas les choses comme elles sont. Telle est notre connaissance tandis que nous sommes conduits par la foi. Entendez par cette règle générale les vérités particulières que nous méditons devant Dieu. Seigneur, donnez-nous l'entrée puisque vous nous avez mis la clef à main.

« L'Église est l'épouse, l'Eglise est le corps ; tout cela dit quelque chose de particulier, et néanmoins ne dit au fond que la même chose. C'est l'Unité de l'Église avec Jésus-Christ, proposée par une manière et dans des vues différentes. La porte s'ouvre, entrons et voyons, et adorons avec foi, et publions avec joie la sainte vérité de Dieu.

« L'homme se choisit son épouse…

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Message  Louis Ven 06 Sep 2013, 2:15 pm


Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.


(suite)
« L'homme se choisit son épouse; mais il est formé avec ses membres ; Jésus, homme particulier, a choisi l'Église; Jésus-Christ, homme parfait, a été formé et achève de se former tous les jours en l'Église et avec l'Église. L'Église, comme épouse, est à Jésus-Christ par son choix ; l'Église, comme corps, est à Jésus-Christ par une opération très-intime du Saint-Esprit de Dieu. Le mystère de l'élection par l'engagement des promesses paraît dans le nom d'épouse, et le mystère de l'unité, consommée par infusion de l'Esprit, se voit dans le nom de corps. Le nom de corps nous fait voir combien l'Église est à Jésus-Christ ; le titre d'épouse nous fait voir qu'elle lui a été étrangère et que c'est volontairement qu'il l'a recherchée. Ainsi le nom d'épouse nous fait voir unité par amour et par volonté, et le nom de corps nous porte à entendre unité comme naturelle ; de sorte que dans l'unité du corps il paraît quelque chose de plus intime, et dans l'unité de l'épouse quelque chose de plus sensible et de plus tendre. Au fond ce n'est que la même chose ; Jésus-Christ a aimé l'Église et il l’a faite son épouse; Jésus-Christ a accompli son mariage avec l'Église et il l'a faite son corps. Voilà la vérité : Deux dans une chair , os de mes os et chair de ma chair 1. C'est ce qui a été dit d'Adam et d'Eve, et c’est , dit l'Apôtre, un grand sacrement en Jésus-Christ et en son Église 2. Ainsi l'unité du corps est le dernier sceau qui confirme le titre d'épouse. Louange à Dieu pour l'enchaînement de ces vérités toujours adorables !

« II était de la sagesse de Dieu que l'Église nous parût tantôt comme distinguée de Jésus-Christ, lui rendant ses devoirs et ses hommages, tantôt comme n'étant qu'une avec Jésus-Christ, vivant de son Esprit et de sa grâce.

« Le nom d'épouse distingue pour réunir ; le nom de corps unit sans confondre, et découvre, au contraire, la diversité des ministères : unité dans la pluralité, image de la Trinité, c'est l'Église.

« Outre cela je vois dans le nom d'épouse la marque de la dignité de l'Église. L'Église, comme corps, est subordonnée à son chef; l'Église, comme épouse, participe à sa majesté, exerce son autorité, honore sa fécondité. Ainsi le titre d'épouse était nécessaire pour faire regarder l'Église comme la compagne fidèle de Jésus-Christ, la dispensatrice de ses grâces, la directrice de sa famille, la mère toujours féconde et la nourrice toujours charitable de tous ses enfants.

« Mais comment est-elle mère de tous les fidèles si elle n'est que l'union de tous les fidèles ? Nous l'avons déjà dit : tout se fait par l'Église, c'est-à-dire tout se fait par l'unité. L'Église, dans son unité et par son esprit d'unité catholique, est la mère de tous les particuliers qui composent le corps de l'Église; elle les engendre à Jésus-Christ, non en la façon des autres mères, en les produisant de ses entrailles, mais en les tirant de dehors pour les recevoir dans ses entrailles, en se les incorporant à elle-même, et en elle au Saint-Esprit, qui l'anime, et par le Saint-Esprit au Fils, qui nous l'a donné par son souffle, et par le Fils au Père, qui l'a envoyé, afin que notre société soit en Dieu et avec Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit 3, qui vit et règne aux siècles des siècles en unité parfaite et indivisible. Amen. De là vous pouvez entendre comment les évêques et comment le Pape sont les époux féconds de l'Église, chacun selon sa mesure.

« L'Église, ainsi que nous l'avons dit, est féconde par son unité. Le mystère de l'unité de l'Église est dans les évêques comme chefs du peuple fidèle, et par conséquent l'ordre épiscopal enferme en soi avec plénitude l'esprit de fécondité de l'Église. L'épiscopat est un, comme toute l'Église est une ; les évêques n'ont ensemble qu'un même troupeau, dont chacun conduit une partie inséparable du tout, de sorte qu'en vérité ils sont au tout, et Dieu ne les a partagés que pour la facilité de l'application. Mais, pour consommer ce tout en unité, il a donné un pasteur qui est pour le tout, c'est-à-dire l'apôtre saint Pierre, et en lui tous ses successeurs.

« Ainsi Notre-Seigneur Jésus-Christ, voulant former le mystère de l'unité…

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1 Genèse, 2, 23.  — 2 Éphés. , 5,  32. — 3  Jean, 1, 3.

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Message  Louis Sam 07 Sep 2013, 6:45 am

Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.

(suite)
« Ainsi Notre-Seigneur Jésus-Christ, voulant former le mystère de l'unité, choisit les apôtres parmi tout le nombre de ses disciples, et, voulant consommer le mystère de l'unité, il a choisi l'apôtre saint Pierre pour le préposer seul non-seulement à tout le troupeau, mais encore à tous les pasteurs, afin que l'Église, qui est une dans son état invisible avec son Chef invisible, fût une, dans l'ordre visible de sa dispensation et de sa conduite, avec son chef visible, qui est saint Pierre, et celui qui, dans la suite des temps, doit remplir sa place.

Ainsi le mystère de l'unité universelle de l'Église est dans l'Église romaine et dans le siège de saint Pierre, et, comme il faut juger de la fécondité par l'unité, il se voit avec quelle prérogative d'honneur et de charité le saint Pontife est le père commun de tous les enfants de l'Église.

C'est donc pour consommer le mystère de cette unité que saint Pierre a fondé, par son sang et par sa prédication, l'Église romaine, comme toute l'antiquité l'a reconnu. Il établit premièrement l'Eglise de Jérusalem pour les Juifs, à qui le royaume de Dieu devait être premièrement annoncé, pour honorer la foi de leurs pères, auxquels Dieu avait fait les promesses ; le même saint Pierre l'ayant établie quitte Jérusalem pour aller à Rome, afin d'honorer la prédestination de Dieu, qui préférait les gentils aux Juifs dans la grâce de son Évangile, et il établit à Rome, qui était chef de la gentilité, le chef de l'Église chrétienne, qui devait être principalement ramassée de la gentilité dispersée, afin que cette même ville, sous l'empire de laquelle étaient réunis tant de peuples et tant de monarchies différentes, fût le siège de l'empire spirituel qui devait unir tous les peuples, depuis le levant jusqu'au couchant, sous l'obéissance de Jésus-Christ, dont à cette ville maîtresse du monde a été portée par saint Pierre la vérité évangélique, afin qu'elle fût servante de Jésus-Christ et mère de tous ses enfants par sa fidèle servitude ; car, avec la vérité de l'Évangile, saint Pierre a porté à cette Église la prérogative de son apostolat, c'est-à-dire la proclamation de la foi et l'autorité de la discipline.

« Pierre, confessant hautement la foi, entend de Jésus-Christ cet oracle : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église 1 . Saint Pierre, déclarant son amour à son Maître, reçoit de lui ce commandement : Pais mes brebis, pais mes agneaux 2  ; pais les mères, pais les petits ; pais les forts, pais les infirmes ; pais tout le troupeau. Pais, c'est-à-dire conduis. Toi donc, qui es Pierre, publie la foi et pose le fondement; toi, qui m'aimes, pais le troupeau et gouverne la discipline 3 . »

Ainsi parle Bossuet de l'unité de l'Église.

Les Pères de l’Église ont signalé quelque chose de plus intime encore dans cette unité de sa hiérarchie…

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1 Matth., 16, 18. — 2  Jean, 21, 15. —  3 Bossuet, ut supra.
 
Note de Louis : J’ai volontairement espacé le 1er paragraphe pour aérer le texte. Bien à vous.
 
A suivre : Les Pères de l’Église ont signalé quelque chose de plus intime encore dans l’unité de sa hiérarchie.

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Message  Louis Sam 07 Sep 2013, 11:20 am

Les Pères de l’Église ont signalé quelque chose
de plus intime encore dans l’unité de sa hiérarchie.

