Les OBLATS en Amérique.
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD » (1844-1849).§ 6Protection du Ciel au milieu du danger.SUITE
Des traits de ce genre se renouvelèrent plusieurs fois.
Les rapports avec les sauvages n'étaient pas toujours aussi commodes.
Très livré à la magie, car il était le fils d'une vieille pythonisse, l'un d'eux, endurci dans l'infidélité, avait un enfant nouveau-né gravement malade. Sa mère lui défendit de le laisser baptiser, et l'Indien lui obéit aveuglément.
Désolé à la pensée que cette créature innocente périrait pour l'éternité, le P. Laverlochère multiplia les tentatives auprès de ce fanatique.
Malgré ses refus obstinés, il persistait, quand le sauvage, fou de colère, prit son fusil, et le braqua sur lui, à bout portant.
— Mon sacrifice était fait, écrivait le P. Laverlochère. A l'instant où le meurtrier allait presser la gâchette, je lui présentai mon crucifix. A cette vue, l'arme lui tombe des mains, et le coup part à mes pieds. Le sauvage me fixe, d'un air stupéfait. Ses dents s'entrechoquent. Il tremble de tous ses membres. Je l'enlace dans mes bras, je le presse sur mon cœur, et je l'arrose de mes larmes. Vois, mon fils, lui dis-je, vois si ce que tu veux faire est bien ! Tu veux me tuer, et, moi, je veux te sauver, toi, ta femme, ton enfant, et même ta mère. C'est pour cela que je suis venu de si loin ! Laisse donc baptiser ton enfant, pour qu'il soit, un jour, heureux avec le Grand Esprit.
— Eh bien ! oui ! répondit-il, convaincu, oui, baptise-le.
L'année suivante, toute cette famille, jusque-là plongée dans le vice, était, à son tour, régénérée.
Comme preuve du concours merveilleux que Dieu accordait à son serviteur, il ne sera pas hors de propos de signaler ici l'étonnante facilité qu'il lui donnait, pour apprendre tant d'idiomes si divers et se familiariser avec eux.
Chaque peuplade de l'Amérique du Nord a le sien, et aucun, de près ni de loin, ne ressemble aux langues européennes. Pour traduire les idées les plus simples, il faut, parfois, des mots d'une longueur démesurée, ayant jusqu'à une quinzaine de syllabes très rudes et difficiles à articuler. En dépit des obstacles de tout genre, le P. Laverlochère se rendit maître de ces nombreux dialectes si étranges.
A la fin de ses courses apostoliques…
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CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849)…Au Canada (1841-1861)CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD » (1844-1849).§ 6Protection du Ciel au milieu du danger.SUITE
A la fin de ses courses apostoliques, après avoir traversé tant de ronces et d'épines, il retournait avec une soutane généralement en lambeaux. Une fois surtout, il arriva à Bytown, si déchiré, qu'il attendit jusqu'à onze heures du soir, dans la forêt voisine, avant d'entrer dans la ville. Ce ne fut qu'à la nuit noire, qu'il se dirigea vers la maison de sa Congrégation.
Déchirures, plaies, souffrances, abjection, comme tout cela est beau, cependant, aux regards de la foi ! Quam speciosi pedes evangelizantium !
Vénère-t-on moins un drapeau, parce qu'il a été lacéré par la mitraille, au milieu des combats ? Ce n'est plus qu'une loque, mais combien glorieuse !...
Sublime vie du Missionnaire !
Trop souvent, les délicats de la terre, les mondains, les efféminés, dont l'existence inutile se consume dans une coupable oisiveté, méprisent ces hommes héroïques, qui, pour sauver les âmes, coûte que coûte, n'hésitent pas à se faire petits avec les petits ; nous dirions presque : à se faire sauvages avec les sauvages. Mais comme Dieu les exaltera, au jour des suprêmes justices, ces humbles, ces méprisés, ces vaillants !
Car c'est un long martyre qu'ils ont accepté, quand, à l'image du bon Pasteur, ils se sont condamnés à tant de fatigues et ont affronté tant de dangers, pour ramener au bercail les brebis perdues !
En eux se réalisèrent les paroles du texte sacré : Ils ont erré dans les solitudes, sur les montagnes, dans les vallées, dans les cavernes... couverts de haillons... parfois, de peaux de bêtes; exposés aux dédains, aux railleries, aux afflictions, aux angoisses... endurant la faim et la soif, grelottant de froid... eux dont le monde n'était pas digne !...
Comme le grand Apôtre, ils ont pu ajouter aussi : Un labeur incessant : des blessures sans nombre ; constamment le péril de la mort, sur les fleuves et les océans, dans les déserts et les glaces ; les pièges des hérétiques... la haine des païens...
Après tant de sacrifices si généreusement accomplis et tant d'épreuves si courageusement supportées, ils ne reçurent, pourtant, aucune récompense ici-bas, Dieu le réglant ainsi pour notre instruction, dit encore saint Paul, afin que ceux qui ambitionneront de marcher sur leurs traces, partagent, un jour, avec eux, leur triomphe éternel (1) !
(1) Hebr., XI, 36-40 ; II Cor., XI, 26-27.
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 1A la grande baie des Ah ! Ah !
Ayant appris le bien considérable opéré par les Oblats dans les diocèses de Montréal et de Toronto. Mgr Signay, archevêque de Québec, désirait, depuis longtemps, procurer à ses ouailles les mêmes avantages.
Quelques jours après son arrivée en Amérique, le P. Guigues, accompagné du P. Honorat, se rendit donc, le 13 août 1844. à Québec, pour y traiter cette affaire. Comme toujours, les Oblats manifestèrent leur prédilection pour les âmes les plus abandonnées, et ce fut à celles-là, d'abord, qu'ils voulurent prodiguer les bienfaits de leur ministère.
La partie septentrionale de ce diocèse étant, elle aussi, couverte de forêts, les chantiers se multipliaient, le long du Saguenay, large et profonde rivière qui se jette dans le Saint-Laurent, près du joli village de Tadousac, actuellement charmante station balnéaire, à plus de deux cents kilomètres au nord-est de Québec.
Pour assurer les secours spirituels aux ouvriers de ces chantiers, et, en même temps, évangéliser les tribus sauvages errantes au delà, on convint d'établir une communauté de Missionnaires sur les bords de la grande baie des Ha ! - Ha ! à peu près à mi-chemin entre l'embouchure du Saguenay et le lac Saint-Jean, d'où il sort.
Par le pittoresque du pays tourmenté qu'il traverse, le Saguenay est une des merveilles naturelles les plus saisissantes. Son lit ressemble plutôt à un gouffre d'une longueur démesurée, taillé dans le granit sur une profondeur de plusieurs centaines de mètres. Des masses énormes le dominent, entassées au hasard, les unes sur les autres, par un des cataclysmes les plus gigantesques des temps préhistoriques.
Pendant soixante kilomètres se déroule ce tableau étrange et terrifiant. Trajet interminable ! L'œil fatigué n'aperçoit aucune trace de-végétation. Partout, un silence de mort, à peine interrompu, à rares intervalles, par la voix perçante d'un oiseau de proie, volant très haut et disparaissant au plus vite derrière ces noires murailles cyclopéennes, dont l'étendue confond l'imagination.
A l'aspect de ces horribles amoncellements de rocs dénudés, entre lesquels on navigue si longtemps, on se sent oppressé... angoissé. Instinctivement on cherche, de côté et d'autre, quelque échancrure qui découvrirait un peu de verdure, un bouquet de fleurs, un arbre, des champs. Mais, en vain !
Cette éclaircie consolante est refusée. Au contraire, les flots s'assombrissent de plus en plus, et l'on se trouve devant deux colossales falaises, se dressant verticalement à plus de six cents mètres. On frissonne... Ne vont-elles pas nous écraser? Tout, jusqu'à leur nom, est de nature à inspirer des pensées graves. Ce sont les caps Trinité et Éternité !...
