Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
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Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
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Bonjour à tous,
Voici le fait héroïque de Marie-Madeleine de Verchères en 1692 , un peu connu ici au Québec, quoique beaucoup moins que M. Daulac [mieux connu ici sous le nom de Dollard des Ormeaux] et ses compagnons au Long-Sault en 1660.
Ce fait de Mlle de Verchères est relaté dans l’œuvre d’un Curé de Verchères, Fred. A Baillairgé, ptre. , au début du XXe siècle :
Nous éditerons ce fil pour y déposer les liens dès leur parution.
Bonne lecture.
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Marie-Madeleine de Verchères
Et les siensEXTRAITS
* Art. 01e. Marie-Madeleine de Verchères.
* Art. 02e. Le père de Marie-Madeleine.
* Art. 03e. Le régiment de Carignan-Salières.
* Art. 04e. Marie Perrot, mère de notre héroïne.
* Art. 05e. Mr F.-X. Jarret, seigneur de Verchères.
* Art. 06e. Le Fort (de bois) de Verchères.
* Art. 07e. Gravure (Fort de Lachine).
* Art. 08e. Famille de M. de Verchères.
* Art. 09e. 1678 — M. de Verchères à Québec.
* Art. 10e. 1684-1687 — M. de Verchères chez les Iroquois.
* Art. 11e. Revanche Iroquoise : 1689.
* Art. 12e. Revanche française : 1690.
* Art. 13e. Le siège du fort de Verchères. Héroïque défense de Madame de Verchères, 1690.
* Art. 14e. François-Michel, frère de Madeleine, tué par les Iroquois, 1691.
* Art. 15e. Ne pas s'étonner.
* Art. 16e. Contemporains de Madeleine de Verchères à Verchères, de 1681 à 1692.
* Art. 17e. Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.
* Art. 18e. Pension de 50 écus.
* Art. 19e. Mariage de Madeleine — 1706.
* Art. 20e. L'époux de Madeleine de Verchères.
* Art. 21e. Madame Pierre-Thomas de la Naudière.
* Art. 22e. Madame Pierre-Thomas de La Naudière à Sainte-Anne de la Pérade.
* Art. 23e. Madeleine sauve une 1ère fois la vie de Mr de La Naudière.
* Art. 24e. Marie-Madeleine de Verchères sauve une deuxième fois la vie à son mari, Mr de La Naudière, en 1722.
* Art. 25e. Marie-Madeleine sauve une 3e fois la vie à son mari.
* Art. 26e. Mort de Marie-Madeleine.
* Art. 27e. Les enfants de Madeleine.
Dernière édition par Louis le Ven 20 Mai 2022, 9:39 am, édité 32 fois (Raison : Insertion du lien sur M. Daulac [ Dollard des Ormeaux ]; balisage.)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 1e.Marie-Madeleine de Verchères.
Marie-Madeleine de Verchères, naquit à Verchères, le 3 mars 1678. Elle fut baptisée le 17 avril par Mr. Duplein, curé de Contrecœur. A cette époque, il n'y avait pas de prêtre résidant à Verchères; le curé de Contrecœur y venait de temps à autre, pour y baytiser, au besoin. Ce n'est qu'en 1724 que Verchères possède un curé dans la personne de Mr. Jean Bouffandeau, ptre. de St.-Sulpice.
Elle eut pour parrain Jean Bonnet dit la Chambre, et pour marraine demoiselle Marie Mullois femme de Sieur Pierre de St.-Ours.
C'est ainsi que nos anciennes familles seigneuriales savaient se mettre en relation.
Dans le commerce ordinaire de la vie, au milieu des siens, Marie-Madeleine s'appelait Madelon.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 2e.Le père de Marie-Madeleine.
François Jarret, seigneur de Verchères, père de Marie-Madeleine, naquit en France, à Chef, de l'archevêché de Vienne en Dauphiné, en 1641.
Il était le fils de Jean de Jarret et de Claudine de Pécaudy, sœur d'Antoine Pécaudy, seigneur de Contrecœur.
Il vint dans la Nouvelle-France, en 1665, avec le régiment de Carignan-Salières.
Il était enseigne (titre de l'officier porteur du drapeau) dans la compagnie d'Antoine Pécaudy, son oncle, 1er seigneur de Contrecœur.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 3e.Le régiment de Carignan-Salières.
