Consistoire secret du 26 septembre 1791.
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Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Bonjour,
Ce travail est tiré du pdf suivant :NOTE de Louis a écrit: Ce texte fut publié en 1797 (ancien français). Ne soyons pas surpris de voir beaucoup de mots dont il manque le « t » final; l’accent grave manque sur certains mots; l’imparfait s’écrit étoit au lieu était; connaître s’écrivait en ce temps là connoître; &tc, &tc. Bien à vous.Acte du consistoire secret tenu par notre saint père le pape Pie VI,
le 26 septembre 1791, au palais Quirinal, concernant la démission
qui a été faite de la dignité de cardinal, par
Etienne-Charles de Loménie de Brienne;
l’acceptation du saint père, et la création secrete
d’un nouveau cardinal destiné à le remplacer
dans le sacré college.
.
Comme à l'habitude, dès la publication de cet acte du Consistoire , nous éditerons ce fil pour y déposer des liens en vue de faciliter la consultation et pour ne pas surcharger le texte.
Bien à vous.
* Vénérables frères.
* Les plus funestes erreurs commençoient à faire en France des progrès alarmans
* Il avertit que les besoins de l'église exigeoient davantage encore
* Ce n'est point ici le lieu de rapporter tout ce que contiennent d'excellent et de précieux les
* Il eut une part considérable dans le mémoire que l’assemblée présenta au roi contre les entreprises
* Défenseur non moins zélé de l'unité catholique, l'archevêque qui savoit que les élections des évêques d'Utrecht
* L'archevêque de Toulouse ne se démentit en rien dans l'assemblée de 1770.
* Nous n'allons plus retrouver de Loménie.
* Loménie, formant alors la résolution de descendre lui-même d'un rang où il sentoit l'impossibilité
* Nos premieres esperances ne furent point trompées.
* L'opinion avantageuse que nous commencions à reprendre en sa faveur ne fut pas de longue durée
* Bientôt après il nous peint avec de vives couleurs, les maux de l'église de France
* Supposant ainsi qu'il fût possible de concilier l'évangile avec la nouvelle constitution, c'est-à-dire, le mensonge avec la vérité; de Loménie nous insinuoit de ne pas mépriser certaines
* Il part de cette déclaration pour oser nous proposer de consentir enfin à l'exécution de la partie de ces décrets qui concernent la nouvelle division des territoires, la suppression des dioceses, et
* Cela ne l'empêche pas de recourir sur-le-champ à un nouvel artifice, pour s'excuser auprès de nous, de ce qu'il alloit prendre son parti définitif, sans attendre notre réponse.
* Ce fut donc en pleine connoissance de cause, que Loménie plia servilement sa conscience au temps, et favorisa le schisme, tout en protestant du desir qu'il avoit de s'y soustraire.
* A la vue d'une multitude de fautes plus graves les unes que les autres, nous nous rappellâmes d'abord le précepte de l'apôtre, qui nous ordonne de reprendre publiquement le pécheur
* Nous avons informé du contenu des lettres de Loménie, le roi à qui nous avons envoyé en même-temps un exemplaire de notre réponse.
* Fidèle à ce plan de conduite, il nous adressa de Sens, le 26 de mars, une lettre pleine de feinte et de dissimulation ; mais dans laquelle il fait, en termes clairs et précis, la démission de sa
* Loménie, pour effectuer plus sûrement encore sa renonciation au cardinalat, ne manqua pas d'en informer le roi, par son ministre qu'il pria de nous faire passer directement sa lettre.
* En conséquence, attendu la volonté constante de Loménie de renoncer au cardinalat, volonté démontrée par des preuves plus certaines et plus claires qu'aucunes de celles que le saint-siege a
* Il faut considérer, vénérables frères, que Loménie quitte sa dignité de cardinal, et retient son archevêché; qu'en abandonnant sa place dans le sacré college, il n'en demeure que plus
(A suivre.)
Info suppléemntaire a écrit:* Instruction du Pape Pie VI
Dernière édition par Louis le Lun 07 Oct 2024, 6:49 am, édité 27 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne- Charles de Loménie de BrienneVÉNÉRABLES FRERES,
Qui mieux que vous , vénérables frères, qui êtes si intimement associés à notre sollicitude apostolique, pourra rendre témoignage aux sentimens de douceur et de charité dont nous avons usé envers les auteurs de la constitution civile du clergé de France , et à l'égard de ceux qui s'en sont montrés les fauteurs et les adhérens ? Vous savez de quelle douleur profonde nous avons été saisis, au scandale de compter parmi eux notre cher fils Etienne-Charles de Loménie de Brienne. Sa conduite présente rappelle avec amertume à notre souvenir et au vôtre, ce qui a été dit à son sujet dans les vicissitudes opposées de la bonne et de la mauvaise fortune par lesquelles il a passé. La faveur et la protection du roi très-chrétien lui ont rendu très-facile son élévation aux premières dignités de l'église.
Porté d'abord sur la nomination de son souverain, au siège épiscopal de Condom, il obtint ensuite l'église métropolitaine de Toulouse, et fut enfin transféré à l'archevêché de Sens. Mais ces diverses dignités, plus considérables les unes que les autres, auroit-il oublié qu'il en est spécialement redevable à l'approbation donnée par le saint-siege au choix du roi, et aux lettres apostoliques, source de la mission canonique qu'il en a reçue ?
Nous lui devons la justice d'avouer, qu'en même-temps qu'à ces diverses époques il renouvelloit les témoignages et le serment de fidélité due à l'église romaine et au siege apostolique, pénétré des obligations qu'imposent envers Dieu les dignités dont il étoit revêtu, il se distinguoit entre les évêques du royaume, par son attachement à la religion, et son zele contre les mêmes erreurs dont il se montre aujourd'hui le sectateur et le soutien, qu'il embrasse et qu'il professe avec un aveuglement aussi déplorable.
