Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
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Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Bonjour à tous,
Ce qui suit a été tiré de la copie papier suivante :
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Bonne et sainte lecture à tous.
Chapitre quatorzième. — Des sacrements en général.
§ I. — Explication du mot sacrement.
§ II. — Définition du sacrement.
§ III. — Ce qui est signifié par les sacrements.
§ IV. — Des raisons qui ont fait instituer les sacrements.
§ V. — Matière et forme des sacrements.
§ VI. — Cérémonies employées dans l’administration des sacrements.
§ VII. — Du nombre des sacrements.
§ VIII. — De l’Auteur et du ministre des sacrements.
§ IX. — Effets des sacrements.
§ X. — Caractère imprimé par trois sacrements.
Chapitre quinzième. — Du Sacrement de Baptême.
§ I.— Ce que c’est le nom du baptême pour le nom et pour la chose,
§ II. — De l’institution du Baptême.
§ III. — Des ministres du Baptême.
§ IV.— Des parrains et marraines.
Chapitre seizième. — Suite du Sacrement de Baptême.
§ I. — Nécessité du Baptême.
§ II. — Des dispositions nécessaires pour recevoir le Baptême.
§ III. — Des effets du Baptême.
§ IV. — Des prières et des cérémonies du Baptême.
Chapitre dix-septième. —Du Sacrement de Confirmation.
§ I. — La Confirmation est un vrai Sacrement.
§ II. — Matière et forme de la Confirmation.
§ III. — Des ministres de la Confirmation.
§ IV. — Nécessité de la Confirmation.
§ V.— Des effets du Sacrement de la Confirmation.
§ VI.— Des cérémonies du Sacrement de la Confirmation.
Chapitre dix-huitième. — Du Sacrement de l'Eucharistie.
§ I. — Institution de l’Eucharistie : Ses différents noms.
§ II. — L’Eucharistie est un vrai Sacrement : sa matière.
§ III. — Forme de l’Eucharistie.
Chapitre dix-neuvième. — Du Sacrement de l'Eucharistie (Suite).
§ I. — De la présence réelle.
§ II. — Jésus-Christ est tout entier dans l’Eucharistie
§ III. — De la transsubstantiation.
§ IV. — Comment s’opère la transsubstantiation ?
§ V. — Des accidents du pain et du vin.
Chapitre vingtième. Du sacrement de l’Eucharistie (Suite). De la Communion, et du Sacrifice de la Messe.
§ I. — De la vertu et des fruits de l’Eucharistie.
§ II. — Trois manières de participer à l’Eucharistie.
§ III. — Des dispositions nécessaires pour communier.
§ IV. — De l’obligation de communier.
§ V. — Communion sous les deux espèces.
§ VI. — Ministre du Sacrement de l’Eucharistie.
§ VII.— De l’Eucharistie considérée comme Sacrifice.
§ VIII.— Le Sacrifice de la Messe est le même que celui de la Croix.
§ IX. — Cérémonies de la Messe.
Chapitre vingt-et-unième. — Du Sacrement de Pénitence.
§ I. — Du nom et de la vertu de la Pénitence.
§ II. — De la Pénitence considérée comme Sacrement.
§ III. — Matière et forme du Sacrement de Pénitence.
§ IV. — Des effets du Sacrement de Pénitence.
Chapitre vingt-deuxième. Du sacrement de Pénitence (Suite). De la Contrition.
§ I. — Qu’est-ce que la Contrition ?
§ II. — Qualités de la Contrition.
§ III. — Des effets de la Contrition et des moyens de l’exciter.
Chapitre vingt-troisième. Du sacrement de la Pénitence (Suite).
§ I. — De la Confession.
§ II. — Utilité et nécessité de la Confession.
§ III. — Jésus-Christ Auteur de la Confession.
§ IV. — De l’obligation de se confesser.
§ V.— Des qualités de la Confession.
§ VI. — Du Ministre du Sacrement de Pénitence.
Chapitre vingt-quatrième Du sacrement de Pénitence (Suite).— De la Satisfaction.
§ I. —.Qu’est-ce que la Satisfaction ?
§ II. — Nécessité de la Satisfaction.
§ III. — Effets et avantages de la Satisfaction.
§ IV. — Diverses espèces d’œuvres satisfactoires.
Chapitre vingt-cinquième — Du sacrement de l’Extrême-Onction (*) .
§ I. — De l’existence et de la nature du Sacrement de l’Extrême-Onction.
§ II.— Qui sont ceux à qui l’Extrême-Onction doit être administrée.
§ III. — Des dispositions nécessaires pour recevoir l’Extrême-Onction.
§ IV.— Quels sont les Ministres de ce Sacrement ?
§ V.— Des effets de l’Extrême-Onction.
Chapitre vingt-sixième. Du Sacrement de l'Ordre (*) .
§ I. — Il est utile d’expliquer aux Fidèles le Sacrement de l’Ordre.
§ II. — De la puissance ecclésiastique.
§ III. — L’Ordre est un vrai Sacrement.
§ IV. — De la Tonsure.
§ V. — Des Ordres Mineurs.
§ VI. — Des Ordres Majeurs.
§ VII. — Du Sacerdoce.
§ VIII. — Degrés et Fonctions du Sacerdoce.
§ IX. — Des dispositions nécessaires pour recevoir les Ordres.
§ X. — Des effets de l’Ordre.
Chapitre vingt-septième. Du Sacrement de Mariage (*) .
§ I.— Qu’est-ce que le Mariage ?
§ II.— Du Mariage considéré par rapport à la nature.
§ III.— Des motifs et des fins du Mariage.
§ IV.— Du Sacrement du Mariage.
§ V.— Des avantages et des biens du Mariage.
§ VI. — Devoirs réciproques des époux.
§ VII. — Des formalités du Mariage.
Ce qui suit a été tiré de la copie papier suivante :
CATÉCHISME
DU SAINT
CONCILE DE TRENTE
Société de saint Jean l'Évangéliste
Desclée & Cie
IMPRIMATUR
Tornaci, die 17 Julii 1923.
V. Cantineau, Vic. Gén.
.DU SAINT
CONCILE DE TRENTE
Société de saint Jean l'Évangéliste
Desclée & Cie
IMPRIMATUR
Tornaci, die 17 Julii 1923.
V. Cantineau, Vic. Gén.
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Bonne et sainte lecture à tous.
Table des matières.
Les Sacrements.
Chapitre quatorzième. — Des sacrements en général.
§ I. — Explication du mot sacrement.
§ II. — Définition du sacrement.
§ III. — Ce qui est signifié par les sacrements.
§ IV. — Des raisons qui ont fait instituer les sacrements.
§ V. — Matière et forme des sacrements.
§ VI. — Cérémonies employées dans l’administration des sacrements.
§ VII. — Du nombre des sacrements.
§ VIII. — De l’Auteur et du ministre des sacrements.
§ IX. — Effets des sacrements.
§ X. — Caractère imprimé par trois sacrements.
Chapitre quinzième. — Du Sacrement de Baptême.
§ I.— Ce que c’est le nom du baptême pour le nom et pour la chose,
§ II. — De l’institution du Baptême.
§ III. — Des ministres du Baptême.
§ IV.— Des parrains et marraines.
Chapitre seizième. — Suite du Sacrement de Baptême.
§ I. — Nécessité du Baptême.
§ II. — Des dispositions nécessaires pour recevoir le Baptême.
§ III. — Des effets du Baptême.
§ IV. — Des prières et des cérémonies du Baptême.
Chapitre dix-septième. —Du Sacrement de Confirmation.
§ I. — La Confirmation est un vrai Sacrement.
§ II. — Matière et forme de la Confirmation.
§ III. — Des ministres de la Confirmation.
§ IV. — Nécessité de la Confirmation.
§ V.— Des effets du Sacrement de la Confirmation.
§ VI.— Des cérémonies du Sacrement de la Confirmation.
Chapitre dix-huitième. — Du Sacrement de l'Eucharistie.
§ I. — Institution de l’Eucharistie : Ses différents noms.
§ II. — L’Eucharistie est un vrai Sacrement : sa matière.
§ III. — Forme de l’Eucharistie.
Chapitre dix-neuvième. — Du Sacrement de l'Eucharistie (Suite).
§ I. — De la présence réelle.
§ II. — Jésus-Christ est tout entier dans l’Eucharistie
§ III. — De la transsubstantiation.
§ IV. — Comment s’opère la transsubstantiation ?
§ V. — Des accidents du pain et du vin.
Chapitre vingtième. Du sacrement de l’Eucharistie (Suite). De la Communion, et du Sacrifice de la Messe.
§ I. — De la vertu et des fruits de l’Eucharistie.
§ II. — Trois manières de participer à l’Eucharistie.
§ III. — Des dispositions nécessaires pour communier.
§ IV. — De l’obligation de communier.
§ V. — Communion sous les deux espèces.
§ VI. — Ministre du Sacrement de l’Eucharistie.
§ VII.— De l’Eucharistie considérée comme Sacrifice.
§ VIII.— Le Sacrifice de la Messe est le même que celui de la Croix.
§ IX. — Cérémonies de la Messe.
Chapitre vingt-et-unième. — Du Sacrement de Pénitence.
§ I. — Du nom et de la vertu de la Pénitence.
§ II. — De la Pénitence considérée comme Sacrement.
§ III. — Matière et forme du Sacrement de Pénitence.
§ IV. — Des effets du Sacrement de Pénitence.
Chapitre vingt-deuxième. Du sacrement de Pénitence (Suite). De la Contrition.
§ I. — Qu’est-ce que la Contrition ?
§ II. — Qualités de la Contrition.
§ III. — Des effets de la Contrition et des moyens de l’exciter.
Chapitre vingt-troisième. Du sacrement de la Pénitence (Suite).
§ I. — De la Confession.
§ II. — Utilité et nécessité de la Confession.
§ III. — Jésus-Christ Auteur de la Confession.
§ IV. — De l’obligation de se confesser.
§ V.— Des qualités de la Confession.
§ VI. — Du Ministre du Sacrement de Pénitence.
Chapitre vingt-quatrième Du sacrement de Pénitence (Suite).— De la Satisfaction.
§ I. —.Qu’est-ce que la Satisfaction ?
§ II. — Nécessité de la Satisfaction.
§ III. — Effets et avantages de la Satisfaction.
§ IV. — Diverses espèces d’œuvres satisfactoires.
Chapitre vingt-cinquième — Du sacrement de l’Extrême-Onction (*) .
§ I. — De l’existence et de la nature du Sacrement de l’Extrême-Onction.
§ II.— Qui sont ceux à qui l’Extrême-Onction doit être administrée.
