Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique.

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Message  Louis Lun 09 Oct 2023, 6:52 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique
(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 4

Saint-Joseph de Simcoé. — Eloquence de Kamaiarkan.

SUITE

Cette apostrophe, d'une si haute éloquence, ne détermina pas les sauvages à bouger. Pour les convaincre, il fallait autre chose que des paroles, tout enflammées qu'elles fussent. Un exemple s'imposait. Exempla trahunt !

— Quoi ! vous hésitez !... Vous croyez toujours que le baptême fait mourir ?... Eh bien ! vous allez voir.

Aussitôt, il plaça ses quatre enfants au milieu de l'assemblée, et, les présentant au P. Chirouse:

— Robe noire, dit-il, commence par eux. Baptise-les, je te prie. Ces imbéciles que ma voix n'a pu convaincre, refuseront-ils de se rendre à l'évidence ? Si le baptême fait mourir, mes quatre enfants mourront.

Ouvrant de grands yeux, les sauvages suivirent avec une attention craintive les phases de la cérémonie.

Le baptême reçu, les enfants ne moururent pas.

Comment douter davantage, devant une démonstration aussi concluante ?

Sur l'ordre de leurs redoutables maris, les sauvagesses apportèrent leurs bébés.

Séance tenante, le P. Chirouse en baptisa plus de cinquante.

Aucun ne passa de vie à trépas.

Jongleurs et sorciers n'avaient plus qu'à se taire.

A la suite de cette mémorable assemblée…

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Message  Louis Mar 10 Oct 2023, 5:22 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 4

Saint-Joseph de Simcoé. — Eloquence de Kamaiarkan.

SUITE

A la suite de cette mémorable assemblée, le prêtre acquit sur ces pauvres gens une influence de plus en plus croissante.

— Le P. Chirouse réalise un bien considérable, écrivait le P. Ricard à Mgr de Mazenod, le 18 septembre 1848. Il parle le walla-valla et le yakima à la perfection. Les sauvages l'aiment beaucoup. C'est vraiment un apôtre. Malgré sa jeunesse, il ne le cède pas aux plus expérimentés.

Peu à peu la mission de Saint-Joseph s'améliora, même au point de vue matériel. Pour détourner ses néophytes de la vie nomade, leur vigilant pasteur leur apprit à cultiver le sol. Ils eurent bientôt de beaux champs de blé, de pommes de terre et de maïs.

— Que ne possédons-nous un moulin ! écrivait-il. Mes pauvres sauvages sont obligés de manger le blé, simplement après l'avoir fait bouillir. Si nous pouvions le moudre ici, quel avantage, et quel encouragement pour eux ! Et une scie mécanique pour tailler les planches, de quelle utilité ne leur serait-elle point ? Ils pourraient, alors, se construire des maisons, et avoir une habitation fixe. L'évangélisation serait immensément plus facile.

De son côté, le Fr. Blanchet, en demandant au P. Tempier une foule d'objets pour l'agriculture, concluait par cette réflexion pratique :

— Puisque le but de notre Congrégation est de remplacer, autant que possible, les Ordres religieux détruits par la Révolution, nous ferons ainsi revivre, en partie, ceux qui, durant le moyen âge, défrichèrent les forêts de l'Europe, pour bâtir des chapelles et des couvents, autour desquels la population se groupa. C'est par ce procédé qu'ils ont fondé une multitude de villes et de bourgades, dans l'Ancien Monde. Nous les imitons, dans le Nouveau.

La même pensée reparaît, sous couleurs poétiques, dans une lettre du P. Ricard au Supérieur général :…

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Message  Louis Mer 11 Oct 2023, 6:20 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 4

Saint-Joseph de Simcoé. — Éloquence de Kamaiarkan.

SUITE

La même pensée reparaît, sous couleurs poétiques, dans une lettre du P. Ricard au Supérieur général :

— Nous convertissons en jardins les forêts aux arbres géants, afin de transformer en enfants de Dieu ces sauvages au cœur plus dur que la pierre.

Puis, cette remarque délicate :

— Malgré la peine que nous cause votre séparation, nous préférons, vu les circonstances, être, en ce moment, loin de vous. Si vous nous voyiez travailler comme nous le faisons, avec la cognée, vous souffririez trop. Assurément, vous ne pourriez soutenir ce spectacle, sans verser des larmes. Nous connaissons votre sensibilité et votre tendresse. Soyez certain, cependant, que nous travaillerons, tant que Dieu nous en conservera la force. La pensée du bien à accomplir dans ces pauvres âmes, nous fait oublier nos maux.

Chose extraordinaire ! les sauvages se montrèrent reconnaissants. Du fond du cœur, ils s'attachèrent à ceux qui se dévouaient avec tant de générosité pour leur bien-être et le salut de leurs âmes.

Au mois de juillet 1850. le P. Chirouse dut s'absenter, pendant quelques semaines. Trois de ses sauvages l'ayant rencontré au fort Vancouver, ne purent cacher leur émotion, et de grosses larmes coulaient de leurs yeux.

—  Ah ! dit le plus âgé, pourquoi nous laisses-tu si longtemps ? Tous désirent ton retour. Ne tarde pas !

Un des plus élevés dans la tribu dit, un jour, à l'intendant du Gouvernement pour les Affaires indiennes :

—  Les Américains sont nos amis, mais les prêtres sont nos pères... Les prêtres nous aiment, et nous les aimons.

§ 5 Sainte-Croix d'Attanem...

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Message  Louis Jeu 12 Oct 2023, 5:06 am


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(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 5

Sainte-Croix d'Attanem. Règlement de vie des sauvages.

Une lettre humoristique du P. Chirouse, datée du 25 juillet 1851, nous initie au règlement qu'il avait imposé aux sauvages, dans un de leurs campements d'hiver, où il les suivait.

— Dès cinq heures du matin, je les appelle, au son d'une corne de bœuf qui remplace la cloche future. Leur toilette n'exige pas grand temps, et tous se rendent assez exactement à la prière. Je leur fais ensuite le catéchisme, mais, à ce moment, une demi-heure seulement, pour ne pas trop fatiguer leur attention. Ils se retirent pendant une heure, et reviennent, alors, assister à la Messe... A midi, la corne de bœuf avertit le village que chacun doit dire l'Angelus... Vers deux heures, instruction pour tous ceux qui désirent recevoir le baptême. A six heures, explication détaillée de la leçon de catéchisme récitée le matin ; puis, une classe de lecture et d'écriture pour les enfants, quelques cantiques et la prière du soir, après laquelle chacun se retire, en me touchant la main, en signe de remerciement...

Après mon frugal repas, je joue quelques airs sur l'accordéon, pour me délasser l'esprit, je prépare ma méditation, j'examine ma conscience, et je m'endors dans la paix du Seigneur.

Cette station, dédiée à la Sainte-Croix, se trouvait dans la  partie inférieure de la vallée de l'Attanem, affluent de la Yakima.

A la fin de l'année 1853. le P. Ricard pouvait écrire :

— De plus en plus, les sauvages s'affectionnent à nos Pères. Ils ont maintenant faim et soif de la parole de vie. Si quelques-uns refusent encore de se laisser baptiser, c'est parce qu'ils reculent devant les obligations de la morale chrétienne, et, pour ce motif, renvoient, à plus tard, la réception du sacrement ; mais ils sont tous instruits, savent leurs prières, aussi bien que les plus courageux, et les récitent. Tout me porte à croire que même les récalcitrants, comme cela est arrivé plusieurs fois, réclameraient, à grands cris, le baptême, s'ils étaient en danger de mort... En somme, le bien accompli jusqu'à présent est sensible, et j'augure mieux encore de l'avenir.

