Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
FIN.LA PURIFICATON DE LA SAINTE VIERGE.[SUITE]
…Le pape Serge Ier, comme il parait d'après l'Ordo romain, y ajouta la procession avec les cierges, afin de représenter plus sensiblement le mystère qui s'est accompli en ce jour dans le Temple de Jérusalem, lorsque ces quatre personnes, Marie, Joseph, Siméon et Anne, faisant comme une procession, portèrent chacun à leur tour l'enfant Jésus, qui était véritablement le flambeau qui éclairerait les Gentils, et la lumière qui dissiperait les ténèbres du monde.
C'est pour ce sujet que l'Église, qui est toujours conduite par le Saint-Esprit, ordonna cette cérémonie de porter des cierges allumés à la procession (a). Ce qui ne s'observait pas seulement, écrit le vénérable Bède, en cette fête de la Purification de Notre-Dame, mais aussi en toutes ses autres solennités; d'où peut être venue la pratique qui s'observe encore aujourd'hui aux processions des confréries établies à l'honneur de la sainte Vierge.
Voilà ce que nous avions à dire de la substance de ce mystère et de l’établissement de la fête que l'Église célèbre en ce jour. Que si quelqu'un désire voir un plus ample discours sur cette matière, afin d'entretenir son esprit dans la dévotion, il n'en saurait trouver, à mon avis, de plus propre que ce qu'en a écrit le R. P. Louis de Grenade, particulièrement dans une méditation qu'il a faite exprès, sur ce sujet, en ses Additions au Mémorial, au livre de l'Amour de Dieu, où je renvoie le lecteur pour ne le pas arrêter davantage. Quant au vénérable Siméon, l'Église en célèbre la mémoire le 8 octobre, et celle de sainte Anne, la prophétesse, le 1er septembre, comme on peut le voir dans le Martyrologe romain.
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(a) De là aussi le nom de Chandeleur que les fidèles donnent communément à cette fête.
A suivre: ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.
EST ici la consommation des mystères de l'auguste Vierge Marie, et celui où elle a reçu les derniers ornements de son incomparable dignité de Mère de Dieu. C'est ici sa véritable pâque, où, après avoir goûté quelque temps l'humiliation de la mort, elle est passée, par la résurrection, dans l'état d'une vie glorieuse et immortelle, pour être parfaitement semblable à son Fils ressuscité.
Saint Bernard témoigne qu'il n'en peut parler qu'avec joie ; mais il proteste, en même temps, qu'il est saisi de crainte et d'épouvante lorsqu'il fait réflexion sur la profondeur et l'éminence de ce sujet ; parce que la gloire de Marie est quelque chose de si relevé au-dessus de toutes sortes de discours et de pensées, qu'on ne peut rien dire ni concevoir qui ne soit infiniment au-dessous de ce qu'elle est en effet.
Nous aurions sans doute beaucoup plus de raisons que ce saint Docteur, d'entrer dans ces sentiments de crainte et de frayeur, nous qui n'avons que des lumières extrêmement faibles et bien éloignées de la splendeur et de la pureté de celles dont son esprit était éclairé ; mais nous ne pouvons pas nous dispenser de découvrir ici, aux fidèles, ce que les Pères de l'Église nous apprennent de notre mystère, et ce que l'on en peut recueillir de divers passages de l'Écriture, au moins selon leur sens anagogique.
Il a déjà été marqué…
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Louis- Admin
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Il a déjà été marqué, en la vie de cette auguste Princesse de l'univers, qu'après l'ascension de son Fils et la descente du Saint-Esprit, elle demeura encore vingt-trois ans et quelques mois sur la terre, c'est-à-dire, jusqu'à la 72e année de son âge, et la 57e année du Sauveur. Il est vrai que cette opinion n'est pas suivie de tout le monde, et qu'il y en a encore sept ou huit autres rapportées en ce jour par Tamayo Salazar, en son Martyrologe d'Espagne, et soutenues par divers auteurs ; mais c'est celle que le cardinal Baronius juge la plus probable, et qui est, en effet, la plus conforme à ce que nous avons de certain sur la chronologie des voyages de saint Paul et de saint Denis l'Aréopagite, qui se trouvèrent à Jérusalem au temps du décès de Notre-Dame.
On pourrait s'étonner que Notre-Seigneur, qui avait tant de respect et d'amour pour elle, et qui lui voulait tout le bien qu'un tel Fils pouvait souhaiter à une telle Mère, ne l'ait pas emmenée avec lui lorsqu'il est monté dans le ciel, et qu'il l'ait laissée si longtemps dans les misères et les calamités de cette vie, séparée de sa présence sensible et privée de la gloire que ses actions toutes saintes et ses douleurs au pied de la croix, lui avaient si justement méritée ; mais il a eu de grandes raisons pour ne la pas enlever si tôt dans le ciel; car,
1° par ce délai, il lui a donné lieu d'augmenter infiniment ses mérites et de gagner une couronne incomparablement plus belle et plus éclatante que celle qu'elle aurait eue si elle était décédée dès le temps de l'Ascension; puisque, dans les vingt-trois ans qu'elle a survécu, elle n'a pas été un moment sans agir surnaturellement dans toute l'étendue de sa grâce et avec toute la perfection qu'elle pouvait agir : ce qui lui a acquis des trésors de gloire qui ne se peuvent comprendre ;
2° par ce délai il a pourvu aux besoins de son Église naissante, en lui laissant, en la personne de cette auguste Vierge, une Mère pour l'élever, une Gouvernante pour la conduire, une Maîtresse pour l'instruire, un Modèle pour la former et lui servir d'exemple, et une Reine pour l'encourager et la fortifier au milieu des persécutions des Juifs et des Gentils. Aussi, c'est elle qui a encouragé les Apôtres, qui a découvert aux saints Évangélistes les plus grands secrets de la vie cachée de son Fils, qui a encouragé les premiers martyrs, et qui a, dès-lors, inspiré aux vierges et aux veuves continentes l'amour de la pureté; et l'on ne peut croire combien sa présence a servi, dans ces commencements du Christianisme, à soutenir les ouvriers évangéliques, à édifier les nouveaux convertis , à régler les bonnes mœurs et à établir la véritable piété.
Saint Anselme ajoute que, par ce délai, Notre-Seigneur a préparé à sa Mère un triomphe beaucoup plus éclatant et plus glorieux qu'il n'aurait été auparavant, soit parce qu'au bout de ce temps elle était chargée de plus de victoires, la foi chrétienne ayant déjà été publiée par ses soins dans les principales parties de la terre, soit parce qu'il y avait alors plus de Saints dans le ciel, pour la venir recevoir et pour lui faire l'accueil qui était dû à son éminente dignité de Mère de Dieu et de Souveraine du monde.
Supposant donc, comme une chose constante…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Supposant donc, comme une chose constante, qu'il a été fort à propos, non-seulement que son entrée dans le ciel fût séparée de l'Ascension de son Fils, mais aussi qu'elle fût différée de plusieurs années, pour la rendre plus éclatante et plus magnifique, la piété nous oblige maintenant à faire une sérieuse réflexion sur toute la suite et les circonstances d'un événement si glorieux. Il y a huit choses principales que nous y devons considérer :
1° le précieux décès de la Sainte Vierge, auquel quelques Pères de l'Église ne donnent, par respect, que le nom de sommeil ;
2° la glorification de son âme au moment de son décès ;
3° la sépulture de son corps au bourg de Gethsémani ;
4° sa résurrection et la réunion de son corps et de son âme ;
5° son assomption en corps et en âme dans le ciel;
6° son couronnement des mains de la très-adorable Trinité;
7° l'empire et le pouvoir absolu qui lui ont été donnés, l'étendue de ses influences, la force de sa protection et la nécessité que nous avons de son secours pour éviter les pièges de Satan et pour arriver au port de salut ;
8° enfin les manières saintes de l'honorer et de mériter son amitié et son assistance.