Entre eux se creuse une anse, l'Eternity Bay, où la rivière se glisse. L'écho y prend des proportions extraordinaires, changeant en roulement de tonnerre, mille fois répercuté, le plus léger bruit, et assimilant la détonation d'une arme à feu au fracas épouvantable d'un monde qui s'écroulerait.
On s'échappe, on fuit, on remonte le courant encore pendant plusieurs heures, et c'est avec une satisfaction sans égale qu'on découvre, enfin, une vaste baie, découpée à travers des prairies verdoyantes, où librement se jouent les rayons du soleil. Les premiers explorateurs l'appelèrent la baie des Ha ! - Ha !
Spontanément, en effet, cette interjection jaillit des lèvres, au sortir de ce long spectacle de désolation. Le cœur, de nouveau, bat à l'aise, et l'on reprend vie.
Plus en amont, s'épanouit le lac Saint-Jean, belle nappe d'eau presque circulaire, d'une quarantaine de kilomètres de large, au centre d'une superbe vallée si fertile qu'on la disait le grenier du Canada.
§ 2 Le P. Flavien Durocher...
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 2 Le P. Flavien Durocher.
Au commencement d'octobre 1844, les Pères destinés à la fondation du Saguenay quittèrent Longueuil. Dans la chapelle du séminaire de Québec, se fit la cérémonie, toujours si émouvante, du départ des Missionnaires. Mgr Turgeon, coadjuteur de l'archevêque, la présida.
Parmi les compagnons du P. Honorat, supérieur, notons l'un de ceux dont l'action serait des plus efficaces : le P. Flavien Durocher.
Né à Saint-Antoine, paroisse sur le Richelieu, un peu en aval de Saint-Hilaire et de Belœil, il appartenait à une famille aisée et des plus vertueuses. Après son ordination sacerdotale, en 1823. vicaire à l'église Notre-Dame de Montréal, et aspirant à la vie religieuse, il insista pour entrer dans la Compagnie de Saint-Sulpice, seule Congrégation existant, alors, au Canada. Ses vœux ayant été exaucés, on l'envoya, sur son désir, en 1829, à la mission du lac des Deux-Montagnes, où les Sulpiciens avaient transféré, à grands frais, quelques survivants des Iroquois et des Algonquins.
Spécialement chargé d'eux, il se livra, quatorze ans, à l'étude de leur langue. Il l'approfondit à tel point, qu'il composa et publia une grammaire et un dictionnaire algonquins, dont le pape Grégoire XVI agréa l'hommage.
Le peu de goût de ces sauvages pour la culture, leur amour inné pour la chasse, et, par suite, leur répugnance à rester dans une demeure fixe, en poussaient beaucoup à déserter, chaque année, les terres de la mission.
Pour leur être utile et affermir le bien déjà commencé dans leurs âmes, M. Durocher aurait souhaité, de temps en temps, rejoindre ces familles errantes. Ce ministère n'étant pas de ceux auxquels les Sulpiciens s'adonnent, jamais ses supérieurs ne l'autorisèrent. Aussi, dès que les Oblats de Marie abordèrent au Canada, songea-t-il à s'agréger à eux.
A Longueuil, il retrouva son ancien compagnon du lac des Deux-Montagnes, le P. Léonard, et son propre frère, le P. Eusèbe Durocher, dont nous avons déjà parlé plus haut.
L'esprit sacerdotal puisé si largement à Saint-Sulpice, pendant plus de quinze ans, et les vertus qu'il y avait pratiquées, lui facilitèrent les épreuves du noviciat. Il y sentit croître son amour pour Dieu et son zèle pour le salut des âmes les plus délaissées.
Comme les diverses langues des tribus que les Oblats se proposaient d'évangéliser, au nord du Saint-Laurent, avaient quelques analogies avec l'algonquin, possédé si parfaitement par le P. Flavien Durocher, sa place était toute marquée parmi ceux qui partaient pour le futur établissement du Saguenay. Cinq ans plus tard, il en fut nommé supérieur, et il garda ces fonctions jusqu'à ce qu'il vînt, en cette même qualité, fonder la maison de Saint-Sauveur, à Québec.
§ 3 Chez les Montagnais.…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 3Chez les Montagnais.
Que de fois, pendant des courses de plusieurs centaines de kilomètres, au nord et à l'est du lac Saint-Jean, les Pères ne durent-ils pas coucher, la nuit, à la belle étoile, sur la terre nue, sans aucun abri, exposés à la bise glaciale ou à la tempête, par un froid mortel de trente à quarante degrés centigrades ! Puis, que de cimes escarpées à gravir ! que de vastes champs de neige à traverser, sans monture d'aucune sorte, et simplement avec des raquettes aux pieds !
Dans les autres époques de l'année, au printemps, à la fonte des neiges, ou à l'automne, fatigues et dangers d'un autre genre: ils devaient s'avancer dans des plaines ou des fondrières à demi submergées, ayant de l'eau jusqu'à mi-jambes.
Ces contrées, d'ailleurs, étaient, alors, presque complètement inconnues. Les meilleures cartes géographiques n'indiquaient, avec quelque exactitude, que le pourtour des côtes, et même, sous ce rapport, en plusieurs endroits, elles fourmillaient d'erreurs. Quant à ce qu'elles mentionnaient de l'intérieur : cours des rivières, profondeur des vallées, direction des chaînes de montagnes, leur altitude, leurs cols ou gorges, situation et dimensions d'une multitude de lacs : tout se réduisait à de pures hypothèses.
Là encore, les Missionnaires furent des découvreurs de terres ignorées, en même temps que les messagers de la Bonne Nouvelle et les pionniers de la civilisation. Mais leur vie, dans ces régions affreuses, à la recherche des brebis perdues, ne fut que l'exercice continu de la mortification la plus austère... un héroïque dévouement... un long martyre.
Les habitants s'appelaient les « Montagnais ». Ces tribus de la grande famille algonquine étaient répandues depuis le Saguenay jusqu'au détroit de Belle-Ile, qui sépare le Labrador de Terre-Neuve, et, au nord, jusqu'au rivage oriental de la baie d'Hudson.
A travers des régions si vastes, ces sauvages erraient à l'aventure. Ne se nourrissant que du produit de leur chasse et de leur pêche, ils ne se fixaient nulle part. Lorsque le gibier, gros ou petit, abondait dans un endroit, ils y restaient davantage. Ensuite, ils couraient ailleurs, pour trouver leur subsistance.
Vie d'émotions et de surprises qui leur plaisait extrêmement ! Ils n'en rêvaient point d'autres.
Toujours pleine de sollicitude pour les moindres des créatures, la Providence pourvoyait, à chaque saison, aux besoins de ces pauvres enfants des bois.
Pendant l'hiver, des troupeaux de caribous, ou rennes du Canada, s'offraient, comme d'eux-mêmes, à leurs traits, leur assurant une alimentation substantielle et copieuse. Quand la fonte des neiges rendait plus difficile la capture des quadrupèdes agiles, commençait la chasse des castors et des ours.
Aux beaux jours, on sortait de la forêt, pour s'installer sur les bords de l'océan. Là, on rencontrait, d'abord, d'invraisemblables quantités et variétés d'oiseaux aquatiques : canards, grosses outardes, huards, ou aigles de mer, becs-de-soie, pigeons, kakaoris, plongeons, moniaques, etc.
La pêche fournissait, avec non moins d'abondance, des saumons, truites, maquereaux, harengs, capelans, morues, en légions innombrables.
Puis, arrivaient des bandes serrées de marsouins et loups marins, poissons de deux à trois, et, quelquefois, quatre mètres, que les premiers froids faisaient émigrer des mers polaires dans celles des climats moins rigoureux.
Montés sur de légers canots d'écorce, les sauvages s'élançaient hardiment à leur poursuite, malgré les vagues écumantes entr'ouvertes pour les engloutir, et les glaces flottantes menaçant, à chaque instant, de briser leur frêle esquif. Ils ne craignaient même pas de s'attaquer aux colossales baleines, qui aussi fréquentent ces parages.