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

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Message  Louis Ven 13 Oct 2023, 6:48 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique
(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§1

Les commencements d’une capitale.

A l'extrémité occidentale du Washington, entre la chaîne des Cascades à l'est et les monts Olympics à l'ouest, une dépression considérable du sol, en s'abaissant sous la mer, forme le Puget Sound, ou baie Puget. C'est un plus des magnifiques estuaires du monde, et comme la continuation du détroit de Géorgie séparant l'île de Vancouver du continent américain. Des études géologiques ont permis aux savants d'affirmer que, durant les périodes préhistoriques, cette baie se prolongeait dans toute la vallée de la Willamette, orientée suivant le même axe.

Quoique sa largeur moyenne ne soit que de six à huit kilomètres, sa superficie comprend plus de cinq mille kilomètres carrés, tant les lignes de son littoral, extrêmement déchiqueté, sont irrégulières, se contournent en tous sens, et pénètrent dans les terres. On leur attribue un développement de plus de treize cents kilomètres (1).

Il en résulte une foule de fiords, analogues à ceux de Norvège, vrais bras de mer profonds, ramifiés comme les branches d'un tronc principal, déterminant des presqu'îles aux dentelures capricieuses, entre lesquelles surgissent des îles nombreuses, au milieu d'un dédale de canaux.

De hautes montagnes couvertes de forêts épaisses et d'un sous-bois luxuriant, lui font un cadre superbe. Au nord-ouest, ce sont les monts Olympics, dont les crêtes ont de deux mille à deux mille sept cents mètres d'altitude ; au sud-est, les pics de la chaîne des Cascades, dominés, au nord, par le mont Baker (3.383 m.), et, au sud, par le majestueux mont Rainier, immense cône volcanique, l'un des plus grandioses de l'Amérique, car il atteint plus de quatre mille quatre cents mètres. Des vapeurs sulfureuses s'échappent de ses deux cratères, encerclés par dix-sept glaciers qui, de la cime, rayonnent sur ses flancs, et engendrent des torrents qui se précipitent, rapides, sur un lit de rocher.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. - Page 2 Page_232

Répondant au désir exprimé par l'archevêque, sous la juridiction duquel cette région était provisoirement placée, le P. Ricard, au mois de mai 1848, se rendit au Puget Sound, pour examiner quel serait l'endroit le plus favorable à un établissement. Aucun Missionnaire n'y avait encore paru. Là, cependant, était le meilleur port de l'Orégon, et vraisemblablement, un jour, les avantages de ce site y attireraient une population notable.

L’intention du P. Ricard était d’y…
____________________________________

(1) Cf. A. Friekman, Côtes de l'Orégon et du Territoire du Washington (dépôt du Ministère de la Marine), in-8°, Paris, 1872. C. Leighton, Life at Puget Sound, with sketches of travel in Washington Territory. in-12, Boston, 1884.

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Message  Louis Sam 14 Oct 2023, 6:41 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).  

§1

Les commencements d’une capitale.

SUITE

L'intention du P. Ricard était d'y fixer sa résidence et la maison provinciale des Oblats. De ce centre, le Supérieur visiterait ses sujets dans leurs divers postes, et eux-mêmes viendraient y retremper leur vie religieuse, dans les exercices de la retraite. Les communications avec l'Europe seraient également facilitées, car la plupart des navires y feraient escale. On délaissait, en effet, de plus en plus, le port situé à l'embouchure de la Columbia, où plusieurs naufrages avaient eu lieu, à cause des bancs mobiles de sable et des bas-fonds qui en obstruaient l'entrée.

Même pour l'évangélisation des sauvages, cet établissement était nécessaire, car plusieurs tribus habitaient sur les bords de cette baie immense. Il importait  de prévenir l'arrivée des ministres protestants.

S'autorisant des lois du pays, le P. Ricard et le Fr. Blanchet choisirent un vaste terrain qui leur fut livré par le Gouvernement, en possession pleine et entière, à la condition qu'ils en défricheraient et cultiveraient une partie, en un certain laps de temps. C'était sur la côte orientale d'une des anses les plus méridionales, le Budd's Inlet, à un kilomètre et demi environ au nord de l'endroit où s'éleva, dans la suite, la ville d'Olympia, et non loin de l'embouchure de la petite rivière des Chutes. Ils s'y installèrent, le 14 juin 1848.

En souvenir d'eux et de leurs confrères, le promontoire sur lequel ils construisirent leur demeure, s'appelle encore Priests' Point, la pointe ou le cap des Prêtres (1). L'érection canonique eut lieu, le 23 août.

Ce n'est pas sans une émotion profonde que, lors de notre voyage en Orégon, soixante-quatre ans plus tard, nous avons visité ce théâtre des labeurs héroïques de nos premiers Pères.

Maintenant que de riches et populeuses cités animent ces régions fertiles, sillonnées en tous sens par des lignes de chemin de fer très actives, comment s'imaginer les difficultés presque insurmontables qu'offrait, alors, la colonisation ? Bois impénétrables, broussailles touffues, ravins escarpés, torrents impétueux, marécages et fondrières se rencontraient constamment. On ne s'avançait que la hache à la main. C'était la lutte de chaque jour contre les colosses du règne végétal, rangés en colonnes serrées, pour opposer un obstacle formidable aux efforts des envahisseurs pacifiques, apôtres de la foi chrétienne et pionniers de la civilisation.

Le terrain choisi par le P. Ricard confinait…
_____________________________________________________

(1) Cf. History of the Pacific Northwest Oregon and Washington, by North Pacific History Company, 2 in-fol., Portland, 1889, t. I, p. 302.  

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Message  Louis Dim 15 Oct 2023, 5:56 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique
(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§1

Les commencements d’une capitale.

SUITE

Le terrain choisi par le P. Ricard confinait à la mer, mais se trouvait à la lisière d'une vraie forêt vierge, aux arbres gigantesques montant verticalement jusqu'à quatre-vingts mètres de hauteur avec, à la base, une circonférence de six à sept mètres, et quelquefois davantage.

Malgré leurs dimensions extraordinaires, ces arbres énormes étaient si rapprochés qu'ils se touchaient presque. On dut en abattre un grand nombre, pour trouver l'espace d'un jardin et d'un champ cultivable. Ce travail préliminaire de défrichement ne demanda pas moins d'une quinzaine de mois.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. - Page 2 Page_233

A cette époque, la population blanche était extrêmement rare. Il n'y avait encore, dans tout le Puget Sound, que cinq ou six familles américaines, ou irlandaises, très disséminées. Le colonel Simmons y conduisit les premières, en 1845, les fixa près de l'embouchure de la rivière des Chutes, et appela cet embryon d'établissement New Market. C'est actuellement la ville de Tumwater, à deux ou trois kilomètres au sud d'Olympia.

Moitié  anglais, moitié  indien, le mot Tumwater signifie précisément « Chute d'eau  » (1).

