Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique.

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Message  Louis Jeu 14 Sep 2023, 6:26 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE I.  — SITUATON POLITIQUE ET RELIGIEUSE
DE L’
ORÉGON ET DE LA COLOMBIE BRITANNIQUE
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§ 1

Rivalités de trois grandes nations sur les rives du Pacifique.

Autrefois, le nom générique d'Orégon s'appliquait indistinctement à la vaste contrée qui s'étend sur une largeur moyenne de cinq cents kilomètres, de l'Océan Pacifique aux Montagnes Rocheuses, et sur une longueur de quinze cents kilomètres environ, depuis le quarante-deuxième degré de latitude, frontière septentrionale de la Californie, jusque près du cinquante-sixième degré, vers l'Alaska. Cette région a formé, depuis, les Etats actuels de l'Orégon proprement dit et du Washington, plus la moitié méridionale de la Colombie britannique (1).

Trois puissances, la Russie, l'Angleterre et les États-Unis s'en disputèrent longtemps la possession.

Par le traité du 5 avril 1824, 1a question fut tranchée en ce qui concerne la Russie. On lui laissa l'Alaska, d'une superficie égale à deux fois et demie celle de la France; mais on statua que son domaine dans le Nouveau-Monde ne comprendrait, en plus, qu'une mince bande de côtes descendant seulement jusqu'à 54° 40' de latitude.

Entre l'Angleterre et les États-Unis, la lutte dura plus de vingt ans encore. L'entente se fit seulement en 1846. Les pays situés au nord du quarante-neuvième degré restèrent à l'Angleterre, et les autres revinrent aux États-Unis. Cet arrangement assurait à ceux-ci la navigation presque complète de la Columbia, principal motif de la discorde.

Navigable sur un millier de kilomètres, la Columbia, ou Orégon, est, dans ces régions, la plus importante des routes fluviales. Elle compte plus de deux mille kilomètres, de sa source à son embouchure. Sur le tiers de son parcours, sa largeur varie de treize cents à quatre mille mètres. Soit par elle, soit par ses affluents, dont quelques-uns. tels que le Kootenay, et la rivière aux Serpents, Snake river, sont très considérables, elle arrose un bassin de huit cent mille kilomètres carrés de surface, embrassant la moitié de la Colombie britannique, plus les quatre États de Washington, d'Orégon, d'Idaho et de Montana.

En 1853. le pays enlevé à l'Angleterre était subdivisé en deux parties, dont l'une, celle du nord, s'appela Territoire de Washington. Quatre ans plus tard, en 1857, les habitants de la partie méridionale élaboraient une Constitution, et, le 14 février 1859, le Congrès fédéral l'admettait, sous le nom d'Orégon, au nombre des États-Unis de la puissante république nord-américaine. Le territoire de Washington ne reçut cet honneur et les privilèges qui en découlent, que trente ans après, en 1889. La requête rédigée à ce sujet par ses représentants, en 1878, avait été rejetée par le Pouvoir central.

§ 2.Découvertes et colonisation à l'ouest des Montagnes Rocheuses....
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(1) Voir la carte, p. 141.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_158

Carte de la page 141.

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Message  Louis Ven 15 Sep 2023, 6:18 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique
(1841-1861)

CHAPITRE I.  — SITUATON POLITIQUE ET RELIGIEUSE
DE L’
ORÉGON ET DE LA COLOMBIE BRITANNIQUE
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§ 2

Découvertes et colonisation à l'ouest des Montagnes Rocheuses.

Depuis un siècle à peine, la Colombie britannique a pris rang dans la géographie positive.

On a bien prétendu que Juan de Fuea y aurait abordé, en 1592 ; mais cette assertion est très problématique. En 1775, deux navires espagnols croisèrent en vue de ces parages, auxquels une furieuse tempête les empêcha d'accoster. Cook. en 1778, et La Pérouse, en 1786, ne réussirent pas davantage. Six ans après, en 1792, le capitaine anglais, Vancouver, constatait, à l'est de la grande île qui porte son nom, l'existence de la terre ferme.

L'année suivante, Alexandre Mac Kenzie, venu du lac Athabaska, remontait avec quelques compagnons la rivière La Paix, et traversait à pied les Montagnes Rocheuses, au prix de périls et de fatigues sans nombre. Pour se frayer un chemin dans l'épaisse forêt, il dut, à chaque instant, abattre des arbres gigantesques. Enfin, le 22 juillet 1793, il arrivait sur le rivage de l'Océan Pacifique, un peu au-dessus du cinquante-deuxième degré de latitude.

Néanmoins, l'exploration intérieure de la Colombie britannique ne commença que dans les derniers mois de 1805. par l'expédition, à la tête de laquelle se trouvait Fraser, agent, comme Mac Kenzie, de la Compagnie franco-canadienne du Nord-Ouest. Il pénétra, lui aussi, par la rivière La Paix, fonda quelques postes pour la traite des fourrures, dans le voisinage du lac Mac Leod qu'il découvrit, et, au mois de juin 1806, arriva en vue du fleuve auquel on donna son nom. C'était près du confluent de la rivière Nechaco, non loin de l'endroit où s'éleva ensuite le fort Georges.

Se promettant de nombreux bénéfices de cette région, la Compagnie du Nord-Ouest continua à la faire explorer. Elle l’appela, d'abord, Nouvelle-Calédonie, et la joignit à ses immenses territoires de chasse.

Après la fusion de la Compagnie canadienne avec celle de la baie d'Hudson (1821), celle-ci hérita de la Colombie britannique, et l'exploita uniquement pour son commerce spécial. L'œuvre de la colonisation ne marcha donc que très lentement, jusqu'en 1858, date de la découverte de gisements aurifères. Alors, se précipitèrent des flots d'émigrants, avides de s'enrichir : ce fut comme une poussée formidable.

En présence de cet état de choses, le gouvernement anglais, afin de maintenir l'ordre, enleva la Colombie britannique à la Compagnie de la baie d'Hudson, et la déclara colonie de la couronne, avec New-Westminster comme capitale.
§ 3 Tentatives d'évangélisation...

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Message  Louis Sam 16 Sep 2023, 5:25 am


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(1841-1861)

CHAPITRE I.  — SITUATON POLITIQUE ET RELIGIEUSE
DE L’
ORÉGON ET DE LA COLOMBIE BRITANNIQUE
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§ 3

Tentatives d'évangélisation.

Plusieurs Canadiens-français, précédemment employés de la Compagnie du Nord-Ouest, ayant terminé leur service, s'étaient établis, avec leurs familles, dans la belle vallée de la Willamette, affluent de la Columbia, dans l'Etat actuel de l'Orégon.

Cette rivière, qui n'a pas moins de trois cent cinquante kilomètres de longueur, arrose une zone fertile qui s'étend parallèlement au rivage, sur une largeur de trente à soixante-dix kilomètres, entre deux chaînes de montagnes : la Coast range, ou montagnes côtières qui la préservent des vents violents de la mer, et les montagnes des Cascades, dont certains sommets, anciens cratères éteints, s'élèvent jusqu'à plus de trois mille mètres.

Dans cette région agréable, se voient, maintenant, les villes florissantes et populeuses de Portland, Orégon City, Salem, etc., toutes bâties sur les bords de la Willamette.

Les secours spirituels commencèrent à y être portés, en 1838, par deux jeunes prêtres séculiers, MM. Norbert Blanchet et Modeste Demers.

Pendant plusieurs années, leurs efforts eurent peu de résultats, soit auprès des Canadiens, soit auprès des sauvages. En outre, le manque de collaborateurs ne leur permit pas de rayonner au loin.
Pour infuser plus de vie dans cette église languissante, un acte du Souverain Pontife, le 1er décembre 1843, érigea en vicariat apostolique toute la contrée connue sous le nom générique d'Orégon, et en confia l'administration à l'abbé Norbert Blanchet, qui fut sacré, au mois de juillet 1845, avec le titre d'évêque de Drasa, in partibus.

Des rapports extrêmement exagérés furent, alors, envoyés à la Propagande, pour demander la création d'une province ecclésiastique ne comprenant pas moins de huit diocèses : ceux d'Orégon City, de Walla-Walla, du fort Hall, de Nesqually, de Colville, de l'île Vancouver, de la Nouvelle-Calédonie (partie continentale de la Colombie actuelle) et des Iles de la Reine Charlotte.

