L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Première partie.[SUITE]Vous êtes la bénie entre les femmes. — Sens de cet éloge.
Vous êtes la bénie entre les femmes. « La mère de notre race, lui dit saint Augustin, fit le malheur du monde : vous, vous avez fait son bonheur. Ève nous donna la mort, vous nous avez donné la vie 1. »
Vous êtes la bénie entre les femmes, parce que vous seule avez été exempte de la tache du péché originel et de tout péché actuel, même le plus léger. Le Dieu de toute sainteté, qui découvre des taches jusque dans les anges, n'en trouve point en vous. C'est lui-même qui vous en assure : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a point de tache en vous; » Tota pulchra es, armica mea, et macula non est in te.Il ne convient qu’à Marie.
Benedicta tu in mulieribus ; « vous êtes la bénie entre les femmes ». La même parole fut dite à Jahel, pour avoir tué Sisara, et à Judith, pour avoir triomphé d'Holopherne.
Mais, adressé à Marie, cet éloge est mille fois plus excellent.
Par les victoires qu'elle a remportées sur le démon ; par les faveurs dont elle a été comblée ; par sa dignité de Mère de Dieu, Marie brille à une hauteur infinie au-dessus de toutes les vierges. Elle jouit surtout d'une prérogative qu'aucune femme n'a jamais partagée et ne partagera jamais : le bonheur d'être mère sans perdre la gloire d'être vierge 3.Luther lui-même le reconnaît et exalte Marie.
Croirais-tu, mon cher ami, que Luther lui-même unit sa voix à celle de toute l'Église pour proclamer Marie la bénie entre les femmes? « Marie, dit-il, est pleine de grâce, ce qui veut dire : pure de tout péché. Cela est grand et sublime, mais l'abondance de grâce qu'elle a reçue la remplit de tout bien, et l'exempte de tout mal. Tel est le sens des paroles que l'ange lui adresse : Vous êtes la bénie entre les femmes. On ne pourrait pas lui dire : Vous êtes bénie, si jamais elle avait été sujette à la malédiction 2.
Et le fruit de votre sein est béni.…
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1. Serm. XVIII, de Sanctis.
3 (page 116). Note de Louis : Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous nous ferons un plaisir de l’éditer. Il en sera de même pour les notes latines subséquentes. Bien à vous.
2. Maria gratia plena est, per quod omnis peccati pura cognoscitur. Atque hoc magnum quidem et sublime... Hoc sibi volunt verba illa, quæ Angelus Gabriel ad eam dicebat : Benedicta tu inter mulieres. Non enim ad eam dici posset Benedicta tu, si aliquando maledictioni obnoxia fuisset. (In Postilla majori circa Evangelii Annuntiat. M. et circa Ev. festide Concept. Mariæ, apud. Canisium, lib. III, c. VI, p. 263.)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Seconde partie.Et le fruit de votre sein est béni. — Paroles de sainte Élisabeth.
Par la voix de l'ange, le ciel vient de bénir Marie: Vous êtes la bénie entre les femmes. Voici que, par la bouche de sainte Élisabeth, la terre fait écho aux paroles du ciel, et répète: Vous êtes la bénie entre les femmes. Ainsi commence le concert de louanges qui, nuit et jour, célébrera Marie, sur tous les points du globe, jusqu'à la consommation des siècles et pendant toute l'éternité. Quelle créature fut jamais l'objet de pareilles acclamations?A quelle occasion et en quel lieu elles furent prononcées.
Veux-tu savoir à quelle occasion et dans quel lieu l'auguste Vierge reçut le magnifique éloge de sa cousine ? Le Dieu de charité reposait dans le sein de Marie, et sa divine Mère ressentait les vives flammes de cette charité, que rien n'arrête. Sous le mouvementée son adorable Fils, elle accourt auprès de sainte Élisabeth, afin de lui rendre les services que sa position pouvait demander. A peine est-elle aperçue, qu'Élisabeth vient à sa rencontre, l'embrasse avec une respectueuse tendresse, et instruite par le Saint-Esprit de l'ineffable mystère accompli dans sa cousine, elle lui dit: Vous êtes la bénie entre les femmes, et béni le fruit de votre sein.
Je te rappelle, en passant, que Marie resta trois mois avec sa cousine, faisant dans la maison de Zacharie l'office de servante. Un jour son divin fils dira : Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir 1. D'avance, Marie accomplit cette parole. La Mère est digne du Fils ; et à toi comme à tous les chrétiens, l'un et l'autre peuvent dire : Nous vous avons donné l'exemple, afin que vous fassiez comme nous avons fait nous-mêmes.Description de la maison de Zacharie.
