Les SIX JOURS et saint Thomas d'Aquin.

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Message  Louis Mar 28 Sep 2021, 7:24 am



Q. LXX.

Article III.

SUITE

CONCLUSION

SUITE

On est donc obligé de reconnaître que de toutes les opérations de l'âme humaine il n'y en a que deux qui puissent convenir à une âme céleste: ce sont l'intelligence et le mouvement.

Car l'appétit est une conséquence de la sensibilité et de l'intelligence et il se rapporte à l'une et à l'autre. L'intelligence n'agissant pas par l'intermédiaire du corps n'a besoin de lui être uni qu'autant qu'elle perçoit les objets sous les images que les sens lui fournissent.

Mais comme les opérations de l'âme sensitive ne conviennent pas à la nature des corps célestes, ainsi que nous venons de le dire, cette âme ne peut donc pas être unie à un corps céleste dans l'intérêt de ses fonctions intellectuelles.

Par conséquent, elle ne peut lui être unie que pour le mouvoir. Or, pour le mouvoir il n'est pas nécessaire qu'elle lui soit unie comme sa forme, mais il faut seulement qu'elle exerce sur lui une action semblable à celle que le moteur exerce sur le mobile.

C'est pourquoi Aristote, après avoir prouvé (Phys. lib. VIII, text. 42 et 43) que le premier mobile qui se meut lui-même est composé de deux parties, dont l’une est active et l'autre passive, dit, pour expliquer de quelle manière ces deux parties sont unies, qu'elles le sont par un contact réciproque si elles sont toutes deux corporelles, ou que l'une se rapporte à l'autre et non réciproquement, si l'une d'elles est un corps et que l'autre n'en soit pas un.

Les platoniciens supposaient que les âmes étaient unies aux corps seulement par l'action qu'elles exerçaient sur eux, comme le moteur est uni au mobile. Par conséquent, quand Platon dit que les corps célestes sont animés, ces paroles signifient seulement, dans sa pensée, que les substances spirituelles sont unies aux corps célestes comme les moteurs le sont aux mobiles. D'ailleurs la preuve que les corps célestes sont mus par une substance qui les saisit et les pousse, mais qu'ils ne sont pas mus seulement par leur nature, comme les corps lourds ou légers, c'est que la nature ne pousse que vers un but et qu'elle se repose une fois qu'il est atteint, et que le mouvement des corps célestes semble obéir à d'autres lois (a).

Il faut donc reconnaître qu'ils sont mus par une substance qui les pousse et les dirige, et répéter avec saint Augustin, que Dieu les gouverne par l'esprit de vie (De Trin. lib. III cap. 4). Au reste, on voit par là que la différence d'opinion qu'il y a entre ceux qui supposent les astres animés et ceux qui disent qu'ils ne le sont pas est nulle, ou qu'elle est tout à fait minime, et qu'elle existe beaucoup plus dans les mots que dans le fond des choses (1).

Question LXXI: DE  L’ŒUVRE DU CINQUIÈME JOUR
_______________________________________________________________________

(1) Saint Thomas concilie donc merveilleusement ces sentiments opposés.

Note du côté latin :

(a) Cet argument n'aurait pas grand mérite assurément aux yeux de la science actuelle. Le plus grand nombre des théologiens admettent la thèse de saint Thomas, et croient que les astres sont mus par des esprits célestes, mais il est impossible d'établir cette hypothèse par la raison.

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Message  Louis Mer 29 Sep 2021, 6:45 am

Question LXXI: DE  L’ŒUVRE DU CINQUIÈME JOUR.

ARTICLE  UNIQUE (3).  

DIFFICULTÉ: 1. Il semble que cette œuvre ne soit pas convenablement décrite. Car les eaux ne produisent que ce qu'elles ont la vertu de produire. Or, l'eau n'a pas la vertu de produire tous les poissons et tous les oiseaux, puisque nous voyons que plusieurs d'entre eux sont engendrés. L'écrivain sacré n'aurait donc pas dû faire dire à Dieu : Que les eaux produisent des animaux vivants qui rampent sur la terre et des oiseaux qui volent sous le firmament du ciel.

SOLUTION : 1. Il faut répondre au premier argument, qu'Avicenne a supposé que tous les animaux pouvaient être engendrés par une certaine combinaison des éléments (2) et que la nature pouvait les reproduire sans semence (a). Mais cette opinion nous semble insoutenable, parce que la nature arrive à ses fins par des moyens déterminés. Par conséquent, les êtres qui se perpétuent naturellement par la génération, ne se reproduisent pas autrement. Il faut donc plutôt dire que dans la génération naturelle des animaux, le principe actif et la vertu productive existent dans l'organe générateur pour ceux qui se perpétuent par ce moyen, tandis qu'elle se trouve dans l'influence des corps célestes pour ceux qui sont engendrés par la putréfaction.

Ainsi, dans la génération de tous les animaux le principe de vie est toujours un élément ou quelque chose qui en a la nature. Mais dans la production première des êtres, la parole de Dieu fut le principe actif qui tira les animaux de la matière élémentaire, soit que les animaux aient dès lors existé réellement, comme le prétendent les Pères, soit qu'ils n'aient existé que virtuellement, comme le dit saint Augustin. Ce n'est pas que l'illustre docteur dise avec Avicenne que l'eau ou la terre a en elle-même la vertu de produire tous les animaux, mais il prétend seulement que si les animaux peuvent être produits par la vertu de la semence ou des corps célestes, c'est que primitivement Dieu a donné à ces éléments cette propriété.

IFFICULTÉ: 2. Les poissons et les oiseaux ne sont pas seulement produits par l'eau. Mais dans les parties qui les composent la terre semble prédominer, parce que leurs corps se meuvent naturellement vers la terre et que c'est là qu'ils se reposent. Il n'est donc pas juste de dire que les poissons et les oiseaux ont été produits par l'eau.

SOLUTION : 2. Il faut répondre au second qu'on peut considérer le corps des poissons et des oiseaux de deux manières; d'abord en soi. Dans ce sens, il est nécessaire que l'élément terrestre prédomine, parce que pour produire une juste harmonie entre toutes les parties constitutives de l'animal il faut que l'élément le moins actif, c'est-à-dire la terre, y entre dans une proportion plus forte (1). Mais si on considère leurs corps par rapport aux mouvements qu'ils doivent exécuter, ils ont alors une certaine affinité avec les éléments au milieu desquels ils se meuvent, et c'est à ce point de vue que l'écrivain sacré en a parlé.

DIFFICULTÉ: 3…

________________________________________________________________________________________

(1) Les éléments qui constituent les substances sont le carbone, l’oxygène, l’hydrogène et l’azote. Il n’entre dans leur combinaison qu’une petite portion de matières terrestres, qui donnent les cendres par la combustion.

(2) La formation des corps organiques résulte tellement de forces spéciales, que la chimie peut bien détruire et analyser ces corps, mais qu’elle ne saurait en former aucun.

(3) Saint Thomas, pour commenter le passage de la Genèse qui se rapporte au cinquième jour, fait usage, comme d'ordinaire, des lumières qu'Aristote peut lui fournir. Mais sur ce point il est mieux inspiré que sur d'autres problèmes de la nature, parce que, de tous les travaux du philosophe de Stagyre, son Histoire naturelle est un des meilleurs.

Note du côté latin :

(a) Le mot elementum se rapporte à ceux qu'on croyait immédiatement produits par le feu, l'eau, l'air et la terre, comme les poissons, les mouches, les vers, etc., et le mot elementatum désigne ceux qui ont une matière qui découle des éléments eux-mêmes, ou une semence qui contient en elle une force élémentaire.

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Message  Louis Jeu 30 Sep 2021, 7:01 am



Question LXXI: DE  L’ŒUVRE DU CINQUIÈME JOUR.

Article unique (3).

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE

DIFFICULTÉ: 3. Comme les poissons se meuvent dans les eaux, de même les oiseaux se meuvent dans les airs. Si donc les poissons sont produits par les eaux, les oiseaux ne devraient pas être produits par les eaux, mais par l'air.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que l'air n'a pas été énuméré avec les autres éléments parce qu'il ne tombe pas sous les sens. Ainsi il a été confondu avec l'eau dans sa partie inférieure que les exhalaisons des vapeurs épaississent, et on l'a confondu avec le ciel pour sa partie supérieure. Or, les oiseaux se meuvent dans la partie inférieure de l'air, et c'est pour cela qu'il est dit qu'ils volent sous le firmament céleste, en indiquant par là l'air où se trouvent les nuages.

Voilà la raison pour laquelle il est dit que les eaux ont produit les oiseaux (a).

DIFFICULTÉ: 4. Tous les poissons ne rampent pas dans les eaux, puisqu'il y en a qui ont des pieds dont ils se servent pour marcher sur la terre ; tels sont, par exemple, les veaux marins. La production des poissons n'est donc pas suffisamment exprimée par ces mots : Que les eaux produisent des animaux vivants qui rampent.

SOLUTION : 4. Il faut répondre au quatrième, que la nature va d'un extrême à l'autre en passant par des milieux. C'est pour cela qu'entre les animaux célestes et les animaux aquatiques il y a des animaux intermédiaires, qui ont quelque chose de commun avec l'un et l'autre et qu'on classe parmi ceux auxquels ils ressemblent le plus en raison de l'analogie qu'ils ont avec eux, sans tenir compte de ce qu'ils ont de commun avec ceux d'une autre classe. Cependant pour comprendre parmi les poissons même ceux qui avaient des caractères particuliers, après avoir dit: Que les eaux produisent des animaux vivants qui rampent; l'écrivain sacré ajoute: Dieu créa donc les grands poissons, etc. (2).