Le temps n'était pas venu, pourtant, de multiplier à ce point les sièges épiscopaux, dans un pays très vaste, sans doute, mais où il n'y avait encore ni fidèles, ni clergé.

Mieux informé, le Pape réduisit pratiquement à trois les huit évêchés, le 24 juillet 1846.

A la tête de la province ecclésiastique fut placé Mgr Norbert Blanchet, dont la résidence serait à Orégon City. Son diocèse embrassa tout l'Orégon actuel, avec juridiction provisoire sur le diocèse de Nesqually. Ses deux suffragants furent : son frère, Mgr Magloire Blanchet, promu évêque de Walla-Walla, avec juridiction provisoire sur les diocèses de Colville et du fort Hall ; et Mgr Demers, nommé évêque de l'île Vancouver, avec juridiction également provisoire sur le diocèse de la Nouvelle-Calédonie et sur celui des Iles de la Reine Charlotte (1).
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(1) Cf. Gains, Series episcoporum, 2 in-fol., Ratisbonne, 1873-18S6, t. I, p. 175, sq. Werner, Orbis terrarum catholicas, in-fol., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 242. De Martinis, Jus ponitificium de Propagnda Fide, 7 in-fol., Rome, 1895-1909, t. VI, p. 6-8.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Captu205

CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)…

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Message  Louis Dim 17 Sep 2023, 5:54 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 1

Le P. Ricard et ses compagnons.

Tandis qu'il était vicaire apostolique, Mgr Norbert Blanchet s'adressa plusieurs fois à Mgr de Mazenod, pour solliciter de sa charité quelques-uns de ses Oblats. En se rendant à Rome, il profita de son passade à Marseille, le 1er janvier 1846. pour réitérer sa prière. Ses appels se multiplièrent encore, quand il se vit chef d'une province ecclésiastique.

De son côté, nommé évêque de Walla-Walla. le 24 juillet 1846, Mgr Magloire Blanchet joignit ses instances à. celles de son frère. Il réclamait, à grand renfort d'arguments, le secours des Oblats pour son diocèse qui n'existait encore que de nom.

—  Vos Pères, disait-il, formeront, à peu près, tout mon clergé. Pour le moment, et de longtemps, je n'en posséderai pas d'autres !

Ce ne fut point sans avoir beaucoup hésité que le vénéré Fondateur accepta. De toutes les parties de l'univers, à cette époque, on recourait à lui, et les requêtes s'entassaient sur son bureau; mais les instances des deux évêques de l'Orégon, auxquelles s'unirent bientôt celles de Mgr Demers, devinrent si pressantes, qu'il se demanda si ce n'était pas l'expression manifeste de la volonté du ciel, appelant sa jeune Congrégation à prêcher l'Évangile dans toute l'Amérique du Nord, depuis l'Atlantique jusqu'au Pacifique.

Quel apostolat ! écrivait-il. en découvrant, de plus en plus, les desseins de Dieu sur lui et sur les siens. Notre famille annoncera donc Jésus-Christ, d'une mer à l'autre, dans d'immenses contrées qui ne l'ont jamais connu !... Mais qui mettre à la tête de cette nouvelle expédition ?... Le choix doit tomber sur celui de nos Pères qui m'inspirera assez de confiance, pour que je l'institue mon alter ego, dans une mission si lointaine et si difficile. Il lui faut vertu, bon sens, expérience, amour de la régularité et de la discipline, attachement vrai à notre Société, conformité de pensées et de vues avec le Supérieur général, dont une distance de trois mille lieues le séparera.

Celui sur lequel il jeta les yeux, fut…

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Message  Louis Lun 18 Sep 2023, 7:16 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 1

Le P. Ricard et ses compagnons.

SUITE

Celui sur lequel il jeta les yeux, fut le P. Ricard, digne de cette préférence par l'ensemble de ses qualités. Depuis longtemps, il soupirait après les missions étrangères. Dix-sept ans auparavant, au lendemain de la conquête d'Alger par les armées françaises, il avait demandé d'être envoyé auprès des musulmans pour travailler à leur conversion.

Au départ du P. Honorat pour le Canada, en 1841, il lui succéda, comme supérieur de la maison de Notre-Dame des Lumières et directeur du juniorat. De nombreux travaux ébranlèrent, alors, sa santé, précédemment très robuste.

Menacé d'une maladie de langueur, il songeait à se démettre de ses fonctions, pour se préparer à la mort. Une crise, plus grave que les autres, l'avait cloué, plusieurs semaines, sur un lit de douleur et laissé dans un état de faiblesse extrême, quand lui arriva, le 8 janvier 1847, l'obédience l'envoyant si inopinément jusqu'au bout du monde.

Sans hésiter, il descendit aussitôt dans l'église souterraine de Lumières, et, là, devant la statue miraculeuse de la Vierge Immaculée, il offrit à Dieu le sacrifice de sa vie.

N'était-ce pas à la mort qu'il marchait, en toute évidence ? Survivrait-il aux fatigues d'un tel voyage ? Aurait-il même assez de forces, pour en supporter la moitié ou le quart ? Mais, si Dieu lui demandait d'exhaler son dernier soupir sur la terre étrangère, loin des siens, et en vue seulement de ces contrées sauvages à évangéliser, comment ne pas se réjouir ? A quoi aspirait-il, si ce n'est à s'immoler ?

Le jour même, il partit pour Marseille, afin de recevoir des instructions précises ; et, le 4 février, il s'embarquait, au Havre, pour New-York, sur le Zuric, avec quatre compagnons : les Pères Pandosy, Chirouse, le Frère Blanchet, scolastique, et un Frère convers.

Le ciel était sombre et le froid piquant. Des flocons de neige tombaient en abondance sur le pont du navire, étendant sur lui comme un blanc linceul.

Allaient-ils à la mort, ou à la vie ? Humainement c'était le trépas, du moins pour le P. Ricard. Mais l'obéissance est le secret des grands triomphes : Vir obediens loquetur victoriam !

§  2. De Marseille à Saint-Louis, dans l’État de Missouri...

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Message  Louis Mar 19 Sep 2023, 6:03 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 2

De Marseille à Saint-Louis, dans l’État de Missouri.

Pour ces vaillants apôtres, la mer se montra peu clémente. Plusieurs fois la tempête atteignit une telle violence. que les passagers crurent que le vaisseau allait, sombrer et les entraîner dans l'abîme.

— Je n'ai pas eu peur, écrivait le Fr. Blanchet, le 20 avril 1847.

Cependant, je l'avoue, c'est terrifiant de voir ces énormes masses d'eau s'avancer comme des montagnes, puis s'abattre, avec un fracas retentissant, sur le navire qu'elles recouvrent entièrement, et semblent submerger. Quelques-unes de ces vagues étaient si hautes, qu'elles arrosaient les matelots accrochés aux vergues. Ce qui épouvante le plus, ce sont les secousses qui ébranlent le bâtiment, lorsque les ondes bouillonnent ainsi autour de lui et sur lui. Il tremble jusque dans ses profondeurs, et l'on se demande s'il ne s'entrouvrira pas. Nos voiles ont été mises en lambeaux, à diverses reprises, et l'un de nos mâts se rompit à moitié. Nous avons dû rester, des dizaines de jours, sans pouvoir monter sur le pont. Alors, je chantais, comme Jérémie : Inundaverunt aquœ super caput meum, et dixi : Perii... hwocavi nomen tuum. Domine, de lacu novissimo. et dixisti : Ne timeas !

Quant au capitaine, lui, il ne chantait pas, et priait moins encore.

— Voilà plus de trente ans que je parcours l'Atlantique, s'écriait-il, en maugréant, et jamais je n'ai rien vu de pareil ! Tous les diables s'en mêlent !...

Dans ces conditions difficiles et périlleuses, la traversée dura deux mois.

— Vous ne devineriez pas, continue le narrateur, quel est celui que la mauvaise mer a le moins éprouvé ! Eh bien ! c'est le P. Ricard. Tout au plus, a-t-il été malade, deux ou trois jours. Pour moi, j'ai dû garder le lit pendant des semaines, et, le reste du temps, une bonne partie de la journée. Malheur aux tempéraments bilieux. L'océan les mène rondement, je vous assure, et les meilleures tisanes n'y font rien !

