Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Lun 10 Juin 2013, 12:03 pm

La plus grande partie de la chrétienté continue à reconnaître Urbain VI.

Malgré les efforts de sainte Catherine de Sienne le monde chrétien se divisa dès lors, non sur aucune question de dogme, de morale ou de rite, mais sur la personne du chef de l'Église. La plus grande partie de la chrétienté continua de reconnaître pour Pape légitime Urbain VI, comme tout le monde l'avait reconnu d'abord, savoir : tout l'empire d'Allemagne, la Hongrie, la Pologne, la Suède, le Danemark, l'Angleterre, la Bretagne, la Flandre et toute l'Italie, hors le royaume de Naples, dans lequel encore il y eut bien des variations, suivant les princes qui y dominèrent. La France, ayant rejeté Urbain VI et reconnu pour Pape, sous le nom de Clément VII, le cardinal Robert de Genève, entraîna par son exemple les princes habitués à suivre ses impressions, comme la reine de Naples, les rois de Chypre et d'Ecosse. Les rois de Castille et d'Aragon restèrent quelque temps neutres, reconnurent quelque temps Clément VII, mais une grande partie du clergé et du peuple adhérait à Urbain VI. Le Portugal, après avoir été entraîné dans le parti français pendant quelques moments, revint à Urbain VI pour toujours.

Dans ces graves conjonctures la nation dont le zèle ressembla le plus au zèle de sainte Catherine de Sienne fut la nation anglaise…
A suivre : Réponse mémorable de la nation anglaise aux cardinaux français et à la nation française. Réflexions.

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Message  ROBERT. Lun 10 Juin 2013, 1:26 pm

Louis a écrit:
Le roi de France, Charles V, quitte le Pape Urbain VI
pour Robert de Genève, dit Clément VII.
Lettre que lui écrit à ce sujet sainte Catherine de Sienne.


(suite]

...C'est quand Sa Sainteté a voulu corriger leurs vices, quand elle leur a témoigné que la vie scandaleuse qu'ils menaient lui déplaisait...

...Malgré les efforts de sainte Catherine de Sienne le monde chrétien se divisa dès lors…

_____________________________________

Hist. de l'Egl. gall., l. 41.
A suivre : La plus grande partie de la chrétienté continue à reconnaître Urbain VI.


S.S. Urbain VI me fait penser à Saint Jean Baptiste, reprochant à Hérode sa vie scandaleuse...
.
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Message  Louis Mar 11 Juin 2013, 5:57 am

Réponse mémorable de la nation anglaise aux cardinaux français et à la nation française. Réflexions.

Dans ces graves conjonctures la nation dont le zèle ressembla le plus au zèle de sainte Catherine de Sienne fut la nation anglaise. Lorsque les Anglais eurent reçu la lettre des cardinaux français contre Urbain VI ils leur répondirent entre autres choses : « Méchants serviteurs ! vous allez être condamnés par votre propre bouche. Vous dites qu'une multitude indomptée d'hommes en armes entoura votre conclave, vous faisant des menaces terribles et mortelles si vous n'élisiez un Italien ou un Romain, sans pourtant limiter votre choix à aucune personne en particulier. Il est donc manifeste, quant à la personne que vous convenez d'avoir élue, que vous l'avez élue librement et non par force. Ainsi, quant à la personne que vous avez élue, nous tenons et tiendrons fermement que l'élection a été bien et canoniquement célébrée 1. »

Ce que les Anglais répondirent dès le premier moment aux cardinaux français ils le soutinrent constamment contre la nation française, et cela par les raisons suivantes, que leurs adversaires eux-mêmes nous ont fait connaître :

1° Les Romains ne pressaient point les cardinaux d'élire aucune personne en particulier; ils demandaient seulement, ce qui est raisonnable, qu'on élût un Romain ou un Italien. Ainsi, quant à la personne à élire, tous les cardinaux étaient libres. Ayant donc élu l'archevêque de Bari, que les Romains ne demandaient pas, il est clair qu'ils l'ont élu librement. Il est donc Pape.

2 ° Le seigneur archevêque refusa, avec une grande et très-grande instance, d'accepter la papauté, et il l'accepta enfin sur les vives instances des cardinaux. Puis donc qu'ils l'ont prié d'accepter ils ne l'ont pas élu malgré eux ; ils l'ont donc élu librement. Il est donc Pape.

3° Par la relation des archevêques, évêques, maîtres en théologie et autres docteurs qui furent alors à Rome, les Anglais savent que, même avant que d'entrer au conclave, ils le nommèrent Pape d'une voix unanime, n'ayant pu s'accorder sur aucun des cardinaux.

4° Et, après qu'ils furent entrés au conclave, ils firent sur lui une triple élection, afin qu'elle fût sans aucun doute. On voit donc que son élection fut complètement libre.

5º Ils l'ont librement couronné ; ce qui est manifeste en ce que les cardinaux qui étaient hors de la ville y rentrèrent pour son couronnement.

6° Les cardinaux restèrent pacifiquement avec lui pendant plusieurs mois, reçurent de lui la sainte communion, lui demandèrent des bénéfices et des grâces pour eux et pour les leurs ; or il n'est pas vraisemblable qu'ils l'eussent fait s'ils n'avaient su qu'il est Pape. Il paraît donc qu'il l'est vraiment.

7° Les Romains n'ont pas pressé les cardinaux d'écrire pour le même archevêque des lettres de recommandation; ce qu'ils ont écrit aux princes et aux grands, pour assurer que c'est lui le Pape et pour faire son éloge, ils l'ont donc fait librement. Il paraît donc qu'il est vrai Pape.

8° Pour rien au monde les cardinaux ne doivent tromper l'Église de Dieu. Or, de deux choses l'une : ou les cardinaux ont su que Barthélemi Prignano était Pape, ou ils ont su qu'il ne l'était pas. Si c'est la première, nous avons gagné ; si c'est la seconde, ils ont trompé toute la sainte Église de Dieu. Donc il ne faut plus les croire désormais.

9° Le grand-pénitencier a scellé les lettres de son tribunal avec son sceau et cette inscription : « Donné à Rome, la première année d'Urbain VI. » Il a donc rendu témoignage, avec toute l'autorité possible, que c'est lui le Pape.

10° Les cardinaux électeurs ont écrit unanimement au parlement du roi d'Angleterre qu'ils ont élu l'archevêque de Bari, disant : « Nous avons élu l'archevêque de Bari, toutefois par crainte. » Donc ils l'ont élu. Or cette crainte ne vicie point l'élection, parce qu'elle ne leur fut pas imprimée pour élire cette personne, attendu que les Romains ne la demandaient pas ; parce que nul ne peut être forcé à élire, l'élection étant un acte de libre arbitre qui ne peut être forcé par l'homme ; parce que, même avant que cette crainte leur fût imprimée, ils avaient indiqué l'archevêque de Bari comme devant être élu.

11° Les Romains ne demandaient point aux cardinaux d'affirmer par leurs sceaux propres et par des actes publics que l'archevêque Barthélemi est Pape. S'ils l'ont fait ils l'ont fait librement. Les Anglais doivent donc croire sur ces témoignages qu'il est Pape.

12° Il est dit dans un canon : « Si quelqu'un a été élu souverain Pontife, soit par argent, soit par un tumulte militaire ou populaire, sans le consentement unanime du clergé, etc. Si le consentement est unanime l'élection est valide, quoiqu'il y ait tumulte militaire ou populaire. « On le voit par Grégoire V, qui fut élu Pape sur les instances de l'empereur et reconnu pour tel. On peut dire également de l'archevêque de Bari que, quoiqu'il y ait eu tumulte populaire dans son élection, il y eut néanmoins consentement unanime des cardinaux pour lui.

Enfin, si, après l'avoir reconnu pour Pape légitime, ils s'en sont séparés, on dit que c'est pour trois causes : la première, parce qu'il voulait maintenir avec justice le roi d'Angleterre et son droit et qu'il ne voulut point favoriser injustement le roi de France contre lui ; la seconde, parce qu'il voulait que chacun des cardinaux restaurât son titre cardinalice à Rome ; la troisième, parce qu'il voulait en eux moins de faste, mais une vie plus régulière et plus édifiante 1.

Telles étaient les raisons des Anglais. Les Français tâchaient d'y répondre…

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1 Walsingham, in Richard., ann. 1378.
1 Raynald, ann. 1378, n, 51.