Heureuse la maison qui donna l'hospitalité à la Mère de Dieu ; qui entendit la salutation de la mère de Jean-Baptiste et la magnifique réponse de Marie aux louanges de sa cousine ! Qu'est-elle devenue? Si tu veux le savoir, écoute le récit d'un ancien voyageur : « La maison de Zacharie était située à un mille (dix minutes environ) du bourg d'Emmaüs, au pied des montagnes. A la fin du moyen âge, cette maison était encore habitée, et les pèlerins avaient coutume de la visiter avec un profond respect.
« Là naquit saint Jean-Baptiste ; là il fut circoncis et caché dans une caverne, pour échapper au massacre des enfants de Bethléem, ordonné par Hérode. Près de la maison est la fontaine qui porte le nom de la bienheureuse Vierge ; car c'est là qu'elle venait puiser de l'eau, pendant son séjour chez Élisabeth. De la partie supérieure de la maison, on avait fait une petite église, qui est aujourd’hui complètement détruite. Elle marquait l'endroit où Zacharie, inspiré par le Saint-Esprit, prononça son chant prophétique : Benedictus Dominus Deus Israël; « Béni soit le Seigneur Dieu d'Israël, » etc. 2.
Venons maintenant aux paroles de sainte Élisabeth…
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1. Non veni ministrari, sed ministrare. (Matth., XX, 28.)
2. Adrichom., Descript. Terrœ S., p. 55, n. 243. Voir aussi Mgr Mislin, les Lieux Saints, t. II, p. 281 et suiv.
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Seconde partie.[SUITE]Le fruit de votre sein; explication.
Venons maintenant aux paroles de sainte Élisabeth.
Vous êtes la bénie entre les femmes. Le sens de ces paroles nous est connu. Dans la bouche d'Élisabeth il est, 1e même que dans la bouche de l'ange. O Marie ! de toutes les femmes qui ont été et qui seront à jamais, vous êtes la plus heureuse et la plus bénie, parce que vous avez été choisie pour être la Mère du Dieu rédempteur du monde ! De ce bonheur incomparable, Élisabeth donne, quoique dans des termes différents, la même raison exprimée par l'ange. Gabriel fondait ses louanges sur ces mots : « le Seigneur est avec vous; » Élisabeth justifie les siennes, en disant : Et béni le fruit de votre sein.
Béni le fruit de votre sein : tout est merveilleux dans ces paroles. Élisabeth commence par proclamer l'accomplissement de la promesse divine faite à David : « Du fruit de vos entrailles, je placerai un Roi sur votre trône 1. » Béni soit donc le fils de David, le Messie qui devait naître de lui et qui repose aujourd'hui dans vos entrailles!Est béni; explication.
Elle ajoute : il est béni; béni non seulement entre tous les hommes, comme vous êtes bénie entre toutes les femmes ; mais béni plus que les anges, plus que les hommes, plus que toutes les créatures, puisqu'il est le Créateur et le Seigneur de toutes choses. Il est béni et digne de bénédictions incessantes, universelles et éternelles.
De votre sein : formé par le Saint-Esprit, ce Fils adorable, ce Désiré des nations, n'a point de Père sur la terre. Il est exclusivement le fruit de vos entrailles virginales.
Du plus pur de votre sang il se nourrit, de votre substance .il, se développe. Il est l'os de vos os, la chair de votre chair.
Là finissent les paroles de sainte Élisabeth…
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1. De fructu ventris tui ponam super sedem tuam. (Ps. CXXXI.)
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Seconde partie.[SUITE]Pourquoi Élisabeth ne prononce pas le nom de Jésus.
Là finissent les paroles de sainte Élisabeth. Pas plus que l'ange elle ne prononce le nom de ce Fils de bénédiction. Pourtant elle le connaissait! Quelle peut être la raison de ce nouveau silence ? Serait-il téméraire de dire qu'elle se trouve dans le respect pour ce nom au-dessus de tout nom. Tu sais que chez les Juifs il était défendu de prononcer le Tetragrammaton, nom mystérieux du Tout-Puissant. Or, le nom de Jésus est plus grand encore, plus mystérieux et partant plus sacré.Signification de ce nom adorable.
Quoi qu'il en soit, ce nom divin apporté du ciel et donné à son Fils par le Père éternel, l'Église catholique a pris soin de l'insérer dans la Salutation angélique. Comme nous l'avons vu, cette insertion est due au pape Urbain IV [n.d.l.r. : XIIIe s.]. N'était-il pas convenable de rappeler chaque jour, et plusieurs fois le jour, à toutes les générations, le nom de Celui à qui nous devons tout? Quel plus puissant motif de reconnaissance et de respect, en récitant la Salutation Angélique ? Tu vas en juger par l’explication du nom de Jésus.