Épuisés de fatigue, les voyageurs arrivèrent à New-York, le vendredi saint, 2 avril. Ils en repartirent, dès le mardi de Pâques, passèrent par Philadelphie et Baltimore; puis, après avoir franchi les monts Alléghanys, Jura de l'Amérique orientale, arrivèrent sur les bords de l'Ohio. Les premiers Français parvenus dans cette partie des Etats-Unis, l'avaient surnommé la Belle Rivière, et non sans motif. Son cours, en effet, est majestueux, et ses rives superbes.

Les cinq Oblats s'y embarquèrent, à Wheeling, actuellement ville la plus importante de la Virginie occidentale. Le dimanche de Quasimodo, ils étaient à Cincinnati qui comptait, alors, déjà quatre-vingt mille habitants.

Dans la soirée du mercredi, ils atteignaient le confluent de l'Ohio et du Mississipi, ce roi des fleuves. Pendant quarante-huit heures, ils le remontèrent, et, le vendredi, 16 avril, débarquèrent à Saint-Louis, dans l'Etat de Missouri, ayant parcouru, en dix jours, plus de deux mille kilomètres.

Ils y trouvèrent Mgr Magloire Blanchet. Un seul prêtre du Canada avait consenti à le suivre, pour se rendre avec lui dans ce diocèse de Walla-Walla, qui n'existait encore que sur le papier.

§ 3.La caravane. — Par monts et par vaux.

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Message  Louis Mer 20 Sep 2023, 6:26 am


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§ 3

La caravane. — Par monts et par vaux.

On partit de Saint-Louis, le 27 avril, à huit heures du soir, par bateau, afin de remonter le Missouri, pendant plus de quatre cents kilomètres, jusqu'à Kansas City.

Sur le fleuve, la navigation fut dangereuse et lente, à cause des bancs de sable qui s'y rencontraient fréquemment, et des nombreux troncs d'arbres qui en obstruaient le cours. Presque à tout moment, le pilote jetait la sonde. Malgré cette précaution, deux jours après le départ, le bateau s'enlisa, et il fallut plus de trois heures d'efforts surhumains, pour le dégager.

Le 1er mai. on accosta à Kansas. aujourd'hui ville très populeuse, alors simple village de quelques centaines d'habitants, et dernier port de la civilisation.

En cet endroit, se formait la caravane, à laquelle les Missionnaires allaient se joindre.

Rien de plus curieux.

Qu'on s'imagine une file de quarante à cinquante lourds chariots à quatre roues, couverts d'une sorte de voûte en toile blanche, ou jaune, et traînés chacun par six bœufs; en outre, une centaine d'hommes à cheval, la carabine en bandoulière: puis, des femmes et des enfants qui chantent, crient, ou pleurent: ensemble de familles alléchées par les promesses séduisantes de quelques spéculateurs, et se rendant en Orégon, dans l'espérance de s'y enrichir, en peu d'années.

Beaucoup de bruit, mais une lenteur à nulle autre pareille.

Comment pouvait-il en être autrement, dans un pays sans routes, ni ponts, mais coupé d'innombrables rivières larges et tortueuses, entre lesquelles s'étendaient de vastes marais, où les voitures s'enfonçaient jusqu'aux essieux ?

Après la zone des immenses prairies marécageuses, dont il semblait qu'on ne verrait…

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Message  Louis Jeu 21 Sep 2023, 5:48 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 3

La caravane. — Par monts et par vaux.

SUITE

Après la zone des immenses prairies marécageuses, dont il semblait qu'on ne verrait jamais le terme, on aurait à gravir les rudes contreforts des Montagnes Rocheuses, et à s'élever péniblement sur les plus hauts plateaux, pour, de là, redescendre le versant opposé, parmi rochers, broussailles et forêts impénétrables, sur les pentes d'effrayants abîmes, dans le lit des torrents. En bien des endroits escarpés, il faudrait attacher, par de grosses cordes, les fourgons à des arbres solides, et les faire glisser avec prudence, en les soutenant énergiquement.

— Nous nous estimerons heureux, écrivait le Fr. Blanchet, si personne ne se casse la tête, une jambe ou un bras. Quant à la rapidité, ce sera, à peu de chose près, celle de la tortue. Les bœufs n'ont  pas  l'habitude de se presser. Ils sont généralement connus par leur majestueuse lenteur. Nous ferons, au plus, de quatre à cinq lieues par jour. A ce compte, nous serons rendus à destination, en septembre, ou en octobre, au plus tôt. Le mieux est de prendre patience.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_224

Ni les fatigues, ni les dangers ne manqueraient. Les vies elles-mêmes ne seraient pas toujours en sûreté, car, le long de cet interminable parcours, s'échelonnaient des tribus sauvages, dont la principale industrie était de détrousser les passants. Il en résultait, parfois, de véritables batailles, où le sang coulait. De part et d'autre, des morts restaient sur le terrain.

Aussi, quand on s'arrêtait, le soir, pour camper, le chef de la caravane commandait de disposer tous les chariots, en ovale, ou en rond, les uns contre les autres. On se couchait au centre de l'enceinte, en s'enveloppant dans une couverture, ou une peau de buffalo ; mais la garde s'organisait, et se continuait toute la nuit. Plusieurs sentinelles, le fusil sur l'épaule, se promenaient silencieusement, l'œil au guet, prêtes à réveiller les dormeurs, à la moindre alerte.

Dès la première halte, un grand conseil…

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Message  Louis Ven 22 Sep 2023, 5:59 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 3

La caravane. — Par monts et par vaux.

SUITE

Dès la première halte, un grand conseil se réunit, pour examiner si les Missionnaires devaient monter la garde, à leur tour.

— Vu le respect que les sauvages ont, en général, pour la Robe noire, dit un vieillard, les prêtres nous sont d'un secours plus efficace par leur seule présence, que ne le seraient autant de soldats, armés de pied en cap ; puis, vu le rang qu'ils occupent dans la société, mon avis est qu'ils soient exemptés de tout service, excepté en cas de péril pressant.

A l'unanimité, ce sentiment fut adopté.

Résultat d'autant plus remarquable, que, de tous ces hommes, aucun n'était catholique.

Grâce à Dieu, on ne vit que de loin ces pillards des prairies. Le bon ordre dans lequel marchait la caravane, et les nombreux guerriers à cheval qui s'avançaient des deux côtés, leur inspirèrent, sans doute, une crainte salutaire.

—  Vous dirai-je un mot de notre alimentation, pendant ces longs mois ? écrivait le P. Ricard. Tout s'y ressent de la nature inculte, au milieu de laquelle nous vivons. Pour pain, des galettes semblables à celles dont les marins se nourrissent, mais si dures qu'il faut de la persévérance et du courage, pour en grignoter quelques morceaux. Malheur à ceux qui n'ont pas les mâchoires solides. Le compagnon de Monseigneur a déjà perdu quatre de ses molaires. Il risque d'arriver au but, complètement édenté...

Et notre menu ? Oh ! extrêmement varié. Jugez vous-même : lard bouilli dans la marmite ; puis, lard frit à la poêle ; ensuite, lard bouilli; puis, encore lard frit, et ainsi de suite, indéfiniment... Je ne parle pas des eaux saumâtres. ou fangeuses, dont il faut souvent se contenter...

Si encore, la nuit, on pouvait reposer ! Qui dort, dîne. Mais, cousins, moustiques, maringouins et autres insectes aussi peu aimables, vous poursuivent sans relâche, altérés de votre sang !...

Et, malgré tant de difficultés, de souffrances et de privations (admirez la Providence !) je vais mieux, je suis guéri, et je me fortifie, de jour en jour ! Combien, néanmoins, furent  malades,  entre autres l'évêque et des hommes qui  paraissaient robustes ! Vos Oblats sont restés vaillants. Le P. Pandosy n'a rien perdu de son entrain. Échos de la forêt et solitudes de la prairie ont retenti des cantiques chantés par sa voix puissante. Quant aux autres, surtout le P. Chirouse, ils conservent l'humeur gaie qui les distingue. Donc, soyez sans inquiétude pour nous. L'avenir nous sourit !