§ III. — Des dispositions nécessaires pour recevoir l’Extrême-Onction.
§ IV.— Quels sont les Ministres de ce Sacrement ?
§ V.— Des effets de l’Extrême-Onction.
Chapitre vingt-sixième. Du Sacrement de l'Ordre (*) .
§ I. — Il est utile d’expliquer aux Fidèles le Sacrement de l’Ordre.
§ II. — De la puissance ecclésiastique.
§ III. — L’Ordre est un vrai Sacrement.
§ IV. — De la Tonsure.
§ V. — Des Ordres Mineurs.
§ VI. — Des Ordres Majeurs.
§ VII. — Du Sacerdoce.
§ VIII. — Degrés et Fonctions du Sacerdoce.
§ IX. — Des dispositions nécessaires pour recevoir les Ordres.
§ X. — Des effets de l’Ordre.
Chapitre vingt-septième. Du Sacrement de Mariage (*) .
§ I.— Qu’est-ce que le Mariage ?
§ II.— Du Mariage considéré par rapport à la nature.
§ III.— Des motifs et des fins du Mariage.
§ IV.— Du Sacrement du Mariage.
§ V.— Des avantages et des biens du Mariage.
§ VI. — Devoirs réciproques des époux.
§ VII. — Des formalités du Mariage.
Dernière édition par Louis le Mer 14 Sep 2022, 5:18 pm, édité 33 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quatorzième.Des sacrements en général.
Toutes les parties de la Doctrine Chrétienne exigent de la part des Pasteurs des connaissances et des soins. Mais la science des Sacrements, si impérieusement prescrite par Dieu Lui-même, et si féconde en grâces de salut, demande une instruction et un zèle tout particuliers. Les Pasteurs devront donc traiter fréquemment ce sujet, avec toute l’exactitude possible. C’est le moyen de rendre les Fidèles dignes de participer comme il convient, à des choses si excellentes et si saintes. C’est aussi pour eux-mêmes l’assurance de rester fidèles à cette défense divine. (1) Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux.
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(1) Matth. 7, 6.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ I. — EXPLICATION DU MOT SACREMENT.
Puisque nous avons à parler des Sacrements en général, il y a lieu d’expliquer tout d’abord ce mot lui-même, d’en donner le sens, la portée, et d’exposer clairement ses diverses acceptions. Il nous sera ensuite plus facile de comprendre la signification spéciale qu’il doit avoir ici. Pour atteindre ce but, il faudra faire remarquer aux Fidèles que le mot de Sacrement n’a pas été pris dans le même sens par les auteurs ecclésiastiques.
Les auteurs profanes entendaient par là l’obligation que nous contractons, lorsque nous nous engageons au service d’un autre, sous la foi du serment. Ainsi le serment que faisaient les soldats de servir fidèlement l’Etat, s’appelait le sacrement militaire. C’est du moins le sens le plus ordinaire que ce mot avait pour eux.
Les auteurs ecclésiastiques, et principalement les Pères latins, emploient ce mot pour exprimer une chose sacrée et strictement cachée. Chez les Grecs, il a la même signification que le mot mystère. Et c’est précisément le sens qu’il faut lui donner dans ces paroles de saint Paul aux Ephésiens: (1) Il a répandu sur nous la Grâce pour nous faire connaître le Sacrement de sa Volonté, et dans celle-ci à Timothée. (2) C’est un grand Sacrement de piété, et enfin dans le Livre de la Sagesse: (3) Ils ont ignoré les Sacrements de Dieu. Ces textes que nous venons de citer, et beaucoup d’autres nous présentent tous le mot de Sacrement avec le même sens, c’est-à-dire une chose sacrée, mais inconnue et mystérieuse.
Aussi les Docteurs latins ont-ils pensé que certains signes sensibles, qui produisent la grâce, en même temps qu’ils la représentent et la mettent sous les yeux, pouvaient très bien s’appeler Sacrements. Cependant saint Grégoire le Grand prétend que ce nom de Sacrement leur a été donné, parce qu’ils renferment, sous une enveloppe corporelle et sensible, une Vertu divine qui opère invisiblement le salut . (4)
Et qu’on ne s’imagine pas que cette expression est nouvelle dans l’Église. II suffit de lire Saint Augustin et Saint Jérôme pour se convaincre que nos Docteurs les plus anciens, en parlant de ce qui nous occupe, ont employé le plus souvent le mot de Sacrement, quelquefois celui de Symbole, de signe mystique, ou de signe sacré.
Ces explications suffisent. Elles conviennent aussi d’ailleurs aux Sacrements de l’Ancienne Loi. Mais comme ces Sacrements ont été abolis par l’Évangile et la loi de Grâce, les Pasteurs n’ont rien à en dire (1).
Nous n’avons expliqué que le mot, il…
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(1). Eph., 1, 9. — (2) I Tim., 3, 16. — (3) Sap, 2, 22. — (4) Saint Greg. in 1. Reg. c., 16. — (1) Hier. in Annos c. 1. — S. Aug. — S. Cyp.
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Louis- Admin
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ II. — DÉFINITION DU SACREMENT.
Nous n’avons expliqué que le mot, il faut maintenant examiner avec soin la nature et les propriétés de la chose, et bien apprendre aux Fidèles ce que c’est qu’un Sacrement. Personne ne peut douter que les Sacrements ne soient nécessaires pour obtenir la Justice et le Salut. Mais de toutes les définitions que l’on peut en donner, pour les expliquer clairement, il n’en est point de plus lumineuse et de plus parfaite que celle de Saint Augustin, (2) et que tous les Docteurs et théologiens ont adoptée après lui. Le Sacrement, dit-il, est le signe d’une chose sacrée, ou, en d’autres termes: un Sacrement est le signe visible d’une Grâce invisible, institué pour notre sanctification.
Mais pour rendre cette définition encore plus lumineuse, les Pasteurs doivent en exposer toutes les parties, les unes après les autres.
Et d’abord, il faut enseigner que les choses perçues par nos sens sont de deux sortes. Les unes n’ont été inventées que pour signifier quelque chose ; les autres au contraire ont été faites uniquement pour elles-mêmes, et non pour en signifier d’autres.
Presque toutes les choses que produit la nature appartiennent à cette deuxième catégorie. Mais il faut ranger dans la première les mots, l’écriture, les enseignes, les images, les trompettes et une foule d’autres objets du même genre. Si l’on ôte aux mots par exemple leur signification, ne semble-t-il pas que l’on détruit du même coup la raison qui les avait fait inventer ? Toutes ces choses ne sont donc que des signes. Car, d’après Saint Augustin, (1) « le signe est quelque chose qui, outre l’objet qu’il offre à nos sens, nous fait penser à une chose différente de lui-même. Ainsi lorsque nous trouvons des pas marqués sur le sol, nous concluons aussitôt que quelqu’un a passé par là, et qu’il y a laissé ces traces. »
Ceci posé, il est clair que les Sacrements se rapportent à ces choses qui ont été instituées pour en signifier d’autres. (2) Ils représentent à nos yeux, par une image sensible et une sorte d’analogie, ce que Dieu opère dans nos âmes par sa Vertu invisible. Un exemple fera toucher du doigt cette vérité. Lorsque, dans le Baptême, on verse l’eau sur la tête, comme pour la laver, et qu’on prononce en même temps les paroles prescrites et consacrées, c’est un signe sensible que la Vertu du Saint-Esprit lave intérieurement toutes les taches et les souillures du péché, et qu’elle enrichit et orne nos âmes du don précieux de la Justice céleste. Mais, comme nous l’expliquerons en temps et lieu, ce que cette ablution du corps signifie, elle le produit en même temps dans l’âme.
Au surplus il résulte clairement de l’Écriture Sainte elle-même que les Sacrements doivent être regardés comme des signes. Dans son épître aux Romains, l’Apôtre Saint Paul parlant de la circoncision prescrite à Abraham, le Père de tous les croyants, s’exprime ainsi: (1) il reçut la marque de la circoncision, comme signe de la justice qu’il avait acquise par la Foi. Et lorsque, dans un autre endroit, il dit que tous, tant que nous sommes (2) qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés dans sa mort, il est facile de conclure qu’il regarde le Baptême comme un signe que (3) nous avons été ensevelis avec Jésus-Christ par le Baptême pour mourir au péché.
Ce n’est pas peu de chose pour le Fidèle de savoir que les Sacrements sont des signes. Ils comprendront mieux la sainteté et l’excellence des effets qu’ils signifient, renferment et produisent tout à la fois. Dès lors ils seront plus portés à honorer et à reconnaître, comme elle le mérite, l’infinie Bonté de Dieu pour nous.
Il nous reste maintenant à expliquer ces mots: d’une chose sacrée,…
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(2) Saint Aug. lib. 10 de civ. Dei, cap. 5 et Epist. 2. — (1) Saint Aug., 1, 2, de Doct. Christ. — (2) Saint Aug. ibid. Lib, 3.— (1) Rom., 4, 11. — (2) Rom., 6, 3.— (3) Rom., 6, 4.
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Louis- Admin
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ II. — DÉFINITION DU SACREMENT.(SUITE)
Il nous reste maintenant à expliquer ces mots: d’une chose sacrée, qui sont la seconde partie de notre définition. Et pour le bien faire, nous reprendrons les choses d’un peu plus haut, en rapportant ce que Saint Augustin a dit, avec autant de finesse que de vérité sur la diversité des signes.
Il y a des signes naturels qui nous conduisent à la connaissance d’une chose, tout en se faisant connaître eux-mêmes. — et, en général, tous les signes ont cette propriété, comme nous l’avons déjà dit. — Ainsi, quand on voit de la fumée, on conclut aussitôt qu’il y a du feu (4). Ce signe est appelé naturel, parce que la fumée ne révèle point le feu par convention, mais parce que l’expérience fait qu’en apercevant seulement de la fumée, on conclut aussitôt qu’il y a au-dessous un feu réel et actif, quoiqu’on ne le voie pas encore.
Il est d’autres signes qui ne viennent pas de la nature. Ce sont les hommes qui les ont inventés et établis pour s’entretenir entre eux, pour communiquer aux autres leurs pensées, et pour connaître à leur tour les sentiments et les desseins des autres. Ces signes sont nombreux et variés. Pour en avoir une idée, il suffit de remarquer qu’il y en a beaucoup qui s’adressent aux yeux, un plus grand nombre encore à l’ouïe, et d’autres enfin aux autres sens. Ainsi lorsque voulant faire entendre quelque chose à quelqu’un, nous élevons un étendard, évidemment ce signe ne se rapporte qu’à la vue. Au contraire les sons de la trompette, de la flûte et de la guitare. qui servent non seulement à nous charmer, mais encore le plus souvent à signifier quelque chose, sont du ressort de l’ouïe. C’est en ce sens que les paroles aussi sont des signes, parce qu’elles expriment d’une manière admirable les pensées les plus intimes de l’âme.