DIFFICULTÉ: 5. Les animaux terrestres sont plus parfaits que les oiseaux et les poissons, ce qui résulte évidemment de ce qu'ils ont des membres plus distincts et une génération plus parfaite, puisqu'ils sont vivipares, tandis que les poissons et les oiseaux sont ovipares. Or, les choses les plus parfaites doivent naturellement précéder les autres. Donc les poissons et les oiseaux n'ont pas dû être créés au cinquième jour avant les animaux terrestres.

SOLUTION: 5. Il faut répondre au cinquième, que la production des animaux a été réglée sur l'ordre que Dieu a suivi dans la distinction des corps auxquels ils servent d'ornements et non sur leur dignité propre. D'ailleurs il est naturel que dans la génération des êtres on aille des imparfaits aux parfaits.

Mais l’autorité de l’Écriture nous suffit pour affirmer le contraire (Gen. I, 20)

CONCLUSION :…
____________________________________________________________________________________

(2) L’écrivain désigne par là les cétacés, qui se distinguent des autres poissons par des caractères tout particuliers..
(3) Saint Thomas, pour commenter le passage de la Genèse qui se rapporte au cinquième jour, fait usage, comme d'ordinaire, des lumières qu'Aristote peut lui fournir. Mais sur ce point il est mieux inspiré que sur d'autres problèmes de la nature, parce que, de tous les travaux du philosophe de Stagyre, son Histoire naturelle est un des meilleurs.

Note du côté latin :

(a) Cette explication est donnée par saint Augustin (De Gen. ad litt. lib. III, cap. 6 et 7, lib. VIII, cap. 6, lib. IX, cap. 1), saint Jérôme (Epist. LXXXIII). saint Grégoire (Moral, lib. IX, cap.36), saint Jean Damascène (lib. II, cap. 9). Mais il est à remarquer qu'ils n'entendaient pas que les eaux avaient produit les poissons et les oiseaux d'une manière efficiente, mais d'une manière matérielle, c'est-à-dire en fournissant la matière et les dispositions nécessaires.

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Message  Louis Ven 01 Oct 2021, 6:47 am



Question LXXI: DE L’ŒUVRE DU CINQUIÈME JOUR.

Article unique (3).

SUITE

CONCLUSION — Puisque parmi les trois jours consacrés à l'œuvre de distinction, le jour intermédiaire ou le second a été employé à la formation du corps qui occupe le milieu entre le ciel et la terre, c'est-à-dire l'eau, il était convenable que parmi les trois jours consacrés à l'œuvre d'ornement, le jour intermédiaire, qui est le cinquième jour, fût employé à l'ornement de ce même corps, c'est-à-dire que Dieu produisît alors les poissons et les oiseaux qui sont l'ornement de l'eau, ou du corps qui se trouve entre le ciel et la terre.

Il faut répondre que, comme nous l'avons dit (quest. préc. art. 1),  l'œuvre d'ornement correspond parallèlement dans toutes ses parties à l'œuvre de distinction. Ainsi, comme dans les trois premiers jours nous avons vu celui du milieu qui est le second employé à la distinction du corps intermédiaire, l'eau (1) ; de même parmi les trois jours consacrés à l'œuvre d'ornement, le jour du milieu, qui est le cinquième de la création, a été employé à l'ornement de ce corps intermédiaire, et c'est dans ce but que Dieu a créé les oiseaux et les poissons.

Par conséquent, comme Moïse parle au quatrième jour des astres et de la lumière pour montrer que ce jour correspond au premier dans lequel il avait dit que la lumière avait été faite; de même, au cinquième jour, il fait mention des eaux et du firmament céleste pour indiquer que ce jour répond au second.

Mais on doit observer que comme saint Augustin diffère des autres Pères pour la production des plantes, de même il est en désaccord avec eux au sujet de la production des poissons et des oiseaux. Car les autres Pères disent que les oiseaux et les poissons ont été réellement produits au cinquième jour, tandis que saint Augustin prétend (Sup. Gen. ad litt. lib. V, cap. 5) que les eaux ont seulement reçu alors la puissance et la vertu de les produire.

Question  LXXII: DE  L’ŒUVRE DU SIXIÈME JOUR...
________________________________________________________________________________

(1) Nous avons dit que sous cette dénomination générale Moïse avait compris l’eau et l’air.
(3) Saint Thomas, pour commenter le passage de la Genèse qui se rapporte au cinquième jour, fait usage, comme d'ordinaire, des lumières qu'Aristote peut lui fournir. Mais sur ce point il est mieux inspiré que sur d'autres problèmes de la nature, parce que, de tous les travaux du philosophe de Stagyre, son Histoire naturelle est un des meilleurs.



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Message  Louis Sam 02 Oct 2021, 7:05 am

Question LXXII: DE  L’ŒUVRE DU SIXIÈME JOUR.

ARTICLE UNIQUE (1).  

DIFFICULTÉ: 1. Il semble qu'elle ne soit pas bien décrite. Car comme les oiseaux et les poissons ont une âme vivante, de même aussi les animaux terrestres. Or, les animaux ne sont pas une âme vivante. Au lieu de dire : Que la terre produise une âme vivante; il eût donc été mieux de dire : Que la terre produise des quadrupèdes qui aient une âme vivante.

SOLUTION: 1. Il  faut répondre au premier argument, que, comme l'observe saint Basile (Hom. VIII), on peut d'après les paroles de l'Écriture remarquer qu'il y a divers degrés de vie et qu'on trouve ces divers degrés dans les différents êtres vivants. Ainsi les plantes ont une vie très-imparfaite et occulte. C'est pour cela que dans leur production il n'est pas parlé de leur vie, mais seulement de leur génération, parce que la vie ne se manifeste en elle que de cette manière. Car la nourriture et l'accroissement ne servent qu'à la génération (a), comme nous le verrons (quest. LXXVIII, art. 2). Parmi les êtres animés les animaux terrestres sont en général plus parfaits que les oiseaux et les poissons, non parce que ces derniers manquent de mémoire, comme le dit saint Basile (loc. cit.), et ce que réfute saint Augustin (Sup. Gen. ad litt. lib. III, cap. 8 ), mais parce que leurs membres sont plus distincts et leur génération plus parfaite.

Quant à l'instinct il y a des animaux imparfaits qui sont très-remarquables sous ce rapport; telles sont les abeilles et les fourmis. Aussi la Genèse appelle-t-elle les poissons des reptiles à âme vivante et ne leur donne-t-elle pas le nom d'âme vivante. Elle réserve cette dernière expression pour les animaux dont la vie est parfaite, comme si elle voulait faire entendre par là que les poissons n'ont que quelque chose de l'âme, tandis que les animaux terrestres, en raison de la perfection de leur système organique, ont une âme supérieure aux corps.

Le degré le plus parfait de la vie étant dans l'homme, Moïse ne dit pas qu'il a été produit par la terre ou l'eau comme les autres animaux, mais par Dieu.

DIFFICULTÉ: 2. Dans une division on ne peut pas opposer l'un à l'autre le genre et l'espèce. Or, les animaux et les bêtes sont comptés parmi les quadrupèdes. Il ne semble donc pas convenable qu'on les ait comptés de la sorte.

SOLUTION : 2. Il faut répondre au second, que par les animaux (jumenta) on comprend les animaux domestiques qui servent l'homme de quelque manière. Par les bêtes (bestias) on entend les animaux sauvages comme les ours et les lions. Sous le nom de reptiles on désigne soit les animaux qui n'ont pas de pieds pour s'élever de terre, comme les serpents, soit ceux qui n'en ont que de fort courts, comme les lézards et les fourmis. Mais comme il y a des animaux qui ne sont compris dans aucune de ces trois catégories, tels que les cerfs et les biches, on a ajouté le mot quadrupède pour les renfermer sous cette dénomination. — Ou bien on peut dire encore, que l'écrivain sacré a mis en avant le mot quadrupède, comme exprimant le genre, et qu'il a ensuite ajouté les animaux pour désigner les espèces, car il y a des reptiles qui sont des quadrupèdes. Tels sont les lézards et les fourmis (1).

DIFFICULTÉ: 3. Comme les autres animaux forment un genre déterminé et une espèce, de même l'homme. Or, dans la création de l'homme il n'est question ni de son genre, ni de son espèce. On n'aurait donc pas dû à l'égard de la production des autres animaux parler de leur genre ou de leur espèce, et employer ces mots : In genere suo, in specie sua.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que pour les plantes et pour les autres animaux Moïse a parlé du genre et de l'espèce, afin de désigner la génération  des êtres par leurs semblables. A l'égard de l'homme il n'était pas nécessaire qu'il en parlât, parce que ce qu'il avait dit des autres donnait suffisamment à penser ce qu'il en devait être de lui. — Ou bien encore on peut dire que les animaux et les plantes sont produits dans leur genre et leur espèce, comme étant très-éloignés de la ressemblance divine, tandis qu'il est dit de l'homme qu'il a été formé à l'image et à la ressemblance de Dieu.

DIFFICULTÉ: 4...
___________________________________________________________________

(1) Dans cet article, en répondant au quatrième argument, saint Thomas réfute l’erreur des adamistes, des tatiens, des cathares, des pauvres de Lyon et des albigeois, qui attaquaient le mariage, en disant que c’était un péché ou une invention humaine.

(1) Le mot quadrupède et le mot reptile sont pris ici dans leur plus grande extension.

Note du côté latin :

(a) Saint Thomas distingue dans l'âme végétative trois puissances: la puissance nutritive, la puissance d'accroissement et la puissance générative. Cette dernière est la plus noble, parce que les deux autres se rapportent à elle, et la puissance nutritive est au dernier rang, parce qu'elle sert à la puissance d'accroissement.