§ 4 La Terre promise...

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Message  Louis Sam 23 Sep 2023, 6:25 am


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(1841-1861)

CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 4

La Terre promise.

A la fin de la première semaine d'août, on se trouvait au fort Hall, au pied du versant occidental des dernières ramifications des Montagnes Rocheuses, à l'entrée d'une plaine immense, où s'élance la rivière aux Serpents, qui, souvent aussi large que le Rhône, va se jeter dans la Columbia, près du fort de Walla-Walla, après un parcours d'un millier de kilomètres (1).

Prévoyant que les lourds chariots ne pourraient être rendus à destination que vers la fin du mois de septembre, le P. Ricard et le Fr. Blanchet résolurent de prendre les devants, et de voyager assez vite, pour arriver quelques semaines plus tôt. Ils auraient ainsi le temps de choisir un emplacement convenable et d'y construire une maison, ou cabane provisoire, suffisante pour abriter la Communauté, contre les pluies probables en cette saison.

Ils partirent donc, le 14 août, avec quelques hommes du fort, tous montés sur de bons chevaux.

— Voilà donc une nouvelle manière de voyager, écrivait le Fr. Blanchet. Elle est autrement rapide que celle des chariots à bœufs. Nous faisions ordinairement de trente-cinq à quarante kilomètres par jour, et, le soir, nous campions à la belle étoile. Quand j'étais en France, j'ignorais presque absolument l'équitation. Maintenant, une course au galop de dix lieues, sans arrêt, ne me paraît qu'un jeu. Dans l'espace de trente-cinq jours, j'ai parcouru ainsi plus de douze cents kilomètres, sans ressentir le moindre malaise. Voyez le résultat de l'habitude. De même pour le lit. Auparavant, coucher sur la dure me semblait bien pénible. Maintenant, je m'étends sur les planches, ou sur les cailloux, et je dors comme un bienheureux. Notre Père Supérieur, pour lequel je redoutais la fatigue, la supporte merveilleusement.

Cette guérison du P. Ricard tenait du prodige…
__________________________________________

(1) Voir la carte, p. 141.
Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_158

Carte de la page 141.

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Message  Louis Dim 24 Sep 2023, 6:07 am


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(1841-1861)

CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 4

La Terre promise.

SUITE

Cette guérison du P. Ricard tenait du prodige. Elle était d'autant plus frappante, qu'il lui fallait, le soir, coucher en plein air, après la chaleur étouffante du jour, par des nuits très froides. Quand le thermomètre était monté, à midi, jusqu'à vingt-cinq et trente degrés centigrades, il descendait, après le crépuscule, à la température de la glace fondante, à cause du voisinage des hautes montagnes, dont on apercevait, non loin, les crêtes neigeuses. Plusieurs de ces pics ont des noms étranges : ce sont les Saw-Tooth Mounts. les Dents de Scie ; les Seven Devils. les Sept Diables, etc.

Peu après le fort Hall, on s'engagea sur un terrain volcanique. Le sol a été comme boursouflé par les flammes. On aperçoit, sur des espaces immenses, d'énormes blocs calcinés et de longues traînées de lave qui traversent la rivière, en y déterminant des rapides nombreux, des étranglements subits, des cascades grandioses, et des gorges profondes, vrais abîmes que l'œil sonde avec épouvante.

Les magnifiques chutes de Shoshone  mesurent trois cents mètres de large et plus de soixante d'élévation. Celles qu'on appelle les Chutes Jumelles, Twin Falls. se précipitent d'une paroi verticale de cinquante-cinq mètres. D'autres, sans présenter des dimensions égales, ont plus d'élégance et de grâce, comme la Bridal Veil Fall, Chute du Voile de la Fiancée.

Dans ces bancs de lave extrêmement épais, la rivière s'est frayé un lit. en rongeant ces roches éruptives, qu'elle polit, en les creusant. Elle a ainsi taillé des canons gigantesques, profonds parfois de mille à douze cents mètres, et qui sont parmi les plus imposants du monde.

Des deux côtés, s'étend, à perte de vue. une vaste plaine, où ne croissent que des broussailles naines et épineuses, au milieu desquelles bouillonnent çà et là des sources d'eaux thermales, si chaudes qu'on ne peut y plonger la main, plus de trois secondes : preuve évidente que le feu couve encore, sous cette écorce pierreuse.

Après des steppes d'une désolante aridité, les voyageurs commencèrent à gravir les premiers échelons des Montagnes Bleues, par les vallées étroites des affluents du Snake. au milieu d'une végétation plus robuste et de forêts ombreuses.

Une vingtaine de jours de chevauchée les conduisit, enfin, au fort Walla-Walla, où ils arrivèrent, le 5 septembre.

En touchant du pied cette Terre promise, ils se demandèrent, étonnés :

— Mais... où est donc la ville épiscopale ? Nulle part, on n'en distingue la trace.

Quelle différence, en effet, entre le spectacle qui s'offrit à leurs yeux, et celui qu'il nous fut donné de contempler, quand nous visitâmes ces régions, durant l'automne de 1912 !...

Maintenant Walla-Walla…

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Message  Louis Lun 25 Sep 2023, 7:19 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 4

La Terre promise.

SUITE

Maintenant. Walla-Walla, chef-lieu d'un comté et station de plusieurs lignes de chemin de fer, est une ville intéressante, avec des tramways électriques et de beaux monuments : collèges pour jeunes gens et jeunes filles, conservatoire de musique, école préparatoire, minoteries, fabriques, etc.

C'est un centre de commerce important pour l'Orégon et l'Idaho, car on a découvert que le sol environnant, quand il était suffisamment arrosé, se prête merveilleusement à la culture des céréales : froment, orge, avoine, maïs, etc.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_225

Cependant, le développement du Washington fut très lent. Plus de trente ans après, en 1880, la ville avait à peine trois mille âmes. En ces dernières années seulement, par suite d'un effort prodigieux, le territoire du Washington, qui n'avait, en tout, que soixante-quinze mille habitants, en 1880, eu eut plus de cinq cent mille, en 1900, et un million cent quarante-deux mille, en 1910.

Walla-Walla profita de cet accroissement: sa population montait à dix mille habitants, en 1900, et à treize mille, en 1906. L'augmentation a continué.

En 1847, la ville n'existait absolument pas. Elle se forma, peu à peu, autour d'un fort bâti, en 1857, par le Gouvernement américain, à l'époque de la guerre dont nous aurons à parler bientôt.

Cette citadelle fut construite, à une cinquantaine de kilomètres à l'est du vieux fort de traite. Celui-ci, depuis 1818, se dressait sur une sorte de promontoire, près du confluent de la Columbia et de la rivière Walla-Walla, qui se précipite du sud-est, sur les pentes abruptes des Montagnes Bleues, dont les hautes cimes ferment l'horizon, de ce côté.

Dans l'idiome indien, l'expression Walla-Walla signifie « courant rapide ». Le nom de la rivière fut donné aussi aux peuplades installées sur ses bords.

Quoique ce fort de la Compagnie du Nord-Ouest ne fût destiné, comme les autres, qu'à…

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Message  Louis Mar 26 Sep 2023, 6:58 am


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CHAPITRE II. — DE LA]MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 4

La Terre promise.

SUITE

Quoique ce fort de la Compagnie du Nord-Ouest ne fût destiné, comme les autres, qu'à être un comptoir pour le commerce des fourrures, on y avait pris des précautions spéciales contre les attaques des naturels, dont on avait des motifs de se défier, vu leur caractère et leurs instincts.

Jamais on ne les autorisait à franchir le seuil de l'enceinte. Ils transmettaient leurs marchandises par un étroit guichet qui se fermait brusquement, à la moindre apparence de troubles. Murs épais, doubles portes, quatre petites pièces d'artillerie de campagne, une dizaine de fusils, quelques mousquets, des piques, des grenades à main et autres explosifs qu'on lançait à force de bras, constituaient le système de défense, bien faible, si on le compare aux formidables engins modernes, mais suffisant pour tenir à distance des sauvages féroces, n'ayant à leur disposition que des arcs, des couteaux et des flèches.