Mais, outre ces signes naturels ou de convention purement humaine, il en est d’autres, et de plus d’un genre — tout le monde en convient — qui viennent de Dieu Lui-même. Les uns ont été institués pour signifier seulement ou rappeler quelque chose, (1) comme les purifications de la Loi, le pain azyme, et la plupart des cérémonies du culte mosaïque. Les autres ont été établis, non seulement pour représenter, mais encore pour produire quelque chose. tels sont évidemment les Sacrements de la Loi nouvelle. Car ce sont vraiment des signes d’institution divine, et non point d’invention humaine, et nous croyons fermement qu’ils possèdent en eux-mêmes la vertu d’opérer les effets sacrés qu’ils expriment.
Il y a plusieurs sortes de choses sacrées, comme il y a plusieurs sortes de signes. En ce qui concerne notre définition du Sacrement en général, les auteurs ecclésiastiques entendent par les mots de chose sacrée, la Grâce de Dieu qui nous sanctifie et qui embellit notre âme, en l’ornant de toutes les vertus. Et ils ont eu grandement raison de donner cette dénomination de chose sacrée, à une grâce dont le propre est de consacrer et d’unir notre âme à Dieu.
Pour faire mieux comprendre encore ce que c’est qu’un Sacrement, il faut ajouter que c’est une chose sensible à laquelle Dieu a voulu attacher la vertu de signifier et en même temps de produire la justice et la sainteté. D’où il est facile de conclure que les images des Saints, les croix et autres choses de ce genre, qui sont des signes de choses saintes, ne sont cependant point des Sacrements. Il est aisé également de prouver la justesse de cette définition, en montrant que dans tous les Sacrements -- et on peut le vérifier — il y a une chose sensible qui signifie, et qui en même temps produit la Grâce. C’est ce que nous avons dit en parlant du Baptême, lorsque nous avons vu que l’ablution extérieure est tout à la fois le signe et la cause formelle d’un effet sacré produit à l’intérieur, c’est-à-dire dans l’âme, par la Vertu du Saint-Esprit.
Ces signes mystiques, qui sont l’œuvre de Dieu, sont destinés…
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(4) Saint Ang. lib. de Doct. Christ. Lib. 2. cap. 1 et seq. — (1) Saint Aug. de Doct. Christ. Lib. 5. cap. 9.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ III. — CE QUI EST SIGNIFIÉ PAR LES SACREMENTS.
Ces signes mystiques, qui sont l’œuvre de Dieu, sont destinés, d’après leur institution même, à signifier non pas une, mais plusieurs choses à la fois. Il est facile de s’en rendre compte, en étudiant les Sacrements qui, outre la sainteté et la justification qu’ils expriment, figurent encore deux autres choses intimement liées à la Sainteté elle-même: la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui en est le principe, et la Vie éternelle, la Béatitude céleste, à laquelle la sainteté se rapporte comme à sa fin nécessaire. Cette propriété est commune à tous les Sacrements. Voilà pourquoi les saints Docteurs ont enseigné avec raison que chacun d’eux possède trois significations différentes, l’une pour rappeler une chose passée, l’autre pour indiquer et exprimer une chose présente, et la troisième pour annoncer une chose future. Et il ne faut pas croire que leur doctrine ne repose pas sur le témoignage des Saintes Écritures. Lorsque l’Apôtre dit: (1) Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa Mort, n’enseigne-t-il pas clairement que l’on doit voir dans le Baptême un signe qui nous fait souvenir de la Passion et de la Mort de Notre-Seigneur ? Ensuite, quand il ajoute: (2) Nous avons été ensevelis avec Jésus-Christ par le Baptême pour mourir, afin que, comme Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts par la Gloire du Père, nous marchions aussi nous-mêmes dans les voies d’une vie nouvelle, ces paroles ne disent-elles pas ouvertement que le Baptême est un signe de la Grâce céleste répandue dans nos âmes, et qui nous donne la force de commencer une vie nouvelle, et d’accomplir avec autant de facilité que de joie tous les devoirs de la piété ? enfin lorsque le même Apôtre écrit encore: (3) Si nous avons été entés sur Lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi un jour par la ressemblance de sa Résurrection, il nous apprend évidemment que le Baptême figure sans équivoque la Vie éternelle qu’il doit nous faire obtenir un jour.
Mais outre ces trois sortes de significations générales, il arrive souvent qu’un Sacrement exprime et figure en même temps plusieurs choses actuelles et présentes. Ainsi, pour peu que l’on s’arrête à considérer le très saint Sacrement de l’Eucharistie, il est facile de s’en convaincre. En effet, ce Sacrement exprime tout à la fois la présence du vrai Corps et du vrai Sang de Jésus-Christ, et la Grâce que reçoivent ceux qui participent dignement à cet auguste Mystère. — D’après ce que nous venons de dire, il ne sera pas difficile aux Pasteurs de trouver d’excellentes raisons pour montrer aux Fidèles tout ce qu’il y a de Puissance divine et de merveilles cachées dans les Sacrements de la Loi nouvelle, et pour leur persuader qu’il faut les traiter et les recevoir avec la piété la plus respectueuse et la plus sincère.
Pour apprendre aux Chrétiens à faire des Sacrements un saint usage,…
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(1) Rom., 6, 3. — (2) Ibid., 4. — (3) Ibid., 5.
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Louis- Admin
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ IV. — DES RAISONS QUI ONT FAIT INSTITUER LES SACREMENTS.
Pour apprendre aux Chrétiens à faire des Sacrements un saint usage, rien ne semble plus convenable que de leur exposer soigneusement les motifs qui les ont fait instituer. Ces motifs sont multiples.
Le premier est la faiblesse de l’esprit humain. Cette faiblesse est telle, naturellement parlant, qu’il nous est impossible de parvenir à la connaissance des choses spirituelles et purement intelligibles, sans le secours de celles qui sont perçues par quelques-uns de nos sens. Aussi, le Souverain Auteur de toutes choses, pour nous aider à comprendre plus facilement les effets invisibles et cachés qu’Il opère dans nos âmes, a voulu, dans sa Sagesse et dans sa Bonté infinies, nous les figurer par certains signes qui tombent sous nos sens. Comme l’a si bien dit Saint Jean Chrysostome, (1) « si l’homme n’avait point eu de corps, les vrais Biens lui eussent été offerts et donnés à découvert et sans voile ; mais puisque l’âme est unie à un corps, c’était une nécessité pour elle de s’élever de la notion des choses sensibles, à la connaissance des choses invisibles. »
Le second motif, c’est que notre esprit n’est pas très porté à croire les choses qui ne lui sont que promises. Voilà pourquoi, dès le commencement du monde, Dieu prit soin de rappeler très souvent par des paroles d’abord, ce qu’il avait promis de faire. Et s’il arrivait qu’Il annonçât un événement dont la grandeur et la difficulté pouvaient ébranler la foi à ses promesses, Il ajoutait aux paroles certains autres signes qui revêtaient souvent le caractère du miracle. Ainsi quand II envoya Moise pour délivrer les Hébreux, (2) celui-ci se défiant du secours même de Dieu qui lui donnait des ordres, craignit qu’un tel fardeau ne fût au-dessus de ses forces, ou bien que ce peuple ne refusât d’ajouter foi aux oracles divins. Alors le Seigneur (3) daigna confirmer sa Promesse par un grand nombre de prodiges divers. Or, de même que Dieu, dans l’Ancien testament, confirmait par des signes miraculeux la certitude de ses plus grandes promesses, de même, dans la Loi nouvelle, Jésus-Christ notre Sauveur, en nous promettant le pardon de nos fautes, la Grâce céleste, et la communication de l’Esprit-Saint, a établi certains signes qui devaient frapper la vue et les autres sens, et nous servir comme de gage des obligations qu’Il contractait, sans nous permettre de douter jamais de sa fidélité à tenir sa promesse.
Troisième motif: Dieu voulait que les Sacrements, comme des préservatifs et comme les remèdes salutaires du Samaritain de l’Évangile, (1) selon l’expression de Saint Ambroise, fussent toujours à notre disposition, soit pour entretenir, soit pour recouvrer la santé de l’âme. La Vertu qui découle de la Passion de Jésus-Christ, c’est-à-dire cette Grâce qu’il nous a méritée sur l’autel de la Croix, doit passer par les Sacrements comme par un canal, pour arriver jusqu’à nous. Autrement il n’y a d’espoir de salut pour personne. C’est pourquoi l’infinie Clémence de Notre-Seigneur a voulu laisser dans son Église des Sacrements revêtus du sceau de sa Parole et de sa Promesse ; ainsi nous n’aurions pas de peine à croire qu’Il voulait nous communiquer réellement par eux les fruits de sa Passion. Il suffit que chacun de nous use avec foi et piété de ce moyen de guérison.
Voici un quatrième motif qui semble avoir rendu nécessaire l’institution des Sacrements…
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(1) Saint Chrys. Hom., 83 in Matt.— (2) Exod., 3, 10, 11.— (3) Exod., 4, 12.— (1) S. Ambr. lib. 5 de Sac. c. 4.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ IV. — DES RAISONS QUI ONT FAIT INSTITUER LES SACREMENTS.(SUITE)
Voici un quatrième motif qui semble avoir rendu nécessaire l’institution des Sacrements. Il fallait des marques et certains signes pour distinguer les Fidèles des autres hommes. Jamais, dit Saint Augustin, (2) soit au, nom d’une religion vraie, soit au nom d’une religion fausse, jamais société humaine ne saurait faire un corps, si les membres de cette société ne sont pas liés entre eux par quelque signe, ou marque sensible. Or, les sacrements de la Loi nouvelle produisent ce double effet: d’une part ils distinguent les Chrétiens des infidèles ; et d’autre part ils sont comme un lien sacré qui les unit entre eux.
Cinquième motif ; on trouve encore un excellent motif de l’institution des sacrements dans ces paroles de l’Apôtre saint Paul: (1) par le cœur on croit pour être justifié, mais on professe de bouche pour être sauvé. Par les Sacrements nous professons extérieurement notre Foi, et nous la faisons connaître devant les hommes. Ainsi en allant recevoir le Baptême, nous faisons publiquement profession de croire que par la Vertu de cette eau qui lave notre corps, notre âme est purifiée de ses souillures spirituelles. Les sacrements d’ailleurs ont une grande efficacité, non seulement pour exciter et nourrir la Foi dans nos esprits, mais encore pour allumer dans nos cœurs le feu de cette Charité que nous devons avoir les uns pour les autres, en nous souvenant que la participation aux mêmes Sacrements nous unit tous par les liens les plus étroits, et qu’elle nous fait membres d’un seul et même corps.
