LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
II
L’attaque catholique implique deux éléments :
L’opposition au mal, et le courage dans cette opposition.
Quel est ce mal contre lequel on doit se lever comme autrefois se levait le Seigneur dans sa juste colère? « A cause de la misère du pauvre, et des gémissements de ceux qui souffrent ; à cause de l’oppression de mon peuple, je vais me lever », a répété, maintes fois, le Seigneur sous l’ancienne Alliance, et son secours apparaissait ; A son exemple, quel est le mal contre lequel on doit se lever, justement indigné?
C’est :
Le mal intellectuel ou l’erreur;
Le mal moral ou le vice ;
L’erreur et le vice, ces deux louves cruelles qui ravagent le troupeau de Dieu, ainsi que Dante les nommait ;
l’erreur qui fait sombrer les intelligences, le vice qui ruine les volontés et les santés. Voilà le mal, les louves, que, sans cesse, a recherchées et poursuivies l’attaque catholique, avec une indignation presque toujours triomphante.
Mais ne vise-t-elle pas aussi les personnes? ne doit-on pas chercher à frapper et à détruire les personnes
qui sont les ennemis déclarés de Jésus-Christ et de son Eglise ?
Cela n’est licite que dans un cas extrêmement rare, celui des guerres saintes : par exemple les Croisades, où les armées de l’Europe se jetèrent contre les Turcs, à ce cri de commandement poussé par un Pape :
Dieu le veut ! Dans tous les autres cas, l’attaque catholique qui s’adresse à l’erreur et au vice qu’elle déteste, respecte et épargne la personne humaine qu’elle chérit.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13756
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Autre éclaircissement :
L’attaque catholique ne peut-elle pas viser un gouvernement persécuteur ?
Réponse :
L’autorité légitime de ce gouvernement? non, jamais ; mais l’erreur et le vice dont ce gouvernement empoisonne ses sujets, c'est-à-dire le mal intellectuel et moral? oui, vraiment, et résolument, avec noble indépendance. Lorsque l'apôtre saint Pierre entra pour la première fois dans Rome païenne, sous le règne de Néron, il est dit dans les magnifiques homélies de saint Léon le Grand, que l’intrépide apôtre pénétrait clans cette espèce de forêt, retraite de bêtes farouches, et qu'il marchait sur les profonds abîmes de cet océan plein de tempêtes. Saint Pierre respecta l’autorité de Néron ; mais il affronta cet océan dangereux, il brava ces bêtes farouches, et bêtes et océan, tout fut dompté par lui.
Donc, en thèse générale, le mal, uniquement le mal, voilà ce contre quoi le zèle catholique se lève, comme il est dit dans la Bible que le Seigneur se levait. Le courage est son deuxième élément constitutif : courage d’autant plus élevé et invincible, qu’il a Dieu comme source, Dieu pour soutien, et Dieu comme récompense. Que ses exploits sont beaux à travers les siècles !
Autant de formes du mal, autant de variétés du courage chrétien :
C’est le soldat saint Victor qui, entraîné devant les statues des idoles pour leur brider de l’encens :
« Voici l’encens, » dit-il, et d’un coup de pied il les fait rouler à terre ;
C’est le pontife saint Basile qui, menacé par un prince hérétique d’avoir son ministère entravé, répond : « Il n’est pas plus facile d'enchaîner la parole d'un évêque que d ’enchaîner un rayon de soleil. »
C’est la grande comtesse Mathilde qui, après un revers de ses armes au service du Saint-Siège, accueille les débris de son armée par ces paroles : « Vainqueurs hier, nous sommes vaincus aujourd'hui ; il n’y a que le courage qui soit de tous les jours. » C’est le Croisé qui s’arrache aux douceurs d’une vie de château, et aux étreintes de sa femme et de ses enfants pour aller au loin, bien loin, délivrer le Saint Sépulcre.
C’est l’héroïque enfant de la Vendée qu’un soldat de la République couche en joue, en lui criait : « Rends-toi! » — Et toi, rends moi mon Dieu ! » répond l’intrépide chrétien, et il tombe martyr.
Tel est le courage dans l’attaque catholique ; il se confond avec l’amour, c’est son plus bel éloge, cet amour dont parle ainsi l'auteur de l' Imitation : L ’amour souvent ne connaît point de mesure; mais, comme l'eau qui bouillonne, il déborde de toutes
parts... Jamais l'amour ne prétexte l'impossibilité parce qu'il se croit tout possible et tout permis1, et aussi, le courage chrétien ; dans son zèle contre le mal, il déborde de toutes parts, et il ne prétexte jamais l’impossibilité.