En l'honneur du chef de la Sainte Famille de Nazareth, pour lequel il professait une dévotion spéciale, le P. Ricard mit sous la protection du chaste Époux de la Reine des Vierges sa maison provinciale, qui fut Saint-Joseph de New-Market. et, bientôt, Saint-Joseph d'Olympia. Ce dernier nom fut donné à la capitale naissante par le P. Ricard et ses compagnons, à cause de la magnifique vue qu'on avait, de là, sur les monts Olympies (2).

Il ne tarda pas à se féliciter de son choix...
_________________________________________________________________________________

(1)  Cf. Clinton A. Snowden. History of Washington. The rise and progress of an American State, 5 in-8°. New-York. 1909-1911, t. II, p. 433 et note. Voir aussi The state of Washington, Officiai statistics, in-8°, s. d., p. 38.
(2)  Cf. A. Snowden. op. cit., t. II. p. 452.

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Message  Louis Lun 16 Oct 2023, 5:36 am


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CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§1

Les commencements d’une capitale.

SUITE

Il ne tarda pas à se féliciter de son choix.

— Notre emplacement promet beaucoup, écrivait-il. le 8 janvier 1850. à Mgr de Mazenod. Dans moins de deux ans, j'en suis persuadé, nous aurons ici une ville qui pourrait bien devenir la plus importante de l'Orégon, et elle ne se bâtira que sur notre terrain, ou dans son voisinage-immédiat, car les gros navires sont tous obligés de s'arrêter vis-à-vis de notre demeure. Nous sommes les premiers qui ayons attaqué cette forêt vigoureuse, qui apportait tant d'obstacle au défrichement. Songez que nous avons dû abattre des arbres de six à sept mètres de circonférence ! Le rude travail auquel nous nous sommes livrés, loin de nous enlever l'estime des Américains, l'a augmentée, au contraire. Ils ont admiré notre courage, et sont ravis d'un si bel exemple.

On venait de loin visiter les Pères. On les félicitait d'avoir changé, en jardin fleuri et en verger fécond, ces lieux, où l'on ne pouvait presque point passer auparavant, tant la forêt y était dense. A la vue d'un résultat si merveilleux, plusieurs familles se groupèrent dans les environs.

Un centre de population se formait, et on le devait aux Oblats. Mais que de vertus et d'héroïsme, même chez les plus humbles !

Depuis plusieurs années, un des plus ardents à ce rude labeur, le Fr. Vernet. avait, à la jambe, une plaie incurable, qu'il s'était faite en se blessant, par mégarde, avec une serpette. Le froid des montagnes des Yakimas aviva ses souffrances, et le P. Ricard le transféra à Olympia, dont le climat était plus doux.

Désolé de ne pouvoir atténuer ses douleurs, il lui demandait souvent avec, une tendre sollicitude :

— Comment va votre jambe, aujourd'hui ?

Et le bon Frère répondait avec indifférence, comme s'il s'était agi d'une chose qui ne le touchait pas :

— Je ne sais pas... je ne l'ai pas regardée.

Les prévisions du P. Ricard se réalisaient de plus en plus…

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Message  Louis Mar 17 Oct 2023, 5:29 am


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CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§1

Les commencements d’une capitale.

SUITE

Les prévisions du P. Ricard se réalisaient de plus en plus. Le 3 mars 1850, il écrivait :

—  Deux Compagnies se sont constituées, ayant des navires pour les voyages d'ici à San Francisco. On va définitivement bâtir une ville. De l'avis de chacun, la meilleure place pour elle et surtout pour ses quais est sur notre terrain. J'espère donc que ceux des nôtres qui nous succéderont, remercieront Dieu de m'avoir conduit ici.

Au mois de juin, plusieurs maisons et un beau magasin s'élevaient déjà.

Leur chapelle devenant insuffisante, les Pères s'occupèrent de la construction d'une église plus vaste, pour laquelle même des protestants voulurent souscrire, afin de hâter les travaux.

Rapidement, Olympia allait de progrès en progrès, et prenait franchement l'aspect d'une cité moderne.

— Quand j'arrivai ici. écrivait le P. Ricard, le 13 juin 1852, quelle solitude, au milieu des bois !... Aujourd'hui, nous avons tout ce que la civilisation apporte : magasins de tous genres, hôtels, poste, douane, boulangers, bouchers, forgerons, etc. La semaine dernière, trois navires entraient, en même temps, dans notre port.

A la fin de l'année 1853, Olympia était déjà suffisamment développée, pour qu'on fît d'elle la capitale du Washington, et le siège du Gouvernement. C'est, de nos jours, une fort jolie ville, bâtie sur un plan régulier, avec de magnifiques monuments, des rues larges, ombragées d'ormes et d'érables. La plupart des habitations sont entourées de verdure.

Dès l'origine, les Pères eurent, dans le centre de la cité, un établissement pour l'évangélisation de la population blanche. Celui de la Priests' Point, à vingt minutes de distance, fut plus spécialement affecté à l'instruction religieuse des sauvages du Puget Sound. Le progrès de ceux-ci dans la Foi chrétienne fut des plus consolants.

Au sujet de la Priests' Point et du ministère si fécond des Oblats, au double point de…

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Message  Louis Mer 18 Oct 2023, 12:49 pm


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CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§1

Les commencements d’une capitale.

SUITE

Au sujet de la Priests' Point et du ministère si fécond des Oblats, au double point de vue de la civilisation et des conversions opérées, nous avons trouvé, durant notre séjour à Olympia, et nous sommes heureux de le citer, un témoignage des plus autorisés et des plus flatteurs, celui de Mme Stevens, femme du premier gouverneur général du Washington  :

—  La mission catholique sur le rivage de la baie, dit-elle, est une large construction, une sorte de monastère avec terres cultivées et un très beau jardin fleuri, a large dark house, or monastery, surrounded by cultivated land, a fine garden filled with flowers. D'un côté, vers la mer, on admire d'immenses haies de giroflées, épanouies, dont le doux parfum ressemble à celui du violicr d'Angleterre, et embaume délicieusement l'air... bordered on one side, next the water, with immense bushes of wallflowers in bloom : the fragrance resembling the sveet English violet, filling the air with its delicious odor...

Le vénérable supérieur, le P. Ricard, est venu de France... il a avec lui le P. Blanchet, plus petit de taille, mais de large carrure, et qui préside, d'une façon si intelligente, à tout le temporel, ayant sous ses ordres plusieurs serviteurs occupés aux divers emplois... He had with him Father Blanchet... who managed everything pertaining to the temporal confort... under him were servants who were employed in varions ways, baking, cooking, digging, and planting.

Les fruits que j'ai goûtés, là, étaient excellents, et, alors, une très grande et précieuse rareté, vu qu'il n'y avait presque pas d'autre verger dans le pays... Autour de la demeure, campaient, de temps en temps, de nombreux sauvages, qui, grâce aux Pères, sont de très bons catholiques, bien instruits des vérités religieuses et des préceptes de la morale qu'ils pratiquent exactement...

Matin et soir, ils chantaient leurs prières, dans leur propre idiome, sur un ton grave et solennel. La première fois que je les entendis, assise sur mon yacht, au milieu des eaux calmes, en face de cette belle nature, à l'heure du soleil couchant, j'en fus impressionnée, plus que je ne saurais dire. Nous visitions souvent le P. Ricard, qui était un homme de haute éducation, a highly educated man, et par qui nous étions toujours parfaitement reçus. Ce religieux distingué semblait prendre plaisir à pouvoir s'entretenir avec nous dans sa langue maternelle, que d'autres qu'il avait rencontrés, disait-il, ne parlaient que d'une façon incorrecte (1)...
__________________________________________

(1) Cf. A. Snowden. The rise and progress of an American State. t. III, p. 254.