Jésus. Jésus veut dire Sauveur. Ce nom est le nom propre du Verbe incarné. Il dit tout à la fois sa mission, sa dignité, sa vie et sa mort. Il dit toute l'économie de l'Incarnation, dans laquelle brillent incomparablement plus qu'ailleurs, tous les attributs de Dieu, sa puissance, sa sagesse, son amour infini, et de laquelle découlent sur le genre humain tous les biens du corps et de l'âme, de la vie présente et de la vie future,
Le nom de Jésus est plus grand que le nom même de Dieu.
Dieu ou Jéhova signifie Celui qui est.
Jésus signifie non seulement Celui qui est, mais Celui qui sauve, qui vivifie et qui béatifie.
Jéhova est la source, le principe de l'être.
Jésus est la source, le principe de la grâce et de la gloire.
Jéhova fut le briseur et le triomphateur de Pharaon et de l'Égypte.
Jésus est le briseur et le triomphateur de Satan et de l'enfer.
Jéhova fut le Législateur des Juifs et le Fondateur de l'ancienne alliance.
Jésus est le Législateur des chrétiens et le Fondateur de la nouvelle alliance. -
Jéhova fit traverser la mer Rouge aux Hébreux, afin de les conduire dans la terre de Chanaan.
Par le baptême, Jésus lave le monde dans son sang et le conduit au ciel,
C'est, comme tu vois, avec une profonde vérité que saint Pierre…
Dernière édition par Louis le Mar 30 Juin 2020, 6:16 am, édité 1 fois (Raison : Insertion d'une n.d.l.r.)
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Seconde partie.[SUITE]Respect qui lui est dû. — Paroles des conciles et des théologiens.
C'est, comme tu vois, avec une profonde vérité que saint Pierre disait aux Juifs cette parole, toujours ancienne et toujours nouvelle: « Il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, pour opérer notre salut 1. »
Tu ne seras donc pas étonné en lisant la page suivante d'un célèbre théologien :
« C'est un plus grand péché de prendre en vain le nom de Jésus, que le nom de Dieu. Aussi la commune et louable coutume de l'Église est de plus honorer le nom de Jésus que le nom de Dieu. De là vient qu'au nom de Jésus, les vrais fidèles ou inclinent la tête, ou fléchissent les genoux : ce qu'ils ne font pas en entendant prononcer le nom de Dieu. Celui donc qui se rend coupable en déshonorant le nom de Jésus, commet un plus grand péché, que s'il déshonorait le nom de Dieu 2. »
Un concile de Mayence ajoute : « Lorsque le lecteur rencontre le nom vénérable et terrible de Jésus, il doit se découvrir, s'incliner, et avec amour lever les yeux au ciel 1. »
Dans son commentaire sur l'Épître aux Romains, un grand théologien du concile de Trente, Catharin, rappelle un très juste décret des souverains pontifes, par lequel il est ordonné à tous ceux, sans distinction, qui entendent le nom de Jésus, de faire une inclination de tête 2.
Le concile de Lyon prescrivit la même chose 3…
Paroles de l'Église…
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1. Nec enim aliud nomen est sub cœlo datum hominibus, in quo oporteat nos salvos fieri. (Act. IV, 12.)
2, 1, 2 et 3 : pages 123-124. Note de Louis : Ces notes sont libellées en latin. Sur demande, nous nous ferons un plaisir de les éditer. Il en sera de même pour les notes latines subséquentes. Bien à vous.
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Troisième partie.[SUITE]Paroles de l'Église.
Si, par les organes qui les ont prononcées et par les mystères qu'elles expriment, les paroles des deux premières parties de l'Angelus sont dignes de la vénération de tous les siècles, celles qui composent la troisième partie ne sont pas moins respectables : c'est à l'Église que nous les devons.
Parce qu'elle a donné au monde son Rédempteur, Marie est l'objet de la haine implacable du démon. Afin de la rabaisser au niveau des femmes ordinaires, il tenta, au cinquième siècle, de lui enlever son titre de Mère de Dieu.Quand et pourquoi ajoutées aux paroles de Gabriel et d'Élisabeth.
Un malheureux archevêque de Constantinople, Nestorius, devint l'organe de ses blasphèmes. A peine entendus, l'Église d'Orient et d'Occident en fut révoltée. Attaquer Marie, c'était la frapper au cœur. Un concile général, présidé par le Saint-Père dans la personne de ses légats, s'assemble à Éphèse. Nestorius est condamné. Tout le peuple, assemblé dans les rues et sur les places de la ville, attend avec anxiété la sentence du concile.