Sur les deux rives de la Columbia, un ancien volcan éteint projeta, pendant les périodes géologiques, des masses de lave, dans l'épaisseur desquelles le fleuve a creusé profondément son lit. Ses eaux roulent à travers des blocs informes de roches plutoniennes. L'élévation et le rapprochement des falaises qui l'enserrent, engendrent un courant d'air presque continuel, qui tombait sur le fort, alors situé à l'entrée de la gorge.

Le vent y acquiert, parfois, une telle violence, qu'il lance, au loin, de gros graviers et des nuages de sable, très dangereux pour les yeux. Les Pères ne tardèrent pas à remarquer, parmi les sauvages des environs, une multitude anormale de borgnes et d'aveugles.

Quand, presque un demi-siècle plus tard, les ingénieurs construisirent une voie ferrée sur la rive gauche, ils durent la munir de paravents, pour la préserver de l'accumulation de la poussière, qui aurait facilement, par sa quantité, causé le déraillement des trains.

§ 5 Orégon City. Propositions de l’Archevêque et de Mgr Demers…

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Message  Louis Mer 27 Sep 2023, 5:39 am


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CHAPITRE II. — DE LA MÉDITÉRRANNÉE AU PACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 5

Orégon City. Propositions de l’Archevêque et de Mgr Demers.

Le 9 septembre, tandis que le P. Ricard s'occupait de la fondation d'une mission dans les environs de Walla-Walla, le Fr. Blanchet, comme procureur temporel, s'embarquait sur la Columbia, pour un voyage d'exploration.

Me voici de nouveau sur l'eau, écrivait-il. Oh ! le beau  fleuve ! Je le crois, ici, trois fois au moins aussi considérable que le Rhône. Malheureusement, son lit est embarrassé par des rochers qui occasionnent des courants et des chutes périlleuses.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_227

A partir de son confluent avec le Snake à gauche, et la Yakima. à droite, la Columbia. qui a déjà douze cents mètres de largeur, coule constamment vers l'ouest, jusqu'à l'Océan Pacifique, pendant cinq cents kilomètres.

Deux cents kilomètres en aval de Walla-Walla, elle se resserre étrangement entre de hautes murailles basaltiques, au point d'avoir, parfois, à peine quarante mètres de large. C'est ce qu'on appelle le passage des Dalles, à cause de la forme des rochers entre lesquels les ondes se précipitent. A l'époque de la fonte des neiges, elles montent d'une vingtaine de mètres au-dessus de l'étiage, dans ce couloir long de plusieurs kilomètres.

Ensuite la Columbia se développe de nouveau majestueusement, et s'avance sur une pente insensible : mais, à une soixantaine de kilomètres plus bas, commence la région si pittoresque des cascades, produites, à l'origine, par l'éboulement d'une partie de la puissante chaîne des montagnes voisines.

Sur ces énormes blocs, les eaux s'élancent mugissantes, avec un fracas indicible. Puis, la navigation redevient libre jusqu'à la mer ; les rives s'écartent sans cesse, et le fleuve, à son embouchure, a plus de quatre kilomètres de largeur.

De côté et d'autre, sur tout le parcours, s'élevaient, alors, de magnifiques forêts, presque impénétrables.

Sept jours après son départ de Walla-Walla, le Fr. Blanchet…

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Message  Louis Jeu 28 Sep 2023, 5:44 am


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CHAPITRE II. — DE LA M ÉDITÉRRANNÉE AU P ACIFIQUE (22 janvier – 4 octobre 1847)

§ 5

Orégon City. Propositions de l’Archevêque et de Mgr Demers.

SUITE

Sept jours après son départ de Walla-Walla, le Fr. Blanchet passait sous le fort Vancouver, construit près du confluent de la Columbia et de la Willamette. Le lendemain, après avoir remonté, quelques heures, cette rivière, il débarquait à Orégon City, alors simple village de sept à huit cents habitants.

L'archevêque lui fit un excellent accueil.

— Écrivez au plus tôt à votre Supérieur général, dit-il. Suppliez-le, de ma part, de vous adjoindre d'autres compagnons, et le plus possible. Je sais le bien que vos Pères accomplissent dans le Canada, et j'ai le plus grand désir de vous confier plusieurs postes de mon diocèse. Mais, je ne vous le cache pas, dans quelques-uns, il peut y avoir du danger pour la vie, tant les sauvages y sont farouches et sanguinaires.

— Oh ! Monseigneur, ce n'est pas cette considération qui nous arrêtera. Ce sera pour nous un motif de plus d'accepter.

Mgr Demers assistait à l'entretien. L'arrivée des Oblats fut, pour lui aussi, une grande consolation, car, à la veille d'être sacré, il n'avait pas encore un seul prêtre. Il s'empressa d'ouvrir au zèle des enfants de Mgr de Mazenod son vaste diocèse, comprenant, alors, l'île de Vancouver et toute la Nouvelle-Calédonie, ou Colombie britannique.

Heureux de ces communications, le Fr. Blanchet revint les porter au P. Ricard.

Le 4 octobre, le reste de la caravane atteignait Walla-Walla. On pouvait donc se mettre à l'œuvre.

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_229
CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS... (1847 – 1853)…

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Message  Louis Ven 29 Sep 2023, 6:31 am


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(1841-1861)

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Page_230

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 1

Sainte Rose.

Les Oblats commencèrent leur travail d'évangélisation, en s'occupant d'abord des Walla-Wallas, répandus dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres autour du fort du même nom, et aussi sur les rives du Snake et de la Columbia.

Piopiomosmos, ou Serpent jaune, leur chef, indiqua, comme l'endroit le plus commode pour ses gens, un emplacement situé à une lieue environ du confluent de la Yakima et de la Columbia. Une étroite vallée s'élève de là sur un des contreforts de la chaîne des Cascades, au-dessus desquelles se montrent les cimes neigeuses du mont Adam (3.689 m.) et du mont Ramier ou Tacoma (4.428 m.)

Favorable aux sauvages, le site ne l'était guère aux Missionnaires. Tandis que le bois de construction abondait, ailleurs, il manquait, là, presque absolument, et le terrain cultivable y était  rare, ce dont les chasseurs nomades se souciaient peu.

Avec peine, dans ce désert, on réussit à construire une maison-chapelle, très rudimentaire. Les Pères furent obligés d'aller, à quatre ou cinq kilomètres plus haut, chercher, sur les bords de la Yakima, les arbres qu'elle charrie, à l'époque des grandes crues. Ils en formaient des radeaux qu'ils traînaient ensuite au moyen d'une barque.

Sans leur prêter le moindre concours, les sauvages les regardaient agir, se contentant de les aider à consommer leurs provisions de bouche, seul travail auquel ils voulussent s'astreindre.

En novembre, la saison devint mauvaise : d'abord, la pluie ; bientôt après, la neige et la glace.

— Sous notre tente, il ne faisait pas chaud, je vous assure, écrivait le P. Pandosy.

Le vent même souffla si violemment que, plusieurs fois, elle fut renversée et transportée au loin.

Enfin, on acheva les quatre murs, et ce premier établissement, si péniblement fondé, s'appela Sainte-Rose-sur-Yakima. Il fut plus spécialement confié au P. Chirouse qui s'y dévoua sans mesure, et non sans fruit. En quelques mois, il eut la consolation de baptiser plusieurs adultes, dociles à son enseignement, et de les marier suivant les lois de l'Eglise.

Ainsi se forma le noyau d'une chrétienté.
§ 2. L'Immaculée-Conception.

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Message  Louis Sam 30 Sep 2023, 6:29 am


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(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

Les OBLATS en Orégon & Colombie Britannique. Poge_210

§ 2

L'Immaculée-Conception.

Aourrhai, autre chef de tribu, habitant à plusieurs journées de marche, dans le haut de la vallée, se présenta, le 27 décembre 1847, à Sainte-Rose.

— Je viens chercher une Robe noire, dit-il. Nous aussi nous voulons prier et avoir le cœur bon.

— Très bien, répondit le Fr. Blanchet. Je t'accompagne.

Ensemble, ils galopèrent trois jours entiers, et, après une course de deux cents kilomètres, arrivèrent près des sources de la rivière, au camp des Yakimas. L'endroit parut convenable, et, le Fr. Verney étant venu, une semaine plus tard, on commença la construction d'une autre maison-chapelle.

