LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Cette journée a été le triomphe des mœurs chrétiennes sur les lois révolutionnaires d’un pôle à l'autre, s’est levé pour acclamer le Vicaire de Jésus-Christ, réduit en captivité dans cette Rome qui doit tout aux Papes, et dans ce palais du Vatican, la seule demeure que n’ait pas envahie l’étranger.
Il a entraîné dans son élan magnanime les gouvernements et les pouvoirs publics ; et tous, peuples et rois, ont fléchi le genou devant le Pontife aux trois couronnes, exaltant son nom et s’inclinant devant son irréprochable et irrésistible puissance.
Une feuille peu suspecte, comparant la situation du Pape et celle du roi d’Italie, concluait :
« ... Le roi Humbert, en entendant les acclamations qui lui arrivaient du Vatican, a dû faire de sombres réflexions sur l’isolement dans lequel il était laissé, alors que toutes les pompes de la souveraineté entouraient le Pape, et très probablement il a du se dire :
« Le prisonnier, ce n'est pas lui, c’est moi1. »
O Église catholique, en cette éclatante journée, tu as bien apparu comme la seule reine!
Puissent les mœurs arracher à la politique d’autres semblables surprises !
1 Journal la Lanterne
A suivre..
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
VI
La prérogative essentielle de la royauté réside, avons-nous dit plus haut, dans la puissance de faire le bien.
Ce sera donc traiter encore l’Eglise en reine que de contribuer, par tous les moyens possibles, à lui assurer le plein et libre exercice de sa puissance de faire le bien.
Il y aura bientôt trois quarts de siècle que des personnalités généreuses, surgissant dans les rangs catholiques et s’armant, avec la bravoure des anciens Croisés, du glaive de la parole et de la plume, auront contribué à conserver à l’Eglise, devant les Parlements et l’opinion publique, sa liberté d’enseigner. Combats de tirailleurs, combats d’avant-garde, batailles rangées, rien n'a coûté à leur constance et à leur abnégation pour aider à ce rayonnement bienfaisant et princier, ordonné par le Christ:
Docete omnes gentes, enseignez toutes les Nations!... Parfois, les efforts n’ont pas été assez disciplinés, et même, comme il arrive dans la fougue des batailles, il y a eu des coups de tête, des engagements périlleux, et, parfois aussi, des discussions pénibles entre compagnons d’armes. Mais l’ensemble de la lutte a été mémorable, grandiose, fructueux ; et il restera à l’honneur des catholiques du milieu de ce siècle, que non seulement ils ont aimé l’Eglise comme la plus tendre des mères, mais que, défendant leur reine avec jalousie, ils ont maintenu à son front le premier de ses diadèmes, celui qui présente cette inscription gravée par Jéhova lui-même, sur la tiare du Grand Prêtre : Doctrine et Vérité. Lacordaire, Montalembert, Salinis, Veuillot, Gerbet, Dupanloup, et tantd’autres, dormez en paix : l’Eglise porte toujours à son front le précieux diadème pour lequel vous avez comme avec jalousie, ils ont maintenu à son front le premier de ses diadèmes, celui qui présente cette inscription gravée par Jéhova lui-même, sur la tiare du Grand Prêtre : Doctrine et Vérité. Lacordaire, Montalembert, Salinis, Veuillot, Gerbet, Dupanloup, et tant d’autres, dormez en paix : l’Eglise porte toujours à son front le précieux diadème pour lequel vous avez combattu, et à son tour elle garde et bénit vos tombes !
A suivre..
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Héritiers de leurs combats, nous, catholiques des dernières années du siècle, sachons continuer l’élan de magnanimité dont nous avons reçu le dépôt.
Les royales prérogatives de l’Eglise réclament cet élan. Car, avec sa liberté d’enseigner qui est de nouveau en péril, sont aussi menacées et sa liberté dans l’apostolat et sa liberté dans la bienfaisance. Debout donc, ô catholiques, autour de notre reine !
O Église, tu resteras reine : vois comme tes pieux enfants combattent pour conserver libre et intacte ta puissance de faire le bien !