Aussitôt qu'elle est connue, de tant de milliers de voix il ne se forme qu'une seule voix pour glorifier Marie et acclamer les Pères. On les accompagne aux flambeaux; la ville se remplit de parfums ; des larmes de bonheur coulent de tous les yeux : l'enthousiasme est au comble. C'est dans ce moment à jamais solennel, que par l'organe de saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, président du concile, l'Église prononce les paroles devenues immortelles : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pécheurs 1 .
Sainte Marie, Mère de Dieu; explication…
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1. Angelus Domini. Monza, 1856, p. 1.
Dernière édition par Louis le Mer 01 Juil 2020, 6:42 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe.)
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Troisième partie.[SUITE]Sainte Marie, Mère de Dieu; explication. — Concile d'Éphèse.
Cette circonstance explique comment, au septième siècle, l'Église d'Alexandrie, ainsi que nous l'avons vu, connaissait déjà cette prière.
Tu remarqueras, mon cher Frédéric, que ces paroles sont tout ensemble une profession de foi et une prière. Mère de Dieu : voilà bien la profession de la foi catholique à l'égard de Marie. Vienne maintenant le grand assembleur de nuages, Satan: toutes les erreurs que, dans la suite des siècles, il tentera d'accumuler autour des prérogatives de l'auguste Vierge, sont dissipées d'avance comme une vaine fumée.Priez pour nous, pécheurs. — Origine de ces paroles. — Pourquoi ajoutées à l'Ave Maria. — Prévoyance de l'Église.
Priez pour nous : voilà bien la prière. Le Saint-Esprit, à qui tout est présent, savait qu'un jour il se rencontrerait des hommes assez aveugles pour ne voir dans l'Angelus qu'un salut, et non une invocation. Que fait ce divin Esprit? il inspire à l'Église son épouse de souder aux paroles évangéliques une incontestable prière.
Telle est la force de cette soudure, que rien n'a pu la rompre. Ainsi, la nuit et le jour, sur toute l'étendue de la terre, des millions de bouches ajouteront invariablement au salut de l'Ange et d'Élisabeth la très filiale et très touchante supplication : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs 2.
Les hommes aveugles dont il s'agit sont nos malheureux frères, les protestants. Puissent-ils comprendre, comme toute l'Église, comme leurs pères et leurs grands-pères, qu'invoquer Marie, ce n'est pas faire injure à son divin Fils ; c'est au contraire le réjouir et l'honorer.
Un mot maintenant sur chaque parole…
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2 (page 127). Note de Louis : Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous nous ferons un plaisir de l’éditer. Il en sera de même pour les notes latines subséquentes. Bien à vous.
Dernière édition par Louis le Mer 01 Juil 2020, 6:42 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe.)
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Troisième partie.[SUITE]Sainte Marie. — Explication : Sainteté de Marie.
Un mot maintenant sur chaque parole de la troisième partie de la Salutation virginale. Je dis un mot seulement, afin de ne pas me répéter.
Sancta Maria : « Sainte Marie ». Sainte, voilà pour Marie son premier titre de gloire, pour nous le plus solide motif de notre confiance en elle.
Marie est sainte, c'est-à-dire qu'elle possède toutes les amabilités et toutes les vertus.
Marie est la plus sainte des créatures, c'est-à-dire qu'elle possède toutes les amabilités et toutes les vertus, dans un degré qui ne sera jamais atteint, ni par les anges ni par les hommes. La puissance des saints se mesure sur leur sainteté même ; plus ils sont saints, plus ils sont près de Dieu et plus ils ont de pouvoir sur son cœur. Si tu ajoutes, mon cher ami, que Marie est notre sœur, tu comprendras sans effort que notre confiance en elle, proportionnée à sa puissance et à sa tendresse, doit être sans bornes.
Maria : « Marie ». Après celui de Jésus, ce nom, le plus doux de tous les noms, a été expliqué. J'ajoute qu'il est aussi le plus puissant. « Es-tu tenté, dit saint Bernard, invoque Marie. Es-tu plongé dans les ténèbres, invoque Marie. Es-tu porté au découragement, au désespoir, invoque Marie. Es-tu livré à de cruelles perplexités, ne sachant quel parti prendre, invoque Marie. Dans toutes les peines, dans tous les dangers du corps et de l'âme, invoque Marie, nul ne l'invoque jamais en vain. »Mère de Dieu; explication.
Mater Dei : « Mère de Dieu ». A la puissance que donne à Marie sa sainteté sans égale s'ajoute sa qualité de mère. L'autorité qu'elle avait sur son fils pendant qu'il était sur la terre, elle la conserve dans le ciel : son titre de mère étant inaliénable, qui peut comprendre l'autorité de la meilleure des mères sur le meilleur des fils? Aussi, nous disent les saints Pères, Marie commande, plutôt qu'elle ne demande. Elle se présente devant le trône de Dieu, non comme une servante, mais comme une Reine dont les désirs sont des ordres: Non ancilla, sed domina. Omnipotentia supplex.