Pas plus que les Walla-Wallas, les Yakimas ne consentirent à se fatiguer, en aidant les Oblats à couper les arbres et à les scier pour en faire des madriers et des poutres : mais ils leur offrirent quelques provisions : poissons, légumes, fruits secs.

D'ordinaire, les sauvages ne sont pas donneurs : c'est leur moindre défaut. La générosité, quoique restreinte, de ceux-ci, témoignait du bonheur qu'ils éprouvaient à la pensée qu'un prêtre résiderait, désormais, parmi eux.

Ce second établissement fut dédié à l'Immaculée Conception.
§ 3. Le docteur Whitman. Assassinats et troubles...

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Message  Louis Dim 01 Oct 2023, 5:52 am


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(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 3

Le docteur Whitman. Assassinats et troubles.

Pendant que le modeste édifice s'élevait lentement, une lettre du P. Pandosy, alors au fort Walla-Walla, apporta une grave nouvelle. La guerre éclatait entre les Américains des États-Unis et les Cayouses, peuplade habitant au sud de la Columbia, sur les Montagnes Bleues. Tous les sauvages de Sainte-Rose partaient, les uns pour se joindre aux Cayouses, les autres pour se mettre en sûreté.

Quelle pouvait bien être la cause de ce regrettable conflit, qui bouleversait la contrée, et arrêterait, pour un temps indéfini, les progrès de l'évangélisation ?

Sur le territoire des Cayouses, à une quarantaine de kilomètres du fort Walla-Walla, et à sept ou huit à l'ouest de la ville actuelle, à l'endroit appelé Wailaptu, se trouvait une mission presbytérienne soutenue par les subsides de l'American Board oj Commissioners for Foreign Missions, de Boston, et confiée au docteur Whitman.

Une centaine de kilomètres plus à l'est, à Lapwai, près du confluent du Snake et de la rivière de l'Eau Claire. Clearwater, une autre mission de ce genre était dirigée par M. Spalding, ancien amant de Miss Narcissa Prentiss, dans le cœur de laquelle il avait été supplanté par Whitman, qui l'épousa.

Ces deux rivaux ne s'aimaient guère. Ils se détestaient même cordialement, et souvent se disputaient, n'ayant de commun que leur haine contre l'Église catholique. Le but que ces ministres mariés et leurs nombreux auxiliaires se proposaient, semble, suivant plusieurs auteurs, avoir été moins la conversion des naturels, qu'un accroissement d'autorité pour le gouvernement américain, sur ces régions qui échappaient encore trop à son influence (1).

Tandis que les Oblats commençaient avec tant de peine leurs établissements. Whitman et Spalding parcouraient les huttes des Cayouses. pour les indisposer contre les Missionnaires catholiques, et leur persuader de ne pas les recevoir, si ceux-ci essayaient de se fixer parmi eux. Mensonges, calomnies, caricatures : tous les moyens furent employés. On parla même de la Saint-Barthélemy, de l'Inquisition, des dragonnades, etc.

— Si vous écoutez les prêtres, affirmait-on, bientôt votre pays sera inondé de sang, comme celui des Français, à cette époque.

Peu après, se déclara une épidémie de fièvre typhoïde, qui fit plusieurs victimes parmi les Cayouses. Les survivants s'adressèrent à Whitman, pour avoir des remèdes. Heureux de cette circonstance qui, pensait-il, augmenterait son importance à leurs yeux, le médecin leur distribua force pilules avec ordonnances appropriées.

Ignorants et superstitieux, les indigènes s'imaginant que ces drogues devaient suffire, et, s'inquiétant peu des ordonnances, allaient et venaient, comme d'habitude, se jetant même dans la rivière, quand ils auraient dû se tenir au chaud. Par suite de ces imprudences, les remèdes, au lieu de produire la guérison, conduisirent plus rapidement à la mort ceux qui en usaient.

L'ayant remarqué, les sauvages, loin de s'en prendre à eux-mêmes, accusèrent celui qui les soignait…
_________________________________________________________________________

(1) Cf. Gray. History of Oregon. in-8°, Portland, 1S70. W. Barrows, Oregon, in-8°, Boston, 1883. O. W. Nixon, How Marcus Whitman saved Oregon, in-8°, Chicago, 1895. A. Mowry, Marcus Whitman and the Early Days of Oregon, in-8°. New-York, 1901. Myron Eells, Marcus Whitman, in-8°, Seattle, 1909.

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Message  Louis Lun 02 Oct 2023, 7:17 am


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CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 3

Le docteur Whitman. Assassinats et troubles.

SUITE

L'ayant remarqué, les sauvages, loin de s'en prendre à eux-mêmes, accusèrent celui qui les soignait.

— Il nous empoisonne, s'écrièrent-ils. Son intention est de nous tuer tous, afin de livrer notre pays aux Américains. Pour l'en empêcher et nous venger, tuons-le, lui, sa famille et tous ceux de son parti.

Plusieurs groupes de ces fanatiques s'approchèrent, le 29 novembre, de la maison du docteur, en dissimulant, sous les couvertures dont ils s'enveloppaient, comme malades, les armes dont ils s'étaient munis : couteaux, glaives, haches et massues. Ils pénétrèrent ainsi, sans éveiller aucun soupçon, mais, à un signal donné, commença une affreuse boucherie.

En quelques instants, Whitman, Miss Narcissa et une douzaine d'autres sont assassinés, tailladés, coupés en morceaux, écrasés, foulés aux pieds. On leur arrache le cœur, et, de leur crâne défoncé, le cerveau s'échappe, au milieu de ruisseaux de sang.

La pensée des meurtriers était de massacrer aussi les enfants et les femmes. Réflexion faite, ils préférèrent les garder comme otages, au nombre de cinquante-trois, pour le cas où les blancs voudraient punir cet abominable forfait.

Laissant les cadavres horriblement mutilés, exposés à la dent des loups, ils coururent à la recherche de Spalding, de sa famille et de ses collaborateurs. Ne les ayant pas trouvés à Lapwai, car, dans l'intervalle, le bruit de la tragédie s'était répandu jusque-là, ils se lancèrent à leur poursuite, mais en vain.

A force de cadeaux, la Compagnie de la Baie d'Hudson obtint la restitution des captifs, qui arrivèrent, le 30 décembre, à Walla-Walla, d'où on les expédia, sans retard, au fort Vancouver.

Dans la première quinzaine du mois de janvier 1848, des régiments de soldats américains se cantonnèrent près du confluent de la Columbia et du Snake. Après quelques escarmouches où plusieurs sauvages furent blessés, le général proposa la paix aux Cayouses, à la condition que les meurtriers lui seraient livrés. Mais ces misérables avaient pris la fuite, et restèrent introuvables. La guerre continua donc.

Au mois de septembre, elle avait coûté déjà plusieurs millions de dollars, sans autre résultat que les entraves mises au zèle des Missionnaires auprès des habitants de cette région, à l'exception des Yakimas, demeurés étrangers aux hostilités.

Les protestants honorèrent Whitman comme un martyr et reprochèrent aux catholiques d'être la cause de sa mort…

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Message  Louis Mar 03 Oct 2023, 6:55 am


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CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847–1853).

§ 3

Le docteur Whitman. Assassinats et troubles.

SUITE

Les protestants honorèrent Whitman comme un martyr et reprochèrent aux catholiques d'être la cause de sa mort. Un grand nombre d'ouvrages, écrits en anglais, propagèrent ces fausses accusations.

Nous avons lu la plupart de ces livres, petits et grands, durant nos recherches dans la bibliothèque du Parlement d'Olympia, capitale du Washington. Tous se copient les uns les autres, et, sans fournir aucune preuve de leurs allégations gratuites, se contentent de reproduire aveuglément les calomnies formulées, d'abord, par Spalding et par Gray, son confrère.

Or, de l'aveu même de Whitman, Spalding était, depuis longtemps, menacé d'aliénation mentale : et, au témoignage des contemporains, la peur qu'il éprouva, à l'occasion du danger couru, en fit un véritable maniaque, regardant comme des réalités les créations de son imagination en délire.