En 1762, à l'assemblée générale du clergé de France (1), chargé du sermon d'ouverture, il développa les talens de son éloquence, en prouvant que l'amour de la patrie, considéré dans ses motifs et ses effets, n'est jamais ni plus sincere, ni plus énergique, que quand il est puisé dans l'amour même de la religion, et qu'il la prend pour base.
L'ardeur de son zele se manifesta de nouveau avec éclat à l'assemblée de 1765 (1). Il y démontra, dans un discours plein de force et de solidité, qu'il n'est pas moins nécessaire au bonheur de l'état qu'aux intérêts, de l'église, de maintenir la religion dans toute sa pureté et son intégrité. De justes applaudissemens firent connoître la vive satisfaction de l'assemblée dans les remercîmens que lui en fit, en son nom, l'archevêque de Rheims, qui la présidoit.
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(1) Alors évêque de Condom, il assista à cette assemblée, comme procureur de la province de Bordeaux.
(1) Il fut membre de celle-ci, comme député de la province de Toulouse, dont il étoit archevêque, et comme président de la commission ecclésiastique.
Les plus funestes erreurs commençoient a faire en France des progrès alarmans
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Il avertit que les besoins de l'église exigeoient davantage encoreÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Les plus funestes erreurs commençoient à faire en France des progrès alarmans; il s'empressa de les dénoncer, et il éleva sur-tout la voix contre cette multitude d'ouvrages impies qui, par leur audace à attaquer les bases de la religion, ne tendoient pas moins à la ruine des empires qu'à celle de l'église. Ces ouvrages furent flétris par des censures qui marquoient toute l'horreur qu'ils avoient inspirée; et il eut soin que le livre du Contrat Social fût un des premiers compris dans cette proscription. Par son avis encore. fut publié un avertissement adressé par le clergé a tous les fideles, pour les prémunir contre les dangers de la liberté de penser ; et l'assemblée se rendit aux pieds du trône, pour obtenir du roi, que, consultant autant ses intérêts que ceux de la religion, il réprimât la licence effrénée de la presse.
Les atteintes portées par les parlemens et les tribunaux séculiers aux droits de la puissance spirituelle, enflammèrent bientôt après son courage. Il représenta fortement les projets des parlemens comme autant de plaies profondes faites à la religion, et une source de calamités pour l'état. Il ajouta qu'ils ne visoient à rien moins, qu'à dissoudre les liens de la hiérarchie ecclésiastique, et à rendre impraticable les rapports de communion qui unissoient les évêques au vicaire de Jésus-Christ, chef de l'église et centre de l'unité catholique. Il finit son discours par exhorter l'assemblée à présenter au roi les plus énergiques réclamations.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne- Charles de Loménie de BrienneSUITE
Il avertit que les besoins de l'église exigeoient davantage encore ; qu'il falloit dans une instruction pastorale, adressée à tous les diocèses, exposer les fondemens sur lesquels repose l'autorité de l'église , les preuves de son indépendance dans les matieres qui sont de son ressort, et de l'obligation pour tout fidèle d'y être soumis ; qu'il ne fallloit rien négliger pour faire connoitre les dogmes de la foi sur la puissance que Jésus-Christ a donnée à l'église de se gouverner par elle-même, et sur les principes de la jurisdiction ecclésiastique, comme faisant partie du dépôt sacré, qui doit, dans tous les temps, demeurer pur et inaltérable. De-là, venant à la soumission due à la constitution Unigenitus, comme à un jugement dogmatique de l'église , il demanda que la lettre encyclique de Benoit XIV, du 16 octobre 1756 , envoyée au clergé de France , fût incessamment publiée dans les dioceses ; et il fit observer qu'il suffïsoit, pour procéder à cette publication , d'en prévenir le roi;Loménie a écrit:« car, ajoutoit-il, vous n'avez sans doute pas besoin d'avoir recours à l'autorité royale, pour donner comme règle de conduite, une réponse du siège apostolique, rendue en matiere toute spirituelle ».
L'assemblée du clergé, après une mûre délibération, adopta unanimement tout ce que proposa l'archevêque de Toulouse. En conséquence, et de concert avec les évêques qui formoient avec lui la commission nommée pour cet effet, il s'appliqua sans relâche à dresser les mémoires qui devoient être présentés au roi, et à composer un ouvrage, dans lequel il renferma ce que les actes du clergé offraient de plus propre à donner au peuple une instruction précise sur les droits de la puissance spirituelle.
Ce n'est point ici le lieu de rapporter tout ce que contiennent d'excellent et de précieux les
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Ce n'est point ici le lieu de rapporter tout ce que contiennent d'excellent et de précieux les mémoires et les actes du clergé, sur ces matieres importantes. Il suffit à notre sujet que nous disions, que les discours et les mémoires composés par Loménie, ont été approuvés à l’unanimité, et souscrits par les évêques et les députés du second ordre. Ce fut en vain que le magistrat séculier s'éleva contre ces actes, les supprima par ses arrêts et en défendit l'impression. Les évêques ne cessèrent de réclamer la protection du prince et de demander la cassation des arrêts. L'archevêque de Toulouse est encore chargé cette fois de dresser les remontrances. Il en fait la lecture à l'assemblée, qui lui défère l'honneur de porter la parole au roi. Avec quelle énergie de vérité et d'éloquence il représenta au prince, que,Loménie a écrit:« dans un royaume catholique, la liberté de l'enseignement des pasteurs fait partie du droit public : que la cause de Dieu est celle des rois, et que l'autorité qui menace l'église, s'éleve également sur les débris du trône, comme sur ceux de l'autel ».