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Message  Louis Dim 03 Oct 2021, 7:05 am

 
Question LXXII: DE  L’ŒUVRE DU SIXIÈME JOUR.

Article unique (1).

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE


DIFFICULTÉ: 4. Les animaux terrestres ressemblent plus à l'homme qui a reçu les bénédictions de Dieu que les oiseaux et les poissons. Ainsi donc puisqu'il est dit que les oiseaux et les poissons ont été bénis, à plus forte raison aurait-on dû dire la même chose des autres animaux.

SOLUTION : 4. Il faut répondre au quatrième, que la bénédiction donne aux êtres la vertu de se multiplier par la génération. C'est pour cela qu'il en a été question quand il s'est agi des oiseaux et des poissons. Mais il n'a pas été nécessaire d'en parler de nouveau à l'occasion des animaux terrestres, parce qu'on pouvait le sous-entendre. A l'égard de l'homme la bénédiction a été renouvelée, parce que la multiplication des humains a un motif spécial. Son but est de compléter le nombre des élus (a), et il fallait d'ailleurs qu'on ne pût dire qu'il y avait péché dans l'acte de la génération (2). Mais les plantes ne trouvent aucun plaisir dans leur propagation, elles engendrent sans le sentiment de ce qu'elles font; c'est pour cela qu'elles n'ont pas été jugées dignes de recevoir des paroles de bénédiction.

DIFFICULTÉ: 5. Il y a des animaux qui sont engendrés par la putréfaction qui est une sorte de corruption. Or, la corruption n'a pu exister dès la création primitive des êtres. Tous les animaux n'ont donc pas dû être primitivement produits.

SOLUTION : 5. Il faut répondre au cinquième, que la génération d'un être étant la corruption d'un autre, il ne répugne pas à la production primitive des créatures que la corruption d'une créature moins noble ait engendré une créature plus noble. Ainsi les animaux qui naissent de la corruption des plantes ou des choses inanimées ont pu alors être engendrés, mais il n'en est pas de même de ceux qui naissent de la corruption des animaux, ou plutôt ils ne pouvaient être engendrés que virtuellement.

DIFFICULTÉ: 6. Il y a des  animaux venimeux et nuisibles à l'homme. Or, avant le péché rien n'a dû être nuisible à l'homme. Donc ces animaux n'ont pas dû avoir pour auteur Dieu qui ne fait que de bonnes choses, ou bien ils n'ont pas dû être créés avant le péché.

SOLUTION : 6. Il faut répondre au sixième, que saint Augustin dit (Sup. Gen. cont. man. lib. I. cap. 16) que si un étranger entre dans l'atelier d'un ouvrier et qu'il y voie beaucoup d'instruments dont il ignore l'usage, il peut croire, s'il est absolument dépourvu de bon sens, que toutes ces choses sont inutiles. Mais s'il vient à tomber maladroitement dans la fournaise ou qu'il se blesse avec quelques-uns de ces tranchants bien affilés, il pensera qu'il y a là beaucoup de choses nuisibles.

L'ouvrier qui sait à quoi servent tous ces instruments se rira de sa sottise. Ainsi il en est de même en ce monde de ceux qui osent blâmer une foule de choses dont ils ne connaissent pas l'usage. Car il y a beaucoup de choses, bien qu'elles ne nous soient pas utiles personnellement, qui servent cependant à compléter l'universalité de la création. Avant son péché l'homme savait faire un usage convenable de toutes les choses de ce monde. C'est pourquoi les animaux venimeux ne lui étaient pas nuisibles.

Mais l’autorité de l’Écriture nous suffit pour affirmer le contraire (Gen. I, 24-31).

CONCLUSION :…
_______________________________________________________________________

(1) Dans cet article, en répondant au quatrième argument, saint Thomas réfute l’erreur des adamistes, des tatiens, des cathares, des pauvres de Lyon et des albigeois, qui attaquaient le mariage, en disant que c’était un péché ou une invention humaine.

(2) Il y a donc deux raisons qui militent contre les hérétiques dont nous avons parlé. Leur erreur a d'ailleurs été condamnée par le concile de Florence et par le concile de Trente.

Note du côté latin :  (a) Cette idée est empruntée à saint Augustin (Sup. Gen. ad litt. lib. III, cap. 13}.

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Message  Louis Lun 04 Oct 2021, 6:50 am


Question LXXII: DE  L’ŒUVRE DU SIXIÈME JOUR.

ARTICLE UNIQUE (1).  

SUITE

CONCLUSION. —  Il a été convenable qu'au sixième jour la terre produisît des animaux vivants chacun selon son genre, des animaux domestiques, des reptiles, des bêtes sauvages selon leurs différentes espèces, et que Dieu formât l'homme dans ce même jour, afin que le jour consacré à l'ornement de la terre répondit à celui où la terre était sortie de la confusion primitive.

Il faut répondre que comme au cinquième jour le corps intermédiaire a été orné de telle sorte que ce jour a répondu au second de la création, ainsi au sixième jour le dernier des corps, la terre a été ornée par la production des animaux terrestres, et ce jour répond au troisième où il est uniquement question de la terre. Dans ce dernier jour, d'après saint Augustin (Sup. Gen. lib. V, cap. 5), les animaux n'ont été produits que virtuellement, mais d'après les autres Pères ils l'ont été en réalité.

Question LXXIII: DE  CE QUI APPARTIENT AU SEPTIÈME JOUR...

______________________________________________________________________________________

(1) Dans cet article, en répondant au quatrième argument, saint Thomas réfute l’erreur des adamistes, des tatiens, des cathares, des pauvres de Lyon et des albigeois, qui attaquaient le mariage, en disant que c’était un péché ou une invention humaine.

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Message  Louis Mar 05 Oct 2021, 7:26 am

Question LXXIII: DE  CE QUI APPARTIENT AU SEPTIIÈME JOUR.

Après avoir parlé de l'œuvre des six premiers jours nous avons maintenant à nous occuper de ce qui a rapport au septième. — A cet égard trois questions se présentent. Nous traiterons : 1° De l'achèvement de toutes les œuvres de Dieu. — 2° Du repos de Dieu. — 3° De la bénédiction et de la sanctification du septième jour.

ARTICLE I. — EST-IL CONVENABLE D’ATTRIBUER AU SEPTIÈME  JOUR LE COMPLÉMENT DE L’ŒUVRE DIVINE (1)?

DIFFICULTÉ: 1.  Il semble que l'achèvement de l'œuvre divine ne doive pas être attribué au septième jour. Car tout ce qui se fait en ce siècle appartient à l'œuvre divine. Or, la consommation du siècle n'aura lieu qu'à la fin du monde, comme il est dit dans saint Matthieu (Matth. XIII). Le temps de l'incarnation fut aussi d'ailleurs l'époque d'un premier complément, c'est pourquoi l'Apôtre l'appelle un temps de plénitude (Gal. IV, 4). Et c'est aussi pour cela que le Christ a dit en mourant: Tout est consommé (Joan. XIX, 30). L'œuvre de Dieu n'a donc pas été achevée au septième jour.

SOLUTION : 1. Il faut répondre au premier argument, que, comme nous venons de le dire, la perfection première est cause de la perfection seconde. Or, pour arriver à la béatitude deux choses sont nécessaires, la nature et la grâce. La béatitude ne sera parfaite, à la vérité, qu'à la fin du monde.

Mais cette consommation a préexisté dans sa cause, d'abord quant à la nature qui date de la création primitive des êtres, et ensuite quant à la grâce que l'incarnation de Jésus-Christ nous a méritée ; car comme le dit saint Jean : C'est par Jésus-Christ que la grâce et la vérité nous sont parvenues (Joan. I, 17).

Ainsi donc l'œuvre de la nature fut achevée au septième jour; celle de la grâce le fut par l'incarnation de Jésus-Christ, et enfin celle de la gloire le sera à la fin du monde.

DIFFICULTÉ: 2. Quiconque met la dernière main à son œuvre fait quelque chose. Or, on ne lit pas que Dieu ait fait quelque chose au septième jour, mais il est dit au contraire qu'il s'est complètement reposé. Donc l'œuvre divine n'a pas été achevée au septième jour.

SOLUTION : 2. Il  faut répondre au second, que Dieu a fait quelque chose au septième jour, non en produisant une créature nouvelle, mais en administrant celles qu'il avait créées et en leur imprimant l'action qui leur est propre, ce qui constitue en quelque sorte le commencement de la perfection seconde.

C'est pourquoi, d'après notre version, nous rapportons l'achèvement de l'œuvre divine au septième jour. D'après une autre version on l'attribue au sixième (2). Ces deux sens peuvent également se soutenir, parce que l'achèvement qui tient à l'intégrité des parties de l'univers convient au sixième jour, tandis que celui qui a rapport à leur action convient au septième.

— Ou bien on peut dire que dans le mouvement continu, tant qu'une chose peut se mouvoir encore, on ne dit pas que son mouvement est arrivé à sa perfection, puisqu'elle ne se repose pas. Car le repos indique que le mouvement est achevé ou consommé (a). Or, Dieu pouvait produire encore une foule de créatures indépendamment de celles qu'il a créées pendant les six premiers jours. Par conséquent, par là même qu'il a cessé de créer au septième, on a pu dire que son œuvre était consommée.

DIFFICULTÉ: 3...
_________________________________________________________________________________________

(1) En expliquant ces paroles de saint Jean : Pater meus usque modo operatur et ego operor, saint Thomas réfute l'erreur des philosophes qui font de Dieu un être oisif, qui n'a aucun soin de ses créatures.