Ce sont aussi huit points qui peuvent composer son octave et servir de sujet de méditation dans les huit jours où l'Église en célèbre sa fête.
Pour ce qui est du décès de notre Reine…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Pour ce qui est du décès de notre Reine, il n'en faut nullement douter. Elle était digne de ne point mourir; mais elle n'a pas laissé de goûter la mort. Il est vrai que quelques Pères de l'Église ont, autrefois, témoigné n'en être pas assurés et n'en vouloir rien déterminer, comme saint Épiphane, sur l'Hérésie 78 ; il dit qu'il ne veut point décider si la Mère de Dieu a passé par la mort, ou si elle est demeurée immortelle ; mais l'Église dit clairement qu'elle est morte, par ces paroles de son oraison secrète de la messe de ce jour : Quam etsi pro conditione carnis migrasse cognoscimus: — Nous reconnaissons qu'elle est morte selon la condition de la chair. Et tous les Docteurs tiennent cette proposition pour certaine; on ne peut maintenant la combattre sans témérité.
Toute la difficulté est de savoir pourquoi et par quel titre elle est morte…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Toute la difficulté est de savoir pourquoi et par quel titre elle est morte ; car il est certain que la mort a été le châtiment du péché, et qu'elle n'est entrée dans le monde que par cette voie. Par un homme, dit saint Paul, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et, de cette manière, la mort s'est répandue sur tous les hommes. Or, la Sainte Vierge n'a ni contracté ni commis de péché : d'où vient donc qu'elle a été sujette à la mort ?
Il est vrai que Jésus-Christ, son Fils, qui, non-seulement n'a point fait de péché, mais aussi était impeccable par nature, à cause de l'union substantielle de son humanité avec la sainteté infinie de l'Être divin, n'a pas laissé d'être mortel et de mourir effectivement sur la croix ; mais il y a bien de la différence entre le Fils et la Mère; car Jésus-Christ est mort, parce qu'il s'était chargé de tous les péchés du monde, qu'il avait accepté d'en porter toute la peine, et que, comme Sauveur et Rédempteur du genre humain, il devait être puni pour les crimes de tous les hommes; mais, pour la Sainte Vierge, elle n'a point été chargée de nos péchés, sa mort n'était point un moyen que Dieu eût choisi pour notre rédemption ; et, quoique quelques saints Docteurs lui donnent le nom de Rédemptrice, ce n'est point qu'elle nous ait rachetés par ses peines et ses mérites, mais seulement parce qu'elle a contribué, par sa maternité, à l'œuvre incomparable de notre rédemption.
Pourquoi donc est-elle morte, et par quelle raison a-t-elle été engagée à mourir ?
Je réponds qu'elle n'est pas morte pour le péché, ni par le péché, puisqu'elle n'a jamais été coupable d'aucun défaut, et que le péché n'a pu avoir aucun pouvoir sur elle; mais elle est morte parce que, d'un côté, elle était d'une nature mortelle, comme étant composée de chair et d'os et des quatre premières substances dont le combat mutuel est la source de la corruption et de la mort, et que, de l'autre, Notre-Seigneur n'a pas jugé à propos de l'exempter de mourir, comme il en eût exempté les hommes dans l'état de la justice originelle ; mais seulement de lui donner une mort choisie et précieuse, qui ne vint pas de vieillesse, ni de maladie, ni d'une violence extérieure , mais d'une cause plus noble : la véhémence du pur amour.
Le péché, néanmoins, a été l'occasion de sa mort ; car, si Adam n'eût point péché, ou elle n'aurait jamais été au monde, selon la doctrine de saint Thomas, qui dit que : sans le crime du premier homme, le Verbe divin ne se serait point incarné; ou, si elle avait été, elle n'aurait pas passé par la mort, non plus que les autres hommes, et c'est en ce sens que saint Paul dit que, par le péché, la mort est entrée dans ce monde : ce qui est véritable, non-seulement de la mort des hommes pécheurs, mais aussi de la mort de Jésus-Christ et de celle de Marie, qui n'ont point péché.
Au reste, Notre-Seigneur n'a pas donné à sa Mère cette exemption qu'il lui pouvait donner, et dont elle était très-digne pour…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Au reste, Notre-Seigneur n'a pas donné à sa Mère cette exemption qu'il lui pouvait donner, et dont elle était très-digne pour plusieurs excellentes raisons :
1° afin qu'elle eût plus de ressemblance avec lui en mourant et ressuscitant comme il est mort et ressuscité;
2° afin qu'elle ne fût pas privée du mérite inestimable du sacrifice de sa propre vie, lequel a été d'autant plus relevé, que sa vie était la plus excellente de toutes les vies, après celle de Dieu ; qu'elle n'avait nullement mérité de la perdre ; que, selon quelques Docteurs, son Fils lui fit offre de ne point mourir, et qu'enfin, elle choisit la mort par conformité à la sienne, avec un amour et une ferveur qui ne se peuvent comprendre ;
3° afin qu'en mourant elle adoucit et diminuât la peine que nous avons tous à mourir. En effet, pourquoi ne recevrions-nous pas de bon gré la juste sentence de mort qui a été donnée contre nous, après que Marie, notre Princesse et notre Reine; Marie, le Miroir sans tache de toute sainteté ; Marie, la Mère de notre Dieu, n'a pas voulu être exempte de cette misère générale de notre nature, et que, ne devant rien à la mort, elle n'a pas laissé d'y être sujette ?
Ne devons-nous pas aussi reconnaître par là que la mort n'est pas un si grand mal que nous nous l'imaginons, puisque, si elle était si mauvaise qu'on la conçoit, Dieu ne l'aurait pas donnée aux deux personnes les plus chères et les plus précieuses qu'il ait jamais eues sur la terre, je veux dire à Jésus et à Marie ;
4° afin que, comme Jésus-Christ nous avait donné l'exemple de la plus constante et de la plus héroïque de toutes les morts violentes, Marie nous donnât l'exemple de la plus sainte de toutes les morts tranquilles et naturelles; et que, nous ayant appris à bien vivre, elle nous apprit aussi à bien mourir, qui est mourir avec soumission à la volonté de Dieu et avec allégresse, mourir avec un esprit pur et dégagé de toutes les choses de la terre, et mourir avec un cœur brûlant et consumé des ardeurs du saint amour;
5° afin que, par sa mort, elle devînt l'Asile, l'Avocate et la Patronne de tous les mourants; que nous eussions plus de hardiesse de l'invoquer en cette dernière heure et plus de confiance en sa bonté, et qu'elle-même fût plus portée à nous y secourir.
Une grande âme de ce temps dit avoir connu, par révélation, qu'en récompense du choix qu'elle fit de mourir lorsque Notre-Seigneur lui offrit de la transporter toute vivante dans le ciel, sans avoir goûté la mort, elle reçut un pouvoir souverain d'assister à l'article de la mort les personnes qui l'invoqueraient, et de leur procurer la grâce d'une sainte mort.
Ajoutons à toutes ces raisons que Notre-Seigneur ne l'a pas exemptée de la mort, afin qu'en mourant elle établit et confirmât les mystères de notre foi et qu'elle détruisit les hérésies qui lui sont contraires; car il est né depuis ce temps-là des hérétiques, les Manichéens et les Collyridiens, qui ont nié la vérité de la chair de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge, et ne leur ont attribué que des corps d'une substance céleste, ou des corps d'air. Or, il n'y a rien qui renverse si solidement ces hérésies, que la mort de la Sainte Vierge, puisqu'elle fait voir qu'elle était d'une nature fragile et mortelle comme nous, et que, bien qu'elle n'eût pas le péché et les maux spirituels du premier homme, elle était néanmoins sa fille et avait une chair semblable à la sienne.