Les Pères de l’Église ont signalé quelque chose de plus intime encore dans cette unité de sa hiérarchie. « Souvenez-vous, dit Tertullien, que le Seigneur a donné les clefs à Pierre et par lui à l'Église 4 . »  « Pour le bien de l'unité, dit saint Optât de Milève, le bienheureux Pierre a mérité d'être préféré à tous les apôtres et a reçu seul les clefs du royaume des cieux, pour les communiquer aux autres 5 . » « Notre-Seigneur, ajoute saint Cyprien, en établissant l'honneur de l'épiscopat, dit à saint Pierre dans l'Evangile : Tu es Pierre, etc., et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, etc. C'est de là que, par la suite des temps et des successions, découle l'ordination des évêques et la forme de l'Église, afin qu'elle soit établie sur les évêques 6. » « Le (S)eigneur nous a confié ses brebis, dit saint Augustin, parce  qu'il les a confiées à Pierre. 1 « Saint Grégoire de Nysse confesse la même doctrine en Orient. « Jésus-Christ, dit-il, a donné par Pierre aux évêques les clefs du royaume céleste 2.» Et il ne fait en cela que professer la foi du Saint-Siège, qui, par la bouche de saint Léon, prononce que « tout ce que Jésus-Christ a donné aux autres évêques, il le leur a donné par Pierre 3 . » Et encore : « Le Seigneur a voulu que le ministère (de la prédication) appartînt à tous les apôtres ; mais il l'a néanmoins principalement confié à saint Pierre, le prince de tous, afin que de lui, comme du chef, ses dons se répandissent dans tout le corps 4. »

C'est avec cette Église, si essentiellement une, que Jésus-Christ assure qu'il est lui-même tous les jours jusqu'à…

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4 Scorpiac. , n. 10. — 5 L. 7, n. 3. —  6  S. Cypr., epist. 33, alias 27. — 1 Sermo 296, n. 11, t.. 5, col. 1202. — 2 T. 3, p. 314, édit. Paris. — 3 Sermo. 4, in ann. Assumpt., c. 2, t. 2, col. 16, édit. Ballerini.— 4  Epist. 10, ad. Episc. prov. Vien. c. 1, ibid. , col. 633.

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Message  Louis Dim 08 Sep 2013, 6:27 am

Les Pères de l’Église ont signalé quelque chose
de plus intime encore dans l’unité de sa hiérarchie.


(suite)
C'est avec cette Église, si essentiellement une, que Jésus-Christ assure qu'il est lui-même tous les jours jusqu'à la consommation des siècles 5. C'est aux premiers pasteurs de cette Église, unis à Pierre, que Jésus-Christ a dit la veille de sa mort : « Et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, afin qu'il demeure avec vous éternellement, l'Esprit de la vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le connaît ; mais vous le connaîtrez, parce qu'il demeurera chez vous et sera en vous 6. Le Paraclet, l'Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, c'est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit 7. J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne pouvez les porter maintenant. Or, quand il sera venu, cet Esprit de la vérité, il vous introduira dans toute la vérité 8; car il ne parlera point de lui-même ; mais tout ce qu'il entendra il le dira, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il recevra du mien, et vous l'annoncera. Tout ce qu'a le Père est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit qu'il recevra du mien et vous l'annoncera 9. »

Ainsi, avec l'Église du Dieu vivant, avec cette Église bâtie sur ce même Pierre à qui le Père céleste révèle la nature de son Fils, avec cette Église contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront point, avec cette Église le Fils de Dieu est tous les jours jusqu’à la consommation des siècles ; avec cette Eglise et en cette Église demeure éternellement l'Esprit-Saint, l'Esprit de vérité ou plutôt de la vérité, pour lui enseigner toute vérité, l'introduire dans la vérité tout entière.

Remarquez encore ces paroles : « L'Esprit-Saint, l'Esprit de la vérité, ne parlera point de lui-même ; il dira ce qu'il aura entendu ; il recevra, il prendra de ce qui est au Fils, et il vous l'annoncera. » Le Fils dit de son côté : « Ma doctrine n'est pas de moi, mais de Celui qui m'a envoyé 1. Je n'ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m'a envoyé, m'a donné un commandement sur ce que je dois dire, sur ce dont je dois parler. Or je sais que son commandement est la vie éternelle. Ce que je dis donc, je le dis comme le Père me l'a dit 2. Les paroles que je vous adresse, je ne les dis pas de moi-même; mais le Père, qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres 3. »

Ainsi le Fils de Dieu, la Sagesse éternelle, ne parle point de lui-même; il ne dit à son Église que ce que le Père lui a commandé de dire ; sa doctrine n'est pas de lui, mais du Père, qui l'a envoyé. Pareillement le Saint-Esprit, l'Esprit de vérité, ne dit rien à l'Église de lui-même, mais il prend de ce qui est au Fils pour nous l'annoncer ; et tout ce qui est au Fils est au Père.

Le Fils, de son côté, lui qui ne parle pas de lui-même, dit à l'Église, aux premiers pasteurs unis à Pierre : « Il m'a été donné toute puissance au ciel et sur la terre; allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé; et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles 4. Et l'Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom vous rappellera tout ce que je vous ai dit 5. »

Et depuis dix-neuf siècles l'Église avec qui le Saint-Esprit demeure éternellement, l'Église ne cesse d'enseigner à toutes les nations tout ce que le Fils de Dieu lui a commandé, tout ce que le Saint-Esprit lui rappelle.

Voilà l'Église, dans le sein de laquelle le catholique naît, vit et meurt avec une confiance filiale en Elle et en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

Et maintenant qu'est-ce qu'un hérétique ?...

________________________________________________________________

5 Matth., 28, 20. — 6  Jean, 14, 16 et 17. —  7 Ibid., 14, 16 et 17, 26, — 8 Suivant le texte grec. —  9 Jean, 16, 12-15. — 1 ibid., 7, 16. — 2 ibid. ,12,  49 et 50.— 3 ibid. , 14,10. — 4 —  Matth., 28, 18-20. — 5 Jean, 14, 26.
 
A suivre : Qu’est-ce qu’un hérétique ?

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Message  Louis Dim 08 Sep 2013, 11:59 am

Qu’est-ce qu’un hérétique ?  

Et maintenant qu'est-ce qu'un hérétique ? C'est un homme qui préfère son sentiment particulier au sentiment général de l'Église, un homme qui s'opiniâtre à vouloir expliquer l'Écriture sainte dans un tout autre sens que ne l'explique l'Église, cette Église avec qui le Saint-Esprit demeure éternellement, avec qui le Fils de Dieu est tous les jours jusqu'à la consommation des siècles; Fils et Saint-Esprit qui ne parlent pas d'eux-mêmes, mais lui disent ce que le Père leur a commandé de dire. Voilà ce que c'est qu'un hérétique.

Tels étaient Jean Wiclef en Angleterre, Jean Hus et Jérôme de Prague en Bohême, qui furent condamnés tous les trois au concile de Constance.

L'Église, toujours assistée du Fils de Dieu et du Saint-Esprit, a toujours cru et enseigné, croit et enseigne toujours que le Pape, le Pontife romain, est le successeur de saint Pierre et le vicaire de Jésus-Christ. Wiclef, au contraire, traite le Pape d'antechrist.

L'Église, toujours assistée du Fils de Dieu et de l'Esprit-Saint, a toujours cru et enseigné, avec les patriarches, les prophètes, les apôtres, les saints docteurs, que Dieu est tout-puissant, qu'il est souverainement libre, qu'il a créé et racheté le monde, parce qu'il l'a voulu librement ; que l'homme, fait à son image, a été créé avec le libre arbitre, qu'il n'est forcé ni au bien ni au mal, mais qu'il fait librement l'un et l'autre.

Or voici quelle était, à cet égard, la théologie de Wiclef, tirée de son principal ouvrage, le Trialogue :…
A suivre : Quelle était l'hérésie de Wiclef.

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Message  Louis Lun 09 Sep 2013, 6:31 am


Quelle était l’hérésie de Wiclef.  