1 Imitation, liv. III, chap. v : « Des merveilleux effet de l'amour divin. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13756
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
III
La nécessité de cette attaque qui a le mal pour objet et, pour aliment, la flamme du courage, ne s’est jamais fait sentir plus impérieusement aux catholiques qu’à l'heure présente. Une comparaison tirée des oiseaux de nuit va le faire comprendre.
Voici, d’abord, la description de ces sombres oiseaux et de leurs mœurs cruelles :
« Ils ont une haine déclarée pour la lumière, il l’évitent comme leur ennemie, et ils se cachent dans les antres les plus obscurs, pendant qu’elle éclaire l’univers. Ils attendent avec impatience le retour des ténèbres, pour sortir des prisons où le jour les tient enfermés, et ils témoignent alors leur joie par des cris, qui portent la crainte et l’effroi dans l'esprit de ceux qui les entendent.
« Leur figure a quelque chose de sauvage, de hideux, de taciturne ; on croit voir, dans leur physionomie, la haine peinte contre l’hoimne et contre tous les êtres vivants.
« Ils ont presque tous un bec crochu et des serres tranchantes; leur proie une fois saisie ne peut échapper. « Ils se servent des ténèbres et du temps du sommeil pour surprendre les autres oiseaux endormis, joignant ainsi la surprise à la cruauté, l’artifice à la fureur; et après n’avoir veillé que pour le malheur public, ils se retirent avant le lever du soleil dans leurs cavernes sombres et inaccessibles à la lumière.
« Ils préfèrent ordinairement les anciens bâtiments tombés en ruine, à toutes les autres retraites, comme si la désolation et les ruines qui marquent les négligences des maîtres ou la décadence des familles étaient capables d’inspirer quelque sentiment de joie à ces funestes oiseaux1.
1 Duguet, Explication des six jours de la Création : cinquième jour.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13756
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
De la description des oiseaux de nuit, passons à celle des hommes de mal :
La physionomie de ces hommes, qui ont l’âme noire, n’est-elle pas identique à la figure sauvage, hideuse, taciturne des oiseaux de nuit ? Ne joignent-ils pas, comme eux, la surprise à la cruauté, l’artifice à la fureur ?
N’apparaissent-ils pas aux époques sombres de l’humanité, alors que la nuit descend sur la société ? Les ruines ne sont- elles pas les retraites qu’ils choisissent de préférence? Il leur faut des ruines; et depuis que, sous les coups de la Révolution, l’Europe et, en particulier, la France, se sont couvertes de décombres, les oiseaux de nuit, je veux dire les hommes de ténèbres, ne se sont ils pas multipliés? Il semble qu’on n’aperçoive plus dans l'air qu’esprits impurs, que bandes noires :
l’atmosphère en est vicié. Et enfin, le sommeil de l’indifférence ayant favorisé la sortie et les manœuvres des hommes de mal, n’ont-ils pas, sinon en proie, du moins en expectative de proie, tous les hommes de bien? C’est là notre état. Heureusement qu’il peut aboutir à une solution de délivrance, mais à la condition d’une offensive hardie et générale.
En effet, revenons aux oiseaux de nuit :
Il y a un moyen de les rendre faibles. Si pendant qu’ils sont sortis de leurs retraites et répandent l’effroi au milieu des ténèbres, une lumière vient subitement à briller et les surprend; aussitôt ces funestes oiseaux sont éblouis et aveuglés. Ils ne voient plus où ils vont. Ils donnent tète baissée contre tous les obstacles, au lieu de les tourner et de se tirer d’affaire.
En un mot, à l’encontre des autres créatures pour qui la nuit est pleine de dangers, pour eux, c’est le jour qui est plein de dangers !
N’y a-t-il pas là, gravée dans la nature, une bien éloquente leçon d’offensive? Les hommes de mal sont des oiseaux de nuit, et les catholiques sont des porte-lumières. Montrez-vous donc, ô catholiques ! Vous avez tous les moyens d’aveugler et de déconcerter vos ennemis. Ce qui fait leur audace et leur force, ce sont les ténèbres ; ils se sentent forts dans un temps de conspirations, de sociétés secrètes. Ce qui amène leur faiblesse, c’est le plein jour, un temps d’action à découvert. Il faudrait, si c’était possible, saisir le soleil dans son orbite et le plonger dans les yeux et les actes de ces gens-là!