Il était donc arrêté dans le conseil de Dieu…
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Louis- Admin
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ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Il était donc arrêté dans le conseil de Dieu que la Sainte Vierge n'arriverait à la gloire qui lui était destinée qu'en goûtant la mort; Notre-Seigneur, quelque temps auparavant, lui envoya un des premiers anges de sa cour pour lui annoncer que le moment de sa récompense était proche; on croit que ce fut saint Gabriel, celui qui lui avait annoncé l'incarnation du Verbe divin dans son sein, et à qui, selon saint Ildefonse : Tota illius causa commissa esse predicatur : — La charge de tout ce qui lui appartenait avait été donnée.
On peut aussi se persuader, avec Siméon Métaphraste, Cédrène et Nicéphore, qu'il avait une palme à la main pour marquer le triomphe dont ses vertus l'avaient rendue digne, et qu'il était accompagné de plusieurs autres esprits célestes, dont la visite et l'entretien ne lui étaient nullement nouveaux et extraordinaires.
Comme depuis l'Ascension de son Fils, sa vie n'avait été qu'une vie de langueur, et qu'elle demandait continuellement d'être réunie à celui qu'elle avait conçu et porté dans ses chastes entrailles, on ne peut comprendre la joie et la consolation avec lesquelles elle reçut ce bienheureux message du ciel : elle était alors à Jérusalem dans la maison du Cénacle, où tant de mystères de notre religion ont été accomplis, et que l'on a depuis changé en une église, appelée la Sainte-Sion, et elle y priait à son oratoire pour la conversion du monde et la propagation de la foi.
Sa réponse fut courte, mais admirable, puisqu'on croit qu'elle dit les mêmes mots qu'elle avait prononcés en son Annonciation: Voici la Servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon votre parole. Elle invita en même temps les anges à l'aider à remercier le souverain Seigneur du nombre infini des grâces qu'elle avait reçues de sa bonté, et, s'étant élevée en Dieu par un nouvel effort d'amour, elle réitéra le sacrifice de sa vie qu'elle avait déjà fait une infinité de fois.
Ensuite, elle avertit saint Jean de ce qui devait arriver bientôt, et saint Jean en informa tous les fidèles de Jérusalem, afin de les préparer à cette perte, et de les engager à profiter le plus qu'ils pourraient du reste des moments qu'ils avaient encore à jouir de la présence de leur chère maîtresse.
On ne peut croire la douleur qu'en ressentit ce saint Apôtre et toute l'Église de la ville et des environs. Ce n'est pas qu'ils enviassent à Marie le bonheur dont elle allait être comblée; mais, sachant que c'était un bien qui ne pouvait pas lui manquer, ils eussent bien désiré qu'elle ne leur eût pas été ôtée si tôt. On dit que plusieurs créatures privées de raison, comme des oiseaux et d'autres animaux, et même quelques créatures insensibles, témoignèrent, en leur manière, un vif ressentiment de ce départ; mais, puisque les anciens auteurs n'en parlent pas, nous n'en dirons rien.
Cependant, Notre-Seigneur, pour donner à sa très-sainte Mère une dernière consolation sur la terre…
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ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Cependant, Notre-Seigneur, pour donner à sa très-sainte Mère une dernière consolation sur la terre, lui voulut encore faire voir avant sa mort les Apôtres qui étaient répandus dans le monde pour la prédication de l'Évangile, avec les plus célèbres de leurs disciples. Saint Denis l'Aréopagite, en son livre des Noms divers, chapitre 3, dit « qu'ils s'assemblèrent à Jérusalem pour y voir ce corps bienheureux qui a donné naissance à la Vie, et qui a reçu Dieu dans son sein : Quod vitœ principium dedit, et Deum ineffabili modo suscepit. »
Et il nomme, entre ceux qui s'y trouvèrent, saint Jacques, frère du Seigneur, et saint Pierre, le souverain chef des théologiens, c'est-à-dire des prédicateurs de la parole divine, avec les autres princes de la hiérarchie ecclésiastique ; de plus, saint Jérothée, saint Timothée, et plusieurs de leurs saints frères, du nombre desquels il était lui-même.
Juvénal, patriarche de Jérusalem, saint André de Crète, saint Jean Damascène, et d'autres Pères ajoutent que les Apôtres y furent transportés dans une nue et par le ministère des anges : ce n'est pas qu'ils n'y pussent aller par des voies ordinaires, étant avertis de bonne heure du temps du trépas de la Vierge, mais Dieu fait quelquefois en faveur de ses amis, d'une manière miraculeuse, ce qu'il pourrait faire sans miracle ; ainsi, bien qu'il pût envoyer quelqu'un de Babylone à Daniel, pour le nourrir dans la fosse aux lions qui était proche, il lui fit néanmoins venir de Judée, par le milieu de l'air, un saint prophète nommé Habacuc, qui lui apporta le dîner qu'il avait préparé à ses moissonneurs ; et, bien qu'il pût conduire saint Philippe, diacre, à Azore, par le chemin des autres voyageurs, il l'enleva néanmoins subitement de la compagnie de l'eunuque de la reine d'Éthiopie qu'il venait de baptiser, et le rendit miraculeusement par une route inconnue dans cette ville.
Pour ce qui est des saints Disciples qui se trouvèrent au décès de Notre-Dame, nous ne pouvons pas assurer qu'ils y aient été amenés de même manière, et il y a plus d'apparence qu'ils s'y rendirent par un mouvement intérieur du Saint-Esprit, qui les pressa de faire ce voyage sans leur en découvrir le véritable sujet.
Je ne m'arrêterai pas à décrire les divers mouvements que ressentirent ces hommes divins, lorsqu'ils surent…
Dernière édition par Louis le Sam 29 Fév 2020, 6:18 am, édité 2 fois (Raison : Orthographe)
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ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Manière de son décès.
Je ne m'arrêterai pas à décrire les divers mouvements que ressentirent ces hommes divins, lorsqu'ils surent qu'ils étaient assemblés pour assister à la mort de leur chère Maîtresse. Elle les reçut avec une joie et une humilité merveilleuses, et, élevant ses yeux et son esprit vers le ciel, elle remercia Dieu de la grâce qu'il lui faisait de lui faire voir ces dignes instruments de sa puissance et ces glorieux prédicateurs de son Évangile.
Je ne trouve aucune impossibilité à ce qu'un auteur de ce temps a écrit, qu'elle les obligea de lui donner leur bénédiction, et de souffrir qu'elle leur baisât les pieds, afin de se disposer par cet acte d'humilité à l'immensité de la gloire où elle allait être élevée. On peut juger néanmoins que, si les Apôtres consentirent à l'un et à l'autre, ce ne fut qu'après beaucoup d'excuses et avec une sainte répugnance.
Les fidèles de Jérusalem accoururent à ce spectacle avec des flambeaux allumés, des odeurs et des parfums précieux, et mêlèrent leurs gémissements et leurs soupirs avec ceux de la troupe apostolique. Marie les consola par un discours admirable, et, leur ayant donné à son tour sa bénédiction plus que maternelle , elle les exhorta à continuer à travailler avec courage à l'établissement de l'Église, qu'elle appelait sa Mère, et dont elle se reconnaissait le membre et la fille ; elle leur promit aussi de les assister puissamment dans le ciel, et d'employer tout son crédit auprès de son Fils pour leur obtenir l'abondance des grâces qui leur étaient nécessaires pour s'acquitter dignement de leurs fonctions, et pour achever l'œuvre de leur propre sanctification.