Le régiment de Carignan et son colonel, Mr de Salières, arrivèrent au Canada, au cours de 1665. Ce régiment qui avait servi sous Turenne et qui s'était illustré contre les Turcs, l'année précédente, a rendu de grands services au Canada, spécialement dans l'expédition de Mr de Tracy qui aboutit à la paix de 1666 (Garneau-I-210).
Lorsque ce régiment fut appelé en France, Louis XIV qui tenait à ce que le colon Canadien fût en même temps soldat, donna liberté, à ceux du régiment qui le désireraient, de s'établir au Canada. Pour les y engager davantage, il mettait à leur disposition, des terres, de l'argent et des vivres, pour plusieurs mois. Quatre cents hommes du régiment de Carignan profitèrent des offres du roi et s'établirent au Canada.
Mr François Jarret, de Verchères, fut au nombre de ceux qui firent du Canada leur nouvelle patrie.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 4e.Marie Perrot, mère de notre héroïne.
Le 17 septembre 1669 Mr F.-X. Jarret de Verchères épousait Marie Perrot.
Marie Perrot, de la paroisse de la Sainte-Famille, Ile d'Orléans, naquit en 1655. Elle était fille de Jacques Perrot et de Michelle Leglo. A l'époque de son mariage, elle n'avait que 14 ans. Mr de Verchères en avait 24.
Marie Perrot, solidement bâtie, et d'ure grande force de caractère devait transmettre cette force et cette énergie à sa famille, à Marie-Madeleine, en particulier.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 5e.Mr F.-X. Jarret, seigneur de Verchères.
On était au temps de Mr de Courcelles, et de Mgr de Laval, et de l'intendant Talon, puis de Mr de Frontenac.
F.-X. Jarret de Verchères ayant rendu de bons services au roi, en France et au Canada, les fit valoir en demandant une concession de terrain.
Le 29 octobre 1672, l'intendant Talon lui concédait une lieue de terre de front sur une lieue de terre de profondeur, à prendre sur le fleuve Saint-Laurent.
Le 26 août 1673, il obtenait de Mr de Frontenac, l'île aux Prunes et l'île Longue, aujourd'hui l'île Marie. Il obtint plus tard (en 1678) une autre lieue de terre au sud de sa seigneurie.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 6e.Le Fort (de bois) de Verchères.
Mr de Verchères construisit un fort pour sa protection et pour celle de ses colons. C'était un enclos carré, ou rectangulaire, formé de palissades, ou de pieux de 15 à 16 pieds de hauteur, renfermant divers bâtiments qui servaient de chapelle, ou de demeures, ou de magasins de provisions. On donnait le nom de redoute au bâtiment plus solide qui renfermait les munitions.
Ce fort devait être assez vaste pour loger au besoin la population et les bestiaux.
Il avait, à chaque coin, un bastion; ces bastions devaient communiquer entre eux, à l'intérieur.
Le fort de Verchères possédait un canon et 5 fusils. Plusieurs soldats étaient préposés à sa garde.
Ce fort n'était pas situé à la place du monument que l'on vient d'élever à la mémoire de Marie-Madeleine, ni à la place du vieux moulin (restauré) qui sert de bureau des signaux, mais selon toute probabilité, un peu plus bas que le ruisseau Jarret, entre le ruisseau et la propriété de Mr Bienvenue.
Les forts à cette époque étaient généralement situés sur le bord d'une rivière.
La face qui regardait la rivière avait une ou deux portes (ce qui semble avoir été le cas pour le fort de Verchères, car Madeleine parle du bastion de la porte).
Les trois autres faces étaient protégées par un fossé de 12 à 14 pieds de profondeur sur 8 ou 10 pieds de largeur.
Il y avait une petite porte en arrière.
Depuis l'époque de Madeleine, les eaux se sont rapprochées d'une centaine de pieds.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 7e.Gravure (Fort de Lachine).
Les forts se ressemblaient plus ou moins.
Celui de Lachine donne une idée de celui de Verchères ; dans le fort de Lachine, l'un des bastions est un moulin à vent. Le fort de Lachine était plus vaste que celui de Verchères. Celui de Verchères pouvait avoir de 150 à 180 pieds de façade.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 8e.Famille de M. de Verchères.
M. F.-X. de Verchères eut 12 enfants:
Le 1er, Jean, né en 1671, meurt à 14 ans.
2° Marie-Jeanne, née en 1674, mariée à M. de l'Etang qui est tué par les Agniers, en 1687.
3° François Michel, né en 1675, tué par les Iroquois en 1691.
4° Marie-Madeleine, née le 3 mars 1678, notre héroïne.