Or voici quelle était, à cet égard, la théologie de Wiclef, tirée de son principal ouvrage, le Trialogue :

«Que tout arrive par nécessité; qu'il a longtemps regimbé contre cette doctrine, à cause qu'elle était contraire à la liberté de Dieu, mais qu'à la fin il avait fallu céder et reconnaître en même temps que tous les péchés qu'on fait dans le monde sont nécessaires et inévitables 1 ;

que Dieu ne pouvait pas empêcher le péché du premier homme ni le pardonner sans la satisfaction de Jésus-Christ, mais aussi qu'il était impossible que le Fils de Dieu ne s'incarnât pas, ne satisfit pas, ne mourût pas ;

que Dieu, à la vérité, pouvait faire autrement, s'il eût voulu, mais qu'il ne pouvait pas vouloir autrement, qu'il ne pouvait pas ne point pardonner à l'homme ;

que le péché de l'homme venait de séduction et d'ignorance, et qu'ainsi il avait fallu, par nécessité, que la sagesse divine s'incarnât pour le réparer 2;

que Jésus-Christ ne pouvait pas sauver les démons; que leur péché était un péché contre le Saint-Esprit; qu'il eût donc fallu que le Saint-Esprit se fût incarné, ce qui était absolument impossible ;

qu'il n'y avait donc aucun moyen possible pour sauver les démons en général; que rien n'était possible à Dieu que ce qui arrivait actuellement; que cette puissance qu'on admettait pour les choses qui n'arrivaient pas est une illusion ;

que Dieu ne peut rien produire au dedans de lui qu'il ne le produise nécessairement, ni au dehors qu'il ne le produise aussi nécessairement en son temps;

que, lorsque Jésus-Christ a dit qu'il pouvait demander à son Père plus de douze légions d'anges, il faut entendre qu'il le pouvait s'il l'eût voulu, mais reconnaître en même temps qu'il ne pouvait le vouloir 3 ;

que la puissance de Dieu était bornée dans le fond, et qu'elle n'est infinie qu'à cause qu'il n'y a pas une plus grande puissance 4;

en un mot, que le monde et tout ce qui existe est d'une absolue nécessité, et que, s'il y avait quelque chose de possible à qui Dieu refusât l'être, il serait impuissant ou envieux;

que, comme il ne pouvait refuser l'être à tout ce qui le pouvait avoir, aussi ne pouvait-il rien anéantir 5  ;

qu'il ne faut point demander pourquoi Dieu n'empêche pas le péché : c'est qu'il ne le peut pas ; ni en général pourquoi il fait ou ne fait pas quelque chose, parce qu'il fait nécessairement tout ce qu'il peut faire 6 ;

qu'il ne laisse pas d'être libre, mais…

________________________________________________________________

1 L. 3, c. 7, 8, 23, p. 56, 82, édit. 1525. — 2 L, 3, c. 24,25, p. 85, etc. — 3 L. 3, c. 27; L 1, c. 10, p.  15; c. 11, p. 18. —  4 L. 1, c. 2. —  5  L. 3, c. 4 et 10, p. 16. — 6 L. 3, c. 9.

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Message  Louis Lun 09 Sep 2013, 12:19 pm


Quelle était l’hérésie de Wiclef.

(suite)
…qu'il ne laisse pas d'être libre, mais comme il est libre à produire son Fils, qu'il produit néanmoins nécessairement 1;

que la liberté qu'on appelle de contradiction, par laquelle on peut faire et ne pas faire, est un terme erroné, introduit par les docteurs, et que la pensée que nous avons que nous sommes libres est une perpétuelle illusion, semblable à celle d'un enfant qui croit qu'il marche tout seul pendant qu'on le mène ;

qu'on délibère néanmoins, qu'on avise à ses affaires, qu'on se damne, mais que tout cela est inévitable, aussi bien que tout ce qui se fait et ce qui s'omet dans le monde ou par la créature ou par Dieu même 2;

que Dieu a tout déterminé; qu'il nécessite tant les prédestinés que les réprouvés à tout ce qu'ils font, et chaque créature particulière à chacune de ses actions ;

que c'est de là qu'il arrive qu'il y a des prédestinés et des réprouvés;

qu'ainsi il n'est pas au pouvoir de Dieu de sauver un  seul des réprouvés 3 ;

qu'il se moque de ce qu'on dit des sens composés et divisés, puisque Dieu ne peut sauver que ceux qui sont sauvés actuellement 4 ;

qu'il y a une conséquence nécessaire qu'on pèche si certaines choses sont ;

que Dieu veut que ces choses soient et que cette conséquence soit bonne, parce qu'autrement elle ne serait pas nécessaire ;

ainsi qu'il veut qu'on pèche, qu'il veut le péché à cause du bien qu'il en tire, et que, encore qu'il ne plaise pas à Dieu que Pierre pèche, le péché de Pierre lui plaît;

que Dieu approuve qu'on pèche, qu'il nécessite au péché ; que l'homme ne peut pas mieux faire qu'il ne fait; que les pécheurs et les damnés ne laissent pas d'être obligés à Dieu, et qu'il fait miséricorde aux damnés en leur donnant l'être, qui leur est plus utile et plus désirable que le non-être ;

qu'à la vérité il n'ose pas assurer tout à fait cette opinion, ni pousser les hommes à pécher, en enseignant qu'il est agréable à Dieu qu'ils pèchent ainsi, et que Dieu leur donne cela comme une récompense ;

qu'il voit bien que les méchants pourraient prendre occasion de cette doctrine de commettre de grands crimes, et que s'ils le peuvent ils le font, mais que, si on n'a point de meilleures raisons à lui dire que celles dont on se sert, il demeurera confirmé dans son sentiment sans en dire un mot 1. »

On voit par là que Wiclef ressent une horreur secrète des blasphèmes qu'il profère ; mais il y est entraîné par l'esprit d'orgueil et de singularité auquel il s'est livré lui- même, et il ne peut retenir sa plume emportée. Voilà un extrait fidèle de ses blasphèmes ; ils se réduisent à deux chefs : à faire un Dieu dominé par la nécessité, et, ce qui en est une suite, un Dieu auteur et approbateur de tons les crimes, c'est-à-dire un Dieu que les athées auraient raison de nier ; de sorte que la religion de ce prétendu réformateur est pire que l'athéisme 2.

Au milieu de tous ces blasphèmes il affectait d'imiter la fausse piété des Vaudois…

______________________________________________________

1 L. 1, c. 10. — 2 L. 1, c.  10 et 11. —  3 L. 3, c. 9; l. 2, c. 14 ; l. 3, c. 4. —  4 L. 3, c. 8. —  1 L. 3, c. 4 et 8. — 2 Bossuet, Hist. des variat., l.11.

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Message  Louis Mar 10 Sep 2013, 6:43 am


Quelle était l’hérésie de Wiclef.


(suite)
Au milieu de tous ces blasphèmes il affectait d'imiter la fausse piété des Vaudois en attribuant l'effet des sacrements au mérite des personnes qui les confèrent; en disant  « que les clefs n'opèrent que dans ceux qui sont saints, et que ceux qui n'imitent pas Jésus-Christ n'en peuvent avoir la puissance; que cette puissance pour cela n'est pas perdue dans l'Église ;  qu'elle subsiste dans des personnes humbles et inconnues; que les laïques peuvent consacrer et administrer les sacrements 3; que c'est un grand crime aux ecclésiastiques de posséder des biens temporels, un grand crime aux princes de leur en avoir donné et de ne pas employer leur autorité à les en priver 4. »

Ces dernières maximes pouvaient plaire à plus d'un roi, à plus d'un seigneur ; mais il n'en était pas de même de cette autre, qui suit de celle-là et que les wicléfites ou lollards mettaient en pratique l'épée à la main. « Qu'un roi cessait d'être roi pour un péché mortel 5. »

Pour ce qui est de l'Eucharistie, le grand effort de Wiclef est contre la transsubstantiation, qu'il dit être la plus détestable hérésie qu'on ait jamais introduite 6 . C'est donc son grand article de trouver du pain dans ce sacrement. Mais il se rétracta, au moins extérieurement, dans le concile de Londres, et y reconnut, en termes exprès, que la substance du pain et du vin ne demeurait pas après la consécration 1 . Après cette rétractation, sincère ou hypocrite, Wiclef rompit commerce avec les hommes, se retira dans sa cure de Luterworth et mourut dans sa charge, ce qui démontre, aussi bien que sa sépulture en terre sainte, qu'il était mort à l'extérieur dans la communion de l'Église.

Le Trialogue , son principal ouvrage, est ainsi nommé parce qu'il y a trois interlocuteurs, la vérité, le mensonge et la sagesse ; la vérité et le mensonge discutent, la sagesse décide ; la vérité c'est la bonne théologie, le mensonge la mauvaise, la sagesse Wiclef. Le style est d'une scolastique des plus barbares. Au lieu de l'Écriture sainte, expliquée par la tradition constante des saints Pères, ce ne sont que des arguments, des subtilités dialectiques, enveloppés et embarrassés de barbarismes. Ce qui a donné à Wiclef un rang de patriarche parmi les disciples de Luther et de Calvin, ses enfants naturels, c'est d'avoir dit que le Pape était l'antechrist, et que depuis l'an 1000 de Notre-Seigneur, où Satan devait être déchaîné, selon la prophétie de saint Jean, l'Église romaine était devenue la prostituée et la Babylone 2.

C'est-à-dire que l'Anglais Wiclef accuse le Fils de Dieu d'avoir, depuis l'an 1000, manqué à sa parole d'être avec son Église tous les jours jusqu'à la consommation des siècles; c'est-à-dire que l'Anglais Wiclef accuse le Saint-Esprit d'avoir, depuis l'an 1000, manqué à la promesse faite par le Fils de demeurer avec son Église éternellement, pour lui rappeler tout ce que le Fils aura dit. En vérité, quand un homme ou des hommes accusent le Saint-Esprit et le Fils de Dieu de manquer de parole, et Dieu le Père d'être l'auteur et l'approbateur de tous les crimes, en vérité, il est glorieux au Pontife romain d'être traité d'antechrist par cet homme ou ces hommes.