Dès la première année, le P. Durocher…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 3Chez les Montagnais.SUITE
Dès la première année, le P. Durocher, s'étant familiarisé avec leur langue, composa, à l'usage des Missionnaires, une grammaire, un dictionnaire, un catéchisme et un examen de conscience, ouvrages d'autant plus nécessaires, que les rares sauvages qui avaient vu un prêtre précédemment, avaient dû se confesser par interprète. On devine ce que pouvaient être de pareilles confessions.
— N'aviez-vous pas quelque répugnance à avouer vos fautes, de la sorte ? leur demanda, un jour, le P. Durocher.
— Oui, Père, répondirent-ils ; mais tu comprends, nous ne déclarions pas tout, puisqu'un homme de notre nation aidait la Robe noire. Il aurait pu révéler nos secrets, et, dans cette crainte, nous préférions nous taire.
En ces missions si pénibles, le P. Durocher et ses compagnons renouvelèrent les merveilles de dévouement du P. Laverlochère et des autres Oblats. au nord de Témiskamingue et d'Abitibi.
Les sauvages qu'ils évangélisèrent, n'habitaient que dans de misérables cabanes enfumées, faites de quelques perches recouvertes d'écorce de bouleau. Quelques branches de sapin, sur la neige ou la glace, constituaient le pavé de ces maisons rudimentaires.
Quelle joie pour ces pauvres Montagnais d'entendre les Missionnaires prêcher dans leur langue ! Ils consolèrent leurs apôtres par leurs bonnes dispositions et leur docilité.
Un jour, le P. Durocher en vit arriver une…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 3Chez les Montagnais.SUITE
Un jour, le P. Durocher en vit arriver une foule qui n'avaient jamais eu de rapports avec un prêtre de Jésus-Christ.
— Père, dirent-ils, nous venons de fort loin, afin de goûter le bonheur de jouir de ta présence. Nous ne regrettons pas la longueur de la marche. Éclaire-nous, car nous désirons prier comme toi, et être arrosés par l'eau qui purifie.
Ces Indiens avaient parcouru plusieurs centaines de kilomètres. On ne saurait exprimer avec quelle attention ils écoutèrent les explications catéchistiques. Tous assistèrent régulièrement aux réunions, et auraient voulu recevoir le Baptême. On dut, cependant, faire un choix, car, vers la fin de leur premier séjour, ils n'étaient pas également instruits.
La cérémonie imposante les émut profondément.
— Lorsque je versai sur le front des nouveaux chrétiens l'onde qui régénère, écrivait le P. Durocher, les yeux de tous se remplirent de larmes. Les élus pleuraient de bonheur, et les autres de tristesse, à la pensée d'être privés encore d'une si grande grâce. Mais ils auraient leur tour, la prochaine fois. Je fus touché moi-même. Dieu était là. Jamais je n'oublierai cette heure, ni ceux qui, à ce moment, furent l'objet des prédilections du Seigneur. Quelque chose de surnaturel se manifestait en eux, et leur figure s'illuminait d'un rayon céleste.
Pour ces Montagnais, le Missionnaire était tout : père, maître, juge, conciliateur, etc. Dans les différends qui s'élevaient entre eux, ils le choisissaient pour arbitre ; dans chaque arrangement à prendre, ils s'adressaient à lui. Le Messager de Dieu suppléait aussi à leur manque de prévoyance, et leur épargnait de dures souffrances, car, comme les autres sauvages, ils restaient toujours enfants, vivant au jour le jour, sans songer au lendemain.
En se convertissant, ils devinrent charitables. Quand quelques-uns réussissaient à la chasse ou à la pêche, ils partageaient leur butin avec les veuves, les orphelins et les indigents.
Si le Missionnaire célébrait la sainte Messe dans leur cabane, ils ne se possédaient pas de joie. L'un d'eux, ayant eu cette faveur, voulut, par reconnaissance, accompagner le Père fort loin. Celui-ci dut employer son autorité, pour lui persuader, enfin, de s'arrêter, et de retourner sur ses pas. Le bon sauvage éclata, alors, en sanglots, et, tombant à genoux, demanda sa bénédiction.
Tandis qu'il retournait, il rencontra plusieurs groupes de sa tribu, qui accouraient vers lui.
— Où est le Père ? s'écrièrent-ils, car, nous aussi, nous voulons entendre sa voix, et purifier nos âmes.
— Là-bas ! Là-bas ! dans cette direction, répondit-il. Après trois jours de marche, vous le trouverez. Que vous êtes heureux d'aller le voir !... Ah ! dites-lui bien que, depuis qu'il a célébré la Messe dans ma cabane, ma pensée ne peut se séparer de lui. Qu'il est clément, le Grand Esprit qui a daigné descendre dans ma demeure !...
Et de grosses larmes coulaient de ses yeux !
§ 4. Vers le Labrador...
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 4Vers le Labrador.
Chaque été, plusieurs mois étaient consacrés à visiter les postes échelonnés le long de la côte septentrionale du Saint-Laurent, sur plus de huit cents kilomètres : Tadousac, les Petites et Grandes Bergeronnes, Bon Désir, Les Escoumains, Portneuf, Papinachois, la baie aux Outardes, etc., etc. Les Pères se rendaient également dans les îles voisines du littoral, entre autres aux Ilets Jérémie, à l'archipel des Sept-Iles, à l'île Mingan, au nord d'Anticosti. Ils poussèrent même leurs excursions jusqu'aux Blancs-Sablons, sur le détroit de Belle-Ile, en face de Terre-Neuve, soit à une distance d'un millier de kilomètres de leur point de départ.
Sur tout ce parcours, ils baptisèrent de nombreux adultes, et communièrent, pour la première fois, des gens âgés de seize à soixante-quinze ans. Les ennemis se réconciliaient ; on restituait les objets pillés dans les navires naufragés; les danses et pratiques superstitieuses étaient abolies, ainsi que la coutume d'offrir, pendant les festins, des sacrifices aux mânes des ancêtres.
Le mouvement de conversion se communiquait de proche en proche, et les tribus encore infidèles, comme celle des Naskapis, par exemple, ébranlées par ce qu'elles entendaient, réclamaient spontanément des Missionnaires.
Chez les néophytes, se manifestait une extraordinaire ardeur pour la participation aux divins mystères. Un vieillard de soixante-dix ans parcourut deux cents kilomètres en canot d'écorce, avec sa femme, afin d'assister à deux missions. Les parents prenaient un soin extrême de l'éducation religieuse de leurs enfants, leur enseignant très exactement les prières et le catéchisme.
Une petite fille de sept à huit ans montra, un jour, tant de sagacité, que le P. Durocher, émerveillé, lui demanda :
— Mais... quel est donc ton père ?
— Mon Père ?... C'est le Grand Esprit !
— Et ta mère ?
— C'est la Sainte Vierge !
Réponses charmantes de naïve candeur.
Régénérés par la grâce, ces sauvages non seulement supportaient avec résignation la souffrance, mais souriaient à la mort.
Sur le point de quitter une île éloignée de cent kilomètres de Tadousac, le Missionnaire alla visiter une femme mourante, encore à la fleur de l'âge, et qui, la veille, avait reçu le saint Viatique.
— Père, lui dit-elle, rayonnante, c'est la dernière fois que nous nous voyons ici-bas !... Je ne regrette pas ce monde !... Mon cœur, au contraire, tressaille d'allégresse !... Il me tarde d'être unie à Jésus pour toujours.
La confiance de ces Indiens en la Providence n'était pas moins admirable.
Racontant que plusieurs étaient morts de faim sur leurs terres de chasse…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 4Vers le Labrador.SUITE
Racontant que plusieurs étaient morts de faim sur leurs terres de chasse, un septuagénaire disait :
— Moi, j'ai toujours été protégé d'une manière particulière. Comment le Grand-Esprit, qui nourrit les oiseaux, oublierait-il ceux que le sang de son Fils a rachetés ?...
— Sans doute ! mais il ne faut pas, cependant, tenter Dieu. Quel moyen emploies-tu pour éviter la disette ?
— Pas d'autre que l'abandon en la bonté céleste. Il nous est impossible de transporter, à des distances si considérables, les provisions nécessaires au soutien d'une famille, durant les longs mois d'hiver. Si les bêtes fauves nous manquent, tout nous manque. Mais nous espérons que le Grand Esprit nous en enverra, et II nous en envoie toujours.