5° Pierre, né en 1680, compagnon de Madeleine, dans la défense du fort, enseigne, tué à Haverhill, en 1708, dans une expédition contre la Nouvelle-Angleterre.
6° Alexandre Jarret de Verchères, né en 1682, fait le coup de feu avec Madeleine. Pas de détails.
7° Angélique Jarret de Verchères, né en 1684, épouse Coulon de Villiers qui est tué (avec le fils de Mr de Repentigny) par les sauvages de la Baie des Puants en 1733.
8° Catherine-Gabrielle, née en 1685, épouse Léon Levreau de Laugy, officier, meurt à Verchères, en 1744.
9° Jean-Baptiste Jarret de Verchères, né en 1687, continuateur de la lignée. Prisonnier des Anglais en 1709; échangé en 1710, il commande le poste de Michillimakinac en 1736; excellent officier. Il a six enfants de son mariage avec Madeleine d'Ailleboust de Mauthet, tous nés à Montréal. Il meurt à Montréal en 1752.
10° Louis Jarret de Verchères, né en 1690, décédé à Verchères en 1766. Il épouse Marie Biron. Il a deux enfants : Louis qui épouse Melle Lemoyne de Longueuil et Marie Charlotte.
11° François Jarret de Verchères, né en 1693, meurt en 1700.
12° Joseph Jarret de Verchères, né en 1695, enseigne, meurt célibataire en 1753.
N. B. — Ce chapitre est résumé d'un travail de M. Pierre-Georges Boy, intitulé: "La famille Jarret de Verchères."
Revenons maintenant à l'ordre chronologique — tout en passant rapidement.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 9e.1678 — M. de Verchères à Québec.
M. de Verchères fut appelé à Québec, il y trouva réunis : MM. Le Ber, Le Gardeur de Repentigny, Boucher, Saurel, Berthier, Bécancour, Portneuf, Jolliet, St-Ours, etc.
Le conseil souverain, M. de Frontenac et l'intendant Duchesneau voyant en eux les notables et les plus anciens habitants du pays voulaient avoir leur opinion sur la traite de l'eau de vie avec les sauvages.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 10e.1684-1687— M. de Verchères chez les Iroquois.
La guerre recommence en 1684.
C'est pour y mettre fin que Mr de Denonville, organise contre les Iroquois une expédition en 1687.
Mr de Verchères prend part à cette expédition.
Marie-Madeleine avait alors 9 ans. Elle était de bonne taille pour son âge. Les bruits de guerre qu'elle entendait et toutes les précautions que l'on prenait attiraient son attention, faisaient naître et croître en elle la prudence, l'intrépidité, le courage, la vaillance.
Les Tsonnontouans furent réduits de moitié et leur bourgade détruite, mais M. de Denonville eut le tort de ne pas poursuivre sa conquête.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 11e.Revanche Iroquoise, 1689.
Les Iroquois des autres cantons, résolus de venger leurs frères, se répandent dans la colonie, furieux et avides de sang; les habitants tremblaient.
Le 24 août 1689, 1400 Iroquois détruisent Lachine et les environs, massacrent une partie des habitants et brûlent les autres. Ils sont maîtres de la situation plusieurs mois durant. M. de Denonville défend de remuer. Heureusement il est remplacé par M. de Frontenac au moment où la guerre éclate entre la France et l'Angleterre.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 12e.Revanche française : 1690.
L'année 1690 fut une année de revanche. Les habitants de la Nouvelle-Angleterre avaient poussé les sauvages contre les Français : on leur attribuait le massacre de Lachine.
Une expédition partit de Québec, une autre de Trois-Rivières, une autre de Montréal. Elles furent couronnées de succès et terrorisèrent les Anglais.
La Nouvelle-Angleterre voulut à son tour s'emparer du Canada, mais l'armée de terre fut décimée par une épidémie, et Phipp après trois jours de furieux combat devant Québec, dut se retirer avec ses vaisseaux avariés, après avoir perdu 600 hommes.
Ces succès cependant n'empêchaient pas les Iroquois de faire de nombreuses incursions sur les deux rives du Saint-Laurent, en bas de Montréal, et d'y faire de grands dégâts.
Deux faits d'armes dont le fort de Verchères fut le théâtre font honneur à cette époque.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 13e.Le siège du fort de Verchères. Héroïque défense de Madame de Verchères, 1690.