Priez pour nous, pécheurs; …
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Troisième partie.[SUITE]Priez pour nous, pécheurs; explication.
Ora : « priez ». L'Église vient de rappeler à Marie qu'elle est Mère de Dieu et Mère toute puissante et toute bonne, quoi de plus naturel qu'elle lui dise : priez? C'est le cri du besoin. Environnée de dangers, en butte à la persécution, l'Église militante supplie la Reine du ciel de la couvrir de sa protection, de consoler ses douleurs et de lui donner la victoire sur ses ennemis.
Pro nobis peccatoribus : « pour nous, pécheurs ». Pour nous tous sans exception : pontifes, prêtres, religieux, rois, magistrats, savants et ignorants, riches et pauvres, jeunes et vieux, hommes et femmes de toute condition et de tout pays ; car nous sommes tous des mendiants qui ne vivons que de ce qu'on nous donne au jour le jour.
Pécheurs : nous sommes les plus pauvres et les plus misérables des mendiants ; car nous sommes tous pécheurs: oui, tous, sans exception, même les plus justes. Si nous disons le contraire, nous mentons 1.
Afin de mieux exprimer la nature et la profondeur de notre dénûment, la langue française, au mot pécheurs, ajoute le mot pauvres; elle a raison : nul dénûment n'est comparable à celui du pécheur. Vêtu d'habits somptueux, environné d'honneurs, riche de tous les biens de la fortune, il est plus pauvre que le mendiant sans chaussures, sans bas, sans pain et à peine couvert de haillons en lambeaux. Privé de la grâce, il est déshérité de la gloire. Se peut-il une plus grande misère ?
Nunc : « maintenant »…
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1. Si dixerimus quoniam peccatum non habemus, ipsi nos seducimus et veritas in nobis non est. ( I Joan., , 8.)
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Troisième partie.[SUITE]Maintenant; explication.
Nunc : « maintenant ». Tu sais déjà, mon cher Frédéric, quand et par qui ce mot a été introduit dans l'Ave Maria. Comme il y est bien placé, aujourd'hui surtout ! maintenant que nous sommes dans les luttes de la vie ; maintenant que nous voyageons sur une mer orageuse, semée d'écueils, et où il y a de nombreux naufrages et de grandes infortunes ; maintenant qu'environnés d'ennemis perfides, cruels, nuit et jour acharnés à notre perte, et dont nous pouvons d'un instant à l'autre devenir les victimes pour toute l'éternité. Maintenant donc, Mère toute-puissante, priez pour nous.Et à l'heure de notre mort; explication.
Et in hora mortis nostræ : « et à l'heure de notre mort ». De toutes les heures qui composent notre existence, il n'y en a qu'une de décisive : c'est l'heure de la mort. Cette heure soude le temps à l'éternité, et cela pour jamais.
Notre implacable ennemi, le démon, le sait bien. Nous mourrions de frayeur, mon cher ami, si nous pouvions voir ce qui se passe autour du lit d'un moribond. Si rudes qu'ils soient, les combats de la vie ne sont pas comparables à ceux que les esprits de ténèbres livrent à l'âme, prête à se séparer du corps. S'ils ne s'en emparent, ils sentent que cette âme va leur échapper. Leur rage ne connaît plus de bornes.
Incrédulité, impatience, présomption, défiance remords, terreur, désespoir, ils l'assiègent de toutes les tentations à la fois. Est-il une heure où le secours de Marie nous soit si nécessaire? Disons-lui donc souvent pendant la vie : « Protégez-nous à l'heure de notre mort. » C'est le moyen d'obtenir son assistance dans ce moment difficile.
Ainsi soit-il; explication…
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Explication de la Salutation angélique — Troisième partie.[SUITE]Ainsi soit-il; explication.
Amen: « Ainsi soit-il. » Ce mot de la langue du ciel résume toutes les louanges que nous avons données à Marie, tous les vœux que nous avons déposés à ses pieds, toutes les grâces que nous lui avons demandées en récitant la Salutation angélique. Dit avec ferveur, il peut, jusqu'à un certain point, couvrir les défauts de notre prière. C'est ainsi, n'est-ce pas, que nous le prononcerons désormais?
L'Église militante est comme une fille qui ne peut se séparer de sa mère. L'amour, la confiance, le sentiment du besoin la retiennent à ses pieds. Lui avoir dit trois fois : Priez pour nous, ne lui suffit pas. Aux Ave Maria de l'Angelus la piété catholique ajoute le verset : Priez pour nous, sainte Mère de Dieu; et le répons : Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ; puis l'oraison que tu connais.