Quant à Gray, l'historien Bancroft le présente comme le plus menteur des Prédicants, that most mendacious ; haïssant autant les Épiscopaliens, que les Anglais et les catholiques, Gray who hates all Episcopal clergymen, and all Englishmen, and all Catholics ; en résumé, détestant le monde entier, excepté lui, Gray, le grand fourbe, and ahnost everybody but Gray, and Gray the Great Untruthful ; et tellement faussaire, qu'il faudrait un volume aussi lourd que le sien pour corriger toutes ses erreurs, it would require a volume as large as Gray's to correct Gray's mistakes (1).

Ces indignes calomnies contre les catholiques furent, enfin, magistralement réfutées, avec une surabondance de preuves, dans un ouvrage de haute valeur, parfaitement documenté et publié récemment par un patient érudit, qui a passé vingt-neuf ans de son existence à recueillir toutes les pièces du procès.

Unitarien de Chicago, il ne saurait être soupçonné d'idées préconçues en faveur des catholiques. Son impartialité est donc incontestable. Seul l'amour de la vérité guida sa plume.

A tout esprit de bonne foi il montre quelle mystification colossale fut cette « Légende de Whitman », dont l'exploitation procura des sommes énormes aux Sociétés protestantes d'apostolat politico-religieux, en particulier aux églises presbytériennes (2).

Outre l'invraisemblance d'une telle perfidie chez des prêtres qui venaient de si loin, et…
____________________________________________________________

(1)  Bancroft. Works... t. XXIX (History of Orcgon), p. 190, 301-302, note 12. t. XXVIII (History of Northwest Coast). p. 536-537.
(2)  William I. Marshall. Acquisition of Oregon and the Long suppressed Evidence about Marcus Whitman (Saved Oregon fiction), 2 in-8°, Seattle, 1911, passim, et t. II, p. 336-338. Cf. E. G. Bourne, Essays in Historical Criticism (The Whitman Legend), in-8º, New-York. 1901.

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Message  Louis Mer 04 Oct 2023, 6:24 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique

(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 3

Le docteur Whitman. Assassinats et troubles.

SUITE

Outre l'invraisemblance d'une telle perfidie chez des prêtres qui venaient de si loin, et au prix de tant de sacrifices, dans le but unique de sauver les âmes des infidèles, comment supposer raisonnablement que, depuis quelques semaines à peine dans le pays, ils eussent acquis, en si peu de temps, assez d'influence sur les sauvages, pour leur persuader d'exécuter un pareil dessein ? Il a fallu être fort crédule, ou ignorant des circonstances, ou aveuglé par les préjugés, pour accepter si facilement de si graves imputations.

Mais, historiquement, la chose est maintenant péremptoirement jugée. Le vrai motif du meurtre de Whitman est bien celui que nous avons indiqué plus haut, en nous appuyant sur les Mémoires inédits du P. Ricard : l'ignorance des sauvages et leur ressentiment contre le médecin, dont les remèdes n'avaient pas sauvé les malades atteints de l'épidémie (1).

Spalding lui-même, dans sa correspondance confidentielle au Secrétaire de l'American Board of Commissioncrs for Foreign Missions, reconnaît que Whitman avait été souvent menacé de mort, parce qu'on le tenait responsable des nombreux décès qui épouvantaient les Indiens : Dr. Withman is regarded as the cause of many or all the deaths in that vicinity, and his life has been frequently threatened. Une accusation identique était formulée contre Spalding, comme il l'avoue dans cette lettre: It is very frequently proclaimed publicly that I am the cause of the numerous deaths, which have occurred among this people the last two years (2).

Ce sont donc les imprudences de Whitman et de Spalding qui ont déterminé la catastrophe. S'ils ne s'étaient pas obstinés à prodiguer aux Indiens ces remèdes que ceux-ci, alors, considéraient comme un poison, le massacre n'aurait pas eu lieu, ni les sanglantes guerres qui l'ont suivi : Whitman's unwisdom in continuing to doctor among them, in spite of numerous threats by Indians that they would kill him, if he failed to cure them (3).

Longtemps, afin de donner plus de poids aux accusations contre les catholiques, on a caché avec soin cette connaissance que Whitman avait des menaces de le tuer que les sauvages lui avaient faites si souvent : All the irresistible evidence that Whitman knew these facts, has been carefully suppressed in the discussion of the causes of massacre (4). Cette duplicité était nécessaire…
_____________________________________________________________________

(1) Marshall, op. cit., t. II, p. 248 sq. Cf. De Saint-Arnaud, Voyages en Californie et dans l'Orégon. in-8°. Paris, 1854, p. 227. Bancroft,  Works... t. XXIX, p. 653 sq.
(2) Lettre du 3 février 1847, datée de Clear Water.
(3) CF. .Marshall,op..cit., ,t. II, p.246 sq, 268. Il multiplie les preuves des imprudences de Whitman, de son manque de prévoyance et de son peu de sagesse, t. II, p. 34, 36, etc. t. I, p. 17. sq.
(4) Marshall, op. cit., t. II, p. 261, 263.

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Message  Louis Jeu 05 Oct 2023, 6:15 am


Dans l’Orégon et la Colombie Britannique
(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 3

Le docteur Whitman. Assassinats et troubles.

SUITE

Cette duplicité était nécessaire, pour ramener la faveur et les souscriptions du public à une entreprise qui avait absorbé déjà plus de trois cent mille dollars (un million cinq cent mille francs), et qui, malgré le chiffre des collaborateurs (trois cents hommes, femmes et enfants), n'avait produit absolument aucun résultat.

Ce fut assurément, dit l'auteur qui a étudié à fond cette question, le plus lamentable gaspillage d'argent et d'énergie humaine qu'on ait jamais vu : certainly a most lamentable and unparalleled waste of money and human energy. Cette somme, en effet, vaudrait, de nos jours, deux millions de dollars (dix millions de francs), two million dollars would be to day ; et ce travail de tant d'employés des deux sexes équivaudrait, de son côté, à cent cinquante ans de travail d'un homme et autant d'une femme, sans compter celui des enfants ; and the labor of all these men and women, the equivalent of fully 150 years' labor of one man and 150 years' labor of one woman, saying nothing of the labors of the children of the missionaries; et. tout cela, sans qu'un seul Indien ait été converti au christianisme, the net resuit was not one Indian really Christianized (1).

Rien d'étonnant dans l'immense disproportion entre la multiplicité des moyens et la nullité des résultats, si l'on songe au manque d'esprit de sacrifice qui animait ces agents des églises méthodistes et presbytériennes. Nous avons, à ce sujet, le témoignage d'un homme non suspect, et qui les a vus longuement à l'œuvre : le sénateur J.-W. Nesmith, commis de l'émigration en Orégon, où il vint, en 1843; puis, juge du gouvernement provisoire ; et, en 1848, officier supérieur dans l'armée envoyée contre les Indiens.

Contentons-nous de traduire ce curieux document : …
____________________________________________

(1) op. cit., t. II, p. 21 sq., 23 sq., 39, 40.  

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Message  Louis Ven 06 Oct 2023, 6:54 am


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(1841-1861)

CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 3

Le docteur Whitman. Assassinats et troubles.

SUITE

Contentons-nous de traduire ce curieux document :

— Ces apôtres, dit-il, aux gages d'une riche Société de l'Est des États-Unis, et largement payés pour leurs services, voyageaient dans de confortables navires. A leur arrivée, on les pourvoyait de maisons très commodes, de vivres et de linge en abondance, pour eux et leurs familles. On leur épargnait avec soin toutes les épreuves, les privations et les souffrances, lot ordinaire, alors, des pauvres émigrants, laissés sans secours dans leur lutte pour la vie. Le but apparent de ces Prédicants était de convertir les Indiens au christianisme ; mais, en cela, l'insuccès fut complet...

Avant mon départ, j'avais lu des rapports merveilleux sur cette prétendue évangélisation. En deux jours, par exemple, aux Dalles, sur les rives de la Columbia, plus de quinze cents païens, assurait-on, avaient reçu le baptême, dans les sentiments les plus édifiants. Le récit se concluait naturellement par un appel à la générosité du public, en faveur de ces ministres et de leurs femmes qui se sacrifiaient, à ce point, dans le lointain Orégon... Quand j'eus vu, de mes yeux, ce qu'il en était en réalité, ma surprise fut extrême...