Le fort de Verchères était particulièrement exposé aux attaques des Iroquois depuis la construction du fort de Sorel sur le Richelieu. Ces sauvages se rendaient à Verchères en passant par St-Ours et par Contrecœur, pour éviter Sorel. Apprenant qu'il n'y avait guère d'hommes au fort de Verchères, ils en firent une 1ère attaque en 1690.
Mme de Verchères était presque seule au fort. Madeleine qui avait alors 12 ans était sans doute en sa compagnie.
Mme de Verchères, à la vue des sauvages, ne perdit pas la tête. Les femmes à l'occasion ont autant de courage que les hommes.
Les Iroquois furent reçus à coup de fusil. Ils retournèrent, puis revinrent à la charge.
Mme de Verchères ne faiblit point, elle dut mettre quelqu'un à chaque bastion. Madeleine dut alors faire le coup de feu. Quant à Madame, elle se multipliait, se trouvait où il y avait le plus de danger, tant et si bien que les Iroquois pensèrent qu'elle était loin d'être seule.
Ils se tinrent là deux jours, revinrent plusieurs fois à la charge, mais toujours inutilement.
Finalement, craignant d'être pris entre deux feux, ils se retirèrent honteusement.
Mr le marquis de Crisasi arriva peu après; il venait au secours de Mme de Verchères.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 14e.François-Michel, frère de Madeleine, tué par les Iroquois 1691.
En 1691, les Iroquois montrèrent une activité extraordinaire.
Il fut impossible d'ensemencer.
Les communications étaient interrompues.
Tout le district de Montréal fut infesté de ces barbares qui firent plus de cent prisonniers.
Les habitants étaient forcés de se réfugier dans les forts.
La Pointe aux Trembles, La Chesnaye, Repentigny, Boucherville et la Prairie de la Madeleine eurent particulièrement à souffrir (p. 114 de Girouard).
C'est le 7 mai, à la Rivière des Prairies, que François-Michel, frère de Madeleine, fut tué par les Iroquois. Il n'avait que 16 ans.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 15e.Ne pas s'étonner.
On s'étonne parfois de voir que dans tel ou tel fort, à telle ou telle époque, il n'y a qu'un petit nombre de défenseurs.
N'oublions pas que, en 1690 par exemple, il n'y avait encore que 15,000 habitants, dans la Nouvelle-France.
Cette population disséminée sur une grande étendue de pays était souvent décimée par le farouche Iroquois.
De plus, la révolution qui entraîna la chute des Stuart en Angleterre alluma la guerre entre la France et l'Angleterre en 1688, guerre qui souleva la Nouvelle-Angleterre, peuplée de 200,000 habitants, contre la Nouvelle-France : c'était un adversaire, plus puissant encore que l'Iroquois, qui fit aussi ses victimes.
Les habitants qui s'éloignaient parfois des forts pour les besoins de la culture, étaient surpris et fait prisonniers.
Il fallait aussi à l'occasion s'éloigner pour porter le fer et le feu au pays même de l'ennemie : ce qui dépeuplait les forts.
En certains temps, comme en 1691, les soldats et les miliciens ne pouvaient tenir la campagne faute de vivres, ce qui laissait les habitants à eux-mêmes (Charl. I—1691).
Disons cependant qu'il y avait souvent une protection réelle bien que parfois lointaine.
Ainsi les 28 forts disséminés dans le seul gouvernement de Montréal réussissaient à s'appeler les uns les autres.
Des officiers désignés d'avance allaient alors au secours, ce qui arriva lors du 1er et du second siège du fort de Verchères.
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Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 16e.Contemporains de Madeleine de Verchères à Verchères,. de 1681 à 1692.
En 1681, sept ou huit ans après son établissement, Verchères comptait 11 habitants, censitaires de F.-X. Jarret de Verchères.
André Jarret de Beauregard, frère de F.-X. Jarret de Verchères ;
Mathieu Binet;
André Balsac;
Jean Blouf.
Pierre Bosseau (Boisseau).
François Chagnon.
Pierre Chicoine.
Jean Charlot.
Pierre Geoffrion.
Toussaint Lucas.
Adrien Ponce.
Il y avait à cette époque, dit P.-G. Roy, à Verchères, 119 arpents de terre en culture, dont 20 arpents appartenaient au seigneur.
La terre défrichée devait se trouver en grande partie autour ou auprès du fort. Il paraît certain cependant que plusieurs des lopins en valeur devaient s'étendre non seulement à droite, mais à gauche du ruisseau Jarret qui traverse le village.