Le roi, docile à la voix de la vérité, ne différa point de casser l'arrêt du parlement. L'assemblée ordonna que le discours, pour perpétuer la gloire que s'étoit acquise l'archevêque, seroit inséré, avec honneur, dans ses registres.
Un prêtre du diocèse de Vienne avoit été, sur le refus du visa de l'archevêque, envoyé en possession d'une cure , par un arrêt du parlement ( de Grenoble ). L'archevêque fut chargé de l'examen de cette affaire ; et dans le rapport qu'il en fit, avec quelle précision, après avoir fait sentir les maux qui résultoient de ces entreprises téméraires des tribunaux séculiers, il expose que les curés intrus, ministres sans mission, pasteurs sans jurisdiction, ne font que des actes nuls, et que toutes les fonctions qu'ils exercent sont autant de profanations !
Il eut une part considérable dans le mémoire que l’assemblée présenta au roi contre les entreprises
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Défenseur non moins zélé de l'unité catholique, l'archevêque qui savoit que les élections des évêques d'UtrechtÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Il eut une part considérable dans le mémoire que l’assemblée présenta au roi contre les entreprises des gens de la religion prétendue réformée, qui, au mépris des lois du royaume se multiplioient, au point qu'elles faisoient craindre les suites les plus funestes pour le bien de la religion et la tranquillité même de l'état._________________________________________________________Mémoire au roi a écrit:« Nous avons la douleur, est-il dit dans ce mémoire, de voir élever, dans plusieurs dioceses, autel contre autel ; et la chaire de pestilence placée en quelque sorte à côté de la chaire de vérité. — Si la loi qui a révoqué l'édit de Nantes, si votre déclaration de 1724 avoit été exactement observée, nous osons le dire, il n'y auroit plus de Calvinistes en France — Une infinité de causes ont malheureusement concouru à y mettre obstacle et surtout les faux systèmes de tolérance de ces hommes qui, se disant catholiques, croient, sous cette égide, se mettre à couvert des reproches et des plaintes de l'église, — Systèmes inventés pour renverser toutes nos lois, et y substituer, sous prétexte d'humanité et de bienfaisance, des préceptes de révolte et d'anarchie. — Votre majesté connoît le caractère de la nation, la fausseté mille fois démontrée des prétextes par lesquels on voudroit appuyer le tolérantisme, aussi contraire dans cet état, aux vues d'une saine politique, qu'au bien de la religion. — Ce siecle malheureux abonde en hommes irréligieux, qui ne cherchent qu'à décrier et avilir le saint ministere (1) ».
(1) Mémoire au roi, concernant les entreprises des religionnaires. Procès-verbaux de l'assemblée de 1765.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Défenseur non moins zélé de l'unité catholique, l'archevêque qui savoit que les élections des évêques d'Utrecht sont nulles, et que leur ordination est sacrilege, fut aussi un des principaux promoteurs du décret de l'assemblée, contre les actes du second concile d'Utrecht, tenu en l'année 1763 : concile dans lequel les chanoines et les curés s'étoient rendus égaux aux évêques, dans le droit de s'ériger en juges de la foi.Loménie a écrit:« Cette condamnation, dit l'archevêque, adressant la parole à l'assemblée, étant consignée dans vos registres, sera un témoignage subsistant de votre zele pour proscrire tout ce qui peut altérer la pureté de la foi, de votre attachement au saint-siege, et de votre indignation contre l'ouvrage d'une église schismatique, qui prétend tenir à l'église catholique sans obéir à ses décrets, et conserver la communion avec la chaire de Pierre, en coupant tous les liens de l'unité et de la hiérarchie ecclésiastique (1). »
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(1) Procès-verbaux de l’an 1765.
L'archevêque de Toulouse ne se démentit en rien dans l'assemblée de 1770.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Nous n'allons plus retrouver de Loménie.Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
L'archevêque de Toulouse ne se démentit en rien dans l'assemblée de 1770. La religion trouva en lui la même ardeur à faire proscrire les livres impies, et l'église, le même empressement à repousser les nouvelles atteintes portées aux droits de la puissance spirituelle, par les parlemens qui, non-seulement s'étoient arrogé le droit de commettre des ecclésiastiques, à l'effet de donner l'institution canonique à ceux qui avoient éprouvé des refus de la part de leurs supérieurs légitimes, mais avoient encore porté la témérité jusqu'à étendre leur compétence sur les causes qui regardoient la substance des vœux solennels de religion.
Ce fut la même fermeté dans la ma¬niere dont il dénonça une ordination faite par l'évêque de Bethléem, dans le diocese d'Auxerre, sans la permission de l'évêque diocésain. Enfin, de concert avec les évêques qui formoient la commission particulière qu'il présidoit, il donna ses soins à la composition d'un Avertissement aux fideles sur les dangers de l'incrédulité.
L'assemblée du clergé de 1772 eut encore à se féliciter des preuves de confiance qu'elle lui donna. Il eut une occasion éclatante de défendre les principes de la religion, dans le discours qu'il prononça aux pieds du trône, sur la vraie destination des biens ecclésiastiques, et l'obligation du clergé de s'opposer à toute innovation qui les enleveroit à l'entretien du culte, à celui de ses ministres, et tariroit en même-temps une source de soulagemens pour l'indigence des peuples.
Il éclaira la religion du roi sur les suites du projet d'un ordre militaire respectable et distingué (*), mais qui, par la nature de sa constitution, étranger au corps du clergé, étoit essentiellement exclus de toute incorporation des biens de l'église.