Ces belles demandes ne font point partie essentielle de l'Angelus. D'ailleurs, elles me paraissent suffisamment expliquées dans ce qui précède.
Sentiments avec lesquels on doit réciter l'Angelus…
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Sentiments avec lesquels on doit réciter l’Angelus
La joie. — En récitant l'Angelus, que faisons-nous? Nous rappelons à la sainte Vierge le moment le plus délicieux de son existence ; le moment unique dans les siècles passés et futurs, où l'ambassadeur de la sainte Trinité vint lui annoncer l'Incarnation du Verbe éternel dans son sein virginal. Elle-même l'a dit à une âme sainte : « Toutes les fois que j'entends l'Ave Maria, je tressaille d'allégresse, et suis disposée à accorder ce qu'on me demande. »
L'enfant qui aime tendrement sa mère peut-il avoir un plus grand bonheur que de rappeler à cette mère chérie les dates heureuses de son existence, de la féliciter des événements qui ont fait sa gloire et de s'en réjouir lui-même avec elle? Quelle sera la vivacité de sa joie, s'il sait que le bonheur et la gloire de sa mère seront un jour son propre bonheur et sa propre gloire, et si ce bonheur et cette gloire doivent être sans mélange et sans fin, qui pourra mesurer la joie de cet enfant?
Joie pour Marie notre Mère, joie pour nous, joie pour le monde entier : tel est le premier sentiment que nous devons éprouver en récitant l'Angelus. Tu vas le comprendre encore mieux. N'est-il pas dans la nature que le prisonnier condamné à mort et soudain rendu à la liberté se rappelle toute sa vie, avec un sentiment de joie qui ne vieillit pas, le jour où sa grâce lui fut annoncée, où il vit ses fers tomber, la porte de sa prison s'ouvrir devant lui et les souffrances de la captivité et l'appréhension de la mort, plus cruelle que toutes les souffrances, faire place à la sécurité et à l'espoir d'un bien-être pour toujours assuré ?
Chaque homme est ce prisonnier. En récitant l'Angelus, il se redit à lui-même l'heure bénie de sa délivrance. Avoir un cœur et dire l'Angelus sans un ineffable sentiment de joie est impossible.
La reconnaissance. — Se réjouir et jouir d'un bienfait sans reconnaissance pour le bienfaiteur, serait un odieux égoïsme : un cœur ingrat ne fut jamais un bon cœur. La reconnaissance est la marque des âmes nobles. Nulle prière plus que l'Angelus ne doit être accompagnée de ce sentiment. Il nous rappelle des bienfaits dont ni les hommes ni les anges ne pourront jamais comprendre l'étendue : l'Incarnation du Fils de Dieu, la glorification de la nature humaine dans Marie, la Rédemption du monde,
Il redit en même temps ce que ces immenses bienfaits ont coûté aux bienfaiteurs. Pour nous, Marie, notre Mère, est devenue la Reine des martyrs. Pour nous, son divin Fils, notre frère, a épuisé jusqu'à la lie le calice de douleurs. Comment réciter l'Angelus sans être pénétré de reconnaissance?
Si, à l'égard des hommes, nous manquions de gratitude pour un bienfait quelconque, notre conscience nous accuserait, et nous nous croirions déshonorés aux yeux de nos semblables. N'y aurait-il qu'à l'égard de Dieu et pour les plus grands bienfaits que l'ingratitude cesserait d'être un vice?
Le respect. — En récitant l'Angelus, nous devenons l'archange Gabriel. Nous faisons ce qu'il fit; nous prononçons les paroles qu'il prononça, nous sommes devant l'auguste Vierge, qu'il n'osait contempler. Quelle noble fonction ! mais avec quel respect nous devons la remplir.
L'archange, étonné de la Salutation qu'il avait ordre d'adresser à Marie, était en vénération en présence de cette Vierge incomparable. Devant ses yeux, il voyait la Mère de son Dieu, la Reine du ciel et de la terre, la corédemptrice du genre humain, le chef-d'œuvre du Tout-Puissant, une beauté, une bonté, une perfection, une gloire supérieure à toutes les perfections et à toutes les splendeurs qu'il avait contemplées dans le ciel.
Le prince de la cour céleste récite l'Angelus avec un incompréhensible respect, et moi, ver de terre, je le réciterais irrespectueux ou distrait. Oh! non. Si jamais j'ai eu le malheur de le faire, je ne le ferai plus 1.
La confiance. — La sainte Vierge est trop polie pour ne pas rendre le salut à celui qui la salue, surtout comme elle aime à être saluée. Or, le salut de Marie est toujours une grâce accordée 1.