Ignorant autant que blasphémateur, Wiclef…

______________________________________________________________________

3 L. 4, c. 10, 14,23,25, 32. — 4 L. 4, c. 17,18, 19, 24. — 5 Apud Labbe, t. 12, col. 46, prop. 15. —   6 L. 3, c.  30; l. 2, c.  14 ; l. 3, c.5; l. 4, c. 6, 7, 40, 41 ; l. 4.c. l, 6. — 1 L. 4, c. 36, 37, 33. — 2  Wicl, 1. 4, c. 1, etc.
 
A suivre : Son ignorance et ses blasphèmes réfutés d’avance par le formulaire du Pape saint Hormisdas.

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Message  Louis Mar 10 Sep 2013, 11:33 am


Son ignorance et ses blasphèmes réfutés d’avance
par le formulaire du Pape saint Hormisdas.

Ignorant autant que blasphémateur, Wiclef suppose que Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit n'a cessé d'être avec l'Église romaine que depuis l'an 1000. Eh bien! que Wiclef et tous ceux qui se glorifient de l'avoir pour ancêtre ou pour complice souscrivent donc à cette profession de foi, qui est, non depuis l'an 1000, mais de la fin du cinquième et des commencements du sixième siècle.

« La première condition du salut, c'est de garder la règle de la vraie foi et de ne s'écarter en rien de la tradition des Pères ; et parce qu'il est impossible que la sentence de Notre-Seigneur ne s'accomplisse point, quand il a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, l'événement a justifié ces paroles; car la religion catholique est toujours demeurée inviolable dans le Siège apostolique. Ne voulant donc pas déchoir de cette foi, suivant, au contraire, en toutes choses les règlements des Pères, nous anathématisons toutes les hérésies, principalement... (suivent les principales hérésies condamnées par l'Église romaine). C'est pourquoi, comme il a déjà été dit, suivant en toutes choses le Siège apostolique, et publiant tout ce qui a été décrété par lui, j'espère mériter d'être avec vous dans une même communion, qui est celle de la Chaire apostolique, dans laquelle réside la vraie et entière solidité de la religion chrétienne, promettant aussi de ne point réciter dans les saints mystères les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l'Église catholique, c'est-à-dire qui ne sont point d'accord en toutes choses avec le Siège apostolique. Que si je me permets de m'écarter moi-même en quelque chose de la profession que je viens de faire, je me déclare, par ma propre sentence, au nombre de ceux que je viens de condamner. J'ai souscrit de ma main à cette profession, et je l'ai envoyée par écrit à vous, Hormisdas, saint et bienheureux Pape de la grande Rome 1. »

Voici les réflexions de Bossuet sur cette profession de foi, à laquelle, sous le règne de Justin, adhérèrent environ deux mille cinq cents évêques d'Orient, d'après l'estimation du diacre Rustique, qui écrivait sous, le règne de Justinien 2 :

« Toutes les Églises, en signant cette formule…

__________________________________________________

1 Labbe, t, 4, col. 1486. — 2  Biblioth. PP., t. 10.

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 6:48 am


Son ignorance et ses blasphèmes réfutés d’avance
par le formulaire du Pape saint Hormisdas.


(suite)
« Toutes les Églises, en signant cette formule, professaient que la foi romaine, la foi du Siège apostolique et de l'Eglise romaine, était assurée d'une entière et parfaite solidité, et que, pour qu'elle ne manquât jamais, elle a été affermie par une promesse certaine du Seigneur. Car c'est cette profession de foi que les évêques étaient obligés d'envoyer aux métropolitains, ceux-ci aux patriarches, et les patriarches au Pape, afin que lui seul, recevant la profession de tous, leur donnât à tous, en retour, la communion et l'unité. Nous savons que dans les siècles suivants on se servait de la même profession de foi, avec le même exorde et la même conclusion, en y ajoutant les hérésies et les hérétiques qui, aux diverses époques, troublèrent l'Église. De même que tous les évêques l'avaient adressée au saint Pape Hormisdas, à saint Agapet et à Nicolas Ier, de même nous lisons qu'au huitième concile on l'adressa, dans les mêmes termes, à Adrien II, successeur de Nicolas. Or, ce qui a été répandu partout, propagé dans tous les siècles et consacré par un concile œcuménique, quel chrétien le rejettera 1 ? »

Les erreurs de Wiclef ayant reparu dans la Bohême, le concile de Constance les condamna dans sa huitième session, le 4 mai 1415….

____________________________________________________

1 Defensio, 1. 10, c. 7.
 
A suivre : Les erreurs de Wiclef pénètrent en Bohême.

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 3:14 pm

Les erreurs de Wiclef pénètrent en Bohême.

Les erreurs de Wiclef ayant reparu dans la Bohême, le concile de Constance les condamna dans sa huitième session, le 4 mai 1415. On y proscrivit généralement, et, comme on dit, in globo, trois cent cinq articles tirés des écrits de cet hérésiarque, c'est-à-dire quarante-cinq tous exprimés dans le décret, et deux cent soixante qui ne sont qu'indiqués. Le concile défendit à toutes personnes, sous peine d'anathème, de prêcher, d'approuver, ou même de citer cette doctrine, si ce n'est à dessein de la combattre. Il y ajouta un jugement de rigueur contre Wiclef lui-même, quoiqu'il fût mort depuis longtemps. Il ordonna d'exhumer son cadavre et de le jeter à la voirie. Le décret contre ses erreurs fut confirmé dans la quinzième session.

Voici comment les erreurs de Wiclef pénétrèrent en Bohême. Un gentilhomme bohémien, nommé Poisson-Pourri, revenant de l'université d'Oxford, en apporta certains ouvrages de Wiclef; il les fit connaître, entre autres, à Jean Hus. C'était un homme de basse naissance, mais distingué par son esprit et sa facilité à parler. Né au bourg de Hussinetz en l'an 1373, il devint bachelier et maître ès arts à l'université de Prague en 1393, prêtre et prédicateur en la chapelle de Bethléhem en 1400, doyen de la faculté de théologie en 1401, et recteur de l'académie en 1409. De plus, dès l'année 1400 il fut donné pour confesseur à la reine Sophie, seconde femme de Wenceslas, lequel fut déposé cette année-là même de la dignité impériale. Le confesseur de sa première femme avait été saint Jean Népomucène, qui mourut martyr du secret de la confession.

Jean Hus s'infatua des erreurs de Wiclef, ainsi que plusieurs autres…
 
A suivre : Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef. Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 6:22 am

Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.

Jean Hus s'infatua des erreurs de Wiclef, ainsi que plusieurs autres. L'an 1408 l'université de Prague, ayant eu vent de ce qui se passait, s'assembla solennellement, et Jean Hus s'y trouva parmi les principaux docteurs. On y prit d'un commun consentement une conclusion qui portait : « Sachent tous que tous les docteurs ici assemblés ont unanimement rejeté et prohibé les quarante-cinq articles de Wiclef dans leurs sens hérétiques, erronés ou scandaleux, défendant à tous leurs suppôts, de quelque nation qu'ils soient, qu'aucun ne soit assez hardi pour les soutenir ou les enseigner, en public ou en secret, et cela sous peine d'être exclus de la nation.» C'était la plus grande peine qu'ils pussent alors imposer. Ils défendirent encore que personne au-dessous des docteurs ne lût les livres de Wiclef, principalement ceux de l'Eucharistie, le Dialogue et le Trialogue.

Jean Hus n'osa pas contredire publiquement à la sentence de l'université de Prague; mais il ne laissait pas, dans les entretiens secrets, d'infecter plusieurs personnes des erreurs de Wiclef. Comme il voyait que les Allemands s'opposaient à son dessein, la haine qu'il leur portait déjà s'en augmenta de beaucoup. La nouvelle université de Prague, fondée par l'empereur Charles IV, était gouvernée par des docteurs allemands, au grand mécontentement des Bohémiens, naturellement féroces et peu traitables. Jean Hus excita donc ses compatriotes à demander au roi Wenceslas qu'ils eussent le gouvernement de leurs écoles, à l'exclusion des Allemands. Wenceslas, irrité contre les Allemands, qui l'avaient déposé de l'empire, accorda facilement aux Bohémiens ce qu'ils demandaient. Irrités à leur tour de ce qu'on leur enlevait ainsi leurs privilèges, les Allemands se retirèrent de Prague au nombre de plus de deux mille, tant docteurs qu'étudiants, et passèrent à Leipsick, où ils fondèrent une nouvelle université par autorité du Pape Alexandre V.