Enfin, — précieux avantage pour la Piété chrétienne — les Sacrements domptent et répriment l’orgueil de notre esprit, en même temps qu’ils nous obligent à pratiquer l’humilité. Par eux, en effet, nous sommes contraints de nous déprendre des éléments de ce monde pour obéir à Dieu, nous qui l’avions abandonné d’une manière outrageante pour nous asservir à ces éléments grossiers.
Voilà ce qui nous a paru le plus digne d’être enseigné sur le nom, la nature et l’institution des Sacrements. Mais après avoir donné ces explications avec tout le soin possible, les Pasteurs auront encore à bien apprendre aux Fidèles de quoi se compose chaque Sacrement, quelles en sont les parties, et enfin quels sont les rites et les cérémonies que l’on doit observer en les administrant.
Les Pasteurs expliqueront d’abord que la…
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(2) S. Aug. lib. 19. cont. Faust, etc.— (1) Rom., 10, 10.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ V. — MATIÈRE ET FORME DES SACREMENTS.
Les Pasteurs expliqueront d’abord que la chose sensible dont nous parlons — ce mot se trouve dans la définition du Sacrement — n’est pas simple, quoiqu’elle ne constitue réellement qu’un seul signe. En effet tout Sacrement se compose de cieux choses, l’une qui est comme la matière et que l’on appelle élément ; l’autre qui est la forme, et qui consiste dans des paroles. Ainsi l’enseignent les Pères, et particulièrement Saint Augustin, par ces mots que tout le monde connaît: (1) La Parole s’unit à l’élément, et le Sacrement existe. Par conséquent, sous le nom de choses sensibles, les Sacrements comprennent d’abord la matière ou élément, comme l’eau dans le Baptême, le chrême dans la confirmation, l’huile sainte dans l’Extrême-Onction, toutes choses qui tombent sous le sens de la vue ; ensuite les paroles qui sont comme la forme, et qui s’adressent au sens de l’ouïe. C’est ce que l’Apôtre a indiqué très clairement quand il a dit: (2) Jésus-Christ a aimé l’Eglise ; et il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant dans le baptême de l’eau, par la parole de Vie. Dans ce passage, la matière et la forme sont nettement exprimées.
Il fallait ajouter les paroles à la matière, afin de rendre plus claire et plus certaine la signification de l’élément qu’on employait. De tous les signes, le plus expressif est évidemment la parole. Si on la supprimait dans les Sacrements, il serait très difficile de deviner ce que désigne et signifie la matière en elle-même. Nous en avons une preuve dans le Baptême. L’eau n’est pas moins propre à rafraîchir qu’à purifier. Elle peut donc signifier également ces deux effets. Et si l’on n’avait pas joint des paroles, à l’effusion de l’eau, peut-être aurait-il été possible de trouver par conjecture sa véritable signification, mais il eût été impossible de rien affirmer de certain à cet égard. Au contraire, ajoutez les paroles, et l’on comprend immédiatement que la propriété et la signification de l’eau du Baptême, c’est de purifier.
Et c’est en cela que nos Sacrements l’emportent de beaucoup sur ceux de la Loi ancienne, qui n’avaient, croyons-nous, aucune forme déterminée d’administration. Voilà pourquoi ils étaient si incertains et obscurs. Les nôtres, au contraire, possèdent une forme de paroles si précise, que si par hasard on s’en écarte, l’essence du Sacrement disparaît. Aussi, et pour cette raison ils sont très clairs, et ne laissent aucune place à l’incertitude.
Telles sont les parties qui constituent la nature et la substance des Sacrements, et sans lesquelles ils ne peuvent exister en aucune façon.
A la matière et à la forme on a joint des Cérémonies…
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(1) S. Aug. in Joan.Tract. 80. — (2) Eph., 5, 25, 26.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ VI. — CÉRÉMONIES EMPLOYÉES DANS L’ADMINISTRATION DES SACREMENTS.
A la matière et à la forme on a joint des Cérémonies, que l’on ne peut omettre sans péché à moins d’y être contraint par la nécessité. Cependant, comme ces cérémonies ne touchent point à l’essence du Sacrement, si par hasard on les omettait, la matière et la forme ne perdraient rien de leur vertu. C’est un usage très sage, et qui remonte aux premiers temps de l’Église, d’administrer les sacrements avec des cérémonies solennelles.
D’abord il était de toute convenance d’environner d’un culte particulier les Mystères de la Religion, afin de traiter saintement, aux yeux de tous, les choses sacrées. Ensuite les Cérémonies font bien mieux connaître les effets de chaque Sacrement ; elles les mettent en quelque sorte sous les yeux, et elles impriment plus profondément dans l’esprit des Fidèles l’idée de leur sainteté. Enfin, ceux qui en sont témoins et qui les observent avec soin, s’élèvent facilement à la contemplation des choses célestes, en même temps qu’ils sentent croître dans leurs cœur s la Foi et la Charité. C’est pourquoi il est nécessaire de ne rien négliger pour bien expliquer aux Fidèles la portée des cérémonies qui font partie de l’administration de chaque Sacrement.
Le moment est venu de parler du nombre des Sacrements…
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§ VII. — DU NOMBRE DES SACREMENTS.
Le moment est venu de parler du nombre des Sacrements. Il sera très utile aux Fidèles de le connaître. Car ils s’empresseront de louer et de reconnaître l’infinie Bonté de Dieu envers eux, avec une piété d’autant plus sincère et plus vive, qu’ils verront un plus grand nombre de moyens mis à leur disposition par la Sagesse Divine pour les conduire au Salut et à la Vie bienheureuse.
Les Sacrements de l’Église catholique, d’après les témoignages de la sainte Écriture, la tradition des Pères et la décision des Conciles, (1) sont au nombre de sept. Mais pourquoi sept, ni plus, ni moins ? En voici une raison assez plausible, tirée de l’analogie qui existe entre la vie naturelle et la vie spirituelle. Pour vivre, pour conserver la vie, pour l’employer utilement, tant pour lui-même que pour la société, l’homme a besoin de sept choses: Il faut qu’il naisse, qu’il croisse, qu’il se nourrisse, qu’il se guérisse, s’il tombe malade, qu’il répare ses forces, lorsqu’elles ont été affaiblies. Ensuite au point de vue social, il faut encore qu’il ne manque jamais de magistrats investis de l’autorité nécessaire pour commander, et enfin qu’il se perpétue, lui-même et le genre humain, par la génération légitime des enfants. Or, ces sept conditions semblent répondre assez bien à la vie spirituelle, c’est-à-dire à la vie de l’âme pour Dieu, et par conséquent, il est facile de trouver dans ce que nous venons de dire la raison du nombre des Sacrements.
Le Baptême, qui est le premier et comme la porte des autres, nous fait naître à Jésus-Christ.
La Confirmation vient ensuite. Elle augmente en nous la Grâce de Dieu et nous fortifie par sa vertu. Les Apôtres étaient déjà baptisés, au témoignage de Saint Augustin, (1) lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ leur dit: (2) Demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la Vertu d’en haut.
Puis l’Eucharistie qui, comme un aliment vraiment céleste, nourrit et soutient nos âmes. C’est d’elle que le Sauveur dit: (3) Ma Chair est véritablement une nourriture, et mon Sang est vraiment un breuvage.
En quatrième lieu vient la Pénitence, qui rend la santé à nos âmes, quand elles ont été blessées par le péché.
Ensuite l’Extrême-Onction, qui enlève les restes du péché, et renouvelle les forces de l’âme. L’Apôtre Saint Jacques a dit de ce Sacrement qu’il remet nos péchés, si nous en avons. (1)
Le sixième est l’Ordre. C’est lui qui perpétue dans l’Église le ministère des Sacrements, en donnant à ceux qui le reçoivent le pouvoir de les administrer publiquement, et d’exercer toutes les autres fonctions du culte.
Enfin le Mariage. Ce sacrement est institué, afin que, dans une union légitime et sanctifiée, l’homme et la femme puissent donner des enfants pour le service de Dieu et pour la conservation du genre humain, et aussi afin qu’ils soient capables de les élever chrétiennement.
Mais ce qu’il faut bien remarquer, c’est que si tous les Sacrements possèdent en eux-mêmes une Vertu divine et admirable, cependant ils ne sont pas tous d’une égale nécessité, pas plus qu’ils n’ont ni la même dignité, ni la même signification. Ainsi il y en a trois qui sont regardés comme vraiment nécessaires quoique à des titres différents. Le Baptême est absolument nécessaire à tous sans aucune exception: Le Sauveur l’a déclaré Lui-même dans ces paroles: Si quelqu’un ne renaît pas de l’eau et de l’esprit, il ne peut point entrer dans le Royaume de Dieu. (2) La Pénitence est nécessaire aussi, mais seulement à ceux qui ont commis quelque péché mortel après leur Baptême. Ils ne sauraient éviter la damnation éternelle, s’ils ne font pas une véritable pénitence. Enfin l’Ordre est également d’une nécessité rigoureuse, non pas aux Fidèles en particulier, mais à l’Église en général.
Si l’on considère dans les Sacrements leur dignité et leur excellence, l’Eucharistie l’emporte de beaucoup sur tous les autres par la sainteté, le nombre et la grandeur des Mystères qu’elle contient.
Tout cela se comprendra mieux, lorsque nous expliquerons ce qui se rapporte à chaque Sacrement en particulier.
Nous avons à voir maintenant de qui nous avons reçu ces sacrés et divins Mystères…
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(1) Conc. Trid. Sess., 7, can., 1.— (1) S. Aug. Ep., 108. — (2) Luc., 24, 49. — (3) Joan., 6, 55. — (1) Jac., 5, 15. — (2) Joan., 3, 5.
Dernière édition par Louis le Ven 02 Sep 2022, 8:23 am, édité 1 fois (Raison : Balises.)
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§ VIII. — DE L’AUTEUR ET DU MINISTRE DES SACREMENTS.