(2)  Il s’agit ici de la version des Septante et de la Vulgate. Le Pentateuque samaritain est ici d’accord avec les Septante. Il paraît, dit la Bible de Vence, que les copistes hébreux ont confondu le sexto avec le septimo qui suit.

Note du côté latin: (a) Ou bien on peut entendre que, d'après la Vulgate, l'achèvement des créatures est attribué au septième jour comme au terme extrinsèque ou exclusif dans lequel Dieu a cessé de produire, tandis que, d'après la version des Septante, on l'attribue au sixième jour comme au terme intrinsèque ou inclusif dans lequel elles ont été produites. C'est ainsi que nous disons que le carême est achevé à Pâques exclusivement ou au samedi saint inclusivement.

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Message  Louis Mer 06 Oct 2021, 6:40 am



Q. LXXIII.

ARTICLE I. — EST-IL CONVENABLE D’ATTRIBUER
AU SEPTIÈME JOUR LE COMPLÉMENT DE L’ŒUVRE DIVINE (1)?

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE


DIFFICULTÉ: 3. Une chose n'est pas parfaite quand on y surajoute beaucoup de choses à moins qu'elles ne soient superflues. Car on appelle parfait l'objet qui ne manque d'aucune des choses qu'il doit avoir. Or, après le septième jour beaucoup de choses ont été créées et beaucoup d'individus ont été produits. On a même vu paraître des espèces nouvelles principalement parmi les animaux que la putréfaction a engendrés. Et tous les jours Dieu crée des âmes nouvelles.

L'œuvre de l'incarnation fut elle-même une œuvre nouvelle. Car il est dit dans le Prophète : Le Seigneur fera sur la terre une chose nouvelle (Jer. XXXI, 22). Tous les miracles sont aussi des œuvres nouvelles, puisqu'il est écrit (Eccl. XXXVI, 6) : Renouvelez vos prodiges et faites des miracles qui n'aient pas encore été vus.

Tout sera encore nouveau dans la glorification des saints. Car on lit dans l'Apocalypse: Celui qui était assis sur un trône a dit: Voilà que je rends toutes les choses nouvelles (Apoc. XXI, 5). On ne peut donc pas dire que l'œuvre divine a été achevée au septième jour.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que depuis la création Dieu n'a rien fait d'absolument nouveau, qui n'ait déjà préalablement existé de quelque manière parmi l'œuvre des six jours. En effet, il y a des choses qui ont préexisté matériellement. C'est ainsi que Dieu tira la femme de la côte d'Adam (a). D'autres ont préexisté non-seulement matériellement, mais virtuellement, comme les effets dans leur cause. Ainsi les individus qui sont actuellement engendrés ont préexisté dans les premiers individus de leur espèce.

Les espèces nouvelles elles-mêmes, si l'on en trouve de nouvelles, ont aussi préexisté virtuellement dans les êtres qui avaient la puissance de les produire. Les animaux, par exemple, qui naissent de la putréfaction, sont produits par la vertu que les étoiles et les éléments ont reçue primitivement, si toutefois ces animaux constituent des espèces nouvelles. Il y a aussi des animaux d'une espèce nouvelle qui naissent du croisement d'individus qui ne sont pas de la même espèce. C'est ainsi que le mulet naît de l'âne et de la jument, mais ces êtres ont aussi préexisté dans les œuvres des six jours, comme les effets dans leur cause.

Enfin, il y en a qui ont préexisté dans leur type ou ressemblance. Telles sont les âmes qui sont aujourd'hui créées. Il en est de même de l'incarnation. Car l'Apôtre dit (Phil. II, 7): Le Fils de Dieu a été fait à la ressemblance de l'homme.

La gloire spirituelle a eu pour type préexistant la gloire des anges, et la gloire matérielle du ciel a surtout été préfigurée par l'empyrée. C'est pourquoi il est dit dans l'Ecclésiaste (Eccl. I, 10): Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Car tout ce qu'on regarde comme une chose nouvelle a déjà existé dans les siècles qui se sont passés avant nous

Mais c’est le contraire.  Car il est dit dans la Genèse (Gen. II, 2) : Dieu acheva l'œuvre qu'il avait faite au septième jour.

CONCLUSION :…
____________________________________________________________________________________________

(1) En expliquant ces paroles de saint Jean : Pater meus usque modo operatur et ego operor, saint Thomas réfute l'erreur des philosophes qui font de Dieu un être oisif, qui n'a aucun soin de ses créatures.

Note du côté latin : (a) D'après quelques interprètes, il est probable qu'Ève  a été formée le sixième jour, le même jour qu'Adam.

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Message  Louis Jeu 07 Oct 2021, 6:08 am



Q. LXXIII.

Article I.

SUITE


CONCLUSION —  On peut dire que l'œuvre divine fut achevée au septième jour quant à sa perfection naturelle et à l'intégrité de tout l'univers.

Il faut répondre qu'il y a deux sortes de perfection, une perfection première et une perfection seconde (1).

La perfection première consiste en ce qu'une chose est parfaite dans sa substance. C'est la forme du tout dont toutes les parties sont dans leur intégrité.

La perfection seconde est la perfection finale. Or, la fin consiste ou dans l'action, comme la fin d'un musicien est de faire de la musique, ou dans le but qu'on se propose d'atteindre au moyen de l'action. Ainsi la fin d'un architecte est la maison qu'il construit.

La perfection première est cause de la perfection seconde, parce que la forme est le principe de l'action. La perfection dernière, qui est la perfection finale de l'univers entier, est la béatitude parfaite des saints qui aura lieu à la consommation du siècle présent. Mais la perfection première, qui consiste dans l'intégrité de l'univers, a eu lieu dès la création primitive des êtres. Et c'est cette perfection qui a reçu son complément au septième jour.

Article II…
_________________________________________________________________________________________________

(1) Cette distinction revient à celle de l'acte premier et de l'acte second, qui joue un si grand rôle dans les théories péripatéticiennes.

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Message  Louis Ven 08 Oct 2021, 6:50 am



Q. LXXIII.

ARTICLE II. — DIEU S’EST-IL  REPOSÉ ET A-T-IL CESSÉ D’OPÉRER AU SEPTIÈME JOUR (1)?

DIFFICULTÉ: 1. Il semble que Dieu n'ait pas cessé d'opérer au septième jour. Car il est dit dans saint Jean (Joan. V, 17): Mon Père ne cesse point d'agir, et j'agis aussi incessamment. Donc Dieu ne s'est pas absolument reposé le septième jour.

SOLUTION : 1.  Il faut répondre au premier argument, que Dieu travaille sans cesse en conservant et en gouvernant les créatures qu'il a produites, mais non pas en en créant de nouvelles.

DIFFICULTÉ: 2. Le repos est opposé au mouvement ou au travail qui résulte du mouvement. Or, Dieu a produit ses œuvres sans se mouvoir et sans travailler. On ne doit donc pas dire qu'il s'est reposé et qu'il a cessé d'opérer au septième jour.

SOLUTION : 2. Il faut répondre au second, que le repos en Dieu n'est pas opposé au travail ou au mouvement, mais à la production de créatures nouvelles, et au désir qui se porte vers ce qu'on n'a pas, comme nous l'avons dit (in corp. art.).

DIFFICULTÉ: 3. Si l'on dit que Dieu s'est reposé au septième jour parce qu'il a fait l'homme pour qu'il se reposât, on peut insister de cette manière. Le repos et l'action sont deux choses corrélativement opposées. Or, quand on dit que Dieu a créé ou qu'il a fait telle ou telle chose, on ne veut pas dire que Dieu a fait l'homme pour qu'il créât ou qu'il fît ce qu'il a fait. Donc, quand on dit que Dieu s'est reposé, cela ne doit pas signifier davantage qu'il a fait l'homme pour qu'il se repose.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que, comme Dieu se repose en lui seul, et qu'il est heureux en jouissant de lui-même, de même la seule jouissance de Dieu nous rend aussi heureux. C'est ainsi que Dieu nous fait reposer en lui-même de ses œuvres et des nôtres. On peut donc dire que Dieu s'est reposé parce qu'il nous fait reposer. Cette interprétation n'a rien de blâmable, mais on ne doit pas l'adopter exclusivement; il y en a une autre plus directe, et qui est préférable (1).

Mais c'est le contraire. Car il est dit formellement dans la Genèse (Gen. II, 2) que Dieu se reposa le septième jour de tous les ouvrages qu'il avait faits.

CONCLUSION :…
________________________________________________________________

(1) Cet article est le développement du précédent.
(1) C'est celle que saint Thomas donne lui-même, d'après saint Augustin.

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Message  Louis Sam 09 Oct 2021, 7:26 am


Q. LXXIII.

Article II.

SUITE

CONCLUSION — Dieu se reposa de toutes ses œuvres au septième jour dans le sens qu'il cessa de produire des créatures nouvelles, parce que après avoir fait le monde il se reposa en lui-même, se suffisant parfaitement, trouvant dans son être le bonheur et la plénitude de tous ses désirs.

Il faut répondre que le repos est, à proprement parler, l'opposé du mouvement, et par conséquent l'opposé du travail qui résulte du mouvement lui-même. Or, quoique le mouvement ne convienne dans son sens propre qu'aux corps, cependant on emploie cette expression de deux manières pour l'appliquer aux choses spirituelles:

1° On donne le nom de mouvement à toute action ou à toute opération. C'est ainsi que l'on dit que la bonté divine se meut et s'approche des êtres pour leur communiquer ses dons, selon la remarque de saint Denis (De div. nom. cap. 2).

2° On donne encore le nom de mouvement au désir qui se porte vers une chose qu'on n'a pas.

Par conséquent, le mot repos peut être pris aussi dans une double acception. Ainsi, il peut signifier une cessation d'action ou d'opération, ou bien l'accomplissement de tout désir.