§ 2. Les Indiens du Puget Sound...

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Message  Louis Jeu 19 Oct 2023, 5:24 am


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(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§2

Les Indiens du Puget Sound.

Ces sauvages qui édifiaient tant Mme Stevens, n'avaient pas toujours été tels. Ils opposèrent au zèle des apôtres plus d'obstacles encore que les arbres géants à la cognée des bûcherons.

Quelques mois après son arrivée, le P. Ricard en traçait le portrait suivant :

— En eux, l'homme animal règne en maître. Plus nous les étudions, plus nous constatons que leurs habitudes ressemblent à celles des êtres privés de raison. Leur démarche, leur manière de s'asseoir, de manger, de dormir; leur paresse, leur stupidité : tout rappelle l'animal. Vous n'en verrez jamais un contempler les spectacles de la nature... Ils cherchent ce qu'ils peuvent manger, et rien de plus... Quelque service que vous leur rendiez, il ne leur viendra jamais à la pensée de faire quelque chose pour vous... La Foi seule peut porter un prêtre à se dévouer pour leur conversion... Mais comment faire apprécier les sublimités de notre sainte religion à ces êtres ensevelis dans la matière ?... Animalis homo non percipit quœ sunt Dei !... Quand ces paroles de saint Paul s'appliquèrent-elles avec-plus de justesse ? Ce ne sont pas des hommes: ce sont des loups... parfois des tigres...

Non seulement, en effet, ces Indiens étaient grossiers et gloutons, mais, de plus, voleurs et assassins. Le gouvernement dut en condamner plusieurs à la potence, en punition de leurs crimes.

— Voilà quelle affreuse race de gens, ou plutôt de bêtes fauves, nous avons à instruire des vérités surnaturelles, écrivait encore le P. Ricard, le 8 janvier 1850. Ce sont des idolâtres de leur ventre !... Il n'y en a pas un seul qui, pour une bouteille de rhum, ne soit prêt à vendre sa femme, ses filles, et son âme, par-dessus le marché !... Une loi a été votée défendant de leur procurer des liqueurs enivrantes ; mais ceux qui ont le devoir de veiller à son exécution, sont les premiers à l'enfreindre... Enfin ! nous ne nous décourageons pas ! Comme saint Jean-Baptiste, nous parcourons le désert épineux, et, comme lui, nous préparons les voies.

Dans un terrain aussi ingrat, le bien s'opéra, néanmoins ; lentement, mais sûrement…

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Message  Louis Ven 20 Oct 2023, 5:14 am



Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§2

Les Indiens du Puget Sound.

SUITE

Dans un terrain aussi ingrat, le bien s'opéra, néanmoins ; lentement, mais sûrement.

D'abord, quelques enfants baptisés allèrent prendre possession du ciel.

Ce seront des protecteurs, disaient les Missionnaires. Ils prieront pour leurs malheureux parents.

Des mourants aussi reçurent le baptême, dans des conditions de foi et de repentir, qui présentaient des garanties sérieuses pour leur salut.

Puis, des adultes eux-mêmes, un peu moins revêches aux vérités divines, s'aperçurent qu'ils avaient une âme immortelle, et apprécièrent davantage le dévouement de ceux qui, au prix de tant de fatigues et de privations, s'efforçaient de soulager leurs misères physiques, et de leur procurer le bonheur éternel.

— Dimanche dernier, écrivait le P. Ricard, le 1er mars 1850, j'ai baptisé douze sauvages, dont sept grandes personnes, et j'ai béni quatre mariages.

Les néophytes augmentèrent peu à peu. Si les Missionnaires catholiques ne consentaient pas, comme les messagers de l'erreur, à acheter les âmes, à prix d'argent, ils payaient leur rachat bien plus cher encore, par leurs souffrances, leurs sacrifices quotidiens, leur immolation continuelle.

— Je sais tout ce qu'il faut endurer parmi les sauvages, écrivait le même Père ; mais je crois pouvoir dire avec saint Paul : Nihil horum vercor, nec jacio animam meam pretiosiorem quam me, dummodo consummem cursum meum et ministerium verbi. Je me soumets humblement aux épreuves par lesquelles il plaît à Dieu que je passe. Je le bénis dans la joie, comme dans la peine, puisque tout vient de Lui, et pour notre sanctification. Mes confrères sont dans des sentiments identiques : pleins de bonne volonté... résignés à tout souffrir pour la gloire de Dieu et le salut des âmes...

La pensée que Dieu est glorifié par quelques-uns de ses serviteurs dans ces parages, où nul n'élevait auparavant son cœur vers Lui, nous console, nous soutient et nous encourage...

L'Evangile et le divin Nom de notre aimable Sauveur sont prêchés, là, où, sans nous, il n'y aurait pas de prêtres...

L'Hostie pure et sainte est offerte sur ces plages lointaines !... Nous chantons les louanges du Créateur, au milieu de ces déserts, où, jusqu'à ce jour, n'avaient retenti que le cri des animaux, ou les vociférations confuses des sauvages...

Nous prions, là, où la prière n'était pas connue...

Nous offrons à Dieu notre travail et le sacrifice de nous-mêmes, chose que personne ne savait faire ici. A Lui de féconder nos sueurs, et de donner l'accroissement à la semence que nous jetons dans le sillon, si péniblement creusé !...

§ 3. Admiration des protestants...

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Message  Louis Sam 21 Oct 2023, 7:24 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§3

Admiration des protestants.

SUITE

Le spectacle de l'héroïsme des Missionnaires impressionnait vivement les protestants, d'autant plus frappés de tant de vertus, qu'ils avaient sous les yeux la vie stérile de leurs propres ministres.

— Avant de venir ici, disait l'un d'eux, je n'avais jamais vu de prêtre catholique. Me fiant à des rapports mensongers, je les jugeais méchants comme le diable, pensant que je serais obligé de me battre avec eux, dès que je les rencontrerais. Maintenant que je vous connais et que je vous vois à l'œuvre, je ne puis vous refuser mon respect, mon estime et ma sympathie. Chaque fois que je pourrai vous être utile, je n'y manquerai pas. Comptez sur moi.

Ainsi, parallèlement, tandis que se convertissaient les infidèles, s'évanouissaient les préjugés des hérétiques. Cela nous explique comment beaucoup d'Américains des Etats-Unis, accourus à Olympia, souscrivaient avec générosité, quoique protestants, pour la construction de l'église que les Missionnaires songeaient à bâtir.

Bien plus, ils insistèrent, afin que les Oblats se chargeassent aussi d'élever leurs enfants. A la suite de leurs invitations pressantes, le P. Ricard ne cessa de supplier Mgr de Mazenod de lui envoyer de nombreux confrères, pour qu'il lui fût possible de créer un collège.

—  C'est indispensable, disait-il. Ajoutez cet article à nos Règles !... En France, il nous suffit de la prédication, pour opérer le bien. Ici, sur la terre étrangère, surtout dans ce milieu, sans l'éducation de la jeunesse, notre ministère sera toujours aux trois quarts paralysé.