Passionnés pour la musique, ces nouveaux chrétiens apprirent la messe royale, et ils l'exécutaient solennellement en langue montagnaise, les hommes et les femmes formant deux chœurs.
La mission se terminait par une communion générale.
Quand les Pères, après avoir évangélisé un endroit, se dirigeaient vers un autre, un cortège les accompagnait, au chant des cantiques. C'était une marche triomphale, souvent avec décharges multipliées de mousqueterie. A l'entrée du poste où l'on se rendait, le bruit redoublait, car les habitants du lieu tenaient, eux aussi, à exprimer leur contentement par la voix de la poudre.
Dans l'archipel des Sept-Iles…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 4Vers le Labrador.SUITE
Dans l'archipel des Sept-Iles, les Pères trouvèrent un pauvre infidèle de la tribu des Naskapis, venu, à diverses reprises, pour assister au catéchisme et recevoir le baptême, mais qui, jusqu'à cette fois, était malheureusement toujours arrivé en retard. Sa désolation était extrême, et rien ne pouvait le consoler.
— Que sais-tu ? lui demanda un des Pères, à titre d'examen.
— Je sais compter les grains de la prière.
Réciter le chapelet constituait toute sa science. Il la tenait de sa femme. Comme le savoir du professeur se bornait à cela, l'élève n'était pas allé plus loin.
On s'empressa de l'instruire des vérités essentielles de la foi ; mais, si le cœur était bon, la tête était dure, l'intelligence lente à saisir, et la mémoire prompte à oublier.
Après plusieurs jours d'un travail acharné, il demanda au Père :
— Ne me feras-tu pas miséricorde ?... Je n'ai plus rien à manger ; il faut que je m'en retourne.
— Je le regrette, tu n'as pas encore la science suffisante; impossible de te baptiser.
L'infortuné soupire, baisse la tête, et se retire dans un morne silence.
Une heure plus tard, on le revoyait à la hutte qui servait de chapelle, murmurant le chapelet avec sa femme.
Le lendemain, dès l'aurore, les deux époux revenaient supplier Celle qu'on n'invoque jamais en vain.
Cette dévotion si persévérante envers la Sainte Vierge les sauva, l'un et l'autre.
Ému de tant de constance, le Père interrogea de nouveau le pauvre catéchumène.
La Mère de la divine Lumière avait soudainement éclairé cette âme, plongée jusque-là dans de si épaisses ténèbres.
Toutes les réponses furent d'une précision étonnante.
Ce jour même, l'onde baptismale coulait sur lui.
Dans son exaltation, le Naskapi. à l'issue de la cérémonie, voulait embrasser tous les assistants, dont il se sentait, désormais, le frère, quoi¬qu'ils appartinssent à une autre tribu.
Beaucoup de ces sauvages s'attachèrent, dès lors, tellement à notre religion sainte, qu'ils auraient voulu un prêtre constamment parmi eux.
— Le Gardien de la prière (l'évêque) n'aura-t-il pas compassion de nous ? disaient-ils, en gémissant. Serons-nous donc toujours privés de la présence de Jésus dans le Sacrement de son amour ?
Quelque juste et touchante que fût leur requête, on ne pouvait encore la satisfaire, vu le petit nombre des ouvriers évangéliques et l'immensité des distances. On s'imagine difficilement au prix de quelles fatigues ces âmes étaient conquises !
— Si le bon Père Durocher continue à missionner avec moi, le long du golfe de Saint-Laurent, écrivait un de ses confrères à Mgr de Mazenod, il sera bientôt fini. Il a été très fatigué. Je crains toujours pour lui !... Il est d'une santé si compromise, et d'un caractère si délicat !... Rempli de prévenances pour les autres, mais sans ménagement pour lui !...
Dans leurs courses apostoliques, les hardis Missionnaires s'avancèrent jusqu'au Labrador…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les OBLATS en Amérique.
Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 4Vers le Labrador.SUITE
Dans leurs courses apostoliques, les hardis Missionnaires s'avancèrent jusqu'au Labrador. Plusieurs fois, ils risquèrent de faire naufrage sur ces côtes inhospitalières, hérissées d'écueils perfides, sur une mer orageuse, presque toujours agitée par les tempêtes et couverte d'épais brouillards. Une fois surtout, ils ne durent leur salut qu'à une sorte de miracle.
Leur frêle embarcation en écorce de bouleau ayant été heurtée par un bloc de glace, une large déchirure s'y produisit. Pour ne pas sombrer, il leur fallut tout jeter par-dessus bord : caisses, paquets, provisions, et jusqu'à leur chapelle. Cela ne suffisant pas, ils allaient couler à pic, lorsque les glaces flottantes qui les entouraient, se réunirent, enserrant la petite nacelle. Le danger, quoique momentanément conjuré, n'en restait pas moins réel. Les énormes glaçons, soutenant l'esquif sur l'abîme, pouvaient, à chaque instant, le briser, ou l'emporter à la dérive, en plein océan. Dans l'un et l'autre cas, c'était la mort à brève échéance.
Peu à peu, les ombres du soir les enveloppèrent. Pour prendre un peu de repos pendant cette nuit terrible, les Pères Durocher et Garin, grelottant de froid, se couchèrent sur une peau de phoque, étendue sur la glace. Ils errèrent ainsi à l'aventure, sans savoir où le courant les entraînait, et sans avoir la possibilité de s'y opposer, en aucune manière.
Ayant fait, à cette heure tragique, le sacrifice de leur vie, ils conservèrent le calme, et s'endormirent sous le regard de Dieu.
O merveille !... Le matin, ils se réveillèrent près du rivage. En toute hâte, ils réparèrent leur canot, d'une façon provisoire, le dégagèrent des glaces, et réussirent à atteindre la côte.
Ils étaient sauvés :... Humainement la chose n'était pas explicable... Visible apparaissait la protection du Ciel.
Quand des nouvelles de ce genre arrivaient en France, les phalanges d'adolescents qui peuplaient le noviciat et le scolasticat de la Congrégation, tressaillaient d'un saint enthousiasme.
— Tous voudraient partir, écrivait d'eux Mgr de Mazenod au P. Léonard. Ils visent aux missions les plus pénibles. Le récit de ce que nos Pères ont à souffrir, loin de les effrayer, les anime davantage. Avec quelle joie ils franchiraient les mers !
Dans une lettre au P. Guigues, il exprimait ses propres sentiments à ce sujet :
— Hier, en portant le Saint Sacrement à la procession générale, je m'entretenais, à cœur ouvert, avec notre bien-aimé Seigneur. Je lui parlais avec abandon de nos Missionnaires, si souvent exposés à perdre la vie pour son service... Je suis rentré plus consolé, plus raffermi, plus reconnaissant que jamais... Redoublons de confiance. C'est Dieu même qui nous conduit.
§ 5 La colonisation.…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 5La colonisation.
L'évangélisation des sauvages, disséminés .sur une si vaste étendue, n'empêchait pas celle des groupements canadiens, le long des rives du Saguenay. La présence des Oblats contribua puissamment à multiplier ces centres de population, vu la certitude qu'avaient les catholiques de trouver, là, désormais, les secours religieux. Par leur persévérance, les Pères fondèrent en ces endroits plusieurs paroisses, et posèrent les bases d'un nouveau diocèse.
Ce fut, d'abord, à la baie des Ha ! - Ha !, près de l'embouchure de la rivière du même nom, la paroisse de Saint-Alexis; ensuite, de l'autre côté, celle de Saint-Alphonse de Liguori.
En 1846, commença l'établissement de Notre-Dame du Grand-Brûlé, devenu, plus tard, la paroisse de Notre-Dame de la Terrière, l'une des plus riches de la région. Le P. Honorat en est le créateur. Il fit abattre les arbres de la forêt vierge, tracer et percer les voies de communication, défricher le terrain, bâtir une jolie église et une école. De plus, il installa une scierie mécanique, un moulin pour moudre le blé, et dota la ville naissante de tout ce qui lui était nécessaire pour vivre et prospérer. A ces améliorations il consacra plus de cent cinquante mille francs.