Il remontra au roi avec courage que la religion perdoit sensiblement de son influence dans le royaume, et que l'affaiblissement de la foi, cause funeste de la dépravation des mœurs et de la contagion des principes irréligieux, présageoit toujours aux états le relâchement et la dissolution même des liens qui unissent entre elles les diverses parties du corps politique; motif bien puissant d'exciter dans le cœur du prince le zele pour le maintien de la religion,________________________________________________Loménie a écrit:« sans laquelle, dit-il, en finissant, il n'est point de véritable appui pour les empires, ni de gage assuré de l'obéissance des sujets (1) ».
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(1) Voyez proc.-verb., assemblée de 1772.
(*) L'ordre de Saint Lazare.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Loménie, formant alors la résolution de descendre lui-même d'un rang où il sentoit l'impossibilitéÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Nous n'allons plus retrouver de Loménie. Les inquiétudes sur ses principes et sa conduite commencerent à l'époque, où, ayant obtenu par la faveur de la cour sa translation de l'archevêché de Toulouse à celui de Sens, on le vit joindre aux dignités de l'église, les honneurs du siecle.
A peine étoit-il en possession du poste éminent de premier ministre auquel le roi l'avoit appelé , que , malgré les avertissemens que nous lui donnâmes de se mettre en garde contre les efforts et les artifices des hérétiques, la France vit reparoître les dispositions de l'édit de Nantes sur la tolérance accordée aux protestans ; édit désastreux, source fatale des maux qui assiègent et déchirent l'église et l'empire ; édit que , pour cette raison, le siège apostolique avoit proscrit dès son origine, et sur lequel l'assemblée du clergé de France, et Loménie lui-même s'étoient expliqué avec tant de force et de vérité, dans l'assemblée de 1765.
Nous nous empressâmes de lui en faire porter des plaintes expresses par notre vénérable frère Antoine, archevêque de Rhodes, notre nonce en France. Ce même service avoit été rendu à la religion par plusieurs évêques du royaume ; mais et nos avertissemens et ceux de ses collègues dans l'épiscopat, tout fut par lui rejetté, et resta sans effet.
De Loménie ne s'en tint point là. Il parvint par des voies sourdes et détournées à faire réussir d'autres projets que le temps ne tarda pas à découvrir, et qui, favorables au but où il espéroit d'arriver, causerent à la religion et à l'état un préjudice immense. II s'en promettoit peut-être une ample moisson d'applaudissemens; mais il arrive le plus souvent et sans doute par l'effet de la providence divine, que les illusions vaines et fallacieuses de la politique humaine s'en vont en fumée. Loménie l'éprouva.
Au lieu des éloges et de la faveur du public, qu'il s'attendoit de recueillir, ce ne furent que reproches et accusations. Il devint l'objet de la haine publique, et tomba dans un discrédit si général, que ce fut pour le roi une nécessité de l'éloigner de sa personne.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Nos premieres espérances ne furent point trompées.Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Loménie, formant alors la résolution de descendre lui-même d'un rang où il sentoit l'impossibilité de se soutenir, se décida à remettre au roi , par une démission volontaire, la place de son premier ministre; mais fortement persuadé qu'il ne réussiroit à dérober son front à l'ignominie, et sa vie même au danger qui la menaçoit, qu'en remplaçant par quelqu'autre dignité le ministère dont il alloit être dépouillé, à force d'instances et de sollicitations auprès du roi, qui ignoroit ses desseins ultérieurs, il en tira la promesse d'obtenir de nous, en sa faveur, la dignité de cardinal.
Ce furent, sans doute, une combinaison adroite et une résolution pleine d'habileté et de prévoyance, que la démission de l'archevêque de Sens, sa fuite précipitée de la capitale, et sa sortie du royaume, pour aborder une terre étrangère, où il pût attendre en sûreté le succès de la recommandation du roi auprès de nous.
Il seroit difficile d'exprimer combien effectivement elle fut pressante, et ce que nous éprouvâmes d'instances à plusieurs reprises de la part du roi très-chrétien, pour diminuer les impressions de notre répugnance personnelle. Mais vaincus enfin par les prières réitérées du fils aîné de l'église, cédant aux égards que nous nous sommes toujours fait un devoir de rendre à sa personne et à ses vertus, croyant aussi pouvoir nous flatter de l'espérance que l'archevêque de Sens, devant à cette faveur son repos et sa sûreté, trouveroit dans la dignité même dont il seroit revêtu, et dans la reconnoissance qu'il conserveroit envers nous, des motifs irrésistibles de retourner à ses anciens sentimens, déterminés par ce concours de circonstances et de considérations, nous le proclamâmes cardinal dans le consistoire du 15 décembre 1788.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
L'opinion avantageuse que nous commencions à reprendre en sa faveur ne fut pas de longue durée,Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Nos premieres esperances ne furent point trompées. Nous eûmes un juste sujet de nous y confier, quand, à la premiere nouvelle que Loménie reçut à Nice, où il étoit pour lors retiré, de la dignité de cardinal à laquelle nous venions de l'élever, il se répandit en protestations les plus expressives d'obéissance et d'attachement. Il nous assure, dans ses lettres,Loménie a écrit:« qu''il se sent attaché à notre personne par les liens de l'union la plus intime, et de la plus entière soumission ; que brûlant de l'ardeur vive et inaltérable de défendre les droits de la religion et du saint-siege, il ne forme point de vœu plus empressé, que celui de se voir à portée de faire connoître la sincérité de sa reconnaissance et l'étendue de sa fidélité (1).»