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Message  Louis Mar 11 Juin 2013, 11:30 am

Réponse mémorable de la nation anglaise aux cardinaux français et à la nation française. Réflexions. (suite)

Telles étaient les raisons des Anglais. Les Français tâchaient d'y répondre; pour apprécier le résultat de leurs efforts quelques remarques suffisent. L'unique base de leur défense, c'est le témoignage de ceux qui sont en cause, les cardinaux français. Mais là revient toujours, aujourd'hui comme alors, cette terrible objection : ces mêmes cardinaux, pendant plusieurs mois, et de vive voix, et par écrit, et par leurs actes, ont dit à tout l'univers qu'ils avaient élu librement et unanimement le Pape Urbain VI; pendant plusieurs mois, et de vive voix, et par écrit, et par leurs actes, ils ont reconnu publiquement Urbain VI pour Pape légitime; pendant plusieurs mois ils l'ont fait reconnaître pour tel à tout l'univers chrétien.

Or, si, pendant tout ce temps, ils ont menti à tout l'univers, leur témoignage n'est plus recevable, surtout dans leur propre cause. Ils conviennent qu'ils n'ont pas été forcés d'élire la personne de l'archevêque de Bari; donc ils l'ont élu librement. Quand le peuple de Rome demandait un Pape romain ou italien, ce peuple demandait une chose raisonnable, et même devenue nécessaire, puisque, depuis plus de soixante-dix ans, les cardinaux français tendaient visiblement à inféoder la papauté à la France.

D'ailleurs ces cardinaux ne disconviennent pas de ce que leur rappelle, entre autres, sainte Catherine de Sienne, que, même avant d'entrer au conclave, ils étaient convenus d'élire l'archevêque de Bari, et que ce fut pour cacher son élection déjà faite qu'ils firent paraître devant le peuple le cardinal de Saint-Pierre habillé en Pape.

Enfin, que, dans le premier moment, un homme ordinaire se laisse surprendre à la peur, cela se conçoit, mais que seize cardinaux viennent nous dire qu'un tumulte populaire de quelques heures leur a fait une peur si grande que, pendant quatre mois, ils n'ont pu s'en remettre; que, pendant quatre mois, ils n'ont osé faire connaître la vérité; que, pendant quatre mois, ils ont menti à tout le monde dans une chose qui intéresse le saint de tout le monde ; que, pendant quatre mois, ils ont feint, dans les mystères les plus redoutables, de reconnaître pour Pape celui qu'ils savaient ne pas l'être, celui que, dans le fond de leur âme, ils regardaient comme un antechrist; en vérité une telle excuse est à elle seule un crime ; en vérité des hommes qui se confessent capables d'une bassesse, d'une lâcheté, d'une hypocrisie pareille, ces hommes-là sont capables de tout, capables de faire un schisme pour se venger de quelques paroles d'un Pape qui veut les ramener à leur devoir.

Oui, encore une fois, et d'après leur défense même, oui, les cardinaux français sont coupables du grand schisme d'Occident ; oui, les cardinaux français sont responsables devant Dieu et devant les hommes des malheurs qui vont peser sur la France et sur l'Eglise.

A suivre : Prédictions consolantes de sainte Catherine de Sienne sur des temps qui viendront après les maux qu’elle avait annoncés …

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Message  Louis Mer 12 Juin 2013, 8:26 am



Prédictions consolantes de  sainte Catherine de Sienne sur des temps qui viendront

après les maux qu’elle avait annoncés. Nous commençons à voir l’accomplissement de ces prédictions.
 








Nous avons vu comment sainte Catherine de Sienne, étant à Pise, avait prédit ce schisme désastreux. Son biographe, Raymond de Capoue, voyant la prédiction accomplie, la lui rappela lorsqu'elle vint à Rome, sur la demande du Pape Urbain VI. Elle s'en ressouvenait fort bien et ajouta : « Comme je vous ai dit alors que ce que vous aviez à souffrir n'était que du lait et du miel, de même je vous dis que ce que vous voyez à présent n'est que jeu d'enfants en comparaison de ce qui sera, spécialement dans la patrie environnante. »

Raymond de Capoue lui demanda : « Très-chère mère, après ces maux, qu'y aura-t-il dans la sainte Église ? »
 
Elle répondit : « A la fin de ces tribulations et de ces angoisses, Dieu, d'une manière imperceptible aux hommes, purifiera sa sainte Église ; il suscitera l'esprit des élus, et il en suivra une telle réformation de la sainte Eglise et une telle rénovation des saints pasteurs que mon esprit, rien que d'y penser, en tressaille de joie dans le Seigneur. Comme je vous l'ai déjà dit plusieurs fois, l'Épouse, qui est maintenant quasi toute défigurée et couverte de haillons, sera alors très-belle, ornée de précieux joyaux et couronnée du diadème de toutes les vertus ; tous les peuples fidèles se réjouiront de se voir illustrés par de si saints pasteurs ; les peuples infidèles eux-mêmes, attirés par la bonne odeur de Jésus-Christ, reviendront au bercail catholique et se convertiront au véritable pasteur et évêque de leurs âmes. Rendez donc grâces au Seigneur, parce que, après cette tempête, il donnera à son Église une sérénité extraordinairement grande 1. »


Voilà ce que prédit sainte Catherine de Sienne et ce que Raymond de Capoue a consigné dans sa vie.
___________________________________
 
1 Vita,n. 287.

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Message  Louis Mer 12 Juin 2013, 6:32 pm


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Prédictions consolantes de  sainte Catherine de Sienne sur des temps
qui viendront après les maux qu’elle avait annoncés. Nous commençons à voir l’accomplissement de ces prédictions. (suite)
Ni l'un ni l'autre n'ont vu l'accomplissement de cette prédiction. Au moment que nous écrivons ces lignes (1844) les hommes de foi commencent à l'entrevoir ; ils commencent à entrevoir les premiers rayons de cette grande sérénité après la tempête : tempête séculaire, qui a commencé par le grand schisme d'Occident au quatorzième siècle, a continué par la grande révolution d'Allemagne au seizième, et finira probablement par la grande révolution de France au dix-huitième ; tempête effroyable, qui a bouleversé jusque dans ses abîmes l'océan religieux et politique de l'humanité, pour que tous les chrétiens apprennent, pasteurs et ouailles, à toujours mettre leur confiance, non dans tel pays, telle nation, tel empire, telle dynastie, tel roi, tel homme, mais en Dieu seul, et en leur humble et active coopération à sa providence, qui emploie la tempête même à faire entrer plus vite au port.

En effet que voyons-nous à la fin de cette tempête de quatre ou cinq siècles?

Nous voyons précisément ces merveilles dont la vue prophétique, dont la seule pensée faisaient tressaillir d'allégresse sainte Catherine de Sienne.

Nous voyons tous les peuples fidèles, et en Italie, et en France, et en Allemagne, et en Hollande, et en Angleterre, et en Ecosse, et en Irlande, et en Espagne, et en Amérique, et en Afrique, et à Constantinople, et en Syrie, et en Chaldée, et au Tibet, et dans l'Inde, et dans le Tonquin, et en Chine, et en Corée, et dans l'Océanie, se réjouir des bons et saints pasteurs que Dieu leur donne ou leur envoie.

Nous voyons Dieu partout suscitant ou ressuscitant l'esprit de ses élus : l'esprit de saint Léon et de saint Grégoire dans la Chaire apostolique ; l'esprit de saint Athanase et de saint Ambroise parmi l'épiscopat; l'esprit de saint Jérôme, de saint Benoît, de saint Bernard, de saint Dominique, de saint François, de saint Ignace, de saint Vincent de Paul parmi les prêtres et les religieux.

Nous voyons l'Église, belle comme en ses plus beaux jours, ornée du diadème de toutes les vertus, du lis sans tache d'une infinité de vierges, des palmes immortelles d'une infinité de martyrs de tout âge, de tout sexe, de tout rang, de tout pays, depuis la multitude de prêtres et de fidèles qui, il y a cinquante ans, confessaient la foi du Christ et de son Église dans les prisons et sur les échafauds de France, jusqu'à nos frères et sœurs d'Orient qui confessent aujourd’hui encore la même foi dans les prisons et sur les échafauds du Tonquin, de la Chine et de la Corée.