Cet appel trouva un écho dans le cœur de Mgr de Mazenod, qui s'ouvrait toujours largement aux nobles et saintes entreprises.

§4. Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis. Confessions publiques et pénitences corporelles.

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Message  Louis Dim 22 Oct 2023, 5:43 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848–1857).

§4

Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis.
Confessions publiques et pénitences corporelles.

Par les moyens les plus divers.  Dieu secondait ses Missionnaires.

Au commencement de l'année 1855, le gouverneur du Washington. M. Stevens, convoqua en assemblée générale les principaux représentants des tribus du Puget Sound, afin de traiter avec eux de l'achat de leurs terres.

Plus de deux mille cinq cents sauvages se rendirent à l'appel.

Le gouverneur ne fut pas peu surpris de voir tous ceux qui l'approchaient, faire un grand signe de croix, avant de lui toucher la main ; puis, cette foule considérable chanta, en son honneur, plusieurs cantiques pieux.

A l'heure du repas, tous ces sauvages tracèrent encore sur eux le signe de la croix, et récitèrent des prières avant de prendre leur nourriture. Ils agirent de même, au moment d'entamer les négociations.

De plus en plus étonné et profondément édifié, le gouverneur, entouré des officiers de son cortège, leur demanda :

— Qui donc vous a appris ces prières et ces chants ?

— Ce sont les prêtres catholiques, répondirent-ils.

— Ah ! fort bien ! j'en suis très heureux, et je ne saurais trop vous féliciter. Continuez d'écouter les prêtres, et soyez dociles à leur voix, car je sais qu'ils ne vous donneront jamais que d'excellents conseils.

Désireux, de plus en plus, d'implanter leur domination sur cette vaste contrée, les Américains avaient remarqué que les sauvages étaient beaucoup plus maniables, depuis qu'ils subissaient la salutaire influence des Missionnaires. Aussi, quoique protestants, n'hésitèrent-ils pas, devant les Indiens, à combler des plus grands éloges les prêtres catholiques, tandis qu'ils ne dirent rien de leurs propres ministres.

Cette conduite du gouverneur et des personnages les plus haut placés impressionna vivement les sauvages…

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Message  Louis Lun 23 Oct 2023, 5:58 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§4

Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis.
Confessions publiques et pénitences corporelles.

SUITE

Cette conduite du gouverneur et des personnages les plus haut placés impressionna vivement les sauvages. Une fois de plus, Dieu faisait concourir à sa gloire et au salut éternel de ses prédestinés, ceux qui ne songeaient, cependant, qu'aux intérêts éphémères de ce monde.

Comme les Pères n'étaient pas encore assez nombreux pour se rendre dans toutes les tribus, celles-ci prirent la résolution de venir, à tour de rôle, camper quelque temps auprès de Saint-Joseph d'Olympia, pour y recevoir l'enseignement religieux, et se fortifier dans la pratique des vertus.

On aurait pu craindre qu'une résolution si extraordinaire ne serait pas tenue, car les sauvages sont essentiellement inconstants. Il n'en fut rien. Par un miracle de l'Esprit de Dieu qui souffle où II veut, et comme Il veut, on vit arriver successivement, auprès de la résidence des Oblats, de cent cinquante kilomètres à la ronde, une dizaine de tribus différentes.

La grâce coulait abondante sur ces peuplades, plongées naguère dans les ténèbres et les erreurs les plus grossières. Le mouvement de conversion s'accentua. Beaucoup de ces malheureux, suivant leur expression, sortaient comme d'un profond sommeil. Leurs yeux s'ouvraient à la lumière. Ils renoncèrent à la polygamie, à tous leurs désordres, et promirent sérieusement de ne plus boire de liqueurs enivrantes.

Afin de sceller par un acte solennel leur changement de vie, ils firent une sorte de confession publique, et, pour se prémunir contre les défaillances possibles, s'engagèrent à se châtier eux-mêmes, dans le cas où ils retomberaient dans quelques-uns de leurs égarements.

Un code pénal fut rédigé contre les délinquants, et le chef de chaque tribu se chargea de son application.

Dans leur ferveur, ces nouveaux convertis, jusqu'alors si farouches, en arrivaient, dès leurs premiers pas dans la vie chrétienne, à ces observances de la primitive Église, qui paraissent si dures au relâchement de beaucoup de nos contemporains: la confession publique et les pénitences corporelles.

Voici quelques exemples, choisis entre mille...

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Message  Louis Mar 24 Oct 2023, 6:17 am


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CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§4

Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis.
Confessions publiques et pénitences corporelles.

SUITE

Voici quelques exemples, choisis entre mille.

Deux sauvages se prirent, un jour, de querelle. Le frère de celui qui paraissait le plus faible courut à son secours, et une lutte acharnée fut la conséquence de cette intervention. Le moment de la fureur passée, les combattants rentrèrent en eux-mêmes, et comprirent qu'ils avaient violé leurs engagements. Ils se présentèrent devant le chef, pour avouer leur faute, et recevoir chacun dix coups de fouet.

Trois semaines après, un jeune homme, emporté par sa passion, déshonorait une jeune fille. Pour ce crime, il était passible de vingt coups de fouet. On s'apprêtait à lui infliger la punition, quand, fou de colère, il sortit un long couteau de sa ceinture, et, le brandissant, s'écria :

— Malheur à celui qui me touche ! Si quelqu'un s'approche, je le tue !

La scène se passait à Steilacoom.

Sur ces entrefaites, parut le P. d'Herbomez, envoyé d'Olympia, pour baptiser quelques enfants  et catéchiser des adultes.

On l'informe de l'événement, et, en présence du coupable toujours rageur,  on   lui demande son avis.

Grave comme un magistrat, le Père, s'adressant au chef, lui dit :

— Inutile de promulguer des lois, si on ne les observe pas !... Avec de pareilles exceptions, le bon ordre ne régnera jamais.

Tous les regards se tournent vers le furieux.

Baissant la tête, il jette son arme à terre, et murmure :

— Puisque le Père a parlé, je me soumets.

Aussitôt, il se dépouille d'une partie de ses vêtements.

Le chef saisit son redoutable fouet, s'agenouille, fait le signe de la croix, puis une courte prière.

Au centre du cercle qui se forme autour de lui, le coupable tombe également à genoux, et trace sur lui un grand signe de croix.

Alors, le chef se relève, et, d’un bras plus que vigoureux, fustige le pénitent. Il est conscient de la responsabilité de sa charge, et tient à s'acquitter exactement de son devoir. N'a-t-il pas compris, d'ailleurs, la vérité de l'axiome : Qui aime bien, châtie bien ?

Tous les assistants comptent les coups, à haute voix.

L'exécution terminée, le patient se redresse, et, selon le cérémonial prescrit, touche la main du chef, pour le remercier, et lui prouver qu'il ne conserve aucune rancune.

Le sexe faible lui-même n'échappait pas aux sanctions pénales. Les justes lois étaient pour tous et pour toutes.

Trois sauvagesses, malgré des promesses réitérées, étant revenues à leurs égarements, le chef de la tribu, sans autre forme de procès, prononça la sentence.

Des soldats américains, en garnison dans le voisinage et intéressés à la continuation de ces désordres, accoururent pour protester….

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Message  Louis Mer 25 Oct 2023, 6:20 am


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CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§4

Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis.
Confessions publiques et pénitences corporelles.