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(1) Lettre du 21 décembre 1788.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Bientôt après il nous peint avec de vives couleurs, les maux de l'église de FranceÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
L'opinion avantageuse que nous commencions à reprendre en sa faveur ne fut pas de longue durée et bientôt des protestations si solennelles ne nous laissèrent que des regrets. En effet, ce nouveau cardinal que la haine publique avoit condamné à vivre en exilé et en transfuge hors de sa patrie, forme tout-à-coup le dessein d'y rentrer. Nous avons ignoré, et certes tout le monde ignoroit avec nous, que la révolution exécutée par l'assemblée nationale, avoit été projettée, arrêtée sous son ministere, et préparée par lui-même. Si-tôt donc qu'il s'apperçut qu'elle prenoit de la consistance, et qu'elle étendoit au loin ses progrès, il se rendit sans différer à son église de Sens.
Là, au mois de mars de l'année 1790, se montrant à découvert, il prononça un discours en public, composé à dessein, dans lequel comblant d'éloges le système de la révolution, il alla jusqu'à se glorifier d'en avoir été un des zélés promoteurs, par ses exhortations et ses conseils; violant ainsi tout-à-la-fois, et les sermens multipliés qui le lioient à l'église et au siege apostolique, et la fidélité qu'il devoit comme sujet à son souverain qui l'avoir comblé de bienfaits.
Il s'expliquoit avec nous d'une manière bien différente dans ses lettres du 15 novembre 1790. Il nous protestoit, et comme archevêque et comme cardinal, qu'il conservoit pour le saint siège, pour les successeurs de saint Pierre, et pour notre personne en particulier, les sentimens du plus profond attachement: cette expression sans doute étoit simulée et cachoit le dessein de nous tromper. Car il nous laissa ignorer le discours qu'il avoit tenu depuis qu'il s'étoit rendu à son église, et en même-temps il nous marquoitLoménie a écrit:« que la constitution civile du clergé alloit droit au schisme ,et tendoit à établir le presbytérianisme en France ».
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Supposant ainsi qu'il fût possible de concilier l'évangile avec la nouvelle constitution, c'est-à-dire, le mensonge avec la véritéÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Bientôt après il nous peint avec de vives couleurs, les maux de l'église de France ; il nous déclare ouvertement qu'elle étoit menacée de perdre la foi ;Loménie a écrit:« encore, ajoutoit-il, si la religion étoit parmi nous telle quelle subsistoit chez nos peres, on pourroit se livrer à quelques espérances ; mais dans quelle situation critique et devenue chaque jour plus allarmante n'est-elle pas tombée » !
Situation qu'il ne craignit pas même de comparer avec l'état où elle se trouve dans les pays infideles.
Il nous présente ensuite le tableau des violences exercées contre les ministres de la religion. Un cardinal et un archevêque, pénétré des sentimens qui lui conviennent, n'eût eu d'autre dessein en nous parlant de la sorte, que d'opposer une digue aux ravages du torrent. Mais que ces vues si louables étoient éloignées de son cœur ! Il ne vouloit par là que réussir à pallier ce qu'a d'odieux le conseil qu'il propose, de s'accommoder à la dure nécessité des temps : conseil, que ne connurent jamais nos peres dans la foi, et que, dans une occasion solennelle, Loménie lui-même réuni alors au clergé de France, avoit rejette avec indignation.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Supposant ainsi qu'il fût possible de concilier l'évangile avec la nouvelle constitution, c'est-à-dire, le mensonge avec la vérité; de Loménie nous insinuoit de ne pas mépriser certaines mesures de sagesse et de modérationLoménie a écrit:« propres à empêcher que la persécution contre le clergé ne fût poussée à outrance ; car, ajoutoit-il, cette assemblée nationale voudra bien décidément, quoiqu'il en arrive, faire exécuter ses décrets ; et il n'est rien, ce me semble, qu'elle ne soit prête à tenter, plutôt que de reculer sur cette résolution ».
De là il concluoit à la nécessité par-dessus tout d'user d'indulgence, comme étant le seul moyen de se soustraire aux fâcheuses extrémités dont étoient capables les auteurs de la constitution, desquels il nous parloit lui-même comme d'ennemis jurés de l'évangile.
Ecoutez-le, vénérables frères, faisant lui-même un aveu de la plus grave conséquence :Loménie a écrit:« la secousse est si violente dit-il, l'état de l'église gallicane est si déplorable que je regarde comme un devoir indispensable de ne négliger aucun moyen, pour empêcher que des hommes ennemis jurés de l'évangile n'insultent encore avec plus d'audace à la religion; que la foi des fidèles ne soit ébranlée dans ses fondements; et (je dois, ajoute-t-il, montrer l'abyme dans toute sa profondeur), que le schisme, peut-être, et le presbytéranisme ne s'élevent sur les ruines du dogme catholique ».
Il part de cette déclaration pour oser nous proposer de
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Il part de cette déclaration pour oser nous proposer de consentir enfin à l'exécution de la partie de ces décrets qui concernent la nouvelle division des territoires, la suppression des dioceses, et un mode d'élections populaires pour les curés, auquel peuvent néanmoins concourir des Juifs, des Mahométans, des Calvinistes, et en général des sectaires dont on sait que, dans plusieurs diocèses de France, le nombre l'emporte sur celui des catholiques.
Il nous laisse dans le doute sur la conduite qu'il entend tenir à l'égard du nouveau régime des séminaires, et des décrets qui portent atteintes aux pouvoirs des évêques.
Il déclara cependant qu'il étoit dans la disposition de n'exécuter aucun des décrets qui tendroient à rompre les liens, qui l'unissent particulièrement au siège apostolique; et revenant encore sur de nouvelles protestations, dont la sincérité n'est pas moins suspecte, il ajoute :Loménie a écrit:« quelle que soit enfin la conclusion de tout ceci, je supplie votre sainteté, de rendre à mes dispositions la justice d'être persuadée, que jamais ni considération, ni motif de crainte, de quelque nature qu'ils soient, ne diminueront en moi les sentimens d'amour et de fidélité que je lui ai voués ».