Il est naturel de croire que de 1681 à 1692 la population de Verchères avait dû s'accroître de quelques habitants et de la mise en valeur de plusieurs nouveaux arpents de terre, en dépit des hostilités de 1684 et des années suivantes.
Dans tous les cas, il y avait 24 hommes, à l'extérieur du fort de Verchères, lorsqu'il fut attaqué en 1692. Plusieurs devaient se trouver hors de la vue du fort, à une vingtaine d'arpents de distance.
Ces remarques aideront à l'intelligence du récit.
Notons en même temps que, en 1692, André Jarret était mort et que sa veuve, Marguerite Anthiaume, avait épousé Pierre Fontaine, de Varennes, Fontaine dont il est question dans le second siège du fort de Verchères.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 17e.Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.
Vers la fin d'octobre 1692, une troupe de 45 Iroquois cachait ses canots sur les rives de la rivière Richelieu, plus ou moins loin de St-Ours, se dirigeait de là sur Contrecœur, puis sur Verchères, où elle arriva le 28 octobre (ou la veille).
Ce jour-là, le fort de Verchères était presque désert.
Mr de Verchères avait dû se rendre à Québec, sur la demande des autorités.
Madame de Verchères était à Ville-Marie.
Les soldats, gardiens du fort, étaient à la chasse.
Les colons, cultivateurs, dispersés assez loin du fort s'occupaient aux travaux de la saison.
Qui donc était au fort?
Marie-Madeleine ou Madelon, âgée de 14 ans.
Pierre Jarret de Verchères, son frère, âgé de 12 ans.
Alexandre Jarret de Verchères, autre frère, âgé de 10 ans.
Un vieillard de 80 ans.
Deux jeunes soldats inexpérimentés, et Laviolette, un serviteur.
On voyait non loin de la grève, en face du fort, trois sacs de linge et quelques couvertures : une lessive en préparation sans doute.
Madeleine, ce jour-là, s'était levée de bonne heure; elle avait pris son déjeuner;
Pour une raison ou pour une autre : amour de la belle nature ou besoin d'exercice, elle se promenait sur la grève, en descendant, du côté de Contrecœur; elle était à cinq ou six cents pas du fort, à une portée de fusil de plusieurs buissons qui bornaient devant elle la terre faite; elle s'arrêta et revint sur ses pas.
On entendit alors quelques coups de fusil, c'étaient les Iroquois qui tombaient à l'improviste sur les habitants de Verchères, faisant 24 prisonniers, dont 4 soldats.
Madeleine crut entendre les chasseurs.
Mais, Laviolette qui avait aussi entendu les coups de fusil, voyant les sauvages qui sortaient des buissons, s'écria : Sauvez-vous, Mademoiselle, sauvez-vous; voilà les Iroquois qui viennent fondre sur nous.
Madeleine se détourne et voit la terrible troupe.
A l'instant, elle se recommande à la sainte Vierge et s'enfuit vers le fort continuant sa prière à Marie :
"Vierge sainte, mère de mon Dieu, disait-elle, vous savez que je vous ai toujours honorée et aimée, comme ma chère mère, ne m'abandonnez pas...
Les Iroquois cependant la voyait à une certaine distance et craignant de ne pouvoir la saisir firent, sur elle, plusieurs décharges, sans résultat.
Madeleine entendait les balles qui sifflaient à ses oreilles; ces moments lui parurent bien longs.
Persuadés qu'il n'y avait guère de monde au fort, plusieurs sauvages se mirent à la poursuite de Madeleine.
L'un deux, habile coureur, s'approchait de plus en plus de la jeune fille.
"Aux armes, aux armes" s'écria Madeleine, en approchant du fort.
Mais rien ne bougeait.
Que faisait Laviolette?
Que faisaient les deux soldats?
On entendait cependant des femmes qui pleuraient sur leurs maris, prisonniers des Iroquois.
Enhardi de plus en plus par l'inaction des gens du fort…
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 17e.Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.[SUITE]
Enhardi de plus en plus par l'inaction des gens du fort, le sauvage suit Madeleine jusque sous le fort, il va l'atteindre; il va mettre la main sur elle; il l'atteint et la saisit au mouchoir qu'elle porte au cou.
Madeleine, qui a toute sa présence d'esprit, détache le mouchoir. . . .qui reste aux mains du sauvage ébahi. Elle a gagné une seconde, le seuil de la porte est franchi et la porte fermée l
Le sauvage entend du bruit; il s'éloigne.
Il n'y a pas de temps à perdre.
Quelques points de la palissade sont à jours; ils pourraient livrer passage à une balle ennemie.