Elle est notre mère, nous sommes ses enfants ; elle est notre sœur, nous sommes ses frères ; elle est riche, nous sommes pauvres; elle est heureuse, nous souffrons; elle est bonne et se contente de peu. L'Angelus fidèlement récité suffit pour toucher son cœur d'une tendre compassion. En voici une preuve.
Il y a peu d'années, je reçus une lettre timbrée de Toulon…
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(pages 103-104). Note de Louis : Les 2 notes sont libellées en latin. Sur demande, nous nous ferons un plaisir de les éditer. Bien à vous.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Sentiments avec lesquels on doit réciter l’Angelus[SUITE]Trait historique
Il y a peu d'années, je reçus une lettre timbrée de Toulon. Grande fut ma surprise, car je ne connaissais personne dans cette ville. La lettre était d'un malheureux forçat, condamné aux travaux perpétuels. Cet homme que je n'ai jamais vu, et dont je connais seulement le nom, était tombé malade. La grâce l'avait touché. Pour une raison inutile à rapporter, il me fait en huit grandes pages l'histoire de sa vie. Je puis assurer qu'elle n'était rien moins qu'édifiante.
Lui-même m'écrivait : « Depuis mon adolescence, ma vie n'a été qu'un tissu d'iniquités de tout genre. J'ai mérité douze fois la mort : c'est à quelques erreurs de la justice que je dois de respirer encore. Dieu m'attendait à la pénitence. Comment ai-je mérité cette grâce? quand je regarde mon passé, je n'y trouve rien, absolument rien, que de condamnable.
« Une seule pratique pieuse m'était restée de mon enfance : je la tenais de ma mère. Même au milieu de mes plus grands désordres, je n'ai pas passé un jour sans réciter l'Angelus. De vous dire pourquoi, je l'ignore ; mais criminel comme j'étais, vous jugerez quel pouvait être le mérite de cette prière. Voilà tout ce que je trouve, je ne dis pas de bon, mais de non coupable dans ma vie.
« Je ne puis attribuer qu'à cette pratique la grâce que Dieu m'a faite, par l'intercession de la sainte Vierge, d'être rentré en moi-même. Ma condamnation à perpétuité est trop méritée pour que je m'en plaigne. Je la regarde même comme une faveur qui me permettra de faire pénitence. Priez pour moi. »
O Angelus, que vous êtes puissant! ô Marie, que vous êtes bonne !
Ce n'est pas seulement pour convertir quelques pécheurs isolés que Marie est bonne. Elle sauverait le monde s'il voulait avec confiance recourir à son intercession maternelle. Nos pères comprenaient instinctivement la parole de Marie à saint Dominique : « C'est par l'Ave Maria que le salut a été donné au monde, c'est par l’Ave Maria que la paix lui sera rendue. »
De là vient, comme nous l'avons vu, que les croisades contre les Sarrasins, les victoires sur les Turcs, la paix universelle dont l'Europe jouit longtemps, furent les causes et la récompense de l'Angelus.
Catholiques, et nous en particulier, Français du dix-neuvième siècle, n'y a-t-il pas aujourd'hui, armés contre l'Église, contre notre patrie, contre la société, contre nos âmes, des ennemis plus terribles que les Sarrasins et les Turcs ? Que tardons-nous d'imiter nos pères et de recourir à Marie! Hors d'elle quel appui nous reste? N'est-il pas temps de répéter avec ferveur la parole salutaire qui fut le signal de la Rédemption du monde : Angelus Domini nuntiavit Mariæ!
Manière dont nos pères récitaient l'Angelus…
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Louis- Admin
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Manière dont nos pères récitaient l'Angelus.Saint Charles Borromée.
En tête de ces intelligents conservateurs de l'Angelus, apparaît le grand archevêque de Milan, saint Charles Borromée. « Lorsqu'il entendait sonner l'Angelus, écrit son historien, il se mettait aussitôt à genoux pour le réciter, quel que fût le lieu où il se trouvât, fût-ce au milieu de la boue, ainsi que je l'ai vu moi-même. S'il était à cheval, il descendait pour le dire à genoux 1. »Saint Alphonse de Liguori.
À la suite de l'illustre cardinal, nous trouvons, deux siècles plus tard, marchant sur ses traces, un autre pontife trois fois célèbre par sa science, par sa sainteté et par sa tendre dévotion envers Marie : j'ai nommé saint Alphonse de Liguori. Écoutons l'auteur de sa vie.
« Le matin, à midi et le soir, il ne manquait jamais de dire l'Angelus. S'il était en voyage, au premier son de la cloche, il se mettait à genoux, tout évêque qu'il était, et cela en public, à la grande édification de tous ceux qui le voyaient.