Nous avons à voir maintenant de qui nous avons reçu ces sacrés et divins Mystères. Car, on n’en saurait douter, la dignité et la grandeur de celui qui donne, ajoutent singulièrement à l’excellence du bienfait. Or cette question ne peut soulever aucune difficulté. Puisque c’est Dieu qui nous rend justes, et que les Sacrements ne sont autre chose que des instruments merveilleux qui nous communiquent la justice, il est évident que nous sommes obligés de reconnaître le même Dieu comme Auteur en Jésus-Christ de la justification et des Sacrements. D’ailleurs ces Sacrements possèdent une vertu et une efficacité qui pénètrent jusqu’au fond de notre âme. Or Dieu seul a le pouvoir de descendre ainsi dans les esprits et dans les cœurs. C’est donc Dieu Lui-même qui a institué les Sacrements par Jésus-Christ, comme nous devons croire d’une Foi ferme et inébranlable, que c’est Lui qui en dispense intérieurement les effets.
C’est le témoignage que Jésus-Christ Lui-même en donna à Saint Jean-Baptiste (1) Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit, assure le précurseur, Celui sur qui vous verrez le Saint-Esprit descendre et se reposer, Celui-là baptise dans le Saint-Esprit.
Mais quoique Dieu soit le véritable Auteur et Dispensateur des Sacrements, Il n’a pas voulu qu’ils fussent administrés dans l’Église par des Anges, mais par des hommes. Et la tradition constante des saints Pères nous apprend que pour produire un Sacrement, l’office du Ministre est aussi nécessaire que la matière et la forme.
Or, ces Ministres, dans l’exercice de leurs fonctions saintes…
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(1) Joan., 1, 33-34.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ VIII. — DE L’AUTEUR ET DU MINISTRE DES SACREMENTS.(SUITE)
Or, ces Ministres, dans l’exercice de leurs fonctions saintes, n’agissent pas en leur propre nom, mais au nom de Jésus-Christ, dont ils représentent la Personne. Et c’est pourquoi, qu’ils soient bons ou qu’ils soient mauvais, pourvu qu’ils emploient la matière et la forme que l’Église Catholique a toujours employées, d’après l’institution de Jésus-Christ, et qu’ils aient l’intention de faire ce que fait l’Église elle-même en les administrant, les Sacrements qu’ils produisent et confèrent, sont de véritables Sacrements. D’où il suit que rien ne peut empêcher le fruit de la Grâce, si ceux qui reçoivent les Sacrements ne veulent se priver eux-mêmes d’un si grand bien, et résister au Saint-Esprit. Telle a toujours été la Foi très explicite de l’Eglise. Saint Augustin le démontre (1) très clairement dans ses disputes contre les Donatistes. Et si nous voulons recourir au témoignage de l’Écriture Sainte, écoutons l’Apôtre lui-même qui nous dit: (2) C’est moi qui ai planté, c’est Apollon qui a arrosé, mais c’est Dieu qui a donné l’accroissement. Or, ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui donne l’accroissement. De même donc que les arbres ne peuvent souffrir en rien de la perversité de celui qui les plante, de même, d’après le texte que nous venons de citer, ceux qui sont entés en Jésus-Christ par le ministère d’hommes coupables, ne peuvent recevoir aucun dommage spirituel de fautes qui leur sont étrangères. Judas, par exemple, comme l’ont enseigné nos saints Pères, d’après l’Évangile de Saint Jean, baptisa plusieurs personnes, et cependant nous ne lisons nulle part qu’aucune d’elles ait été baptisée de nouveau. Ce qui a fait dire à Saint Augustin ces paroles remarquables: (1) Judas a donné le Baptême, et l’on n’a point baptisé après Judas. Jean l’a donné aussi, et l’on a baptisé après Jean. C’est que le Baptême que donnait Judas était le Baptême de Jésus-Christ, tandis que celui que donnait Jean était le baptême de Jean. Certes, nous ne préférons point Judas à Jean, mais nous préférons à bon droit le Baptême de Jésus-Christ, donné par Judas, au baptême de Jean donné par les mains de Jean lui-même.
Mais que les Pasteurs et les autres Ministres des Sacrements, en entendant ces choses, n’aillent pas s’imaginer qu’ils peuvent négliger la pureté de la conscience et l’intégrité de la vie, et qu’il leur suffit d’observer -exactement les règles prescrites par l’administration des Sacrements. A coup sûr ce point mérite toute leur attention, mais il est loin de renfermer toutes les obligations qui se rapportent à ce ministère. Les Sacrements ne perdent jamais leur divine Vertu, mais les Pasteurs ne doivent jamais oublier non plus qu’ils causent la mort et le malheur éternel de ceux qui les administrent avec une conscience souillée. Il faut le répéter en effet, et on ne saurait trop le redire: Les choses saintes doivent être traitées saintement, et avec un profond respect. nous lisons dans le Prophète David: (2) Dieu a dit au pécheur: Pourquoi annoncez-vous mes préceptes, pourquoi parlez-vous de mon alliance, vous qui haïssez ma Loi ? Mais si c’est un péché de parler des choses de Dieu, quand on n’a pas le cœur pur, que ne sera pas le crime de celui qui sentant sa conscience chargée d’une foule d’iniquités ne craint pas cependant de prononcer de sa bouche impure les paroles sacrées, de prendre dans ses mains souillées, de toucher, de présenter et d’administrer les sacrés Mystères ? surtout quand nous entendons Saint Denis affirmer qu’il n’est pas même permis aux méchants de toucher les Symboles. (C’est le nom qu’il donne aux Sacrements.) Que les Ministres des choses saintes s’appliquent donc avant tout à acquérir la Sainteté, qu’ils apportent un cœur pur à l’administration des Sacrements, et qu’ils s’exercent à la Piété avec un zèle si parfait, qu’ils ne manquent pas, avec le secours de Dieu, de retirer de l’administration fréquente et de l’usage des saints Mystères, une Grâce de jour en jour plus abondante.
Après ces explications, il y aura lieu de bien marquer les effets des Sacrements…
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(1) S. Aug. cont. Crescent lib. 5. cap. 20.— (2)1 Cor., 3, 6. 7. — (1) S. Aug. Troch.. 2 in Joan.— (2) Psal., 49, 16. 17.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ IX. — EFFETS DES SACREMENTS.
Après ces explications, il y aura lieu de bien marquer les effets des Sacrements. Ainsi l’on mettra encore plus en lumière la définition que nous avons donnée plus haut. Ces effets sont au nombre de deux principaux: Le premier sans contredit est la Grâce, que tous les Docteurs appellent sanctifiante, et que l’Apôtre Saint Paul exprime très clairement quand il dit: (1) Jésus-Christ a aimé son Église, il s’est livré pour elle, pour la sanctifier, en la purifiant par le Baptême de l’eau dans la Parole de vie. Mais comment s’opère un effet si merveilleux, et si étonnant ? Comment se fait-il, dit très bien Saint Augustin, que l’eau touche le cœur, en lavant le corps ? La raison et l’intelligence de l’homme ne peuvent le comprendre. C’est un principe incontestable que nul objet sensible n’a, par lui-même et de sa nature, la force de pénétrer jusqu’à l’âme. Mais à la lumière de la Foi nous découvrons que la toute Puissance de Dieu a déposé dans les Sacrements une vertu surnaturelle, qui précisément leur fait opérer ce que les choses sensibles ne pourraient naturellement atteindre.
Et pour que les Fidèles ne fussent jamais tentés de concevoir des doutes sur cette vérité, Dieu, dans son infinie bonté pour nous, lorsque son Église se mit à administrer les Sacrements, Dieu daigna manifester par des miracles les effets qu’ils opéraient dans les cœurs, et nous convaincre que ces effets ne changeraient pas, qu’ils seraient toujours les mêmes, bien qu’ils dussent rester absolument cachés à nos sens. Ainsi, sans rappeler qu’au Baptême de notre Sauveur (1) les cieux s’ouvrirent, et que l’Esprit Saint descendit sur Lui sous la forme d’une colombe, pour nous avertir qu’au moment même où nous sommes lavés par l’eau sainte du Baptême, la Grâce est répandue dans nos âmes ; sans rappeler ce prodige qui d’ailleurs se rapporte à la sainteté du Sacrement plus encore qu’à ses effets, ne lisons-nous pas que le jour de la Pentecôte (2) lorsque les Apôtres reçurent le Saint-Esprit qui allait leur donner la force et l’ardeur de prêcher la Foi, et le courage d’affronter tous les périls pour la gloire de Jésus-Christ, il se fit tout à coup un grand bruit venant du ciel, comme le souffle d’un vent violent, et que l’on vit comme des langues de feu se partager, et se reposer sur chacun d’eux ? Et n’est-ce pas là pour nous une preuve que, dans le Sacrement de Confirmation, nous recevons le même esprit et les mêmes forces pour résister avec courage à la chair, au monde et à Satan, nos éternels ennemis. Aux premiers temps de l’Église, lorsque les Apôtres administraient les Sacrements, on voyait se renouveler ces sortes de miracles, et ils ne cessèrent qu’au moment où la Foi fut suffisamment affermie et consolidée.
Ce que nous venons de dire de la Grâce sanctifiante, qui est le premier effet des Sacrements, nous montre clairement que les Sacrements de la Loi nouvelle ont une force et une efficacité bien supérieures à celles qu’avaient jadis les Sacrements de l’ancienne Loi, Eléments stériles, sans force et sans vertu, dit l’Apôtre saint Paul (1) qui ne purifiaient que les souillures du corps et non celles de l’âme. Aussi n’avaient-ils été institués que comme des signes, pour figurer les effets que les nôtres devaient opérer. Mais dans la Loi nouvelle, les Sacrements sortis du côté de Notre-Seigneur Jésus-Christ (2), qui s’est offert lui-même à Dieu, par le Saint-Esprit, comme une Victime sans tache, purifient nos consciences des œuvres de. mort, pour nous consacrer au service du Dieu Vivant, et opèrent par la vertu du Sang de Jésus-Christ la Grâce qu’ils signifient. Si donc nous les comparons aux Sacrements anciens, nous leur trouverons tout ensemble plus d’efficacité et de vertu, des fruits plus abondants, et une sainteté bien plus auguste.
Le second effet des Sacrements ne leur est point commun à tous…
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(1) Eph., 5, 25, 26. — (1) Matth., 3, 16. Marc, 1, 10. Luc, 3, 22. — (2) Act. 2, 2. 3.— (1) Gal., 4, 9. Heb., 9, 13. — (2) Heb., 9, 14.
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§ X. — CARACTÈRE IMPRIMÉ PAR TROIS SACREMENTS.