La chapelle ou l'église de Bethléhem avait été fondée par un riche bourgeois de Prague, avec un revenu suffisant pour entretenir deux prédicateurs, qui tous les jours instruisaient le peuple en bohémien. Comme Jean Hus, l'un des deux, était éloquent et avait la réputation d'être réglé dans ses mœurs, on l'écoutait volontiers. S'en étant aperçu, il avança plusieurs propositions tirées de Wiclef, disant que c'était la pure vérité, que l'auteur était un saint homme. « Et je voudrais, ajoutait-il, qu'après ma mort mon âme fût avec la sienne. »

Outre les sermons par lesquels il s'attirait le peuple, Jean Hus…

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 12:20 pm

Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)
Outre les sermons par lesquels il s'attirait le peuple, Jean Hus gagnait les grands par les livres de Wiclef, qu'il traduisait en langue vulgaire. Il attirait aussi des ecclésiastiques ; les uns, chargés de dettes ou de crimes pour lesquels ils craignaient d'être poursuivis en justice, espéraient l'éviter en donnant dans les nouveautés ; d'autres, recommandables par leur doctrine et leur vie réglée, étaient indignés que l'on donnât les bons bénéfices à des nobles qui leur étaient bien inférieurs en science. Le dépit et la jalousie leur firent quitter leur premier sentiment, suivant lequel ils avaient condamné Wiclef, et ils abandonnèrent l'Eglise catholique pour se joindre à Jean Hus, déclamant non-seulement contre les prêtres ignorants et vicieux, mais contre tout le clergé en général, sans épargner le Pape même 1.

Un des principaux adeptes de Jean Hus était Jérôme de Prague, gentilhomme de la famille des Poissons-Pourris. Il avait étudié à Cologne, à Heidelberg, à Prague, on dit même à Oxford. L'an 1399 il devint maître es arts et peu après bachelier en théologie ; il passait pour remporter en science sur Jean Hus ; il n'entra jamais dans l'état ecclésiastique, mais servit comme chevalier à la cour du roi Wenceslas. La réputation de Jérôme devint telle que le roi de Pologne le fit venir en 1410 pour organiser l'université de Cracovie. Puis le roi de Hongrie, Sigismond, frère puîné de Wenceslas, désira l'entendre. Il prêcha devant lui à Bude; mais, comme son discours renfermait de grandes louanges de Wiclef, il fut déclaré hérétique par le clergé, obligé de s'enfuir, et arrêté par l'université de Vienne, jusqu'à ce que celle de Prague obtînt son élargissement. Jérôme des Poissons-Pourris était naturellement porté la violence.

Fort de pareils adeptes, et surtout de l'émigration des docteurs allemands, Jean Hus gardait moins de mesure. Non-seulement il répandait les écrits de Wiclef parmi les grands de Bohême, mais il envoya une traduction du Trialogue à Josse, margrave de Moravie, oncle du roi Wenceslas. Vainement plusieurs docteurs de Prague l'avertirent de se désister d'une semblable entreprise. L'un d'eux informa l'archevêque de Prague, Svincon, d'une famille très-noble, qui demeurait dans son château de Raudnicz. L'archevêque, homme résolu, assembla des docteurs en qualité de légat du Saint-Siège et se fit apporter les livres de Wiclef. Après les avoir fait examiner par les docteurs, et de leur avis, il les fit tous brûler, jusqu'au nombre de plus de deux cents. Ils étaient très-bien écrits, reliés en bois à la manière du temps, couverts d'étoffes précieuses et garnis d'or. Mais tous ceux qui avaient de ces livres ne les apportèrent pas, suivant l'ordre de l'archevêque.

Pour se venger de ce que l'archevêque avait fait brûler ces livres de Wiclef, Jean Hus…

_________________________________________________________

1 Cochlæus, Hist. Hussit. ,  l.1.

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 6:29 am

Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)
Pour se venger de ce que l'archevêque avait fait brûler ces livres de Wiclef, Jean Hus fît composer contre lui et chanter publiquement, par les laïques de son parti, des chansons en langue vulgaire, qui le tournaient en ridicule, et qui firent tant de bruit que le roi Wenceslas défendit par ordonnance publique de les chanter, sous peine de la confiscation de tous les biens. Mais Jean Hus trouva un autre moyen pour faire que le peuple se moquât du clergé et le rendît méprisable ; il établit des conférences publiques où des tailleurs, des cordonniers et d'autres artisans, excités par ses sermons et par la lecture de l'Écriture sainte en langue vulgaire, disputaient avec les prêtres. Les femmes mêmes se mêlaient de parler en ces controverses et de composer des livres.

Le Pape avait écrit à l'archevêque, le 20 décembre 1409, de défendre, par l'autorité apostolique, à qui que ce fût, quelque privilège qu'il pût avoir, de prêcher ailleurs que dans les églises ou dans les cimetières, et de ne permettre à personne d'enseigner en public ou en secret les articles de Wiclef. Le Pape avait mandé encore à l'archevêque de prendre quatre docteurs en théologie et deux docteurs en décret, et de procéder en cette affaire par leur conseil; enfin, que celui qui refuserait d'obéir et d'abjurer ces erreurs fût tenu pour hérétique et mis en prison 1. L'archevêque manda Jean Hus et lui reprocha son attachement aux erreurs de Wiclef; Jean Hus promit de corriger tout ce qui lui serait échappé contre la doctrine chrétienne; mais, quant à la défense de prêcher dans la chapelle de Bethléhem, il en appela au Pape mieux informé et continua ses prédications.

Ses sectateurs s'enhardirent; ceux dont l'archevêque avait fait brûler les exemplaires de Wiclef, si richement ornés, lui réclamèrent des dommages et intérêts. Sur son refus ils actionnèrent les ecclésiastiques qui lui avaient servi de conseil ; ils refusèrent de même, mais eurent à souffrir beaucoup de violences par la coupable connivence de l'indigne roi Wenceslas. Jérôme de Prague se distingua par-dessus les autres sectaires; il arrêta trois religieux carmes qui avaient prêché contre Wiclef, et en jeta un dans la Moldau, où il se serait infailliblement noyé si un chevalier n'était allé à son secours 2.

Jean Hus fut dénoncé par le clergé de Prague au Pape Jean XXIII comme prêchant des hérésies. Le cardinal Colonne fut chargé de poursuivre l'affaire et en conséquence le cita à Rome. Il n'y comparut point, mais envoya des députés pour le défendre ; après y avoir demeuré un an et demi ils furent mis en prison, Jean Hus déclaré hérétique, excommunié avec ses adhérents, avec défense de prêcher et avec interdiction des lieux où il se trouverait. L'an 1411 Jean Hus appela de cette sentence à un concile général. Cependant, par l'entremise du roi Wenceslas et d'autres seigneurs, l'affaire paraissait devoir s'arranger de concert avec l'archevêque Svincon, lorsque ce prélat mourut avant qu'il y eût rien d'exécuté.

Dans l'intervalle Jean Hus publia plusieurs…

_____________________________________________________

1 Raynald, ann. 1409, n. 89. — 2 Hist. ecclés. du protestant Schroeckh, t. 34, p. 688.

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 3:12 pm


Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)

Dans l'intervalle Jean Hus publia plusieurs écrits en faveur de Wiclef et de ses erreurs ; il enseignait et soutenait, entre autres, ces deux propositions : « Ceux qui, à cause d'une excommunication humaine, cessent de prêcher ou d'entendre la parole de Dieu, sont excommuniés et seront regardés comme des traîtres au Christ dans le jugement dernier. Un diacre ou prêtre a droit de prêcher, même sans la permission du Saint-Siège ou d'un évêque catholique 1

L'an 1412, le Pape Jean XXIII ayant fait publier une croisade pour soumettre le roi Ladislas de Naples, Jean Hus et Jérôme de Prague se mirent à prêcher contre la croisade du Pape et contre ceux qui la prêchaient. Jérôme fit même arrêter un prédicateur de la croisade, lui joignit deux prostituées, les conduisit tous trois sur une voiture à travers la ville, les deux prostituées ayant la bulle pontificale sur la poitrine découverte, et un crieur annonçant à haute voix qu'on allait brûler les bulles d'un séducteur des peuples. La bulle fut en effet brûlée au pilori de la ville neuve. Le dimanche les prédicateurs furent interrompus et insultés dans plusieurs églises par des étudiants et des gens de la lie du peuple ; on les appelait des menteurs et des imposteurs, et le Pape un antechrist. Tous les perturbateurs furent arrêtés et condamnés à mort, comme séditieux, par le sénat de la ville. Jean Hus accourut au palais avec une multitude d'étudiants et supplia qu'on leur accordât la vie, attendu que, s'ils étaient punis à raison de l'indulgence papale, lui-même était encore plus coupable. On lui remontra qu'il se mêlait de choses qui ne le regardaient point; qu'il voulait exciter une sédition après avoir déjà fait un préjudice irréparable à la ville par l'expulsion des Allemands; qu'il n'était pas question de l'indulgence, mais de perturbateurs de la paix publique qui cherchaient à verser le sang. Toutefois on laissa espérer de faire grâce ; mais le sénat leur fit aussitôt trancher la tête. A cette nouvelle les sectaires se rassemblèrent en foule, enlevèrent de force les cadavres des suppliciés, les enveloppèrent de drap d'or, les portèrent dans toutes les églises, et les enterrèrent dans la chapelle de Bethléhem, en criant : « Voilà les saints et les martyrs qui ont donné leur vie pour la loi de Dieu ! » Jean Hus lui-même leur donna le nom de martyrs dans un sermon ; mais il reçut défense du sénat d'en parler davantage 1.