Dans les premiers temps, les Pères eurent à mettre personnellement la main à l'ouvrage, ne dédaignant pas d'être, tour à tour, bûcherons, charpentiers, maçons, laboureurs, comme ils étaient prédicateurs et apôtres.
Encouragés par cet exemple, et attirés par des avantages assurés, les colons affluèrent.
— Le nom du bon P. Honorat, écrivait le P. Arnaud, trente ans après, était sur toutes les lèvres et dans le cœur de tous les habitants qui le vénéraient comme un Père. Il n'y avait encore ni lois, ni magistrats... Quand la raison du plus fort tendait à dominer un peu, les faibles recouraient à la protection du Père Supérieur, comme ils l'appelaient. Ses décisions constituaient un jugement sans appel. Sa belle prestance, son air sévère en imposaient, et bientôt tout rentrait dans l'ordre. On le craignait et on l'aimait universellement.
— A moins d'y avoir été employé soi-même, remarque un autre de ses collaborateurs, on ne peut imaginer l'énorme travail réservé au Missionnaire chargé de veiller à la colonisation. Chaque jour, se présentent des familles, ayant vendu et dépensé tout ce qu'elles possédaient, pour couvrir les frais du voyage. Ces pauvres gens sont donc, là, sans demeure, sans provisions, souvent même sans outils. Il leur faut des semences, et ce n'est qu'après une année de privations et de misères, qu'ils se suffisent. Au Missionnaire d'être leur Providence.
Ce prodige de dévouement…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VI. — LE SAGUENAY (1844-1849).§ 5La colonisation.SUITE
Ce prodige de dévouement, les Pères l'accomplirent non seulement à Saint-Alexis, à Saint-Alphonse et à Notre-Dame de la Terrière ; mais à Chicoutimi, maintenant évêché, et dans beaucoup d'autres postes, tels que Saint-Martin, l'Anse Saint-Jean, le petit Saguenay, Sainte-Marguerite, Tadousac, etc., quoiqu'il n'y eût, alors, aucun chemin frayé, à l'exception de quelques sentiers presque impraticables, sur le versant des montagnes abruptes.
— L'équité veut que l'on reconnaisse le rôle prépondérant des Révérends Pères Oblats dans cette œuvre de colonisation, affirmait l'auteur d'une brochure parue vers cette époque (1).
Dans une lettre, du 3 août 1853, à Mgr de Mazenod, le P. Santoni, alors provincial du Canada, disait de même :
— Tout le monde confesse que le bien opéré par nous au Saguenay est immense.
Plus récemment, M. Claudio Jannet, professeur à l'Institut catholique de Paris, en témoignait encore dans une série d'articles publiés, à son retour d'un voyage en ces contrées, et intitulés : La race française dans l'Amérique du Nord :
— La mémoire du P. Honorat, concluait-il, est restée en bénédiction, comme celle de l'initiateur de la colonisation qui a transformé si heureusement ce pays (2).
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(1) Le Saguenay en 1851, in-8°, Québec. — (2) Cf. Le Correspondant, du 10 juin 1881.
CHAPITRE VII. — ÉRECTION DE L’ÉVÊCHÉ DE BYTON (1846-1856). …
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VII. — ÉRECTION DE L’ÉVÊCHÉ DE BYTON (1846-1856).§ 1Promotion du P. Guigues à l’épiscopat.
Depuis son arrivée, le P. Guigues avait pris la haute direction de toutes les œuvres, et avait su leur donner une vigoureuse impulsion. Son entente parfaite des affaires, jointe à un talent vraiment remarquable d'organisateur et d'administrateur, fixèrent sur sa personne les regards des évêques du Canada, frappés de cet ensemble de qualités de premier ordre qu'ils découvraient en lui.
D'autre part, les progrès rapides de la religion, grâce au ministère des Oblats, dans les vastes régions où elle était ignorée auparavant, exigeaient la création immédiate d'un siège épiscopal. A cause de son importance croissante, la ville de Bytown parut devoir être le chef-lieu de cette circonscription ecclésiastique, qui, formée de fragments considérables des diocèses de Montréal. Kingston et Toronto, ne serait limitée, au nord, que par les rivages de la baie d'Hudson, et embrasserait une surface égale à celle de la France.
— Ce nouveau diocèse, écrivait, le 7 octobre 1846, Mgr Bourget à Mgr de Mazenod, n'aura pas moins de sept à huit cents lieues d'étendue : champ immense ouvert au zèle de vos enfants.
Mais l'évêché de Bytown étant ainsi au centre même des missions des Oblats, et, de longtemps, ne pouvant avoir d'autre clergé que celui que la Congrégation serait en mesure de lui fournir, quoi de plus naturel que le futur évêque fût un Oblat ?... Dans cette hypothèse, qui méritait mieux cette distinction que le P. Guigues ?
Unanimement les évêques du Canada résolurent de le désigner au Saint-Siège, et, en même temps, chargèrent Mgr Bourget d'aller en Europe, pour mener à bonne fin cette importante négociation.
Avant de poursuivre sa démarche jusqu'à Rome…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VII. — ÉRECTION DE L’ÉVÊCHÉ DE BYTON (1846-1856).§ 1Promotion du P. Guigues à l’épiscopat.SUITE
Avant de poursuivre sa démarche jusqu'à Rome, leur délégué chercha à obtenir l'acquiescement du Supérieur général. Celui-ci refusa, d'abord, comme plusieurs fois déjà, en France, il avait résisté aux instances du Ministre des Cultes qui, à diverses reprises, l'avait sollicité de lui présenter quelques-uns de ses Religieux pour l'épiscopat. Mais, vu le bien qui devait en résulter pour l'église d'Amérique, il consentit à faire une exception à la ligne de conduite qu'il s'était tracée, sous ce rapport.
Ce qui, alors, paraissait ne devoir être qu'une dérogation, allait se multiplier, dans la suite, et devenir une nécessité, avec le développement incessant des œuvres et le nombre toujours croissant des missions étrangères, confiées à la Congrégation, dans tontes les parties du monde.
Quand, de nos jours, on jette un regard d'ensemble sur ses travaux, simplement pendant trois quarts de siècle, on ne peut s'empêcher d'être frappé du chiffre considérable de diocèses qu'elle a fondés et constitués de toutes pièces.
Mais, à l'imitation de saint Paul, elle a concilié l'activité la plus débordante avec l'humilité, dont elle ne voulait, à aucun prix, s'écarter.
A l'origine de l'Église, le grand Apôtre établissait des chrétientés en Asie Mineure, en Grèce, en Macédoine, en Crète, etc.. etc. Puis, lorsque, par ses soins et par son inlassable dévouement, elles s'étaient fortifiées, au point de pouvoir se suffire, il les confiait à un homme sorti de leur sein, qui devenait, à son tour, leur pasteur et leur père.
De même, si la Congrégation accepta l'épiscopat pour quelques-uns de ses enfants, ce ne fut que dans l'intérêt des diocèses en formation.
Si, du moins, pour tant d'œuvres étonnantes qu'elle a accomplies sur tant de différents théâtres, elle avait rencontré la reconnaissance, elle aurait eu, sur terre, quelque dédommagement à ses sacrifices et à ses peines ! Mais, que de fois, par suite de l'ingratitude humaine, s'est réalisée, pour elle, la remarque du poète :Sic, vos, non vobis nidificatis, aves !...
§ 2 La création d'un diocèse.…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VII. — ÉRECTION DE L’ÉVÊCHÉ DE BYTON (1846-1856).§ 2La création d’un diocèse.
Préconisé, le 9 juillet 1847, Mgr Guigues fut sacré, le 30 juillet 1848, à Bytown, par Mgr Gaulin, évêque de Kingston, assisté de Mgr Phélan, son coadjuteur, et de Mgr Bourget.