Ils ne se montrent pas inférieurs à ceux qui ne sont plus. Porte-diadèmes de l’Église sont les Mermillod, les Freppel, les Monsabré, les de Mun, les Ghesnelong, les Lucien Brun, les Iieller, les Harmel, comme l’ont été les Lacordaire, les Ravignan, les Dupanloup et les Montalembert. C’est la même sève, le même feu, le même amour. L’Église, reine toujours jeune et belle, suscite toujours la lignée des chevaliers !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
0 Église, tu resteras reine, parce que, même des rangs de ceux qui te combattent et dénigrent tes diadèmes, te viendra un secours : ce secours, la lassitude de l’égarement et le besoin de ta bienfaisance. Un de tes enfants a salué, d’un regard inspiré par l’amour, ce dénouement consolateur : « Lorsque le temps aura fait justice des malheureuses théories qui, en asservissant l’Eglise catholique, lui ont enlevé une grande partie de son action sociale, il sera facile de savoir quel remède y apporter ; on connaîtra que l’art de gouverner les hommes ne consiste pas à lâcher sur eux la liberté du mal, en mettant le bien sous fidèle et sure garde. On délivrera le bien ; on dira aux hommes fatigués d’ennuis séculaires : Vous voulez vous dévouer à Dieu? dévouez-vous. Vous voulez vous retirer de ce monde trop plein où les intelligences surabondent ? retirez-vous. Vous voulez consacrer votre fortune au soulagement de vos frères souffrants? consacrez-la. Vous voulez donner votre vie à enseigner le pauvre et le petit? enseignez-les. Vous tous qui voulez le bien sous quelque forme que ce soit, qui livrez la guerre à l’orgueil et aux sens révoltés, venez et faites. Nous nous sommes usés à combiner des formes sociales, et la vie n’est jamais descendue dans nos creusets brisés. Qui a la vie la donne, qui a l’amour le répande, qui a le secret le dise à tous! Alors commenceront des temps nouveaux avec une nouvelle effusion de richesses ; et la richesse, ce n’est ni l’or, ni l’argent, ni les vaisseaux qui rapportent des extrémités de la terre des choses précieuses, ni la vapeur et les chemins de fer, ou tout ce que le génie de l’homme peut arracher des entrailles de la nature : la richesse, il n’y en a qu’une, et c’est l’amour1 ! »
Ainsi serait justifiée et exaltée, dans un complet triomphe de la terre avant de l’être dans celui des cieux, la pacifique royauté pastorale de l’Eglise que nous nous sommes plu à décrire. Elle avait droit à tous les honneurs, et le seul dont elle se soit montrée jalouse était la liberté de transformer la terre entière en un immense et doux bercail. Gouvernements et peuples auront compris, à la fin, l’importance de l’aider et de la favoriser dans l’achèvement de ce bercail d'amour.
1 Lacordaire, Lettre sur le Saint-Siège.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
CHAPITRE VI
DE L ’INFLUENCE DES CATHOLIQUES SUR LES GLOIRES
DE LEURS PATRIES
***
I. Comme quoi les catholiques ne doivent pas supporter l’injure d’être considérés comme une quantité négligeable dans tout ce qui peut être glorieux pour la patrie. — II. Ce qu’est la gloire; elle implique un écoulement de l'éclat infini de la Divinité. Le christianisme en a popularisé l’acquisition par l’usage plus répandu des couronnes. Les gloires des patries chrétiennes, les couronnes de la France. — III. Rôle de médiation qui appartient aux femmes; médiatrices de gloire : de quelle manière. Côté de la mission de Jeanne d’Arc accessible aux femmes françaises. — IV. Autre service national qu’elles doivent rendre : continuer la France par le cœur. — V. Visée qui s'impose aux hommes de bien : ressaisir la prépondérance dans les affaires et les gloires de la patrie. Premier moyen de réussite : l’infiltration de l’esprit chrétien. Encouragement dans la manière dont le Christ demeure le maître de ses ennemis. — VI. Second moyen : être prêts et unis pour une occasion propice. Le saut sur la locomotive et le parallélisme des rails.