En attendant il multipliait ses écrits contre le Pape…

_____________________________________________________

1 Hist. ecclésiastique du protestant Schroeckh, t. 34, p. 593. —2 Ibid.  t. 34, p. 597 et 598.

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 6:09 am


Jean Hus et Jérôme de Prague répandent en Bohême les erreurs de Wiclef.
Leurs violences contre le Pape, qui les condamne, et contre les catholiques.


(suite)
En attendant il multipliait ses écrits contre le Pape. Emporté d'un excès dans un autre, il enseignait que l'Église n'est que la société des justes et des prédestinés, de laquelle les réprouvés et les pécheurs ne font point partie. Il en concluait qu'un Pape vicieux n'est plus le vicaire de Jésus-Christ, qu'un évêque et des prêtres qui vivent en état de péché ont perdu tous leurs pouvoirs. Il étendit même cette doctrine jusqu'aux princes et aux rois ; il décida que ceux qui sont vicieux et gouvernent mal sont déchus de leur autorité. Après avoir appelé au Pape et au concile, il ne reconnaissait d'autre juge que l'Écriture entendue à sa manière, c'est-à-dire d'autre juge que lui-même.

L'an 1413 le nouvel archevêque de Prague, Conrad de Vechta, cherchait une conciliation entre le clergé catholique et les partisans de Jean Hus. Le clergé posait comme moyen unique une entière soumission au Pape et à l'Eglise romaine ; Hus et ses partisans, qui ne voulaient d'autre juge que l'Écriture interprétée par eux-mêmes, soulevèrent beaucoup d'objections, entre autres que les évêques et les prêtres mêmes étaient autant les successeurs des apôtres que le Pape et les cardinaux ; que le chef de l'Église n'était pas le Pape, mais Jésus-Christ.

On se disputait là-dessus à Prague, lorsqu'on apprit qu'au mois de février 1413 le concile de Rome avait condamné les écrits de Wiclef et excommunié Jean Hus, parce qu'il ne s'était point présenté quoiqu'il eût été cité. En même temps le chancelier Gerson, doyen de la faculté de théologie de Paris, laquelle venait de condamner dix-neuf erreurs de Jean Hus, tirées de son Traité de l'Église 1, écrivit à l'archevêque Conrad pour l'exhorter à extirper l’ivraie du champ du Seigneur et à implorer pour cela, si c'était nécessaire, le bras séculier. L'archevêque obtint bientôt le consentement du roi à des mesures plus sévères pour délivrer son royaume de la mauvaise renommée d'hérésie.

On publia donc que tous ceux qui soutiendraient les quarante-cinq articles de Wiclef seraient chassés du royaume. L'archevêque prononça un interdit sur la ville de Prague, à l'exception du quartier où était le palais du roi. Jean se réfugia dans son endroit natal et continua de déclamer contre le Pape et les cardinaux. Il avait d'abord appelé du Pape mal informé au Pape mieux informé, ensuite du Pape au concile ; cette fois-ci il appela du concile à Jésus-Christ 1.

Mais, avant de quitter la capitale de Bohême, il fit lire dans la chapelle de Bethléhem son Traité de l’Église , dont le but était de rendre odieux le clergé de Prague et méprisable l'autorité du Siège apostolique. Pour prouver que le Pape ne saurait être le chef de l'Église, il cite, entre autres, la fable de la papesse Jeanne, dont il fait une femme anglaise.

Éloigné de Prague, qui fut délivrée de l'interdit par son absence, Jean Hus écrivit avec une violence toujours croissante contre le clergé et contre le Pape même. L'un de ses libelles représente dès le titre les prêtres et les moines comme l'abomination de la désolation dans l'Église du Christ. Dans un autre il déclare que, l'auteur de tant de canons et lois ecclésiastiques, c'est le diable ; de ce nombre il compte la vénération des statues de bois, de pierre et d'argent. Dans un autre, le Mystère d'iniquité de l’Antéchrist , il s'écrie : «. La vraie cause pour laquelle les hypocrites honorent les saints du ciel et persécutent et égorgent les saints vivants sur la terre, c'est leur aveuglement, que le dieu de ce siècle, le diable, opère en eux 1. » Ces saints vivants sur la terre, il est aisé de le voir, c'étaient Jean Hus et les siens.

Cependant le concile de Constance venait d'être convoqué pour le 1er novembre 1414…

__________________________________________________________

1 Apud Natal. Alex., t.  8, p.  86, édit.  in-fol. — 1 Schroeckh, t. 34, p. 505 et 506. — 1 Schroeckh, t. 34, p. 611-614.  
 
A suivre : Jean Hus est cité au concile de Constance, auquel il en avait appelé lui-même.

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 11:02 am


Jean Hus est cité au concile de Constance,
auquel il en avait appelé lui-même.
Cependant le concile de Constance venait d'être convoqué pour le 1er novembre 1414. Deux docteurs de Prague, Michel de Causis, curé d'une des paroisses de la ville, et Étienne Paletz, autrefois ami de Jean Hus, se disposaient à l'y dénoncer comme répandant des erreurs contre la foi. Jean Hus pouvait donc s'attendre à y être cité ; il résolut de s'y présenter de lui-même pour se défendre. D'ailleurs il avait appelé au concile. Sachant que l'archevêque de Prague allait tenir celui de sa province au mois d'août 1414, il somma chacun, par des affiches publiques, de venir l'y convaincre des erreurs qu'on lui imputait. L'archevêque lui manda que sa présence n'était pas nécessaire puisqu'il ne s'était pas élevé d'accusateur contre lui. Jean Hus s'en fit donner un témoignage. Il en demanda un pareil au roi, et somma ses adversaires, par de nouvelles affiches, de lui montrer au moins à Constance qu'il avait enseigné des erreurs. Il y disait entre autres : « Que si l'on peut me convaincre d'une erreur quelconque, ou d'avoir enseigné quelque chose de contraire à la foi chrétienne, je ne refuse pas d'encourir toutes les peines des hérétiques 2. » II fit plus, au dire des écrivains hussites ; il s'adressa à l'inquisiteur du Pape en Bohême, l'évêque de Nazareth, et en obtint une attestation que, dans plusieurs entretiens, il l'avait toujours trouvé orthodoxe. Les états de Bohême ayant consulté l'archevêque à cet égard reçurent la même réponse 3. Enfin l'empereur Sigismond pria son frère Wenceslas d'envoyer Jean Hus à Constance.

Jean Hus partit donc de Prague le 11 octobre…

______________________________________________________

2 Op. Hus., part. 1, fol.2. Lenfant, Hist. du Concile de Const., t.1, p. 38. —  3 Id., ibid., p. 615 et 616.
 
A suivre : D’après ses  propres paroles, il part de Prague et arrive à Constance sans sauf-conduit.

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 6:28 am

D’après ses  propres paroles, il part de Prague et arrive à Constance sans sauf-conduit.

Jean Hus partit donc de Prague le 11 octobre 1414. Il laissait à ses partisans une lettre qui fut lue dans la chapelle de Bethléhem, et dans laquelle il y avait ces mots : Je pars sans sauf-conduit 4. Arrivé à Constance il leur écrivit en ces termes : « Nous sommes arrivés à Constance après la fête de tous les Saints, sans aucun dommage, traversant les villes et y affichant des sommations en latin et en allemand. Nous sommes logés à Constance, sur la place, près de l'hôtel du Pape. Et nous sommes venus sans sauf-conduit 1 .

Accusé par ses deux adversaires, Michel de Causis et Etienne Paletz, d'enseigner les erreurs de Wiclef à Constance même…

_________________________________________________

4  « Relinqui post me litteram, quæ lecta in Bethlehem, in qua posui quod EXEO SINE SALVO CONDUCTU. » Epist.  49.
1 ET VENIMUS SINE SALVO CONDUCTU. Epist. 5.
 
A suivre : Le sauf-conduit de l’empereur Sigismond est tout bonnement un passe-port qui ne pouvait le soustraire au tribunal où il était cité et auquel il avait appelé lui-même.

_________________
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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 12:41 pm


Le sauf-conduit de l’empereur Sigismond est tout
bonnement un passe-port qui ne pouvait le soustraire
au tribunal où il était cité et auquel il avait  appelé lui-même.