Or, c'est dans ces deux sens qu'on dit que Dieu s'est reposé au septième jour. En effet, il a dès lors cessé de produire des créatures nouvelles, car il n'a plus rien fait depuis qui n'ait préexisté de quelque manière dans l'œuvre des six jours, comme nous l'avons dit (art. préc.). Ensuite, comme il n'avait pas besoin des créatures qu'il a faites et qu'il est heureux en jouissant de lui-même, on ne dit pas qu'après la création il s'est reposé dans ses œuvres, comme si elles étaient nécessaires à son bonheur, mais on dit qu'il s'est reposé de ses œuvres en lui-même, parce qu'il se suffît, et que ses désirs sont toujours remplis.

A la vérité il s'est ainsi reposé en lui-même de toute éternité; mais le repos auquel il s'est livré après la création n'en appartient pas moins au septième jour, et c'est d'après saint Augustin (Sup. Gen. ad litt. lib. IV, cap. 15) ce que signifient ces paroles de l'Écriture, qu'il s'est reposé de ses œuvres.


ARTICLE III…

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Message  Louis Dim 10 Oct 2021, 5:59 am


Q. LXXIII.

ARTICLE III. — DIEU DEVAIT-IL BÉNIR ET SANCTIFIER LE SEPTIÈME JOUR (2) ?

DIFFICULTÉ: 1. Il semble que Dieu n'ait pas dû bénir et sanctifier le septième jour. Car on dit ordinairement qu'un temps est béni ou qu'il est saint quand il s'est fait pendant ce temps quelque bien ou qu'on est parvenu à éviter quelque mal. Or, Dieu ne gagne ni ne perd, soit qu'il crée, soit qu'il cesse de créer. Donc il n'aurait pas dû bénir et sanctifier le septième jour.

SOLUTION : 1. Il faut répondre au premier argument, que ce n'est pas pour ce motif qu'on dit que le septième jour est sanctifié; car il n'est pas saint parce que Dieu peut y gagner ou perdre quelque chose, mais parce que les créatures y gagnent en effet en se multipliant et en se reposant en Dieu.

DIFFICULTÉ: 2. Le mot bénédiction vient du mot bonté. Or, le bien est expansif et communicatif de lui-même, comme le dit saint Denis (De div. nom. cap. 4). Dieu aurait donc dû bénir plutôt les jours où il a créé que le jour où il a cessé de le faire.

SOLUTION : 2. Il faut répondre au second, que dans les six premiers jours les êtres ont été produits dans leurs causes. Depuis ce moment la fécondité de ces mêmes causes les multiplie et les conserve, ce qui est un effet de la bonté de Dieu. Ce qui prouve combien cette bonté est parfaite, c'est que Dieu lui-même ne se repose qu'en elle, et que nous ne pouvons trouver nous-mêmes le repos qu'autant que nous en jouissons.

DIFFICULTÉ: 3. Pour chaque créature l'écrivain sacré rapporte une sorte de bénédiction, puisqu'il dit à chacune des œuvres créées : Dieu vit que c'était bien. Il n'était donc pas nécessaire qu'après la création de tous les êtres le septième jour fût béni.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que le bien dont il est parlé à chaque jour de la création se rapporte à la production primitive de la nature, tandis que la bénédiction du septième jour a pour objet sa propagation (1).

Mais c'est le contraire. Car il est dit formellement dans la Genèse (Gen. II, 3) : Dieu bénit le septième jour et il le sanctifia, parce que c’est en ce jour qu’il avait cessé toutes ses œuvres.

CONCLUSION :…
______________________________________________________

(1)  Le souvenir de la bénédiction et de la sanctification du septième jour est d'ailleurs resté dans la mémoire de tous les peuples.  

(2) En démontrant que Dieu a dû bénir le septième jour, saint Thomas prouve, contre les vaudois et les pauvres de Lyon, que toutes les bénédictions que l'Eglise attache aux choses inanimées ont leur prix, et qu'elles ne sont pas superstitieuses, comme ces hérétiques le prétendaient.

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Message  Louis Lun 11 Oct 2021, 7:14 am



Q. LXXIII.

Article III.

SUITE

CONCLUSION — Il était convenable que Dieu bénit an septième jour toutes les créatures qu'il avait faites, afin de sanctifier cette journée.

Il faut répondre que, comme nous l'avons dit (art. préc.), le repos de Dieu au septième jour s'entend dans une double acception. Il signifie d'abord qu'il a cessé de produire des créatures, bien qu'il ait conservé et gouverné celles qu'il avait créées. Ensuite il indique que Dieu après avoir produit ses oeuvres s'est reposé en lui-même.

Sous le premier rapport Dieu a béni le septième jour parce que, comme nous l'avons dit (quest. LXXII, sol. 4), la bénédiction des êtres se rapporte à leur multiplication. C'est pourquoi Dieu a dit aux créatures qu'il a bénies : Croissez et multipliez. D’ailleurs, la multiplication des êtres fait partie de leur gouvernement, puisque c'est par là que les semblables engendrent leurs semblables.

Sous le second rapport le septième jour a dû être aussi sanctifié, parce que la sanctification d'une chose consiste uniquement en ce qu'elle se repose en Dieu. C'est pour cela qu'on appelle saintes les choses dédiées à Dieu (a).

Question LXXIV:  DES SEPT JOURS DE LA CRÉATION EN GÉNÉRAL
_____________________________________________________________________________

Note du côté latin : (a) Le mot sanctification peut signifier, même littéralement, que ce jour a été distingué de tous les autres, pour qu'on s'abstint de toute œuvre servile et qu'on l'employât au culte de Dieu. Il y a des auteurs qui prétendent que le précepte de la sanctification du septième jour fut donné à l'homme dès le commencement, mais le sentiment contraire est beaucoup plus probable.

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Message  Louis Mar 12 Oct 2021, 5:40 am


Question LXXIV: DES SEPT JOURS DE LA CRÉATION EN GÉNÉRAL

Après avoir parlé de chacun des jours de la création en particulier, nous devons maintenant les considérer tous en général. Nous considérerons : 1° Si ces jours sont suffisants. — 2° S'ils ne forment qu'un seul jour ou s'ils en forment plusieurs. — 3° Nous nous occuperons de certaines locutions dont l'Écriture se sert dans le récit de l'œuvre des six jours.

ARTICLE I. — LES SIX JOURS ONT-ILS ÉTÉ SUFFISANTS (2)?

DIFFICULTÉ: 1. Il semble que les six jours énumérés par Moïse soient insuffisants. Car l'œuvre de création n'est pas moins distincte de l'œuvre de distinction et de l'œuvre d'ornement que ces deux dernières œuvres ne sont distinctes entre elles. Or, il y a eu des jours consacrés à l'œuvre de distinction, et d'autres jours consacrés à l'œuvre d'ornement. On aurait donc dû assigner aussi des jours qui auraient été employés à l'œuvre de création.

SOLUTION : 1. Il faut répondre au premier argument, que d'après saint Augustin l'œuvre de création appartient à la production de la nature matérielle et de la nature spirituelle à l'état informe. Ces deux choses sont en dehors du temps, comme le dit ce saint docteur lui-même (Conf. lib. XII, cap. 12). C'est pour cette raison que leur création est placée avant l'existence même des jours.

Suivant les autres Pères on peut dire que l'œuvre de distinction et l'œuvre d'ornement supposent l'une et l'autre dans la créature un changement dont le temps est la mesure. Mais l'œuvre de création ne consiste que dans l'action divine qui produit instantanément la substance des êtres. C'est pour ce motif qu'on assigne à toutes les œuvres de distinction et d'ornement leur jour, tandis qu'on dit que la création a eu lieu au commencement, ce qui signifie qu'elle s'est faite dans un instant indivisible.

DIFFICULTÉ: 2. L'air et le feu sont des éléments plus nobles que la terre et l'eau. Or, on a consacré un jour à la distinction de l'eau, et un autre à la distinction de la terre. On aurait donc dû consacrer d'autres jours à la distinction du feu et de l'air.

SOLUTION : 2. il faut répondre au second, que le feu et l'air n'étant pas compris par le vulgaire au nombre des parties du monde, Moïse ne les a pas désignés expressément, mais il les a confondus avec le corps intermédiaire, c'est-à-dire l'eau; ce qui est vrai principalement de la partie inférieure de l'air; quant à la partie supérieure il l'a confondue avec le ciel, d'après saint Augustin. (Sup. Gen. lib. II, cap. 13).

DIFFICULTÉ: 3. Il n'y a pas moins de différence entre les oiseaux et les poissons qu'entre les oiseaux et les animaux terrestres. D'un autre côté l'homme diffère plus des animaux que ceux-ci ne diffèrent entre eux. Or, puisqu'on a assigné un autre jour pour la production des poissons de la mer et un autre jour pour celle des animaux terrestres, on aurait dû en assigner encore un autre pour la production des oiseaux du ciel et un autre pour la création de l'homme.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que la production des animaux est racontée suivant le rapport qu'ils ont avec les parties du monde auxquelles ils servent d'ornement. C'est pourquoi les jours de leur production sont distingués ou réunis suivant qu'ils se rapportent ou ne se rapportent pas à la partie du monde qu'ils doivent orner.

DIFFICULTÉ: 4…
_____________________________________________________________________________

(2) Cet article a pour objet de démontrer, par rapport à la Genèse, la vérité de ces paroles : Non addetis ad verbum quod vobis loquor, nec auferetis ex eo (Deut. IV, 2). Si quis diminuerit de verbis libri prophetiæ hujus, auferat Deus partem ejus de libro vitæ (Apocal. XXII, 19).