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13756
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
IV
« Nous sommes découragés, nous sommes devenus timides, » objectent beaucoup d’hommes de bien. De fait, à part quelques champions fiers mais passagers comme les aigles, l'audacieuse et entreprenante race de Japliet ne se reconnaît plus, en Europe, dans les rangs du bien ; et dans cette France, dont le nom signifie franchise, exemption du joug, marchent, la tête baissée, trop de Français qui ont accepté le joug du mal.
Allons, race de Japhet, reprends ton audace ; enfants de la vieille France, brisez le joug des hommes de mal.
Voyons vos objections :
Vous dites : «Les conditions du combat ont changé. Au temps des Croisades, on criait : Aux armes ! maintenant, on crie : Aux urnes ! Ce n’est plus le glaive qui décide de la victoire, c’est le scrutin. Or, s’il s’agissait de tirer le glaive, nous nous lèverions ; mais devant le scrutin, nous sommes sans force, sans énergie.»
Hommes de bien, quelle erreur est la vôtre ! comment ! parce que le combat n’est plus sanglant, mais est devenu intellectuel, vous croyez devoir vous abstenir, et vous laissez tomber vos bras. Comprenez donc, et revenez vite à l’action. Ces combats nouveaux où le glaive n’intervient plus, mais où les voix se comptent, et où, sous les voix, les âmes se montrent :
ces sortes de combats s’annoncent comme devant être les grandes luttes providentielles de la consommation des siècles. Ils furent les combats du commencement, alors que saint Michel avec les anges fidèles combattait contre Lucifer et ses légions : nullement avec des glaives, mais avec leurs voix : Qui est comme Dieu ! avec leurs votes d’esprits purs ! Combattez de même, votez bien. Ces combats, où les âmes se montrent, vous sont avantageux :
si les fils de lumière doivent être vainqueurs quelque part, c’est bien dans la région des âmes et des esprits !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13756
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Vous dites, dans une autre objection :
« Pourquoi nous montrer, pourquoi agir ? Ce n’est plus nécessaire. Les mauvais sont en possession légale du pouvoir public. Le salut viendra de l’excès du mal. »
C’est là une fausse espérance, et, de plus, cette manière de penser et de parler n’est pas permise. Non, il n’est pas permis de rien attendre de l’excès du mal. Le mal ne produira jamais que le mal. Dieu sans doute laisse faire le mal parce qu’il sait qu’avec sa souveraine sagesse et sa toute-puissance il en tirera le bien. Mais nous, créatures, nous ne devons jamais faire fond sur l’excès du mal pour en espérer la sortie du bien. Pareil procédé n’est pas catholique.
Ce qui pourra contribuer à notre salut, ce n’est pas l’excès du mal, c’est ce que j’appellerai l'avènement du mal à la lumière; c’est bien différent. En effet, il est prouvé par l’expérience que le plein jour est funeste aux projets des mauvais, tout comme la lumière aux oiseaux de nuit. Or, en s’emparant du pouvoir ou de la puissance publique, il est arrivé que le mal s’est fourvoyé dans le grand jour, et j’affirme que c’est là ce qui le tuera1. Les peuples commencent déjà à se rendre compte des résultats des sociétés secrètes par leur avènement à la lumière. Le grand comte de Maestro a porté ce jugement prophétique: La Révolution de 89 et de 93 enfantera un monstre, et les peuples reculeront d’horreur. Nous y sommes, à cette époque du monstre!
Cela étant, quel est le devoir des catholiques? S’abstenir? Qu’ils s’en gardent. Mais puisque le mal s’est fourvoyé dans la lumière en prenant possession du pouvoir, les catholiques doivent avoir comme tactique, et se faire une obligation, d’augmenter, d’accumuler la lumière, de la rendre vengeresse, de la promener du haut en bas, et de long en large, du corps social, afin que le mal soit bien éclairé, et qu’on contemple le monstre ! Tout doit contribuer à cette clarté vengeresse :
réunions où l’on démasque la franc-maçonnerie ; publications populaires pour dire au peuple trompé :
« Mais regarde donc ! » vigoureuse organisation de la bonne presse qui atteigne les endroits les plus reculés. En un mot, dans ces terribles et dernières convulsions du mal révolutionnaire, il faut que l’immense clarté catholique soit la voix qui crie : Laissez passer la justice de Dieu !
1 « Tout ce qui commence sous terre est frappé de l'incapacité de vivre en plein jour et en plein air. » ( L a c o r d a i r e .)
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Monique- Nombre de messages : 13756
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