Cela ne l'empêche pas de recourir sur-le-champ à un nouvel artifice
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Ce fut donc en pleine connoissance de cause, que Loménie plia servilement sa conscience au temps, et favorisa le schisme, tout en protestant du desir qu'il avoit de s'y soustraire.Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Cela ne l'empêche pas de recourir sur-le-champ à un nouvel artifice, pour s'excuser auprès de nous, de ce qu'il alloit prendre son parti définitif, sans attendre notre réponse.Loménie a écrit:« S'il m'était permis, très-saint pere, d'attendre la réponse de votre sainteté, et de remettre jusques-là ce que l'on exige de nous, je m'estimeroit très-heureux; mais il s'en faut bien que j'en aie le pouvoir. Les décrets sur la constitution sont publiés, et on nous presse avec une chaleur et une activité qui ne souffrent aucun délai ».
D'après une déclaration si positive, il nous a paru à propos de garder le silence pour le moment. Nous préférâmes de continuer l'examen de la constitution civile, et de rendre ainsi communes pour Loménie, des réponses que les évêques de France attendoient de nous.
Mais Loménie nous écrivit de nouveau, pour nous faire la relation de ce qui s'étoit passé dans l'intervalle écoulé depuis ses lettres précédentes. Il n'eut point honte de nous exposer, qu'il lui avoit fallu céder aux circonstances, après de mûres réflexions sur les devoirs que lui imposait un nouvel ordre de choses, auquel, attendu les lois impérieuses des temps difficiles où nous sommes, il lui avait paru impossible de se refuser.
Rien ne fut plus capable de l'arrêter. On le vit mépriser l'exemple que lui retraçoit la presque totalité des évêques de France, et fouler aux pieds les principes qu'il avoit autrefois si défendus avec tant de vigueur dans les assemblées au clergé. Il établit un nouveau presbytere, dans son église cathédrale, s'empara du gouvernement des portions de dioceses que les décrets avoient réunis à son territoire; il prêta purement, littéralement et sans aucune restriction, le serment ordonné par l'assemblée, et voici par quelle étrange déclaration il termine son récit :Loménie a écrit:« votre sainteté observera qu'on ne doit tirer d'un pareil serment aucune preuve d'un véritable assentiment de l'esprit; qu'il ne peut s'étendre à des décrets arrachés par la violence, et qui, par cela même, ne peuvent imposer qu'une obéissance passive ».
Est-il rien de comparable à des actes aussi criminels, et à une doctrine aussi scandaleuse ?
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
A la vue d'une multitude de fautes plus graves les unes que les autres, nous nous rappellâmesÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Ce fut donc en pleine connoissance de cause, que Loménie plia servilement sa conscience au temps, et favorisa le schisme, tout en protestant du desir qu'il avoit de s'y soustraire. Il ne pouvoit avoir aucun doute, sur ce qu'il fallait penser de la nullité de l'érection des nouveaux évêchés, sur l'impiété de la persécution suscitée aux évêques chassés de leur siege, sans autre cause que le refus du serment civique, ni enfin sur les consécrations sacrileges des nouveaux évêques.
Lui-même avoit refusé l'institution canonique au curé de Gomecourt, élu à l'évêché de Versailles; mais il déclara qu'il étoit encore incertain du parti qu'il prendroit dans le cas où l'on reviendrait à la charge pour le presser d'accorder les lettres d'institution, laissant entrevoir sa résolution de céder à la fin aux instances, plutôt que de s'exposer à compromettre, disoit-il, la dignité de la pourpre romaine, quoiqu'il eût avoué que ce parti paroissoit à plusieurs l'effet d'un caractère trop foible.
On ne peut exprimer tout le mal que causa dans son diocese l'exemple de Loménie ; on en a la preuve par la lettre qu’adressa, dans cette circonstance, le procureur-syndic de la commune de Sens, au président de l'assemblée nationale.procureur-syndic a écrit:« Je ne doute pas , lui dit- il, que vous n'ayez déja. appris que, dimanche dernier, M. le cardinal, évêque de Sens, a prêté le serment prescrit par la loi, Il ne se trouve personne dans cette ville qui ne soit soumis à la nouvelle constitution ».
Le même caractère de foiblesse se remarque encore dans les écrite de Loménie. On sait qu'au carême dernier. il publia une lettre pastorale, où, s'enveloppant sous les dehors trompeurs d'une fausse charité, il cherche à justifier son serment qu'il représente comme n'étant en rien contraire aux principes qu'il avoit soutenus dans l'assemblée du clergé en 1765, et finit par exhorter les peuples d'embrasser une constitution qui a pour base la liberté de penser, même dans les matieres de religion, et d'ailleurs infectée, des erreurs pernicieuses du Contrat Social, si solennellement proscrit dans l'assemblée du clergé de France, sur le rapport de Loménie.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Nous avons informé du contenu des lettres de Loménie , le roiÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
A la vue d'une multitude de fautes plus graves les unes que les autres, nous nous rappellâmes d'abord le précepte de l'apôtre, qui nous ordonne de reprendre publiquement le pécheur dont le scandale a été public, afin de ramener dans la voie du salut, et le pasteur coupable, et le troupeau que son exemple auroit entraîné dans l'erreur. Nos lettres adressées à Loménie, et rendues publiques, nous ont acquitté de ce devoir.
Nous lui avons fait voir quel déshonneur et quelle injure il avoit faits à sa dignité de cardinal et à celle d'archevêque, en prêtant ce serment de constitution civile, et en concourant à l'exécution de ses décrets; nous ne lui avons pas dissimulé tout le blâme de ses déclarations scandaleuses, toute l'illusion de cette prétendue nécessité dans laquelle il s'étoit retranché, qui, eût-elle d'ailleurs existé, jamais n'eût été un motif suffisant pour l'absoudre de ses sermens envers Dieu et envers l'église ; que son devoir étoit de souffrir plutôt les derniers malheurs que d'y manquer.