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Message  Louis Mer 13 Oct 2021, 5:31 am



Q. LXXIV.

ARTICLE I. — LES SIX JOURS ONT-ILS ÉTÉ SUFFISANTS (2)?

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE

DIFFICULTÉ: 4. Au contraire il y en a qui trouvent que c'est trop de sept jours pour la création. Car la lumière est aux astres ce que l'accident est au sujet. Or, le sujet est produit tout à la fois avec l'accident qui lui est propre. Donc Dieu n'aurait pas dû produire la lumière un jour et les astres un autre.

SOLUTION : 4. Il faut répondre au quatrième, que dès le premier jour la nature de la lumière a été produite dans un sujet quelconque. Au quatrième, les astres ont été faits, non que leur substance ait été produite de nouveau, mais parce qu'ils ont reçu alors une forme qu'ils n'avaient pas auparavant, comme nous l'avons dit (quest. LXX, art. 1.).

DIFFICULTÉ: 5. Les jours ont été consacrés à l'établissement primitif du monde. Or, dans le septième jour rien n'a été établi, ni créé. Donc on n'aurait pas dû compter le septième jour avec les autres.

SOLUTION : 5. Il faut répondre au cinquième, que, d'après saint Augustin (Sup. Gen. lib. IV, cap. 1 5), Moïse, après avoir attribué à chacun des six jours ce qui lui est propre, assigne au septième quelque chose de particulier, c'est que Dieu s'est alors reposé en lui-même de ses œuvres. C'est pourquoi après avoir parlé des six premiers jours il était nécessaire qu'on fît mention du septième.

— Suivant les autres Pères on peut dire qu'au septième jour le monde a eu un caractère tout nouveau, celui d'être formé sans qu'il fût nécessaire d'y ajouter désormais quelque chose. C'est pourquoi après les six jours l'écrivain sacré a placé le septième, qui a cela de particulier, c'est que Dieu a cessé alors de créer.

CONCLUSION
________________________________________________________________________

(2) Cet article a pour objet de démontrer, par rapport à la Genèse, la vérité de ces paroles : Non addetis ad verbum quod vobis loquor, nec auferetis ex eo (Deut. IV, 2). Si quis diminuerit de verbis libri prophetiæ hujus, auferat Deus partem ejus de libro vitæ (Apocal. XXII, 19).

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Message  Louis Jeu 14 Oct 2021, 6:11 am



Q. LXXIV.

Article I.

SUITE


CONCLUSION — Ce n'est ni trop ni trop peu de sept jours pour la création; il en a fallu trois pour distinguer ou débrouiller les parties du monde, trois pour les orner, et le septième Dieu a dû se reposer de ses œuvres.

Il faut répondre que d'après tout ce que nous avons dit (quest. LXX, LXXI et LXXII), on voit évidemment la raison qui a établi entre tous ces jours une distinction. Car il a fallu d'abord que toutes les parties du monde fussent débrouillées et qu'ensuite chacune d'elles fût ornée, ce qui s'est fait en la remplissant d'habitants (a).

Les Pères distinguent dans la créature matérielle trois parties : la première qui est désignée par le mot de ciel, la seconde ou la partie moyenne qui est exprimée par le mot d'eau, et la troisième ou la partie inférieure qui reçoit dans l'Écriture le nom de terre. De là, d'après les pythagoriciens, la perfection consiste en trois choses, le commencement, le milieu et la fin (b), comme le dit Aristote (De cœl. lib. I, text. 2). La première partie fut distinguée ou débrouillée au premier jour et elle fut ornée au quatrième. La partie moyenne fut débrouillée au second jour et ornée au cinquième. Enfin la partie inférieure fut débrouillée au troisième jour et ornée au sixième.

Saint Augustin est d'accord avec les Pères sur les trois derniers jours, mais il ne l'est pas sur les trois premiers. Ainsi, d'après ce docteur, au premier jour la créature spirituelle fut formée et dans les deux jours qui suivirent ce fut la créature matérielle, de telle façon que Dieu créa au second jour les corps supérieurs et au troisième les inférieurs. La perfection de l'œuvre divine se manifeste ainsi, toujours selon le même saint, par la perfection du nombre senaire qui se forme de l'addition de ses parties aliquotes qui soit 1,2 et 3. Car l'unité représente le jour qui a été consacré à la formation de la créature spirituelle, le nombre deux désigne les jours employés à la production de la créature matérielle, enfin le nombre trois indique les jours qu'il a fallu pour orner la création entière (1).

ARTICLE II…

________________________________________________________________________________

(1) Cette théorie des nombres est aussi un emprunt fait à l'école de Pythagore.

Notes du côté latin:

(a) Suis habitantibus, les habitants qui leur sont propres : ainsi l'air est peuplé par les oiseaux, la mer ou l'eau par les poissons, la terre par les quadrupèdes, etc.
(b) D'après ces principes, les pythagoriciens voulaient que le nombre trois fût employé dans les sacrifices des dieux comme étant déterminé par une loi naturelle.

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Message  Louis Ven 15 Oct 2021, 6:35 am



Q. LXXIV.

ARTICLE II. — TOUT CES JOURS NE FORMENT-ILS QU’UN SEUL JOUR (1)?

DIFFICULTÉ: 1. Il semble que tous ces jours n'en forment qu'un seul. Car il est dit dans la Genèse (Gen. II, 4 et 5) : Telle a été l'origine du ciel et de la terre, et c'est ainsi qu'ils furent créés au jour que le Seigneur Dieu fit l'un et l'autre et qu'il créa toutes les plantes des champs avant qu'elles fussent sorties de terre. Dieu a donc fait dans le même jour le ciel, et la terre et les plantes des champs. Cependant il est dit qu'il fil le ciel et la terre au premier jour, ou plutôt avant même l'existence des jours, et qu'il produisit les plantes des champs au troisième, le premier jour est donc le même que le troisième, et pour cette raison il n'y a pas de différence non plus entre les autres jours.

SOLUTION : 1. Il faut répondre au premier argument, que dans le jour où Dieu a créé le ciel et la terre, il a créé les plantes des champs non en réalité, mais virtuellement, c'est-à-dire avant qu'elles ne sortissent de terre. Saint Augustin rapporte cette œuvre au troisième jour, les autres Pères à la création primitive des êtres.

DIFFICULTÉ: 2. Il est dit dans l'Ecclésiaste (Eccl. XVIII, 1): Celui qui est éternel a tout créé en même temps. Or, il n'en serait pas ainsi si l'œuvre de la création avait duré plusieurs jours. Car plusieurs jours ne peuvent exister simultanément. Donc les jours de la création ne forment qu'un seul et même jour.

SOLUTION : 2. Il faut répondre an second, que Dieu a créé simultanément tous les êtres quant à leur substance informe, mais relativement à leur formation qui a été le résultat de l'œuvre de distinction et de l'œuvre d'ornement il n'en est pas de même (a). C'est pour cela que l'écrivain sacré a employé expressément le mot création.

DIFFICULTÉ: 3. Au septième jour Dieu cessa de produire de nouvelles créatures. Si donc le septième jour diffère des autres, il s'ensuit que Dieu ne l'a pas fait ; ce qui est absurde.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, qu'au septième jour Dieu a cessé de produire des créatures nouvelles, mais non de propager celles qui existaient; et d'ailleurs on peut rattacher à cette propagation la succession des jours eux-mêmes.

DIFFICULTÉ: 4. Toute œuvre qu'on attribue à un jour a été faite instantanément puisqu'il est rapporté de chaque chose : Il dit et ce fut fait. Si donc Dieu eût réservé pour un autre jour l'œuvre qu'il a faite ensuite, il résulterait de là que la reste du jour il aurait cessé de créer, ce qui serait inutile. Le jour où l'œuvre qui suit a été créée n'est donc pas différent du jour où a été produite l'œuvre qui précède

SOLUTION : 4. Il faut répondre au quatrième, que ce n'est pas par impuissance de la part de Dieu, comme s'il avait besoin de temps pour agir, que tous les êtres n'ont pas été simultanément distingués et ornés, mais c'était pour suivre un certain ordre dans la création. C'est pour ce motif qu'il a fallu faire répondre des jours différents aux divers états du monde. Car à mesure que les œuvres se sont succédées le monde a gagné en perfection.

DIFFICULTÉ: 5.  Mais c'est le contraire. Car il est dit dans la Genèse : Du soir et du matin fut fait le second jour, le troisième, et ainsi des autres. Or, on ne peut parler d'un second, d'un troisième, etc., là où il n'y a qu'un seul jour. Les jours de la création sont donc en réalité multiples.

SOLUTION : 5. Il faut répondre au cinquième, que d'après saint Augustin (loc. cit.) l'ordre des jours doit se rapporter à l'ordre naturel des œuvres qui leur sont attribuées.

CONCLUSION :…
________________________________________________________________________________________

(1) Aujourd’hui on se demande ce que l’on doit entendre par les jours dont parle Moïse: si ce sont des jours de vingt-quatre heures ou des époques d’une durée indéterminée. Saint Thomas, qui veut résumer ici l’opinion des Pères, est obligé de poser la question d’une manière toute différente. Saint Augustin voulait qu’en réalité les sept jours n’en fissent qu’un seul, et qu’on ne les distinguât que d’après la diversité des êtres qui ont été produits; les autres Pères prenaient le mot jour dans le sens vulgaire. Cette controverse prouve que le mot jour, dans le récit de la Genèse, n’a pas un sens bien arrêté, mais on ne peut en tirer aucune conséquence en faveur des opinions des géologues modernes.

Note du côté latin (a) Les SIX JOURS et saint Thomas d'Aquin. - Page 3 Page_623

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Message  Louis Sam 16 Oct 2021, 6:54 am



Q. LXXIV.

Article II.