______________________________IL’insolence s’est abouchée avec la perfidie ; ensemble, elles ont formé ce dessein : Enlevons les patries aux catholiques.
Alors qu’ont-elles imaginé?
Elles se sont plaintes d’une contrariété essentielle que la patrie des cieux causait à la patrie de la terre :
« La cité mystique trouble, dans ses intérêts, la cité réelle. Elle énerve les aptitudes des citoyens. Elle affaiblit l’homme en divisant ses vues. Nous gagnerons à nous débarrasser de l’imaginaire, pour mieux servir et fortifier la véritable. »
Partant de cette prétendue opposition et passant aux personnes, la perfidie et l’insolence ont ajouté : « Les catholiques doivent être considérés désormais comme une quantité négligeable, dans les affaires et les gloires de la patrie. »
Elle est jolie, l’expression !
Les catholiques, quantité négligeable quand il s’agit de la France, c’est comme si les israélites pouvaient être réputés semblablement quantité négligeable lorsqu’il s’agit de la Bible...
La Bible revendique les israélites, et la France les catholiques !
La prévision de l’antagonisme que la méchanceté inventerait entre les deux patries est une des choses qui ont le plus attristé et alarmé la grande âme du Père Lacordaire à la fin de sa vie. Il écrivait à des jeunes gens : « On vous dira que l’amour de l’Eglise est incompatible avec l’amour de la patrie, que tôt ou tard vous aurez à choisir entre l’une ou l’autre, et que vous ne demeurerez un membre fidèle de la première qu’en devenant un fils dénaturé de la seconde. J’attache un grand prix à ne pas vous laisser cet écueil en perspective, parce que l’amour de la patrie est avec l’amour de l’Eglise le sentiment le plus sacré du cœur de l’homme, et que, s'il était possible que l’un fût ennemi de l’autre, ce serait, à mes yeux, le plus profond déchirement que la Providence eût ménagé à notre épreuve d’ici-bas ; mais il n’en est rien. La patrie est notre église du temps, comme l’Eglise est notre patrie de l’éternité, et, si l’orbite de celle-ci est plus vaste que l’orbite de celle-là, elles ont toutes deux le même centre, qui est Dieu ; le même intérêt, qui est la justice le même asile, qui est la conscience ; les mêmes citoyens, qui sont le corps et l’âme de leurs enfants1. »
On ne saurait démontrer d’une façon plus claire et plus brillante l'indissoluble alliance des deux patries.
Que les catholiques repoussent donc de toutes leurs énergies et de toutes leurs indignations ce rôle de quantité négligeable qu’on leur assigne !
On ne s’entend guère, entre conservateurs, sur la question des gouvernements ; mais l’entente peut se faire sur celle des gloires.
Essayons-la, dans ses grandes lignes.
1. Troisième Lettre à un jeune homme (Du culte de Jésus-Christ dans l'Église).
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
II
Qu’est-ce que la gloire ?
Consiste-t-elle dans le concert des louanges unies à l’estime ? dans les applaudissements de la foule ? Elle est cela, mais plus que cela ; car souvent les louanges procèdent de la flatterie, de l’adulation, d’un enthousiasme éphémère ; et si les applaudissements populaires créaient la gloire, quand les voix de la foule sont tombées, la gloire passerait comme un vent du soir qui tombe aussi.
Elle est donc plus que des louanges, que des applaudissements.
Consiste-t-elle dans la célébrité, le renom au loin, à travers les espaces et les temps ? Elle est cela, mais plus que cela ; car la célébrité est contestable, elle s’attache aux mauvaises actions aussi bien qu’aux bonnes ; Mandrin est célèbre comme Bayard est célèbre ; et la gloire qui serait contestable, ou établie sur des bases contraires à la morale, cesserait de porter ce beau nom. Elle doit être pure et brillante comme le disque du soleil ; que l’œil y découvre une tache, et son prestige diminue, et même cesse soudainement. Que d’hommes sur lesquels la gloire ne tient pas !
Elle est donc plus que de la célébrité, que du renom.