Accusé par ses deux adversaires, Michel de Causis et Etienne Paletz, d'enseigner les erreurs de Wiclef à Constance même, Jean Hus fut arrêté le 28 novembre 1414 2. Au mois de mai de l'année suivante, ses amis ayant demandé son élargissement au concile, attendu qu'il avait été arrêté contre la foi publique, l'évêque de Lutomile fut chargé de répondre, le 16 du mois, qu'on n'avait point violé la foi publique à son égard, attendu qu'il n'avait point de sauf-conduit de l'empereur lors de son arrestation, mais qu'il en reçut un seulement quinze jours après, comme on l'avait appris de personnes dignes de foi3. Le 18 mai les défenseurs de Jean Hus répliquèrent que le concile avait été mal informé ; que, le jour même où Jean Hus fut arrêté, l'un d'eux, interrogé jusqu'à deux fois par le Pape s'il avait un sauf-conduit du roi, son fils, répondit qu'il en avait un ; que cependant il ne le montra point alors, parce que personne ne demandait à le voir ; mais que trois jours après il le fit voir à beaucoup de personnes4. D'où il paraît certain, par l'aveu même des défenseurs de Jean Hus, que le sauf-conduit ne fut exhibé que trois jours après son arrestation. Lors donc que des personnes dignes de foi assurèrent au concile que ce ne fut que quinze jours après son emprisonnement qu'on procura le sauf-conduit à Jean Hus, il est possible qu'elles ne se soient trompées que sur le nombre de jours.

Quant au sauf-conduit en lui-même, le voici tout entier. « Sigismond, par la grâce de Dieu roi des Romains, etc., à tous princes ecclésiastiques et séculiers, etc., ainsi qu'à tous nos autres sujets, salut. Nous vous recommandons d'une pleine affection, à tous en général et à chacun en particulier, honorable homme maître Jean Hus, bachelier en théologie et maître ès arts, porteur des présentes, allant de Bohême au concile de Constance, lequel nous avons pris sous notre protection et sauvegarde, et sous celle de l'empire, désirant que, lorsqu'il arrivera chez vous, vous le receviez bien et le traitiez favorablement, lui fournissant tout ce qui lui sera nécessaire pour hâter et assurer son voyage, tant par eau que par terre, sans rien prendre de lui ni des siens aux entrées et aux sorties, pour quelques droits que ce soit de tribut ou de péage, et de le laisser librement et sûrement passer, demeurer, s'arrêter et retourner, en le pourvoyant même, s'il en est besoin, de bons passe-ports, pour l'honneur et le respect de la majesté impériale. Donné à Spire, le 18 octobre de l'an 1414, le trente-troisième de notre règne de Hongrie et le cinquième de celui des Romains. Par ordre du roi. » Et plus bas : « Michel de Pascest, chanoine de Breslau 1. »

Par les termes de cette pièce…

______________________________________________________

2 Von der Hardt, t. 4, p. 21 et 22. — 3 Id., p. 209. —  4 Id., p. 212. — 1 Von der Hardt, t. 4, p. 12. Lenfant, Hist.  du Conc. de Const. t.  p. 59.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 7:07 am


Le sauf-conduit de l’empereur Sigismond est tout
bonnement un passe-port qui ne pouvait le soustraire
au tribunal où il était cité et auquel il avait  appelé lui-même.


(suite)
Par les termes de cette pièce on voit que c'est tout bonnement un passe-port impérial qui invite les princes, les magistrats et sujets de l'empire, comme un passe-port moderne invite les autorités civiles et militaires à laisser passer et librement circuler, de tel endroit à tel autre, et à donner aide et protection en cas de besoin. Mais comme un passe-port moderne ne vous soustrait point à la juridiction des tribunaux auxquels vous seriez cité ou auxquels vous auriez appelé, ainsi le passeport royal ne pouvait soustraire Jean Hus à là juridiction du concile de Constance, auquel il était cité et auquel il avait appelé, d' autant plus que, pour les jugements de doctrine, ce concile était indépendant de toute autorité royale ou impériale.

Ces notions si simples suffisent pour faire évanouir tous les nuages que les protestants, héritiers intéressés de Jean Hus, ont accumulés sur ce fait pour faire accroire que le concile de Constance et l'empereur Sigismond ont manqué à la foi publique, le premier en jugeant et condamnant Jean Hus, et le second en lui faisant subir la peine légale, malgré son passe-port. Lorsqu'un homme appelé ou appelant devant un tribunal y arrive avec un passe-port moderne, le tribunal procède suivant les formes juridiques ; si l'homme est trouvé coupable il est condamné et puni, et personne ne s'avise d'accuser le tribunal ou une autre autorité d'avoir violé la foi publique parce que le coupable avait un passe-port. Le concile de Constance n'a fait ni plus ni moins que ce tribunal. Jean Hus lui-même disait dans les placards qu'il affichait le long de sa route : « Je fais savoir à toute la Bohême et à tout l'univers que je vais me présenter au concile où doit présider le Pape, afin que, s'il y a quelqu'un qui me soupçonne d'hérésie, il s'y transporte et fasse voir, en présence du Pape et des docteurs, si jamais j'ai tenu ou enseigné aucune opinion fausse ou erronée. Que si l'on peut me convaincre de quelque erreur ou d'avoir enseigné quelque chose de contraire à la foi chrétienne, je ne refuse pas d'encourir toutes les peines des hérétiques 1. »

Quant à l'époque précise où Jean Hus reçut le sauf-conduit ou passe-port impérial…

_______________________________________________

1 Lenfant, t. 1, p. 38. Op. Hus., t. 1, p. 4.
 
A suivre : Circonstances équivoques concernant l’époque précise où Jean Hus reçut ce passe-port.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 12:25 pm

Circonstances équivoques concernant l’époque précise où Jean Hus reçut ce passe-port.
Quant à l'époque précise où Jean Hus reçut le sauf-conduit ou passe-port impérial, il y a plusieurs circonstances que les auteurs protestants et hussites ne touchent ou n'expliquent pas. En partant de Bohême il laisse à ses affidés une lettre avec ces mots: Je pars sans sauf-conduit ou passe-port; arrivé à Constance il leur écrit : Nous sommes venus sans sauf-conduit ou passe-port. Les auteurs protestants ne disent mot de ces paroles, qui s'entendent naturellement du passeport impérial. Un auteur hussite prétend que ce passe-port, rédigé le 18 octobre à Spire, fut remis vers le 20 à Jean Hus, lors de son passage à Nuremberg. Mais comment alors Jean Hus n'en dit-il rien dans les lettres qu'il écrivit de Nuremberg en Bohême et où il décrit toutes les particularités de son voyage ? Comment alors a-t-il pu écrire de Constance : « Nous sommes venus ici sans passe-port ? »  Il est vrai, les hussites ajoutent à la marge : Sous-entendez du Pape ; mais cela montre seulement combien les paroles non altérées du maître les embarrassaient. Il paraît que le maître s'en trouvait embarrassé lui-même; car, ayant dit dans une de ses lettres : « J'ai laissé une lettre après moi, qui a été lue en Bethléhem, où je dis : Je pars sans passe-port, » il ajoute : Vous direz à cela que, quand je partis, je n'avais point de passeport du Pape 1. Que veulent dire ces singulières rectifications ?

N'est-il pas permis de soupçonner que, Jean Hus ayant été arrêté lorsqu'il n'avait pas encore reçu le passeport impérial, comme l'attestaient des personnes dignes de foi, mais l'ayant reçu quelques jours après, la secte, y compris le chef, entreprit de faire accroire qu'il avait ce passe-port depuis longtemps, et que, quand il avait dit si formellement : « Je pars sans passe-port, nous sommes arrivés sans passeport, » il sous-entendait fort innocemment « le passe-port du Pape ? » Ce qui autorise à soupçonner en tout ceci de la duplicité, c'est que, pendant que Jean Hus vantait à Constance même la pureté de sa doctrine, ses amis cachaient ses livres avec tout le soin possible, et lui-même par ses lettres les en pressait et leur en témoignait sa satisfaction 2. Que veut dire ce manège, si ce n'est que, dans les livres qu'on dérobait au jour, il y avait des choses encore plus impies que dans ceux qui étaient publics, et que les protestations de Jean Hus n'étaient qu'une odieuse hypocrisie? On voit, en effet, par l'édition de ses Œuvres, que le concile n'en connaissait pas ce qu'il y a de plus mauvais.

Le long de son voyage de Bohême à Constance…

___________________________________________

1 Epist.  49.— 2 Epist. 37. Lenfant, t. 1, p. 337 et 423.
 
A suivre : Confiance de Jean Hus le long du chemin. Son arrivée à Constance ; il y est mis en arrestation, puis s’échappe de la ville, mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 6:02 am

Confiance de Jean Hus le long du chemin.
Son arrivée à Constance; il y est mis en arrestation, puis s’échappe de la ville,
mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.