Nous voyons l'Église, unissant la beauté d'épouse à la tendresse de mère, attirant à elle les enfants et les peuples qui l'avaient quittée ou même qui ne lui avaient jamais appartenu. La Hollande, l'Angleterre, l'Ecosse, après avoir si longtemps persécuté ses enfants, commencent à regretter de n'être plus du nombre, commencent à tourner vers elle des regards attendris, laissent à ses évêques plus de liberté, secondent quelquefois ses missionnaires avec plus d'efficacité que ne fait la France. Les meilleures têtes de l'Angleterre protestante travaillent à justifier l'Eglise romaine et ses Pontifes contre les préventions nationales de certains catholiques. En même temps les sauvages des forêts américaines, les anthropophages des îles de l'Océan demandent des prêtres pour devenir des anges de douceur, de piété, de bienveillance, et, pour leur en procurer, les fidèles de toutes les parties du monde mettent ensemble leurs prières et leurs aumônes, et de nouvelles congrégations d'apôtres se forment, et les anciennes se raniment, et le martyre est un attrait de plus pour les émules de saint François-Xavier.

Qui a donné le branle à tout cela?...

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Message  Louis Jeu 13 Juin 2013, 5:47 am

Prédictions consolantes de  sainte Catherine de Sienne
sur des temps qui viendront après les maux qu’elle avait annoncés.
Nous commençons à voir l’accomplissement de ces prédictions


(suite)

Qui a donné le branle à tout cela? Nul roi, nul peuple, nul homme. Ces œuvres infinies de foi et de charité sortent comme de dessous terre. C'est Dieu qui a dit de nouveau : « Que la terre produise !» et la terre produit; c'est Dieu qui, comme l'a prédit sainte Catherine de Sienne, réforme, renouvelle son Église d'une manière imperceptible à l'homme.

Cependant, avec le temps et la réflexion, on découvre quelques-unes de ces voies secrètes de la Providence pour corriger les abus et ramener au bien ; par exemple, au quatorzième siècle les cardinaux français, les évêques français, entraînés par l'amour de leur nation, aspiraient à rendre la papauté française, à l'inféoder à la France; ils oubliaient cette grande loi de l'ordre : avant la nation chrétienne est l'humanité chrétienne, autrement l'Église catholique ; la France n'est qu'une province de la chrétienté ; le tout ne doit pas être le domaine d'une de ses parties. Les prélats français tenaient si fort à leur prétention nationale sur la papauté qu'ils allèrent jusqu'à faire un second Pape, jusqu’à faire un schisme. La Providence les a punis par où ils ont péché; depuis cette époque, pas un cardinal français, pas un évêque français n'a été appelé sur le Siège de saint Pierre.

Les prélats français croyaient sans doute, comme le roi Philippe le Bel, qu'en accaparant au profit de la France la papauté catholique ils rendraient à la dynastie et au royaume de France un service des plus éminents. La Providence a sévèrement puni de ce larcin et la dynastie et le royaume. Nous avons vu les trois fils de Philippe le Bel mourir l'un après l'autre ; nous avons vu sa fille Isabelle, mariée au prince français d'Anjou, qui fut roi d'Angleterre, devenir pour la France une source de guerres et de calamités ; nous allons voir ces guerres et ces calamités se perpétuer d'âge en âge avec une haine entre les deux nations qui n'est pas encore éteinte.


A suivre : Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

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Message  Louis Jeu 13 Juin 2013, 10:54 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

Le roi de France, Charles V, mourut le 16 septembre 1380, dans la dix-septième année de son règne et la quarante-quatrième de son âge. Empoisonné autrefois, dit-on, par le roi de Navarre Charles le Mauvais, il avait toujours été d'une santé faible. Il a reçu le surnom de Sage , que quelques-uns interprètent par Savant , mais que la plupart entendent de la sagesse de son gouvernement, qui fut en effet remarquable. Sans se mettre à la tête des armées, comme le roi Jean, il sut battre les Anglais au lieu de s'en laisser battre ; il sut, par sa prudence, rétablir l'ordre dans toutes les branches d'administration.

Le roi Charles V était d'une piété solide, éclairée et soutenue ; il se proposait saint Louis pour modèle. Attentif sur les mouvements de son cœur, il ne passait aucune semaine sans confesser ses péchés. La faiblesse de sa complexion ne l'empêchait pas d'être fidèle aux observances de l'Église;  il jeûnait pendant le carême et les autres jours de précepte, à quoi il ajoutait un jeûne de dévotion toutes les semaines. Cependant, comme il avait besoin de quelque adoucissement, il demanda au Pape Grégoire XI de pouvoir user en carême d'œufs, de beurre, de lait et de fromage, ce qui lui fut accordé, et en même temps à la reine, son épouse, par une bulle du 23 février 1376, sous la condition toutefois que le confesseur et le médecin du roi jugeraient de la nécessité.

Ce prince avait aussi une haute estime pour tout ce qui concerne le culte divin. Il s'était fait traduire le traité de Durand, évêque de Mende, touchant les divers offices de l'Eglise, et il s'appliquait à en suivre l'ordre exactement. Au commencement de la journée il récitait les Heures canoniales avec ses chapelains ; il allait ensuite à la messe, qui était célébrée solennellement. S'il lui arrivait quelquefois de se trouver engagé, dès le matin, dans une partie de chasse, au plus fort du divertissement il se ressouvenait de sa pratique d'entendre la grand'messe, et alors, aussi fidèle à Dieu que maître de ses passions, il quittait tout pour assister au saint Sacrifice. Son dévouement au service des autels était si entier qu'après la mort de la reine, son épouse, il forma le dessein d'embrasser l'état ecclésiastique quand le Dauphin, son fils, serait en âge de régner. Ces sentiments, il les avait pris sans doute de saint Louis, qui désirait se consacrer à Dieu dans l'ordre de Saint-Dominique ou dans celui de Saint-François ; chose assurément digne de remarque que ce soient précisément les meilleurs rois de France, les plus accomplis sous tous les rapports, qui aient eu cet attrait pour la vie religieuse et le sacerdoce. C'était aussi pour imiter saint Louis que Charles V allait visiter souvent les reliques de la Sainte-Chapelle de Paris, et que le jour du vendredi saint il montrait lui-même au peuple la vraie croix.

Il était magnifique dans ses palais, dans ses ameublements, dans ses équipages; mais…

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Message  Louis Ven 14 Juin 2013, 6:04 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

(suite)

Il était magnifique dans ses palais, dans ses ameublements, dans ses équipages; mais nulle part il ne prodiguait les trésors avec plus de complaisance que quand il s'agissait de la décoration des autels. On a encore l'inventaire des ornements de sa chapelle royale, et l'on est étonné de la prodigieuse quantité de vases, de statues, de reliquaires, de croix d'or et d'argent, avec les diamants et les pierreries sans nombre, dont cet écrit fait mention. Par exemple, on y trouve vingt-cinq croix d'or et vingt-neuf d'argent, dix statues d'or et quatre-vingts d'argent, trente-deux calices d'or et quinze d'argent, le reste à proportion. Le poids de toutes ces pièces étonne encore plus que leur multitude. Plusieurs églises reçurent de lui des présents de même espèce. A Rome il envoya une statue d'or de sainte Agnès, et les fleurs de lis de pierreries qui servirent à orner les bustes des saints apôtres. Au jour de la dédicace de l'église des Célestins, à Paris, célébrée le 15 octobre 1370, il offrit en personne une grande croix d'argent doré, et la reine, son épouse, une image de la sainte Vierge de même métal. Il fit de riches fondations à Notre-Dame de Rouen, à Saint-Remi de Reims, aux Célestins de Paris et de Mantes, à Saint-Denis et à Vincennes. C'est dans ce dernier lieu qu'il établit une sainte chapelle, avec un chapitre, sous l'invocation de la Sainte-Trinité et sur le modèle de la chapelle du palais de Paris. C'était un de ses désirs de voir la vie commune établie parmi les chanoines comme elle l'était du temps de Louis le Débonnaire. Lorsqu’il entendait lire ce fait dans les chroniques, il s'écriait qu'il aimerait mieux voir cette sainte institution que de réunir sur sa tête la couronne impériale avec celle de France, preuve bien singulière de son zèle pour la régularité des ecclésiastiques.

