Crescent : Qui est-il ?
Page 1 sur 1
Crescent : Qui est-il ?
CrescentI
La seconde Épître à Timothée fut écrite pendant la seconde captivité de saint Paul. Suivant la tradition de l'Église de Rome, la dernière captivité de saint Paul et de saint Pierre dura neuf mois ; ils la subirent dans l'affreuse prison Marmertine, d'où ils sortirent pour aller à la mort.
L'Apôtre mande à Timothée de venir au plus tôt, parce que Luc est seul avec lui; c'est-à-dire que Luc seul étant libre ne peut faire ses commissions et lui rendre les services dont il a besoin. « Ne manquez pas, lui écrit-il, de m'apporter le manteau que j'ai laissé chez Carpus; surtout n'oubliez pas mes livres et mes manuscrits. »II
Qui a vu la prison souterraine de saint Paul, comprend sans peine combien un manteau était nécessaire au prisonnier. Au vêtement indispensable pour mettre tant bien que mal son corps chargé de chaînes à l'abri du froid et de l'humidité de son ténébreux cachot, le grand Apôtre veut qu'on ajoute, pour la nourriture et la consolation de son âme, les livres divins. Admirable amour des saintes Écritures et grande leçon pour nous !III
Dans cette Épître on trouve rapportés des faits antérieurs à la seconde captivité de l'Apôtre et on se demande pourquoi il écrit à Timothée des choses passées depuis plusieurs années et que Timothée devait certainement connaître. Voici quelques-uns de ces faits.
Saint Paul dit qu'Alexandre, l'ouvrier en cuivre, lui a fait beaucoup de mal ; que, dans sa dernière défense, personne ne lui est venu en aide, mais que tous l'ont abandonné; enfin qu'il a envoyé Crescent prêcher dans les Gaules.
Il est vrai, répondent les interprètes, ces faits étaient passés depuis neuf ans, et…
Dernière édition par Louis le Dim 29 Mar 2020, 4:54 am, édité 1 fois (Raison : Inserton du lien de Carpus.)
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Crescent : Qui est-il ?
CrescentSUITEIV
Il est vrai, répondent les interprètes, ces faits étaient passés depuis neuf ans, et Timothée ne pouvait pas les ignorer, mais il ne les connaissait pas par saint Paul lui-même. Pendant ces neuf années le grand Apôtre prêchant en Espagne et ailleurs, était très éloigné de Timothée et ne lui avait point donné de ses nouvelles directement et par écrit.
Revenu à Rome pour subir sa seconde captivité et de là marcher au martyre, on comprend qu'il ait tenu à informer son bien-aimé disciple de tout ce qui lui était arrivé, soit afin de l'encourager, soit afin d'instruire les siècles futurs de ses travaux et de ses combats.V
Étant donnée cette explication nécessaire pour bien comprendre la lettre du grand Apôtre, venons à la vie de Crescent.
Né probablement en Orient, Crescent fut un des premiers disciples de Notre-Seigneur. Compagnon fidèle de saint Pierre et de saint Paul, longtemps il suivit pas à pas les deux grands Apôtres. Avec saint Pierre il passa en Espagne et en Afrique.
Étant arrivé à Carthage, en compagnie de quelques disciples de saint Jacques, ils prêchèrent la parole de Dieu dans celte ville, qui la reçut avec avidité et avec fruit.
Alors saint Pierre devant retourner en Orient et parcourir le reste de l'Afrique et l’Égypte, laissa à Carthage Crescent en qualité d'évêque de cette ville, ou bien de premier fondateur des Églises de cette province (1).VI
Mais les idolâtres ayant persécuté les chrétiens, mirent à mort saint Théodore, disciple de saint Jacques, avec saint Irénée, son diacre, saint Sérapion et Ammonius, lecteurs.
Saint Crescent fit donner la sépulture à saint Théodore et, conformément au désir exprimé par ce saint martyr, il fit transporter son corps en Galice, où il l'accompagna. Les Papes saint Léon IV et Calixte II attestent le fait.