SUITE

CONCLUSION — Ce n'est pas en un jour, mais bien en sept jours que le monde a été créé.

Il faut répondre que sur ce point saint Augustin se sépare des autres Pères. Car il veut que les sept jours n'en fassent qu'un, mais que ce jour unique renferme sept ordres de choses (Sup. Gen. ad litt. lib. IV, cap. 8, et 22 et 34 et De civ. Dei, lib. XII, cap. 9). Les autres Pères pensent au contraire que ce sont bien sept jours réels, distincts l'un de l'autre. Si on mt ces deux opinions en rapport avec l'explication du sens littéral de la Genèse, elles paraissent très-différentes.

Car d'après saint Augustin le mot jour indique la connaissance des anges, de telle sorte que le premier jour soit la notion qu'ils ont de la première œuvre de Dieu, le second, la notion qu'ils ont de la seconde et ainsi des autres. On dit de chaque œuvre qu'elle a été produite dans un jour déterminé, parce que Dieu n'a rien créé dans la nature qu'il ne l'ait auparavant imprimé dans l'esprit des anges, qui peut à la vérité connaître plusieurs choses simultanément, surtout dans le Verbe au sein duquel toutes les connaissances trouvent leur perfection et leur complément. Ainsi dans ce sentiment les jours se distinguent d'après l'ordre naturel des choses connues, mais non d'après la succession temporelle de la connaissance ou de la production des êtres (a).

Et saint Augustin ajoute (Sup. Gen. lib. IV, cap. 28 ), que la connaissance angélique peut recevoir proprement et véritablement le nom de jour, puisque la lumière, qui est cause du jour appartient proprement aux choses spirituelles.

— Selon les autres Pères, ces jours désignent une succession de temps et les choses ont été réellement produites les unes après les autres.

— Mais si on considère ces deux opinions par rapport à la manière dont les êtres ont été produits, on ne trouve plus entre elles la même différence. Elles ne diffèrent que sur deux points à l'égard desquels saint Augustin s'écarte encore des autres Pères, comme nous l'avons dit (quest. LXVII, art. 1, et LXIX, art. 1).

Ainsi saint Augustin entend par la terre et l'eau qui ont été primitivement créées, une matière absolument informe; par la formation du firmament, le rassemblement des eaux, l'apparition de l'aride il comprend l'impression des formes que la matière corporelle a reçues. Les autres Pères pensent au contraire que la terre et l'eau qui ont été primitivement créées sont les éléments du monde existant sous leurs formes propres. Ils croient que les œuvres subséquentes ont servi à débrouiller les corps qui étaient déjà préexistants, comme nous l'avons dit (quest. LXVII, art. 1 et 4, et LXIX, art. 1).

Ils diffèrent encore relativement à la production des plantes et des animaux que les Pères supposent avoir réellement été créés dans les six jours qu'a durés l'œuvre divine, tandis que saint Augustin croit que ces êtres n'ont existé d'abord que virtuellement. (Sup. Gen. lib. VIII, cap. 3).

Mais quoique saint Augustin suppose que les œuvres des six jours ont été simultanées, cependant il est d'accord avec les autres sur le mode de production. Car d'après l'un et l'autre la matière a été primitivement produite sous les formes substantielles des éléments, et ils reconnaissent aussi les uns et les autres que dans la création première tous les animaux et toutes les plantes ne furent pas produits tels qu'ils sont actuellement, puisque ce fut l'œuvre successive de plusieurs jours.

Toutefois ils diffèrent entre eux par rapport à quatre choses, c'est que d'après les autres Pères après la production première de la matière il y eut un temps premier où la lumière n'existait pas, un second temps où le firmament n'était pas formé, un troisième temps où la terre n'était pas débarrassée des eaux qui la couvraient, enfin un quatrième temps où les astres n'étaient pas créés. Le système de saint Augustin n'admet pas ces distinctions temporaires puisqu'il suppose que tous les êtres ont été créés simultanément. Pour ne pas préjudicier aux égards dus à ces deux sentiments, on doit répondre à leurs raisons (1).

Article III…
______________________________________________________________________________________

(1) Cet article est le résumé de tous ceux qui précèdent; car à mesure qu'il a développé ses explications sur l'œuvre des six jours, saint Thomas a fait sentir la différence qu'il y avait entre saint Augustin et les autres Pères.

Note du côté latin: (a) Saint Thomas a dit en quel sens la lumière convient proprement aux choses spirituelles (quest. LXVII, art. 1).

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Message  Louis Dim 17 Oct 2021, 6:15 am



Q. LXXIV.

ARTICLE III. — L’ÉCRITURE SE SERT-ELLE D’EXPRESSIONS CONVENABLES

POUR RACONTER L’ŒUVRE DES SIX JOURS (2)?

DIFFICULTÉ: 1.Il semble que l’Écriture n’emploie que des expressions convenables pour rendre l’œuvre des six jours, Car, comme la lumière, le firmament et les autres œuvres semblables ont été faites par le verbe de Dieu, de même aussi le ciel et la terre, puisqu’il est dit (Joan. I, 3) que tout a été fait par lui. Donc, dans la création du ciel et de la terre on aurait dû faire mention du Verbe de Dieu comme dans les autres œuvres.

SOLUTION : 1. Il faut répondre au premier argument, que, d'après saint Augustin (Sup. Gen. ad litt. lib. I, cap. 4), la personne du Fils de Dieu est désignée aussi bien dans l'œuvre de création que dans l'œuvre de distinction et d'ornement, mais en des sens divers. Car l'œuvre de distinction et d'ornement regarde la formation des êtres. Comme la formation des objets d'art résulte de la forme que l'artisan a dans l'esprit, et qu'on peut appeler son verbe intelligible; ainsi la formation de toute créature est l'œuvre du Verbe de Dieu, et c'est pour cela qu'il est fait mention du Verbe dans l'œuvre de distinction et d'ornement. Mais dans la création le Fils est désigné comme le principe par ces mots: Dans le principe Dieu créa (1); parce que la création est la production de la matière informe.

— Si l'on admet le sentiment des Pères, qui supposent que les éléments ont été créés sous leurs propres formes, il faut donner une autre réponse. Saint Basile dit (Hom. III) que ces paroles: Dieu a dit, indiquent un ordre divin. Or, il a fallu que la créature qui devait obéir fût produite avant de lui intimer un ordre.

DIFFICULTÉ: 2. L'eau a été créée par Dieu, fl n'est cependant pas dit qu'elle l’ait été. Donc l'œuvre de la création n'a pas été suffisamment exposée.

SOLUTION : 2. Il faut répondre au second, que, d'après saint Augustin, on doit entendre par le ciel la nature spirituelle informe, et par la terre la matière informe de tous les corps, et que, par conséquent, aucune créature n'a été omise.

Selon saint Basile on nomme le ciel et la terre comme les deux extrêmes, afin de comprendre par là tous les milieux, d'autant plus que le mouvement de tous les corps intermédiaires se dirige vers le ciel si les corps sont légers, et tend vers la terre s'ils sont lourds.

Enfin, d'autres disent que sous le nom de la terre l'Écriture comprend ordinairement les quatre éléments. C'est pour cela que le Psalmiste, après avoir dit: Louez le Seigneur, vous qui êtes de la terre, ajoute : Feu, grêle, neige, glace, etc.(Ps. CXLVIII, 7-8 ).

DIFFICULTÉ: 3…
_______________________________________________________________________________

(1) Cette interprétation est celle de saint Augustin {De cant. nov. VII), de saint Basile (Hom. III), de saint Ambroise (in Hexam. lib. I, cap. 4), de saint lrénée (Adv. hœres. lib. II, cap. 2), de saint Jérôme (Quæst.  hæbr.. in Gen.) et des docteurs juifs (Voyez la deuxième lettre d'un rabbin converti, p. 52).

(2) Cet article a pour but de dissiper toutes les difficultés que peut encore offrir ce texte de la Genèse.

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Message  Louis Lun 18 Oct 2021, 6:55 am



Q. LXXIV.

ARTICLE III. — L’ÉCRITURE SE SERT-ELLE D’EXPRESSIONS CONVENABLES

POUR RACONTER L’ŒUVRE DES SIX JOURS (2)?

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE

DIFFICULTÉ: 3. Comme il est dit dans la Genèse : Dieu vit que toutes les choses qu'il avait faites étaient fort bonnes; l'écrivain sacré aurait dû dire pour chaque œuvre : Dieu vit que c'était bien. Il a donc eu tort d'omettre ces paroles au sujet de la création et de l'œuvre du second jour.

SOLUTION : 3. Il faut répondre au troisième, que dans l'œuvre de la création il y a quelque chose qui correspond à ce qui est dit de l'œuvre de distinction et d'ornement: Dieu vit que telle ou telle chose était bien. Pour s'en convaincre il faut observer que l'Esprit-Saint est amour.

Or, il y a deux motifs, d'après saint Augustin (Sup. Gen. lib. I, cap. 8 ), pour lesquels Dieu aime sa créature. C'est qu'il veut qu'elle existe, et que son existence soit permanente. Pour qu'elle ait ce double caractère il est dit que l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux. On entend par le mot eau la matière informe, et cette phrase signifie que l'Esprit était porté sur la matière, comme l'amour de l'artisan est porté sur la matière dont il veut former son œuvre.

Pour montrer que le créateur a rendu son œuvre durable il est dit: Dieu vit que c'était bien. Ces paroles montrent que Dieu se plut dans son œuvre après l'avoir faite, ce qui ne suppose pas toutefois qu'il la connût mieux ou qu'elle lui plût davantage après son exécution qu'auparavant.