Le second effet des Sacrements ne leur est point commun à tous ; il n’appartient qu’à trois d’entre eux, au Baptême, à la Confirmation et à l’Ordre. Cet effet, c’est le caractère qu’ils impriment dans l’âme. Lorsque l’Apôtre dit: (1) Dieu nous a oints de son onction. Il nous a marqués de son sceau, et Il a mis comme gage le Saint-Esprit dans nos cœur, ces paroles: Il nous a marqués de son sceau, désignent clairement un caractère, puisque l’effet propre du caractère est de marquer et de former une empreinte. Or ce caractère est comme une marque imprimée dans l’âme, qui ne peut s’effacer ni être détruite: elle y demeure éternellement. Les Sacrements de la Loi nouvelle auraient-ils moins de force, dit Saint Augustin, que cette marque corporelle dont les soldats sont honorés ? Cependant si le soldat quitte les armes, et les reprend, on ne lui imprime point une marque nouvelle ; on reconnaît l’ancienne et l’on l’admet.
Ce caractère a deux effets: l’un nous rend capables de recevoir et de faire certaines choses du domaine de la Religion, l’autre est comme un signe qui nous distingue de ceux qui n’en ont pas été marqués. Double résultat que nous retrouvons dans le caractère du Baptême. D’un côté il nous rend propres à recevoir les autres Sacrements, de l’autre il sert à distinguer les Fidèles des nations qui n’ont pas la Foi. II serait facile de découvrir les mêmes effets dans le caractère de la Confirmation et dans celui de l’Ordre. Le premier nous arme et nous munit, comme des soldats de Jésus-Christ, pour confesser et défendre publiquement son nom, et pour combattre contre les ennemis qui sont au dedans de nous, et (1) contre les esprits mauvais qui sont dans l’air; ensuite il nous sépare des nouveaux baptisés qui ne sont que des enfants nouvellement nés. Le second, (c’est-à-dire le caractère du sacrement de l’Ordre), donne le pouvoir de produire et d’administrer les Sacrements, et il distingue du reste des Fidèles ceux qui en sont revêtus. Il faut donc croire, comme une vérité constante dans l’Église catholique, que ces trois Sacrements impriment un caractère, et qu’ils ne doivent jamais être renouvelés.
Voilà ce qu’il y a lieu d’enseigner sur les Sacrements en général. Et…
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(1) 2. Cor., 1, 21. 22. — (1) Eph., 6, 12.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
§ X. — CARACTÈRE IMPRIMÉ PAR TROIS SACREMENTS.(SUITE)
Voilà ce qu’il y a lieu d’enseigner sur les Sacrements en général. Et en traitant ce sujet, les Pasteurs feront tous leurs efforts pour obtenir surtout deux choses: la première, de faire comprendre aux Chrétiens combien ces dons célestes et divins méritent d’honneur, de respect et de vénération ; la seconde, de les amener à faire un pieux et saint usage de ces moyens surnaturels que l’infinie Bonté de Dieu a préparés pour le salut de tous, et d’allumer en eux un tel désir de la perfection, qu’ils regardent comme un très grand dommage pour leurs âmes d’être privés pendant quelque temps de l’usage si salutaire du sacrement de Pénitence, et principalement de la sainte Eucharistie. Or, ils obtiendront facilement ce double résultat, s’ils répètent souvent aux Fidèles ce crue nous avons dit de la divinité et de l’utilité des Sacrements, à savoir, qu’ils ont été institués par Jésus-Christ notre Sauveur, qui ne peut rien produire que de très parfait; que, quand nous les recevons, la Vertu toute puissante de l’Esprit Saint pénètre jusqu’au fond de nos cœurs; qu’ils possèdent la propriété merveilleuse et infaillible de nous guérir; qu’ils sont comme autant de canaux qui nous communiquent les richesses infinies de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et qu’enfin, si l’édifice de la Religion repose sur le fondement inébranlable de la pierre angulaire qui est Jésus-Christ, il a besoin cependant d’être soutenu de tous les côtés par la prédication de la Parole de Dieu, et par l’usage des Sacrements. Sans quoi il serait bien à craindre qu’il ne vint à tomber en ruine en grande partie. Car si les Sacrements nous font entrer dans la Vie spirituelle, ils sont aussi l’Aliment qui nous nourrit, nous conserve, et nous donne l’accroissement.
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(1) 2. Cor., 1, 21. 22. — (1) Eph., 6, 12.
A suivre : Chapitre quinzième. Du Sacrement du Baptême...
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.
Ce que nous avons dit jusqu’ici des Sacrements en général, suffit pour faire comprendre combien il est nécessaire de savoir ce que la Foi catholique enseigne sur chaque Sacrement en particulier, si l’on veut être instruit comme il convient de la Doctrine chrétienne, et pratiquer la vraie piété. Il y a plus: quiconque lira Saint Paul avec un peu d’attention sera forcé de conclure qu’une connaissance parfaite du Baptême est absolument requise pour les Fidèles ; tant il rappelle souvent, en termes solennels et remplis de l’Esprit de Dieu, le souvenir de ce Mystère ! tant il en relève avec soin le côté divin, et s’efforce de le mettre sous nos yeux, pour nous y faire contempler et imiter la Mort, la Sépulture et la Résurrection de notre Rédempteur (1).
C’est pourquoi les Pasteurs ne doivent jamais croire qu’ils ont trop fait, ou déployé trop de zèle, pour parler de ce Sacrement. Ils ne se contenteront pas d’en expliquer, à l’exemple de nos ancêtres, les divers mystères, la veille de Pâques ou de la Pentecôte, dans ces deux jours où l’Église autrefois avait coutume d’administrer ce Sacrement avec un respect si profond et des cérémonies solennelles, — ils devront encore saisir dans les autres temps toutes les occasions d’en dire quelque chose. Une des plus favorables sera la circonstance du Baptême à administrer à quelqu’un, et lorsqu’ils verront un certain nombre de personnes assister à cette cérémonie. Alors il leur sera facile, sinon de passer en revue tous les points qui se rapportent à ce Sacrement, du moins d’en développer un ou deux, avec d’autant plus de fruit que les Fidèles auront sous les yeux des rites sacrés, où ils verront exprimées d’une manière sensible les vérités qu’ils entendront, et qu’ils seront occupés à les contempler avec plus d’attention et de piété. De là il résultera que chacun, frappé de ce qui se fera pour un autre sous ses yeux, ne manquera pas de se rappeler les obligations qu’il a contractées lui-même avec Dieu au jour de son Baptême, et il sera amené à se demander si sa vie et ses mœurs sont bien celles que suppose et exige la profession de Chrétien.
Pour mettre de l’ordre et de la clarté en cette matière...
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(1) Rom. 6, 3. Coloss. 2. 12. 13.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.§ I. — CE QUE C’EST QUE LE BAPTÊME POUR LE NOM ET POUR LA CHOSE.
Pour mettre de l’ordre et de la clarté en cette matière, il convient d’expliquer d’abord la nature et l’essence du Sacrement, après avoir donné toutefois le sens du mot lui-même.
Ce mot de Baptême est comme on le sait un mot grec, qui, dans les Saintes Écritures, ne signifie pas seulement cette ablution qui est unie au Sacrement, mais encore toute sorte d’ablution, (1) et quelquefois même la Passion. (2) toutefois les Auteurs ecclésiastiques s’en servent pour exprimer, non une ablution corporelle quelconque, mais uniquement celle qui se fait dans le Sacrement, et qui, de plus. Est toujours accompagnée de la forme prescrite des paroles. C’est dans ce sens que les Apôtres l’ont employé très souvent, après Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Les Saints Pères ont encore donné au Baptême d’autres dénominations. Ainsi, parce que, en recevant le Baptême, on fait en même temps profession de toute la Foi chrétienne, Saint Augustin l’appelle le Sacrement de la Foi. (3) et parce que la foi que nous professons dans le Baptême illumine nos cœur », d’autres lui ont donné le nom d’illumination. Souvenez-vous, dit l’Apôtre aux Hébreux, (4) de ces premiers jours, où après avoir été illuminés, vous avez soutenu la grande épreuve des afflictions. Saint Paul parle évidemment du temps où les Hébreux avaient reçu le Baptême. Saint Jean Chrysostome, dans un discours qu’il prononça devant les Catéchumènes, (5) l’appelle encore, tantôt purification, parce qu’il nous purifie du vieux levain pour faire de nous une pâte nouvelle, tantôt sépulture, plantation, croix de Jésus-Christ. Expressions dont il est facile de trouver la raison dans l’Epître aux Romains. Enfin Saint Denys le nomme le principe des saints Commandements, (6) parce qu’il est comme la porte par laquelle on entre dans la Société chrétienne, et que c’est par ce Sacrement que l’on commence à obéir aux préceptes divins. Voilà en peu de mots ce que l’on pourra dire sur le nom de Baptême.
Quant à la définition de la chose, on peut en trouver plusieurs dans les Auteurs ecclésiastiques. La plus juste et la plus convenable est celle qui se tire des paroles de Notre-Seigneur dans Saint Jean, et de l’Apôtre dans l’Épître aux Éphésiens. Quand le Sauveur dit: (1) Celui qui ne sera pas régénéré par l’eau et par l’Esprit, ne pourra pas entrer dans le Royaume de Dieu ; lorsque l’Apôtre, (2) parlant de l’Église, nous enseigne que Jésus-Christ l’a purifiée par l’eau dans la parole ; n’en résulte-t-il pas que le Baptême peut très bien et avec justesse se définir le Sacrement de la Régénération dans l’eau par la parole ? Par la nature, nous naissons d’Adam, et nous naissons enfants de colère ; mais par le Baptême nous renaissons en Jésus-Christ, comme enfants de la miséricorde, car Dieu a donné (3) le pouvoir de devenir enfants de Dieu à tous les hommes qui croient en son nom, qui ne sont nés ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de. la volonté de l’homme, mais de Dieu.
Au reste, quelles que soient les expressions que l’on emploie pour définir le Baptême et l’expliquer, ce qu’il faut apprendre au peuple, c’est que ce Sacrement consiste dans une ablution à laquelle doivent nécessairement s’unir les paroles solennelles que Notre-Seigneur a déterminées et fixées Lui-même. (4) Ainsi l’ont toujours enseigné les Saints Pères ; et Saint Augustin en particulier l’affirme de la manière la plus formelle et la plus nette: (5) La parole, dit-il, s’unit à l’élément, et le Sacrement existe. Les Fidèles ont besoin d’être parfaitement instruits sur ce point. Autrement, ils pourraient tomber dans cette erreur assez commune, et qui consiste à croire que l’eau conservée dans les Fonts baptismaux pour l’administration du Sacrement est le Sacrement lui-même. Le Baptême n’existe que lorsque l’on verse l’eau sur quelqu’un, en prononçant au même moment les paroles instituées par Notre-Seigneur.