Cet esprit d'ordre se faisait sentir dans sa cour ; elle était réglée comme la maison d'un particulier, avec cette différence que la majesté du maître et la noblesse de ses manières donnaient à tout un air de grandeur que le bon ordre faisait remarquer encore davantage. Les heures étaient marquées pour les soins publics, pour la conversation, pour les délassements, pour la lecture. Chaque année le sage roi lisait la Bible en entier ; il y ajoutait les histoires anciennes des Romains et les maximes des philosophes ; de tout cela il se formait à lui-même des règles de conduite pour toutes les circonstances de sa vie et pour toutes les fonctions de sa dignité. Les mauvais livres et les paroles licencieuses, il les regardait comme la peste des cours. Un jour, ayant appris qu'un seigneur avait tenu un discours trop libre en présence du Dauphin, il le chassa, en ajoutant ce beau mot cité par tous les vieux historiens, qu'il faut inspirer aux enfants des princes l'amour de la vertu, afin qu'ils surpassent en bonnes mœurs ceux qu'ils doivent surpasser en dignité.

Ses aumônes étaient réglées comme les autres actions de sa vie…

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Message  Louis Ven 14 Juin 2013, 10:19 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

(suite)
 

Ses aumônes étaient réglées comme les autres actions de sa vie; il en faisait d'extraordinaires quand on était en temps de guerre et que ses armées marchaient à l'ennemi pour livrer bataille. Il en faisait souvent lui-même, et, reconnaissant dans les pauvres la personne de Jésus-Christ, qu'ils représentent, il leur baisait la main en leur donnant de l'argent. Il aimait sa puissance et ses richesses parce qu'elles le mettaient en état de faire le bonheur des autres. Le sire de la Rivière le félicitait un jour sur les prospérités de son règne : « Oui, dit-il, je suis heureux, parce que je suis en pouvoir de faire du bien à autrui. »
 
 
Que si Charles V suivit les cardinaux français dans l'affaire du schisme, la faute en est à eux beaucoup plus qu'à lui; n'ayant pu voir les choses par lui-même, trop éloigné du lieu où elles s'étaient passées, il a pu croire de bonne foi devoir s'en rapporter au témoignage des cardinaux, sans trop réfléchir combien ce témoignage devenait suspect par leur variation. Aussi sa conscience ne fut-elle pas tout à fait tranquille.
 
Le jour même de sa mort il fit dresser une acte qui contenait en substance : qu'il s'était déterminé à embrasser l'obédience du pape Clément sur les écrits des cardinaux, à qui appartient l'élection du Pape, et dont le témoignage, en pareille matière, doit être jugé plus véritable et d'un plus grand poids que celui de tout autre; qu'il avait aussi suivi en cela les sentiments d'un grand nombre de prélats et d'ecclésiastiques de son royaume et les avis des personnes de son conseil ; qu'il ne s'était attaché à Clément par aucune raison de parenté ni aucune considération humaine, mais uniquement parce qu'il avait cru bien faire, mû à cela par les autorités ci-dessus expliquées ; qu'au reste, en cas qu'il se fût trompé, ce qu'il n'a pu croire et ne croyait pas encore, il protestait par cet acte qu'il voulait s'en tenir à la décision de l'Eglise universelle, soit dans un concile général, ou autrement, afin qu'il n'eût rien à se reprocher devant Dieu, voulant demeurer dans cette résolution et protestation comme un véritable enfant de l'Église et fidèle catholique. On voit par cet acte que la responsabilité du schisme tombe avant tout sur les cardinaux français et ensuite sur les conseillers du roi.
 
 
Voici comment un auteur contemporain, et qui vécut quelque temps à la cour de ce prince, raconte les diverses circonstances de sa mort :…

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Message  Louis Sam 15 Juin 2013, 6:11 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V. (suite)

Voici comment un auteur contemporain, et qui vécut quelque temps à la cour de ce prince, raconte les diverses circonstances de sa mort : « Comme sa complexion délicate ne peut supporter longtemps une maladie si grave, il jugea que brief serait le terme de sa vie. Pour ce il voulut disposer de ses dernières ordonnances et tendre au salut de son âme. Il avait toujours accoutumé de confesser chaque semaine ; mais alors, son père spirituel étant continuellement avec lui et examinant très-diligemment sa conscience, afin que rien n'y demeurât en scrupule, il se confessait derechef par souvente fois, en grande dévotion, larmes et contrition. Et comme déjà il était aggravé très-durement, il voulut recevoir son Créateur, lequel, après plusieurs messes par lui entendues, lui fut administré. En la présence du Sacrement, à merveilleux signes de dévotion, il dit ces paroles : « O Dieu mon Rédempteur, à qui toutes choses sont manifestes, je reconnais avoir bien des fois offensé devant votre majesté et digne sainteté; soyez propice à moi, pécheur, et, comme vous daignez approcher le lit du pauvre languissant, ainsi il vous plaise, par votre miséricorde, que à vous je puisse en la fin parvenir. » Et en ces paroles disant, à grandes larmes, il fut communié, et après rendit grâces à Dieu.

« Malgré les douleurs de sa maladie ce bon roi, pour donner quelque récréation à ses serviteurs qu'il voyait pour lui grandement affligés, voulait chaque jour être levé et vêtu et manger à table, et, quelque faible qu'il fût, il leur disait paroles de réconfort et bons admonestements, sans donner jamais signe quelconque de douleur, fors en appelant le nom de Dieu, de Notre-Dame et des saints. Et deux jours avant son trépassement, quoiqu’il eût passé une nuit bien douloureuse, étant levé et vêtu, il regardait ses chambellans et autres serviteurs et médecins éplorés, et se prit à leur dire de très-joyeux visage, et en semblant de bonne convalescence : « Réjouissez-vous, mes bons loyaux amis et serviteurs, car en briève heure serai hors de vos mains. » Eux, entendant ces paroles, ignorèrent, pour la joyeuseté de son visage, en quel sens il avait dit la parole. Bientôt après l'effet leur en montra la clarté.

« Le samedi devant son trépas apparurent en lui les signes mortels; leurs douleurs furent horribles, sans que fût aperçue en lui aucune impatience ; mais, en continuant sa dévotion, toujours était sa clameur à Dieu. À côté de lui son confesseur lui admonestait les paroles nécessaires en cet article, et, comme très-vrai chrétien catholique, il y répondait et faisait signes de grande foi à Notre-Seigneur.

« Quand vint le dimanche matin…

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Message  Louis Sam 15 Juin 2013, 12:00 pm

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V. (suite)

« Quand vint le dimanche matin, il fit appeler devant lui tous ses barons, prélats, son conseil et chancelier, et leur adressa de si touchantes paroles qu'il les contraignit tous à larmes. Entre les autres choses il dit, du fait de l'Église, que comme il eut été informé par tout le collège des cardinaux, et en faisant toute l'investigation qu'il avait pu et su faire, présumant que tant de vaillants prélats n'auraient jamais voulu se damner pour un seul homme, il avait reconnu le pape Clément pour vrai Pape, et ce qu'il en avait fait, il prenait sur son âme qu'il l'avait fait de bonne foi.

« Après ces choses il demanda la couronne d'épines de Notre-Seigneur, qui lui fut apportée par l'évêque de Paris, et aussi, par l'abbé de Saint-Denis, la couronne du sacre des rois. Quant à la couronne d'épines, il la reçut à grande dévotion, larmes et révérence, et hautement la fit mettre devant sa face ; celle du sacre, il la fit mettre sous ses pieds. Alors il commença cette oraison à la sainte couronne : « 0 couronne précieuse, diadème de notre salut ! combien est doux et délicieux le contentement que tu donnes, par le mystère qui en toi fut compris à notre rédemption ! Daigne Celui par le sang duquel tu as été arrosée m'être autant propice que mon esprit sent de joie en la Visitation de ta digne présence! » Le roi malade continua cette prière avec beaucoup de dévotion.

« Ensuite, s'adressant à la couronne du sacre, il dit : « 0 couronne de France ! que tu es précieuse et précieusement vile : précieuse, considéré le mystère de justice, lequel en toi tu contiens et portes vigoureusement; mais vile, et la plus vile de toutes choses, considéré le faix, labeur, angoisses, tourments et peines de cœur, de corps, de conscience et périls d'âme que tu donnes à ceux qui te portent sur leurs épaules ; et qui à ces choses viserait plutôt te laisserait en la boue gésir qu'il ne te relèverait pour mettre sur son chef. » Là dit le roi maintes notables paroles, pleines de si grande foi, dévotion et reconnaissance envers Dieu, que tous les auditeurs étaient émus à grande compassion et larmes.