Les trous bouchés, Madeleine court à la redoute où se trouvaient les munitions.
Où donc étaient les deux jeunes soldats?
L'un d'eux était caché dans la redoute.
L'autre attendait l'apparition des sauvages pour mettre le feu aux poudres : la mèche était allumée.
Malheureux, lui dit Madeleine, retirez-vous.
Frappé de la fermeté et de l'assurance du nouveau commandant du fort, le jeune soldat sort immédiatement.
Madeleine rassurée, jette sa coiffe, prend un chapeau d'homme, saisit un fusil et dit à ses frères :
''Battons-nous jusqu'à la mort, nous combattons pour notre patrie et pour notre religion. Souvenez-vous des leçons que mon père vous a si souvent données, que des gentils hommes ne sont nés que pour verser leur sang pour le service de Dieu et du roi."
Les jeunes de Verchères et les soldats sentent à ces nobles paroles revenir leur courage.
Les sauvages, hésitant — ils n'attaquaient point les forts — n'osaient monter à l'assault. Ils s'étaient approchés cependant à portée de fusil.
Il fallait les effrayer; leur faire croire qu'il y avait du monde au fort.
Il fallait avertir les soldats qui étaient à la chasse.
Il fallait appeler au secours.
C'est alors que les deux jeunes enfants et les deux jeunes soldats ouvrent le feu sur l'ennemi; Madeleine charge elle-même un canon de huit livres de balles.
La jeune fille et les siens tirent si bien que plusieurs sauvages tombent, frappés.
Les autres s'étonnent, s'épouvantent et reculent. Ils ne comprennent plus rien. On leur avait pourtant dit que le fort était sans défense.
Plusieurs femmes et plusieurs enfants se lamentaient en même temps…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 17e.Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.[SUITE]
Plusieurs femmes et plusieurs enfants se lamentaient en même temps, sur le malheureux sort des prisonniers.
"De grâce, taisez-vous, disait Madeleine; les sauvages vous entendront et croiront que nous sommes sans ressources et sans espérance." Elle fut obligée de les mettre sous clef dans un local quelconque.
C'est alors que Madeleine aperçut un canot sur la rivière, vis à vis du fort, c'était le Sieur Fontaine de Varennes, et sa famille, parents de Melle de Verchères.
Madeleine voulut à tout prix les sauver.
C'est elle qui parle :
"Pendant que je leur parlais (aux femmes en pleurs) de la sorte, j'aperçus un canot sur la rivière, vis à vis du fort: c'était le Sieur Fontaine avec sa famille qui venait débarquer à l'endroit où j'avais été manquée par les Iroquois, qui paraissaient encore à droite et à gauche."
"Je demandai aux deux soldats s'ils voulaient aller au devant de cette famille.... ; leur silence me fit connaître leur peu de résolution."
"Je commandai à Laviolette, de faire sentinelle à la porte du fort et de la tenir ouverte pendant que j'irais moi-même au bord de la rivière, le fusil à la main et le chapeau sur la tête." "Si je suis tirée, dis-je aux gens du fort, fermez la porte et continuez à vous bien défendre."
"Je partis dans la pensée que Dieu m'avait inspirée que les ennemis croiraient que c'était une feinte que je faisais pour les engager de venir au fort, d'où l'on ferait une vive sortie sur eux.
"Ils le crurent effectivement et ainsi je pus sauver Pierre Fontaine, sa femme et ses enfants."
"Je les fis marcher devant moi, jusqu'au fort, à la vue de l'ennemi.
"Une contenance si fière fit croire aux Iroquois qu'il y avait plus à craindre pour eux que pour nous."
Vers une heure de l'après-midi, Madeleine songe au linge et aux couvertures dont les sauvages pourraient bien s'emparer.
Les soldats n'osent raccompagner. Ses frères la suivent tout en tirant sur l'ennemi.
Madeleine arrive à son linge, en emporte une partie, revient à la charge et rentre indemne au fort.
Les sauvages redoutant une ruse n'avaient osé ni s'approcher ni tirer; ce qui fit dire à Madeleine: "On ne peut que bien réussir lorsque Dieu gouverne les choses."
Il n'en fallait pas davantage pour entretenir le courage de tous.
Les heures les plus angoissantes cependant n'étaient point passées…
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 17e.Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.[SUITE]
Les heures les plus angoissantes cependant n'étaient point passées.
La nuit était plus à craindre que le jour. L'ennemi ne songerait-il pas à escalader le fort !