« Sur la fin de sa vie, étant devenu sourd, il voulait être averti du son de la cloche, afin de faire la même chose, Arrivait-il qu'il prît son repas, il faisait retirer la petite table qui était devant lui, se jetait à genoux, la fourchette à la main, et restait comme en extase, au point qn'on était obligé de le faire se relever, pour qu'il finît de prendre sa nourriture 2. »
D'ailleurs, qu'est-ce que l'Angelus…
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1. Giussano, Vit. S. Carol.. lib. VIII, c. II.
2. Tannoja, Memorie, etc., et Vit. di S. Alphonso. Monza. 1857.
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Re: L'Angelus, la cloche devenue muette! ( Mgr Gaume)
Ce que nous faisons en disant l’Angelus.
D'ailleurs, qu'est-ce que l'Angelus, et voyons s'il y a de la honte à le réciter, même en public ? Par l'Angelus nous saluons la Reine du ciel et de la terre, la Mère de Dieu et la nôtre ; nous la félicitons de son bonheur, nous proclamons ses gloires, et pour le faire plus dignement, nous empruntons les paroles d'un archange.
Depuis quand est-il honteux, pour un enfant bien né, de saluer sa mère, surtout si sa mère est la plus parfaite des mères ; de la louer et de se réjouir de son bonheur, même publiquement? Honte plutôt, et honte éternelle au fils qui rougirait de le faire.
Par l'Angelus nous remercions Dieu de ses plus grands bienfaits, l'Incarnation de son Fils et la Rédemption du genre humain : incomparables mystères auxquels le monde doit tout, l'abolition de l'esclavage et des sacrifices humains, la réhabilitation de la femme et de l'enfant, la civilisation, la liberté, la sécurité, la supériorité intellectuelle et morale des nations chrétiennes sur celles qui ne le sont pas.
Manifester publiquement sa reconnaissance pour tant de bienfaits, est-ce une honte ? La honte n'est-elle pas à en jouir sans lever les yeux vers le ciel, comme l'animal qui se nourrit de glands, sans regarder la main qui les fait tomber !
Par l'Angelus nous proclamons notre dignité, en nous rappelant à nous-mêmes, et en rappelant à ceux qui l'oublient, que la Reine des anges est notre sœur, le Créateur des mondes, notre frère ; que nous sommes les héritiers de son éternel royaume ; que l'homme n'est pas sur cette terre seulement pour naître, souffrir, mourir et tomber dans le néant; que la vie d'ici-bas n'est pas la vie, mais que la vie commence où elle semble finir, car la mort est grosse de l'immortalité : immortalitate plena est. Où est la honte à professer ces grandes et consolantes vérités?
Par l'Angelus nous demandons à Dieu notre Père et à Marie notre Mère, leur assistance pour la vie et pour la mort. Quoi de plus honorable qu'une pareille prière? elle suppose la plus rare et la plus précieuse de toutes les connaissances, la connaissance intime de nous-mêmes, de nos faiblesses, de nos besoins, des luttes terribles de la vie, et des luttes plus terribles de la mort.
Si la honte est ici, elle est pour le mendiant orgueilleux, que Dieu déteste et que les hommes méprisent 1. Qu'il ait les mains blanches ou les mains noires, qu'il porte un habit de drap ou une veste de bure, ce mendiant orgueilleux est l'homme qui, croyant fièrement n'avoir pas besoin de Dieu, ne prie pas ou va jusqu'à se moquer de ceux qui prient. A lui la honte. Sépulcres blanchis, nous vous connaissons, nous savons quelle pourriture vous renfermez, et, pour peu qu'on vous approche, quelle odeur infecte vous exhalez : Sepulcra dealbata plena ossibus mortuorum. (...)
Comme tu vois, mon cher Frédéric, la honte est pour ceux qui, par indifférence, par respect humain ou par mépris, ne récitent pas l'Angelus, tandis que la gloire est pour ceux qui le récitent. Sachons donc être libres et non esclaves. D'ailleurs, quoi que nous fassions, nous ne parviendrons jamais à plaire à tout le monde. Nous déplairons aux uns par le même endroit par lequel nous aurons cru plaire aux autres.
Nous ne sommes pas plus puissants que Dieu lui-même. D'un mot, il a pu créer le ciel et la terre; mais, descendu parmi les hommes, il n'a jamais pu, malgré ses miracles et ses bienfaits, plaire à tous. Contentons-nous d’y voir pour nous le témoignage de notre conscience et l'approbation des gens de bien : le mépris des méchants est une gloire.
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1. Odivit anima mea... Pauperem superbum. (Eccl., XXV, 4.) — Odibilis coram Deo est et hominibus superbia. (id.., x, 7.)
FIN.
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