Elle n'oublia pas non plus de faire son testament ; mais quel testament pouvait faire celle qui s'était dépouillée de toutes choses, et qui, bien que Reine du ciel et de la terre et Souveraine de l'univers, ne possédait ni or, ni argent, ni revenus, ni héritages eu ce monde? Elle en fit un, néanmoins, au moins de vive voix, pour mettre son âme entre les mains de son Dieu, pour laisser son corps à la terre, pour sceller de nouveau le renoncement qu'elle avait fait à toutes les choses d'ici-bas, pour léguer aux chrétiens qui lui seraient dévots le prix de ses larmes et de toutes les saintes actions de sa vie, et pour prier saint Jean de donner à deux filles qui l'avaient assistée, le peu d'habits dont elle s'était servie, et qu'ils trouveraient après sa mort : c'étaient seulement deux tuniques.
Elle n'était nullement malade, et, quoiqu'elle eût 72 ans, il ne paraissait néanmoins en elle aucun signe de vieillesse, son visage s'étant toujours maintenu dans son ancienne beauté. On y voyait même un nouvel éclat, qui montrait bien que l'âme qui y logeait se sentait déjà des approches de l'éternité.
Il ne faut donc point s'imaginer qu'elle fût couchée, ni qu'on lui rendit les devoirs que l'on rend ordinairement aux malades.
Elle ne reçut point le sacrement de la Pénitence ni celui de l'Extrême-Onction, parce que, n'ayant point de péchés, qui sont les sujets de ces Sacrements, elle n'en était pas capable : mais il ne faut point douter qu'elle ne reçût le sacrement de l'Eucharistie en qualité de Viatique, comme elle le recevait tous les jours en qualité de vie de son âme : ce qu'on peut croire qu'elle fit à la messe de saint Pierre.
Enfin, le moment de son passage étant venu, Jésus-Christ, son Fils bien-aimé, selon le témoignage de…
Dernière édition par Louis le Lun 02 Mar 2020, 6:23 am, édité 1 fois
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.Manière de son décès (suite).
Enfin, le moment de son passage étant venu, Jésus-Christ, son Fils bien-aimé, selon le témoignage de saint Jean Damascène, de Métaphraste et de Nicéphore, qui l'ont appris de l'ancienne tradition, descendit du ciel en terre, avec toute la cour céleste, pour recevoir le dépôt sacré de son esprit bienheureux. La Sainte Vierge lui rendit alors la plus parfaite adoration qu'il ait jamais reçue et qu'il doive jamais recevoir sur la terre, et lui baisa humblement les pieds. Notre-Seigneur lui dit qu'il la venait chercher pour lui faire part de sa gloire et la placer dans le ciel, à sa droite, comme son Père l'avait placé lui-même à la droite de sa Majesté divine. Que votre volonté soit faite ! répondit Marie, il y a longtemps, mon Fils et mon Dieu, que je soupire après vous, et rien ne peut m'être plus agréable que de vous suivre, et d'être où vous êtes pour toute l'éternité.
Les anges, cependant, entonnèrent un cantique céleste avec une mélodie qui fut entendue de tous les assistants, quoique tous ne vissent pas Notre-Seigneur : « ce qui est d'autant plus croyable, dit Sophrone, dans le sermon de l'Assomption, que nous trouvons des grâces semblables dans les histoires des autres Saints. »
Durant ce cantique, l'adorable Marie, s'inclinant modestement sur sa couche, et, s'étant mise dans la posture où elle voulait être ensevelie, répéta ces mots : Fiat mihi secundum verbum tuum : — Qu'il me soit fait selon votre parole, et ajouta ceux que son Fils avait prononcés sur la croix : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum : — Je remets, Seigneur, mon esprit entre vos mains. Ainsi, les mains jointes, les yeux collés sur son Bien-Aimé, et le cœur tout embrasé de son amour, elle lui rendit son âme, pour être transportée dans son sein, au séjour du bonheur éternel.
« Cette mort, dit saint Damascène, fut sans aucune peine ; de même que son enfantement, lorsqu'elle avait mis Jésus-Christ au monde, avait été sans douleur. Aussi elle n'eut point d'autre cause que la véhémence de son amour, dont sa nature ne put porter davantage le grand effort. La puissance de Dieu l'avait soutenue jusqu'alors au milieu de ce brasier, ce qui lui avait conservé la vie ; mais cette puissance ayant cessé pour un moment son opération, elle cessa en même temps de vivre. En un mot, son âme sortit de son corps comme une flamme très-ardente qui se détache de sa matière pour s'envoler dans sa sphère. »
D'autres Saints sont morts dans l'amour, c'est-à-dire, en aimant Dieu actuellement; mais pour elle, outre qu'elle est morte dans l'amour, elle est morte par l'amour, et c'est l'amour qui lui a ôté la vie naturelle pour lui donner une vie de gloire. Les anges continuèrent de chanter des hymnes à sa louange, et le lieu fut rempli d'une odeur si agréable, que toute la maison en fut parfumée.
Cependant, ce chef-d'œuvre des mains du Tout-Puissant…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Exaltation de son âme dans le ciel.
Cependant, ce chef-d'œuvre des mains du Tout-Puissant, et cet admirable composé du plus beau corps et de l'esprit le plus pur et le plus saint qui fussent entre les créatures, s'étant divisé en ses deux parties, chacune reçut les avantages qui lui étaient propres et dont elle était capable. Pour l'âme, elle fut au même moment enlevée dans le ciel pour y jouir de l'immensité de la gloire qui lui était due. Les anges eurent une joie merveilleuse de se voir possesseurs de ce grand trésor qu'ils avaient si longtemps envié à la terre; mais toute l'adorable Trinité fit paraître une satisfaction indicible, de donner enfin à cette âme bienheureuse la récompense que son amour, qui avait été si pur, si généreux et si constant, lui avait méritée avec tant de justice. L'Église nous fait assez connaître…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Excellence de sa béatitude.
…L'Église nous fait assez connaître, par l'exaltation souveraine qu'elle lui attribue, que nulle béatitude des justes n'est comparable à celle dont elle fut comblée : ce que saint Damascène, saint Ildefonse, saint Anselme et tous les autres Pères nous apprennent d'un commun consentement, dans les sermons et les homélies qu'ils ont faits sur cette fête.
Mais le bienheureux Pierre Damien donne plus de jour à cette vérité, lorsqu'il dit que la gloire qui fut alors donnée à Marie est quelque chose de plus relevé et de plus parfait que toute la gloire des autres Saints ensemble.
Saint Bernardin de Sienne enseigne aussi la même doctrine, et saint Bonaventure, qui vivait entre les deux, et qui ne cédait ni à l'un ni à l'autre en dévotion envers notre auguste Reine, le tire de ces passages de l'Ecriture : Omnia flumina intrant in mare, et mare non redundat :— Toutes les rivières viennent se rendre à la mer, et la mer ne déborde point;— In plenitudine Sanctorum detentio mea : — Ma demeure est dans la plénitude des Saints; — Multæ filiæ congregaverunt divitias, tu supergressa es universas: — Plusieurs filles ont amassé de grandes richesses, mais vous les avez surpassées toutes.
On pourrait aussi le conjecturer de ce que Notre-Dame, au Cantique des cantiques, est comparée au soleil, qui a lui seul plus de lumière que tous les autres astres ensemble, et qu'elle est appelée la Cité de Dieu, la sainte Sion, et la Jérusalem céleste, comme si elle seule était le Paradis tout entier et qu'il ne fallût point d'autre saint qu'elle pour le composer.
En effet, selon saint Bernard et le bienheureux Pierre Damien, nous devons juger de l'excellence de sa gloire, par rapport à la grandeur de la dignité à laquelle elle a été prédestinée. Or, il est certain que la dignité de Mère de Dieu vaut mieux que toutes les prérogatives ensemble qui ont jamais été accordées aux autres Saints; et même le Docteur angélique nous assure qu'elle est en quelque sorte infinie. Il ne faut donc point douter que la Vierge n'ait reçu elle seule plus de gloire, et une vision de Dieu plus pure et plus parfaite que tous les Anges et les autres Saints ensemble.
De plus, toute la théologie…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.Excellence de sa béatitude [suite].
De plus, toute la théologie tombe d'accord que l'excellence de la gloire répond à la grandeur de la grâce, des vertus et des mérites ; comme la béatitude renferme trois choses, savoir : la vision intuitive de Dieu, l'amour béatifique et le plaisir ineffable qui naît de cette vision et de cet amour. La première répond à la pureté de la foi ; la seconde à la ferveur de la charité, et la troisième à la patience dans les afflictions et les persécutions.
Or, la Sainte Vierge a eu elle seule incomparablement plus de grâces, de vertus et de mérites que tous les Anges et tous les Saints ensemble; car, quand nous ne lui donnerions au moment de la Conception, où elle a commencé de mériter, qu'une grâce semblable à celle du premier de tous les Anges, ce qui est néanmoins trop peu pour elle qui était destinée à être la Mère de Dieu et la Reine de tout l'univers, il est clair que, dans près de soixante-treize ans qu'elle n'a jamais cessé de mériter, et qu'elle a reçu à chaque moment un accroissement continuel des dons qui lui avaient été conférés d'abord, elle serait montée à un degré de grâce auquel toute la sainteté des autres créatures ne serait nullement comparable.
Que sera-ce donc si nous disons avec plusieurs grand Docteurs, que sa grâce originelle surpassait elle seule toute la collection des autres grâces créées, excepté celle de l'âme sainte de Jésus-Christ, son Fils, et qu'elle fît au premier moment un acte d'amour et de conversion vers Dieu plus excellent et plus parfait, que n'ont jamais été et ne seront jamais tous les autres actes des pures créatures, suivant ces paroles du Psaume 86 : Fundamenta ejus in montibus sanctis : — Ses fondements sont posés sur les montagnes saintes. À quel degré aura monté sa grâce et sa sainteté dans le point de sa consommation et dans cet heureux moment qui fut le dernier de ses mérites, pour être le commencement de sa récompense. D'ailleurs, on ne peut concevoir ni la force et l'éminence de sa foi, ni l'immensité de sa charité, ni la grandeur de sa patience dans les douleurs les plus aiguës que l'on ait jamais souffertes sur la terre, après celles du Sauveur.
Il faut donc nécessairement avouer que sa récompense et sa gloire dans le ciel font un ordre tout particulier, qui excède tout ce qu'il y a de gloire et de bonheur dans l'ordre des Saints et des intelligences bienheureuses.
Enfin, il est constant que…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.Excellence de sa béatitude [suite].
Enfin, il est constant que l'on est d'autant plus élevé dans l'éternité, que l'on s'est plus abaissé sur la terre par les sentiments d'une humilité sincère ; car cette parole de Notre-Seigneur est véritable : Celui qui s'humiliera sera exalté : ce qui signifie aussi que celui qui s'humiliera davantage sera davantage exalté.
Or, l'humilité de Marie est un abyme sans fond, et qui surpasse tout ce qu'il y a jamais eu d'humilité dans toutes les créatures, puisqu'étant infiniment au-dessus d'elles, elle s'est faite néanmoins la plus petite de toutes et qu'elle s'est abaissée si bas, qu'il n'y avait plus de lieu où elle pût descendre davantage.
C'est de cette manière qu'en parle le dévot docteur saint Bernard : et il dit que c'est pour cela qu'elle est nommée la dernière dans le chap. 1er des Actes des Apôtres, où il est parlé de ceux qui se retirèrent dans le Cénacle, après l'Ascension de Notre-Seigneur, pour y attendre la descente du Saint-Esprit. Non recensetur prima, sed novissima omnium, etiam in infra viduas et pœnitentes, et eam de quâ ejecta erant septem dæmonia quia se ultimam exhibebat.
D'autres saints personnages ajoutent que, dans ce sentiment, elle a toujours empêché les Évangélistes de rien dire en son honneur que ce qui était précisément nécessaire pour expliquer le mystère de l'Incarnation du Verbe et celui de notre Rédemption : il faut donc conclure que son excellence n'a point eu de bornes, et qu'elle a reçu, au moment de son décès, une gloire et une béatitude qui surpassent, sans comparaison, toute celle qui a été donnée aux autres Saints.
Je ne m'arrêterai pas à expliquer ici l'étendue de sa vision béatifique, c'est-à-dire, jusqu'où se porte sa lumière dans les replis de la toute- puissance divine, et ce qu'elle connaît en Dieu de toutes les choses qui ont l'existence et de toutes celles qui la peuvent avoir. C'est une matière trop subtile pour nous arrêter dans un discours où nous n'avons point d'autre dessein que d'instruire les fidèles sur les points les plus nécessaires de nos mystères. Je dirai seulement, en passant, que, selon le sentiment de plusieurs savants théologiens, il n'y a rien de ce qui a été, de ce qui est, ni de ce qui sera hors de Dieu qui lui soit caché, et que, dans le nombre infini des créatures possibles, elle en connaît plus elle seule que tout le reste des bienheureux ensemble.
Revenons maintenant à son corps sacré…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Sa sépulture.
Revenons maintenant à son corps sacré que nous avons laissé sur sa couche environnée des Apôtres et des hommes apostoliques. La douleur, les gémissements et les larmes empêchèrent quelque temps ces saints personnages d'ouvrir la bouche ; mais, revenus à eux, ils commencèrent à chanter des hymnes et des cantiques à la louange de Dieu et de leur divine Maîtresse. Une partie des anges était demeurée auprès de cette précieuse dépouille pour en célébrer les obsèques. Ils continuèrent aussi le chant mélodieux qu'ils avaient commencés avant son décès, et c'était sans doute une musique bien charmante d'entendre d'un côté ces intelligences célestes employer toute leur industrie pour témoigner l'allégresse qu'ils avaient de la gloire où Marie venait d'être élevée; et, de l'autre, le chœur des Apôtres, des disciples et des fidèles élever leurs voix de toutes leurs forces pour seconder l'harmonie de ces chantres du paradis.
Saint Jean Damascène dit qu'après leurs premiers devoirs, ils eurent la hardiesse de baiser ces précieux membres qui avaient été le sanctuaire animé du Verbe fait chair, et que la même liberté ayant été donnée à plusieurs malades, ils reçurent à l'instant même une parfaite guérison ; que des aveugles recouvrèrent la vue, des sourds l'ouïe, des muets la parole, et des boiteux l'usage de leurs membres. Il ajoute que les Apôtres, pensant ensuite aux cérémonies de la sépulture, lavèrent le corps, l'embaumèrent, l'enveloppèrent en des suaires fort propres, et le mirent avec beaucoup de révérence sur son lit, qu'ils parsemèrent de fleurs et d'autres odeurs très-agréables.
Siméon Métaphraste répète la même chose ; mais, je ne puis m'empêcher de rapporter ici ce que je trouve sur ce sujet parmi les révélations d'une grande âme du XVIIe siècle qui est morte en odeur de sainteté, à savoir que saint Pierre et les autres Apôtres, ayant jugé à propos que le corps de notre Reine fût lavé et embaumé, tant parce que c'était la coutume des Juifs que parce que celui de Notre-Seigneur l'avait été, se retirèrent de sa chambre et y envoyèrent les deux vierges qui l'avaient suivie durant sa vie, pour lui rendre ce devoir. Ces deux filles y entrèrent, mais le saint corps devint alors si lumineux, qu'elles ne purent l'apercevoir : elles revinrent vers les Apôtres pour leur dire ce qui se passait : et ils connurent par là et par une voix du ciel que ce gage de l'éternité ne devait être ni découvert ni touché de personne. Ainsi, il fut mis, avec ses habits, dans la bière pour être porté en terre.
Il n'y eut jamais de pompe funèbre si sainte, ni accompagnée de tant de merveilles, que celle de notre adorable Princesse. Les Apôtres portèrent eux-mêmes le cercueil par le milieu de la ville, jusqu'au lieu de la sépulture, qui était au bourg de Gethsémani, dans la vallée de Josaphat. Tous les fidèles les accompagnèrent en procession, avec des flambeaux à la main. Les Juifs, tout animés qu'ils étaient contre les chrétiens, reçurent alors une impression de crainte et de respect, qui les empêcha de leur faire insulte et de troubler la cérémonie. Il y en eut même plusieurs qui se joignirent à eux, et qui grossirent cette troupe sacrée, en suivant la nouvelle Arche d'alliance que l'on conduisait au lieu de son repos.
Tous les saints Pères que j'ai déjà cités …
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.Sa sépulture [suite].
…Tous les saints Pères que j'ai déjà cités, disent unanimement que les anges firent en même temps leur procession, et qu'ils précédaient, accompagnaient et suivaient le corps de leur Souveraine, en chantant des cantiques de joie d'une manière sensible et qui était entendue des assistants. Ils ajoutent qu'il sortait des membres sacrés de la Vierge une odeur surnaturelle qui embaumait tous les lieux par où ils passaient, et que le convoi fut rendu illustre par beaucoup de nouveaux miracles : nul malade ne s'y présentait sans recevoir la guérison, et plusieurs juifs aussi se convertirent en voyant tant de prodiges.
Saint Damascène raconte : « Il y en eut un de la race sacerdotale qui eut la témérité de se jeter sur le vénérable lit où cette divine relique était portée, pour la faire tomber à terre; mais ses mains furent coupées miraculeusement et se séparèrent du reste de son corps. Une vengeance si visible le remplit de confusion et de douleur. Il reconnut la grandeur de sa faute, il l'avoua publiquement et en demanda pardon, et saint Pierre, lui ayant ordonné de rapprocher les bras de ses mains coupées, elles s'y rejoignirent aussitôt : ce qui fut cause qu'il embrassa la foi de Jésus-Christ. »
Métaphraste et Nicéphore font le même récit, qu'ils ont tiré de saint Damascène, ou d'une tradition immémoriale, de laquelle même saint Damascène l'avait appris.
Enfin, ce trésor inestimable fut déposé avec un très-profond respect dans le tombeau qui lui avait été préparé, et on le couvrit d'une grosse pierre, afin que celle qui avait si parfaitement imité les vertus et les actions de Jésus-Christ, et qui était morte par conformité à sa mort, lui ressemblât aussi dans l'humilité de sa sépulture. Après la cérémonie, la compagnie se retira à Jérusalem, mais les anges ne quittèrent pas ce lieu qui leur était si cher.
Juvénal, patriarche de Jérusalem, en son discours à l'empereur Marcien et à l'impératrice Pulchérie, son épouse, nous apprend qu'ils y demeurèrent encore trois jours, y continuant sans cesse le chant harmonieux des hymnes et des cantiques qu'ils avaient commencé dès le moment du décès de leur Reine. Les Apôtres même ne l'abandonnèrent pas tout-à-fait; mais, se relevant l'un l'autre, ils y venaient alternativement pour seconder la ferveur et la dévotion de ces chantres célestes.
Au bout de trois jours, saint Thomas, qui était le seul des Apôtres encore vivant qui n'eût pas été présent à cette cérémonie sacrée, arriva des Indes ou de l'Éthiopie, où son zèle l'avait porté pour annoncer l'Évangile, et, ayant appris tout ce qui s'était passé, il désira voir encore une fois à découvert le visage de son auguste Maîtresse. Les autres Apôtres trouvèrent fort à propos de lui donner cette consolation, ne doutant point que son retard ne fût mystérieux, et que Dieu ne l’eût ménagé pour quelque grande raison qui leur était inconnue. Ils s’assemblèrent donc autour du sépulcre, et, après quelques prières, ils en détournèrent la pierre : mais…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Sa résurrection.
…mais, au lieu de trouver le corps qu'ils cherchaient, ils n'y trouvèrent que les linges et les habits dont il avait été revêtu, et, en même temps, ils furent embaumés d'une odeur incomparable qui sortait du fond du caveau. Ils virent bien que personne sur la terre ne pouvait avoir enlevé ce précieux gage, tant parce que les anges et eux l'avaient toujours gardé, que parce qu'il n'y avait aucune marque d'ouverture à la pierre, et que les linceuls qu'ils y voyaient, sans coupure ni confusion, montraient bien qu'en cela il n'y avait point eu de vol ni d'enlèvement : ainsi, tout ce qu'ils purent penser, fut que Notre-Seigneur, qui avait voulu naître du sein de Marie, sans violer le sceau de sa virginité, avait aussi voulu préserver son corps après sa mort de toute corruption, et l'honorer d'une vie glorieuse et immortelle avant la résurrection générale du genre humain. C'est de cette sorte qu'en parle aussi saint Jean Damascène, après le patriarche Juvénal : et l'Église a tant déféré à ce récit, qu'elle l'a inséré dans son Bréviaire, le quatrième jour de l'octave de cette fête.
Nous en apprenons deux choses :…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Son corps n'a point été corrompu.
Nous en apprenons deux choses : la première, que le corps de la Sainte Vierge n'a point été laissé dans la terre pour y servir de pâture aux vers, et y retourner en cendres comme le corps des autres hommes; la seconde, qu'il a été réuni à son âme pour participer à sa gloire, et en recevoir une vie céleste et exempte de toute altération.
Pour la première, je ne trouve personne entre les écrivains ecclésiastiques qui en ait jamais douté, et nous en avons de très-belles preuves dans le livre de l'Assomption, attribué à saint Augustin, et imprimé parmi ses œuvres au tome 9 :« Nous savons, dit l'auteur de ce traité, qu'il a été dit à Adam : Tu es poussière et tu retourneras en poussière ; mais nous savons aussi qu'il a été dit à Ève : Tu mettras tes enfants au monde avec douleur, et tu seras sous la puissance d'un mari. Si donc Marie a été exempte de cette seconde malédiction , ayant conçu sans corruption, et enfanté sans aucune douleur Celui qui venait pour nous délivrer de la servitude du péché, pourquoi ne croirions-nous pas qu'elle a aussi été exempte de la première, et qu'elle a goûté la mort, de telle manière que les suites de la mort n'ont eu aucun lieu en sa personne.
« D'ailleurs, il est certain que la pourriture et la résolution en poussière est le dernier opprobre de la nature humaine : et il n'est pas moins constant que Jésus-Christ a pu en préserver sa mère, comme il a préservé les trois jeunes israélites des flammes ardentes de la fournaise de Babylone, et sauvé Daniel de la gueule des lions, et Jonas du ventre de la baleine. Qui pourrait donc penser que lui, qui commande si expressément aux enfants d'honorer leur père et leur mère, il aurait laissé la sienne exposée à cet opprobre sans lui donner le privilège de l'incorruption qu'il pouvait si facilement lui donner? »
Seulement, il faut se souvenir qu'elle a renfermé neuf mois dans ses entrailles le Verbe divin fait chair, qu'elle l'a serré mille fois sur son sein, qu'elle l'a nourri de ses mamelles, et qu'elle l'a porté dans son enfance en tous les endroits où la divine Providence voulait qu'il fût porté : car quel baume plus précieux et plus capable de défendre de toute pourriture que la chair de Jésus-Christ qui donne la vie au monde et qui est le véritable germe de l'immortalité !« Non, conclut ce Père, je ne puis dire et je ne puis croire que le corps dont Jésus a pris la chair ait été livré aux vers pour en être la pâture : si quelqu'un contredit mon sentiment, comme il ne peut pas ôter à Jésus le pouvoir de préserver la Vierge de la corruption, qu'il montre donc qu'il ne l'a pas dû faire, et que cela n'était point convenable : mais, c'est assurément ce que personne ne pourra jamais montrer. »
Je n'ai pas rapporté, mot pour mot, les paroles de cet auteur qui s'étend fort au long sur ce sujet; mais j'en ai fait un précis qui renferme toute la force de ses raisons.
Pour la résurrection glorieuse de notre adorable Maîtresse…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Il est ressuscité glorieux.
Pour la résurrection glorieuse de notre adorable Maîtresse, je sais que quelques anciens écrivains en ont douté, ou du moins ont témoigné ne vouloir rien prononcer sur son sujet : comme l'auteur d'un Sermon de l'Assomption, attribué premièrement à saint Jérôme, et puis à Sophrone, contemporain de ce saint Docteur, mais qui n'est ni de l'un ni de l'autre, et Usuard, religieux de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, en son Martyrologe, où il dit : « Le corps de la très-sainte Vierge ne se trouvant point sur la terre, l'Église, qui est sage en ses jugements, a mieux aimé ignorer avec piété ce que la divine Providence en a fait, que de rien avancer d'apocryphe sur ce sujet: et, pour cela il n'a pas appelé cette fête l'Assomption de la glorieuse Vierge Marie, mère de Dieu, mais seulement son sommeil, Dormitio.» Ce qu'Adon, archevêque de Vienne, a aussi imité dans sa Chronique et son Martyrologe.
Mais, il est certain, comme dit fort bien le cardinal Baronius, tant en ses Notes sur le Martyrologe romain, que dans le premier tome de ses Annales, que l'Église incline entièrement, et a toujours incliné vers le sentiment, que la Sainte Vierge est ressuscitée et qu'elle est en corps et en âme dans le ciel. Car, d'abord, elle ne s'est jamais servie pour exprimer la fête d'aujourd’hui du mot de sommeil dont se servent Usuard et Adon, ni de ceux de décès, de naissance au ciel et d'autres semblables dont elle use à la fête des autres Saints ; mais elle s'est toujours servie du mot d'Assomption , qui tombe proprement sur toute la personne et signifie son élévation en corps et en âme : comme on le peut voir, tant dans l'Ordo romain et le Sacramentaire de saint Grégoire, que dans les plus anciens Calendriers, Rituels, Missels, Martyrologes et Bréviaires à l'usage de Rome.
De plus, elle propose à ses enfants, dans les leçons de cette octave, les sermons et les traités des Pères, où le mystère de la résurrection de Notre-Dame est déclaré en termes exprès : comme l'Oraison de saint Jean Damascène, dont j'ai déjà parlé, et un Sermon de saint Bernard, où il dit que la nature humaine est aujourd'hui élevée en Marie au-dessus des esprits immortels.
Enfin, cette vérité est si fortement imprimée dans l'âme de tous les fidèles, et si généralement reçue de tout le monde chrétien, qu'il ne faut point douter que le Saint-Esprit, qui n'a pas encore voulu en faire un article de foi (Note de Louis : Ce qui fut fait le 1er novembre 1950, par le Pape Pie XII), ni l'exprimer distinctement dans les saintes lettres, n'en soit néanmoins l'auteur, et ne l'ait lui-même inspirée secrètement au cœur de son Église.
Il y a même des passages de l'Ancien Testament…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]
Plusieurs preuves.
Il y a même des passages de l'Ancien Testament qui semblent avoir prédit ce grand mystère, comme quand le Roi-Prophète dit à Notre-Seigneur : Levez-vous, Seigneur, et entrez dans votre repos, vous et l'Arche que vous avez sanctifiée : car, bien que, par cette Arche, on puisse entendre l'humanité sainte de Jésus-Christ qui a été sanctifiée par l'onction ineffable de la Divinité , néanmoins, il est constant qu'on peut aussi entendre la glorieuse Vierge Marie, que les saints Pères appellent continuellement l'Arche nouvelle, l'Arche dorée et l'Arche d'alliance : de sorte que, par ce passage, le Prophète invite Notre-Seigneur, non-seulement à monter dans le ciel avec son corps ressuscité et glorieux, mais aussi d'y transporter cette Arche animée où il a pris naissance, et qui a été pendant neuf mois sa demeure très-agréable.
Ce qu'il souhaite et demande en cet endroit, il en marque l'exécution dans le Psaume 44, où, parlant encore à Notre-Seigneur, il lui dit : « que la Reine a été placée à sa droite, avec un vêtement doré, et toute environnée de diversités : » car, quelle est cette Reine, sinon l'auguste Marie que l'Église appelle la Reine des anges et la Souveraine du monde ; et quel est ce vêtement doré et embelli de tant de diversités, sinon son corps glorieux et revêtu des douaires inestimables de l'immortalité ? C'est ainsi que l'explique l'auteur du livre de Sanctissimâ Deiparâ, entre les œuvres de saint Athanase.
Les saints Pères et les Docteurs qui ont traité cette matière sont aussi de ce sentiment, comme, entre les Grecs, saint André de Crète, saint Germain de Constantinople, saint Jean Damascène, l'empereur Léon, dit le Sage, Michel Syngelus et Michel Glycas; et, entre les Latins, saint Grégoire de Tours, saint Grégoire-le-Grand, saint Bernard, saint Thomas, saint Bonaventure, Hugues et Richard de Saint-Victor, Jean Gerson, saint Bernardin de Sienne, saint Antonin et tous les théologiens plus récents : ce qui fait dire au cardinal Baronius, en ses Annales, qu'on ne peut, sans une grande témérité, enseigner le contraire, et ôter à la Vierge sacrée la gloire d'être ressuscitée des morts et de régner en corps et en âme avec son Fils.
Aussi, si son corps n'avait pas été réuni à son âme, sans doute que Notre-Seigneur ne l'aurait pas privé de l'honneur que l'Église rend aux reliques des autres Saints; et il l'aurait aussi exposé à la vénération publique des fidèles; puis, donc, qu'il est constant que, depuis le temps de sa mort jusqu’à présent, nulle église ne s'est vantée de le posséder, ni aucun de ses membres, mais seulement quelque chose de ses vêtements ; il faut nécessairement conclure qu'il a été réuni à son âme, et qu'il jouit du bonheur de l'immortalité.
D'ailleurs, plusieurs saints Docteurs croient que les Saints qui ressuscitèrent au temps de la résurrection du Sauveur…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.Plusieurs preuves [suite].
D'ailleurs, plusieurs saints Docteurs croient que les Saints qui ressuscitèrent au temps de la résurrection du Sauveur, et qui apparurent alors à diverses personnes dans Jérusalem, ne sont pas morts une seconde fois, mais qu'ils sont montés en corps et en âme avec lui dans le ciel. Si cela est, quelle apparence de refuser cette même prérogative à Marie ? Quoi ! la Reine et la Souveraine attendrait la résurrection, tandis que ceux qui se reconnaissent pour ses humbles sujets en jouissent déjà? Quoi ! l'on verrait dans le ciel des corps glorieux parmi les Saints, tandis que la Princesse de tous les Saints n'aurait point encore d'autre gloire que celle de son âme ?