Pour comble d'inquiétude un vent du nord-est s'élevait, impétueux; il était accompagné de neige et de grêle.
La nuit s'annonçait affreuse et décourageante.
Les sauvages s'en réjouissaient. Ils tinrent conseil; cette nuit de tempête favorisait évidemment un assault. Il était aisé de voir à leurs mouvements qu'ils avaient quelque chose en tête.
Madeleine cependant voile ses angoisses. Donc, encore quelques mots à sa petite troupe. Il n'y a pas lieu de désespérer, puisque la présence de Pierre Fontaine augmente les forces.
Elle leur dit :
"Dieu nous a sauvés aujourd'hui des mains de nos ennemis, mais il faut prendre garde de ne point tomber cette nuit dans leurs filets. Pour moi, je veux vous faire voir que je n'ai point de peur."
De fait, elle place Pierre sur un bastion, Georges sur un autre bastion, le vieillard de 80 ans sur le 3e bastion. Elle prend pour elle le bastion le plus exposé.
Elle confie la redoute à Pierre Fontaine et aux deux soldats. La Bonté et Jachet, plus solides maintenant. Les femmes et les enfants étaient sous leur garde.
Il fut entendu que l'on dirait très souvent "Bon quart," "Bon quart," du fort à la redoute et de la redoute au fort.
Les Iroquois cependant attendaient le moment favorable.
Ce moment, grâce à Dieu, ne vint pas.
Ces mêmes sauvages parlant plus tard à Mr de Callières, lui disaient: "nous avions pris le conseil de prendre le fort pendant la nuit, mais la garde que l'on y fit sans relâche nous empêcha d'exécuter notre dessein."
Vers une heure après minuit, un bruit pourtant se fit entendre.
"Mademoiselle, crie la sentinelle, j'entends quelque chose." Madeleine sonde les ténèbres. Que dit la nuit!
Elle aperçoit quelques bêtes à cornes; échappées au carnage.
"Je vais faire entrer ces bêtes crie la sentinelle."
Gardez-vous-en repartit Madeleine; ces rusés sauvages, couverts de peaux de bête sont capables de suivre ces bestiaux.
Elle se convainquit finalement qu'il n'y avait rien à craindre. Elle sortit, accompagnée de ses frères, fusil bandé et fit entrer les bestiaux.
Le reste de la nuit se passa sans accident…
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 17e.Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.[SUITE]
Le reste de la nuit se passa sans accident.
Le soleil, au matin, se levant radieux, fit oublier les alarmes de la nuit.
Madeleine souriante dit à ses gens: "Avec le secours du ciel, nous avons bien passé la nuit, nous en pourrons bien passer d'autres." Nous ne sommes qu'à 24 milles de Montréal. Le canon va tonner, d'heure en heure, le secours, viendra."
Ce petit discours fit une excellente impression sur les assiégés.
Mme Fontaine, toutefois, redoutait l'avenir, "si j'ai été assez heureuse, disait-elle à son mari, pour échapper une première nuit à la fureur des sauvages, je ne dois pas m'attendre au même bonheur la nuit prochaine. Ce fort de Verchères ne vaut rien, et je désire me retirer au fort de Contrecœur."
"Je n'abandonnerai jamais le fort de Verchères tant que Mademoiselle Madelon y sera, répondit Pierre Fontaine à son épouse, et moi, dit Madelon, je n'abandonnerai jamais le fort. J'aime mieux périr que de le livrer aux ennemis; il est d'une conséquence infinie qu'ils n'entrent dans aucun fort français; ils jugeraient des autres forts, par celui-ci; cette connaissance ne servirait qu'à augmenter leur fierté et leur courage."
M. Fontaine mit cependant à la disposition de son épouse un canot, armé d'une bonne voile, et ses deux enfants excellents canotiers.
L'histoire ne dit pas que l'offre fut acceptée.
Les Iroquois cependant attendaient.
Le danger était toujours là, bien à la porte.
Madeleine qui savait la patience du sauvage, se tenait toujours au guet.
Elle resta, cette fois, 48 heures sans dormir, sans manger. Elle allait d'un lieu à l'autre, toujours gaie, et encourageant tout le monde dans l'espoir d'un secours prochain.
Huit jours passèrent ainsi, dans l'inquiétude et sur le "qui vive;" toujours en vue des Iroquois.
Le secours ne devait arriver que le 8e jour. On avait bien entendu le canon; on savait que le fort de Verchères était assiégé; on ne savait pas s'il était pris ou non. Mr de la Monnerie, à la tête d'un détachement de 40 hommes, venait, par eau, au secours de Verchères.