Nous avons dit, en traitant des Sacrements en général…
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(1) Marc, 7, 4. — (2) Marc., 10, 38. Luc., 12, 50. 1 Cor., 15, 29. — (3) S. Aug. Epist., 25. — (4) Heb., 10, 32. — (5) S. Chrys. 10, 5. — (6) S. Dionys. de Eccl. Hier. — (1) Joan., 3, 5. — (2) Eph., 5, 26. — (3) Joan., 1, 12, 13. — (4) Matth., 28, 19. — (5) Saint Aug. tract., 80, in Joan.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.§ I. — CE QUE C’EST QUE LE BAPTÊME POUR LE NOM ET POUR LA CHOSE.(SUITE)
Nous avons dit, en traitant des Sacrements en général, que chacun d’eux se compose de la matière et de la forme. Les Pasteurs auront donc soin de bien faire connaître la matière et la forme du Baptême.
La matière, ou l’élément de ce Sacrement, c’est toute espèce d’eau naturelle, eau de mer, de rivière, de marais, de puits, de fontaine, en un mot tout ce qui porte simplement le nom d’eau, et rien de plus. En effet notre Sauveur a dit: (1) Celui qui ne sera pas régénéré par l’eau et par l’Esprit, ne pourra pas entrer dans le Royaume de Dieu. Saint Paul enseigne (2) que l’Église a été purifiée par l’eau[/i]. Et nous lisons aussi dans Saint Jean: (3) qu’il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre, l’esprit, l’eau et le sang. Plusieurs autres endroits de l’Écriture renferment la même vérité.
S. Jean-Baptiste, il est vrai, disait (4) que notre Seigneur viendrait, et qu’Il baptiserait dans le Saint-Esprit et dans le feu. Mais ces paroles ne doivent nullement s’entendre de la matière du Baptême. Il faut les rapporter à l’effet intérieur que le Saint-Esprit opère dans l’âme, ou plutôt au miracle qui se manifesta le jour de la Pentecôte (5) , lorsque le Saint-Esprit descendit du ciel sur les Apôtres, sous la forme du feu, miracle que Notre-Seigneur leur avait prédit, en disant: (1) Jean a baptisé. dans l’eau, mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le Saint-Esprit.
C’est également cette matière de notre Sacrement que Dieu, selon les Saintes Écritures, a voulu exprimer par des figures, et par les oracles des Prophètes. Ainsi le Déluge (2) qui purifia la terre, parce que la malice des hommes était à son comble, et que toutes leurs pensées étaient tournées vers le mal, le Déluge était une figure et une image de l’eau du Baptême. C’est le témoignage formel du Prince des Apôtres, dans sa première Épître. (3) et Saint Paul, écrivant aux Corinthiens, leur déclare que le passage de la mer Rouge (4) avait la même signification. Et nous ne parlons pas de l’ablution du Syrien Naaman, ni de la vertu miraculeuse de la piscine probatique, ni de plusieurs autres choses de ce genre dans lesquelles il est facile d’apercevoir autant de symboles de ce Mystère.
Quant aux Prophètes qui l’avaient annoncé, personne ne peut en douter. Et ces eaux auxquelles le Prophète Isaïe invite avec tant de zèle tous ceux qui ont soif (5) et celles qu’Ézéchiel voyait en esprit sortir du Temple (6), et cette fontaine que Zacharie (7) montrait dans l’avenir à la maison de David, et aux habitants de Jérusalem, comme une source préparée pour purifier le pécheur et la femme impure, toutes ces eaux excellentes n’étaient-elles pas la figure et le signe de l’eau salutaire du Baptême ?
Au reste, la nature même et la vertu de ce Sacrement…
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(1) Joan., 3, 5. — (2) Eph., 5, 26. — (3) Joan., 5, 8. — (4) Matt., 3, 11. — (5) Act., 2, 3. — (1) Act., 1, 5. — (2) Gen., 6, 5. — (3) 1 Pet. 3, 20. — (4) 1 Cor., 10, 1. 2. — (5) Isa., 55, 1. — (6) Ezech., 47, 2. — (7) Zach., 13, 1.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.§ I. — CE QUE C’EST QUE LE BAPTÊME POUR LE NOM ET POUR LA CHOSE.(SUITE)
Au reste, la nature même et la vertu de ce Sacrement demandaient que l’eau en fût la matière propre. Saint Jérôme, écrivant à Océanus [1], le démontre très bien, et par de nombreuses raisons.
Mais les Pasteurs, traitant le même sujet, enseigneront avant tout aux Fidèles que ce Sacrement étant absolument nécessaire à tous sans aucune exception, pour obtenir la Vie éternelle, rien n’était plus indiqué ni plus convenable, pour en devenir la matière, que l’eau, qui se trouve partout et que l’on peut se procurer si facilement. Au surplus l’eau représente admirablement l’effet du Baptême. Elle lave les souillures du corps, et par là elle exprime très bien l’action et l’efficacité de ce Sacrement sur l’âme, qu’il purifie de ses péchés. Enfin l’eau a la propriété de rafraîchir les corps, comme le Baptême a la vertu d’éteindre en grande partie l’ardeur des passions.
Mais si l’eau naturelle et sans aucun mélange est une matière suffisante pour administrer le Baptême dans tous les cas de nécessité, cependant c’est un usage constant dans l’Église catholique, fondé sur la tradition des Apôtres, d’ajouter à l’eau le saint Chrême, quand on donne ce Sacrement avec les cérémonies prescrites ; ce qui en représente plus clairement encore les effets. Le peuple doit savoir également que, si dans la nécessité, on peut employer une eau dont on doute si elle est telle que le Sacrement l’exige, c’est cependant une vérité incontestable que jamais et pour aucune cause le Baptême ne peut exister, s’il n’est administré avec de l’eau naturelle.
Après avoir expliqué la première des deux choses qui constituent le Baptême, c’est-à-dire la matière, les Pasteurs n’auront pas moins de zèle pour instruire les Fidèles de la forme, seconde partie du Sacrement, tout aussi indispensable que l’autre. Ils devront même apporter à ces explications un soin et un labeur d’autant plus soutenus, que la connaissance d’un aussi saint Mystère n’est pas seulement propre à donner par elle-même à leurs peuples une vive satisfaction — effet ordinaire de la science des choses de Dieu — mais qu’elle est encore infiniment désirable, à cause de l’usage presque journalier qu’on est obligé d’en faire. Il arrive souvent en effet, comme nous le verrons plus tard, et plus en détail, que des gens du peuple, et presque toujours de simples femmes, sont obligés d’administrer le Baptême. C’est donc une chose nécessaire d’apprendre et d’expliquer à tous les Fidèles sans exception, et d’une manière bien exacte, tout ce qui tient à l’essence de ce Sacrement.
Ainsi les Pasteurs enseigneront…
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(1) S. Hier. Epist., 85.
Dernière édition par Louis le Sam 03 Sep 2022, 4:40 pm, édité 2 fois (Raison : Balises et orthographe.)
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.§ I. — CE QUE C’EST QUE LE BAPTÊME POUR LE NOM ET POUR LA CHOSE.(SUITE)
Ainsi les Pasteurs enseigneront, en termes très clairs et à la portée de tous, que la forme essentielle et parfaite du Baptême est dans ces mots: Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. C’est en ces termes en effet qu’elle fut donnée par Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Dieu, lorsqu’Il dit formellement à ses Apôtres: (1) Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Par ce mot : baptisez, l’Église catholique, inspirée de Dieu, a toujours compris que dans la forme de ce Sacrement, il fallait exprimer l’action du ministre. Et c’est ce que l’on fait, en disant:Je te baptise. Mais, outre les ministres, il fallait encore exprimer et la personne qui reçoit le Baptême, et la cause principale qui produit le Sacrement. Voilà pourquoi l’on ajoute le mot: te, et le nom de chacune des trois Personnes de la Sainte Trinité. De sorte que la forme entière et complète du Sacrement est renfermée dans ces paroles que nous venons de citer: Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ce n’est pas en effet la Personne seule du Fils qui opère l’effet de ce Sacrement, quoique Saint Jean dise: c’est Lui qui baptise (1), mais ce sont les trois Personnes de la Sainte Trinité ensemble. Et si l’on dit: Au nom, et non pas, dans les noms, c’est pour marquer qu’il n’y a qu’une seule nature et une seule divinité dans la Trinité. Ce mot ne se rapporte donc point aux Personnes ; il désigne la substance, la vertu, la puissance divine qui est une et la même dans les trois Personnes.
Dans cette forme que nous venons de donner, comme entière et parfaite, il y a des mots tellement nécessaires que l’on ne pourrait les supprimer sans détruire la validité du Sacrement, mais il y en a d’autres qui ne sont point aussi essentiels, et dont l’omission n’empêche point la validité. De ce nombre est (dans la langue latine) le mot ego, dont le sens est renfermé dans le verbe baptizo. Il y a plus ; les Églises Grecques ont varié la tournure, et sont dans l’usage de supprimer complètement ce pronom, persuadées qu’il n’était pas nécessaire de faire mention du ministre. Ainsi, dans ces Églises, on se sert généralement de cette forme: Que le serviteur de Jésus-Christ soit baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ces paroles suffisent pour que le Sacrement soit conféré validement ; le Concile de Florence en a ainsi décidé. Et en effet, elles expriment assez clairement la vraie propriété de ce Sacrement, c’est-à-dire l’ablution qui se fait réellement quand on les prononce.
Si l’on est obligé d’avouer qu’à un moment donné les Apôtres baptisaient seulement au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous devons tenir pour certain qu’ils ne l’ont fait que par l’inspiration du Saint-Esprit. Dans ces commencements de l’Église, ils voulaient donner plus d’éclat à leur prédication par le nom de Jésus-Christ, et faire connaître davantage sa puissance divine et sans bornes. D’ailleurs, en examinant la chose à fond, on voit bientôt qu’il ne manque rien à cette formule de ce qui a été prescrit par notre Sauveur Lui-même. En effet dire Jésus-Christ c’est dire par là même la Personne du Père de qui Il a reçu l’onction sacrée, et la Personne du Saint-Esprit par lequel Il l’a reçue.
Au reste il est très permis de douter que les Apôtres…
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(1) Matt., 28, 19. — (1) Joan., 1, 33.
Dernière édition par Louis le Sam 03 Sep 2022, 4:40 pm, édité 2 fois (Raison : Balises.)