Consiste-t-elle alors dans les objets eux-mêmes qui ont servi à son lever, comme l’horizon sert au lever du soleil ? et doit-on dire avec le savant qu’elle réside dans les découvertes de la science? avec le poète, qu’elle réside dans les vers ? avec l’artiste, qu’elle s’identifie avec la toile ou la pierre animée ? avec le navigateur, qu’elle se découvre avec des continents ? et avec les guerriers, qu’elle éclate dans les exploits des batailles et la conquête des royaumes?
Elle est encore tout cela, mais plus que tout cela : car si la peinture a immortalisé Raphaël, et la science Newton, et la poésie Corneille, et la navigation Christophe Colomb, et les champs de batailles Alexandre et Napoléon, que de génies sont demeurés inconnus, parce qu’ils ont été mal servis par leurs œuvres, remarquables et peu remarquées.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Indépendante dans ses libéralités, la gloire n’accompagne pas toujours la mémoire de ceux qui avaient usé leur vie à la chercher, tandis qu’elle vient s’asseoir sur la tombe modeste de quelqu’un qui l’avait fuie.
O gloire, belle indépendante, qu’es-tu donc ?
Elle répond :
Je m’exprime, sans doute, par l’estime, les louanges et les applaudissements; je dure par la célébrité; je me sers de la science, de la poésie, de la peinture, de la navigation, des exploits dans les batailles, je me sers de tout cela, comme de matériaux glorifiants; mais je suis moi-même plus que tout cela, mieux que toutcela :
je suis un don de la Divinité qui est la gloire essentielle dans son foyer éblouissant et qui daigne faire descendre dans les œuvres et les actions des humains tantôt un rayon, tantôt une étincelle, de son éclat infini.
Méditez cette réponse, elle est vraie; Bossuet n’a-t-ilpas dit :
Celui qui règne dans les cieux, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l'indépendance...
Une étincelle descend de ce foyer éblouissant, et par elle, une œuvre, une action humaine, devient glorieuse 1 ; La Divinité est donc vraiment la source et la sanction de toutes les gloire.
1 Tout don excellent, dit l'apôtre saint Jacques, vient d'en haut et descend du Père des lumières.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Cela est si vrai, que le Christianisme, en illuminant et en précisant la notion de Dieu, a illuminé et précisé la notion de la gloire : illumination et précision qui se sont faites d’une manière charmante et populaire, par la coulée, en quelque sorte, de la gloire dans l’idée et l’usage des couronnes.
Le Christianisme, en effet, qui est la forme complète et définitive de la Religion, est venu proposer à chaque homme la gloire éternelle auprès de Dieu sous la forme d’une couronne à conquérir. Il s’est plu à mettre sous tous les yeux ces paroles des Livres saints :
Heureux celui qui souffre patiemment, parce que, lorsque sa vertu aura été éprouvée, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui L'aiment 1.
Lorsque le Prince dès pasteurs paraîtra , vous remporterez dans la gloire une couronne qui ne se flétrira jamais 2.
Soyez fidèle jusqu’à la mort, et je vous donnerai la couronne de vie 3.
Qu’un autre ne prenne pas votre couronne 4.
Que c’est beau ! et comme cette révélation de la béatitude sous la forme d’une couronne à conquérir auprès de Dieu satisfaisait bien les besoins de notre nature !
1 Epitre de saint Jacques, chap. I.
2 Première Épitre de saint Pierre, chap. V.
3 Apocal, II.
4 Ibid., III.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Tous, en effet, n’avons-nous pas fait des rêves de gloire ? Le christianisme s’est offert à réaliser nos aspirations dans ce qu’elles avaient de légitime1, par l’usage des couronnes qu’il a universalisé. Dès le jeune âge, les récompenses dans les écoles chrétiennes sont accompagnées de couronnes, pour inaugurer chez l’adolescent le désir de la vraie gloire. La première communion et la vocation religieuse ont, chacune, leur couronne de lis ou de roses blanches, pour exprimer la gloire de la pureté. Le mariage a la sienne en fleurs d’oranger, pour symboliser la bonne odeur ou le renom d’un foyer chrétien.
Cet usage, l’antiquité l’avait réservé aux divinités de l’Olympe, aux rois et aux triomphateurs. Mais le christianisme l’a tellement popularisé, que les ducs, les marquis, les comtes, les barons, ont voulu avoir leurs couronnes. Les cités, les corporations, les états de toutes sortes, en ont mis sur leurs blasons.
Après avoir brillé partout durant la vie, mélancoliques, elles ornent les tombes !
Par cet usage universel, le besoin de gloire dont notre nature a soif a donc été délicieusement stimulé, dirigé; et par sa dernière évolution, qui est la couronne qui ne se flétrit pas ou la récompense éternelle, le Dieu du christianisme nous a, de beaucoup, amoindri la crainte de passer par la mort. « Comme il fallait tôt ou tard, sortir de la vie, la Providence a mis au delà du terme un charme qui nous attire, afin de diminuer nos terreurs du tombeau. Quand une mère veut faire franchir une barrière à son enfant, elle lui tend de l’autre côté un objet agréable, pour l’engager à passer. De même, pour engager le chrétien à franchir le tombeau, la Religion lui présente de l’autre côté une couronne1.
1 L'amour de la gloire, renfermé dans les bornes de la sagesse et de la modération, n’a rien que d'honnête et de légitime ; et la religion même l’avoue et le consacre. C'est la passion des belles âmes, qui estiment assez leurs semblables pour ambitionner de mériter leur attention et leur suffrage par l'éclat de leurs talents ou de leurs vertus. (Para du Phanjas.)
1 Chateaubriand.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
La transition aux gloires nationales ne sera pas difficile.
Si la gloire, pour un individu, relève de Dieu, à plus forte raison les gloires d’une nation en relèvent-elles. En effet, qu’est-ce qui rend une nation glorieuse ? N’est-ce pas le succès des batailles, s’il y a la guerre, et le succès des entreprises, si la paix règne. Or, ces succès ne dépendent-ils pas de la Providence ? Les événements qui forment comme le tissu des gloires nationales ne se déroulent-ils pas du pied du Trône éternel? et s’ils ont pour point de départ le libre arbitre de l’homme, n’ont-ils pas pour soutien et consécration le bon plaisir et la faveur de Dieu ? Aussi un prince et un pays qui voudraient arriver à la gloire tout en rejetant la Divinité, tenteraient-ils l’absurde ? Jusqu’à la fin des temps, on dira la renommée de Néron, la célébrité d’Attila, mais on ne dira jamais la gloire de Néron ou d’Attila, parce que leur férocité a bravé le ciel. On dira la gloire d’Alexandre, parce qu’Alexandre le Grand, en entrant dans le Temple de Jérusalem, s’est abaissé devant la majesté de Jéhovah. Si au lieu d’ouvrir les temples fermés par la Terreur, Napoléon avait fait la guerre à Dieu, ses cent batailles gagnées n’eussent jamais suffi à établir sa gloire. Les gloires nationales exigent donc, sur elles, un reflet de la Divinité : mais principalement, lorsqu’il s’agit d’une nation devenue chrétienne. Toute nation qui a eu l’honneur et le bonheur d’être acquise par le Christ de Dieu n’occupe une place dans la gloire qu’à la condition d’en offrir une, dans ses hauts faits, au Christ de Dieu. Lui, en retour, récompense la nation qui pense ainsi à lui, en obtenant, pour elle, dans la gloire même, cette bonne mesure dont parle l’Evangile :
Confertam, et coagitatam, et supereffluentem 1, une mesure de gloire pressée, entassée, et qui déborde. D’où vient que la France, l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, l’Autriche, ont été, depuis quinze siècles, les nations les plus illustres de la terre, sur les champs de batailles, dans les arts, dans les sciences, dans la navigation, les plus illustres en tout, sinon, de ce que, le Désiré des nations étant devenu le Bien-aimé de ces nations, leurs aptitudes naturelles, transfigurées par son Evangile, guidées par son Eglise, bénies par sa grâce, sont devenues les ouvrières, sans rivales, de la civilisation.