SUITE

Des soldats américains, en garnison dans le voisinage et intéressés à la continuation de ces désordres, accoururent pour protester.

— On ne doit pas fouetter des femmes, crièrent-ils.

— Cela ne vous regarde pas, répondirent les sauvages. C'est notre affaire !

— Et si nous nous y opposons ?...

— Essayez.

— Vous persévérez dans votre résolution cruelle ?

—  Certainement. Nous avons des lois, et nous voulons que chacun les respecte. Pour vous montrer que nous n'avons pas peur de vous, nous vous invitons à venir voir.

A l'heure fixée, on amène les pécheresses, Et, devant les soldats, dont plusieurs étaient leurs complices, on les fustige d'importance.

Malgré leurs menaces précédentes, les soldats n'osèrent pas arracher les malheureuses au châtiment qu'elles avaient mérité. Nul doute que leur intervention intempestive aurait eu pour eux les plus graves conséquences.

En retournant, ils se disaient :

— Ces sauvages sont meilleurs que nous. Il y a de quoi rougir de honte.

Plusieurs même profitèrent de la leçon.

— Maintenant, racontait l'un des témoins au P. Ricard,  ils ne viennent plus chez nous pour faire le mal, mais pour prier avec nous.

Ainsi ces bons sauvages contribuaient à la conversion des gens qui se flattaient d'être civilisés.

Leur ferveur ne fut pas un feu de paille. Elle se maintint et s'accrut….

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Message  Louis Jeu 26 Oct 2023, 6:03 am


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CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§4

Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis.
Confessions publiques et pénitences corporelles.

SUITE

Leur ferveur ne fut pas un feu de paille. Elle se maintint et s'accrut.

— Par toutes les lettres que vous recevez d'ici, écrivait le P. Ricard à Mgr de Mazenod. le 13 janvier 1857. vous voyez que le ciel, dans sa bonté, nous prodigue des consolations auxquelles nous n'osions prétendre. L'action de la Providence est visible. Nous sommes nous-mêmes très surpris des merveilles de grâce qui s'accomplissent sous nos yeux, et les protestants en sont plus étonnés encore. Chaque jour, il nous arrive, à Olympia, de nouvelles bandes de sauvages, pour entendre la parole de Dieu et se retremper dans la vie spirituelle par la réception des sacrements. Et cela, malgré trois pieds de neige, que nous avons eus assez longtemps. Il a fait même tellement froid, qu'une partie de la baie a été prise par les glaces, et réduite à une sorte de bloc solide. On se serait cru au pôle nord. Les sauvages n'ont pas hésité à braver les rigueurs de l'hiver. Ceux même qui n'étaient pas encore baptisés, voulaient se confesser.

Pour se rappeler leurs péchés, à la suite d'un examen général, parfois très long, ils employaient un moyen singulier. Ils allaient, dans la forêt, couper un faisceau de branchettes. Chaque morceau représentait un péché. Ils le taillaient de diverses façons, d'après la nature et la gravité de la faute. Le paquet terminé, ils s'agenouillaient aux pieds du prêtre. A chaque accusation, ils lui remettaient un de ces morceaux de bois, jusqu'à épuisement complet de la provision. Alors, ils étaient sûrs de n'avoir rien oublié, et leur âme demeurait tranquille.

Jamais la longueur des instructions ne lassait leur patience, ou ne diminuait leur assiduité aux exercices. Matin et soir, trois heures durant, on les réunissait dans une grande salle construite spécialement dans ce but. Chaque jour donc, six heures entières étaient affectées à l'explication du catéchisme, ou à la récitation des prières. Ils ne trouvaient pas que ce fût trop. Au contraire, ils en étaient heureux, admirant le dévouement de ceux qui leur consacraient sans réserve et leur temps et leurs forces.

— Ah ! répétaient-ils souvent, nous voyons combien les Pères nous aiment !

Même devant les étrangers, ils ne craignaient pas d'exposer ces sentiments..,

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Message  Louis Ven 27 Oct 2023, 6:55 am


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(1847-1861)

CHAPITRE IV. — OLYMPIA (1848 – 1857).

§4

Merveilleuse transformation, chez les sauvages convertis.
Confessions publiques et pénitences corporelles.

SUITE

Même devant les étrangers, ils ne craignaient pas d'exposer ces sentiments.

Un jeune sauvage ayant dû se rendre, pour une affaire quelconque, dans une station militaire, fut invité à dîner par les soldats américains, protestants, ou sceptiques.

Sans respect humain il récita, avant et après le repas, la prière accompagnée de deux grands signes de croix. Les regards moqueurs braqués sur lui ne l'émurent nullement.

Au moment où il se retirait, un des officiers lui dit :

— Tom, les prêtres catholiques t'ont endoctriné ; mais, toi et les tiens, ne préféreriez-vous pas avoir des ministres, comme nous ? Notre religion est meilleure, et moins pénible, et plus commode !...

— Si le chef était,là. il vous répondrait mieux que moi ; mais, puisque je suis seul, et que c'est à moi que vous vous adressez, voici ce que j'ai à vous dire. Les prêtres nous ont aimés avant vos ministres, car les prêtres sont venus avant même qu'il y eût des Américains ici. Les prêtres ne recherchent que notre bonheur ; non les richesses, ni la possession de notre patrie. Quoique nous soyons demeurés si longtemps sourds à leur voix, ils ne nous ont pas abandonnés... Avec une inlassable patience, ils ont continué à, nous montrer le droit chemin !... Comment pourrions-nous jamais leur préférer vos ministres, qui songent principalement à leurs femmes et à leurs bébés ?...

En l'entendant discourir avec tant de justesse, les officiers se demandaient :

— Où donc ces sauvages ont-ils trouvé tant d'esprit ? On ne saurait mieux s'exprimer... Il a parfaitement raison, cet enfant des bois... Que pourrions-nous lui objecter ?...

Et plusieurs, s'approchant, lui touchèrent la main, en disant :

— Oui ! reste catholique ! continue à aimer les prêtres et à te conformer à leurs enseignements. Ce sont vos meilleurs amis !

— Ce sont nos Pères, répondit-il gravement.

CHAPITRE V. — CHEZ LES CAYOUSES (1852–1857)...

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Message  Louis Sam 28 Oct 2023, 7:03 am



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Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1847-1861)

CHAPITRE V. — CHEZ LES CAYOUSES (1852–1857).

§1

Parmi les meurtriers de Whitman.

Dans la charmante vallée d'un des affluents de gauche de la Columbia, celle de l'Umatilla, jolie rivière ombragée de peupliers et de saules, habitaient un bon nombre de Cayouses. Le seul prêtre séculier qui accompagnât Mgr Magloire Blanchet, avait essayé de fonder parmi eux une mission qu'il dédia à Sainte-Anne. Quelques semaines après, les troubles occasionnés par le massacre du docteur Whitman l'obligèrent à la laisser, et il se réfugia aux Dalles, à deux cents kilomètres de distance.

Pendant quatre ans. on ne s'occupa plus de cet établissement éphémère; mais, en 1852, l'évêque, n'ayant pas d'autre moyen de le ressusciter, en chargea les Oblats. Toujours dévoués, ceux-ci acceptèrent.

Les débuts furent particulièrement  pénibles, au milieu de cette peuplade farouche, et qui, en réalité, n'avait jamais encore été évangélisée, le premier Missionnaire ayant séjourné si peu de temps sur ces terres.