Le long de son voyage de Bohême à Constance Jean Hus se montrait plus confiant. Voici le placard qu'il fit afficher à Nuremberg : « Maître Jean Hus va à Constance pour y déclarer la foi qu'il a toujours tenue, qu'il tient encore, et que, par la grâce de Dieu, il tiendra jusqu'à la mort. Comme donc il a notifié publiquement, par tout le royaume de Bohême, qu'il voulait avant son départ rendre raison de sa croyance dans un synode général de l'archevêque de Prague et répondre à toutes les objections qu'on pourrait lui faire, il notifie de même dans cette ville impériale de Nuremberg que, si quelqu'un a quelque erreur ou quelque hérésie à lui reprocher, il n'a qu'à se trouver au concile de Constance, parce que c'est là qu'il est prêt à rendre raison de sa foi 3. »

De Nuremberg il écrivit à ses amis une lettre , du 20 octobre, pour leur rendre compte de son voyage ; il leur mande qu'il a toujours marché la tête levée dans toute sa route, sans se déguiser nulle part, et qu'il a été fort bien reçu de tout le monde ; qu'à Pernau le curé et les autres ecclésiastiques, qui l'attendaient depuis plusieurs jours, lui firent un fort bon accueil; qu'à son arrivée le curé lui présenta, suivant la coutume du pays, un grand verre de vin, et le but à sa santé ; que le curé et ses vicaires écoutèrent très-favorablement sa doctrine, et que le curé lui protesta qu'il était toujours de ses amis. De Pernau il ne fit que traverser Weiden, suivi d'un grand concours de peuple. Il eut à Sulzbach des conférences fort amiables, tant avec les ecclésiastiques qu'avec les magistrats de ces lieux; enfin sa lettre le montre très-content du bon accueil qu'on faisait partout à sa doctrine et à sa personne. Il ne paraît pas moins satisfait d'une conférence qu'il eut à Lauff, ville à quatre lieues de Nuremberg, avec le curé, les ecclésiastiques et un jurisconsulte du lieu. Comme des marchands avaient donné avis qu'il était sur le point d'arriver à Nuremberg, le peuple sortit en foule dans les rues et places publiques pour le voir.

Quand il fut arrivé le curé de Saint-Laurent lui écrivit qu'il y avait longtemps qu'il souhaitait l'entretenir. Jean Hus ayant accepté la conférence, le curé vint chez lui ; mais il ne dit pas ce qui se passa dans cet entretien, qui, apparemment, fut interrompu par l'arrivée de quelques docteurs et de quelques citoyens qui voulaient l'entendre. Comme les docteurs prétendaient que la conférence se fît en particulier, Jean Hus déclara qu'il prêchait publiquement et qu'il ne demandait pas mieux que d'être entendu de tout le monde. Entre ces docteurs il y avait un Chartreux qu'il traite de chicaneur. Il remarque encore que le curé de Saint-Sébald n'était pas content de voir les citoyens approuver ses sentiments, mais que, à cela près, tous les docteurs et les bourgeois paraissaient satisfaits de lui.

« On ne met à exécution, dit-il, nulle part l'interdit contre moi, et on approuve l'écrit que j'ai publié en allemand pour notifier mon arrivée au concile. Ainsi je n'ai pas de plus grands ennemis qu'en Bohême. » On trouve à la marge de cette lettre que les docteurs lui déclarèrent unanimement qu'il y avait déjà plusieurs années qu'ils étaient dans les mêmes sentiments, et que, s'il n'y avait point d'autres accusations contre lui, il se tirerait du concile avec honneur 1.

Arrivé à Constance le 3 novembre 1414, il écrivit les mots déjà rapportés : …

___________________________________________________

3 Lenfant,  t.. l, p. 39. — 1  Lenfant, t. 1, p. 40 et seqq. Op. Hus. ,  t. 1, fol. 57, 6.

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 11:43 am

Confiance de Jean Hus le long du chemin.
Son arrivée à Constance; il y est mis en arrestation, puis s’échappe de la ville,
mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.

(suite)


Arrivé à Constance le 3 novembre 1414, il écrivit les mots déjà rapportés : « Et nous y sommes venus sans sauf-conduit. » Puis on cite une note où il est dit que, le lendemain, deux seigneurs de Bohême qui l'accompagnaient allèrent trouver le Pape pour lui annoncer l'arrivée de Jean Hus et lui montrer le sauf-conduit de l'empereur Sigismond  2. Mais nous avons vu que, de leur aveu, le sauf-conduit ne fut montré que trois jours après son arrestation, qui eut lieu le 28 du même mois 3. Jean Hus était arrivé à Constance sous le poids de l'interdit et de l'excommunication; ses deux adversaires, Michel de Causis et Etienne Paletz, le signalèrent dans des affiches comme hérétique et excommunié.

De son côté il parlait assez librement, soutenant sa doctrine, soit dans ses conversations, soit dans les écrits qu'il composait. Il disait même la messe tous les jours dans une chambre, en présence de tout le voisinage, qui accourait avec empressement. Un de ses sectateurs prétend que le Pape Jean XXIII voulut bien, non pas lever, comme on le lui fait dire, mais suspendre les censures. Jean Hus lui-même, interrogé depuis par le concile, en audience publique, s'il avait été absous par le Pape, répondit que non 4.

D'un autre côté Ulric Reichenthal, chanoine de Constance, témoin oculaire, qui écrivit en allemand l'histoire du concile, rapporte que l'évêque de Constance lui envoya son vicaire et son official pour lui représenter que, ayant été excommunié par le Pape et un concile, il ne devait pas entreprendre de dire la messe, mais que Jean Hus déclara qu'il se souciait peu de l'excommunication et qu'il dirait la messe tout autant qu'il pourrait 5.

Par suite de ces faits Jean Hus fut mis en arrestation le 28 novembre; mais ce ne fut que trois jours après, savoir le 1er décembre, que l'un de ses défenseurs montra le sauf-conduit ou passe-port de l'empereur Sigismond.

Pendant qu'on instruisait l'affaire de Jean Hus…

__________________________________________________________

2 Von der Hardt, t. 4, p. 11. — 3 id., p. 212.  —  4 Lenfant, t. l, p. 314.— 5 Reichenthal, p.  203.

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 6:21 am

 
Confiance de Jean Hus le long du chemin.
Son arrivée à Constance ; il y est mis en arrestation,
puis s’échappe de la ville, mais est repris et renfermé dans le palais pontifical.


(suite)
Pendant qu'on instruisait l'affaire de Jean Hus eut lieu une autre aventure, rapportée par deux témoins oculaires, le même chanoine de Constance et de plus Éverard Dacher, de la même ville, chargé par l'électeur de Saxe de la police secrète pendant le concile. Tous deux écrivirent en allemand l'histoire de l'assemblée. Voici ce qu'ils rapportent :

« Jean Hus, voyant qu'on l'observait de près, prit la résolution de s'enfuir le 23 mars 1415. A cet effet il prit un pain et une bouteille de vin, et alla se cacher le matin dans un chariot de Henri de Latzenboch, qu'on avait préparé pour aller après midi chercher du foin dans quelque village. A l'heure du dîner, Latzenboch, à qui Jean Hus avait été confié, ne le voyant point, demanda inutilement où il était ; personne ne put lui en donner de nouvelles. Alarmé de cette absence il courut en avertir le magistrat, qui fit aussitôt fermer les portes de la ville et commanda des archers pour aller poursuivre le fugitif. Comme on se préparait à cette poursuite, Jean Hus, ayant été trouvé caché dans le chariot, fut conduit à cheval, avec son chapelain et plusieurs Bohémiens, par Latzenboch lui-même, au palais du Pape. Devinant qu'on voulait le mettre en prison, Jean Hus descendit de cheval, dans l'espérance de se sauver à la faveur de la foule prodigieuse qu'avait attirée ce spectacle; maïs, les gardes du Pape ayant aperçu son dessein, on l'enferma sous bonne garde dans le palais pontifical 1. »

Le récit de ces deux auteurs dignes de foi, suivi et confirmé par plusieurs autres, fait voir que la première arrestation de Jean Hus consistait à être mis sous la surveillance et la responsabilité de Henri de Latzenboch, l'un des seigneurs qui l'avaient accompagné de Bohême.

Quant à Jérôme de Prague, il vint à Constance le 24 avril 1415…

__________________________________________________________
1 Id., p. 203 et 204, édit, de Francfort, ann. 1576. Lenfant, t. 1, p. 88, à comparer avec Schrœckh, t. 34t p. 627.
 
A suivre : Jérôme de Prague, arrivé clandestinement à Constance, s’enfuit, et demande à se justifier devant le concile, sauf à subir la peine des hérétiques si on peut le convaincre. Jean Hus parle de même.

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