De plus, on ne peut douter que l'âme ne désire naturellement son corps, et qu'ensuite l'âme de la Sainte Vierge, après sa séparation, n'ait eu une inclination naturelle à lui être réunie.
Or, quelle apparence y a-t-il que Notre-Seigneur n'ait pas satisfait cette inclination? Il a pu la satisfaire, puisqu'il est tout-puissant, et que ce miracle n'était pas plus difficile, trois jours après sa mort, qu'à la fin de tous les siècles : si donc il ne l'a pas fait, c'est que le pouvant , il ne l'a pas voulu ; mais, comment n'aurait-il pas voulu contenter l'inclination de celle qui lui avait obéis en toute choses, qui avait toujours fait sa volonté, et qui l'avait aimé du plus excellent amour dont une pure créature le puisse aimer : de celle qui l'avait revêtu de sa chair, sustenté de son lait, nourri par son travail, et assisté sur la terre en tous ses besoins. Il l'aimait trop tendrement, il se tenait trop obligé à ses soins maternels, il avait trop de désirs de reconnaître son affection, pour ne lui pas vouloir un bien qui lui coûtait si peu, et qui était si convenable à son mérite.
Disons encore qu'il était intéressé à le lui vouloir ; car, enfin, on pouvait dire qu'il n'était pas parfaitement ressuscité que Marie ne fût ressuscitée, puisque la chair de Marie était le principe de la sienne, et qu'autrefois elles n'avaient été qu'une même chair.
Et puis l'honneur de la Mère ne retombe-t-elle pas sur le Fils ? et n'est-ce pas la gloire du Fils de procurer à sa Mère tous les avantages qu'il est capable de lui procurer?
Enfin il dit expressément dans l'Évangile qu'il veut que celui qui le sert soit où il sera lui-même : il a donc eu à plus forte raison cette bonne volonté pour celle qui l'a engendré, et qu'il ne rougit point d'appeler sa Mère; mais comme ses mérites sont infiniment au-dessus de ceux de ses serviteurs, tandis qu'il diffère jusqu'à la fin des siècles de donner à ceux-ci l'entier accomplissement de ce bonheur, il l'a anticipé pour elle, en la mettant auprès de lui pour participer à la plénitude de ses grandeurs.
Il faudrait maintenant expliquer…
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Louis- Admin
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Manière de cette résurrection.
Il faudrait maintenant expliquer la manière dont se fit cette heureuse résurrection de notre Reine ; mais ne pouvons-nous pas dire d'elle ce que saint Grégoire-le-Grand dit de la résurrection de Jésus-Christ, qu'il n'y a que la nuit où elle s'est faite qui en ait connu le mystère ? Les hommes n'en furent point les témoins, et leurs yeux n'étaient pas assez forts pour en soutenir la splendeur. On demande si elle se fit dans le tombeau ou dans le ciel, c'est-à-dire, si l'âme de la Vierge descendit dans le sépulcre pour y reprendre son corps, ou si son corps fut transporté par les anges dans le ciel pour y être réuni à son âme.
Quelques auteurs du XVIIe siècle ont suivi cette seconde opinion. Mais la première est plus certaine ; car il n'y a nulle apparence qu'un corps inanimé, et sans nul ornement de la gloire, ait été porté dans ce lieu qui n'est destiné que pour les esprits et pour les corps revêtus de l'immortalité. Il est donc fort vraisemblable que, lorsque ce corps eut été trois jours dans le sépulcre , son âme bienheureuse y descendit en la compagnie de Notre-Seigneur et d'un nombre infini d'anges, d'archanges et d'autres bienheureux du ciel, et, qu'étant rentrée dans ce corps, elle recommença de l'animer, en lui communiquant une vie toute céleste et les quatre qualités qui composent la gloire et la félicité des corps, je veux dire la subtilité, l'agilité, la clarté et l'immortalité. Je laisse à la piété des fidèles de s'imaginer en quel degré ces qualités lui furent données.
Pour moi, je n'en puis dire que ces mots de saint Bernard : que ce fut dans le degré dont une telle Mère était digne, et qui était convenable à l'excellence et à la libéralité d'un tel Fils : — Quo tanta Mater digna fuit, et qui tantum decuit Filium. En un mot, cette gloire corporelle était proportionnée à la gloire de l'âme, puisqu’elle en naissait comme de son principe. Or, nous avons dit que la gloire de l'âme en Marie surpassait, sans comparaison, la gloire de tous les Anges et de tous les Saints ensemble ; il faut donc conclure que la gloire, l'éclat, la beauté et la perfection qui furent donnés à son corps étaient ineffables, et qu'ils en firent un chef-d'œuvre plus accompli que tout l'univers.
Je souhaiterais maintenant d'avoir l'esprit et la plume des séraphins…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Son assomption.
Je souhaiterais maintenant d'avoir l'esprit et la plume des séraphins pour décrire dignement le triomphe de son Assomption, qui fait le principal sujet de la fête d'aujourd'hui, et le plus bel objet de notre contemplation et de nos respects.
Nous en avons une belle figure dans le triomphe avec lequel l'arche d'alliance fut transportée par David dans la ville de Jérusalem, où les prêtres, les lévites et le peuple firent résonner toutes sortes d'instruments de musique, et où l'air retentissait des chants des psaumes et des hymnes et de mille acclamations de joie.
Nous en avons encore une autre figure dans la magnificence avec laquelle la reine de Saba entra dans la même ville, pour y jouir quelque temps de l'entretien du sage Salomon. Il est dit de cette reine qu'elle y entra avec une grande compagnie et avec des richesses infinies d'or, de pierres précieuses et de parfums, pour en faire présent à Salomon ; que, depuis, on n'avait point vu tant de parfums qu'elle en avait apporté , et que ce prince, en reconnaissance, lui donna tout ce qu'elle voulut et demanda , et beaucoup plus qu'elle-même ne lui avait donné.
Voilà une image de ce qui se fait dans le triomphe de l'Assomption de notre adorable Princesse…
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Re: Connaissez-vous la Bienheureuse Vierge Marie ?
ASSOMPTION DE NOTRE-DAME.[SUITE]Gloire de son triomphe.
Voilà une image de ce qui se fait dans le triomphe de l'Assomption de notre adorable Princesse.
Elle est montée avec une grande compagnie, parce qu'elle était accompagnée de toute la cour céleste ; elle est montée avec des richesses infinies, parce qu'elle était chargée d'un trésor inestimable de vertus et de mérites ; elle en a fait présent au véritable Salomon, qui est son Fils, parce qu'elle lui en a fait hommage, comme à celui dont elle avait reçu toutes ces grâces.
On n'a point vu depuis de parfums si excellents, ni en si grand nombre dans le paradis, parce que les mérites de Marie sont si agréables à Jésus-Christ, que nulle action des Saints ne lui a jamais donné tant de satisfaction.
Enfin, elle a beaucoup plus reçu qu'elle n'a donné, parce que, comme dit saint Ildefonse : Sicut est incomparabile quod gessit, ita est incomprehensibile prœmium gloriæ quod promeruit; — de même que ce qu'elle a fait pour la gloire de son Dieu est incomparable , aussi le poids de la gloire qu'elle a méritée et qui lui a été donnée pour récompense, est incompréhensible.
Mais pour expliquer distinctement la gloire merveilleuse de cette pompe, il faut remarquer…
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