On jugera des difficultés par le trait suivant.

Un jour, durant la classe de catéchisme, à la chapelle, le Père remarqua un libertin riant aux éclats, et se moquant d'un pauvre enfant qui n'avait pas su répondre à la question posée.

— Eh bien ! puisque tu ris si fort, réponds toi-même, lui dit le Père.

L'impertinent se lève, alors, et, montrant le poing, s'écrie, furieux : — Moi répondre !... je ne suis pas ici pour croire à tes sornettes.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. - Page 2 Page_323

— Dans ce cas. si tu ne veux pas profiter de mes leçons, sors d'ici, ou, du moins, garde le silence.

— Moi. sortir ! vocifère-t-il, de plus en plus en colère. Je suis ici dans mon pays. Et, toi, tu n'es qu'un étranger. C'est à toi de sortir, et. si tu ne veux pas nous débarrasser de ta présence, je saurai bien t'y forcer, comme je l'ai fait pour d'autres.

Celui qui proférait ces menaces, était un des assassins de Whitman. Longtemps, les soldats américains l'avaient cherché pour le pendre, en punition de ses crimes: mais, par ses ruses, il avait évité la corde, sans rien perdre de ses mauvais instincts.

Heureusement, dans l'assemblée, se trouvaient plusieurs néophytes mieux disposés, et qui, indignés, prirent la défense du prêtre. Ils s'élancèrent sur l'insolent, le saisirent, le maîtrisèrent, et, malgré sa résistance désespérée, le jetèrent dehors, non sans lui administrer une rude bastonnade, lui en promettant le double, si jamais il s'avisait de recommencer.

— La mission des Cayouses…

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Message  Louis Dim 29 Oct 2023, 5:57 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1847-1861)

CHAPITRE V. — CHEZ LES CAYOUSES (1852–1857).

§1

Parmi les meurtriers de Whitman.

SUITE

— La mission des Cayouses, écrivait le P. Chirouse, est un champ sec, dur et pierreux, qui demande des ouvriers robustes et tenaces dans le travail. Nous sommes obligés de frapper fort, mais, pourtant, avec prudence, pour ne pas briser notre pioche aux premiers coups...

L'inconstance des sauvages, leur faiblesse, leurs fourberies, leur attachement incroyable aux vieilles superstitions, et, constatation douloureuse, une corruption des plus profondes, sont des obstacles que seule la puissance de la grâce divine peut renverser. Avant de les admettre au saint baptême, nous devons non seulement les instruire, mais les éprouver longuement, et en faire comme des hommes nouveaux. Sans cette précaution, nous n'aurions aucune garantie de leur persévérance, et nous ne formerions que de futurs apostats... Que d'épines dans cette mission !...

Pourtant, Dieu merci, elles ne sont pas sans fleurs, ni sans fruits... Fleurs d'autant plus suaves et fruits d'autant plus appréciés, qu'ils croissent sur un sol réputé stérile, et qu'ils ont coûté plus de peine...

Assurément le bien accompli n'est pas aussi étendu que le désireraient nos cœurs d'apôtres ; mais aussi, nous pouvons l'affirmer, sans les Oblats. la religion n'existerait pas, ou presque pas, en Orégon.

Un des plus graves obstacles provenait des préjugés accumulés dans l'esprit des Cayouses, par les calomnies de toutes sortes que Whitman et ses adeptes avaient répandues parmi eux, contre le catholicisme et les prêtres. Au milieu de tant de ténèbres amoncelées, la vérité ne luirait que peu à peu.

En deux ans, néanmoins, la plupart des Cayouses protestants, ou presbytériens, confessèrent leurs erreurs, et abjurèrent l'hérésie. En 1855. la mission constituait déjà une sorte de paroisse régulièrement organisée. Les chefs de famille offraient, à tour de rôle, le pain bénit, à la Messe du dimanche. Ce pieux usage contribua beaucoup à cimenter la charité entre tous.

§ 2. Nouveaux ouvriers. — Les Pères D'Herbomez, Durieu, etc.

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Message  Louis Lun 30 Oct 2023, 5:36 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1847-1861)

CHAPITRE V. — CHEZ LES CAYOUSES (1852–1857).

§2

Nouveaux ouvriers. — Les Pères D'Herbomez, Durieu, etc.

A la fin du mois d'août 1850, était arrivé, à Olympia, l'un de ceux qui travaillèrent le plus pour le salut des âmes, dans l'Orégon : le P. d'Herbomez, que Dieu réservait aux honneurs de l'épiscopat, comme premier vicaire apostolique de la Colombie britannique.

Français de naissance et originaire du diocèse de Cambrai, il avait du sang espagnol dans les veines, ainsi que son nom l'indique assez clairement. On sait, d'ailleurs, que les Espagnols dominèrent, autrefois, en Flandre.

Au grand séminaire de Cambrai, il fut le condisciple de l'abbé Fava, depuis évêque de Grenoble. Sa piété, son jugement, sa gravité et son amour de l'étude attirèrent les regards sur lui. Dans la vie religieuse ses vertus s'épanouirent, chaque jour, davantage. Il priait, et s'imposait de sévères mortifications, pour obtenir la grâce d'être envoyé au loin évangéliser les infidèles. Aussi ne se possédait-il pas de joie, quand il reçut son obédience pour l'Orégon. La connaissance de ce que les Pères y avaient souffert, excitait son enthousiasme, au lieu de le refroidir. Par l'entier sacrifice de lui-même, ne ressemblerait-il pas davantage au Modèle divin ?

Le 29 novembre 1849, avec les Frères convers Surel et Janin, il s'embarquait, à Marseille, sur un navire à voiles, allant directement à San Francisco.

Dans son journal intime, le soir même, Mgr de Mazenod écrivait: — Que ces braves enfants sont admirables ! Ils partent avec une sainte joie et un zèle étonnant, pour cette mission de l'Orégon, humainement si peu attrayante. Tout le monde en est fort édifié.

Trois mois après, dans les premiers jours du mois de février 1850, ils abordaient sur les côtes du Brésil, à Rio do Janeiro. Il leur fallut près de trois mois encore, pour descendre jusqu'à la Terre de Feu, doubler le cap Horn, et remonter vers l'équateur, en longeant les côtes du Chili.

Pendant cette interminable traversée, la terrible fièvre jaune se déclara sur le navire, et fit plusieurs victimes. En face de la Patagonie, une série de tempêtes épouvantables, de plus on plus violentes, à mesure que l'on s'approchait du cap Horn. mit les survivants fréquemment en présence d'une mort imminente.

Après avoir touché à Valparaiso. le 21 avril, ils reprirent la mer, arrivèrent à San Francisco, le 19 juillet, et, enfin, à Olympia, le 30 août 1850. Cet affreux voyage n'avait pas duré moins de neuf mois.

Une année entière, le P. d'Herbomez…

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Message  Louis Mar 31 Oct 2023, 6:10 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1847-1861)

CHAPITRE V. — CHEZ LES CAYOUSES (1852–1857).
 
§2

Nouveaux ouvriers. — Les Pères D'Herbomez, Durieu, etc.

SUITE

Une année entière, le P. d'Herbomez resta avec le P. Ricard, évangélisant les sauvages du Puget Sound, et se familiarisant avec leurs divers idiomes. Vers la fin de l'été de 1851. il se rendit chez les Yakimas ; puis, trois ans plus tard, revint à Olympia, où il demeura jusqu'en 1858.