1 Luc, VI, 38.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Leurs gloires, brillantes devant l’histoire, trouveront encore leur sanction dans l’éternité. Le Père Lacordaire a dit très justement, à propos des couronnes de la France : « ... L’arianisme défait, le mahométisme défait, le protestantisme défait, un trône assuré au souverain pontificat, voilà les quatre couronnes de la France, couronnes qui ne se flétriront pas dans l’éternité. De même que le prêtre, les apôtres, les docteurs, les vierges, les martyrs, ont dans le ciel leur signe distinctif, parce que rien ne se perd de ce qui est fait pour le Seigneur, et que nous retrouvons près de lui la gloire que nous lui rendons sur la terre, pourquoi les peuples fidèles, les peuples serviteurs de Dieu, ne conserveraient-ils pas à jamais le signe de leurs services et de leurs vertus ? Les liens de famille ne sont pas brisés dans le ciel; Jésus-Christ, en élevant sa mère au-dessus des saints et des anges, nous a fait voir que la piété filiale est une vertu de l’éternité. Pourquoi les liens des nations seraient-ils rompus ? Pourquoi ne reconnaîtrions-nous pas nos chevaliers, nos rois, nos prêtres, nos pontifes, à un caractère qui rappelât leurs travaux communs pour le Seigneur et pour son Christ ? Oui, j’aime à le croire, sur leur robe nuptiale, lavée dans le sang de l’Agneau, brilleront, ineffaçables et merveilleusement tissées, les quatre couronnes de la France1. »
Eh bien, c’est parce que nous croyons, nous catholiques, que le nombre des couronnes de la France n’est pas arrêté ni complet, et c’est parce que nous voulons, nous catholiques français, qu’au jour des éternelles récompenses les couronnes remportées par la France soient les plus nombreuses et les plus brillantes : c’est pour ces motifs du temps et de l’éternité que nous ne nous désintéresserons jamais des gloires nationales, mais que nous leur imprimerons le reflet et le sceau du Christ, qui est l'ineffaçable Splendeur ! Quand le Fils de l’homme apparaîtra sur les nuées avec une grande majesté, et que les peuples, comme l’insinue saint Paul, seront entraînés à sa rencontre, si une mappemonde doit se former, dans les airs, autour de son auguste Personne par les hommages de toutes les nations, nous voulons que, dans cette sublime géographie transportée de la terre aux cieux, la place d’honneur appartienne encore à la nation française !
1 Discours sur la vocation de la nation française.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
III
Dans cette revendication du droit chrétien sur les gloires d’un pays, quel est le rôle des femmes, et pourquoi les nommons-nous les premières?
Puisque Dieu est le dispensateur de la gloire, le premier service national que peuvent rendre à leur patrie des femmes chrétiennes consiste à faire que Dieu soit favorable à cette chère patrie. Ce rôle de médiation leur convient, leur revient; elles savent si bien se faire heureuses médiatrices pour le pardon et l’indulgence ; pourquoi leur bonheur serait—il moins grand quand il s’agit de la gloire ?
La mission de Jeanne d’Arc peut être continuée par les femmes françaises, sous un aspect qui leur est parfaitement accessible. Le voici :
Qu’était-ce que Jeanne d’Arc ?
Dieu a voulu dire un jour au monde sa pensée sur la France ; il a voulu la dire à la France elle-même. Depuis Clovis et Charlemagne, les nations de l’Europe savaient bien que la France était la préférée ; les Souverains Pontifes l’avaient donné à entendre dans des éloges qui sont restés célèbres : mais Dieu ne l’avait pas dit lui-même.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Or, un jour, l’aveu divin fit explosion, et Jeanne d’Arc fut la révélation de la pensée de Dieu :
« O France, je vais te dire ce que je pense de toi ! » Et alors, appelant saint Michel et ses anges, le Seigneur forme cette merveilleuse créature qui allait être l’expression de sa pensée et de son amour. Il lui donne d’abord ce brillant reflet des champs et des vallons de Lorraine qui la rendit simple, vive et fraîche comme l’aurore libératrice des ténèbres, et colorée comme l’arc-en-ciel, signe de clémence. Tous les dons départis à la femme ont répondu à l’appel du souverain Artiste :
la délicatesse, la bonté, « Jeanne était si bonne fille! » la douceur, la sensibilité « souvent Jeanne a pleuré » ; quelles perles dans chacune de ses larmes ! Toutes les nuances exquises dont sont susceptibles la pureté et la magnanimité sont distribuées dans son âme, droite comme une tige de lis et ouverte à tous les héroïsmes. Parce qu’en France on est épris de la bravoure, elle sera brave jusqu’à la témérité. L’esprit français pétille en elle. Par les voix qu’elle entend, elle semble appartenir à quelque demeure éthérée ; et par les conseils qu’elle donne, elle confond l’expérience des vieux capitaines. Comme le cheval ajoute à la beauté humaine et guerrière, le Tout-Puissant la fait monter à cheval. Qu’elle était belle alors, message vivant du Dieu vivant ! avec sa cuirasse éclatante, son baudrier d’or, tenant haut sa bannière victorieuse, le visage illuminé par toutes les joies du succès et toutes les grâces d’une pudeur céleste. Il est dit de Judith, libératrice des Hébreux, « qu’après avoir repris les vêtements précieux et magnifiques de sa joie pour aller trouver Holopherne, elle, déjà si belle, reçut de Dieu même un nouvel éclat, parce que toute sa parure n’avait pour principe aucun mauvais désir, mais la vertu Seigneur, dit l’Ecriture, lui augmenta encore sa beauté, afin de la faire paraître aux yeux de tous dans un lustre incomparable. » Le Seigneur fit de même, il fit mieux, pour Jeanne d’Arc, libératrice de la France. Après lui avoir prodigué tous les attraits possibles : attraits de la jeunesse, du charme, de l’innocence, de l’esprit, de la bravoure, du succès, du merveilleux et du prodige, il les rehausse par un suprême coup de pinceau; trempé dans la pourpre du Golgotha, le pinceau fait d’elle la beauté en douleur, dans une douleur incomparable, une martyre !
Voilà ce que fut Jeanne d’Arc ! Elle fut la révélation de la pensée de Dieu sur la France : par elle, Dieu a dit son amour !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN
Il a été prononcé, sur le divin Rédempteur, cette fameuse formule appréciative, trouvée par saint Léon le Grand : Reconnais, ô chrétien, ce que tu vaux, puisque pour te sauver il a fallu un tel Rédempteur ; il est permis, en se gardant bien d’établir un parallèle, de recourir toutefois à la même formule :
Reconnais, ô France, ce que tu vaux, puisqu’il t’a fallu une telle libératrice !
Pour en revenir au rôle de médiatrices qui appartient plus particulièrement aux femmes, il y a un côté de la mission de Jeanne d’Arc qui demeure accessible à leur patriotisme. Il consiste à enchaîner la pensée de Dieu sur la France. Jeanne d’Arc fut la révélation de sa pensée, l’expression de son amour : Françaises, enchaînez la pensée de Dieu ; car enchaîner la pensée, c’est obliger à aimer !
Et qu’est-ce qui enchaîne la pensée de Dieu ? La prière, d’abord.
Quand vous priez avec larmes et gémissements, Dieu se laisse toucher :
si, offensé, il se disposait à partir, il abandonne son départ, captif du repentir.
Qu’est-ce qui enchaîne encore la pensée de Dieu ? La pureté.
L’Écriture le déclare : le Seigneur se complaît au milieu des lis 1 ; un cœur pur le retient. 0 Françaises, si jamais le Dieu des armées nous manquait, la faute en serait aux mœurs, dont vous tenez le sceptre et qui, devenues mauvaises, auraient jeté Dieu hors des frontières, ces frontières que Jeanne d’Arc a couvertes et sanctifiées !
0 Françaises, faites Dieu votre captif par la prière et par la pureté ; ce sera un grand service national. De Jeanne d’Arc il ne reste que sa bannière, qui conduisait à la victoire ; relique suffisante pour abriter de ses plis votre prière et votre pureté, qui, elles aussi, prépareront des victoires.
1 Cantic., II.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
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