Je ne découvris qu'un seul Indien, un vieillard, qui eût quelque prétention au christianisme... Les autres, dans le voisinage même de la mission, étaient d'une dépravation de mœurs que je renonce à décrire... Une fois, j'assistai au prêche... L'orateur ne sut dire aux sauvages qu'une chose : que s'ils consentaient à prier avec lui, ils auraient des maisons, de la nourriture et des vêtements comme les Blancs ; mais il ne leur inculqua aucune notion surnaturelle. Après le sermon, le chef se leva, et dit au Révérend : « Oui, mon ami, si tu nous donnes beaucoup de couvertures, de pantalons, de farine, de nourriture, de tabac, et autres bonnes choses, nous prierons Dieu autant que tu voudras ! » A mon humble avis, continue le narrateur, ce n'est pas ainsi que l'on convertira des êtres plongés si profondément dans la matière...

Les prédicants le comprenaient eux-mêmes ; aussi ne perdaient-ils pas leur temps à cette ingrate besogne. Ils préféraient en consacrer la majeure partie à l'acquisition des biens périssables d'ici-bas. Chacun d'eux se rendait propriétaire d'immenses terrains... Beaucoup certainement manifestèrent plus d'ardeur pour amonceler les biens méprisables de ce monde, que pour procurer les intérêts de la sainte Sion...et ce fécond apostolat coûta, une année, à la nation vingt mille dollars (cent mille francs) (1).

Nous terminerons ces réflexions sur la catastrophe dont furent victimes Whitman et les siens, par cette remarque fort juste de l'auteur de la Long suppressed Evidence :

Tout regrettable qu'il soit, cet accident ne fut ni plus ni moins cruel qu'une foule d'autres du même genre, survenus, en Amérique, presque dans chaque endroit, où la population blanche tenta de s'établir sur un sol occupé, jusque-là, par des sauvages. On en aurait parlé incomparablement moins, et le silence se serait fait promptement, s'il n'y avait eu à le rappeler, de mille façons, et à en centupler l'importance, l'intérêt confessionnel indiqué plus haut (2).
_______________________________________________________________________

(1) Sénateur J. W. Nesmith, Annual Adress. clans les Transactions Oregon Pioneer Association, in-8°, 1880, p. 19-22. Cf. Elwood Evans, History of the Pacific Northwest, t. II, p. 493. Stephen Olin, Works, 2 in-8°, 1852, t. II, p. 397 sq.
(2) Marshall, op. cit., t. II, p. 199, 245.
§ 4 Saint-Joseph de Simcoé. — Eloquence de Kamaiarkan...

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Message  Louis Sam 07 Oct 2023, 6:15 am


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CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 4

Saint-Joseph de Simcoé. — Eloquence de Kamaiarkan.

Malgré la guerre et l'effervescence des esprits, les Oblats, au mois de juillet 1848, fondèrent une troisième mission dans la vallée de la Simcoé, affluent de la Yakima, entre Sainte-Rose et l'Immaculée-Conception, sur les terres d'un chef nommé Kamaïarkan, qui avait manifesté, à son tour, le désir d'avoir des Robes noires. La chrétienté nouvelle fut placée sous le patronage de saint Joseph.

Ce vœu n'était rien moins que désintéressé. Les sauvages, leurs chefs en tête, s'imaginaient que les prêtres d'Europe, d'au delà du grand Lac, devaient certainement être très riches et très généreux. Du moment que l'un d'eux s'établissait dans leur pays, tout, pensaient-ils, leur serait fourni avec abondance et gratuitement. Les méthodes d'évangélisation employées par les Épiscopaliens et les Presbytériens ne pouvaient que les raffermir dans cette persuasion.

Profond fut leur désappointement, quand ils virent les Oblats, pauvres, n'ayant rien à donner, et manquant eux-mêmes du nécessaire.

Incapables d'apprécier ce qu'il y avait d'héroïque dans ce dévouement des Missionnaires, les indigènes se sentirent peu portés à embrasser une religion qui défendait qu'on achetât leur âme à prix d'argent.

Jamais l'idée ne leur serait venue que la simonie fût un crime. Au contraire, il leur semblait très raisonnable qu'on les payât, pour les baptiser et en faire des chrétiens. C'était même de la stricte justice, et comme un droit, dont on ne pouvait légitimement les frustrer. Les ministres des diverses sectes n'agissaient-ils pas ainsi ? Pourquoi les catholiques se seraient-ils refusés à  ce contrat si équitable ?

Puis, tant qu'il suffisait de réciter quelques prières vocales, ces êtres charnels n'opposaient pas une invincible résistance. Ils trouvaient, là, un moyen aisé de se procurer les choses nécessaires ou utiles à la vie, et autres qui excitaient leur convoitise.

Mais, quand on leur prêchait les préceptes de la morale, une surdité complète les empêchait subitement d'entendre. La polygamie constituait surtout un obstacle humainement insurmontable. Ces femmes, il est vrai, étaient plutôt des servantes achetées que des épouses libres ; mais, plus quelqu'un en avait, plus il était considéré, en raison de sa richesse, dont témoignait cette espèce de sérail. L'orgueil et les passions les plus basses conspiraient pour le maintien de ces usages invétérés.

Jongleurs et sorciers ne s'emparaient pas moins de l'esprit des sauvages. La crainte exagérée de la mort favorisait la croyance aveugle à toutes les insanités. Ces adroits charlatans comprenaient très bien que, si leurs dupes se convertissaient au christianisme, la source de leurs gains serait tarie. De là, une haine instinctive contre les messagers de l'Évangile, et leur résolution de les écarter par tous les moyens.

Néanmoins, le zèle des Oblats ne fut pas sans fruit...

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Message  Louis Dim 08 Oct 2023, 5:33 am


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CHAPITRE III. — CHEZ LES WALLA-WALLAS ET LES YAKIMAS (1847 – 1853).

§ 4

Saint-Joseph de Simcoé. — Eloquence de Kamaiarkan.

SUITE

Néanmoins, le zèle des Oblats ne fut pas sans fruit. Kamaïarkan, conquis par eux, se déclara franchement pour les catholiques. Aux émissaires de l'hérésie qui tâchèrent de le circonvenir, il répondit :

—  C'est un prêtre que je veux, et non un homme ayant femme et enfants !

Par un acte d'autorité, il réduisit au silence les sorciers qui détournaient ses sujets du baptême, en répétant constamment que ce sacrement cause la mort.

Afin de couper court à ces fourberies, il réunit sa tribu en assemblée solennelle, et lui tint ce langage :

—  Je vois votre ignorance et votre peur ; mais je veux vous instruire et vous tranquilliser. Le règne des imposteurs qui trop longtemps abusèrent de votre naïveté, doit finir. Dès aujourd'hui, je leur infligerai le châtiment qu'ils méritent.

Puis, se tournant vers le P. Chirouse :

— Robe noire, tu n'auras plus de contradicteurs, je te le promets. Avant ce soir, tous ces menteurs auront cessé de vivre.

— Non, répondit le Missionnaire, il ne faut pas les tuer : qu'on leur défende seulement de répandre leurs faussetés criminelles.

— Soit ! je ne les tuerai pas, puisque tu t'y opposes ; mais, s'ils continuent à mal parler, je les chasserai du pays.

— Bien ! cette fois, tu as raison, car, s'ils veulent vous induire en erreur, ils ne sont pas dignes d'habiter ici. Mais, vous tous qui m'écoutez, soyez persuadés qu'ils vous trompent effrontément. Si ces jongleurs ont quelque pouvoir, qu'ils mettent en commun leur puissance, et qu'ils jettent sur moi leurs plus terribles maléfices. Je ne m'en inquiète pas, et je les défie tous !

— Ah ! s'écria Kamaïarkan, enthousiasmé par tant de courage. Voyez-vous ! Entendez-vous, tas de lâches !... Aurez-vous encore peur ?... Tremblerez-vous toujours, comme des feuilles ?... Poltrons que vous êtes ! Emmenez vos enfants, et que la Robe noire les baptise !

Cette apostrophe, d'une si haute éloquence, ne détermina pas les sauvages à bouger…

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