Son affection pour ces peuplades grossières croissait en proportion des difficultés pour les ramener à Dieu, et malgré l'ingratitude qui, de la part d'un trop grand nombre encore, était la seule récompense des Missionnaires.

— Il me semble vous entendre, écrivait-il à Mgr de Mazenod. Vous me demandez : « Quels motifs avez-vous donc de tant aimer vos misérables sauvages ? » Ah ! très cher Père, c'est que, plus il en coûte pour élever des enfants, plus on les aime. Nos néophytes, il est vrai, sont loin de nous contenter pleinement ; mais les espérances qu'ils nous donnent, si minimes soient-elles, font vite oublier les souffrances du passé, et même celles du présent...Nous parviendrons, je pense, à déraciner peu à peu les vieilles superstitions qu'ils sucent, pour ainsi dire, avec le lait...

Des foyers chrétiens se fondent, précieux gage pour l'avenir. Voilà un bien qui ne s'accomplirait pas, si nous n'étions ici... Puis, parmi nos convertis, plusieurs sont notre joie par leur piété, leur ferveur et leur vertueuse conduite. Dieu a partout ses élus...Les non-baptisés mêmes sont moins indifférents. Les passions les retiennent encore, mais ils n'ignorent plus notre sainte religion, et la plupart l'estiment. Vienne une maladie un peu grave, ils se hâtent de réclamer le sacrement de la régénération. S'ils meurent ensuite, nous avons la presque certitude de leur salut ; s'ils vivent, ils sont généralement de bons chrétiens...Ne sauverions-nous qu'une âme, nous compterions pour rien nos fatigues, nos souffrances et notre immolation de chaque instant. Mais plusieurs vont au ciel, qui n'iraient pas, sans notre ministère. En faut-il davantage pour être heureux et très heureux ?...

En lisant ces lettres si pleines de l'esprit apostolique, on croit entendre saint Paul : Cum venissemus. nullam requiem habuit caro nostra. sed oninem tribulationem passi sumus : foris pugnœ, intus timores; sed qui consulatur humiles. consulatus est nos Deus... superabundo gaudio in omni tribulatione nostra. (II Cor., VII. 4-6.)

Un des confrères du P. d'Herbomez…

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Message  Louis Mer 01 Nov 2023, 5:50 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1847-1861)

CHAPITRE V. — CHEZ LES CAYOUSES (1852–1857).
 
§2

Nouveaux ouvriers. — Les Pères D'Herbomez, Durieu, etc.

SUITE

Un des confrères du P. d'Herbomez, et celui que la Providence destinait à être son successeur sur le siège épiscopal de New-Westminster, fut le P. Durieu.

Né dans le diocèse du Puy, il appartenait à une famille éminemment chrétienne, qui, pendant la grande Révolution, abrita souvent les prêtres fidèles, pour les soustraire aux violences des persécuteurs.

Dès l'âge de dix ans. il entra au petit séminaire de Monistrol, et, la même année, eut le bonheur de s'agenouiller à la sainte Table. Son caractère doux et toujours aimable, son application au travail, son intelligence précoce, et, par-dessus tout, sa tendre piété, lui méritèrent cette insigne faveur. Sa vertu continua à se développer. A la fin de sa rhétorique, il obtenait le prix de sagesse, décerné par les suffrages des maîtres et des élèves.

Déjà il se sentait attiré vers l'apostolat et la vie religieuse. Ayant eu l'occasion de connaître la Congrégation, il comprit que Dieu le voulait sous l'étendard de Marie Immaculée. Aussi, pendant les vacances, à peine âgé de dix-huit ans, vint-il frapper à la porte du noviciat, de Notre-Dame de l'Osier.

Après sa profession, il poursuivit, pendant cinq ans, ses études théologiques au scolasticat de Marseille.

Immense fut sa joie, quand, jeune prêtre, il reçut son obédience pour l'Orégon. Ses désirs étaient comblés.

Accompagné du P. Richard et du Frère convers Léo, il s'embarquait, le 7 septembre 1854, à Liverpool, pour New-York. Quoique fort orageuse, la traversée ne dura que vingt-six jours. De là, les trois Oblats se rendirent, par mer, jusqu'à l'isthme de Panama, le franchirent, partie en chemin de fer, partie à dos de mulet, et remontèrent sur un autre navire, qui devait les conduire à San Francisco, où ils accostèrent, le 2 novembre. Quatre semaines après, ils abordaient à Olympia. Le voyage d'Europe en Orégon n'avait pris que trois mois. Progrès déjà sensible !...

D'Olympia, le P. Richard fut envoyé chez les Cayouses, et le P. Durieu chez les Yakimas.

Parmi les ouvriers apostoliques de cette époque, signalons également le Père Jayol, dont nous aurons, dans la suite, à parler avec plus de détails.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. - Page 2 Page_324

CHAPITRE VI. — LA GUERRE POUR L’INDÉPENDANCE (1855 – 1858).


Dernière édition par Louis le Sam 18 Nov 2023, 7:25 am, édité 2 fois (Raison : Insertion de 2 liens pour le Père Jayol.)

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Message  Louis Jeu 02 Nov 2023, 6:49 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1847-1861)

CHAPITRE VI. — LA GUERRE POUR L’INDÉPENDANCE (1855 – 1858).
 
§1

Mécontentement des sauvages contre les Américains des États-Unis.

Désireux d'être le maître en Orégon, le Gouvernement américain conclut, dans les premiers mois de l'année 1855, des traités avec les diverses tribus, pour l'achat de leurs terres. Par suite de ces arrangements, les sauvages, moyennant une somme d'argent convenable, laisseraient aux blancs l'exploitation du sol, et vivraient, désormais, uniquement sur certains espaces qui leur étaient concédés, sous le nom de « réserves ».

Pour les Indiens, nomades d'instinct et d'habitude, cette dernière clause était bien dure, et l'on se demanda, non sans inquiétude, s'ils persisteraient longtemps à la tenir.

De fait, ces restrictions posées à leur liberté semblèrent bientôt, à leurs yeux, une tyrannie insupportable.

— Que viennent donc faire ces Américains dans notre pays, se disaient-ils ; et de quel droit prétendent-ils nous en expulser ? Pourquoi nous emprisonner nous-mêmes, dans les limites qu'on nous trace ? Elles sont trop étroites ! Comment nous y livrer à la chasse ? Veut-on nous affamer ?... ou nous réduire en esclavage ?... ou nous parquer comme des animaux ?... Non. non ! cela ne sera pas !

D'abord cachés, ces sentiments ne tardèrent pas à se manifester au grand jour. Les sauvages se communiquaient, les uns aux autres, leurs pensées de haine contre les envahisseurs. Ils s'excitaient mutuellement.

L'arrogance de quelques Américains mit le comble à leur exaspération. Aux querelles particulières succédèrent des rixes sanglantes, qui se multipliaient, en s'étendant. De plus, le Gouvernement tardait à remplir ses promesses. Les sauvages, ne comprenant rien aux lenteurs de la bureaucratie, se crurent trompés et lésés. Un cri de révolte éclata. Toutes les tribus, oubliant leurs démêlés antérieurs, s'unirent contre l'ennemi commun.

C'était la guerre !...

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