Avant de quitter Carthage, saint Crescent établit un évêque qui le remplaça sur ce siège…
_______________________________________________________________
(Petrus) venit Sirmium civitatem hispanico, quo in loco, cum Epaenetum constituisset episcopum, devenit Carthaginem civitatem Africae, in que Crescentem ordinavit episcopum. Metaphr, apud Bivar. in Chron. L. Dext., an, 71, n. 5.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Crescent : Qui est-il ?
CrescentSUITEVII
Avant de quitter Carthage, saint Crescent établit un évêque qui le remplaça sur ce siège. D'Espagne il retourna à Rome, et dans la compagnie de saint Paul évangélisa l'Asie, la Galatie, peuplée par les Gaulois, la Macédoine et l'Illyrie.
Avec sa générosité ordinaire le grand Apôtre se sépare de ce cher disciple pour l'envoyer porter l'Évangile dans les Gaules.
C'est ce que nous apprend l'Apôtre lui-même dans sa lettre à Timothée : « Crescent est parti pour la Galatie : Crescens in Galatiam. » Ici se présentent deux questions : Quel est le pays désigné par le mot de saint Paul? Dans quelles circonstances saint Crescent est-il venu y prêcher l'Évangile?VIII
Par la Galatie, il faut entendre la Gaule, notre chère France, la fille aînée de l'Église, qui, à ce titre, devait jouir de l'insigne privilège d'avoir pour Apôtres et pour Pères les intimes amis du Sauveur, les plus chers disciples des Apôtres, et même saint Pierre et saint Paul en personne.
Sur la prédication de saint Crescent dans les Gaules, la tradition est unanime, elle a pour témoins : saint Épiphane, saint Dorothée, Eusèbe de Césarée, Théodoret, saint Jérôme, saint Sophrone, OEcumenius et toutes les Églises orientales.
Saint Épiphane en particulier est on ne peut plus explicite, voici ses paroles. Dans ses lettres l'Apôtre dit : « Crescent est parti pour la Gaule, non pour la Galatie, comme quelques-uns le pensent par erreur, mais il faut lire pour la Gaule (1). »IX
La même tradition est acceptée et vigoureusement défendue par l'archevêque de Marca, dans sa lettre à Henri de Valois. Baronius n'hésite pas à la tenir pour incontestable, Au 27 juin, on lit dans le Martyrologe romain : « En Galatie, naissance de saint Crescent, disciple de saint Paul, qui, passant dans les Gaules, convertit par la parole de la prédication un grand nombre d'infidèles à la foi de Jésus-Christ. Étant ensuite retourné vers le peuple à qui il avait été spécialement donné pour évêque, et ayant affermi les Galates dans l'œuvre du Seigneur, jusqu'à la fin de sa vie, il accomplit son martyre sous Trajan. »
Le 29 décembre, le même Martyrologe s'exprime ainsi : …
____________________________________________________________________________________________________
(1) In Epistolis suis Apostolus dicit : Crescens in Galliam, non enim, in Galatiam, ut quidam decepti putant, sed, in Galliam, legendum est. (In Passer. Haeres., 51).
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Crescent : Qui est-il ?
CrescentSUITEX
Le 29 décembre, le même Martyrologe s'exprime ainsi : « A Vienne, en France, saint Crescent, disciple de saint Paul, et premier évêque de cette ville. »
Baronius pense qu'il s'agit ici de la translation du saint. Quoi qu'il en soit, il résulte des données du Martyrologe que saint Crescent prêcha d'abord dans la province de l'Asie Mineure, appelée Galatie, parce qu'elle fut peuplée par une colonie de Gaulois ; et ensuite dans cette partie de la Gaule Viennoise; enfin, après plusieurs courses apostoliques même dans la Gaule Belgique jusqu'à Mayence, il repartit pour sa première mission de Galatie, et souffrit le martyre sous Trajan, sans que l'histoire nous fasse connaître au juste le lieu de son martyre.XI
Cependant la ville de Mayence, appuyée sur de nombreux et très anciens monuments, assure que saint Crescent, son premier apôtre, a été mis à mort dans son territoire.