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Du Sacrement du Baptême.§ I. — CE QUE C’EST QUE LE BAPTÊME POUR LE NOM ET POUR LA CHOSE.(SUITE)
Au reste il est très permis de douter que les Apôtres aient conféré le Baptême de cette manière. Saint Ambroise, Saint Basile et plusieurs autres Pères d’une sainteté et d’une autorité considérables, croient que ce Baptême donné au Nom de Jésus-Christ, n’est autre chose que le Baptême institué par Jésus-Christ, et qu’il fut ainsi appelé pour le distinguer du Baptême de Jean, sans qu’il s’ensuive que les Apôtres se soient écartés pour le conférer de la forme ordinaire et commune, qui exprime distinctement les trois Personnes. Saint Paul semble se servir de la même manière de parler dans son Épître aux Galates: (1) Vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous vous êtes revêtus de Jésus-Christ. Que signifient ces paroles, sinon que les Galates avaient été baptisés dans la Foi de Jésus-Christ, mais non avec une formule différente de celle que notre Dieu et Sauveur avait Lui-même prescrite ?
Ce que nous venons de dire suffit pour instruire les Fidèles sur la matière et la forme, ces deux parties si importantes de l’essence même du Baptême. Mais pour produire le Sacrement, il y a une manière d’employer l’eau — manière déterminée par l’Église — dont il n’est pas permis de s’écarter. Les Pasteurs auront donc soin de donner la doctrine sur ce point, et d’expliquer en peu de mots l’usage et la pratique de l’Église. Elle admet trois manières de baptiser: ou bien en plongeant dans l’eau ceux que l’on baptise, ou bien en versant l’eau sur eux, ou enfin en les arrosant par aspersion. Mais de ces trois rites, quel que soit celui qu’on suive, il est certain que le Baptême est valide. L’eau n’est employée dans le Baptême que pour signifier l’ablution intérieure de l’âme, que ce Sacrement opère. Voilà pourquoi Saint Paul l’appelle un bain. (1) Or il y a également ablution, soit qu’on plonge dans l’eau, comme on le fit longtemps dans les premiers siècles de l’Église ; soit qu’on verse l’eau, comme c’est aujourd’hui l’usage général ; soit enfin qu’on fasse seulement une aspersion, comme Saint Pierre, dit-on, lorsqu’il convertit et baptisa en un seul jour trois mille personnes. (2)
Peu importe d’ailleurs que l’on fasse une ou trois ablutions. Saint Grégoire le Grand, écrivant à Léandre, dit que le Baptême s’est donné dans l’Église, et peut se donner de deux manières. néanmoins les fidèles devront observer le rite en usage dans leurs églises particulières.
Mais il faut avoir grand soin d’apprendre au peuple que l’eau doit être versée, non sur une partie quelconque du corps, mais principalement sur la tête, parce que la tête est comme le siège où aboutissent tous les sens intérieurs et extérieurs. De plus, les paroles de la forme du Sacrement doivent être prononcées non pas avant ou après l’ablution, mais dans le moment même où cette ablution se fait et par celui-là même qui la fait.
Après ces explications, il importe d’enseigner — et de rappeler aux Fidèles…
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(1) Gal., 3, 27. — (1) Eph., 5, 26. — (2) Act., 2, 41.
Dernière édition par Louis le Sam 03 Sep 2022, 4:41 pm, édité 1 fois
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Du Sacrement du Baptême.§ II. — DE L’INSTITUTION DU BAPTÊME.
Après ces explications, il importe d’enseigner — et de rappeler aux Fidèles — que le Baptême, comme tous les autres Sacrements, a été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Mais ce qu’il faut expliquer souvent et avec soin, c’est que pour le Baptême, il y a deux choses bien différentes à distinguer: d’une part le temps précis où Notre-Seigneur l’institua, et de l’autre celui où l’obligation de le recevoir a été imposée à tous.
Et d’abord, en ce qui regarde le premier objet, il apparaît clairement que ce Sacrement fut institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, lorsque recevant Lui-même le Baptême par le ministère de Jean, Il voulut bien donner à l’eau la vertu de nous sanctifier. Saint Grégoire de Nazianze (1) et Saint Augustin (2) nous assurent que ce fut en ce moment-là même que l’eau reçut la vertu de nous régénérer pour la vie spirituelle. nous lisons dans Saint Augustin: Depuis que Jésus-Christ a été plongé dans l’eau, l’eau a le pouvoir d’effacer tous les péchés. Et encore: Le Seigneur s’est fait baptiser, non qu’Il eût besoin d’être purifié, mais pour purifier l’eau au contact de sa Chair sans tache, et pour lui communiquer la vertu de nous purifier ensuite.
Mais ce qui nous fournit une preuve sans réplique de cette vérité, c’est que, à ce moment solennel, la Sainte Trinité tout entière, au nom de laquelle on confère le Baptême, manifesta sa présence. On entendit la voix du Père, le Fils était là en personne, et le Saint-Esprit descendit en forme de colombe. De plus les cieux s’ouvrirent, comme ils s’ouvrent pour nous par le Baptême.
Que si quelqu’un demande pourquoi il a plu à notre Seigneur d’attribuer à l’eau une vertu si admirable et si divine, il faut répondre que cela dépasse notre intelligence.
Mais ce que nous pouvons comprendre d’une manière suffisante, c’est que, notre Sauveur s’étant fait baptiser, l’eau, en touchant sa Chair très sainte et très pure, se trouva consacrée à l’usage de ce Sacrement. Mais nous ne devons pas perdre de vue que pour avoir été institué avant la Passion, le Baptême ne laissa pas d’en tirer toute sa vertu et toute son efficacité, parce que la Passion était comme la fin à laquelle le Rédempteur rapportait toutes ses actions.
Quant au temps où l’obligation de recevoir le Baptême …
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(1) S. Greg. Orat. in nat. — (2) S. Aug. serm., 19, 36 et 37 de temp.
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.§ II. — DE L’INSTITUTION DU BAPTÊME.(SUITE)
Quant au temps où l’obligation de recevoir le Baptême a été imposée à tous, il ne peut y avoir aucun doute. Les Auteurs ecclésiastiques conviennent que lorsque notre Seigneur, après sa Résurrection, dit à ses Apôtres: (1) Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, au même moment, l’obligation de recevoir le Baptême fut imposée à tous les hommes qui voudraient se sauver. Cette conclusion peut se tirer également de ces paroles si autorisées du Prince des Apôtres: (2) Il nous a fait renaître à l’espérance de la vie par la Résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts ; et aussi de ces paroles de Saint Paul, qui, en parlant de l’Église, s’exprime ainsi: (1) Il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le Baptême de l’eau dans la parole de vie. tous les deux, en effet, semblent rapporter l’obligation du Baptême au temps qui suivit la mort du Sauveur, de sorte que ces paroles de Jésus-Christ: (2) Celui qui ne renaîtra point de l’eau et de l’esprit, ne pourra entrer dans le Royaume de Dieu, s’appliquent évidemment au temps qui devait suivre sa Passion.
Si les Pasteurs ont soin de traiter ce sujet comme il convient, il est impossible que les Fidèles ne reconnaissent point l’excellence et la dignité du Baptême, et ne conçoivent point des sentiments profonds de vénération et de reconnaissance pour un bienfait si admirable et si étonnant, surtout s’ils veulent réfléchir que les effets miraculeux, qui se manifestèrent au Baptême de Notre-Seigneur Jésus-Christ, se produisent intérieurement par la vertu du Saint-Esprit dans l’âme de tous ceux qui reçoivent le Baptême. Et de fait, si, comme il arriva au serviteur d’Élisée, nos yeux pouvaient s’ouvrir de manière à voir les choses célestes, il n’est personne assez dépourvu de sens commun, pour ne pas être saisi d’admiration en présence des divins mystères du Baptême. Mais pourquoi n’en serait-il pas de même, si les Pasteurs exposaient toutes les richesses de ce Sacrement avec une clarté si parfaite que les Fidèles fussent capables de les contempler, sinon avec les yeux du corps, du moins avec les yeux de l’esprit éclairé par la Foi ?
Voyons maintenant quels sont les Ministres de ce Sacrement...
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(1) Marc., 16, 15. Matth., 28, 19. — (2) 1 Pet., 1, 3. — (1) Eph., 5, 26. — (2) Joan., 3, 5.
Dernière édition par Louis le Sam 03 Sep 2022, 4:42 pm, édité 2 fois (Raison : Balises.)
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Re: Les Sacrements : Explication du Saint Concile de Trente
Du Sacrement du Baptême.§ III. — DES MINISTRES DU BAPTÊME.
Voyons maintenant quels sont les Ministres de ce Sacrement. Non seulement il est utile, mais il est nécessaire de le dire, d’une part, afin que ceux qui sont chargés de cette fonction, s’appliquent à la remplir saintement et avec piété ; de l’autre, afin que personne ne sorte des limites de ses attributions, et ne cherche à s’introduire à contretemps, ou à pénétrer avec insolence sur le terrain d’autrui. Car, dit l’Apôtre, (1) il faut garder l’ordre en toutes choses.
Les Fidèles doivent donc savoir qu’il y a trois classes de Ministres du Baptême. A la première appartiennent les Évêques et les Prêtres, qui exercent ce ministère de plein droit, et non en vertu d’un pouvoir extraordinaire. C’est aux Évêques que Notre-Seigneur a dit dans la personne des Apôtres: Allez, baptisez ! (2) et si, dès les premiers temps, ils ont pris l’habitude de laisser aux Prêtres l’administration du Baptême, c’était uniquement pour ne pas être obligés d’abandonner la charge plus importante encore de la prédication. Quant aux Prêtres, la doctrine des Pères (3) et l’usage constant de l’Église attestent qu’ils exercent cette Fonction en vertu d’un droit qui leur est tellement propre, qu’ils peuvent baptiser même en présence de l’Évêque. Et de fait, puisqu’ils étaient établis pour consacrer l’Eucharistie qui est (4) le Sacrement de la paix et de l’unité, il était tout naturel qu’ils reçussent en même temps le pouvoir de faire tout ce qui est nécessaire pour mettre les hommes en participation de cette paix et de cette unité. Et si quelques Pères ont pu dire que les Prêtres n’avaient pas le droit de baptiser sans la permission de l’Évêque, cela doit s’entendre seulement du Baptême que l’on avait coutume d’administrer plus solennellement à certains jours de l’année.
La seconde classe est celle des diacres. Mais ils ne peuvent baptiser qu’avec le consentement de l’Évêque, ou du Prêtre. De nombreux textes des Pères ne laissent aucun doute sur ce point.
En troisième et dernier lieu…
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(1) I. Cor., 14, 40. — (2) Matth.. 28, 19. — (3) Isid. Lib., 2, de Offic. Eccl. — (4) 1 Cor., 10, 17.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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