Pour donner plus de poids à nos exhortations, nous l'avons menacé, s'il ne se pressoit pas de réparer le scandale par une prompte révocation, de le frapper des peines: canoniques et même de le dépouiller de la dignité de cardinal. Nous terminions ainsi notre lettre paternelle :
le Pape Pie VI a écrit:« soyez touché de nos exhortations et de nos prières; nous vous le répétons de la manière la plus forte , et nous vous en conjurons, ne vous écartez jamais de la voie droite ; attachez-vous constamment aux saintes regles de l'église catholique; montrez- vous, c'est votre devoir, avec une vigueur vraiment épiscopale, ferme et déterminé à vous opposer, par tous les moyens qui sont en votre pouvoir, aux innovations, au schisme et à l'erreur. Ah ! surtout dans ces temps pleins d'orage et de dangers, ne vous laissez conduire que par les impressions de l'esprit divin, esprit de conseil, de force, de foi et de patience courageuse (1) ».
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(1) V. Ier. vol. de cet ouvrage, pag. 103.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Nous avons informé du contenu des lettres de Loménie, le roi à qui nous avons envoyé en même-temps un exemplaire de notre réponse (2). C'est à la recommandation du roi qu'il avait eu la dignité de cardinal; il étoit juste qu'il pû être rappellée par son autorité, à la voie du salut et à son devoir. Nous prévinmes que si ce moyen étoit inefficace, nous serions forcés d'employer la rigueur des peines canoniques.
Mais le succès ne répondit en rien aux espérances que nous avions droit de concevoir. Loménie s'obstine et s'endurcit; il va jusqu'à prendre la défense des erreurs qu'il auroit dû détester. Il ne pensa plus qu'au moyen de quitter la dignité de cardinal de la même maniere qu'il étoit sorti de la place de premier ministre, en renonçant, en apparence, de lui-même, à ses dignités, quand il sentoit bien qu'il s'étoit mis en tel état, qu'il lui étoit impossible de s'y maintenir.
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(2) V. Ier. vol. de cet ouvrage, pag. 275.
Fidele à ce plan de conduite, il nous adressa de Sems
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Il feint d'être douloureusement affecté de la publicité donnée à nos lettres, comme si nous n'avionsÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Fidèle à ce plan de conduite, il nous adressa de Sens, le 26 de mars, une lettre pleine de feinte et de dissimulation ; mais dans laquelle il fait, en termes clairs et précis, la démission de sa dignité de cardinal. Il donna pour motif de sa renonciation , que les choses en sont venues au point qu'il ne peut la conserver sans manquer à ce qu'il doit à la puissance civile, et par-là rend, autant qu'il est en lui, suspect et odieux le serment que prêtent les cardinaux.
Mais à quoi bon cette marche constamment tortueuse et embarrassée de doutes forgés par lui-même ? De quoi s'agit-il ?
Uniquement de la nécessité de préférer l'autorité de Dieu à celle des hommes, la religion à l'apostasie. Loménie, cessant d'appartenir à votre collège, devoit-il être moins ouvertement parjure et moins apostat, tandis qu'au mépris des lois de Dieu et de celles de l'église, il étouffe ses remords pour embrasser et soutenir les erreurs pernicieuses de la constitution ?
Qui ne sait que le serment des cardinaux est parfaitement semblable à celui que prêtent tous les évêques de la catholicité; que ce serment n'impose aucune autre obligation que de conserver une fidélité inviolable à l'église romaine et au saint-siege, et de maintenir le dépôt de la religion; que par cela même il fortifie davantage encore les liens qui doivent attacher à la patrie et à l'autorité légitime des souverains, puisque la patrie et les empires ne peuvent avoir d'appui et de fondement plus solide que la religion.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Loménie, pour effectuer plus sûrement encore sa renonciation au cardinalat,Étienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Il feint d'être douloureusement affecté de la publicité donnée à nos lettres, comme si nous n'avions pas suivi la règle des canons qui prescrit de reprendre publiquement celui dont la faute a été publique. Il se plaint qu'on le blâme de n'avoir point refusé un serment qu'il n'a prêté que de bouche, sans aucun assentiment intérieur; comme si la formule de ce serment n'étoit pas exprimée en termes si clairs et si précis, qu'il est impossible d'élever le plus léger doute sur son véritable sens.
Il voudroit introduire une sorte de distinction entre obéir et approuver, et faire croire, qu'en jurant d'exécuter la loi, il n'a contracté aucune obligation d'en approuver dans son esprit les dispositions : distinction certainement téméraire et détestable. Quand il s'agit de religion, est-il permis d'exécuter ce que la conscience désapprouve ? et n'est-ce pas une maxime fondamentale, qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes; que ce n'est pas même assez que de croire pour accomplir toute justice, qu'il faut encore confesser de bouche, pour mériter la grâce du salut ?
A l'entendre encore, il n'a rien trouvé dans toute la constitution, qui choque ouvertement les vérités de la foi cathodique ou les principes de sa conscience. Prétendroit-il sauver par là le vice d'une contradiction manifeste entre sa conduite dans les assemblées du clergé, où il défendit avec tant de force les principes de la jurisdiction ecclésiastique, et la témérité d'un serment, par lequel il se lie à une constitution qui les détruit. Mais vains efforts de Loménie !
A-t-il oublié que, même apres les premiers actes de sa défection, il nous a, dans ses lettres précédentes, parlé de la constitution, comme devant aboutir au schisme et au presbytéranisme, et des auteurs de la constitution, comme de gens rebelles à l'évangile ? Au reste, il suffit de le renvoyer aux lettres que nous avons adressées aux évêques de France, elles lui découvriront en détail les atteintes portées par les décrets , soit à la foi, soit à la discipline universelle de l'église.
Il se retranche sur le retard de notre réponse. Il voudroit le faire regarder comme une des causes qui l'ont décidé à la prestation du serment, et à l'exécution de plusieurs décrets. Ses lettres même déposent contre lui. Elles contiennent l'annonce précise qu'il prendra sa dernière résolution, avant que d'avoir reçu notre réponse.
La teneur même de la lettre de Loménie, qui renferme une démission précise, est la preuve justificative, de l'exposé que vous avez entendu; Notre secrétaire des brefs, vénérables frères, va vous en faire la lecture (*).
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(*) V. le texte même de cette lettre rapporté dans le recueil de pieces pour ou contre les brefs à la fin du second vol. de cet ouvrage, no. XIII.
Note de Louis: Le texte même de cette lettre sera publié après la retranscription de ce consistoire secret. Bien à vous.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Étienne- Charles de Loménie de BrienneSUITE
Loménie, pour effectuer plus sûrement encore sa renonciation au cardinalat, ne manqua pas d'en informer le roi, par son ministre qu'il pria de nous faire passer directement sa lettre. Ce fut en effet par son entremise qu'elle nous parvint. Son authenticité est donc certaine. Afin de n'omettre aucune précaution, nous avons eu soin que le caractere et la signature en fussent de plus reconnus en présence de notre cher fils Pierre Nigroni, notre protonotaire et secrétaire du consistoire. Loménie a eu soin de faire répandre cette lettre dans tout le royaume, par la voie de l'impression, afin que son projet de quitter la pourpre romaine ne fut ignoré de personne. Nous avons donc presque autant de témoins de sa ferme détermination, qu'il y a de Français ; et on peut joindre encore à ce témoignage universel les lettres des évêques, et les actes particuliers qui sont entre les mains de tout le monde.
Du moment même de l'arrivée des lettres de Loménie, il étoit en notre pouvoir d'admettre sa démission, et de déclarer vacante sa place au sacré collège. La voie de la douceur nous a paru préférable. Nous résolûmes de l'embrasser, afin de faire parvenir de nouveau, par ce moyen, à Loménie, nos exhortations, et des motifs pressans de retourner à la vérité, ce qu'il devoit bientôt trouver abondamment dans les lettres que nous allions adresser au clergé de France, et à tous les fideles de ce royaume. Mais depuis la publication de ces lettres, six mois se sont écoulés. Nous n'avons reçu aucun signe de regret de la part de Loménie : bien plus, le silence plein d'orgueil et de mépris qu'il continue de garder sur la menace que nous lui avons faite de le dépouiller de cette dignité, acheve de démontrer qu'il persévère obstinément dans sa résolution.
En conséquence, attendu la volonté constante de Loménie
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Il faut considérer, vénérables frères, que Loménie quitte sa dignité de cardinal, et retient son archevêché ; qu'en abandonnant sa place dans le sacré college, il n'en demeure que plusÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
En conséquence, attendu la volonté constante de Loménie de renoncer au cardinalat, volonté démontrée par des preuves plus certaines et plus claires qu'aucunes de celles que le saint-siege a coutume de regarder comme valables, et qui sont citées dans le droit, il nous a semblé nécessaire de ne pas différer plus longtemps d'admettre sa démission en plein consistoire.
L'histoire de l'église nous fournit des exemples d'hommes qui ont abandonné leurs dignités, pour prévenir une sentence flétrissante et inévitable. Les saints peres, les conciles et le saint-siege approuvent que l'on renonce à ses places en esprit d'humilité, et avec une détestation sincere de ses erreurs ; et même ils en font un devoir dans les circonstances dont parle S Jean Chrysostôme, et où il est nécessaire d'aller au-devant de la sentence divine, de quitter ses honneurs, son autorité, ses offices, pour se ménager les moyens de guérir les plaies d'une conscience ulcérée, ou afin d'assurer dans un état humble et privé le salut de son ame, qu'exposeroient trop l'éclat et l'élévation des places.
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Re: Consistoire secret du 26 septembre 1791.
Avant de rien statuer, nous vous demandons vos avis : Que vous en semble ? De l'autorité de Dieu Tout-Puissant, de celle des saints apôtres, Pierre et Paul, et de la nôtre, nous admettons laÉtienne-Charles de Loménie de BrienneSUITE
Il faut considérer, vénérables frères, que Loménie quitte sa dignité de cardinal, et retient son archevêché ; qu'en abandonnant sa place dans le sacré college, il n'en demeure que plus attaché à son erreur. Sans doute, le saint-siege doit recevoir avec éloges la démission présentée par des ecclésiastiques qui remettent toutes leurs dignités, et cela par un mouvement de pénitence ou de sincère humilité; mais cette renonciation de Loménie, ne s'étend point à toutes ses dignités ; il s'en faut bien qu'elle paroisse inspirée par le repentir de son erreur, ou par le mouvement d'une sincere humilité ; il ne nous est donc permis de la recevoir que comme devant tenir uniquement lieu de la peine et de la privation de la dignité de cardinal, desquelles nous l'avions nous-mêmes menacé.
Ainsi nous laisserons subsister la suspense de l'exercice de son ordre, dans laquelle il est tombé, alors qu'averti de rétracter, dans le délai de quarante jours, son serment civique, il a refusé d'obéir à ce commandement apostolique. Cette acceptation doit encore avoir lieu, sans préjudice des autres peines canoniques qu'il auroit déja encourues, ou qu'il pourroit encourir dans la suite, s'il persistoit obstinément dans son erreur et sa prévarication.
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