En conséquence, cette ville lui a érigé une église remarquable par sa beauté, dans laquelle on lit l'inscription suivante :Crescentis fuit clarum sacra Pagina nomen,
Dum tibi fidus erat, Paule Beate, comes.
Inde sed occiduas Gallorum cessit ad oras,
Ut Christi prompto spargeret ore fidem.
Bisque maguntinis undenis praefuit annis,
Et vita clarus, clarus et eloquio.
Martyrium tulit, Trajano Principe, Christi
Cum decades denas auxerat una trias.
Voici le texte de cette ancienne inscription :
« L'Écriture a rendu célèbre le nom de Crescent, lorsqu'il était, ô Bienheureux Paul, votre fidèle compagnon. Mais il vint dans les plages septentrionales des Gaules, afin d'y répandre avec ardeur la foi de Jésus-Christ. Vingt-deux ans, il gouverna Mayence, illustre par ses vertus et par son éloquence. Enfin, il souffrit le martyre sous l'empereur Trajan, l'an 103 de Notre-Seigneur. »
Nous l'avons déjà fait remarquer : ces courses incessantes des premiers…
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Crescent : Qui est-il ?
CrescentSUITEXII
Nous l'avons déjà fait remarquer : ces courses incessantes des premiers missionnaires de l'Évangile, leurs passages rapides d'Orient en Occident et leurs retours non moins rapides d'Occident en Orient, n'ont rien qui doivent étonner : cette activité prodigieuse entrait dans les conditions divines de leur apostolat. Le temps pressait; il fallait se hâter afin de vérifier la prédiction de leur divin Maître, suivant laquelle l'Évangile devait avoir fait le tour du monde avant la ruine de Jérusalem.XIII
Reste une seconde question à examiner : Dans quelle circonstance saint Crescent vint-il prêcher dans les Gaules et fonder l'Église de Vienne? En réunissant les témoignages des anciens, on répond que saint Crescent prêcha, d'abord, avec saint Pierre en Afrique et avec saint Paul dans la Galatie orientale, et qu'il vint ensuite de Rome dans la Galatie proprement dite, située à l'Occident, c'est-à-dire la Gaule.
Suivant la chronique de saint Adon, son arrivée en France date du voyage de saint Paul en Espagne.XIV
Or, ce voyage se rapporte à l'an 61 de Notre-Seigneur, la dix-septième de saint Pierre à Rome, et la cinquième du règne de Néron. Voici les paroles de saint Adon : « Lorsque saint Paul, délivré de sa prison de Rome, alla en Espagne, il laissa Trophime à Arles et Crescent à Vienne pour y prêcher l'Évangile. »
Dans les Antiquités de l'Église de Vienne se trouve une lettre du pape Paul II à Charlemagne, où il est dit que cette Église eut pour fondateur et pour maître saint Crescent, collègue des Apôtres.XV
La prédication du saint évêque ne fut pas stérile. Loin de là; dès le IIe siècle, on voit l'Église de Vienne marcher l'égale de l'Église de Lyon, fournir d'illustres martyrs pendant la persécution de Marc-Aurèle et signer la lettre admirable que les chrétiens d'Occident adressèrent à leurs frères d'Orient, pour les informer des glorieux combats des athlètes de la foi.XVI
L'Église catholique est toujours la même. Les relations envoyées en Europe par nos missionnaires du monde entier [note de Louis : en 1893] , ne sont autre chose que la continuation de cette fraternelle correspondance de nos Pères des premiers siècles. Que leur foi et leur charité soient les invariables modèles de leurs enfants !
Voir : Bar., an. 59, n. 10; an. 61, n. 2 et 3; Id. Annot. ad Martyr., 4 jun. et 29 decemb.; Bivar. Comment. an. 41, n. 5; Cor. a Lap., in II, ad Timoth. IV, 10; M. Maistre, p. 404 et suiv., etc., etc.
FIN.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum