Consistoire secret du 26 septembre 1791.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Pour nous conformer aux exemples de nos prédécesseurs, Clément XI (1) et Benoit XIV (2), nous avons résolu de remplir sur-le-champ la place de votre collège apostolique, que l'acceptation que nous venons de faire de la démission de Charles-Etienne de Loménie a rendu vacante; en conséquence , pour la plus grande gloire de Dieu, le soutien et l'honneur de la sainte église romaine, nous créons prêtre-cardinal un personnage recommandable, dont la nomination néanmoins demeurera secrete au fond de notre cœur, jusqu'à ce qu’ïl nous ait plu de la déclarer.Que vous en semble?
De l'autorité de Dieu, de celle des saints apôtres Pierre et Paul, et de la nôtre, nous créons prêtre-cardinal de la sainte église romaine celui qui sera par nous déclaré à notre volonté : le tout sous les réserves et autres clauses nécessaires et d'usage.
Au nom du Père †, du Fils † et du Saint-Esprit †. Ainsi soit-il.
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(1) Actes du Consist., 7 juin 1706.
(2) Actes du Cousist., 18 décembre 1754.
A la page 202 (latin) : In Nomine Patris †, et Filii †, et Spiritûs Sancti †, .Amen (*)
(*) Personne n'ignore comment le Mathan de ce siecle avoit provoqué cette dégradation. La démission de la dignité de cardinal faite pour obéir aux décrets d'une assemblée profane, ne dérogeoit en rien aux droits du législateur ecclésiastique. C'est l'aveu du criminel, qui laisse un libre cours à la sentence de son juge; c'est le délire du coupable condamné, qui croit éviter le supplice par le suicide. A la suite des scandales de tous les genres qui dévoueront sa vie à une immortalité de malédictions et d'infamie, il a osé se vanter d'avoir préparé la révolution : c'étoit réunir à-la-fois sur sa tête et tous les crimes qu'elle a enfantés et tous les anathèmes qu'elle mérite.
Fidèle à ce système de destruction également tyrannique et sacrilege, dont elle ne s'est pas encore départie, il voulut environner de ruines le siege de son épiscopat constitutionnel : ayant donc acheté des mains de la nation une abbaye où reposoient les corps des saints martyrs Savinien et Potentien, apôtres de Sens, il en chasse les religieux, en éloigne les fideles qui venoient y porter le tribut de leurs hommages et de leurs vœux, en fait démolir la superbe basilique, et de ses antiques et vénérables catacombes fait... une étable de pourceaux. Le ciel vengea son sanctuaire et la cendre de ses saints; tout-à-coup ces catacombes s'écroulerent, malgré la solidité des arcades et des voûtes qui leur servoient d'appui, et les immondes habitans en furent écrasés.
La voix du ciel qui brisoit la pierre la plus dure ne put rien sur Brienne.
Le prélat philosophe sourit : le malheureux ! il ne voyoit pas que son endurcissement étoit la plus terrible punition dont le ciel voulût châtier ses sacrilèges: indurabo cor Pharaonis. Ingrat envers son roi, il avoit appris à la révolution de l'être pour lui-même. Il fut arrêté au milieu de ses décombres, et conduit dans les prisons avec ce jeune Brienne dont il avoit corrompu les talens ; mais, comme nous l'avions écrit de lui deux années auparavant , devoit échapper au bourreau, mais non à la disgrâce et à l'infamie. Le ciel s'étoit montré clément envers Cranmer en le laissant périr sur un échafaud ; c'est qu'il n'avoit pas eu un Brienne pour prédécesseur et pour modele dans son apostasie. Au moment ou le supplice public de l'impie alloit justifier la Providence, cette même Providence se vengeoit de lui d'une maniere encore plus signalée. Il est trop vrai que l'archevêque de Sens se donna la mort à lui-même. Il devoit finir comme Judas, l'apôtre qui avoit vécu comme lui; et le plus vil des hommes devoit avoir, pour trancher le cours de sa honteuse vie, la main du plus infâme bourreau.(Note de l'éditeur)
A suivre: Observations sur le bref du pape.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
.XIII.
Observations sur le bref du pape à M. le cardinal de Loménie. Paris, 1791. (*)
Pour bien juger de ces observations, Il faut avoir sous les yeux les lettres du cardinal au pape, et les brefs qui le concernent. Nous allons transcrire les premières; les autres font partie de cette collection, (Tome I, page 86), et tome II, page 144.).Lettre de M. le cardinal de Loménie au Pape.
TRÈS-SAINT PERE,
J'ai prié M. le nonce, de faire parvenir à votre sainteté mes premières représentations sur le bref qu'elle m'a adressé, et sur son étonnante publicité; (dira-t-on que celui-là du moins ne fût pas authentique ?) mais je dois à mon honneur une dernière réponse, et je m'en acquitte, en remettant à votre sainteté, la dignité qu'elle avait bien voulu me conférer: (il ne fait que prévenir la sentence). Les liens de la reconnoissance ( et ceux du christianisme et du sacerdoce ?) ne sont plus supportables pour l'honnête homme injustement outragé.(Le prélat chrétien supporterait tout cela même.)
Quand votre sainteté a daigné m'admettre dans le sacré college, très-saint pere, je ne prévoyois pas que pour conserver cet honneur, il fallut être infidèle aux lois de mon pays, (Est-ce que les autres l'ont été ? Est-ce qu'il n'y a pas aussi une loi de Dieu, qui est la première pour un chrétien ? ) et à ce que je crois devoir à l'autorité souveraine.
Placé entre ces deux extrêmités, de manquer à cette autorité, ou de renoncer à la dignité de cardinal, je ne balance pas un moment ; et j'espère que votre sainteté jugera par cette conduite , mieux que par d'inutiles explications , que je suis loin de ce prétendu subterfuge d'un serment extérieur ; que mon cœur n'a jamais désavoué ce que ma bouche prononçoit ; et que si j'ai pu ne pas approuver tous les articles de la constitution civile du clergé, je n'en ai pas moins toujours été dans la ferme intention de remplir l'engagement que j'avois contracté d'y être soumis, ( il falloit dire : de les maintenir. ) ne voyant rien dans ce qu'elle m'ordonne, de contraire à la foi, ou qui répugne à ma conscience. (Mais tout l'univers catholique lui crie le contraire.)
Je devrois peut-être, très-saint pere, répondre aux autres reproches contenus dans le bref de votre sainteté ; car, si je ne lui appartiens plus, comme cardinal, je ne cesse pas, comme évêque, de tenir au chef de l'église, et au pere commun des fidèles; et, sous ce rapport, je serai toujours prêt à lui rendre raison de ma conduite; mais le délai de sa réponse, les expressions dans lesquelles elle est conçue , sur-tout l'étrange abus de confiance que son ministre s'est permis, (Le malheureux ! il a rougi de J. C. Il rougit des hommes et de lui-même ! C'est ce cri des pervers au jour de la manifestation des consciences: Dicunt montibus cadite super nos, et abscondite nos a facie sedentis super thronum, et a facie agni. Apoc. VI. 16) m'imposent silence !
Qu'il me soit seulement loisible de répéter à votre sainteté qu'on la trompe sur l'état de la religion dans ce royaume ; que les voies de condescendance auxquelles je tâchois de l'amener , sont impérieusement commandées par les circonstances ; (elles peuvent commander le martyre, jamais le parjure) que son long silence (et tout-à-l'heure, il accusoit l'étonnante publicité que le pape avoit donnée à son bref) a peut-être amené les affaires au dernier point-de crise, et que les moyens rigoureux auxquels elle paroît déterminée , ne peuvent que produire un effet contraire à ses intentions.
Je la supplie de recevoir ces dernieres réflexions, comme l'hommage bien sincere du respect et du dévouement, etc.
Signé, DE LOMÉNIE.
Sens, le 26 mars 1791.
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(*) Ce sont les observations citées par le pape dans son discours du 26 sept. sur la démission du cardinal de Loménie. V. pag. 194 (Note de Louis: en français la pag 195.). Bien à vous,)
FIN.
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Louis- Admin
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