Par là, dans l'œuvre de la création et de la formation des êtres, la Trinité des personnes est implicitement exprimée. Ainsi, dans la création se trouve la personne du Père, manifestée par le Dieu qui crée; la personne du Fils, indiquée par le principe dans lequel il a créé, et la personne du Saint-Esprit, désignée par l'Esprit qui est porté sur les eaux (1).

Dans la formation des êtres la personne du Père est dans Dieu qui parle, la personne du Fils dans le Verbe par lequel il s'exprime, et la personne du Saint- Esprit dans la complaisance avec laquelle Dieu a  vu que ce qu'il avait fait était bien.

A l'égard de l'œuvre du second jour, si on n'a pas dit: Dieu vit que c'était bien, c'est que l'œuvre de distinction des eaux était commencée, et qu'elle ne fut achevée qu'au troisième jour. Par conséquent, ce qui est dit du troisième jour se rapporte également au second.

Ou bien on peut dire que la distinction qui s'est faite au second jour ne porte pas sur des choses qui frappent évidemment le peuple (a), et que pour cette raison l'Écriture n'a pas employé cette forme approbative.

Ou bien encore c'est parce que le firmament, qu'on prend en cet endroit pour l'air nébuleux, n'est pas au nombre des parties permanentes ou principe du monde. Moïse Maimonide donne ces trois raisons (Perplex. lib. II).— Il  y en a qui donnent une raison mystique tirée des nombres, et qui disent que c'est parce que le nombre binaire s'éloigne de l'unité, et que pour ce motif  l'œuvre du second jour n'a pas reçu la même approbation que les autres.

DIFFICULTÉ: 4…
__________________________________________________________________

(1) Tous les docteurs chrétiens et juifs cités dans la note précédente sont unanimes à l’égard de cette interprétation.
(2) Cet article a pour but de dissiper toutes les difficultés que peut encore offrir le texte de la Genèse.

Note du côté latin: (a) Il est fait mention dans ce jour de la distinction des eaux inférieures des eaux supérieures, ce qui n'est pas un effet accessible aux sens.

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Message  Louis Mar 19 Oct 2021, 6:58 am



Q. LXXIV.

ARTICLE III. — L’ÉCRITURE SE SERT-ELLE D’EXPRESSIONS CONVENABLES

POUR RACONTER L’ŒUVRE DES SIX JOURS (2)?

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE

DIFFICULTÉ: 4. L'esprit de Dieu est Dieu. Or, il n'est pas dans la nature de Dieu d'être porté, ni d'occuper un lieu (a). C'est donc aussi à tort qu'on a dit que l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux.

SOLUTION: 4. l faut répondre au quatrième, que Moïse Maimonide entend par l'Esprit du Seigneur l'air ou le vent, comme  Platon l’a compris, et il dit qu'on l'appelle l'Esprit du Seigneur parce que l'Écriture a partout l'habitude d'attribuer à Dieu le souffle des vents.

Mais, d'après les Pères, on entend par l'Esprit du Seigneur l'Esprit-Saint qui était, est-il dit, porté sur les eaux, c'est-à-dire sur la matière informe, d'après saint Augustin (Sup. Gen. lib. I, cap 7), de peur que Dieu ne parût aimer ses œuvres parce qu'il avait nécessairement besoin d'elles. Car l'amour de nécessité ou de besoin est soumis aux choses auxquelles il s'attache. Il est dit qu'il était porté sur les eaux pour indiquer qu'il y avait déjà un commencement de vie. Car il n'était pas porté localement, matériellement sur les eaux; mais cela signifie qu'il avait une puissance prédominante, comme l'observe saint Augustin (loc. cit.).

D'après saint Basile )Nom. IV), il était porté sur les eaux, c'est-à-dire qu'il les couvait et les vivifiait comme une poule échauffe et vivifie ses œufs, et leur projetait, en les couvant, le principe actif de la vie (2). En effet, l'eau a reçu particulièrement une vertu vitale ; car il y a beaucoup d'animaux qui sont engendrés dans son sein, et les semences reproductives de tous les animaux sont humides. La vie spirituelle  nous est également communiquée par l'eau du baptême. C'est pourquoi il est dit (Joan. III, 5): Si on ne renaît de l'eau et de l'Esprit-Saint, etc.

DIFFICULTÉ: 5. On ne fait pas ce qu'on a déjà fait. Après avoir dit: Dieu dit : Que le firmament soit fait, et le firmament fut fait. Il ne fallait donc pas ajouter: Et Dieu fit le firmament. On en peut dire autant à l'égard des autres œuvres.

SOLUTION: 5.  Il faut répondre au cinquième, que, d'après saint Augustin ( Sup. Gen. lib. I, cap. 8 ), par ces trois mots on désigne les trois manières d'être des choses.

1° L'existence des choses dans le Verbe est indiquée par le mot fiat;

2° leur existence dans l'entendement des anges est exprimée par le mot factum est;

3° leur existence dans l'ordre de la nature est marquée par le mot fecit. Comme le premier jour a été employé à la formation des anges, il n'a pas été nécessaire d'ajouter ce dernier mot,

— D'après les autres Pères, on peut dire que ces paroles: Dieu dit: Que telle chose soit faite, indiquent un ordre de Dieu, et que celles-ci: La chose fut faite, montrent l'achèvement ou le complément de son œuvre. Mais il a été nécessaire de dire comment chaque chose a été faite, surtout parce qu'il y en a qui prétendent que toutes les choses visibles ont été faites par les anges, et c'est pour écarter cette erreur que l'écrivain sacré ajoute que c'est Dieu lui-même qui les a faites. C'est pourquoi, à l'occasion de chaque chose, après avoir dit: Ce fut fait, il ajoute que ce fut l'œuvre de Dieu lui-même, et il se sert à cet effet des mots: il fit, il distingua, il appela, et autres semblables.

DIFFICULTÉ: 6…
_________________________________________________________________

(2) Cet article a pour but de dissiper toutes les difficultés que peut encore offrir le texte de la Genèse.
(2) Saint Basile a emprunté, comme il le dît lui-même, cette magnifique comparaison à saint Ephrem qui était venu le voir pendant qu’il gouvernait son église de Césarée (Voyez mon Histoire de la littérature grecque, p. 282).

Note du côté latin : (a) Habere situm, littéralement: avoir une position ou une situation.

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Message  Louis Mer 20 Oct 2021, 6:53 am



Q. LXXIV.

ARTICLE III. — L’ÉCRITURE SE SERT-ELLE D’EXPRESSIONS CONVENABLES

POUR RACONTER L’ŒUVRE DES SIX JOURS (2)?

SUITE

DIFFICULTÉ

SUITE

DIFFICULTÉ: 6. Le soir et le matin ne divisent pas suffisamment le jour, puisqu'il y a dans le jour plusieurs parties. On ne s'est donc pas bien exprimé en disant que du soir et du matin fut fait le second jour ou le troisième, etc.

SOLUTION : 6. Il faut répondre au sixième, que suivant saint Augustin (Sup. Gen. lib. IV, cap. 22 et 30), on entend par le soir et le matin la connaissance vespertinale et matutinale des anges dont nous avons parlé (quest. LVIII, art. 6 et 7). D'après saint Basile (Hom. II), on a coutume de comprendre généralement tout le temps sous la dénomination du mot jour, parce qu'il en exprime la partie principale. Ainsi, Jacob dit : Les jours de mon pèlerinage, sans parler de la nuit. Or, le soir et le matin sont pris pour les termes du jour, dont le matin est le commencement et le soir la fin.

Ou bien on peut dire encore que le soir est le commencement de la nuit, et le matin le commencement du jour. Il était convenable qu'en exposant la distinction première des êtres, on ne désignât que les commencements des temps. Il est d'abord parlé du soir, parce que, le jour ayant commencé par la lumière, le soir, qui est le terme de la lumière, s'est présenté avant le matin, qui est le terme des ténèbres et de la nuit.

— On peut dire aussi avec saint Jean Chrysostome (Hom. V, in Gen), que c'était pour indiquer que le jour ne se termine pas naturellement le soir, mais le matin.

DIFFICULTÉ: 7. Aux nombres ordinaux second et troisième ne correspond pas le nombre cardinal un, mais le nombre premier (a). On aurait donc dû dire : Du soir et du matin fut fait le premier (primus) jour, et non un (unus) jour.

SOLUTION : 7. Il faut répondre au septième, que le premier jour de la création est désigné par le nombre cardinal un pour indiquer que l'espace de 24 heures forme un jour, et le nombre un détermine par conséquent la mesure naturelle de la journée; ou bien on peut dire que l'écrivain sacré a voulu signifier par là que le jour était consommé quand le soleil était revenu absolument au même point; ou bien encore on peut répondre que le nombre septénaire des jours de la création étant complet, on revient au premier jour, qui ne fait qu'un avec le huitième (1). Ces trois raisons sont de saint Basile (Hexam. hom. II).

CONCLUSION — L'Écriture sainte se sert d'expressions convenables pour rendre l'œuvre des six jours.
___________________________________________________________________

1) Le temps, ajoute saint Basile, revient ainsi sur lui-même  à la manière d’un cercle, pour nous indiquer l’analogie qu’il a avec l’éternité.
(2) Cet article a pour but de dissiper toutes les difficultés que peut encore offrir le texte de la Genèse.

Note du côté latin : (a) Saint Thomas eût pu ajouter, comme dans les articles précédents : Sed contra in oppositum sufficit auctoritas Scripturœ, quæ sic rerum creationem narrat, mais il n'a pas cru nécessaire de répéter ce qui se suppose suffisamment d'après ce qui précède.

FIN.

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