En cette circonstance, Mgr de Mazenod lui écrivit la lettre suivante, si touchante par les épanchements de son affection paternelle :
— C'est en descendant de l'autel, très cher fils, frère et ami, où je viens d'offrir le Saint Sacrifice, en union de relui que tu offres toi-même en qualité de Pontife, et pour attirer sur ta personne, ton diocèse et ton ministère les bénédictions de Dieu, que je te trace ces lignes. Je ne veux pas renvoyer à demain, pour t'exprimer les sentiments dont mon cœur est rempli, transporté, comme je le suis, par la pensée auprès de toi, dans ce moment solennel où l'Esprit-Saint opère dans ton âme de si grandes merveilles. Cette belle journée doit tellement t'être consacrée, que je ne m'occupe que de toi, soit devant Dieu, soit devant les hommes...
J'estime nos bons Pères bien heureux de pouvoir t'embrasser, en ce jour. Oh ! comme je t'aurais pressé sur mon cœur, toi, mon cher fils, que j'ai reçu si jeune dans notre famille religieuse; toi que j'ai vu croître en âge, en science et en vertu : toi que j'ai choisi pour être un autre moi-même ; toi en qui j'ai mis toute ma confiance pour gouverner la portion considérable de cette famille que j'envoyais si loin de moi pour le service de 1'Église, la gloire de Dieu et le salut des âmes. Je te préparais ainsi, sans le savoir, les voies à la sublime dignité à laquelle la volonté de Dieu t'a appelé. Ne crains rien, cher ami : un évêque missionnaire qui veut être fidèle à sa vocation, en conserver l'esprit, et même, autant que possible, les pratiques régulières qui lui ont été si utiles dans le cours de sa vie apostolique, cet évêque est en possession du bonum opus qu'il n'a pas convoité, niais dont il tirera le profit que surent en retirer les premiers évêques de l'Eglise, à qui l'apôtre saint Paul prêchait d'exemple et de parole. Tu vas prouver comment ta nouvelle dignité, dont tu ne seras pas ébloui, ne changera rien à la simplicité de tes goûts, ni à ta conduite envers ceux qui demeurent tes frères, tout en se prosternant devant le caractère sacré dont tu es revêtu...
Quelques semaines plus tard, il lui écrivait encore :
— Ton diocèse et tes ouailles ne te détourneront pas de ta première vocation, mais t'y établiront, au contraire, d'une manière plus parfaite. Tu peux bien te dire que tu es aujourd'hui, de droit divin, le premier Missionnaire de cette vaste contrée dont tu es le pasteur.
En prenant possession de son siège, Mgr Guignes n'ignorait pas qu'il avait tout à créer…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VII. — ÉRECTION DE L’ÉVÊCHÉ DE BYTON (1846-1856).§ 2La création d’un diocèse.SUITE
En prenant possession de son siège, Mgr Guignes n'ignorait pas qu'il avait tout à créer. Pour cette œuvre immense, il comptait sur le concours de la Congrégation, le seul assuré, alors. Ce concours lui fut très largement accordé, avec une générosité et un désintéressement, dont on a peine actuellement à se faire une idée exacte, en présence des magnifiques résultats obtenus.
On se tromperait, si l'on supposait que la Congrégation escomptât quelque avantage matériel, de l'élévation de l'un de ses enfants sur le siège épiscopal de cette ville naissante, qui allait devenir, après quelques années, la capitale du Canada, réuni en Confédération.
La population du nouveau diocèse, en partie protestante, était disséminée dans des missions, ou paroisses, vastes comme des provinces. L'exercice du saint ministère exigeait donc, vu cette situation spéciale, des fatigues multipliées et un dévouement incessant.
En outre, afin d'aider plus puissamment le nouvel évêque, le Supérieur général lui abandonna entièrement les ressources des Oblats dans les limites de sa juridiction. Tout ce qu'ils réussissaient à se procurer par leurs relations personnelles, ou à économiser sur leur faible rétribution, passait donc au profit des églises à établir.
C'est comme si, dans un diocèse. les curés, vicaires et prêtres employés à un degré quelconque, versaient leur traitement intégral et les dons de toute nature qui pourraient leur être faits, même les honoraires de Messes, dans les mains de l'évêque, et que celui-ci, après avoir remis le strict indispensable à chacun pour le vivre et le couvert, disposât du surplus, en pleine liberté, pour l'utilité générale du diocèse : chapelles à construire, écoles à bâtir et à doter, orphelinats, ouvroirs, hôpitaux, bonnes œuvres de tout genre, etc., etc.
On peut essayer de soumettre à ce régime des religieux liés par le vœu de pauvreté et d'obéissance; mais jamais des séculiers ne l'accepteraient. Mgr Phélan, administrateur de Bytown, n'avait même pas osé proposer aux Oblats une mesure aussi draconienne, quand il les invita à travailler dans cette partie du diocèse de Kingston. Mgr Guigues la leur imposa, de sorte que, loin de retirer un bénéfice quelconque de l'élévation d'un de leurs confrères sur le siège épiscopal, ils furent, dès ce moment, dans une situation bien inférieure à celle qu'ils avaient eue sous son prédécesseur.
Nous doutons…
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Nous doutons que beaucoup d'Instituts eussent souscrit à un contrat aussi léonin, où tous les avantages étaient pour le diocèse, et toutes les charges pour la Congrégation.
Celle-ci était exposée, après tant de labeurs surhumains, de fatigues inouïes et de sacrifices pécuniaires de tout genre, à ne posséder, à la mort du prélat, ni un pouce de terrain, ni un pan de mur, ni le moindre toit pour s'abriter, dans un diocèse qu'elle aurait été complètement. Saint Paul lui-même aurait jugé ces conditions plus qu'onéreuses : Quis militat suis stipendiis unquam ? (I Cor., IX, 7).
Il serait difficile d'apprécier, à cette heure, tout ce que Mgr Guignes dut à un concours aussi désintéressé.
Au commencement de son épiscopat, il ne trouvait, dans son diocèse, outre la cathédrale inachevée, que deux petites églises qu'il fallait rebâtir, et quelques misérables chapelles en bois, dénuées presque de tout. A la lumière des réflexions antérieures, on comprend qu'il ait pu l'enrichir de soixante-sept églises, de quarante-huit chapelles, et d'un nombre proportionné d'écoles. Par leurs fatigues incalculables et leurs sacrifiées répétés, les Oblats constituèrent ces centres d'évangélisation ; puis, à mesure qu'ils curent formé un clergé séculier, ils lui cédèrent leurs propres résidences, devenues des paroisses prospères.
Situation singulière (pour ne pas dire anormale) de la Congrégation, dans un diocèse qu'elle créait de toutes pièces !...
Une douzaine d'années seulement après leur arrivée, les Oblats y possédèrent un établissement : le collège d'Ottawa, que leur céda Mgr Guigues. Mais il était loin de valoir, alors, ce qu'il devint, dans la suite, par leur sage administration, leur dévouement sans bornes, d'énormes sacrifices pécuniaires, et le génie d'organisation du P. Tabaret.
Cette cession elle-même fut une bonne affaire pour le diocèse, car, au moment où le collège passa complètement dans leurs mains, il représentait plutôt une lourde charge qu'un avantage quelconque. En outre, le prix de l’immeuble, si modeste encore, égalait à peine la forte somme avancée par la Congrégation, dix ans auparavant, pour la construction de la cathédrale. C'était donc, moins un don gracieux, ou une reconnaissance, si insignifiante fût-elle, des innombrables services rendus, qu’une simple restitution opérée sous couleur d'un échange. Là encore se manifestait cette habileté proverbiale de Mgr Guigues pour les transactions.
Quant aux sommes, autrement grandes, employées par la Congrégation à la fondation des paroisses, abandonnées ensuite au clergé séculier, il n'en fut fait aucune mention, et elles restèrent définitivement acquises au diocèse.
§ 3. Collège d’Ottawa, future Université…
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CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS DES SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856)...Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VII. — ÉRECTION DE L’ÉVÊCHÉ DE BYTON (1846-1856).§ 3Collège d’Ottawa, future Université.
Conçu pour procurer une éducation très soignée aux jeunes gens de la haute classe et aux aspirants au sacerdoce, ce collège qui, dans les desseins de la Providence, était appelé à un si brillant avenir, commença modestement, comme les œuvres de Dieu. Les Oblats naturellement en furent les professeurs et les directeurs ; ils le sont encore. à cette heure.
Ouvert, le 20 octobre 1848, dans une bâtisse en bois, près de la cathédrale, il compta, dès le début, quatre-vingts élèves, parmi lesquels le successeur de Mgr Guigues, Joseph-Thomas Duhamel, alors âgé de neuf ans.
Le nombre des étudiants continuant à augmenter, cet édifice fut remplacé par un autre plus convenable, à l'angle de la Church street et de la Sussex street. En 1853, le P. Tabaret en prit la direction, et c'est à lui surtout que l'on doit cette prospérité croissante. Son mérite attira les regards des personnages officiels, et il fut nommé sénateur de l'université de Toronto, dignité qu'il accepta, dans l'espoir d'en faire profiter l'enseignement catholique.
Ottawa se peuplant de plus en plus, Mgr Guigues jugea, en 1855, que son collège-séminaire devait être installé dans un immeuble plus vaste. Il résolut de le construire, quelques centaines de mètres plus loin, sur un terrain légué dans ce but par un riche Canadien, M. Besserer, entre les rues Cumberland, Wilbrod et Waller. Les travaux durèrent jusqu'au mois d'août 1856. Quand la propriété en passa à la Congrégation, la partie centrale était seule achevée. Les Oblats y ajoutèrent les deux ailes, et augmentèrent très sensiblement le terrain, pour que les cours de récréation fussent, par leur étendue, en rapport avec l'importance de l'œuvre.
De développement en développement, ce collège devint une institution de premier ordre…
De développement en développement, ce collège devint une institution de premier ordre. Un acte du Parlement le proclama Université, avec le privilège de la collation des grades, pour les lettres et pour les sciences. A son tour, le Souverain Pontife lui octroya plus tard les mêmes honneurs, en le reconnaissant comme Université catholique, et lui donnant le pouvoir de conférer les doctorats en philosophie, théologie et droit canon.
Dans la suite de cette Histoire, nous aurons à reparler de ce magnifique établissement, agrandi encore et totalement transformé. Des centaines de jeunes gens des meilleures familles y accoururent, chaque année, non seulement du Canada, dont il orne la capitale, mais aussi des États-Unis. Toujours très estimé, il a contribué et contribue encore à raffermir la foi dans la classe dirigeante. Beaucoup de députés et de sénateurs en sont sortis.
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES
SŒURS DES SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856).§ 1Commencements d’une grande œuvre.
Il existe, répandue dans presque toute l'Amérique du Nord, une puissante Congrégation de femmes enseignantes, qui distribue les bienfaits de l'éducation chrétienne à plus de trente mille enfants. Dans les plus importantes villes du Canada et des Etats-Unis, elle possède de superbes établissements.
Sa première Supérieure générale fut la Révérende Mère Marie-Rose, dans le monde Mlle Eulalie Durocher, sœur des deux Pères Oblats de ce nom.
D'une santé délicate, on l'avait crue, d'abord, organisée plutôt pour la souffrance que pour l'action. Mais, sous une enveloppe fragile, elle cachait une âme d'élite, altérée de sacrifice et douée des plus vives énergies.
Sa faiblesse physique l'avait empêchée de suivre l'inclination qui, depuis longtemps, la portait vers l'état religieux. Agée de près de trente ans, elle se trouvait, à Belœil, chez son frère, M. Théophile Durocher, curé de cette paroisse, quand les Oblats arrivèrent à Saint-Hilaire, qui n'en est séparé que par le Richelieu. N'ayant pu découvrir, jusqu'alors, par quel chemin le Seigneur désirait la conduire, elle confia la direction de sa conscience au P. Telmon, dont Dieu se servit pour mettre un terme à ses perplexités.
Non seulement elle progressa rapidement dans la perfection, mais, d'après ses conseils, elle travailla efficacement à la sanctification des autres. Un essaim de jeunes filles se forma autour d'elle. Le P. Telmon les groupa en Congrégation de la Sainte Vierge, et que l'on taxa, alors, de nouveauté, car le Canada ne possédait pas encore ce genre d'association que les Oblats ont implanté et popularisé dans le pays (1).
Le curé de Belœil, frère d'Eulalie, se montra lui-même, d'abord, carrément opposé à ce projet :…
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(1) The first Parochial Sodality of the Children of Mary in Canada, was organized by the Oblates, soon after their arrival... at Belœil; Miss Eulalie Durocher was its Superior... Cf. Mother Mary-Rose, in-8°, Montréal, 1911, ch. III p. 26.
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES
SŒURS DES SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856).§ 1Commencements d’une grande œuvre.SUITE
Le curé de Belœil, frère d'Eulalie, se montra lui-même, d'abord, carrément opposé à ce projet :
— C'est un feu de paille, disait-il. Cela ne saurait durer. Je connais les jeunes personnes d'ici. Elles ne profiteront aucunement de ces réunions, et deviendront plus coupables par l'abus des grâces.
Nonobstant cette sombre prophétie, un succès indéniable couronna les efforts de l'apôtre. Les premières enrôlées persévérèrent, et eurent beaucoup d'imitatrices. Parmi elles, plusieurs, s'éloignant de plus en plus des fausses joies de la terre, entrevirent le sublime idéal du don complet d'elles-mêmes à Dieu.
Les nombreuses missions déjà prêchées par le P. Telmon, lui avaient révélé combien négligée était, alors, l'éducation des jeunes filles. Rares étaient les écoles congréganistes. On n'en comptait pas une quinzaine pour tout le Canada. Lacune des plus regrettables. Mais de quelle manière y pourvoir ?
Désigné comme délégué au Chapitre général du mois d'août 1843, le P. Telmon conçut le dessein de ramener de France une colonie de Religieuses enseignantes des Saints Noms de Jésus et de Marie, fondées à Marseille par le P. Tempier, avec l'approbation de Mgr de Mazenod. Eulalie entrerait dans leurs rangs et plusieurs de ses compagnes l'y suivraient.
Quelques mois après, le P. Telmon retournait seul, sans les coopératrices souhaitées ; mais il amenait celui que la Providence avait choisi, pour conduire, dans les voies de la perfection, les premiers membres d'un nouvel Institut, calqué sur celui de Marseille, et portant le même nom.
Cet homme était le P. Allard, désigné pour diriger le noviciat des Oblats, transporté à Longueuil, depuis le mois d'août 1842.
Par ses prédications, le P. Telmon procurerait des sujets, et le P. Allard. contraint à la vie sédentaire par ses fonctions, s'occuperait des aspirantes à la Société naissante, pour les former aux vertus de leur saint état.
Religieux austère, rigide pour lui-même et pour les autres, un peu trop méticuleux peut-être, le P. Allard était d'une inflexible régularité et d'un dévouement sans bornes. Il ne resta que six ans à Longueuil, fut, de là, envoyé à Bytown, puis dans l'Afrique australe, où, sacré de l'onction des pontifes, il fonda le vicariat apostolique de Natal.
Qu'on nous permette de placer ici un souvenir personnel…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Les OBLATS en Amérique.
Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS DES
SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856).§ 1Commencements d’une grande œuvre.SUITE
Qu'on nous permette de placer ici un souvenir personnel.
Jamais nous n'oublierons l'édification constante reçue de lui, pendant les quelques années que, jeune prêtre, nous l'avons fréquenté, au déclin de sa laborieuse existence.
Archevêque, il s'était retiré à Rome, dans cette même maison où nous écrivons, en ce moment, ces lignes. Là, dans le recueillement et la prière, il se préparait au passage du temps à l'éternité.
Courbé sous le poids de l'âge (il avait, alors, plus de quatre-vingts ans), épuisé par ses longs travaux, rapetissé, brisé, plié presque en deux par les infirmités, il observait, néanmoins, encore la Règle avec la ponctualité d'un novice. Le jour de sa mort, il se leva à quatre heures et demie du matin, comme d'habitude. Sa méditation et sa Messe terminées. il vaqua, toute la journée, à ses exercices ordinaires, n'omettant aucune de ses nombreuses pratiques de piété, quoiqu'il n'eût plus qu'un souffle de vie.
Suivant sa coutume, à six heures du soir, il se rendit à la chapelle pour sa visite au Saint Sacrement. A six heures et demie, il expirait.
Pendant son adoration, une faiblesse l'avait saisi. Vite, on se précipita vers lui, et on le transporta dans sa chambre. Son corps émacié, exténué, ne pesait pas plus qu'une plume.
Avec beaucoup de précautions et de délicatesse, on le déposa sur son lit ; mais on eut à peine le temps de lui donner l'Extrême-Onction. Au bout de quelques minutes, son âme s'envolait.
Si on a pu dire du P. Lagier et de quelques autres qu'ils étaient morts en chaire, on peut affirmer de Mgr Allard qu'il est mort devant le Tabernacle, où réside, jour et nuit, Celui pour lequel seul il avait vécu.
C'étaient vraiment de saints et vaillants Religieux que ceux-là !...
Tous les documents de l'époque s'accordent à nous montrer le P. Allard, dans sa jeunesse sacerdotale, aussi rigide que nous l'avons connu, à la fin de sa vie. Il méritait déjà de fonder une Congrégation religieuse, et de lui tracer des lois.
Ces règles de perfection, il les composa, y mit sa rude empreinte, et sut les faire observer.
Mais que de difficultés de tout genre il lui fallut vaincre !...
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS DES
SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856).§ 1Commencements d’une grande œuvre.SUITE
Mais que de difficultés de tout genre il lui fallut vaincre !
Les obstacles vinrent, d'abord, de la famille même d'Eulalie.
Son frère, M. Théophile Durocher, curé de Belœil, homme pratique et prudent, la traita de folle, déclarant qu'il s'opposerait, de toutes ses forces, à la réalisation de ce qu'il considérait comme un caprice ridicule et chimérique... un acte de sot orgueil.
Egalement désolé, son père joignait ses instances à celles du prêtre :
— Attends, du moins, que je sois mort, disait-il à sa fille. Si tu veux absolument et sans plus tarder être religieuse, entre dans une Congrégation déjà existante, celle des Sœurs grises, par exemple, au lieu de songer à en fonder une, et à nous vouer tous à la risée publique.
L’appel de Dieu retentissait trop sensiblement dans le cœur d’Eulalie. Forte de la décision de son directeur de conscience, elle s'installait à Longueuil, le 28 octobre 1843, avec trois de ses compagnes, dans un immeuble modeste que la Fabrique paroissiale de cette ville leur céda provisoirement, à la condition qu'elles y feraient la classe aux jeunes filles de l'endroit. Cette maison possédait un jardin qui descendait en pente douce jusqu'au majestueux Saint-Laurent.
Dès les premiers jours, le P. Allard leur prêcha une retraite, clôturée par le P. Honorat, alors supérieur de Longueuil.
Afin de les former, en même temps, à la vie religieuse et à leurs fonctions d'institutrices, le P. Allard leur donna quotidiennement, pendant plusieurs années, des conférences pédagogiques. Ses connaissances spéciales et l'expérience qu'il avait acquise de l'enseignement, comme professeur de sciences, en France, avant son entrée chez les Oblats, l'avaient préparé lui-même à s'acquitter parfaitement de cet emploi. Il leur enseigna l'histoire, la littérature, les mathématiques, la géométrie, etc., etc.
Après quatre mois de postulat, commença leur noviciat, quand Mgr Bourget leur permit de prendre le costume religieux. Elles se préparèrent à ce grand acte par une autre retraite de huit jours, et l'évêque de Montréal, le 28 février 1844, présida lui-même la touchante cérémonie de vêture.
Avec un homme comme le P. Allard, le noviciat fut plutôt dur…
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Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS DES
SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856).§ 1Commencements d’une grande œuvre.SUITE
Avec un homme comme le P. Allard, le noviciat fut plutôt dur.
Convaincu de la nécessité d'une solidité à toute épreuve dans les bases du nouvel Institut, il s'ingéniait à rudoyer les fondatrices. En spiritualité, il appartenait à l'école des Pères du désert et du fameux maître Conrad de Marbourg, autrefois si exigeant pour sainte Elisabeth de Hongrie.
A l'exercice de la coulpe, impitoyable pour les moindres manquements, il était surtout, envers Eulalie, devenue sœur Marie-Rose, d'une extrême sévérité. Par le choix encore secret de l'évêque, elle serait, un jour, la première Supérieure de la Communauté naissante. Il le savait. D'elle dépendraient, en grande partie, le sort de la Congrégation et l'esprit général qui l'animerait. Plus que toute autre, elle devait donc être profondément établie dans l'humilité.
En présence de ses compagnes, il la faisait mettre à genoux, et lui adressait les reproches les plus amers, comme s'il se plaisait à la froisser. Sa voix sèche, mordante, saccadée, retentissait au milieu d'un silence de mort. Toutes tremblaient. Si on ne l'avait connu si surnaturel lui-même, on l'aurait cru souverainement injuste, car manifestement sœur Marie-Rose avait déjà atteint un degré de perfection rare.
Patiemment elle supportait l'orage, sans proférer une plainte, esquisser une excuse, mais s'enfonçant de plus en plus clans son propre néant.
A la suite de cette vigoureuse direction, elle en arriva à être tellement persuadée de son indignité, qu'elle pensa que jamais on ne l'autoriserait à faire profession. Elle supplia qu'on voulût bien, du moins, l'accepter parmi les Sœurs converses.
— Avant ma conversion, disait-elle, j'ignorais la profondeur de ma misère, et j'aspirais à être la servante de Dieu. Mais, c'est un honneur que je ne mérite point. Ce sera déjà trop pour moi d'être la servante de ses servantes. Je n'attends cette faveur que de la charité.
Ses compagnes en versaient des larmes d'attendrissement.
C'était donc une rude école que celle du P. Allard…
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Re: Les OBLATS en Amérique.
Au Canada (1841-1861)CHAPITRE VIII. — FONDATION DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS DES
SS. NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE (1843-1856).§ 1Commencements d’une grande œuvre.SUITE
C'était donc une rude école que celle du P. Allard. Ses élèves en spiritualité, Fondatrices de la Congrégation des Saints Noms de Jésus et de Marie, en sortirent capables de tous les dévouements.
Satisfait de tant de progrès dans les vertus de leur état, Mgr Bourget résolut d'ériger canoniquement la nouvelle famille religieuse, et d'admettre à la profession les trois premières novices, auxquelles d'autres recrues s'étaient adjointes déjà. La date de cette double cérémonie si importante fut fixée au 8 décembre, fête de l'Immaculée-Conception de la Très Sainte Vierge.
Immense fut la joie de Marie-Rose et de ses compagnes. Dieu acceptait l'offrande d'elles-mêmes. Leur chère Communauté aurait, désormais, une existence officielle. Adoptée par l'Église, elle participerait à sa stabilité.
Le cœur débordant de reconnaissance, elles entrèrent en retraite pour se préparer plus parfaitement encore à leur immolation.
Une affluence extraordinaire de fidèles accourut dans l'église paroissiale de Longueuil choisie pour être le théâtre de ce grand acte. L'évêque présidait, entouré d'un clergé nombreux et des Oblats. L'autel étincelait de lumières, et le pontife avait revêtu ses plus riches ornements.
A l'évangile, on lut le Mandement épiscopal érigeant canoniquement la nouvelle Congrégation ; puis, le P. Guigues prit la parole. Son discours, pieusement écouté par l'assistance, montra combien est sublime la vie de celles qui se sacrifient à Dieu et au service du prochain. Il exposa aussi combien est capital dans la société le rôle des institutrices congréganistes, aidant, par un dévouement de tous les jours, le clergé et les familles à remplir le grave devoir qui leur incombe d'élever chrétiennement les enfants.
Quand l'orateur fut descendu de chaire, le P. Allard, en chape, se dirigea vers le Pontife…
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