Bien qu'il vint en grand silence, une sentinelle entendit quelque bruit.
"Qui vive"! s'écria-t-elle.
Madeleine était assoupie, la tête sur une table, tenant son fusil de travers dans ses bras.
"J'entends parler sur l'eau" lui dit la sentinelle…
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
A suivre : Article 18e.Article 17e.Second siège du fort de Verchères. Défense héroïque de Marie-Madeleine, 1692.[SUITE]
"J'entends parler sur l'eau" lui dit la sentinelle.
Madeleine monte alors au bastion; il s'agissait de savoir si on avait affaire à des Français ou à des Sauvages.
Elle crie donc: "Qui êtes-vous?"
Français, répondirent les nouveaux venus. C'est La Monnerie qui vient vous donner du secours
Madeleine descend du bastion, fait ouvrir la porte du fort, y place une sentinelle et court au bord de l'eau.
M. de la Monnerie s'écria-t-elle, toujours dans le sentiment de la situation présente: je vous rends les armes.
Elles sont entre bonne mains, répondit le vaillant lieutenant de M. de Callières.
Ce sont les situations qui font parfois les mots; le cas se réalisait ici. Mr de la Monnerie restait émerveillé de voir que le fort avait tenu bon et que son défenseur n'était qu'une toute jeune fille.
Quant aux Iroquois, eurent-ils connaissance de l'arrivée de Mr de la Monnerie? Probablement. Dans tous les cas, ils déguerpirent emmenant avec eux leurs prisonniers, 4 soldats, nous l'avons dit, et 20 habitants, c'était toute la population masculine de Verchères.
Il n'y avait pas de temps à perdre.
Mr de la Monnerie se mit à la poursuite des sauvages.
Mr Eugène Guérin, auteur de "La Nouvelle-France" résume ainsi les faits, page 163.
"Poursuivis, rejoints et attaqués avec furie, presque tous les sauvages (qui avaient assiégé Verchères) restèrent sur le terrain, et leurs victimes, délivrées, échappèrent cette fois au supplice qui les attendait."
Imaginons la fête, au fort, au retour de ces braves pères de famille, leur reconnaissance pour celle qui avait su préserver la vie de leurs femmes et de leurs enfants.
Comment peindre aussi la joie de Mme de Verchères, et la fierté de Mr de Verchères, au récit de faits si glorieux pour leur chère Madeleine.
Les hauts faits de notre héroïne, connus dans la colonie, devinrent pour tous une leçon de courage et de vaillance.
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 18e.Pension de 50 écus.
M. Marc de Germiny qui a consulté la collection Moreau de Saint-Méry (voir le "Devoir" du 31 août 1912), ajoute dans le "Correspondant" :
"Le récit du siège du fort de Verchères passa les mers et vint aux oreilles de la cour.
M. de Frontenac reçut l'ordre d'accorder à Madelon la juste récompense qu'elle postulerait.
D'une famille peu fortunée, elle demanda pour elle une petite pension de cinquante écus, et rappelant qu'elle avait eu un frère brûlé par les Iroquois, elle demandait en outre, qu'on accordât une enseigne à un autre de ses frères, cadet dans les troupes canadiennes". . ..
Le premier mars 1693, Pierre Jarret de Verchères qui avait combattu avec Madeleine, était nommé, grâce à sa demande, enseigne dans les troupes de la marine.
La conduite héroïque de Melle de Verchères n'était pas oubliée de M. de Vaudreuil. Il se mit dans la tête de chercher à Madelon un époux digne d'elle.
Son choix porta sur l'un de ses plus vaillants officiers, M. de la Pérade de la Naudière à qui il fit remarquer qu'en cas de danger, sa femme serait son meilleur lieutenant et qu'elle serait de taille à le défendre et à lui sauver la vie."
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Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)
Article 19e.Mariage de Madeleine — 1706.
Dix-sept cent six fut une année tout à la fois joyeuse et triste pour Verchères.
En septembre 1706 eut lieu à Verchères, le mariage de Marie-Madeleine de Verchères avec Pierre-Thomas Tarieu, sieur de la Pérade, fils de feu Thomas Tarieu, sieur de la Naudière, et de Marguerite-Renée Denis.
Ce n'est pas sans chagrin que les habitants de Verchères virent partir pour Sainte-Anne de la Pérade, celle qui était l'âme et la joie de leur petit village.
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