« Après ce la messe fut chantée, et voulut le roi qu'en chants mélodieux et orgues fussent à Dieu chantées louanges et bénédictions.

« Le roi fut porté de sa couche en son lit, et, comme il commençait moult à faibloyer, son confesseur lui alla dire : « Sire, vous m'avez commandé que, sans attendre à la dernière extrémité, je vous fasse penser au dernier sacrement; quoique la nécessité ne soit pas encore pressante, et que plus d'un, après cette onction, soit retourné à bonne convalescence, vous plaît-il, pour le réconfort de votre âme, la recevoir maintenant ? » Le roi répondit que moult lui plaisait. Elle lui fut donc apprêtée, et le roi voulut que toutes manières de gens à qui il plairait entrassent dans sa chambre. Elle fut bientôt remplie de barons, prélats, chevaliers, clercs et gens du peuple, tous pleurant à grands sanglots de la mort de leur bon prince.

« Le roi lui-même, selon sa faiblesse, s'aida à recevoir les saintes huiles…

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Message  Louis Dim 16 Juin 2013, 6:46 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V.

(suite)

« Le roi lui-même, selon sa faiblesse, s'aida à recevoir les saintes huiles. Quand la croix lui fut présentée il la baisa, et, la serrant dans ses bras et regardant la figure de Notre-Seigneur, il commença à dire : « Mon très-doux Sauveur et Rédempteur, qui en ce monde avez daigné venir pour me racheter, moi et tout l'humain lignage, par la mort que, volontairement et sans contrainte, vous avez voulu souffrir, et qui m'avez institué votre vicaire, moi indigne et insipient, pour gouverner votre royaume de France, j'ai tant grièvement envers toi péché, dont je dis : Mea culpa, mea gravissima culpa, mea maxima culpa. Et nonobstant, mon doux Dieu, que je vous aie courroucé par des fautes innombrables, je sais que vous êtes vraiment miséricordieux et ne voulez point la mort du pécheur ; pour ce, à vous, Père de miséricorde et de toute consolation, en l'article de ma très-grande nécessité, crian(t) et vous appelant, je vous demande pardon. »

« Cette oraison finie il se fit tourner la face vers les gens et le peuple qui étaient là et dit : « Je sais bien que, au gouvernement du royaume, en plusieurs choses, j'ai offensé grands, moyens et petits, et aussi mes serviteurs, auxquels je devais être bénigne et non ingrat de leur loyal service, et, pour ce, je vous prie, ayez merci de moi ; je vous requiers pardon. » A cet effet il se fit hausser les bras et leur tendit les mains jointes. Vous pouvez penser quelles larmes répandirent ses loyaux sujets et serviteurs.

« II dit encore :…

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Message  Louis Dim 16 Juin 2013, 11:32 am

Dernières actions, vertus et mort édifiante du roi Charles V. (suite)

« II dit encore : « Sachez tous, et Dieu l'a premièrement connu, que nulle temporalité ni prospérité de vanité mondaine ne m'attire ni incline à vouloir de moi autre chose que ce que Dieu a voulu de moi ordonner; il sait qu'il n'est quelconque chose précieuse pour laquelle je voulusse ou désirasse être retourné de cette maladie. »

« Un peu après, sentant que sa fin était proche, en la manière des anciens patriarches, il fit amener devant lui son fils aîné, le Dauphin, et, le bénissant, il commença à dire : « Comme Abraham a béni et établi son fils Isaac en la rosée du ciel, en la graisse de la terre, en l'abondance du froment, du vin et de l'huile, ajoutant que qui le bénirait fût béni, et qui le maudirait fût rempli de malédiction, ainsi plaise à Dieu donner à ce Charles la rosée du ciel, et l'abondance de la terre, et l'abondance du froment, du vin et de l'huile, et que les lignées le servent, et qu'il soit le seigneur, et que s'inclinent devant lui tous les fils de sa mère ! Qui le bénira soit béni ! qui le maudira soit rempli de malédiction ! »

« Ce mystère fait, à la prière du seigneur de la Rivière il bénit tous les assistants, en disant ainsi : Benedictio Dei Patris, et Filii, et Spiritus sancti, descendat super vos et maneat semper ! Laquelle bénédiction ils reçurent tous à genoux, avec grande dévotion et larmes. Puis le roi leur dit : « Mes amis, allez-vous-en, et priez pour moi, et me laissez, afin que mon travail s'achève en paix. » Alors, tourné de l'autre côté et tirant à l'angoisse de la mort, il ouït toute l'histoire de la Passion et encore l'Évangile de saint Jean, à la fin duquel il entra en agonie, et, après quelque peu de soupirs et sanglots, entre les bras du seigneur de la Rivière, que moult tendrement il aimait, il rendit l'esprit à Notre-Seigneur 1. »

C'est ainsi que Christine de Pisan décrit les derniers moments du roi Charles V….

______________________________________________________________
1 Christine de Pisan, Livre des Faits et bonnes Mœurs du sage roi Charles V. Petitot, Mémoire sur l'hist, de France t. 6.
A suivre : Christine de Pisan.

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Message  Louis Lun 17 Juin 2013, 5:21 am

Christine de Pisan

C'est ainsi que Christine de Pisan décrit les derniers moments du roi Charles V. Cette femme de lettres naquit à Venise vers l'an 1363. Son père, Thomas de Pisan, conseiller de la république et homme fort instruit, fut appelé en France, en qualité d'astronome, par Charles V, qui lui donna place dans son conseil et lui facilita les moyens de faire venir sa famille à Paris. Christine avait cinq ans lorsqu'elle arriva au château du Louvre avec sa mère, l'an 1368. Le roi les reçut fort gracieusement. Christine fut élevée à la cour. Son père, qui lui voyait d'heureuses dispositions, voulut qu'elle les cultivât. On a d'elle plusieurs écrits en vers et en prose, entre autres l'histoire de Charles V, qu'elle entreprit sur l'ordre de Philippe, duc de Bourgogne, frère du roi défunt.
 
A suivre : Bertrand Dugesclin.

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Message  Louis Lun 17 Juin 2013, 1:42 pm

Bertrand Dugesclin.
Ce monarque avait vu mourir avant lui son fidèle connétable Bertrand Duguesclin. Ce grand capitaine termina sa vie le 13 juillet 1380, devant une forteresse près de Mende, nommée Château-Neuf-de-Randon, qu'il assiégeait actuellement, et dont le gouverneur lui apporta les clefs quelques moments avant qu'il expirât. C'est ce que disent positivement d'anciens manuscrits, ainsi que d'anciens Mémoires maintenant imprimés. Sur quoi il faut réformer ce que disent la plupart des historiens modernes, que ces clefs furent apportées après la mort du connétable et déposées sur son cercueil. Duguesclin n'écrivait pas, mais il savait signer; on a vu sa signature, Bertrand, au bas de quelques dispositions de famille.

Avec les vertus guerrières Bertrand Duguesclin en avait d'autres : un esprit droit, sincère, attaché à son devoir et à son souverain, un cœur bienfaisant, vraiment chrétien et catholique ; c'est l'expression d'un ancien écrivain de sa vie. Il honorait l'Église; il protégeait les pauvres et les innocents. Près de rendre le dernier soupir il répéta; à tous ces vieux militaires, qui le suivaient depuis tant d'années, ce qu'il leur avait dit souvent, qu'en quelque pays qu'ils fissent la guerre ils se souvinssent toujours que les gens d'Eglise, les femmes, les enfants et le pauvre peuple n'étaient point leurs ennemis. Il reçut les derniers sacrements avec une piété exemplaire. Il se recommanda, dit une ancienne chronique, à Dieu, à la Vierge Marie et à leur très-sainte compagnie. Il se fit apporter l'épée de connétable, il la baisa par respect pour la main royale qui la lui avait confiée, et ensuite, ne s'occupant plus que de la vue du crucifix, il expira, âgé de soixante-six ans, couvert de gloire, peu riche et regretté de tous, hors des ennemis de la France. Le roi sentit mieux que personne la perte qu'il avait faite ; il pleura le bon connétable, c'était le nom qu'on lui donnait, et il voulut qu'on l'enterrât à Saint-Denis, près du tombeau qu'il avait fait élever pour lui-même, et où était déjà placée la reine Jeanne de Bourbon, son épouse. Charles V arriva au même terme deux mois après, et se réunit, dans le silence de la mort, aux deux personnes qui avaient le mieux mérité son affection et son estime 1.

Voici maintenant d'autres hommes et comme un autre monde…

___________________________________________________________

1 Hist. de l'Église gall., l. 41.
A suivre : Mort de Charles le Mauvais, roi de Navarre.

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Message  Louis Mar 18 Juin 2013, 6:16 am

Mort de Charles le Mauvais, roi de Navarre.
Voici maintenant d'autres hommes et comme un autre monde. Le 1er janvier 1387 mourut le roi de Navarre, Charles le Mauvais. Suivant les chroniques françaises il s'était fait envelopper de draps imbibés d'eau-de-vie soufrée, soit pour guérir sa lèpre, soit pour ranimer sa chaleur naturelle, affaiblie par les débauches, lorsque le feu y prit par l'imprudence d'un valet de chambre. Ce malheureux prince expira dans des tourments horribles et comme par un juste châtiment de Dieu, ajoutent les mêmes chroniques.

Les historiens de la Navarre traitent ce récit de fable. L'évêque d'Acqs, principal ministre de Charles le Mauvais, écrivit à la reine Blanche, sœur de ce prince et veuve de Philippe de Valois, pour lui annoncer que son frère était mort le 1er janvier 1387, après une longue maladie, supportée avec une patience chrétienne, qu'il avait déployé toutes les vertus les plus exemplaires, et que sa mort, sans douleur et sans angoisse, avait paru être déjà un avant-coureur de la joie des bienheureux 1.

Le nouveau roi de France, fils de Charles V, était Charles VI, qui n'avait pas encore treize ans accomplis à la mort de son père…

_______________________________________________________

1 Biographie  univ. Anonyme de Saint-Denys, l. 5, c. 2. Froissart. Mariana. Favyn, Hist. de Navarre,1. S.
A suivre : Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand.

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Message  Louis Mar 18 Juin 2013, 11:57 am

Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand.
Le nouveau roi de France, fils de Charles V, était Charles VI, qui n'avait pas encore treize ans accomplis à la mort de son père. Les ducs d'Anjou, de Bourgogne et de Berri, ses oncles paternels, et le duc de Bourbon, son oncle maternel, se disputèrent l'autorité pendant la minorité du nouveau roi. Le duc de Berri, peu estimé, songeait bien plus à augmenter ses apanages qu'à gouverner; le duc d'Anjou, avare, hautain, ambitieux, voulait s'emparer seul du pouvoir, et, comme l'aîné, se croyait des droits que le duc de Bourgogne lui disputait avec autant de chaleur que d'adresse. Le duc de Touraine, depuis d'Orléans, frère du roi, épouse Valentine de Milan, fille de Galéas Visconti. L'an 1385 Charles VI épouse Isabelle ou Isabeau de Bavière, petite-fille de l'empereur Louis de Bavière, que nous avons vu persécuter l'Église et mourir dans l'excommunication.

Isabelle de Bavière, devenue reine de France, sera pour la France une furie vengeresse, tout comme Isabelle de France, devenue reine d'Angleterre. Isabelle de France avait eu pour père Philippe le Bel. Deux rejetons de persécuteurs de l'Église sont ainsi les verges qui vont châtier la France.

Voici quelques traits de ce règne empruntés à Chateaubriand :  

« Soulèvement de Rouen et de Paris; Juifs, fermiers et receveurs, pillés et massacrés; états où l'on entend parler du peuple et de la nation ; guerre civile en Bretagne ; désordres occasionnés par le schisme, tel est le prologue de la tragédie dont le premier acte s'ouvre à la folie de Charles VI. Le vertueux avocat général Jean Desmarets fut traîné à l'échafaud comme complice des séditions auxquelles il avait, au contraire, opposé l'autorité de sa vertu.

«  Maistre Jehan, lui disait-on en le menant au supplice, criez mercy au roi afin qu'il vous pardonne. Desmarets répondit : « J'ai servi au roi Philippe, son grand-ayeul, au roi Jean et au roi Charles, son père, bien et loyaument, et oncques ces trois ne me sçurent que demander, et aussi ne ferait cestui s'il avait connaissance d'homme; à Dieu seul veux crier mercy. » Paroles magnanimes s'il en fut jamais.

« Les exécutions nocturnes, commencées sous ce règne, continuèrent : on ne dérobe pas l'iniquité en la cachant.

« Les corps étaient jetés dans la Seine avec cet écriteau : …

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Message  Louis Mer 19 Juin 2013, 5:51 am

Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand. (suite)

« Les corps étaient jetés dans la Seine avec cet écriteau : Laissez passer la justice du roi. Avertissement à la Loire, en 1793, pour laisser passer la justice du peuple. Les assassinats juridiques datent du gouvernement des Valois : on marchait à la monarchie absolue.

« Grand projet de descente en Angleterre (1386) ; quinze cents vaisseaux rassemblés au port de l'Écluse; cinquante mille chevaux destinés à être embarqués; des munitions de guerre et de bouche parmi lesquelles on remarque des barils de jaunes d'œufs cuits et pilés comme de la farine. Une ville de bois de trois mille pas de diamètre, munie de tours et de retranchements, était composée de pièces de rapport qui se démontaient et remontaient à volonté ; elle pouvait contenir une armée. Nous n'avons pas aujourd'hui, dans notre état perfectionné d'industrie, l'idée d'un ouvrage aussi gigantesque de menuiserie et de charpenterie; il est évident, par les boiseries qui nous restent du moyen âge, que l'art du menuisier était porté beaucoup plus loin que de nos jours. Les vaisseaux de la flotte étaient ornés de sculpture et de peinture; les mâts, couverts d'ors et d'argent, magnificence qui rappelle la flotte de Cléopâtre. La haute aristocratie était descendue du plus haut point de sa puissance au plus haut point de sa richesse; elle avait abouti au luxe, comme tout pouvoir, et par conséquent sa force déclinait. Les petits hommes qui faisaient ces grands préparatifs furent écrasés dessous. Les intrigues et les passions du duc de Berri, les vols de toutes les espèces d'argent, le retour de la mauvaise saison empêchèrent la France de reporter en Angleterre les maux que celle-ci lui avait faits, et ce fut en vain que les propriétaires furent taxés à la valeur du quart de leur revenu pour une inutile parade (1386).

« Ces princes de la première maison de Valois étaient des esprits fastueux, bornés et ingouvernables ; ils avaient rempli leur maison de cette foule de valets décorés, sangsues du peuple et plaies des cours. Cette noble tourbe jouissait d'immunités abusives; il n'y avait pas de surnuméraire de garde-robe qui, en attendant l'exercice de ses fonctions, ne fût exempt des charges publiques.

« Isabeau commence à manifester son penchant…

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Message  Louis Mer 19 Juin 2013, 12:04 pm

Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand.

(suite)

« Isabeau commence à manifester son penchant au luxe et à la galanterie; la cour d'amour fut instituée sur le modèle des cours de justice. Parmi les officiers de cette cour on trouve, avec les princes du sang et les plus anciens gentilshommes de la France, des docteurs en théologie, des grands-vicaires, des chapelains, des curés et des chanoines. C'est à cette époque que les romanciers ont placé les aventures du petit Jehan de Saintré. Les plus terribles vérités n'interrompirent point ces fictions; on voit marcher, tantôt séparés, tantôt confondus, dans ce siècle, les forfaits et les amours, les fêtes et les massacres, l'histoire et le roman, tous les désordres d'un monde réel et d'un monde fictif; l'imagination entrait dans les crimes, les crimes dans l'imagination. Les fureurs du schisme et l'invasion des Anglais compliquèrent les querelles des Bourguignons et des Armagnacs.

« Pierre de Craon, favori du duc de Touraine, depuis d'Orléans, fut disgracié pour avoir révélé à Valentine de Milan une infidélité de son mari. Craon était l'ennemi du connétable de Clisson et parent du duc de Bretagne (Jean de Montfort). Craon assassine le connétable de Clisson le jour de la fête du Saint-Sacrement (1392). Clisson ne mourut pas de ses blessures. Charles VI voulut tirer vengeance de Craon, réfugié auprès du duc de Bretagne. L'armée eut ordre de se mettre en marche. Dans la forêt du Mans une espèce de fantôme enveloppé d'un linceul, la tête et les pieds nus, se précipite d'entre deux arbres sur la bride du cheval de Charles VI, disant : Roi, ne chevauche plus avant ; retourne, car tu es trahi. Le spectre rentre dans la forêt sans être poursuivi. Charles, frémissant et les traits altérés, continue sa route. Un page qui portait la lance du roi la laissa tomber sur le casque d'un autre page; à ce bruit le roi sort de sa stupéfaction, tire son épée, fond sur les pages en s'écriant : « Avant, avant sur ces traîtres! » Le duc d'Orléans accourt; Charles se jette sur lui. « Fuyez, beau neveu d'Orléans, lui crie le duc de Bourgogne, monseigneur veut vous occire! Haro! le grand meschef (malheur) ! monseigneur est tout dévoyé! Dieu! qu'on le prenne! » Le roi ne tua ni ne blessa personne, quoi qu'en ait dit Monstrelet. Il fut ramené au Mans sur une charrette à bœufs. Les oncles du roi, le duc de Berri et le duc de Bourgogne, prirent en main le gouvernement.

« Le Parlement, toutes les chambres assemblées (1392), confirma l'édit de Charles V qui fixe à quatorze ans la majorité des rois…

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Message  Louis Jeu 20 Juin 2013, 5:10 am

Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand.
(suite)

« Le Parlement, toutes les chambres assemblées (1392), confirma l'édit de Charles V qui fixe à quatorze ans la majorité des rois. La tutelle des enfants de France fut mise entre les mains de la reine et de Louis de Bavière, frère de la reine ; des lettres de régence furent accordées quelque temps après au duc d'Orléans, frère du roi. Il y avait un conseil de tutelle de douze personnes ; il n'y avait point de conseil de régence assigné. Charles VI fit son testament, et il vécut, après avoir lui-même disposé de tout, comme s'il était mort.

« Et c'est de ce roi mort que l'on entend parler ensuite comme père d'enfants qui naissent au hasard, comme ayant été sur le point d'être brûlé dans un bal masqué où cet insensé figurait déguisé en sauvage, comme niant qu'il eût été roi, comme effaçant avec fureur son nom et ses armes, priant qu'on éloignât de lui tout instrument avec lequel il eût pu blesser quelqu'un, disant qu'il aimait mieux mourir que de faire du mal à personne ; conjurant, au nom de Jésus-Christ, ceux qui pouvaient être coupables de ses souffrances de ne plus le tourmenter et de hâter sa fin ; s'écriant à l'aspect de la reine : Quelle est cette femme? Qu'on m'en délivre ! et recevant dans son lit, trompé, la fille d'un marchand de chevaux, que cette reine lui envoyait pour la remplacer. Ombre auguste, malheureuse et plaintive, autour de laquelle s'agitait un monde réel de sang et de fête ! spectre royal dont on empruntait la main glacée pour signer des ordres de destruction, et qui, innocent des actes revêtus de son nom à la lumière du soleil, revenait la nuit parmi les vivants pour gémir sur les maux de son peuple ! Quel témoin nous reste-t-il de cette infirmité d'un monarque que ne purent guérir un magicien de Guienne avec son livre Simagorad , et deux moines qui furent les premiers criminels assistés à la mort par des confesseurs? Quel monument durable atteste, au milieu de nous, les calamités d'un règne qui s'écoula entre l'apparition d'un fantôme et celle d'une bergère ! Une amère dérision de la destinée des empires et de la fortune des hommes, un jeu de cartes.

« Sous l'année 1393 on remarque l'ordonnance qui donne des confesseurs aux condamnés ; mais le sacrement de l'Eucharistie leur était encore refusé dans le dernier siècle. Plusieurs conciles avaient réprouvé cette rigueur, incompatible, en effet, avec la charité chrétienne et avec le principe moral d'une religion qui fait du repentir l'innocence.

« Les prisonniers envoyés à l'échafaud s'arrêtaient deux fois en chemin; dans la cour des Filles-Dieu ils baisaient le crucifix…

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Message  Louis Jeu 20 Juin 2013, 1:02 pm

Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand. (suite)
« Les prisonniers envoyés à l'échafaud s'arrêtaient deux fois en chemin; dans la cour des Filles-Dieu ils baisaient le crucifix, recevaient l'eau bénite, buvaient un peu de vin et mangeaient trois morceaux de pain ; cela s'appelait le dernier morceau du patient. Sauval remarque que cet usage ressemble au repas que les Juives faisaient aux personnes condamnées à mort et au vin de myrrhe que les Juifs présentèrent à Jésus-Christ. Ne serait-ce pas plutôt un souvenir du dernier repas des martyrs, le repas libre ? Les exécutions avaient presque toujours lieu le dimanche et les jours de fête. Les Cordeliers assistèrent d'abord les criminels et eurent pour successeurs les docteurs en théologie de la maison de Sorbonne ; sublime fonction du prêtre, qui commença en 1395 par l'édit d'un roi de France malheureux, et qui devait donner, en 1793, un dernier consolateur à un roi de France encore plus infortuné.

« Les querelles des maisons d'Orléans et de Bourgogne éclatent. Le premier attentat vint de la maison de Bourgogne. Jean sans Peur, qui avait succédé à son père, Philippe le Hardi, fit assassiner le duc d'Orléans, le 23 novembre 1407. Les deux princes s'étaient juré dans le conseil du roi une amitié inviolable ; ils avaient pris les épices et bu du vin ; ils s'étaient embrassés en se quittant ; ils avaient communié ensemble. Le duc de Bourgogne avait promis de dîner chez le duc d'Orléans, qui l'avait invité; il n'alla pourtant point chercher au repas des morts, où il l'envoya le lendemain, son convive de Dieu à la sainte table et son hôte au festin des hommes.

« Le duc de Bourgogne nia d'abord son crime et s'en vanta ensuite, dernière ressource de ceux qui sont trop coupables pour n'être pas convaincus et trop puissants pour être punis. Le peuple détestait le duc d'Orléans et chansonna sa mort; les forfaits n'inspirent d'honneur que dans les sociétés en repos ; dans les révolutions ils font partie des révolutions mêmes, desquelles ils sont le drame et le spectacle.

« Le traité de Chartres donna tout pouvoir au duc de Bourgogne ; on trancha la tête au sire de Montaigu, administrateur des finances, ce qui ne remédia à rien ; on convoqua une assemblée pour réformer l'État, et l'État ne fut point réformé. Les princes mécontents prirent les armes contre le duc de Bourgogne. Le duc d'Orléans, fils du duc assassiné, avait épousé en secondes noces Bonne d’Armagnac, fille du comte Bernard d'Armagnac, d'où le parti du duc d'Orléans, conduit par le comte Bernard, prit le nom d'Armagnac. On traite inutilement à Bicêtre; on se prépare de nouveau à la guerre. Les Armagnacs assiègent Paris; le duc de Bourgogne arrive avec une armée et fait lever le siège. A travers tous ces maux la vieille guerre des Anglais se ranime.

« Une sédition éclate dans Paris…

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Message  Louis Ven 21 Juin 2013, 6:01 am

Commencement de Charles VI. Analyse de son règne par Chateaubriand. (suite)
« Une sédition éclate dans Paris; les palais du roi et du Dauphin sont forcés; la faction des bouchers prend le chaperon blanc ; le duc de Bourgogne perd son pouvoir et se retire ; on négocie à Arras.

« Le roi d'Angleterre descend en France. La bataille d'Azincourt, perdue, renouvelle tous les malheurs de Crécy et de Poitiers. Paris est livré aux Bourguignons après avoir été gouverné par les Armagnacs ; les prisons sont forcées, les prisonniers massacrés. Les Anglais s'emparent de Rouen, et Henri V prend le titre de roi de France.

« Un traité de paix est conclu à Ponceau entre le duc de Bourgogne et de Dauphin (1419). Vaine espérance ! les inimitiés sont trop vives ; Jean sans Peur est assassiné sur le pont de Montereau.

Le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, s'allie aux Anglais pour venger son père. Henri V épouse Catherine de France, et Charles VI le reconnaît pour son héritier au préjudice du Dauphin. Deux ans après la signature du traité de Troyes Henri V meurt à Vincennes et Charles VI à Paris.

« Le duc de Bedford, revenant des funérailles de Henri V, roi d'Angleterre, ordonne celles de Charles VI, roi de France. Cette course entre deux cercueils, entre le cercueil du plus glorieux comme du plus heureux des monarques et le cercueil du plus obscur comme du plus misérable des souverains, est une leçon aussi sérieuse que philosophique. Qui en profitera? Personne 1. »

Charles VI laissait un fils âgé de dix-neuf ans, qui fut Charles VII. Un autre plus âgé, Jean, duc de Touraine, était mort l'an 1417, empoisonné, disait-on. Deux années auparavant était mort leur aîné, Louis, duc de Guienne, épuisé de débauches. Nonobstant l'état déplorable de son père, toutes les nuits le palais du fils se remplissait d'hommes et de femmes de mœurs plus que suspectes ; il retentissait du son des instruments jusqu'à une heure très-avancée. Le prince, épuisé par la danse, la débauche et le libertinage, passait ensuite les journées tout entières au lit, en sorte qu'on ne pouvait obtenir de lui qu'il fût présent à aucun conseil. Du reste sa mère lui donnait l'exemple. Enfin son père, Charles VI, n'était guère plus sage avant ; de devenir fou ; il paraîtrait même que sa démence fût un effet de sa vie peu réglée.

Au milieu de cette décadence des grands, un homme…

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1 Chateaubriand, Analyse raisonnée  de l'hist. de  France.
A suivre : Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut.

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Message  Louis Ven 21 Juin 2013, 3:14 pm

Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut.

Au milieu de cette décadence des grands, un homme leur rappelait à tous les vertus guerrières et chrétiennes des héros de la croisade, des Godefroi de Lorraine et des Tancrède ; ce fut le maréchal Jean Lemaingre, dit Boucicaut. A l'âge de trois ans il perdit son père, de même nom, qui fut aussi maréchal de France. On demandait un jour à celui-ci pourquoi, jouissant des bonnes grâces du roi son maître, il n'acquérait ni terres ni seigneuries pour ses enfants; il répondit : « Je n'ai rien vendu ni pensé vendre de l'héritage que mon père m'a laissé; je n'ai de même rien acquis ni veux en acquérir. Si mes enfants sont prud'hommes et vaillants ils auront assez ; si rien ils ne valent, ce sera même dommage de ce qu'il leur en demeurera tant. »

Le jeune Boucicaut se montra toujours digne d'un tel père. Étant à l'école il fut battu par le maître pour avoir donné un soufflet à un enfant qui lui avait donné un démenti. Le jeune Boucicaut ne pleura point, mais demeura pensif. Le maître, étonné, lui dit âprement : « Regardez! est-il fier ce seigneur-là ! il ne daigne pas pleurer. » L'enfant lui répondit : « Quand je serai seigneur vous ne m'oserez battre, et je ne pleure point parce que, si je pleurais, on saurait bien que vous m'auriez battu. »

Il fut élevé avec le Dauphin, depuis Charles VI. Dès l'âge de douze ans il fit plusieurs campagnes ; à dix-huit ans celle de Flandre, où les Français remportèrent la victoire de Rosbec. Dans cette bataille il s'attaqua corps à corps à un Flamand d'une taille gigantesque. Ce redoutable ennemi, le prenant pour un enfant, lui fait sauter sa hache des mains en lui disant : « Va teter, va, enfant; or vois-je bien que les Français ont faute de gens quand les enfants mènent en bataille. » Boucicaut, furieux, tire sa dague, la lui enfonce sous le bras et le renverse par terre, avec cette moquerie : « Les enfants de ton pays se jouent-ils à de tels jeux? »

Après cette campagne, sans compter les autres expéditions, Boucicaut alla jusqu'à trois fois en Prusse, au secours des chevaliers Teutoniques contre les païens de Lithuanie. Il achevait sa troisième campagne de croisé lorsqu'il fut mandé par le roi de France, Charles VI. Boucicaut, qui avait alors vingt-cinq ans, le trouva dans la ville de Tours, logé dans la maison du maréchal, son père. Le jeune guerrier se mit à genoux devant le roi et le salua humblement. Le roi lui dit à l'instant même : « Boucicaut, votre père a demeuré en cet hôtel et gît en cette ville ; vous êtes né en cette chambre, comme on nous a dit. Aussi nous vous donnons, au propre lieu où vous naquîtes, l'office de votre père, et, pour vous honorer davantage, le jour de Noël qui approche, après la messe, nous vous baillerons le bâton de maréchal de France, et ferons recevoir de vous le serment comme il est accoutumé. »

Sigismond, roi de Hongrie, menacé par le sultan Bajazet Ier, implora le secours des princes chrétiens en 1396…

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Message  Louis Sam 22 Juin 2013, 6:34 am

Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut.

Sigismond, roi de Hongrie, menacé par le sultan Bajazet Ier, implora le secours des princes chrétiens en 1396, et l'élite de la chevalerie française vola sur les bords du Danube. A leur tête était le comte de Nevers, Jean sans Peur, depuis duc de Bourgogne, et, sous lui, le maréchal de Boucicaut, qui, à ses frais et sous sa bannière, amena soixante-dix gentilshommes, et à qui toute cette brillante milice déféra le commandement. L'issue de cet armement fut la bataille de Nicopolis, le 25 septembre 1396, où Sigismond prit la fuite, où les Français seuls combattirent et furent tous tués ou faits prisonniers. Du nombre des derniers fut Boucicaut. Après avoir fait des prodiges de valeur il tomba vivant entre les mains des vainqueurs; il fut amené nu, en chemise, les mains liées, devant Bajazet, qui, furieux d'avoir vu ses plus braves soldats tomber sous les coups d'une poignée de Français, n'épargnait que les prisonniers dont il croyait tirer une forte rançon, tels que le comte de Nevers. Les autres étaient décapités, massacrés, l'un après l'autre, sous les yeux du comte et de Bajazet.

« À icelle piteuse procession fut mené le maréchal de France Boucicaut, dit son biographe contemporain ; mais Dieu, qui voulut garder son servant pour le bien qu'il devait faire le temps à venir, tant en vengeant sur Sarrasins la mort de cette glorieuse compagnie, comme des autres grands biens qui par son bon sens et à cause de lui devaient advenir, fit que le comte de Nevers, sur le point que on voulait férir sur lui, le va regarder m ouït piteusement et le maréchal lui. Adonc prit merveilleusement à douloir le cœur audit comte de la mort de si vaillant homme, et lui souvint du grand bien, de la prouesse, loyauté et vaillance qui étaient en lui. Si l'advisa Dieu tout soudainement de joindre les deux doigts ensemble de ses deux mains en regardant Bajazet, et fit signe qu'il lui était comme son propre frère et qu'il le repitât (l'épargnât); lequel signe Bajazet entendit aussitôt, et le fit laisser 1. »

Les prisonniers furent menés à Burse, en Bithynie. Le comte de Nevers envoya Boucicaut et le sire de la Trémouille pour traiter de leur rançon. Bajazet n'y voulut point entendre. Le comte de Nevers les renvoie, avec prière au sultan de les délivrer au moins eux deux, afin qu'ils pussent procurer aux autres les finances dont ils avaient besoin dans leur captivité. Bajazet, moyennant une forte rançon, accorde la liberté à Boucicaut et à la Trémouille; ce dernier meurt peu après. Boucicaut, après avoir payé le prix de sa propre délivrance, apporte aux prisonniers le surplus de l'argent qu'il avait pu recueillir. Il était complètement libre et pouvait s'en aller où il voulait; il préféra demeurer auprès de ses compagnons d'infortune, générosité qui remplit ceux-ci de reconnaissance et d'admiration. Il fit plus; à force d'éloquence, de loyauté et de dévouement, il amena Bajazet à traiter de leur délivrance; il obtint même que le sultan réduisît la rançon à cent cinquante mille livres, au lieu d'un million qu'il exigeait d'abord ; mais il fallut que les prisonniers fissent serment de ne pas porter les armes contre Bajazet. Ce serment ne regardait point Boucicaut, qui était déjà libre, circonstance à laquelle certains auteurs n'ont pas pris garde.

L'an 1400 le maréchal Boucicaut, sur la prière de l'empereur grec, Manuel Paléologue…

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1 Livre des Faicts du mareschal de Boucicaut, c.26 Petitot, t. 6.

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